Zone Inconnue nous voilà !

En émergeant, j’avais la tête comme dans du… Coton… Ouais on peut dire ça. Hormis l’odeur assaillant mon nez et l’obscurité, ce qui était vraiment déplaisant c’est qu’on avait plus d’armes ni… Eh ! Pourquoi m’avoir enlevé mes gants ? Ils pensaient que j’avais quelque chose à cacher ? Bon certes oui, mais rien de mortel… En soit…
Bref, tant pis, mes écailles verront le jour. Mon bâton a été pris, logique, c’est contraignant mais j’ai d’autres atouts. Pas trop de blessure pour ma part, mais pas le temps de penser plus, on venait déjà nous chercher, nous attacher les mains pour nous emmener à ce fameux lac. Il y a quand même un détail très intéressant dans notre parcours.

*Une île en hauteur… Mais quelle bonne idée !*

Je commençais déjà à dénouer grâce à mes dons. Je ne crache peut-être pas de feu, mais un dragon télékinésiste peut être tout aussi pratique. Je les desserre juste assez pour ne pas les alerter. Avant qu’on se retrouve dos au vide, j’ai pu juger de la hauteur et, ça me convenait. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres.

C’est alors qu’Augure fit son petit cinéma. Au moins, il avait essayé, pendant un court moment, avant de devenir carpette. D’un geste de la fameuse femme, un coup sec sur nos liens nous fit basculer en arrière. Tout le monde tombait, je défie complètement mes liens et sans attendre, me transforma tout en accélérant ma chute. Augure étant resté en haut, je n’en avais que trois à récupérer. Mes ailes déployée à la fin de ma transformation, je poussais un grognement, baignant dans le Soleil.

« J’arrive ! »

Et oui, ce n’est pas parce que je suis un dragon que je n’ai plus l’usage de la parole. Je filais aussitôt à leur poursuite, m'ayant dépasser à l'instant.

Spoiler:

Un brouillard. C’était ce qu’étais ma vision depuis que nous nous étions fait kidnapper par ces barbares de la nature. Ce fut lorsque que nous sortîmes de nouveau de notre prison la tête encore embrumée, qu’enfin le brouillard commençait à se dissiper. Ces imbéciles m’avaient attachés la corde autour du cou !!! Autant dire que j’allais pas laisser passer ca ! Je ne suis pas un chien qu’on promène ou qu’on emmène ce faire euthanasier !!!

La diversion d’Augure fut parfaite pour me laisser le temps de mâchonner la corde, avec le mou qu’avait donner les autres en ayant réussi à se libérer, eux aussi, des cordes qui liait leur mains, je réussi, juste à temps, de passer une de mes pattes entre la corde et mon cou quand nous fûmes tous poussés dans le vide vers le lac.

Je n’eu pas le temps de pousser un cri, qu’aussitôt la corde qui me maintenait captive se resserra vivement sur mon corps me coupant un peu la respiration. En levant la tête j’aperçus Myra qui nous retenais comme elle pouvait aux lianes qui pendaient.

La situation était désespérée et nous plongions inexorablement vers le vide j’allais dire quelque chose mais voilà qu’un dragon nous récupéra sur son dos. J’allais demander qui c’était quand je reconnue son odeur « Noryan »

-Dragon soit loué !!!

Hormis ce trait d’esprit nous n’avons pas perdu de temps pour nous dirigé vers la baleine. Il restait aussi le problème de récupérer Wergeld et Augure. Juste avant que Noryan nous jette dans la gueule de notre moyen de transport, je lui demande une dernière chose.

-Noryan ! Plonge en piquet chercher Wergeld ! Enfin le maître de Kouen ! Nous on s’occupe de récupéré Augure !!!

Et voilà, un dernier saut dans la gueule de la baleine, pas vraiment rassuré mais j’acceptais de me casser une patte ou deux pour ne pas finir morte noyée et nous nous dirigions pour récupéré Augure avant qu’il ne soit trop tard.

La femme me regarde et lève la main. Je n'ai pas besoin de voir mes compagnons pour savoir qu'ils passent par dessus bord. La clameur de la foule suffit à le prouver. Pas de pitié. Pas d'état d'âme. Voilà le message qu'elle m'adresse. ça et la promesse que ma mort sera infiniment plus lente et douloureuse que celle des autres. Sans m'en rendre compte, je cède à la Voix.

- Sang et larmes.

Je disparais, me libérant par la même de mon pote un peu trop collant. Ils veulent du sang. Ils veulent des morts. Ils vont être servi. Jamais plus de deux secondes au même endroit, j'assène des coups. Je brise des os.

Le chant de la baleine retentit. Je n'ai pas à tenir bien longtemps. Les feuillus s'organisent et deviennent plus dangereux. Je reçois quelques coups ça et là. Des coupures viennent souligner mes flancs. Ma respiration s'accélère. Je me fatigue peu à peu.

La baleine est presque à portée. Il est temps d'envoyer un message à mon tour.

La foule s'est quelque peu éloignée, mais trop avide de sang elle est restée. Me voilà maintenant avec un enfant devant moi. Mon otage. Alors les escarmouches cessent. Un enfant, c'est toujours efficace. Je m'approche du bord avec le gamin.

Sans quitter la grande prêtresse de cette bande d'allumés, je pousse le gamin dans le vide. A force de cris, il s'en va rejoindre le lac qu'Elle me destinait. Je l'ai prévenue. Je les tuerai tous pour survivre. Il est temps qu'elle apprenne que je suis homme de parole.

Une téléportation de plus et me voilà sur la passerelle de notre baleine volante. Déjà elle file vers l'est. Loin de cette forêt de fous. Je me dirige vers la salle commune. Tout le monde est là et nos équipements trônent sur la grande table.

- Autant pour la diplomatie.

Je préfère anticiper les remarques. Mon regard azur se plonge tour à tour dans celui de chacun de mes compagnons. J'en profite pour voir si personne n'est blessé. Je finis avec K'ouen et ça n'a rien d'amical.

- Tu apprends à diriger ou tu rentres dans le rang.

Qu'il me touche et je me ferai une joie de répliquer. Je hais les incompétents et dans cette forêt il a fait montre d'une incompétence sans limites. S'il doit être le leader, le guide ou je ne sais quoi de cette mission, il va falloir qu'il se réveille.

Une main chaude se pause sur mon épaule nue. Le prudent et paisible Ayame se contente de me garder calme jusqu'à ce que je sente une violente tension quand il remet mon articulation en place.
Le saut dans le vide s'était soldé par un sauvetage limite, j'en avais fini avec l'épaule démise.

-Casse-toi.

Aya allait s'éloigner, je le retenais du regard. Non, lui il n'y était pour rien. Cette petite mésaventure m'avait dévoilé tout ce qu'il y avait à savoir sur ce personnage. Il était obnubilé par la violence.
Ce n'est pas par la force qu'un chef perdure.

Mon père, le vrai, m'avait dit un jour : les tyrannies ne durent jamais plus d'une ou deux générations, les empires, eux, durent des siècles.

-Tu veux une guerre alors tire-toi, reste dans cette forêt et fait ton petit carnage.

En enfilant un tee-shirt propre, mes yeux virent nos équipements entassés dans un coin, plutôt sales mais là. L'inventaire débutera sous peu mais avant cela :

-Je ne le répèterai pas, pars maintenant ou tu la fermes durant le reste du voyage. Que ce soit dit pour tout le monde, fis-je en balayant l'équipage et les sauvés de justesse, c'est une exploration, pas une marche guerrière. Le premier qui sortira son arme sans raison aura à faire à moi. Et toi, ajoutais-je pour Augure, encore un mort innocent et tu es mort.

Je ne bluff jamais.
Dans le silence, Ayame s'éclaircit la gorge. Il fit venir des vivres quand les soigneurs nous laissèrent enfin en paix. Et pendant que nous nous mettions à table il nous fit un bref résumé :

-Winter est remontée plus au Nord, on a parcouru plusieurs centaines de kilomètres, la forêt semble interminable de ce côté là. Nous allons vers l'est actuellement, nous feront une prochaine halte dès que nous auront quitter les arbres. Niveau énergie on est remonté à bloc et l'équipe d'entretien s'est assuré que tout allait bien. On a eu un mal fou à extirper tout le monde de là dessous...

J'imagine en effet.

-Jusque là nous prenons du repos dans la baleine.

Ayame ajouta même avec un sourire :

-Vous serez sûrement heureux d'apprendre que je vous ai libéré une salle de stockage, pour que vous puissiez... vous entrainer.

A travailler ensemble, oui, ce ne serait pas du luxe !

Spoiler:

On était bien tous arrivés, presque sains mais surtout saufs. J’écoutais attentivement les remises en place entre Augure et Wergeld. Deux points de vue, deux manières de diriger, deux manières de penser… En clair deux personnes différentes. Je sens que ça peut devenir intéressant, mais le problème c’est que l’on n’a pas le temps de se disputer pour savoir qui dit ce qu’on fait et qui fait ce qu’il dit.

Ayant suivi le regard de Wergeld jusqu’à nos équipements, j’allais y récupérer les miens. Un peu poussiéreux, mais pas endommagé. Je remettais mes gants, les couteaux dans mes bottes et repris mon bâton, le faisant tournoyer un peu.
Après ce petit… Débriefing, Ayame nous informa qu’une salle de stockage était disponible, ça me plait.

« Bien, le temps que vous vous mettiez d’accord tous les deux, moi je vais voir cette fameuse salle. Car à mon avis, ça ne se fera pas en deux minutes montre en main... Augure peut parfois avoir des idées intéressantes, mais il faudra les tempérer avec la vision de Wergeld. Maintenant, si Wergeld le permet, je vais sortir mon arme dans la salle. »

Oui je le taquinais un peu, mais bon, il fallait bien détendre un tant soit peu l’atmosphère. Je pense qu’il se passerait un moment avant de quitter cette forêt. Et… Alors que je me dirigeais vers la salle indiquée, je me tournais vers Ayame.

« Ayame ? Je me demandais s’il était possible d’avoir quelque chose à se mettre sous la dent dans cette salle ? »

Bah oui, une telle excursion, ça donne faim !

Je souris à K'ouen. Ses menaces nourrissent mes envies de meurtres. La voix qui est en moi a pris le contrôle. Je ne suis plus qu'instincts barbares. Une bête. J'avance d'un pas. En route pour l'affrontement, mais une main se plaque contre ma poitrine et une voix rocailleuse se fait entendre.

- Tu reprends le contrôle ou je m'en charge.

Je tourne la tête vers Cortovar. Depuis quand est-il là ? Pourquoi ne se montre-t-il que maintenant ? Autant de questions dont je me fous en cet instant précis. Mais s'il intervient c'est que j'ai dépassé les bornes. Je reste immobile à le regarder. Ses mandibules se crispent à intervalles réguliers. Il ne plaisante pas. Finalement la voix s'efface et je me calme. Et je me hais. Comme à chaque fois que la voix prend le dessus je suis devenu un monstre assoiffé de sang.

Je m'assoie et écoute le pilote débiter son flot d'information. Les soigneurs s’occupent de mes blessures, mais rien de tout ça n'a d'importance. Je suis renfermé sur moi-même, ailleurs. Cort se détend. il sait que la situation ne risque plus d'exploser et s'en va rejoindre les autres dans la salle de stockage.

- Tu juges bien vite, l'ami. Lance-t-il à Wergeld en passant.

Je me lève, de nouveau moi, de retour du monde où je me suis abîmé. En ce qui me concerne l'incident est clos. Le passé est le passé. Je doute que K'ouen le voit comme ça, mais l'opinion qu'il a de moi n'est pas mon problème. Je récupère mon équipement et me dirige à mon tour vers la salle d'entrainement.

En arrivant, je prends un peu de bouffe que nous ont apporté l'équipage et je m'assoie à contempler mes compagnons s'exercer.

- Votre garde est un peu trop basse. Et n'hésitez-pas à faire balancer votre poids d'un pied à l'autre. Vous serez plus stables...

Cort a visiblement déjà noué le contact avec ce que je devine être Louvia en... femme. Il lui prodigue quelques conseils. Se rendre utile c'est son passe-temps favoris. Grand bien lui fasse... et s'il peut rendre cette équipe plus efficace, plus unie ce n'est pas un mal.

Une fois restauré, je me dirige vers l'abruti donneur de leçon dont j'ignore toujours le nom. Il est temps de faire connaissance.

- T'as un nom ou e dois t'appeler "le lézard" ?

je ne cherche pas à le provoquer, ni à l'insulter. Je ne fais qu'énoncer une vérité : c'est un dragon et c'est tout ce que je sais de lui. S'il faut que cette "expédition" fonctionne, je vais devoir faire plus ample connaissance avec ses membres.

Spoiler:

-Il s’appelle Noryan, fis-je en approchant du groupe.

J’ai longuement observé la salle, elle n’était pas si grande que ça, mais suffirait bien à un dragon et à plusieurs têtes brûlées pour qu’elles se tapent dessus joyeusement.
Myra et Louvia ayant déjà entamé les hostilités !
D’un regard indifférent j’ai observé leurs enchainements, grignotant les restes d’un repas qui se voulait être copieux pour compenser la nuit affamée que nous venions de passer.
Bon sang, je voudrais dormir jusqu’au lendemain au moins !

-Augure, je te connais plutôt offensif, nos méthodes sont « proches », osais-je sans sourire.

A comprendre : nous étions le tas de gros bras. Noryan me semblait plus défensif, une vieille coutume qui me disait que le bâton du berger sert avant tout à empêcher les bêtes d’approcher son cheptel.

-Myra a une longue détente avec son arbalète et son fouet. Je crois qu’elle travaillerait mieux avec Noryan.

Il la protègerait le temps qu’elle abatte l’ennemi. Quant à Louvia, à nous trois nous ferions un vrai carnage en trois dimensions.

-Louvia, après t'être restaurée, j'aimerais qu'on tente à nous trois de passer la défense de Noryan et d'éviter Myra.

Mon objectif n’était pas de les regarder s’entrainer chacun dans leur coin, nous manquions cruellement de synchronisme. En combat, nous étions plus un groupe de survivants qu’une équipe. J’étais trop orgueilleux pour laisser Augure me marcher sur les pieds, celui-ci avait un caractère trop trempé pour supporter une directive. Myra et Louvia étaient, à mon point de vue, les moins expérimentés d’une véritable expédition de longue durée. Noryan ? Je n'en avais aucune idée ! C'était ça le pire.
En bref, j'avais peur que l'un de nous soit hors du groupe au moment où nous subirons une nouvelle vague d'ennemis.

Spoiler: