Tu veux te battre, "grand huit" ?

Bon, ce ne seraient pas les légendes alors... Et il y avait encore cette "faim" qui revenait. Une "faim" qui ne sonnait pas "faim" du tout. Encore un regard étrange et une allusion à "quelque chose d'autre qu'elle avait en tête". C'était à quoi à la fin, cette faim ?

Tandis que je repassai en boucle la soirée dans ma tête pour voir si je n'avais pas manqué quelque chose, et que je m'apprêtai à partir chercher dans la tente quelque chose à manger pour la louve, Kiyiya se lova contre moi, m'enlaçant rapidement. Bon, bah, je n'allais pas aller chercher à manger, je crois. Elle appuya sur mon sentiment d'incompréhension en me lançant un nouveau regard étrange et adorable.

Panique à bord ! Cherchez le sens de "faim" ! Je repassais tout, la soirée et plus encore. Je finissais par repasser un moment au coin du feu lorsque je lui promettais une "autre récompense". J'avais rien d'autre, alors je tentai.

Tu as... Faim de moi ? Dis-je d'une voix timide.

Le moment coïncidait en plus. Nous avions fini de manger, et l'idée de reprendre là où nous en étions était plutôt appréciable. Sans rien dire, je me levai tout en la levant aussi pour ne pas me défaire de la louve. Je l'emmenai à l'intérieur de la tente magique. L'extérieure était fait en toile de couleur sombre et était plutôt petite, tandis que l'intérieur était aménagé. Enfin... Aménagé est un grand mot. À l'intérieur, s'y trouvait un lit de fortune, plusieurs coffres de rangement contenant tout et n'importe quoi, divers trophées de chasse, de nombreux sacs de sable dont certains éventrés et des poids plus ou moins lourds s'y trouvait.

Je me laissai tomber sur le lit qui était un amas de matelas, de coussins et de couvertures.

On passe à la deuxième récompense ? Dis-je avec un large sourire.

Un rayon de lumière transperce la tente, sa chaleur vient caresser les visages, des amantes encore endormis. La louve gémi, tiré de son sommeille par cette soudaine clarté, elle ouvre les yeux. Devant elle le doux visage de son amante semble au prise avec un rêve, Kiyiya est heureuse de constater qu’elle n’a pas rêvé les événements de la nuit, un sourire né aux coins de ses lèvres. Elle contemple sa belle un instant, gravant dans sa mémoires ce moment de quiétudes volé. D’une main aimante elle dégage une mèche de cheveux du visage d’Hiryu, puis dépose un baiser sur son front.

La louve se dégage doucement de son étreinte, faisant au mieux pour ne pas la réveiller, elle remonte la couverture sur elle et part en quêtes de ses vêtements, elle enfile rapidement sa robe, nouant comme elle peut les bretelles déchirées pendant la nuit.
Elle se dirige alors au dehors d’un pas léger, presque dansant, elle est profondément habitée par le sentiments d’aimer et d’être aimée en retour.

Le feu de la veille n’est pas tout à fait éteint, il reste encore quelques braises fumantes, il suffit de quelques brindilles pour le faire repartir. Kiyiya y jette un morceau de bois un peu plus gros avant de se diriger vers la rivière. Après pareille nuit, elle se sentait capable d’engloutir éléphant, la faim la tirailler mais cependant, manger ne lui paraissait plus si indispensable à sa survie. Comme si se nourrir de ses sentiments suffisait à la rassasier.

Cependant, ça ne l’empêcha pas d’aller à quelques centaines de mètres de là et de plonger ses pieds nus dans la Riviera.
L’eau clapote contre ses chevilles, la louve ferme les yeux et se laisse envahir par la sensation du courant. Elle attend fébrilement, les mains prêtes à bondir. Soudain son instinct se manifeste, elle sait exactement à quel moment agir. Elle plonge ses mains dans l’eau, effleure des écailles visqueuses que lesquelles elle tente de resserrer sa prise. Mais les poissons vivaces réussissent à s’enfuir… Il lui faut répéter l’opération plusieurs fois avant de remonter une prise.

Enfin victorieuse la louve pris le chemin du retour, en réfléchissant à la façon de le faire cuir pour le petit déjeuné

De la lumière... De la chaleur... J'entrouvrais les yeux pour découvrir ma tente, illuminée par le soleil matinal. Je m'étirais, cherchant autour de moi un signe de la louve. Sans succès. Je remuai mon regard dans tous les sens, sans trouver quoi que ce soit. Le doute que j'ai rêvé la soirée grandissait, bien que cela relevait d'une grande imagination. J'avais tellement découvert sur moi cette soirée.

Je me levais péniblement, me frottant les yeux avant de chercher mes vêtements éparpillés un peu partout, ça au moins, je ne l'avais pas rêvé. Je les mettais de côté et en pris de nouveau dans un de mes coffres.

Habillée d'un sweat au-dessus d'un t-shirt, et d'un pantalon, je sortis à l'extérieur de la tente. Je trouvai le feu, allumé, et Kiyiya à côté qui faisait cuire un poisson. Je devais avoir trop dormi... Enfin, au moins, j'étais soulagée de savoir que ce qu'il s'était passé avec elle était bien réel. J'arrivais à côté d'elle et m'asseyais après l'avoir embrassé rapidement.

'Lut. Dis-je avec le sourire. Bien dormi ?

Ce matin était particulièrement plaisant, et j'espérais déjà que les prochains soient identiques à celui-ci. Adieu les journées solitaires, bienvenue à la vie à deux. C'est comme ça que je voulais les choses... Et j'étais prête à attendre le temps qu'il faut pour que cela puisse se réaliser. Bref, mon attention repartait sur le poisson au-dessus du feu.

J'vois que t'as déjà pris le p'tit-déjeuner... Désolée d'pas avoir été là pour t'aider...

Je me frottai la nuque, un peu gênée de lui avoir laissé tout le travail. Je réfléchissais déjà comment me rattraper plus tard, que ce soit aujourd'hui ou non. D'ailleurs... Pourrais-je me rattraper aujourd'hui, ou non ?

Et... Euh... Tu comptes rester aujourd'hui ? Dis-je d'une voix un peu plus timide.

Kiyiya commença à faire griller le poisson, elle entendit alors du bruit à l’intérieur de la tente, Hiryu venait certainement de se réveiller. Celle-ci émergea quelques minutes plus tard le visage, encore un peu endormi, elle l’embrassa avant de s’asseoir à ses côtés

- Je dormir comme louveteau et toi ?

Puis Hiryu pointa le poisson

- Non, moi avoir attendu que toi réveiller, on partager ?

Joignant le geste à la parole, elle prit le poisson qu’elle partagea en deux, elle n’avait fait qu’une seule prise mais elle était assez grosse pour que chacune mange à sa faim.

- Et pas inquiéter toi, je aimer pêche pas probléme, moi être contente pécher pour toi. Moi pouvoir faire ça tout les jours.

Kiyiya lui offrit un sourire solaire, le reflet de son nouvel état d’esprit, absolument rien ne pourrait la fâcher aujourd’hui, pas même un dictionnaire.

- Bien sure je rester, où toi vouloir que moi aller ? je rester avec toi… enfin si toi le vouloir, si toi pas vouloir je partir…

A vrai dire elle n’avait aucun programme pour les jours à venir, elle vivait l’instant présent comme il venait, d’ailleurs, par certain qu’elle ait jamais fonctionné autrement que comme ça.

- quoi toi avoir envie de faire ? je pas sure que nous pouvoir retourner dans parc maintenant, eux surement avoir mit avis de recherche…

A cette pensée elle éclata de rire, elle s’imaginait bien les employés avec leur lampes torches au petits matin toujours en train de chercher après elles, alors qu’elles étaient partie depuis longtemps.

Kiyiya me renvoyait la question. Je regardais alors dans les airs pour situer à peu près le soleil, et donc me situer au niveau de l'heure de la journée. J'avais décidément trop dormi, ou du moins, dormi plus que d'habitude et que nécessaire. Peut-être était-ce pour rester à côté de Kiyiya ?.. Je repris son expression.

Comme un louveteau aussi, faut croire !

Elle me proposait un morceau du poisson qu'elle avait grillé. Je souris alors en le prenant, la remerciant de cette attention, puis croquai dans le filet qu'elle m'avait donné. Savoir qu'il avait été grillé par Kiyiya le rendait étrangement meilleur.

Si tu pêches tous les jours pour moi, faudra bien que je trouve quelque chose à faire pour toi... J'vais m'sentir mal de profiter !

Elle était terriblement attentionnée, n'ayant jamais reçu ce genre de chose, j'en étais presque mal à l'aise. Enfin, en tout cas bonne nouvelle, elle voulait rester avec moi. L'annonce de cette bonne nouvelle suffisait d'ailleurs à me rendre ma confiance en moi.

Nan, nan, restes. J'veux qu'tu restes. Dis-je en lui adressant un sourire et un regarde tendre.

Mais venait la question de quoi faire. À vrai dire, c'est plus ce que m'offre la journée qu'autre chose. À vrai dire, c'est plus ce que m'offre la journée qu'autre chose. Je me grattai la tête, cherchant ce que j'avais pu voir en Entre-Monde et qui pourrait être plaisant à faire avec Kiyiya. J'avais bien quelques idées d'endroit où on pourrait se battre contre un gros monstre, mais je ne voulais pas que la louve ne soit plus qu'une partenaire de chasse... Je voulais essayer de nouvelles choses avec elle, et nous avions assez chasser ensemble pour le moment.

Ah ! Je sais ! J'ai cru entendre qu'il y avait une fête aujourd'hui à Northrives, ou un truc comme ça... On pourrait aller voir, ça peut être drôle, hein ?

Heureusement que je l'avais entendu chez les vieilles...