Table n°5

Un gong sonne. Il résonne encore dans la salle quand un homme se présente derrière un micro.

-Un deux, un deux...

Il tapote l'engin qui dégage dans les hauts parleurs un son mat. Souriant et jovial, le voilà qui entame son discours :

-Mesdames, mesdemoiselles, messieurs ! Bienvenus à cette première soirée du Speed Dating ! Ce soir, vous repartirez avec quelqu'un ! C'est l'occasion pour vous d'élargir vos horizons !

Il espérait des sourires, mais ne reçus que le silence de l'assemblée, impatiente, et peut-être sentait-il une légère gêne devant ses jeux de mots étranges. S'éclaircissant la gorge, il céda sa place à Temari pour l'explication des règles.
Car Temari était décidée à s'incruster partout dans l'Entre-Monde, vraiment partout...
Elle commença par regarder la foule rassemblée et encore debout devant elle. La petite dragonne était au comble de l'extase de voir tant de monde l'écouter.

-Une partie d'entre vous doit avoir un papier, ceux là, veuillez vous assoir à la table qui vous a été attribuée. Les autres, quand le gong sonnera (chaque dimanche soir) vous devrez passer à la table du numéro suivant. Si vous êtes en bout de file, reprenez au début.

L'homme vint lui parler à l'oreille. Il semblait quelques personnes n'avaient pas reçu leur petit carton. Temari bouda une seconde avant de récupérer la liste des personnes inscrites.

-Au cas où je répète cette liste :

Table n° 1 : Louvia
Table n° 2 : Xénon
Table n° 3 : Zelda
Table n° 4 : Lyn
Table n° 5 : Septembre
Table n° 6 : (si Corben et Eva reviennent)

-Pour ceux qui font la rotation, vous commencerez les 10 premières minutes avec :

Table n° 1 : Voiz
Table n° 2 : Myra
Table n° 3 : Âdièl
Table n° 4 : Ryner
Table n° 5 : Nini
Table n° 6 : (si Corben et Eva reviennent)

Temari lâchait aussitôt le micro, le temps que tout le monde s'installe, elle se précipita vers le gong et arracha la mailloche (la baguette à tampon) du malheureux commis au gong. Elle pris son élan et un écho puissant explosa dans la salle. Les dix premières minutes commençaient...

Nini, excitée comme une gamine le jour de Noël gobant son dernier chocolat du calendrier de l'avant, écoutait ce qu'un monsieur disait avant de se faire voler le micro par une pseudo-lézard. Ça y est, ça allait bientôt commencer! Les lumières tamisées et tout le tralala pour essayer de mettre les gens à l'aise tout en créant une fausse impression d'intimité n'impressionnaient pas le moins du monde l'androïde. Elle n'en avait cure. Les histoires à l'eau de rose et les feux de la passion n'était pas vraiment son soucis. Du moins pour l'instant. La pauvre petite n'avait toujours pas réussi à éveiller sa sensibilité aux grandes histoires d'amour. Et le fait qu'elle se retrouve à une soirée de speed-dating relevait plus de la coïncidence qu'autre.

N'ayant rien à faire une vingtaine de minutes auparavant, elle se promenait dans les rues de Tern, une fois de plus. A croire qu'elle passait sa vie à ça! Un jour, il faudrait peut-être qu'elle pense à se trouver une occupation, et par là j'entends une autre occupation que flâner d'une ruelle à une autre, le nez en l'air, à regarder des petits chats tout mignons passer. Je disais donc, une vingtaine de minutes plus tôt, elle était passé devant un établissement avec une affiche publicitaire collée à sa porte faisant la promotion d'un speed-dating. Ce speed-dating même qui allait commencer d'une seconde à l'autre. Et Nini, s'ennuyant presque à force de larver en z'yeutant les matous avait eu la bonne idée de s'y inscrire à la dernière minute. Quelle joie : elle qui ne connaissait vraiment pas grand monde sur l'Entre-Monde allait pouvoir rencontrer pleins de gens en une seule soirée! Voilà une occasion qu'il ne fallait pas laisser passer!

Enfin, le gong retentit et Nini se précipita vers la table qui l'attendait comme quand on part à une chasse au trésor. L'espèce de barbe-à-papa sur une tige de caramel ambulant trouva rapidement sa table : la numéro 6. Avec un grand sourire, elle s'y installa pour les 10 prochaines minutes.

-Bonjour! Je m'appelle Nini, et vous?

Spoiler:

Un androïde si bien bâti... Assit à la table d'un Speed Dating d'envergure ! Si ce n'est pas malheureux d'en arriver là pour faire des rencontres. Pour un beau garçon tout de métal vêtu je manque de tact, avec une pression dans les mains d'un quart de tonne j'imagine bien que la délicatesse n'est pas accordé à tout le monde.

Les bras croisés, je suis détendu, du regard j'invite les images de cette salle à s'imprimer sur mes rétines. Lyn, que je connais bien maintenant. Ryner, un de mes suspects. C'est vraiment étrange... Mais j'y reviendrais plus tard à cette drôle d'histoire (et à mes rimes à deux pims). Une petite demoiselle aux grands yeux s'assoit à ma table. Elle me semble pleine d'énergie et de gentillesse.
Moi aussi je souris. Des mes dents de métal et de mes yeux colorés.
La lumière tamisée me force à osciller entre iris infrarouge et vision normale, et tout ceci clignote comme un sapin de noël quand ça se passe.

-Septembre, tu bois quelque chose ?

Dix minutes peut-être mais dix minutes quand même. Je désignais un pichet d'eau et deux verres. Pour ma part, l'eau glisserait sur mes circuits et tomberait dans mes chaussettes ! Mais pour elle ? Peut-être que...

-Qu'est-ce'tu racontes Nini ?

Ouvrir la conversation, c'est jamais facile. Mais si en plus c'est en soirée, avec quelqu'un choisie au hasard dans une foule compacte...

Spoiler:

Nini fixait les yeux clignotant de son vis-à-vis. Marrant ça! Jaune, rouge, jaune, rouge, jaune, rouge, jaune.... Ahem, bref, donc Nini fixait l'inconnu de ses grands couleur fraise tagada ou gélatine à la fraise chimique, en fonction de vos préférences, le sourire aux lèvres. Malgré son allure toute de métal, sa première rencontre lui inspirait de la sympathie. Si elle l'avait croisé dans la rue, il l'aurait peut-être impressionnée : une mâchoire en alliage, ça fait tout de même un drôle même quand on est un androïde soi-même. Mais pour le coup, elle trouvait qu'il avait une bonne tête. En fait, c'était surtout ses yeux qui faisaient office de clignotant qui l'amusaient grandement et qu'elle aimait bien.

-Non merci, j'ai pris un sirop à la menthe tout à l'heure!

La petite technologie de pointe ambulante refusa poliment de boire quoique ce soit alors que Septembre lui-même n'avait pas l'air d'être tenté par une quelconque boisson. Elle réfléchit deux secondes à la question du jeune homme à moitié en métal. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien raconter... Et si elle commençait par se présenter?

-Hummm... Je suis une androïde de maison, coincée ici depuis la fermeture des miroirs alors qu'à la base je n'étais venue que pour des vacances. Je suis restée pas mal de temps à la campagne, à garder des moutons, et je suis arrivée en ville il n'y a pas très longtemps. Du coup, je ne connais pratiquement personne ici...

Son sourire chaleureux se transforma en petite moue alors qu'elle reconnaissait ne pas avoir d'ami ni qui que ce soit en ville.

-Et toi alors? Dit, tu es un cyborg? Un androïde? Quelque chose du genre?

Un grand sourire était réapparu presque instantanément sur son visage. Plus elle voyait les yeux de Septemebre passer d'une couleur à une autre, plus elle sentait une espèce d'excitation enfantine monter en elle sans vraiment savoir comment la gérer. A la manière d'une gamine de 5 ans découvrant que pour son anniversaire, elle avait THE nouveau jouet dont elle rêvait depuis plusieurs jours. Ou une gamine de 10 ans qui regarderait la parade au pays de la souris!

J'étais carrément impressionné. Elle ressemblait fichtrement bien à une humaine. Les yeux rouge de rose avaient un côté acidulé, et sur le coup, je me suis dit que ça lui allait bien.
Nini, la fille aux yeux couleurs de roudoudou.

-C'est un bon endroit pour rencontrer du monde !

En fait, il y a toujours des détails qui changent vis à vis d'un humain. Le bruit qu'un robot fait n'est jamais vraiment identique. Les odeurs ne le sont pas non plus...

-Une androïde de maison, j'en ai rarement croisé, les robots que je croise servent plus souvent à de l'information ou des missions de sécurité.

C'est un drôle de constat, mais jusque là, en dehors de Neythen et de sa subordonnée, des androïdes j'en avais vu assez peu, du moins, de vrais androïdes, avec l'allure d'un être humain et une conscience similaire.

-J'suis un androïde aussi, fis-je bien qu'elle ai pu s'en rendre compte d'elle même, j'ai été fabriqué pour... Ressembler aux humains. Mais...

Et là je lui restituais un sourire gêné, d'une car je préférais ne pas dire tout de suite que j'étais sanctuari. Qu'elle ne connaisse pas trop la ville m'arrangeait bien pour le coup, et de deux car :

-Ils ont dû manquer de budget pour me terminer.

En martelant mes tempes pour faire cesser le bug interminable de mes rétines, je me lançais dans la suite de cette conversation maladroite :

Donc, t'es en ville depuis peu. Tu as eu le temps de visiter ? Tu fais quoi dans la vie, maintenant ?

Il n'en voit pas souvent, des androïdes de maison? Ils sont rares ici? Étonnant! Ils étaient tellement commun de là d'où elle venait. Oh, bien sûr rare était ceux aussi perfectionné qu'elle ne l'était même sur son monde, ou du moins à l'époque où elle avait été crée. En douze ans, il devait certainement y avoir eu de nouvelles évolutions et des modèles encore plus perfectionnés, plus spécialisés et avec moins de défauts. Nini se demanda furtivement si elle ne passerait pas pour une pièce de musée si elle rentrait un jour chez elle, sur son monde d'origine, grâce à un miracle que plus personne n'attendait.

Nini battit deux fois des mains, produisant un petit bruit étouffé. Septembre était donc un androïde, lui aussi! C'était la première fois depuis bien longtemps qu'elle n'en avait pas rencontré et qu'elle n'avait pas parlé à quelqu'un qui lui ressemble un peu au niveau de sa composition de base! Bref, elle était contente de savoir qu'il y avait quelqu'un qui faisait parti de la même grande famille qu'elle. C'était rassurant, quelque part. Et si un jour elle doit faire appel à un service de maintenance, elle pourrait lui demander de lui en recommander un plutôt que d'aller chez le premier mécanicien venu et prendre le risque qu'il s*l*pe sa délicate mécanique. Décidément, Nini avait bien fait de participer à cette séance de speed-dating.

-J'ai visité.. un peu, je crois. Je ne fais que me promener dans les rues ces derniers temps. Il faudrait que je trouve un endroit où m'installer et un job aussi mais... Je ne sais même pas où aller ni à qui m'adresser! Tu as peut-être des recommandations à faire une androïde fraichement débarquée de ses pâturages! Et toi, tu fais quoi?

Tout sourire, tout sourire, l'androïde au féminin aurait pu être une digne représentante d'une marque de drogue rendant euphorique... D'un autre coté fallait la comprendre : elle venait de rencontrer quelqu'un de son genre avec qui elle pouvait discuter normalement et qui avait une bonne tête. Enfin, surtout des bons yeux qui continuaient de l'amuser tout en commençant à la fasciner ou peut-être bien à l'hypnotisée si tant est qu'on peu hypnotiser un robot. Vous savez, à la façon de la roulette qu'on faire tourner pour faire apparaitre une spirale sans fin.

Subitement, comme un coup de massue, je me rends compte que je l'interroge comme un suspect, ou plutôt un témoin. Car pour les témoins on prend la peine de mettre des formes aux questions, alors que les suspects...

Un jour, un homme a dit (car les humains ne sont pas aussi stupides qu'ils peuvent en avoir l'air) : posez la même question dix fois à une personne, si sa réponse ne change pas, alors vous pouvez être certain qu'elle dit la vérité.
Le doute. C'est ce qui pourri la moindre enquête, la moindre preuve oculaire. Alors que si le témoin n'émet aucun doute, malgré la pression, malgré la répétition mécanique, alors c'est exactement comme ça que tout s'est passé.
Les certitudes sont comme les idées, lorsqu'une certitude parfaite nait dans l'esprit, elle n'en sort jamais.

Et donc je raconte tout ça pour dire quoi ?
Pour m'empêcher de poser dix fois les mêmes questions à la petite androïde.
Mon esprit logique est programmé pour me faire tendre le bras, me servir un verre et l'approcher de ma bouche. Ceci n'a aucune utilité. Un humain s'en sert pour combler les blancs, s'occuper les mains, prendre le temps de réfléchir. Mais un robot ?
Si j'avale se verre d'eau, je vais noyer mes circuits.
Ou pas.
Mais je vais noyer mes godasses.
Certainement.

-Des recommandations...

Je levais les yeux au ciel en cherchant dans ma mémoire. L'essentiel.

-Le travail ne manque pas à la Tour du Savoir, va à Cerclon. Elle est immanquable. Et ne fais pas attention à l'air revêche de la bibliothécaire. En fait, elle s'inquiète beaucoup.

Je croise.

-Et pour un logement... Un androïde trouve son compte aisément à Cerclon. C'est un peu "notre" quartier. Tout est fait pour nous faciliter la vie. Prise de chargement, relais informatiques et panneaux de recherches à tous les coins de rue. Mais sinon, je te déconseille juste Magna. Les jeunes femmes comme toi ont des problèmes là bas.

Et là j'étais très sérieux. Si elle s'installe là bas elle peut être sûre qu'avec ses grands yeux roses et ses petits bras, elle se retrouvera entre deux loubards et une arme blanche...
C'est aussi parce qu'elle est petite et acidulée qu'un grand bonhomme comme moi s'inquiète pour elle sans la connaitre.
Ou une déformation professionnelle. Je ne suis pourtant pas une "nounou" hors paire...

Attendant sagement que Septembre trouve quoi lui dire en bon guide touristique d'Entre-Monde, Nini continua de le fixer de ses pupilles pas en fraises tagadas. Heureusement qu'eiles n'étaient pas dotées de rétro-éclairage, sinon cette tablée aurait fait une drôle d'impression avec ses deux occupants ayant des phares ou des petites loupiotes de couleur à la place des yeux. Lorsque son vis-à-vis se remit à parler, miss j'ai de la barbe-à-papa à la place des cheveux prit soin de bien enregistrer les informations dans un coin de ses barrettes de mémoires. Ce que c'était pratique tout de même, cette mémoire presque infaillible! On sauvegarde une ou plusieurs données dans tel ou tel fichier, d'une manière instantanée et quasiment automatique et on s'en rappelle pour toute la vie jusqu'au jour où on décide de l'effacer. Ou celui où on se fait formater. Ou celui où on se prend un parpaing dans la tête et que ça endommage les circuits... Bref, dans tous les cas, la mémoire de Nini était bien plus fiable que celle d'une humaine de 14 ans.

La Tour du Savoir, à Cerclon. Un truc qui crève les yeux et qu'on peut pas manquer sauf si on le fait exprès. Une vieille fille aigrie gardienne de bouquins. Mais qui s'inquiète quand même pour les gens qui ont pas l'air doués. Bizarre, ça lui rappelait quelque chose. Y aurait-elle déjà posé les pieds? Et la lumière fut. La révélation rayonnait à travers son visage.

-La Tour du Savoir? ......Ah! Cette espèce de bibliothèque agence d'intérim?

Puis une petite moue lui fit pincer les lèvres.

-Mais je préférerais trouver une véritable emploi, histoire d'avoir des revenus réguliers, au lieu de remplir des missions de temps à autres. Enfin, je suppose que ça peut être une solution pour le moment.

Mais ce n'était pas le plus important. L'information du jour était Creclon. La maison, enfin le quartier, des androïdes et des être au moins partiellement mécaniques. Là-bas, les infrastructures avaient été pensées pour assurer le bon vivre des créatures et créations comme elle. C'était bon à savoir et elle nota dans son agenda mental qu'elle irait y faire un tour dès le lendemain. Penchant très légèrement la tête sur son coté gauche, Nini posa une nouvelle question pas tout à fait idiote pour une personne qui avait vécu en osmose avec les animaux à laine mais pas avec le reste du monde durant 12 ans, après avoir vécu 2 ans dans une cage dorée. Autrement dit, une question pas bête pour une fille qui ne connaissait rien à la vie et n'avait strictement aucune idée du fonctionnement de la ville où elle était en train de s'installer.

-Pourquoi? Qu'est-ce qu'il se passe là-bas pour les filles comme moi?

Bon point, elle voulait un emploi stable. Les aventureuses finissent pas avoir un caractère imbuvable, celle-ci pourrait survivre à cette loi de la physique élémentaire de l'Entre-Monde : les monstres tuent.
Enfin... peut-être.

Venir de la campagne, je comprends.
N'avoir eu pour seule compagnie pendant quelques années que des moutons et une basse cour variée, je comprends aussi.
Venir en ville et ne pas savoir ce qu'est Magna...

-Vas-y, tu verras bien.

*Des trucs moches.

Ce n'est pas évident de décrire ce qui pourrait lui arriver. Et si je le fais j'ai l'impression qu'elle me sortira un "pourquoi" juste après.
Dans le doute, je me tais. Les hommes font ça bien.

Croisant les bras, un regard sur l'horloge. C'est aussi un caractère pré-programmé. Mon processeur est largement capable de se situer dans le temps sans aide...
Encore un détail qui m'éloigne des humains. Et des humaines...

-Tu n'as pas eu de problème en traversant le quartier pour venir ici ?

"Tilt !" : l'auberge est à Magna !

"Vas-y et tu verras bien", ce n'était pas une raison des plus satisfaisantes, ça. Elle n'était même pas satisfaisante du tout et laissait Nini perplexe. Imitant les expressions de visage humaine comme on lui avait si bien appris à le faire, elle fronça les sourcils. Si il y avait beaucoup de choses pourtant évidentes qui lui échappaient, elle était incontestablement une petite machine très expressive. L'androïde prit une poignée de secondes pour réfléchir à son "vas-y et tu verras bien", avant de passer à la question suivante.

Si elle avait eu des problèmes en traversant le quartier pour venir ici... Nini leva les yeux vers sa droite, en haut, signe qu'elle cherchait dans sa mémoire. Elle passa en revue les instants précédant son arrivée à l'auberge. Rien ne l'avait marqué en particulier. Il ne lui était rien arrivé de mal lorsqu'elle avait gentiment déambuler des les rues les plus fréquentées de ce coin avant de pousser la porte de cet établissement. Néanmoins, pour être sûre de ne passer à coté d'aucun indice sur les problèmes que les jeunes femmes comme elle peuvent avoir à Magna, elle fit ce passage en revue à haute voix. Qui sait, Septembre pourrait peut-être lui apporter un éclairage différent du sien.

-Hummm... non, pas de problème! Il y a eu des gens qui m'ont demandé si je voulais des barres de chocolat ou des bonbons, d'autres m'ont demandé si j'étais perdue et m'ont dit qu'ils connaissent des endroits bien pour se reposer un peu. Ils y en a même qui m'ont proposé de boire un verre avec eux et de me présenter à des amis à eux! Les gens sont plutôt gentils, ici, non?

Nini était toute sourire en racontant ses rencontres avec des "gentils" jeunes hommes "bien attentionnés" à son égards. Oui, elle n'avait pas eu de problèmes en venant à auberge. Ou plutôt, on peut dire qu'elle avait évité de justesse les problèmes sans même s'en rendre compte. A celui qui lui avait proposé des bonbons sous forme de pilules de toutes les couleurs, elle avait répondu que trop de sucre pouvait déclencher le diabète et qu'en plus, elle avait oublié sa brosse à dent à l'hôtel. Elle avait accepté d'aller dans un café avec deux "gentlemen" qui s'étaient brusquement rappelés qu'ils avaient une affaire urgente lorsque, sur le chemin, elle envoya valser une drôle de statue en forme d’alpaga en fer coulée en une seule fonte et pesant plus d'une centaine de kilos. Tout ça pour récupérer un petit chaton sauvage mal en point qu'elle tint fermement contre elle, une longue et fin aiguille apparaissant au bout de son indexe. Le tout avec son éternel sourire plein de joie de vivre et angélique. Et quand les deux gentlemen virent la scène, ils se souvinrent de leur affaire pressante et lui avaient indiqué la direction de l'auberge, un air bizarre au visage. Oui, elle n'avait pas eu de problème sur son chemin pour venir au speed-dating.

-Tu as souvent des problèmes ici, toi?