Zone Inconnue nous voilà !

Nous n'avions pas parcouru un kilomètre dans cette forêt... Déjà il était clair que nous n'étions pas les bienvenus. Noryan en visuel perturba une seconde ma vision nocturne. Quelque chose semblait bouger dans la forêt. Les cimes des arbres se rapprochaient. Elles formaient une nappe opaque au dessus de nos têtes. Le soleil, progressivement perdait du terrain.

Ils nous barraient le passage. De la terre et du ciel, les arbres nous prenaient au piège.
La louve repéra le premier arbre agressif. Je gagnais les racines et les branches qui dansaient furieusement autour de nous.
Mon épée grinça. Elle résonnait à chaque coup contre les racines. Les branches tombaient, par un, deux ou trois coups. Des échardes explosaient de tous les côtés en arrachant la lame du bois frais et de la sève épaisse.

L'accalmie. L'oeil de la tempête.
Hors de moi. Un fureur défigurant mes traits, cette même colère qui avait contraint mon arme à découper les bras de cette créature végétale.
En me retournant, j'empoignais le col d'Augure, autant dire que j'ignorais totalement l'arrivée de Noryan et les exploits de la louve et de ma commissaire... Je me contentais de lui aboyer ces quelques mots :

-Ferme là bordel ! Arrête de perdre du temps à jacter ! On sait tous ce qu'on a à faire ! Contente toi de te battre et boucle là ! Tu nous empêches d'entendre...

Pas le temps de terminer ma phrase ; l'arbre n'était pas seul.
La forêt entière s'ébranlait. Des branches et des racines de toute part. Elles fouettaient l'air dans le sifflement du vent, dans le grincement des articulations de ces arbres fous.

Un cratère se forma trop près de mes pieds, je m'éloignais d'instinct. Hélas ce mauvais calcul me coûta un vol plané contre un tronc. Une branche immense venait de balayer la zone me frappant sur le flanc.

Retombé sur le sol, j'étais sorti de force du groupe. A la lisière de mon champs de vision, il y avait des créatures. Elles se confondaient avec la forêt, comme des démons dissimulés sous une couche de feuilles. Non, comme des êtres faits de la même matière que les arbres. Elles semblaient regarder. Attendre patiemment de voir comment cette forêt s'occuperait de notre cas... Je me redressais difficilement, le titre Daya résistait à beaucoup de choses mais là, c'était un peu beaucoup pour un premier coup.

Spoiler:

Si ça se présentait ainsi en étant à peine entrés dans cette... maudite forêt, je n'ose même pas imaginé ce qu'il pourrait se passer en s'y enfonçant encore plus... La forêt s’assombrissait de plus en plus, un rapide coup d’œil en l'air suffit pour comprendre. La canopée se refermait. Comme si ces racines et ses branches apparemment n'étaient pas assez contraignantes comme ça.

Mon bâton tournoyait pour repousser les assaillants végétales autant que possible, j'en esquivais certains de justesse. Je ne pouvais pas vraiment regarder si les autres s'en sortaient ou non, trop d'attaques à contrer, mais je pu néanmoins apercevoir la louve qui se débattait aussi sauvagement qu'elle pouvait, Wergeld qui... et bien qui paraissait bien remonté, il me semblait même l'avoir vu se diriger et attraper Augure pour le sermonner quelque peu. Ça c'est fait.

A peine eu-t-il le temps de finir sa phrase, qu'il fut projeter contre un tronc. Cette scène me couta un bon choc dans le dos, me faisant poussé un grognement et perdre mon arme, atterrissant à quatre pattes parterre. Ce n'était pas le premier, et surement moins le dernier d'ailleurs...

"Ça va vraiment commencer à m'énerver..."

Je dis cette phrase un peu pour moi, pendant que mes écailles recouvraient de plus en plus mon corps, mes dents devenaient plus menaçantes, mes ongles ressemblaient maintenant d'avantage à des griffes. Effectivement... Cela me gonflait... Je fis revenir mon bâton dans ma main et avec plus d'énergie je repoussa les racines et autres pour avancer vers le fameux arbre, essayant de faire un peu taire la douleur dans mon dos.


"Si ça continue je sens que je vais prendre plus de place !"

S'ils ne savaient pas ce que je sous-entendais par-là, tant pis, sauf peut-être Wergeld qui devait en avoir une petite idée.

Cela commençait à bien faire ... D'abord un vol plané à cause d'une des branches, puis ensuite Wergeld et Augure qui se disputait et voilà que j'ai manqué de me faire fouetter une nouvelle fois par une branche ! Heureusement que Myra était là et grâce à son intervention je pouvais me concentré à nouveau sur mon combat.

Enfin sans vraiment parler de combat c'était surtout de continuer d'éviter les branches le plus possible. Je m'étais encore pris des coups mais grâce à la formation ce n'était que comme des coups de fouet. Les coups de moignons étaient facilement contrés les arbres avaient donc arrêtés, mais tout en continuant de nous encercler. Après l'annonce de Myra, je fixais des yeux l'objectif ... Okai comme avec l'arbre rencontré avec Augure ...

-Droit devant alors !

Je fit accélérer la marche, Noryan parlais de prendre de la place je ne suis pas sûre que c'était une bonne solution et je lui en fit part.

-Mauvaise idée garçon ! On est déjà assez serrés comme ça !

Ce n'était pas le moment qu'il laisse aller son côté animal à moins qu'il sache cracher du feu ... Et encore pas sûre que ce soit la meilleure des idées. Bref tout à nôtre stratégie bien évidement les arbres redoublaient de violence en nous voyant nous rapprocher en direction de l'arbre et de la prison de liane. Les lianes redoublaient d'ardeur, fouettant cognant malgré nos esquives agile la plupart du temps, la forêt tout entière. Sur les côtés il était difficile pour moi d'utilisé mes armes, alors je prit l'initiative de me placer brièvement au milieu pour pouvoir lancé mes aiguilles de fer.

Au début le jet était peu fort, puis ensuite c'était la distance, en nous rapprochant cela allait mieux, mais je n'était toujours pas bien placée malgré tout. Soudain une idée tilta comme un rayon de soleil un glaçon ... Augure ...

-Augure ! Tu sais te téléporter non ? Alors dès que tu peux fonce vers l'arbre ! On te couvre !

Les assauts de la forêt se brisent sur notre groupe. Il est temps de prendre le dessus. J'en ai marre de subir et... Qu’est-ce que ? K'ouen m'empoigne par le col et me crache son venin. Il perd son calme et... joue avec le feu. Ma voix intérieure se réveille. Elle veut que je le tue. Je me contente de le regarder froidement, droit dans les yeux. S'il veut que je la ferme, il n'a qu'à jouer son rôle et mener cette expédition. Ce n'est pas une chasse. Il n'est pas seul et tout le monde doit donner son meilleur pour que l'on puisse rentrer. Et pour l'instant K'ouen me déçoit. Je ne demande pas mieux que de pouvoir garder le silence et m'occuper de moi et de rien d'autre, mais voilà je ne PEUX pas, à cause de lui. A cause de son incompétence à diriger ses troupes si peu nombreuses soient-elles !

Et voilà que K'ouen s'arrache de mon col. Je remercie la responsable de son vol plané avec une rage contrôlée. L'écorce vole en éclats sous les coups de mes cestes et finit par céder dans un craquement sinistre. Je resserre la formation. K'ouen est à l'écart désormais et seul il ne survivra pas longtemps. Qu'il crève ne me fait ni chaud ni froid et j'ai d'autres chats à fouetter. Qu'il se démerde. Le nouveau inconscient semble perdre son sang froid beaucoup trop facilement mais Louvia le recadre rapidement. Enfin quelqu'un de compétent ! Quand à la bohémienne elle finit par se montrer utile en décelant ce qui semble être un point faible de notre agresseur.

Je n'attends pas la suggestion de Louvia pour agir. Je sais ce que j'ai à faire. La mise à mort est un art que je maitrise. Je chope Myra par le bras et plonge mon regard dans le sien. D'un mouvement sec de la tête je désigne le dos de l'abruti et de Louvia qui seront bientôt tout deux exposés, puis je disparais. Il est temps de voir si K'ouen a raison, si mes "compagnons" savent ce qu'ils font, si l'humaine est sait se battre intelligemment.

A peine un battement de cœur et je réapparait devant K'ouen. Je le chope par le col et l'envoi voltiger un peu plus loin, le sauvant ainsi de la créature qui voulait le bouffer. Ces vicieuses ne sembles sortir des troncs que quand leur proies leur tournent le dos. J'en profite pour assener un furieux coup à cette mocheté. Conséquence directe, j'attire son attention et ses racines foncent vers moi. Mais je ne suis déjà plus là et trois téléportations je me retrouve au pied du grand saule. Je prends une seconde pour l'observer.

Un sourire carnassier apparait sur mes lèvres alors que j'abats mon poing sur le bouclier qui protège son coeur. Et mon sourire s'élargit alors que toutes les racines qui harcèlent notre groupe se figent et font demi-tour. Elles fusent vers moi. Elles convergent pour protéger. Elles s'unissent pour tuer. Elles frappent pour survivre. Elles sont sur moi et le fracas du bois contre le bois retentir. Des éclats vole dans tous les sens. Mais j'ai déjà disparu. Je les ai leurré. La seule chose qu'elles viennent de détruire c'est la carapace qui gardait le cœur de cette forêt. Cœur qui est maintenant à nu. Je me tiens là, à quelques pas de mon dernier emplacement et je vois les racines désorientées, comme si la forêt elle-même se mystifiait. Je n'hésite pas. Ma démarche est assurée. Je me place au dessus de coeur battant et d'une main l'arrache avant que le grand saule ne reprenne ses esprits.

Je m'éloigne de l'arbre, son coeur toujours emprisonné dans ma main gauche. Le silence règne désormais. Le calme est revenu. Néanmoins je nous sens observé. Je ne sais pas ce que c'est, je n'arrive pas à le voir, mais je sais qu'on nous observe. Mes yeux de glaces fixent les buissons et d'un geste plein de provocation je jette le coeur, qui dégouline d'un sang vert, au sol et l'écrase comme je le ferais avec un un mégot. Un avertissement silencieux à ceux qui nous épient. Je suis ici dans un but précis et rien ne se mettra sur ma route. Je rejoins le reste du groupe et d'un coup d'oeil je vérifie qu'ils ne sont pas trop amochés. Il ont l'air de pouvoir encore marcher, même si une petite pause ne leur ferait pas de mal me semble-t-il.

Je porte mon regard sur K'ouen.

- Le camp.

Il n'y a aucune émotion dans ma voix. Je me fous royalement de ce qui a put arriver à ces chercheurs et autres tire aux flancs, mais je sais que K'ouen s'en inquiétera et puisqu'il semble vouloir prendre les rênes, qu'il les prenne.

Tout était dit. Deux coqs luttant pour la tête de la meute, une équipe qui travaillait de concert avec certaines difficultés. La forêt ne ferait qu'une bouchée d'eux ! C'était on ne peut plus normal... Et ils auraient été bien plus heureux de le savoir plus tôt.

Taehon est une forêt. Un territoire immense qui n'est pas vraiment une ville, ni un pays. C'est une entité dont les âmes se croisent et se heurtent. Il y a les arbres, innombrables, et les êtres, sans pitié.
Des arbres qui vivent, se nourrissent et se battent. Et des gens ne ressemblant pas vraiment aux humains et pas vraiment aux plantes.

Nul être de l'Entre-Monde ne doit passer la faille. C'est leur mission depuis des millénaires de protéger les peuples natifs, leurs cultures, leur planète. Les habitants de Taehon forment une barrière. Un rempart.

Ils tiennent des arcs et des sarbacanes dans leurs mains. Quand l'arbre meure, ils soufflent et tirent sur les cordes. Si jusque là ils hésitaient à s'en prendre à ces étrangers descendus d'une baleine, à présent ils n'avaient plus aucun doute sur leur origine et le danger qu'ils représentaient.

Des filets de chanvres et d'ortie furent lancés sur ces voyageurs dont le sang se charriaient les toxines soporifiques.
On leur ôtait leurs sacs et ces choses qu'ils portaient sur eux, les armes, les vivres, les gourdes et les gants. Les êtres végétaux les soulevèrent sans ménagement, ne distinguant ni les humains ni les loups, bien moins encore les dragons, les princes ou les esclaves.

C'est ainsi que le groupe d'aventuriers fut capturé par les Taehoniens.

On les emporta sur de petits îlots tirés par des Hi-boux qui se déplaçaient entre es arbres avec une étrange légèreté. Ils s'éveillaient à peine quand on les jeta dans une petite caverne humide, tapissée d'ossements divers, de mares d'humidité et de fientes des créatures qui vivaient là dedans.

Le sédatif était très certainement un venin prélevé sur on ne sait quel animal inconnu. Tout ça pour dire, que le poison avait eu un effet radical. Si puissant qu'au réveil j'en étais encore groggy pendant plusieurs minutes.

-Il fallait que tu te la joues... Une main passée sur mon visage, j'essuyais une pellicule de sueur froide. L'un de vous est blessé ?

Durant une seconde je regrettais d'avoir pris Augure dans l'équipe. Il était bien trop solitaire pour ce genre de boulot. Une seconde seulement, car au fond, il s'était rendu utile : grâce à lui nous pouvions admirer le système répressif d'un peuple aborigène de ce monde.
Récapitulons : ils avaient abandonné tout notre équipement dans la forêt, tout ce qui était bizarre et accessible. Au moins nous étions encore habillés... Ayame et la baleine se trouvaient loin, c'était déjà une bonne nouvelle.

-L'équipage doit encore être libre, constatais-je.

Il n'y avait que nous cinq dans le réduit puant. La sortie était obstruées d'épaisses lianes tressées. En tentant de regarder au travers, je repérais une vaste étendue d'eau et un groupe d'îlots qui en effleuraient la surface. Les arbres qui poussaient dessus entrelaçaient leurs racines d'une île à l'autre, formant une étrange guirlande au dessus du lac.

Le soleil se rapprochait de l"horizon quand une voix retentie de l'autre côté. Les premiers mots étaient totalement inconnus, mais la suite, en langage commun était parfaitement compréhensible :

-Demain à l'aube vous payerez vos crimes.

Un voix gutturale et artificiellement rauque.

-Au levé du jour, vous serez conduit au coeur du lac et livrés à ses eaux.

Un lac pareil doit être bardé de tourbillons... Jolie façon de résoudre ses problèmes !

Spoiler:

L'obscurité, l'humidité et la puanteur... Je me masse la nuque qui se fait douloureuse et je sens une trace de piqure se dessiner sous mes doigts. Cela explique que je me sente comme un retour de cuite. Une voix s'élève. C'est celle de K'ouen et à peine l'ouvre-t-il que j'ai envie de lui coller une baigne !

- Que celui qui n'a pas pensé à tuer cet arbre pour nous sortir de là me jette la pierre.

Voilà ma réponse à la remarque de Wergeld comme au regard accusateur de la bohémienne prostrée en face de moi.

Une autre voix s'élève. Inconnue, si rauque que s'en est ridicule. Elle parle de crime.

Une autre voix encore, pleine de colère, s’échappe de mon âme. Je suis au bord de l'explosion. Alors je ne bouge pas. Je reste accroupit là, dans mon coin, a essayer de contenir cette tempête.

La nuit passe et l'aube point. Nos geôliers ouvrent notre cellule. Un à un, ils nous lient les mains. Rapidement mis en rang nous sommes escorté sur une des îles flottant au dessus du lac. Celle qui se trouve au centre. La plus grande. Celle bondée de monde. A croire que le sang attire la foule quelque soit l'univers d'où l'on vient.

On nous place dos au vide. Ce qui nous attend ? Une chute et la mort. Il n'y a qu'un filet de gardes qui nous séparent de la foule à une dizaine de mètres de nous. Un de ces écolos s'avance et déplie un rouleau, puis le lit à haute voix dans une langue que je ne connais pas. Mais je n'ai pas besoin de ça pour savoir ce qu'il raconte.

- Bande d'hypocrites !

Ma voix est puissante et ne tremble pas. Elle stoppe l'autre qui se retourne vers une femme, en quête d'un signe de sa part. C'est elle qui commande ? Bon à savoir. En tous cas, je n'attends pas qu'il se décide à réagir.

- Oui hypocrites ! Car vous condamnez à mort des gens qui n'ont fait que se défendre. Oui j'ai tué cet arbre ! Et je le referais s'il le faut, parce que c'était lui ou nous. Il ne s'agit que de survie ! Si vous voulez punir les responsables de la mort de l'arbre... Alors jetez-vous tous autant que vous êtes dans ce foutu lac ! Vous saviez que nous étions dans votre forêt à la seconde où on y a posé le pied, n'est-ce pas ? Et pourtant vous n'avez rien fait, vous êtes resté à vous rincer l'oeil !

L'homme au rouleau tremble de colère, alors que la femme reste calme. Un garde approche. Je fais un pas en avant et lui mets un coup de boule. Je prends son épée et tranche mes liens. Une téléportation et me voilà juste devant la femme. La pointe de l'épée sous sa gorge. Mes yeux plongés dans les siens.

- Je tuerai chacun d'entre vous, je brûlerai chaque foutue feuille de cette forêt pour survivre. Tout comme vous n'hésiterez pas à nous tuer pour la même raison. Parce que la survie est tout ce qui compte...

Je baisse l'arme et la dépose sur ses genoux.

- Oui mais survivre c'est bon pour les bêtes sauvages. Êtes-vous des anim...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase que je suis plaqué au sol, étouffé par le poids de mon assaillant. Je me rends compte d'une chose. Si la première partie de mon envolée lyrique a soulevé des holà dans la foule, il règne désormais un silence parfait sur la place et tous les regards sont tournés vers l'inconnue à qui je viens de déposer les armes.

Les mains liées, le sommeil n’a pas fait disparaitre la migraine ni la fatigue. Je sais que nous ne dormions pas vraiment. En prison, franchement, qui aurait été assez calme et serein pour dormir comme un bien heureux ? Je regarde mes poignets avec insistance. Je pourrais défaire les liens. Ce serait assez facile, bien plus que d’éviter un tauracle en pleine charge, alors, qu’attendais-je ?

Le déluge.

Augure les menaçait. Il déposait les armes. Il avait pris le pouvoir, il avait fait la preuve du sien.
Les taehoniens nous détestaient avant même notre arrivée. Ils nous haïssaient nous et notre magie. Ils nous tueraient, peu importait les discours.
Non.
Ils nous tueraient plus lentement avec les discours.

C’était ça la morale de l’histoire. Ils avaient voulu notre mort dès la toute première seconde.

La femme lève une main à la peau diaphanes. Ses veines bleutées transparaissaient comme les rainures d’une feuilles sous la chair. Dans la lumière du matin, j’ai fermé les yeux.

Quelqu’un tira brusquement sur nos liens tous reliés. Nous, ceux qui étaient restés attachés, tombâmes à genoux, tirés vers le bord.
Il y eut d’abord le lac émeraude, infiniment brillant dans la lumière matinale.
Et mes bras se refermèrent sur une racine. Elles étaient innombrables autour des îles. Sans les liens, sans les autres, j’aurais pu me hisser dessus et tenter de sauver ma peau dans ce sac de nœud liant les îles entre elles. Mais il y avait les autres. Et nous étions tous reliés par les cordes de chanvres serrés à nos poignets…