Table n° 6

Un gong sonne. Il résonne encore dans la salle quand un homme se présente derrière un micro.

-Un deux, un deux...

Il tapote l'engin qui dégage dans les hauts parleurs un son mat. Souriant et jovial, le voilà qui entame son discours :

-Mesdames, mesdemoiselles, messieurs ! Bienvenus à cette première soirée du Speed Dating ! Ce soir, vous repartirez avec quelqu'un ! C'est l'occasion pour vous d'élargir vos horizons !

Il espérait des sourires, mais ne reçus que le silence de l'assemblée, impatiente, et peut-être sentait-il une légère gêne devant ses jeux de mots étranges. S'éclaircissant la gorge, il céda sa place à Temari pour l'explication des règles.
Car Temari était décidée à s'incruster partout dans l'Entre-Monde, vraiment partout...
Elle commença par regarder la foule rassemblée et encore debout devant elle. La petite dragonne était au comble de l'extase de voir tant de monde l'écouter.

-Une partie d'entre vous doit avoir un papier, ceux là, veuillez vous assoir à la table qui vous a été attribuée. Les autres, quand le gong sonnera (chaque dimanche soir) vous devrez passer à la table du numéro suivant. Si vous êtes en bout de file, reprenez au début.

L'homme vint lui parler à l'oreille. Il semblait quelques personnes n'avaient pas reçu leur petit carton. Temari bouda une seconde avant de récupérer la liste des personnes inscrites.

-Au cas où je répète cette liste :

Table n° 1 : Louvia
Table n° 2 : Xénon
Table n° 3 : Zelda
Table n° 4 : Lyn
Table n° 5 : Septembre
Table n° 6 : (si Corben et Eva reviennent)

-Pour ceux qui font la rotation, vous commencerez les 10 premières minutes avec :

Table n° 1 : Voiz
Table n° 2 : Myra
Table n° 3 : Âdièl
Table n° 4 : Ryner
Table n° 5 : Nini
Table n° 6 : (si Corben et Eva reviennent)

Temari lâchait aussitôt le micro, le temps que tout le monde s'installe, elle se précipita vers le gong et arracha la mailloche (la baguette à tampon) du malheureux commis au gong. Elle pris son élan et un écho puissant explosa dans la salle. Les dix premières minutes commençaient...

Temari, armée de la mailloche, effectua un ample geste circulaire avec sa baguette et exécuta un coup magistral sur la dalle du gong.
Les tables en tremblèrent pendant une bonne dizaine de secondes, que l'excentrique dragonne tenta de faire passer en tapotant sur le micro et en essayant de crier dedans dans l'espoir que quelqu'un l'entende dans tout ce ramdam...
Peine perdue, il fallut attendre que l'engin musical se décide à la boucler. Évidemment, ce fut tout aussi long car notre objet pensant avait décidé de faire durer le plaisir...
Il cessa son raffut pour nous laisser entendre la pluie de jurons que s'échangèrent le maitre du jeu et le Gong :

-Poêle à frire !
-Sac à main !
-Pauvre cloche !
-Fossile !

Et cela dura...
Jusqu'à ce qu'on réussisse à faire sortir une Témari furieuse et le gong près à nous rejouer une chansonnette !

Le présentateur maladroit du début revint sur scène, l'air penaud. Il s'empara du micro et après s'être étonné qu'il fonctionne encore, s'empressa d'annoncer les nouvelles :

-Les 10 premières minutes sont terminées... Enfin, les vingt premières mêmes... Bref ! Vous êtes priés d'effectuer la première rotation. Que ceux qui ont trouvé chaussure à leur pied...

L'expression toute faite fit soupire quelques poulpes au fond de la salle.

-Se dirigent vers le restaurant ou la sortie, afin de libérer les tables, merci.

Nouvelle répartition provisoire, en cas de départ de l'un des participants, merci de prévenir sur le compte de Wergeld, afin que j'établisse le nouveau plan pour cette nouvelle semaine de Speed Dating !
Table n°1 : Louvia & Nini
Table n°2 : Xénon & Voiz
Table n°3 : Zelda & Myra
Table n°4 : Lyn & Âdièl
Table n°5 : Septembre & Ryner
Table n°6 : Corben & Eva

Merci de continuer à la suite des sujets ouverts x) Vous n'avez pas à clore votre premier rp "proprement".

Le problème avec les parties de cartes c'est qu’elles se finissent souvent très tard. Et que du coup, on se lève aussi très tard. C’est donc en sautillant sur une jambe pour terminer d'attacher mon lacet, et en arrière, que je rentrais dans la salle réservé à la petite soirée rencontre.
Je me retournais et tombai nez-à-nez avec un homme à micro qui me regardait d’un air mi- effrayé, mi-outré. Je lui fis un petit sourire gêné pour expliquer mon retard et tentai de m’expliquer.

- Oui, euh… Alors, en fait, et puis, finalement, enfin, vous voyez. Donc voilà. La chaussure tout ça, la mienne à fini par trouver son pied, ahah. Hem... ‘Scusez.

Il me tendit pour toute réponse un petit papier et me tourna le dos en ronchonnant comme quoi les gens biens n’arrivaient pas en retard, bon sang de bonsoir. Table n°6. Je traversais la salle en évitant de regarder les autres participants, qui semblaient absorbé par leur conversation, et ce fut tant mieux. Je me glissais jusqu’à ma table et m’asseyais pour attendre le ou la nouvelle venu(e). En espérant que cette personne soit aussi arrivée en retard, sinon bonjour la claque.
Lorsqu’elle arriva, je soufflais un peu. La course m’avait un peu épuisé. Je ferais passer mon teint légèrement rouge pour de la timidité ou alors qu’elle me plaisait un peu. Allez hop, soyons réactifs.

- Bonjour belle demoiselle ! Corben Krayt, pour vous servir. J’écartais les bras vers l’extérieur en baissant un peu la tête pour appuyer mes propos. Enchanté de vous renc- Hey ! T’es la fille de la bibliothèque ! Euh enfin vous. Euh, je peux utiliser le « tu » ?

Je cherchais quelque chose à demander. Après tout, je savais pas trop comment marchaient ces soirées.

- Alors euh… La bibliothèque ça te-VOUS !- plais ? Les quêtes, les aventuriers, tout ça ?


(Bon alors voilà, j’ai imaginé que t’es arrivée après moi, pour une raison X ou Y (Fumette, toilettes, partie commander au bar, ou alors toi aussi en retard, mais si tu veux me passer un savon, hésites pas à me prévenir que je réédite )

Carine était impatient. Il sentait tant d'odeurs dans la salle de l'auberge qu'il était tout excité. Des loups et des biches, des androïdes et des dieux. Un mélange si puissant qu'il tournait en rond dans mon esprit, me suppliant d'aller et venir pour lui permettre de capter quelques fumets nouveaux.

*ça suffit le cabot, coucher ! Retourne dans ta niche, c'est ma soirée !*

Vivre avec loup, ne permet pas de faire beaucoup de rencontres. Voire pas du tout. La bibliothèque me rappelant plutôt un bureau de suivis de cas sociaux graves, je me contentais d'y travailler.

Carine dressa ses oreilles spirituelles. Une nouvelle odeur pénétra l'atmosphère feutrée, quelqu'un de connu qui se dirigea droit vers notre table. Jusque là, j'avais attendue. Patiente, sûrement parce que j'avais passé les vingt premières minutes à répondre au téléphone. L'aubergiste fut quitte pour me céder l'appareil et même m'apporter de quoi écrire...

*oui oui j'y vais... Tu te calmes !*

Grognement en fond de pensée.
J'oubliais parfois à qui je parlais.

*Tu peux grogner, ça ne changera rien. Boucle-la. Je n'arrive pas à me concentrer sur mes pas...*

J'ai rejoins ma table quand débarquait le nouveau venu.

*...*

Sans voix, j'ai regardé le phénomène s'installer sous le rire lupin d'un Carine fou d'hilarité.

-Eva. Tu, ça me va. Je...

Combien j'avais de chance de tomber sur une tête connue, qui plus est, l'un des fou furieux de la bibliothèque.

Détends-toi, Eva ! Ils ne sont pas si dangereux...
Hésitante, je tâchais de sourire.

-Je peux vous appeler Corben ?

Merveilleux, le tutoiement l’arrange. Rien de très folichon à passer une micro soirée à bavarder avec une dame en faisant gaffe à respecter l’étiquette. Par contre, elle est pas bavarde. Pas grave, j’vais pas l’obliger non plus…

-Boh, oublies donc les formalités. Le « tu » m’ira bien aussi. Corben, Corb’, Zedd, le violet, Guignol. Choisis le nom que tu veux. Ou inventes-en un. Évite quand même le dernier si possible. Pas mon plus flatteur.

J’attrapais le pichet d’eau et versai un verra à chacun de nous. Si elle avait soif, elle pourra toujours boire. Et puis comme ça, ça fait attentionné et moi j’peux me rafraichir. Je buvais rapidement et m’humectais les lèvres, tout en croisant les mains devant moi, les laissant reposer sur la table.

- Eva donc. Ça m’évitera de te devoir t’appeler « mademoiselle la bibliothécaire qui se change en loup » la prochaine fois qu’on se croisera. Je souriais, mais pris un air désolé et levais les mains devant moi. Enfin, je vais pas te harceler avec ton boulot ce soir, on est sensé passer une bonne soirée.

Je retirais mon chapeau que je déposais sous ma chaise, et passais une main gantée rapidement dans mes cheveux pour les réarranger. Je reposais les mains sur les coudes et souriais à ma camarade.

- Alors Éva, parle-moi donc un peu de toi. Je suis curieux de savoir comment une femme qui se transforme finit par être responsable d’un régiment de livres et de paperasses.

-Je croyais qu'on ne devait pas parler travail ?

Bibliothèque, transformation. Pour moi c'est du pareil au même.
Les bras croisés devant moi, je m'accoudais à la table et froissais la nappe.
Un loup bougon venait d'aller s'allonger au fond de ma tête, en soupirant longuement pour me signifier son ennui interminable...

-Avant de postuler pour la bibliothèque, j'aimais les livres. Je m'imaginais arpenter les rayonnages et avoir du temps pour en lire quelqu'uns entre deux prêts ou échanges. Seulement, on a oublié de me préciser, au moment de l'entretien, que je serais en charge de la remise des quêtes et du "panneau d'affichage".

Le. Le Panneau d'affichage. Immense, constamment envahit par une foule dense d'aventuriers plus ou moins polis selon la période de l'année et la taille de la boite crânienne : Plus elle est grosse, moins elle est remplie. Je l'affirme.
Ce panneau de malheur a transformé mon rêve en lourde tâche quotidienne.

-Parfois, le plus difficile c'est de se retenir de mettre tout le monde dehors... Surtout qu'il y a des périodes. Des fois personne, une vraie synécure. Mais après, ils affluent. Tous en même temps. Ils se bousculent pour une prime, une quête, la priorité...

Un léger sourire de plus.

-C'est là que le loup devient intéressant. Ces chasseurs de monstres n'ont pas peur des armes ou d'une petite blonde qui râle à la bibliothèque. En revanche, un loup fou dangereux, ça les... Raisonne. Ils retrouvent leurs facultés mentales, se rangent en file indienne devant mon comptoire et il ne reste qu'à leur faire écrire leur nom.

Couinement outré. Carine bouda un peu plus d'être mis au rang de menace occasionnelle.

-Mais ils ont pris le pli... Petit à petit. On me respecte car je donne du travail et que je suis toujours réglo. Je paye sans délais, je ne juge pas qui va et qui part...
Rougissant subitement, je m'enfonçais dans ma chaise.

-Et j'avais dis que je ne parlerais pas de boulot... Désolée, fis-je en terminant de sourire.

Wouaw. En fait elle en a des trucs à dire. Je l'écoutais parler un sourire aux lèvres. C'est vrai que se faire harceler par une bande de gros bras toute la journée ne doit pas forcément être une partie de plaisir. Mais bon, elle n'est pas non plus l'archétype de la jeune fille frêle et sans défense.

- C'est vrai que les gens aiment bien hurler sur ceux qui leur semblent moins fort qu'eux... Je crois que je pourrais te citer pas mal de noms à éviter a Magna...

Enfin je pense pas qu'une fille comme elle finisse à Magna. Bon ok j'ai un peu quand même le préjugé de la jeune fille fragile, mais même avec son alter-égo canin, c'est pas vraiment un lieu de villégiature propre à la lecture...

Elle se recule un peu pour s'excuser en rougissant. Mes pensées s'envolèrent et je m'imaginais tout un scénario.

*Je me levais doucement et lui pris la main, en m'agenouillant à ses côtés. Je plongeais mon regard d'améthyste dans le sien et prononçais d'une voix douce "Une femme telle que vous n'a pas à s'excuser. Ce sont les goujats que vous croisez tous les jours qui ne réalisent pas la chance qu'ils ont.". J'embrassais sa main et l'invitais à me rejoindre aux cotés de l'orchestre qui venait d'apparaitre pour ...*

Je battais des paupières en me raclant la gorge pour reprendre le fil de mes pensées. J'avais un peu trop d'imagination, moi... Je fis de mon mieux pour ne pas paraitre trop perdu et repris un verre d'eau.

- Non, non, ne t’excuse pas. Ça a l'air de te tenir à cœur quand même, malgré les petits désagréments. J’ai eu un métier aussi pendant un temps. Cannonier sur le Fenrir, tu sais l’immense bateau. Enfin, celui qui a été racheté, et que du coup, dont l’équipage s’est retrouvé à la porte.

Je secouais légèrement la tête en levant les yeux au ciel. Quelques jours de situation stable et la société me renvoyait dans les bars. Si ce n’était pas un signe, ça…

- C’était assez drôle comme expérience. Enfin elle a duré 2 jours… Mais le cuistot faisait du ragout comme personne ! Le médecin faisait plus croque-mort que sauveur, mais il avait du talent… Je me demande ce qu’ils sont devenus.

Les yeux dans le vague, je me remémorais quelques souvenirs. Mes lèvres se soulevèrent en un petit sourire. Puis je clignais des yeux et relevais la tête pour revenir à Eva. Je souriais un peu géné, en me grattant l’arrière du crâne.

- Ah désolé, je t’ai laissé tomber pour quelques souvenirs. Pas très sympa de ma part. Alors heu… Tu as des passions dans la vie ? Une activité, un sport ?

-Les souvenirs aussi me vont.

Canonnier. Je lis sur ce mot un "canon". J'ai comme l'impression que l'individu avait quelques affinités avec la poudre. Venant de Varvandel, je ne sais vraiment pas ce qu'est un canonnier. J'ai déjà vu des canons, dans les livres surtout. Les mots qui les entouraient étaient toujours : feu, briser, explosion, bruit.
Surtout le bruit.

-Je passe mon temps à travailler et à m'occuper d'un...

Un ami ? Carine n'en était pas un. Nous cohabitions ensemble par la force des choses. Je dirais même, par la force divine. Dans certains mondes la volonté de Dieu est un bienfait, ici, la volonté de Lu'faol a quelques ratés. Parfois, j'aurais préféré le paradis à Carine.
Surtout, le paradis.

-Un membre de ma famille un peu malade. Alors, je n'ai pas beaucoup de temps pour... Et je viens d'expliquer en deux mots pourquoi je suis venue à cet évènement. Et toi, Corben, pourquoi es-tu là ce soir ?

Carine commença à tourner en rond. Il n'aimait pas vraiment que j'aille faire des rencontres, surtout lorsqu'il s'agissait d'hommes (hélas pour lui, je m'évertuais à lui rappeler que je n'étais pas sa femelle). Et se faire traiter de "malade"... C'était le "pompom"...

Pas le temps pour...? Pour quoi ? Pour sortir rencontrer des gens ? Pour prendre le temps d’en perdre ? Vachon ! Je sais pas ce qu’a ce fameux membre de la famille mais ça a pas l’air d’une simple toux…

- Ravi que tu aies pu trouver un peu de temps ce soir, alors. Dis-je en souriant.

Pourquoi étais-je venu… C’est vrai que je me suis demandé pourquoi j’avais écrit mon nom sur ce bulletin d’inscription. Après tout, d’habitude quand je suis derrière une table, c’est pour plumer un pauvre hère. Pas vraiment le thème de ce soir.

- A vrai dire, je ne suis pas trop sûr. Rencontrer des gens surement. Enfin des gens qui ne veulent pas me balancer dehors avant la fin de la « partie »… Euh, enfin non, j’voulais pas insinuer que… J’voulais dire par là, heu… Enfin la plupart des gens pensent que ces soirées sont un peu un jeu de séduction, donc, tu vois je… Ahem… Je m’enfonce, là, non ?

Je me pinçais le nez entre le pouce et l’index, à hauteur des yeux. Mode « pieds dans le plat », saupoudrée d’une magnifique subtilité. Bon sang, j’ai jamais su parler sans calculer les interprétions ou incidences que ça pouvait avoir. Y’a surement un titre bidon que je pourrais acheter pour pallier à ça. En attendant, trouve quelque chose à dire d’intelligent, je sais pas, improvise, mon vieux Corben !

- …

INTELLIGENT ON A DIT !

Spoiler:

-Un joueur invétéré.

Légèrement plus détendue maintenant que la conversation ne tournait plus autour de la bibliothèque ou de Carine, j'allais boire un peu d'eau et sourire plus franchement.
Il faut avouer que je suis venue ici pour oublier mon quotidien, pas pour l'étaler toutes les minutes. Mais bien sûr, un coup d'oeil dans la salle, et je remarquais que la plupart des invités étaient de ceux qui étaient déjà passés au moins une fois par chez moi. Je n'y couperai pas, à chaque fois.

-Tu aimes jouer ou tu aimes gagner ? Tu es du genre doué ou malin ?

Si nous devions faire connaissance, autant foncer, les minutes se succédaient et je ne savais pas grand chose encore de cet ancien canonnier.
Je crains que Carine n'influence encore mon comportement. Il me presse, il ne supporte pas qu'on tourne autour du pot.

-Poker ?

Les joueurs aiment souvent le poker. Je préfère le belote, même si j'y suis particulièrement peu douée.