Le village aux lions [RP Clos]

Quand Ayame me vis reprendre un peu du poil de la bête en m'apaisant et faisant disparaitre la mine endormie que j'arborais depuis une heure, il se déplaça et alla me chercher de quoi m'habiller et me laver. Je ne le laisserai pas s'occuper de moi comme un malade, si encore il avait été une jolie fille j'aurai rien dit, mais là... Il avait trop de muscles pour moi, j'allais me lever seul et je me laverai et me débrouillerai sans lui. Ce que je tentais de faire... Me lever d'abord pour finir par tituber et par me rattraper à lui. Il rit ouvertement et m'aida à m'assoir sur le lit.

Le laisser passer l'éponge sur mon dos brûlant, la peau collante, c'était comme laissé un frère partager un bain relaxant. Je m'en fichais en fait du qu'en dira-t-on, il n'y avait que moi et l'archer, ou plutôt que moi et mon plus fidèle compagnon. Son premier voyage et il n'avait pas broncher une seule fois, assumant chaque pas avancé en ma compagnie, il souriait encore alors que je me doutais qu'il était furieux. Tellement en colère que son sourire semblait figé comme dans du granit. Il se forçait pour ne pas me bousculer alors que je sortais de...

-J'ai dormi combien de temps ?

-Trois jours. Et j'appelle pas ça dormir. Tu murmurais des trucs hallucinant, cauchemars et phrases sans queue ni tête.

Je serrai les dents, il en savait plus que quiconque sur ma vie, lui à qui j'avais fais le choix de ne jamais rien dissimuler pour qu'il sache toujours comment réagir en ma présence. C'était ma façon de le remercier d'avoir accepté si simplement le rôle le plus dur et le plus dangereux qui soit à K'ouen, être mon gardien. Mieux que les autres il comprenait que chaque mot avait une signification, et puisque je n'avais pas de bons souvenirs de mon enfance et de bien des forces qui m'ont fait grandir il se doutait que le sommeil fut aussi dur que le combat d'il y a trois jours.
Je pensais qu'il ne relèverait pas, il s'éloigna en jettant l'éponge dans la bassine, les lèvres toujours serrées dans une étrange imitation de la concentration. Il me déposa sur le bord du lit un pantalon de lin blanc et s'éloigna près de la fenêtre.

-Tu viens d'améliorer ta réputation.

-hum ?

J'enfilais le pantalon et me permis de vider le verre d'eau qui restait encore sur la table de chevet. J'étais déshydraté et surtout j'avais faim, une faim assez impressionnante pour faire gonder mon estomac à peine je tentais de me lever. J'abandonnais l'idée de bouger quand mes jambes se dérobèrent sous mon poids. Elles étaient encore endormie, j'attendrais un peu.
Ayame avisa mes réactions, il détestait me voir aussi calme alors qu'il se doutait que j'avais conscience de sa colère intérieur et s'il était capable d'un sang froid hors du commun, il se demandait jusqu'où je serais capable d'aller pour le mettre en rogne.

-J'ai remboursé la vache au boucher, j'ai fais nettoyer tes vêtements et j'ai aiguisé ton épée. Tout ça pendant que tu récupérais d'avoir utiliser ce don que tu détestes... Sérieusement, je ne pensais pas que tu serais fou à ce point. As-tu tant que ça envie d'en finir avec la vie ?

Il ne prononça pas la fin de sa phrase, plus il avançait dans son discours et plus sa voix montait d'un ton, son regard doux était si dur que son oeil me fit penser à un glacier bien plus imposant que mon golem... Quand à lui, l'aura de fureur qui montait lentement me semblait extraordinairement incontrôlable à mesure que ses garde-fous se faisaient la male. Il ne prononça pas son "je peux te finir si tu veux ?" il n'oserait pas, car il était bien le premier qui voudrait tout sauf ma mort. Il avait autant besoin de moi que moi j'avais besoin de lui. Nous étions comme la terre et le ciel quand je tremblais c'est lui qui me couvrait et quand lui perdait pied c'est moi qui le soutenais.

-Quand j'ai vu le monstre... J'ai crus, un instant j'ai crus que tu allais y passer. Tu n'imagines pas à quel point j'ai désespéré de te savoir mort quand tu t'es écroulé. J'ai couru, jusqu'à vous, Caliope t'ayant retourné... Le soulagement quand j'ai vu que tu respirais encore. Bon sang, t'es vraiment un fieffé crétin !

Je sais qu'il allait continuer, moi, je n'avais rien à lui répondre, comme un enfant pris en faute j'avais baissé la tête, j'avais regardé le sol. Être lié à quelqu'un, c'était une chose nouvelle, quelque chose qui n'avait pas de sens avant cette dernière année. C'était une donnée que j'assimilais lentement et en même temps j'avais conscience que si c'était Ayame qui avait tenté le diable de la sorte je l'aurai massacré pour avoir osé faire pareille connerie. Encore heureux que se soit moi le fou et non lui.
Un grattement sur la porte, Ayame se précipita pour ouvrir.

-Caliope ! Déjà debout ?

Il s'écarta du passage pour la laisser entrer quand moi, torse nue je me retournais sur le lit me servant de siège pour voir dans quel état elle s'était retrouvée par ma faute... Et je fus aussi soulagé que j'en étais capable quand je vis qu'elle n'avait que quelques coupures légères au visage. Entrainer une enfant dans pareille conflit, on m'aurait mis sur la potence si j'avais osé faire ça en ville...

J'entrais dans la chambre pour découvrir Wergeld assis sur son lit. Je fus heureuse de constater qu'il allait bien. Je me tournais vers Ayame avec un sourire, ce qui eut pour seul effet de me faire grimacer, tirant sur ma coupure à la lèvre.

- Bonjour ! Je viens de me réveiller...

Je me dirigeais vers le lit et grimpais dessus à côté de Wergeld sans même prendre la peine de lui demander si je pouvais, j'étais déjà fatiguée... Rin entra discrètement à son tour saluant les deux hommes d'un mouvement de tête et pris place à côté de la porte silencieux. Il me lançait un regard énervée, plus pour ce que j'avais fait pendant le combat que pour m'être sauvée de la chambre en courant. Je savais que maintenant qu'on été réveillés tous les deux, ils ne se gêneraient pas pour nous en mettre plein la figure... Ça allait hurler, je ne sais pas pourquoi, mais j'avais un très mauvais pressentiment sur la tournure qu'allaient prendre les choses.

Je décidais de faire semblant de ne pas les voir et me tournais vers Wergeld pour vérifier qu'il n'avait pas de blessures. Ce qui ne semblait pas être le cas.

- T'es pas blessé ?

Je baillais à ce moment là en me décrochant la mâchoire, rouvrant par la même occasion ma lèvre. Je ne captais que maintenant que j'avais encore ma forme hybride, quand je retirais la main pleine de sang que j'avais posé devant ma bouche en baillant et que je captais les petites griffes à la place de mes ongles. Je laissais ce détail de côté en cherchant un mouchoir pour essuyer le sang qui coulait le long de mon menton avant de m'en mettre de partout. Je ne pensais pas que j'avais réussi à m'entailler aussi profondément juste en tombant seule...

Rin se précipita vers moi, avec un mouchoir propre qu'il tira de sa poche et me mis sur la bouche, je vis dans ses yeux que s'il pouvait m'étouffer avec il le ferait volontiers... Je récupérais le mouchoir en le remerciant et le pressa sur ma blessure en râlant, comme d'habitude.
Je me tournais vers Wergeld avec un air de petite fille prise en faute et lui expliquais d'une petite voix à moitié masquée par le mouchoir.

- Je me suis endormie en chemin, et je suis tombée... Résultat, j'ai réussi seule, là où les lions ont échoués...

Un grondement horrible venant de mon estomac me fit rougir jusqu'à la racine des cheveux.

- Oups...

Au moins j'avais réussi à retarder les sermons et autres râlages de nos deux gardiens...

Le lit trembla légèrement lorsqu'elle vint se poster dessus, étrange allure de fillette aux oreilles de renard elle paraissait plus innocente encore sous cette forme.

-Tu vas bien c'est le principal.

J'avais lâché la phrase en me levant et en tentant de dégourdir mes jambes qui allaient un peu mieux mais ne me permettraient pas de courir le marathon avant un jour ou deux. Ayame en profita pour me lancer une chemise... J'avais même pas fais attention que je portais qu'un pantalon. L'habitude d'être jamais repris par quiconque... Sauf Aya qui se faisait un malin plaisir à K'ouen pour commenter les gloussements des domestiques du palais.

Debout, ma tête me rappela à l'ordre, signifiant en quelques vertiges que je devrais faire très attention à ce que je ferai dans la minute si je voulais rester debout plus de trois secondes. J'enfilais le vêtement et me tournais vers Rin que je saluais d'un bref mouvement de la tête. Je n'avais rien de plus à dire... L'archer en profita pour réouvrir les hostilités. La hache de guerre était décidément déterrée et hélas pour lui je n'étais jamais d'excellente humeur le matin.

-Je pense, Wu, que tu dois bien t'excuser auprès de Rin... Ton idée était insensée et complètement irréfléchie ! Si tu t'en foutais des conséquences pour toi ça te faisais rien de savoir que Caliope n'était peut-être pas aussi habituée que toi aux luttes en plein air ?

Différentes solutions se posaient dans pareil cas, la première et la plus simple s'énerver et l'enjoindre à se taire avant de perdre une ou plusieurs dents, la seconde, ignorer la remarque et faire comme si de rien était. Ce que je fis parce que frapper l'elfe m'était tout aussi insupportable que ce don né de la terre et encré dans mon code génétique comme une tare incurable.
Je leur tournais le dos, lançant au passage un regard exaspéré à Caliope... Mieux valait pour Rin qu'il ne relève pas où les deux gardes passaient par la fenêtre dans la minute... Pendant que moi et Caliope iront apprécier un bon repas et j'espère que cette fois nous aurions de la viande au repas... La soupe ne risque pas de combler mon estomac vide depuis plusieurs jours.

Mais, c'est vrai que j'avais pas pensé à la façon dont sortir du trou dans lequel on s'était fourré dès le départ à partir du moment où nous aurions épuisé nos ressources à dégommer des lions en pagaille. Mourir dévorer par de la racaille ça ne m'aurait pas déranger plus que ça, quoiqu'un peu quand même, mais Caliope. La pauvre méritait pas un tel dénigrement de sa propre vie. Je m'excuserai auprès d'elle quand son chien de garde ne sera pas dans les parages... Ou à un moment où Ayame ne sera pas là pour noter que j'avais au moins appris le bon sens. Chose qu'il se devait d'ignorer pour ne pas le revendiquer trop souvent. Je lâchais un soupir plein de sous entendus quand je m'accoudais à la fenêtre pour y voir les villageois plus gaies, plus vivant dans ce petit village. Les enfants jouaient dans les rues et les gens se parlaient entre eux avec entrain... On avait fait du sacré bon boulot.
Il n'y avait rien à regretter.

Je fronçais les sourcils lorsque Ayame parla du fait que Wergeld devait s'excuser auprès de Rin. Rin allait ouvrir la bouche surement pour lui exprimer sa façon de penser à ce sujet d'ailleurs mais je le devançais, histoire que ça ne finisse pas en bagarre générale. Je fixais Ayame puisque c'était lui qui avait lancé la conversation.

- Rin n'a rien à voir là-dedans, Ayame ! J'ai accepté de vous accompagner de mon plein gré, si je ne voulais pas courir de risques je serais resté planqué bien sagement ici. J'étais aussi dans le coup pour le golem... Si tu as des reproches à faire à quelqu'un je crois qu'ils peuvent très bien s'adresser également à moi.

J'avais fini ma tirade avec un petit sourire mignon, qui me valait souvent d'obtenir ce que je voulais, j'aimais faire tourner les gens en bourrique. Rin me lança un regard plein de sous-entendus, il s'était douté que je n'étais pas étrangère dans l'idée du golem, je venais de le lui confirmer. Oups...
Je décidais de changer de conversation en sautant du lit et en attrapant Wergeld par la main.

- On va manger ? J'ai faim !! Tu bailleras aux corneilles plus tard !

Une fois dehors je refermais la porte derrière nous et lâcha la main de l'autre maitre avant de lui faire un grand sourire.

- Quoi qu'ils en disent, il était classe notre golem ! Moche, mais classe !

Je partis dans un éclat de rire joyeux avant de râler sur ma lèvre ouverte. Je reprenais ma forme humaine en vitesse avant de descendre dans la salle principale. Une fois en bas, je sautais presque sur l'aubergiste pour avoir à manger. Il nous servit en vitesse et je me mis presque à crier de joie en voyant des bouts de viandes dans le potage, ainsi que des légumes dont je ne pouvais que rêver trois jours avant. Mais j'avais tellement faim, que j'aurais pu avaler n'importe quoi du moment que ça me tenait au ventre. Des murmures s'élevèrent derrière nous, mais le nez dans mon assiette que je dévorais comme l'affamée depuis trois jours que j'étais, je n'y prêtais même pas la moindre attention. Une jeune femme vint se placer à côté de nous et déposa une grosse miche de pain frais sur notre table. Une autre la rejoint pour y déposer des gâteaux tous chauds. Je les remerciais avec un sourire et retournais à mon assiette que la femme de l'aubergiste venait de reremplir avec un grand sourire.

Rin nous avait rejoint entre temps. Je lui lançais un regard, signifiant "tu prononces le moindre mot et je te mange toi...". Aussi il s'assit tranquillement à notre table et attendit que j'ai fini de manger pour qu'ils puissent commencer leur sermons avec Ayame. J'avais envie de les jeter dehors tous les deux. Je lançais un regard suppliant à Wergeld.

Ayame ne répondit rien, il n'en eut tout simplement pas le temps. J'étais déjà hors de la chambre à suivre la gamine dont la faim la tiraillait autant que moi quand il comprit enfin qu'il s'était clairement fait piétiné par Caliope... Le pouvoir des maitres allaient loin, quitte à blesser l'orgueil de l'archer, c'était quand même bien pratique pour le faire taire.

Elle avait de bonnes idées cette petite, rien qu'à l'idée de manger à m'en assourdir le temps que je mâche quelque chose de consistant j'en salivais d'avance. L'autre bon côté était que lorsque je mangeais Ayame avait ordre de ne pas trop en faire s'il ne voulait pas me servir de plateau... Trois choses sont sacrées chez moi, ma nuit de sommeil, mon repas et mon épée... Qu'il le veuille ou non profaner l'une de ces choses relevaient de la haute justice, en clair, de moi. Et traiter avec moi était souvent plus difficile qu'avec un rhinocéros.

La viande fut comme une bénédiction, sur le coup, à manger tout ce qu'on me servait je ne fis même pas attention aux gens qui déposaient de nouveaux plats sur la table... C'était comme dans un buffet à volonté où le chef voulait nous faire avaler tout le buffet... Le genre de rêve très agréable quand on a l'estomac dans les talons.
Le regard de Caliope me permit de remarquer que nos gardiens n'étaient pas très loin, Ayame s'installa même à l'extrémité du banc que j'occupais, il évitait d'être à portée de main, comportement louche qui me mit la puce à l'oreille alors qu'il ouvrait la bouche. Je me levais brusquement en abandonnant le reste de mes plats et ordonnais d'un mouvement du menton à Ayame dans faire autant.

Il s'exécuta et me suivit hors de l'auberge. Avant de fermer la porte sur nous, je lançais un regard rassurant à Caliope, sait-on jamais qu'elle s'inquiète pour la survie d'Ayame... Dehors de nombreux regards se tournaient vers nous, j'ignorais ce petit monde et profitais d'une ouverture non loin de l'auberge pour m'éloigner de cette dernière. J'approchais Ayame suffisamment pour que ma voix n'atteigne que lui, chuchotant simplement, assez doucement pour qu'il comprenne que cette fois ci il avait dépassé ses droits.

-Oses et je te fais manger la table. Essayes encore une fois et je te jure, Aya, que tu comprendras pourquoi ces lions ne me faisaient pas si peur que ça. Nous règlerons nos problèmes quand il n'y aura pas autant de monde concerné. Patience, le voyage est encore long jusqu'en Atlantis, tu auras tout le temps que tu désirs pour me critiquer et m'en mettre plein le dos. Mais si je t'entends encore une seule et une unique fois mentionner le golem dans ce village, même ton arc tu ne sauras plus quoi en faire.

Il était choqué. Clairement ébahie par cette marque d'autorité qu'il ne me connaissait pas. À force de laisser les choses filer, à force de gérer en laissant trop de personnes s'incruster dans mes décisions il en avait oublié que je n'étais pas maitre pour mon beau sourire ou juste pour ma force surhumaine. Des hommes dans mon genre il y en avait des centaines dans la zone du dehors, je m'étais démarqué parce que j'avais autre chose qu'aucun d'eux n'avaient pas : assez de volonté pour dominer même les plus récalcitrant. C'était pour cela qu'il avait accepté si facilement de me servir sans broncher, et cette fois qu'il était la cible de mes remontrances il se rendait compte que personne n'avait de pouvoir sur moi, pas même lui.

La minute d'après nous étions de retour dans l'auberge, l'archer ne parlait pas, il était sérieux, un brin tendu, mais rien ne filtrait de son attitude. Ce petit intermède restera entre nous. Et Caliope aura au moins eu le temps de mettre les choses au clair avec son gardien, à moins que sa façon de faire soit différente...

(je te rends les choses un peu difficile histoire de pas trop te faciliter la tâche *o* bon courage !)

J'allais me lever à leur suite quand Wergeld fit signe à Ayame de le suivre dehors, il semblait furieux. J'avais beau ne pas envie d'entendre parler de cette histoire pendant des mois, je ne voulais pas que ça finisse dans un bain de sang. Je me rassis au regard de Wergeld, il avait juste l'air de vouloir s'expliquer avec lui tranquillement.
Rin me lançait encore ses regards emplis de reproches, autant en profiter pour régler les choses de mon côté aussi, avant qu'il ne me serve de dessert pour de bon.

- Quoi ?

- Ayame a raison...

- Sur quoi ? Le fait que nous ayons poussé trop loin ?

- Non, le fait que Wergeld n'aurait pas du...

Il ne put finir sa phrase, j'avais tapé sur la table de toutes mes forces, furieuse. Les bruits autour de moi s'étant brusquement tus. Je me levais dans un même mouvement, et ma voix devint glaciale.

- Un seul mot, un seul commentaire, que ce soit à moi ou à Wergeld sur ce qu'il s'est passé l'autre jour et je te jure que tu regretteras de ne pas être resté dans l'estomac de ce vers, Rin !
N'oublie pas que si nous sommes là aujourd'hui c'est grâce à lui !
Oui, je n'aurais pas dû lancer ce genre d'attaque sans préparation !
Oui, j'ai manqué de vigilance !
Mais non, ce n'est pas la faute de Wergeld si j'ai accepté de combattre !
Quoi que tout le monde puisse en penser, je suis encore un maitre !
Et je suis prête à le refaire autant de fois qu'il le faudra !

Pour le coup il ne dit plus rien, se contentant de baisser la tête. Je me rassis et continua de manger comme s'il ne s'était rien passé. Les gens autour de nous, nous fixaient sans oser parler. Jusqu'à ce que la fillette de la veille de l'attaque, celle qui c'est fait attaqué par les deux lions à l'entrée de la ville, vienne se mettre à côté de moi avec un petit sourire timide.

- Merci ! Pour l'autre jour et pour les lions !

Je lui rendit son sourire.

- On avait promis, non ?

Elle hocha la tête en souriant et les conversations reprirent tranquillement. Wergeld et Ayame revinrent à ce moment-là. Je lui lançais un regard interrogatif, me doutant que les choses devaient être claire de son côté aussi. Je changeais quand même de conversation, l'air de rien.

- Alors ? Vous allez faire quoi maintenant ?

Je m'assis. Non. Je me laissais lâchement tomber sur le banc face à mon assiette attendant sagement que je vienne la finir, ce que je m'apprêtais à faire quand Caliope leva l'énigme du jour. C'est vrai que maintenant que nous en avions terminé avec les lions, du moins, que le village pourra à présent se défendre sans notre aide, il fallait reprendre le voyage.
On avait quand même fais un sacré boulot... Il était temps de reprendre la route vers notre destination. Ayame approcha le pain quand il me vis reprendre l'activité que suggérait mon estomac avant de grogner ... Depuis le temps que j'avais pas avaler un morceau de viande il en réclamait plus que je ne pouvais avaler.

Le temps d'avaler une bouchée, le temps de réfléchir, j'optais pour deux solutions.

-On va déjà s'assurer que toi et Rin puissiez retourner en ville, soit Souen a envoyé une escorte pour vous chercher et je suis prêt à parier que la garde vous attend à un village sur le retour, soit on vous trouvera de quoi rentrer sans avoir à passer par la plaine et les marais. En contournant la région vous mettrez deux jours de plus, mais vous ne rencontrerez que des marchands et des colporteurs... Pas de lion, pas de vers, pas de serpent... Au pire un chat de gouttière paumé en cambrousse.

J'écartais mon assiette vide et me demandais si j'avais encore la place pour le dessert quand Ayame continua l'explication sans que je n'ai à prendre cette peine.

-Quant à nous, si on ne vous accompagne pas sur un bout de chemin nous allons continuer en longeant la côte vers le Nord. Nous devons nous rendre à Atlantis et un ami de Wu, un armatteur nous attend pour nous conduire jusqu'à l'île.

Il se tut avant d'en donner les raisons. La trouver était devenu une obsession qui avait disparue avec la chasse aux lions, mais maintenant que nous pouvions reprendre la route, il ne pouvait plus me détourner de mon projet. J'espérai la revoir, au moins une fois, peu m'importait comment elle me recevrait ou me chasserait, je voulais revoir un bout de mon passé. Même déçu, juste revoir son visage et observer à quel point le temps passait vite. Et comment ce temps avait su engloutir ces dernières années sans que je ne puisse me retourner une seule fois vers elle.

-Avec tout ça on va se retrouver avec pas mal de commères à contenter en rentrant.

J'avais parlé en bâillant à moitié derrière ma main. La digestion avait déjà commencé et je ne m'étais toujours pas décidé. Nous allions sûrement les accompagnés un bout de chemin, leur dire au revoir, et pour moi remercier ce petit maitre qui avait un sacré cran pour sa petite taille. Sans cela, je lui dirai "à la prochaine" et le jour où je mettrai de nouveau les pieds en ville je trouverai bien le temps d'aller voir si les jardins de Souen peuvent tolérer la présence d'un ours ans mon genre.

Aya rit doucement, les rumeurs circulaient déjà en masse sur mon sujet entre les beuveries, les spectacles et diverses autres dossiers qui trainaient sur mon compte... j'avais que l'embarras du choix. Si je viens à mourir avant lui, il écrira un livre sur moi, en simulant de révéler tous mes secrets les plus intimes... Il se ferait un paquet d'argent, je lui souhaite, que ça lui serve à quelque chose de risquer sa vie à mes côtés... Il était chiant, mais je l'échangerai pour rien au monde.

Je tombais dans les gâteaux frais, pendant que Wergeld et Ayame nous expliquaient leur plans futures, tout en hochant la tête, la bouche pleine, savourant le sucré de ces délices. J'étais heureuse que le village soit sauvé. Et j'étais contente que les relations entre nous se soient calmées.
Je me tournais vers Rin, quand il prit la parole.

- Je vais surement faire parvenir un message à Souen et nous resterons ici le temps qu'un escorte vienne nous chercher.

Je me mis à rire lorsque Wergeld parla de commères.

- Oh ! Quand même ! Je ne crois pas que ce soit arrivé jusqu'à nos Res Publica !

A ce moment-là on entendit un grand bruit dehors. Je me levais en vitesse en râlant.

- Oh non ! Pas encore des lions...

Je me précipitais vers la sortie, en poussant presque les gens se trouvant sur mon chemin, et tomba nez à armure face à un des uniformes de Souen. Je bloquais un instant dans l'encadrement de a porte, que j'avais failli me prendre sur le coin du nez.
L'homme s'adressa à moi d'une voix stricte pendant que continuais de le fixer comme un Gobi.

- Maitre Caliope, nous sommes venus vous chercher dès que les rumeurs de votre présence dans ce village sont parvenues jusqu'à Souen !

Je me tournais vers Wergeld avec un air blasé en désignant l'homme derrière moi du pouce.

- C'est de ça que tu parlais quand tu parlais de commères...?

Puis me tournais vers Rin, qui m'avait suivit.

- Pas la peine de te fatiguer à envoyer un message... La cavalerie est déjà là...

Rin sorti s'entretenir avec le nouvel arrivant pendant que je revenais vers Wergeld.

- Bon, je crois que les au revoir vont se faire plus rapidement que prévus...

J'eus un grand sourire pour les deux hommes.

- On vous dépose quelque part ?

Déçu de partir, je pensais pouvoir profiter de la présence de Caliope encore un peu, elle avait été jusqu'à maintenant un formidable prétexte pour remonter les bretelles d'Ayame et pour m'occuper. Qu'on se le dise, j'appréhendais cette visite sur Atlantis alors que j'y étais attendu comme le messie...
Je me levais pour observer un peu mieux ce qui ressemblait à un soldat tout en armure... Ils ont si peur que ça des lions sur Souen ? J'allais rire quand Aya me mis un coup de coude dans le bide histoire de me faire tenir droit et... à peu près poli. Que je sois un maitre ne me dispensait pas de faire bonne figure. Je me souvenais qu'on ne se moquait pas d'un soldat en armure et encore moins d'un soldat qui fait son job... Dommage. J'aurai bien rit rien que pour confirmé à Caliope que les commères sont d'excellent soldats.

-Et bien, content de t'avoir rencontré Cal', on passera pas Souen à notre retour voir si Rin n'est pas mort dévoré par un dionée.

Ayame s'inclina une main sur le cœur, l'oeil fermé et un sourire plus que bienveillant. Il me laissait continuer ces aux revoirs fais à la va-vite.

-Rin ! Prends soin d'elle, elle devra être en forme quand je la verrai !

Et pour la première fois depuis des années je montrais un peu d'affection à quelqu'un, je ne pus retenir de lui emmêler la tignasse et de lui sourire comme jamais je ne l'aurai fais pour quelqu'un d'autre. Ces quelques jours ont le mérite de m'avoir rendu un peu plus humain, un peu moins sauvage... Même si j'avais côtoyé tout sauf un parfait exemple de civilité.

-Et prends soin de lui, s'il se refait manger par un vers on sera pas forcément là pour l'empêcher d'être digéré. On va se débrouiller, si vous n'avez plus besoin de nous. Nous partirons demain vers le Nord.

Je penserai à elle en Atlantis, il doit bien y avoir une fleur qu'elle n'a pas dans ses pochettes, je lui ramènerai des graines, et pourquoi pas, si je trouve un monstre végétal au pied marin je lui apporterai... Elle aura de quoi menacer Rin de toutes les atrocités dont elle sera capable et plus avec mon aide. Aya se redressa et offrit un bref salue de la main à son confrère aussi misérable que lui à s'occuper d'une tête de mûle. Il se retourna et lorsqu'il me vis déjà proche des escaliers pour m'éclipser quelque part dans un lit il me rejoignis au pas de course. C'était ainsi que j'écourtais ce genre de sentimentalismes... Je suis pas fais pour les trucs tristes.

J'éclatais de rire et fis un grand signe affirmatif de la tête quand il me proposa de venir me voir sur Souen. Rien ne pouvais me faire plus plaisir que de les voir de nouveau et cette fois dans de meilleures conditions que pendant une course poursuite avec des vers ou une chasse aux lions sauvages.

- Vous avez intérêt ! Et essaie de pas noyer Aya non plus pendant ce temps ! Je veux vous voir tous les deux !

Je réfléchis quelques instants avec un air de conspiratrice, je devais reconnaitre que faire finir Rin dans l'estomac d'une dionée était tentant ! Mais je me repris vite avant que quelqu'un ne décide de me voler toutes mes graines à chaque fois pour ne pas que je mette cette pensée à exécution.

Rin éclata de rire quand Wergeld s'adressa à lui.

- Ne vous inquiétez pas ! Elle sera surement en meilleure forme que moi !

Je lui souris en retour quand il se mis en devoir de faire des nœuds dans mes cheveux déjà bien emmêlés. Rin monta en vitesse à l'étage pour récupérer nos affaires pendant ce temps.

- Ne t'inquiète pas ! Je compte bien le garder encore pas mal de temps avec moi ! Je n'aurais personne à embêter sinon !

J'eus un petit soupir.

- Faites attention à vous aussi ! Bon voyage !

Nous fîmes un dernier salut aux deux hommes avant qu'ils ne remontent. J'aurais bien aimé rester en leur compagnie encore un peu...
Puis après un dernier au revoir aux personnes dans l'auberge, nous sortions rejoindre le reste de nos troupes.
Je séparais le groupe en deux. Un devait aller récupérer les restes des personnes décédés dans le marais afin qu'ils aient au moins une sépulture décente et l'autre me servirait d' escorte vers Souen.

Au moment du départ, la vieille dame qui avait été si gentille me serra une dernière fois dans ses bras et nous partions enfin vers notre île afin de faire soigner Rin correctement, ses blessures n'étant pas encore totalement guéries même depuis tout ce temps, les moyens dont nous disposions n'étant pas optimales.
Et puis j'avais du ménage à faire dans l'organisation de Souen...

[RP clos]