Re: Zone Inconnue nous voilà !

Pour l'éternité.
La suite de mes idées ne furent pas très claires. Augure revenait, avec des questions sur des cristaux et des personnes enfermées. Je focalisais mon regard sur ce grand type pleine de colère.
A part Entre-Monde, y a-t-il un endroit sur cette planète où vivent des gens qui ne pensent pas qu'à emprisonner les visiteurs ?

La femme ne paraissait pas effrayée par Augure, comme si elle savait qu'il ne pouvait rien faire ici. Et c'était précisément le cas :

-Si vous ne vous tenez pas tranquille, vous aussi vous serez enfermés dans les cristaux.

Conclusion logique : si je casse quelque chose on m'enferme au sens propre dans leur prison faites maison.
Nous n'étions pas très biens partis pour trouver des solutions, le pire qui puisse nous arriver en ce moment serait de voir débarquer l'équipage de la baleine pour nous sortir de là.
L'arrêt des communications durait depuis un moment, je connaissais assez bien mon capitaine pour deviner qu'il avait sûrement envoyer du monde voir ce qu'il se passait à Namkuar...

-Depuis combien de temps êtes-vous ici ?

A question stupide...

-Depuis trop longtemps.

Je ruminais mes idées. Caleb disait souvent, l'important ce n'est pas la réponse mais c'est de poser la bonne question. Il faut trouver la bonne question à poster dans ce cas.

-Ces gens, peut-on les sortir de leur prison ?

Elle fit "oui" de la tête et tourna la tête vers l'entrée de la ville. Nous étions bien loin de notre point d'arrivée, mais quelque chose avait attiré l'attention de cette femme. Qui qu'elle puisse être...

Marc finissait de ranger la salle d'entraînement. Ses entraînements quotidiens lui permettaient d'équilibrer ses journées. Le matin entraînement, l'après midi il se rendait utile et la nuit avant de dormir, lecture. Il fallait bien s'occuper dans Winter, et même s'il appartenait au corps réserviste, il préférait et de loin donner un coup de main que s'isoler de l'équipage comme certains pouvaient le faire.

Enfin ça avait été ses intentions, mais soudainement, les hauts parleurs dans les couloirs se mirent à résonner dans les couloirs de chair, le sommant de venir sur le pont. Agrippant grappin et canne épée qu'il enfila prestement, il se rendit au pas de course à la zone indiquée. Là un homme blond avec un cache œil l'instruisit de sa mission, enquêter sur le silence du groupe d'explorateur et se mettre aux ordres de Wergeld. Il reçut ensuite les coordonnées de leur dernier signalement et lui permit de partir.

La bouche de Winter s'ouvrit et il s'en échappa en direction de son objectif avec un dernier regard pour la baleine volante. Trouvant assez rapidement leurs traces, il dût longer la rivière sous un soleil de plomb. Jusqu'à ce qu'il la voie. Une cité où l'or et les pierres précieuses tapissaient les murs, accueillant avec une débauche de richesse le visiteur perdu au milieu de ses fontaines riantes.

Avançant dans un dédale de rues digne de Midas, il finit par trouver une rue principale qui l'amena à un grand palais où le groupe qu'il cherchait semblait discuter tranquillement. Bon ben il s'agissait d'une fausse alerte, néanmoins il devait rejoindre sa nouvelle affectation.

Se mettant en évidence et bien visible, il avança et fit un salut militaire avant de se mettre au garde à vous.

-Bonjour, réserviste Marc Fiori, j'ai reçu comme mission de vous contacter et de me mettre à vos ordres.

- J'imagine que ça ne va pas sans risque.

Si sortir les prisonniers de leur cristal est un jeu d'enfant, il y a belle lurette que Namkuar ne serait plus une prison dorée. Et c'est pas le regard de cette femme qui va me contredire. Il n'y a qu'à l'observer pour comprendre la profondeur de sa résignation, de son désespoir, de son abandon. J'ai déjà vu ça avant et ça n'a jamais engendré une histoire tranquille.

- Nan mais tu t'fous de moi !

Voilà que débarque Marc comme un bon petit soldat. Il est ravi de quitter la baleine et il semble content de lui en plus !

- Détends-toi le boyscout. Bienvenue en taule.

Ce type est désespérant. Je suis sûr que si K'ouen lui demandait de se sacrifier, il le ferait sans hésiter. Il pue le respectable, l'honneur. L'honneur a fait des millions de morts mais n'a jamais sauvé personne. Bref, qu'il lèche les botte du mutant si ça lui chante. ça donnera à K'ouen un semblant de contrôle sur ce qui se passe ici.

- Comment on les libère ?

Je vais pas m'attarder à faire un topo au renfort. Il veut se mettre à jour, il va voir ailleurs. Je fais face à l'inconnue. Droit, déterminé. Je vais pas laisser une prison me retenir longtemps.

- Les fresques parlent du coeur d'A'vogenlhil. Il faut l'amener à la crypte.

Le coeur d'un Dieu... Rien que ça ! Elle m'arrache un sourire amusé.

- Bien. Trouvons ce caillou.

Dans une ville d'or et de joyaux, le coeur d'un Dieu ne peut être que le plus resplendissant caillou du coin.

Marc débarquait au plus mauvais moment de l'aventure. Celui où nous étions prisonnier, pour la deuxième fois, et sans échappatoire possible. S'il suffisait à la baleine de nous envoyer des cordes, ce serait tellement plus simple !
Je me sentais abattu pour le gamin.
Les membres de l'équipe initiale savaient à quoi s'attendre : des problèmes.
Marc posait le pied dans la zone inconnue avec pour première expérience un vraiment très gros problème.

-Non. Tu trouves ce caillou, moi je vais faire diversion. Marc tu vas avec Augure, il te racontera comment on s'est retrouvé coincé ici et pourquoi toi non plus tu ne pourras pas ressortir.

Sauf si Augure nous présentait une nouvelle solution miracle.

-Quand vous aurez libéré les autres, on se rejoint tous vers le rempart invisible. Je n'aime pas cette ville, il y a trop de coins sombres où se dissimuler...

Le rempart était plus ouvert, j'espérai que les esprits auraient moins d'occasion de nous envoyer par le fond aussi loin de leur ville-joyau.

-Et vous, si vous voulez quitter cet endroit, il faudra nous rejoindre là bas aussi, fis-je à la femme.

Son expression était indéchiffrable, un mélange ambigüe entre peine et lassitude.

Spoiler:

À peine arrivé, l'humain fit ce qu'il savait faire au mieux observer et écouter. Pourquoi? Parce que dans le meilleur des cas, l'observation lui apporterait des éléments nouveaux qu'il n'obtiendrait pas en se contentant de discuter. De plus, il n'avait rien à dire. Enfin, tant bien même ce silence ne lui apporterait rien, il n'aurait pas l'air stupide. Mais fort heureusement pour lui, ce silence lui apporta des infos en or.

De une, il ne pouvait pas sortir de la ville, en tout cas, ils étaient coincés, de deux les apareils de communication étaient bousillés, mais les objets comme les lampes de poche marchaient encore, en tout cas il le constata en allumant la sienne et en l'éteignant. Comment Wergeld avait appelé ça, une muraille invisible? Et amener le coeur d'A'Vogenlhil permettrait de détruire cette muraile? Oui ça semblait une quête définitivement compliquée. Et ces bâtiments... cette femme transparente... Le savoir est le pouvoir.

En apprenant que les dieux avaient fait don de la métamorphose à son élève, Maître Sanchez ne s'était plus senti de joie et l'avait forcéà surexploiter son don, palliant son manque de connaissance par le savoir des créatures magiques, dieux et esprits qui acceptaient de réveler au jeune Marc les secrets de leur art. Ceci avait amené le maître à réfléchir sur les limites de l'adaptation et de sublîmer son enseignement.

Il avait donc pris sur lui de faire entrer dans la tête du jeune Fiori tout l'art possible de la magie et des sortsdans les limites de ce qu'il entendait et des rumeurs.Ce qu'il nomma la magie théorique. Sa raison en était simple, l'incapacité d'utiliser un sort ne signifiait nullement l'incapacité de s'en préserver et comme savoir était pouvoir, alors il fallait connaître ce sirt sur le bout des doigts pour connaître ses faiblesses.

Il prit une des boules de neige téléguidée qu'il avait en sa possession et la lança en l'air avec un seul mot d'ordre toujours plus haut. Arrivée en haut du palais sur la place cenntrale, celle ci accélera soudainement avant de se briser en une pluie d'or qui ne descendit jamais. Il n'y avait plus de doute, ill savait où se trouvait la pierre recherchée enfin grosso modo.

Connaissant Augure, celui-ci ne lui dirait que de mauvaise grâce ce que lui avait demandé Wergeld, ce serait une perte de temps pour lui. Cela dit, s'il lavait une monnaie d'échange, il ne ferait pas de doute
que lle Nephilim aurait le coeur plus léger. Dieu qu'il aimait se rendre utile.

-Deux questions comment vous vous êtes retrouvés coincés ici, et pourqui ne puis je pas ressortir? En fait j'ai un doute... Bref, le coeur se trouve sous terre probablement dans la crypte et ne touchez pas à l'eau.

Si on lui demandait, il fournirait des explications, mais pour le moment, l'heure était à la chasse aux pierres, de plus il était inquiet, dans le pire des cas, ils ne pourraient pas approcher le caillou divin sans faire partie des merveilles de la ville.

Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer... K'ouen vient de me donner pour ainsi dire carte blanche pour retrouver cette foutue pierre et dans le même temps, il me colle le scout dans les pattes. Je le toise sans chercher à cacher mon exaspération. Il lance sa boule et on la suit. La bonne nouvelle c'est que je n'ai pas Wergeld sur le dos et que je vais pouvoir faire les choses à ma sauce. Enfin si Marc veut bien la fermer deux secondes.

- En entrant. Essaie et tu verras.

Voilà les réponses à ses questions. Je me fou de savoir s'il espérait plus, mais je fais pas dans le social. Je sais absolument pas pourquoi il me cause d'eau mais je suppose que ça va avoir une utilité.

K'ouen doit faire une diversion d'enfer parce qu'on croise aucun fantôme et pendant près d'une heure on fouille ce foutu palais à la recherche d'un passage dérobé vers une crypte remplie d'eau pour aller trouver une foutue pierre pour faire je ne sais quoi et nous sortir de cette ville de m**** !

Sang et larmes.

La colère me gagne. Il va falloir que ça castagne... et vite ! Finalement un pan de mur coulisse et dévoile des escaliers. On le dévale et on tombe sur un crypte ovale remplie d'eau jusqu'à mi-hauteur. Au centre un piédestal et posé dessus comme un foutue fleur... la caillasse des caillasses.

Sang et larmes.

Dix minutes plus tard, on ressort de là trempé et avec une dizaine d'esprits furieux aux trousses. ILs commencent à me les briser menu. Si seulement je pouvais leur en coller deux trois. Mais pas le temps de réfléchir.

- Va retrouver K'ouen.

Je hurle ça à Marc en me barrant la pierre en poche. Direction l'autre foutue crypte. Il est temps d'ouvrir les portes du pénitencier.

Sang et larmes.

Qu'aurait fait Ayame à ma place ?
Si je me pose la question c'est essentiellement car j'ai confiance en l'intelligence et la diplomatie de mon capitaine. En ce moment nous sommes dans le genre de situation où je ne devrais pas penser comme un chasseur de monstres mais comme un Maitre. Hélas, c'est Aya qui fait ces choses là d'habitude.

Plus j'y réfléchis et plus je me dis que de toute manière même l'elfe aurait eu une réaction excessive. Négocier était hors de question et puisque les esprits n'ont pas l'air partant pour discuter...

Je suis allé jusqu'au lit d'une rivière qui traversait la ville. Le courant d'eau brillait à plus d'une centaine de mètres en contre bas. Je n'essayais pas de sauter pour voir si j'allais rebondir sur le rempart invisible ou non.
Ce qui m'intéressait en revanche c'était l'ostensible fragilité des maisons toute en pierreries qui se tenaient là, au bord de ce canyon.

-J'apprécierai de pouvoir discuter avec vous. Mais puisque vous êtes sourd à tout arrangement, je vais vous donner une bonne raison de choisir la négociation !

C'était totalement faux. Je m'offrais surtout en spectacle à cette bande de pets ambulant.
J'ai choisi cet endroit fragile pour une bonne raison. Avec très peu d'énergie je pourrais faire de gros dégâts. J'espérai seulement éviter la syncope après ça.
Un tremblement concentré sur moins d'un mètre autour de moi et en dessous de pieds suffit à désolidariser un bout de rocher.
La demeure bâtie à cheval sur mon éboulement et l'autre pan de falaise se déchira en deux avant de sombrer.
Les pierres furent recueillies par le rempart en un tas de gravats suspendus dans le vide.

Calcul bien présenté. Les esprits se jetèrent aussitôt à mes trousses. Il en venait de toute la ville. Et ils étaient furieux...

Maintenant, direction l'entrée.

Je pensais qu'il était impossible de se battre contre les esprits et pourtant !
S'ils ont pu fabriquer une ville, ils peuvent aussi vous taper dessus. Je me retrouvais plaqué contre un mur dont les diamants taillés me rentraient dans le dos.

-Sarkina !

Et là, ce fut un grand silence.

-J'ai un otage ! Vous êtes prêts à discuter maintenant ?

Des milliers de visages étaient braqués sur moi.
C'est la meilleur diversion de ma vie !

Bref, maintenant qu'ils avaient la pierre, ils devaient l'apporter au temple d'A'Vogenlhil. Cela dit, la malédiction continuait de se propager et il avait perdu le compte du temps restant avant de devoir subir une extraction de malédiction, de plus la proximité de la pierre accélérait la vitesse de propagation.[/i]

- Va retrouver K'ouen.

Il était un peu obligé d'obéir, il était aux ordres d'Augure après tout. Le plus triste était que Kou'en allait probablement lui dire de rejoindre Augure. Mais bon un ordre était un ordre! Où se planquait leur leader? Il allait devoir prendre de la hauteur.

Harcelé par les esprits, il tourna sur un des bâtiments, s'engouffra dans la porte et courut vers les escaliers.

Rejoignant rapidement le toit doré, il se retrouva aveuglé par la cité d'or. Bon pouvait-il voir Wergeld de là? Il n'était pas au point le plus élevé, mais leur chef ne devait pas être si éloigné...

Contre toute attente, sa radio se mit à grésiller. Preuve que certaines ondes parvenaient à passer. C'était étrange, maintenant qu'elle avait été retirée de l'amplificateur, la pierre ne pouvait plus créer un champ magico-électrque assez puissant pour isoler la ville. Maintenant qu'il y pensait, la tour semblait avoir été ébranlée par le spectacle de Wergeld tout à l'heure. Et si...

-Ce serait vraiment... Première chose à faire, retrouver Wergeld.

À l'intérieur du palais, l'atmosphère était beaucoup plus calme, ce qui lui permettait de reprendre son souffle. Il se trouvait dans un escalier qui montait en colimaçon, l'or et les pierres précieuses étaient tous mêlés de cristal où un liquide rouge semblait monter vers les sommets infinis.

Par curiosité, il entailla un des cristaux.

-IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII...IIIIIIIIIIH!

[i]Le hurlement qui en sortit était insoutenable, il dût se boucher les oreilles et courir plusieurs étages avant que ça ne devienne supportable.

Finalement le cri s'éteignit alors qu'il se retrouvait de nouveau à l'air libre. Une dizaine de colonne en cristal maintenaient une coupole en or. Regardant autour de lui, il n'eût pas à forcer avant de voir du vacarme. Enfin voir... Il y avait juste plusieurs édifices qui s'effondraient.

En rejoignant le chef il le vit sortir un titre interessant, il n'avait lui même pas vraiment été remarqué, restant à couvert il murmura comme pour lui même.

-Guide.

Marc disparaît au coin de la rue. Je suis seul... Enfin presque. J'entends une foule d'esprits qui me collent aux basques. Je prends le foutu temps de les compter mais à vue de nez j'ai la moitié de la vile sur le dos. L'adrénaline monte et je me mets à rire. Qu'ils essaient de me choper s'ils le peuvent !!

Sang et larmes.

La pierre que je tiens entre les mains est une vraie saloperie. Elle est de plus en plus incandescente, même enfouie dans mon manteau roulé en boule, elle me crame les mains. Du coin de l'oeil je vois un pan de la ville qui s'écroule. On dirait que K'ouen s'est décidé à devenir constructif. Il joue son rôle.

Sang et larmes.

Je dévale les escaliers et débouche dans la galerie des horreurs. La grande crypte avec des gens dans des cristaux. Ouais... et maintenant ? Je suis là comme un je-suis-un-bisounours, tout le bras gauche en feu ou presque et une marée d'esprits qui se déverse dans la crypte. La partie va bientôt s'achever.

La pierre s'illumine et devient liquide. Un foutu brasier liquide ruisselle et puis les cristaux explosent dans un vacarme assourdissant. L'onde de choc m'envoie valser. Je tire avec mes cestes pour dévier les débris qui viennent pour m'empaler. Je suis sonné, groggy et à terre. J'ai l'impression qu'on vient de me rouler dessus.

Sang et larmes.

On me relève. Les esprits ont disparus. J'espère qu'ils sont crevés ces pourritures ! On m'adresse des sourires, des regards de gratitude et tout un tas de signes à la con.

- J'me casse d'ici et vous ?

J'imagine que je suis pas le seul à vouloir quitter cet endroit. On sort de la crypte. On dévale les rues en un convoi silencieux, ou alors c'est moi qui n'entends rien, à part un foutu bourdonnement. Je rejoins Wergeld et sa bande.

- IL EST HORS DE QUESTION QU'ON LES PRENNE A BORD.

J'ai probablement les tympans explosés et j'ai tellement d'entailles partout que parler est un vrai calvaire. Qu'il me fasse une seule remarque sur le fait que je lui gueule dessus et je l'étouffe dans son sommeil. Je lève la tête et aperçois dans les cieux au loin la baleine qui nous sert de transport. Il est temps de se casser.

Sang et larmes.

Spoiler:

Avec un otage dans mon titre sarkina, j'ai réussi à rejoindre l'extrémité de la ville. De justesse j'évitais un nouveau câlin volant avec le rempart. C'est là que j'ai remarqué la disparition de tous mes poursuivants.
Une excellente nouvelle pour moi, moins bonne pour mes compagnons. J'étais tout de même censé faire la diversion...

Augure arrivait, avec une multitude d'autres personnes. Des inconnus pour la plupart. Sauf un. Un visage qui rappelait vaguement quelque chose. Je me détournais vers mon équipier aux tympans percés.

-J'espère que t'entends encore, je ne compte pas crier pour te parler...

Et s'il ne m'entend pas, c'est bien aussi.
Ce n'est qu'alors que je l'ai reconnu. Son portrait était posé sur l'un des murs de l'aile administrative de K'ouen. Je voyais ce visage chaque fois que je sortais de mon bureau.

-Vous, je vous connais. Vous êtes un Grave.

Il se détacha du groupe.

-J'étais, fit-il.

Silence.
Petit j'entendais parler de ces Graves comme des érudits, une espèce de secte fermée. Ils ont eu leurs heures de gloire avant la fermeture des miroirs. J'étais trop jeune pour le comprendre mais ils ont disparus avec les miroirs.

-Augure, t'as vu Marc ?

A peine arrivé, le petit nouveau de la bande avait déjà disparu.
Je ne confierai plus jamais qui que ce soit à ce type ! Il ne lui aura pas fallu deux heures pour le paumer. A cette vitesse, on pourrait lui donner le record.

Le Grave toujours à nous regarder.

-Si je peux me permettre, vous n'aurez pas besoin de nous emmener avec vous. Si vous pouvez sortir un jour, pour certains d'entre-nous, c'est exclu.

Mon regard méfiant ne l'empêcha pas de continuer.

-Cela fait trop longtemps que nous sommes retenus ici.

Devant mon regard hésitant il s'expliqua :

-C'est n'est pas parce que le temps n'a pas prise ici, qu'il n'en a pas dehors. Le temps s'écoule tout de même, mais beaucoup plus lentement. Ceux qui sont là depuis trop longtemps, tomberont en poussière de l'autre côté.

Il désigna le bouclier qui venait de prendre des teintes rougeâtres.
J'en sursautais de surprise. C'est alors que les esprits sont réapparus. Corps translucides en foule compacte autour de nous. Des centaines et des centaines d'entre eux se tenaient là en silence.

C'était le moment.

-Alors ? Je garde mon otage éternellement, ou vous laissez sortir ceux qui le peuvent ?

Le Grave approcha et me remis une vieux parchemin. A sa tête, je crus prudent d'attendre d'être sorti pour l'ouvrir.
C'était aussi le signe qu'il ne comptait pas sortir d'ici.