[Northrives] L'antre de la guérisseuse

Quoi de plus abruti qu'un sanctuari? Deux? Oui sans doute... Enfin un, c'était déjà bien assez bête. Ca l'avait étonné en se levant, de ne pas se faire incendier par son réveil matin... Et puis en rôdant dans ses quartiers, il ne l'avait pas trouvé, et ça l'avait encore plus surpris. Au final il l'avait retrouvé, mais dans quel état! Le teint pâle, verdâtre, les yeux en croix, la bouche ouverte sur des relents de rats crevés (ou du repas de la veille)...
Il en avait conclu la chose suivante: Stern et les orgies, ça faisait deux. Quel nul...

Une chance pour lui franchement, qu'Ez dût se rendre chez la guérisseuse officielle des sanctuaris pour pendre la crémaillère. Stern devrait attendre qu'il rentre, ce qui ne se ferait pas avant le soir, mais c'était toujours mieux que de devoir attendre la prochaine visite hebdomadaire de la guérisseuse. Y avait pas idée aussi, d'avoir un estomac en mousse! Même un enfant humain de base de cinq ans aurait pu digérer tout ça... A son humble avis, c'était les profiteroles qui avaient bloqué... Derrière le chou farci, la dinde aux marrons, un ragoût au lard et saucisses avec des pommes de terre et des oignons (spécialité irlandaise), et puis un espèce de truc sans nom originaire d'il ne savait où, avec un goût de barbe à papa mélangé à de l'angélique, le tout arrosé d'un tord-boyau à base de betterave et de pomme...
Tout ça pour dire: Ez 1, Stern 0 (et ko par la même occasion).

Heureusement qu'Eo lui avait dit qu'Alienor devait aménager dans son petit chez elle ces jours-ci... Et qu'il s'était dit qu'aller fêter ça (chez elle bien sûr) serait sûrement pas une mauvaise idée! Wergeld ramènerait de la bonne boisson, et ils allaient s'éclater comme des petits fous.
Même si là, il était peut-être un peu en avance, s'il venait pour passer la soirée ici...
Un peu beaucoup en fait.

Le prétorien haussa les épaules, supposant que personne n'en ferait une maladie. L'air de revenir d'une cueillette de champignon, il traversa le jardin, détaillant la maison avec intérêt. C'était qu'il avait du goût en architecture Eonwë! A défaut d'en avoir niveau vestimentaire... Enfin personne n'était parfait.
Quel dindon cet elfe...
Malgré ça il l'aimait beaucoup! C'était une des rares personnes à laquelle il pensait pouvoir envisager d'attribuer le titre d'ami... Dans quelques centaines d'années. Disons que, plus tard, quand il serait parti d'ici, qu'il ne s'appellerait plus Ez et qu'il ne serait plus prétorien... Et qu'il repenserait à ce monde... Il penserait peut-être à lui en ce terme là.

Arrivée à la porte, il toqua un coup, et... Et se prit un royal et gigantisme vent. Mal apprise va... Ou alors elle était pas là? Ou elle dormait encore? Non quand même pas, à cette heure-ci les braves gens étaient debout... Preuve que lui n'était pas un brave gens d'ailleurs, vu que quand Stern-le-réveil-matin était surchargé de travail, et n'avait pas le temps de venir le réveiller, il dormait jusqu'à huit heures du soir.
Bref forever, et n'obtenant pas de réponse, le prétorien appuya sur la poignée de la porte, ravi de la trouver ouverte. Elle était sortie sans fermer? Et ben... Ces campagnards vraiment... C'était pas un hameau de trois personnes ici. Eonwë servait vraiment à rien. Il lui filait une baraque sans même lui expliquer les principes de base.
Quel gland...
Ceci sans rapport avec cela...

" AAAaaaaa..... héé?"

Lui qui avait compté turlupiner comme un boeuf, venait de se faire interrompre par plus fort que lui (d'où le "héé?" de surprise).

Un cri, de douleur qui plus est...
........
C'était largement suffisant pour lui faire abandonner ses idées et manies loufoques, et le faire basculer sur en mode "action/réaction", soit son mode le plus développé, vu que c'était celui qu'il avait le plus utilisé du temps où... Enfin par le passé quoi. Sans chercher à repérer les pièces, repérant la géographie des lieux, l'emplacement des meubles, sans réellement y prêter attention, il fila comme une flèche vers la source du cri...
Là, "action/réaction" se changeant en mode "primitif".
Ses yeux clairs aux pupilles fendus tracèrent de la main blessée aux lèvres tâchées de sang de l'inconnu...
La main sur la nuque? Zappée. L'expression du visage de l'inconnu? Poubelle aussi.
Une femme blessée, et ce cri, et... Comme Elise...

Ignorant le décor de la cuisine qui à ses yeux prenait des ombres de ruines, il traça directement vers les deux autres, sans réfléchir. Sa main droite attrapa l'inconnu et ses instincts de buveur de sang sociopathe et psychotique, et sans façon, il le tira en arrière, le séparant d'Aliénor.
Pas de pensée, pas de mot.
Les doigts de sa main gauche se replièrent sur la main de la guérisseuse, la serrant presque à l'en écraser... Jusqu'à ce que quelques volts lui traverse le cerveau, brouille les souvenirs, laissant un goût amer à la cuisine et... Appréciant moyennement, Ez pencha la tête sur le côté, le regard hésitant un instant, pour parvenir enfin à se fixer sur Aliénor. Ca l'ennuyait ça, parce que cette douleur permanente, même si lui en avait l'habitude, elle, elle devait tout le temps le sentir...

Il ouvrit la bouche, aucun mot n'en sortit. Il sourit alors, reprit son souffle.
Un, deux...

" ... Trois. Bien dormi? "

Ben vu l'heure, elle était pas déplacée sa question, si? Et puis là fallait qu'il change de sujet, parce que dans son dos, il y avait une odeur de poussière, de cendre et de sang, qu'il connaissait très bien... Que trop même, surtout ces temps-ci.

De loin... enfin, depuis ma position pas si lointaine que ça, je vis un truc surmonté de rouge entrer à l'adresse qu'Eönwë m'avait indiqué. La raison de ma présence ici ? Ce cher K'an m'a gentiment invité à venir aider une de ses amies à s'intégrer, s'installer, à passer un bon moment. Et, parce qu'il m'avait rafistolé assez souvent pour que tous mes doigts ne soient pas suffisant pour les dénombrés, j'avais accepté. Exigent d'un employé en mission qu'il fasse une course pour moi, histoire que je ne me pointe pas chez une inconnue les mains vides. J'avais donc une bouteille d'un alcool puissant, sournois et plein de goût pour agrémenter une soirée entre inconnus.

Quoique ce truc rouge je le connais. J'entends un cri, du bruit... Zut.
Les gens ne savent pas se tenir tranquilles ? Ou c'est moi qui est sur le front une pancarte indiquant "foutez le bordel tant que je suis là". Je n'étais déjà pas très enchanté de devoir quitter ma caverne -mon bureau- et mes activités -rapports du service comptable à vérifier... que de chiffres excitants- mais si en plus la personne que je dois aider se fait agresser quand j'arrive.
Je relativise. Ez, car je crois bien qu'il s'agissait de lui -aussi grand, aussi rouge- ne pouvait pas l'avoir fait hurler rien qu'à entrer quand même ? Un léger doute subsiste mais glissant la bouteille sous mon bras j'emboite le pas au prétorien pour arriver dans le salon et le voir dans une version qui ne me dit rien qui vaille. Un gars plus loin a eu le temps de valser avant que j'arrive et... Il y a cette fille mal en point dans les bras du chef des sanctuaris. Il n'était pas comme d'habitude, il avait l'air de ce prétorien qu'on aimerait tous avoir, alerte, méfiant, en chasse... Même si en ce moment, la chasse n'était pas judicieuse et qu'il serait fichu de terrifier la jeune femme à son réveil.

Je laisse la bouteille tomber dans un fauteuil avant de laisser ma paume percuter l'arrière du crâne de notre officier. Plus par prudence que par utilité. Ma main claque à en faire trembler les murs -s'il se paye une commotion ça lui fera les pieds. Je ne sais rien de son passé si ce n'est qu'il pouvait passer du Ez que tout le monde connait pour son efficacité toute relative, à un Ez qui n'avait plus rien à voir avec celui qui pionçait en réunion et qui n'hésitait pas à charrier tout ce qui ressemble à une figure importante.

-Ez, reviens !

*Bah non, je n'avais rien de mieux à dire si ce n'est lui conseiller de retrouver la terre ferme et d'abandonner sa position lunaire tant qu'on serait en territoire ennemi...*

De ma position je ne voyais que le sang sur la tête de l'autre homme dans la pièce, pas celui dans la main de la jeune femme que le prétorien retenait. En fait... Je me sentais limite perdu et un peu contrarié, on est pas censé fêter un emménagement ? Manquerait plus que je sois forcé d'appeler Eönwë pour lui dire que ça protégée était dans les vapes et qu'on avait besoin d'un guérisseur...

Toujours très inquiet par l'état d'Aliénor, je n'entendis pas que quelqu'un était entré et avant que je ne puisse essayer de faire rester avec moi la guérisseuse en lui parlant, une main puissante m'attrapa par le col avant de m'envoyer glisser sur le sol en arrière. Surpris je fis quelques mètres en arrière avant qu'une sourde colère me prit, mais qui était ce gars pour oser faire ça ? Mais en lisant l'inquiétude dans le regard de cet inconnu, je devinais aisément que les traces de sang sur mes lèvres avaient du porter à confusion.

Maudissait ce geste stupide que j'avais fais il y a peu, je m'essuyais d'un revers de main la bouche. J'espérais que ce nouvel invité saurait faire quelque chose pour Aliénor, mais au vu de son état béat et de sa question pour le moins stupide je devinais qu'il ne serait d'aucune aide. Je m'apprêtais à lui parler pour une explication quand une seconde personne m'interrompit, mais c'est pas vrai il s'était tous donné le mot ou quoi ?

Voila qu'après notre bonhomme rouge, une autre personne venait de faire son entrée. Mais surprit je le vis taper familièrement la tête de l'autre homme. Tiens lui je l'aimais bien finalement, même si je ne le connaissais pas vraiment. Décidant qu'il était temps de m'imposer je me relevais sur mes jambes avant de m'adresser au dernier qui venait de faire son entrée.

-"Aliénor s'est coupé avec une tasse et n'arrive pas à gérer son pouvoir, alors si vous êtes capable de faire quelque chose pour elle, faites le."

Puis jetant un furtif coup d'œil en direction de l'homme en rouge.

-"Un truc plus utile que sa question à lui."

Ça n'allait plus du tout, je perdais ma politesse je croyais que la panique me gagnait petit à petit. Le pouvoir d'Aliénor ne pouvait pas être mortel n'est ce pas ? Non sinon elle ne serait pas là depuis, mais bon sang il fallait faire quelque chose. Sur le coup j'avais bien une solution mais je pense que ça aurait été très mal vu par les deux compères et puis je me répugnais à le faire. Vous saviez qu'une morsure de vampire faisait limite anesthésiant pour que sa victime se débatte moins ? Oui, non de toutes façons c'était une très mauvaise idée et je ne voulais pas le faire, surtout pas à Aliénor.

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaïeuuuuh!!! Tête de nase, face d'anchois, crétin débile pauv'e type...

"... Ah Wergeld!"

Il aurait probablement signalé la présence d'une licorne-éléphant rose et verte avec la même surprise dans la voix et le regard. Revenant sur terre (quelle idée aussi elle avait eut de crier celle-là?), Ez servit un sourire au maître de Kouen, sourire innocent au possible signifiant: c'est pas moi j'ai rien fait, c'est l'autre qui a commencé, tu me connais c'est pas mon genre!
Parce qu'en plus c'était vrai: foutre le merdier partout c'était pas son genre. C'était quand même aux sanctuaris après, que ça faisait du boulot en plus, donc à lui, puisqu'il se trouvait à leur tête. Le hasard faisait vraiment mal les choses...

Quand Aliénor se dégagea, le prétorien baissa les yeux sur sa main à lui, grimaça un peu de dégoût et... Et d'un tas de choses inexplicables. Pour peu elle allait lui coller du sang sur ses fringues. Non pas que ça le dérangeait, mais... Si en fait ça le dérangeait. Ca partait assez mal le sang sur une chemise blanche, et comme il était adepte de ces dernières...
Attrapant un torchon qui passait par là (ils sont dans une cuisine quand même), il s'essuya les mains histoire de pas mettre de l'hémoglobine de partout, puis balança le tissu sur le comptoir qui séparait la cuisine du salon.
Un truc plus utile que sa question à lui? Lui c'est moi?
Non mais il avait un souci lui? Il voulait peut-être qu'on lui face une révision de dernière minute de son horloge interne?

" Sucer le venin d'une tasse-garou c'est grave utile aussi tiens. "

C'était dit... Avec une pointe de désolation, navré et attendri... Genre...
Mon pauvre petit, t'es niais mais on t'aime quand même!

Eyh c'était lui qui avait commencé hein. Et puis en même temps il aurait pu dire quoi d'autre? Ah tiens tu saignes, t'aurais pas mal par hasard? C'était une évidence ça, il avait pas besoin qu'elle le lui précise. Quitte à poser une question, encore mieux que ce soit pour apprendre quelque chose.

" Je savais pas que t'étais cass... Ah mais!"

Bras croisé, il pointa un doigt vers l'inconnu assoiffé de sang et langue de vipère, de la même façon qu'il aurait pointé un pot de fleurs ou n'importe quel objet de ce style.

" C'est l'vampire du vieux Eo ça non?"

Apparemment la chose nécessitait réflexion, vu qu'il hocha la tête pour se répondre à lui-même, se passa une main dans les cheveux l'air très inspiré. Cet elfe il devait avoir un dérèglement hormonale sévère, parce qu'il faisait vraiment n'importe quoi.

J'accueillis l'excuse de notre agresseur potentiel avec un haussement d'épaule significatif. S'il était coupable de quoique ce soit, c'était le boulot d'Ez de lui passer les menottes pas le miens. S'il avait eut 6 cornes, une queue et un esprit de compétition assez développé pour tenter de nous bouffer sans y perdre les fameuses cornes et son amour propre, là, ç'aurait été de mon ressort.
Et l'autre qui me regarde comme si j'étais descendu de la cheminée... Si on se pose la question, la réponse est "oui, dans l'Entre-Monde on aime mettre aux plus hauts postes les types les plus atteints". D'une certaine façon, on pouvait au moins bosser tous ensemble dans ces conditions. Même Eo, je suis sûr qu'il cache bien son jeu !
Je m'écartais, réveiller Ez si on veut, je n'étais pas assez bête pour risquer un pétage de durite, il ne devait pas être chef des sanctuaris parce qu'il est le seul à se payer un brushing rouge quand même.

-bah oui "Wergeld" tu t'attendais à un licorne-éléphant rose et verte ?

Question purement rhétorique à destination de ce prétorien à peu à l'ouest, comme on l'aime quoi. J'inclinais la tête envers "Aliénor" si elle était bien l'occupante des lieux et me détournait pour quitter la cuisine et aller récupérer dans un fauteuil la bouteille que j'avais choppé.

Et donc... On appelle pas ce cher K'an. Tant pis pour lui, je suis sûr qu'il aurait été ravi de se faire inviter lui aussi. Pas que la "façon Aliénor" me terrorise... Et puis, attaque de tasse-garou ou non, si on ne pouvait pas appeler Eönwë pour qu'il s'occupe de la jeune femme, j'avais dans l'idée qu'un verre de cet alcool qui coûtait peut-être aussi cher que cet baraque l'a requinquerait.
Dans la cuisine, j'ouvris trois placards avant de trouver un verre convenable, je le remplissais d'un fond odorant d'alcool après avoir fait sauter le bouchon de la bouteille comme s'il suffisait de tirer dessus -techniquement c'est le cas même si j'ai jamais eu besoin d'user d'un tire-bouchon- l'instant d'après je me penchais vers la guérisseuse pour lui donner le verre.

-Bois, ça te remettra d'aplomb.

Et, avisant la bouteille qui me restait dans les mains, je la fourrais d'autorité dans celle du prétorien. Il s'y connait mieux que moi.
Récapitulatif : Elzian, le vampire du vieux Eo -c'était noté. À la réaction de Ez il était redescendu sur terre et pour pendre la crémaillère c'était son meilleur état d'esprit. Quand à la jeune femme c'était Aliénor, l'invitation la mentionnait et précisait "dis lui bonjour avant de t'enfoncer dans son canapé". J'avais zappé ce passage, mon derrière étant déjà installé sur le canapé.

-Eönwë m'a invité pour fêter l'installation, si j'avais su qu'Ez serait de la partie j'aurais ramené plusieurs bouteilles.

Il me fallut pas mal de sang froid pour éviter à mon tour de prendre par le col ce dénommé Ez pour le projeter en arrière. Il ne voyait donc pas qu'il faisait empirer les choses en serrant trop fort la main de Aliénor ? Je me demande si je n'aurais pas fait ce geste irréfléchie d'ailleurs si l'appelle de mon nom par Aliénor ne m'avait sortis de ces pensées.

Bizarrement j'étais heureux que ce soit moi qu'elle ait pensé à appeler et non quelqu'un d'autre, mais d'un autre côté j'étais toujours aussi inquiet pour elle. C'était assez impressionnant de la voir perdre le contrôle de son pouvoir, mais heureusement j'avais l'impression qu'elle se reprenait peu à peu.

Rectification elle s'était complètement remise comme pouvait l'attester le ton de colère qu'on décelait dans sa phrase parsemée de quelques injures et je ne pu m'empêcher d'afficher un sourire amusé et rassuré. Apparemment son donc était gênant et pouvait lui attirer des malaises, mais n'avait pas l'air mortel pour autant.

Puis à la demande de Aliénor je me dirigeais rapidement vers elle pour l'aider à se relever, avant de la soutenir en maintenant fermement mais en même temps doucement son bras.

-"Oui ne t'inquiète pas, je viens t'aider, ça va mieux ? Tu m'as fais une de ces peurs, j'espère que ça ne t'arrive pas souvent."

L'adrénaline était retombée, heureusement cette mésaventure venait de passer. Maintenant il manquait plus qu'à savoir ce que venait faire ici ces deux personnes, ha oui c'est vrai pour fêter l'emménagement de Aliénor. Mais à vrai dire je n'appréciais que moyennement ce Ez, un prétorien comme me l'avait dit Aliénor. J'avais peut être été désagréable sous le coup de la panique envers lui, mais je n'avais pas besoin des commentaires d'un gringalet qui avait plus l'air doué pour taper que réfléchir.

Malgré tout je ne dis mot, je n'étais pas assez bête pour envenimer les choses. Puis je devais avouer que le faite de baiser la main de Aliénor à ce moment là n'était pas franchement une bonne idée. Le but n'était pas de sucer le venin de la tasse garou comme il l'avait dit, mais à vrai dire je ne savais pas moi même pourquoi j'avais fais ce geste. Peut être comme cette histoire de bisous magique pour rassurer une personne, mais dans mon cas c'était plutôt le contraire en tant que vampire.

Pour le moment ce qui me gênait le plus était de me retrouver face à ces deux inconnus et je n'étais pas vraiment à l'aise. Le second avait l'air plutôt sympathique mais question façons de vivre pour le prétorien on pouvait repasser, surtout vu comme il me pointait du doigt sans aucune gêne. Je n'étais pas un phénomène de foire, il cherchait vraiment à se moquer de moi c'est pas vrai.

-"En effet c'est moi le vampire ... je vois que la nouvelle circule vite. Vous êtes le prétorien Ez je suppose au vu de votre nom."

le seul faite de voir ce prétorien me rappelait de nouveau pourquoi je n'appréciais pas en général m'ouvrir aux autres, il n'y avait qu'à voir sa réaction juste au mot vampire. Mais j'étais chez Aliénor et je n'allais pas m'énerver pour si peu, je saurais me tenir, surtout si c'était un de ses amis. Quand à la dernière personne je fus surpris juste en entendant son nom, Wergeld ? Le maitre du miroir ? Décidément les connaissances de Aliénor m'impressionnait toujours autant.

Comment qu'il était trop fort Wergeld! Comment il avait fait pour savoir qu'il pensait justement à une licorne-éléphant rose et verte? Vraiment ahurissant... C'était qu'il était balèze quand il voulait! Ou alors ils étaient sur la même longueur d'ondes?
Ca, ce serait carrément flippant.
Ou alors il commençait à bien le connaitre ce qui, en soit n'était pas une grande surprise, et restait la meilleure hypothèse.

Sans prêter grande attention à qui que ce soit, le prétorien s'assit sur le rebord du bar, avant d'hériter de la bouteille... Il avait vraiment du répondant Wergeld! Ou alors il savait le neutraliser... Même si, vu qu'il n'avait pas su que lui aussi viendrait, il avait pas du prendre du jus de chaussette capable de réveiller un mort, et surtout de faire réagir son palais insensible de prétorien extrémiste (ou pas). Il faisait vraiment les choses à moitié Eö... Il aurait pu tenir Wergeld au courant, ils allaient faire quoi là, avec une seule bouteille? A partager en quatre, c'était vraiment insuffisant. Il était inconscient l'elfe! Il comptait à tout prix déclencher une troisième guerre mondiale? (parce que oui, Ez aurait été capable de tuer pour une bouteille).
Ou alors le guérisseur comptait leur faire livrer deux trois caisses d'alcool...

" On est mal barré avec une seule bouteille."

Il en observa un instant le goulot, se demandant si c'était un mal s'il y buvait directement, sans prendre de verre. Les microbes restaient en famille non? D'accord ils n'avaient aucun lien de parenté, mais... Et alors? Il avait rien de contagieux à priori...
Sauf qu'il allait encore s'en prendre une s'il faisait ça... Quoique non, Wergeld s'était enfoncé le derrière dans un fauteuil, et il en bougerait certainement pas. En tout cas pas pour coller une baffe à un prétorien mal léché (pas léché du tout d'ailleurs).
Attrapant le verre abandonné par la jeune femme, Ez se chargea de le remplir à nouveau et de le reposer sur le bar, sans y toucher d'avantage... Au cas où quelqu'un serait contre les bisous indirectes par voie goulot. Lui il s'en fichait, il le faisait tout le temps (c'était plus rapide que de trouver un verre). Donc il ne se fit pas prier pour boire une rasade directement à la bouteille, pas surpris de ne trouver aucun goût à son contenu.
Au vu de votre nom... Y a pas qu'un âne qui s'appelle Martin.

Mais bon, comme le vampire avait vu juste, Ez lui servit un vague sourire faisant office d'affirmation... Ou l'équivalent de ce qui pouvait être communément appelé un vent. Ben oui, un sourire ça n'avait pas forcément beaucoup de sens...
Le grappin sur Eö?!
Zen, ça voulait sûrement pas dire la même chose que chez lui... Quoiqu'il pensait que c'était une expression reconnue universellement, mais apparemment non. Enfin il espérait... Ou alors (encore ou alors) c'était ce qu'elle voulait dire... Il perdait pas son temps l'elfe franchement. Quel pervers...

" Comment on soigne une indigestion?"

Ce que venait faire là la question? Rien, c'était juste qu'il était venu entre autre pour ça... Seulement tournant la tête du côté de la guérisseuse, il percuta qu'elle était plus là, et rembobinant sa mémoire à tiroirs, il tomba sur le ton mordant de sa remarque.
Ne dis plus jamais que tu n'as mal nul part!
Oops... Elle aurait pu éviter de sortir ça devant témoins, ça l'aurait arrangé. Et puis c'était vrai, il avait pas vraiment mal lui. A force de faire face à la douleur, on développait une seuil de résistance plus élevé. C'était comme les esquimaux: à vivre tout le temps au Groenland, ils s'y promenaient en t-shirt. Bref, sur le coup il trouva un intérêt tout particulier à ses ongles coupés ras, jouant très bien celui qui n'avait rien entendu (il avait pas besoin de faire beaucoup d'efforts).

" Tu devrais l'accompagner dracula, sait-on jamais..."

Comment passer du coq à l'âne, en une leçon... Quant à dracula, ça c'était parce qu'il n'avait pas retenu son prénom (il s'était pas présenté en même temps), et que l'appeler "le vampire", c'aurait fait raciste.