Re: I'm singin in the Rain...

Quand ils se jetaient sur moi, je prenais la voie des airs. Je suis un assassin pas un tank dans le genre du lionceau là bas. Alors à plusieurs contre moi, je préférais de loin les laisser s'assommer tout seuls en se tombant dessus les uns les autres. La voltige me donnait l'avantage de pouvoir attaquer depuis les airs seulement, diriger mon épée et me diriger moi-même était un exercice fastidieux. Quand ils prirent la fuite, je tombais littéralement à cause d'une seconde d'inattention. Me ramassant sur le derrière dans les cailloux entre trois cadavres.

-Des jolies créatures se joignent à nous et on l'entend grogner à des kilomètres !

Je levais les bras en signe d'incompréhension. Wergeld avait une logique époustouflante ! Il ne voulait pas des hommes, ils ne voulaient pas des filles. Si ça se trouve il préfère les chats. Je jetais un regard à notre lions national. Il a de drôles de goûts. Ce fut cet instant que choisi Immacolata pour reprendre forme humaine. Et c'était visqueux à souhait. Nue comme un vers lubrifié elle se fichait bien des quelques règles de pudeurs de notre société, je cherchais des yeux les sacs, de quoi lui trouver une couverture en guise de vêtement mais rien.

-Charmante Aliénor as-tu prévu des vêtements de rechange ou des bandages pour couvrir le corps lustrée de notre amie maitre de Li ?

Je me relevais au passage. Des tâches plein le pantalon et une odeur de cadavre allait nous poursuivre jusqu'à la prochaine source d'eau dans laquelle nous pourrons plonger. Mais à cette altitude il est fort probable que nous n'ayons pas envie de geler dans une eau à 3°c.
Plus de sacs c'est aussi plus de matériel d'escalade ni de lézards pour nous porter. Le temple ne devait pas être très loin si Aliénor l'a vu depuis sa monture volante. Mais chaque chose en son temps.

-Je partirais en éclaireur avec le scarabée Li, mais avant cela, je propose de manger !

Je tendis les bras vers les rations de survie. On avait besoin de survivre ! La seule personne capable de se faire du mourron pour notre humble maitre grognon ne pouvait être que Ayame. Il avait forcément prévu assez pour nourrir un régiment ! Tu partages avec tes compagnons de cellule petit Wu adoré ?
La faim justifie les moyens, je détournais le sac au vol. On ne vous a pas dit que je suis télékinésiste ? Quel dommage. Je récupérais le sac et commençait par fouiller dedans. Ils n'ont qu'à parler temple et mission pendant que je me remplis le panse. Et va falloir rationner si on veut nourrir le lion et Wergeld dans un même repas.

Spoiler:

Encore accrochés à ses poils, les deux bestioles poussaient des couinements à rendre notre Chertan complètement dingue... même s'il l'était déjà, en fait... Mais l'une des deux créatures émit un gargouillis très bizarre lorsqu'une liane vînt s'enrouler autour de sa gorge pour se hérisser d'épines dignes de celles dont se fardent les acacias. Autant dire que son sort fut vite réglé ! Quant à la seconde, elle fut écrasée par le poids de Kallistrat qui se jeta subitement sur le dos. On entendit un bruit à mi chemin entre une bouse de vache écrasée et le craquement d'une branche morte... Ouai... près de cent kilos de muscles sur le coin de la figure, ça ne devait pas être spécialement agréable à subir... Et digne comme un chat, le nôtre se releva tranquillement, comme s'il sortait d'un sommeil à peine perturbé. Il adressa un hochement de menton reconnaissant à Caliope pour l'avoir débarrassé de l'un de ses assaillants, avant de jeter un œil furtif autour de lui. La demoiselle aux yeux en plastique avait l'air beaucoup moins rigolote maintenant qu'elle se montrait sous son vrai visage, et malgré sa nature, Kallistrat fut impressionné – et oui ! Fafnir ne s'était pas trop mal débrouillé non-plus – à son plus grand désarroi – et Wergeld en avait découpé un certain nombre également. Constat : l'ennemi avait pris la poudre d'escampette, le campement s'était vu délesté des lézards et des sacs d'un côté, et enrichi de deux invités surprise de l'autre. Le Chertan soupira, contrarié. Pour quelqu'un sensé surveiller le campements, on ne pouvait pas dire qu'il avait été à la hauteur. La prochaine fois, il prendrait son rôle plus à cœur... m'enfin lui demander une chose pareille alors qu'il avait le ventre creux, ce n'était quand-même pas de sa faute... Si ?

Il observa Hina de son air de lion mal luné – ça pour le coup c'était pas sa faute, même content il avait l'air de ne pas l'être – sans trouver l'occasion de lui répondre. À vrai dire, il n'avait pas tellement envie de parler. Il avait faim. Et à ce sujet, pour une fois, Fafnir venait d'avoir une excellente idée : manger ! Les rations de survie ? Bof, Kallistrat les laissait aux autres. Il s'ébroua, cherchant à débarrasser son pelage de toute trace de ces infâmes bestioles, avant de se diriger vers le cadavre de l'une d'elle. Et aussi bavard qu'à son habitude, il ne souffla pas un mot, se contentant d'écouter les autres causer. De toute façon, il avait un peu honte de lui. Monter la garde de façon si peu professionnel, vraiment... il n'y avait pas de quoi la ramener. Ses crocs se plantèrent dans un biceps – tout petit biceps – et l'une de ses énormes pattes plaqua le reste du petit corps au sol tandis qu'il tirait à en faire craquer les articulations. Il avait goûté à meilleur... mais il avait aussi goûté à pire. Et franchement, à choisir entre les noix sèches de Caliope et l'hémoglobine nauséabonde des gobelintrucs, il préférait les seconds. Et tout à sa mastication peu discrète – ça croustillait comme des os de poulet – Kallistrat prit connaissance de la suite des évènements. De l'avis de tous, la prochaine étape semblait être un temple. Très bien, il avait hâte d'y être, cette mission commençait à l'amuser.

À peine jeta-t-il un regard vers Immacolata, nue comme un vers. La notion de pudeur ne faisant pas partie de son catalogue, il ne voyait pas trop où était le problème. D'autant que pour un Chertan tel que lui, les formes plantureuses n'avaient rien de très excitant et relevaient plus de la curiosité que de l'attrait physique.

Autant dire que... Mais pourquoi, pourquoi n'ai-je pas résitser à ce regard et à ces mots? Pourquoi suis-je aussi sentimentale? Non sérieux, il allait vraiment falloir que je fasse quelque chose, parce que là, ça embraquait dans des situations...
Douleurs... Je ferme les yeux. Autant dire que pour beaucoup, le massacre des gentilles (où pas) petites bébêtes qui venait d'avoir lieu avait laisser quelques traces. Rouvrant les yeux, je vois Immacolata redevenir humaine et ce bruits me fais légèrement grimacer. Y a franchement plus gai comme truc à voir. En plus du sac préparé par Ayamé, y en avait deux autres avec le nécessaire, plus le mien que je trainais partout depuis son achat à l'épicerie sans rien dire, je le pose au sol, m'agenouille et en extirpe une couverture que je tend au maître de li pour qu'elle s'en recouvre. Je sors aussi un pantalon et un haut que j'avais là, prévu pour moi et les lui tend.

"Faut croire que je déteste voyagé sans rechange."

Puis je me redresse et m'adresse à l'ensemble de la troupe.

"Si vous êtes blessé, venez, j'ai de quoi vous guérir et évitez de faire les gros bras, parce que, je risque fort d'être désagréable si je dois me coltiner votre douleur sous prétexte que vous préférez faire le dur plutôt que de vous faire soigner."

Me tournant vers Wergled, je lui désigne le sac que l'homme que je ne connaissais pas mais qui visiblement me connais:

"Ce charmant monsieur est en train de faire main basse sur le sac qu'Ayamé m'a expressément demandé de te remettre."

Puis me tournant vers les autres, je m'adresse à l'ensemble de nouveau en disant:

"Y a de quoi vous nourrir ici, bon faut faire gaffe histoire d'en garder un peu hein."

Puis je regarde autour de nous, des cadavres de créatures que je ne connaissais pas... Je m'approche de l'une d'entre elle et l'examine. Il y a quelque chose de bizarre, pourquoi ce sont elles carapatés aussi vite? Étais-ce devant la force de leur ennemis où pour autre chose? Je m'agenouille et soulève quelque chose qui ressemble à une patte avant de reprendre:

"L'entrée vu par moi et par, Hina si je ne me trompe pas, ce trouve un peu plus en hauteur, à vu de nez je dirai... A une demi journée de marche je pense. La pente est pas mal escarpée et l'entrée est en partie bouchée par des pierres."

Autant dire ce que j'avais vu clairement non? Je soulève un truc gluant et visqueux et vert de surcroit, d'une main experte, j'examine ledit liquide avant d'hausser un sourcil.

"Dites moi, ces bestioles c'est les premières que vous rencontrez?"

Spoiler:

-Les pierres ne seront pas un problèmes, maugréais-je en regardant l'autre blond fouiller dans le sac.

Aya avait forcément prévu assez pour tout le monde, mais ce "tout le monde" incluait-il Hina, Aliénor et les autres divers estomacs sur pattes ? Nous ne le saurons que lorsque Fafnir aura déballé le contenu des provisions. Je détournais les yeux, je croisais Hina. Elle ne m'avait pas l'air bien grande, un peu jeune pour une excursion dans un tas de monstres mais je l'étais aussi lors de ma première confrontation mettant jeu mes chances de survies, elle sera bien mieux tenir sur ses jambes, au pire, on la porte. Aliénor aussi, que fait-elle ici ? Les hommes en minorité j'ai des élans de sexisme qui me monte aux yeux à voir toutes ces femmes dans le lot. Elles n'ont pas peur de la vue du sang, mais on se croirait à un marathon féministe (et gay ?).

-Ils doivent être encore dans les environs à nous observer.

Bien sûr je parle de ces bestioles qui nous sont tombées dessus.

-Ramassez les affaires qu'il vous reste, on reprend la montée. On dormira quand nous serons en lieu sûr. Fafnir, Immacolata, survolez la zone, voyez si on peut éviter l'escalade par un promontoire rocheux ou n'importe quel sentier naturel. On dégage d'ici avant que les cadavres n'attirent des prédateurs plus gros que nous.

Pas besoin de préciser qu'Immacolata normalement responsable de notre colonie de vacances renifla vertement à m'entendre donner des ordres. J'ai l'habitude de commander et nous sommes sur un terrain que je connais peut-être un peu mieux qu'elle. Mettez deux coqs dans le même poulailler ça donnera le même résultat.
Pour ce qui est des prédateurs, je pense aux oiseaux charognards comme les condors ou encore quelques autres espèces de félins alléchés par l'odeur qui pourraient songer à venir voir si la viande fraiche n'est pas meilleur. Autrement dit, ils ne se contenteront pas forcément du festin gratuit sur le sol, nous pourrions être sur la liste des choses à manger sous peu.

Le feu est quasiment éteint, seules quelques braises meurent dans le froid.

-On mange en marchant ça nous gardera éveillé. Hina, Aliénor, je compte sur vous pour nous indiquer le chemin. Si Kallistrat est encore en forme, on bougera les rochers qui nous bloquent la route nous-même. Restez sur vos gardes. Si ces choses se sont installées dans la région, il est certain qu'on en croisera d'autres avant d'être remonté jusqu'au temple. Avec un peu de chance on dormira dans le temple, buvez régulièrement et parlez. Parlez autant que vous voulez tant que personne ne s'endort en chemin. On pourrait ne pas avoir la chance de redescendre cette montagne en un seul morceau.

Je n'ai pas vraiment fait attention à l'idée de nous faire soigner. Pour ma part je n'avais que quelques égratignures et les autres semblaient en aussi bon état. Nous n'étions donc pas encore en danger, ces créatures voulaient nos montures et notre attirail destiné à la montée. Nous pourrons faire sans, bien évidemment, avec un peu de courage et de témérité... La prochaine fois elles pourraient en vouloir à nos vies. Soyons prudent jusque là.

Les quelques arbres et troncs passés Immacolata s'était vite retrouvée dans les aires à plusieurs mètres au dessus de nous. La montée repris et si le silence nous accompagna quelques minutes, Caliope se fit un plaisir de relancer les festivités.

-Je suis petite moi, j'ai besoin de sommeil ! On pouvait dormir là bas, pas un chat n'aurait approché sa truffe de nous vu l'odeur !

L'entendre râler me redonnait le sourire, plus elle était sur les nerfs et plus nous avons de chance qu'elle écarte les obstacles sans qu'on est à bouger le petit doigt. Ne jamais contrarier une furie, c'est une règle que j'essaye de respecter depuis que je la connais. Sans arbres pour dissimuler le ciel étoilé, cette ballade nocturne agrémenté d'une chiche lumière allait vite devenir une véritable corvée. Déjà mes paupières tenaient difficilement ouvertes et je me tenais éveillé en alternant gorgée d'eau et bouchée d'un sandwich.

Jusqu'à ce que la montée se face plus hardue. La pente en quelques mètres à peine s'était accentuée si brusquement que si trois mètres plus bas nous étions presque à l'horizontale, à ce niveau là nous crapahutions avec le sol à portée de main. S'en était fini de manger. Nous devions ramper à moitié pour avancer, sans gants, sans piolets pour aider et la roche friable sous nos doigts en fit glisser plus d'un et moi le premier. Immacolata redescendit alors depuis les cieux.

-Une promontoire à deux cent mètres au dessus, on y tiendra tous.

Elle me désigna d'un coup d'oeil l'aube rosée qui s'élevait à l'Est.

-L'endroit est petit et couvert d'une large aspérité, nous pourrons y dormir sans trop de risques.

Je suis d'accord. La fatigue ne nous laisserait pas tranquille surtout avec les efforts que nous devrons encore fournir pour continuer jusqu'au temple.

-Que quelqu'un me rappelle pourquoi on escalade cette maudite montagne, râlais-je une fois de plus après avoir glissé en voulant rattraper Caliope qui s'était dit que s'endormir là, tout de suite, sur la façade de la montagne ne serait pas pire que deux cent mètres plus haut, ou plus bas... Je la hissais sur mon dos et repris l'escalade sauf que je me retrouvais en queue de peloton et la gamine me ronflait sur l'épaule.

Spoiler:

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Après avoir ingurgité deux bras, deux jambes, et quelques morceaux d'entrailles de son premier gobelinmachinchose, Kallistrat laissa là la tête peu ragoûtante pour aller se remplir la panse d'un deuxième gibier tout frais. Il intercepta à peine les propos des autres, tout concentré sur son repas frugal. À vrai dire, notre homme-lion perdait souvent le sens de l'intelligence humaine, et à l'observer, on se demandait parfois ce qu'il foutait chez K'ouen. Lui, humanoïde ? Même un arbre avait plus de jugeote. La faute à son instinct. Celui-là, il se faisait un malin plaisir de prendre les commandes de son cerveau et de lui faire faire n'importe quoi, dans le style : sauter sur tout c'qui bouge et le manger après. D'ailleurs, manger des créatures répugnantes devant tout le monde ne le dérangeait pas le moins du monde, ni même tirer sur les muscles jusqu'à les étirer comme des élastiques, les crocs serrés sur une partie, les pattes abattues sur l'autre. Âmes sensibles, allez voir ailleurs si le chaton n'y est pas. D'ailleurs en parlant de sensibilité...

Une articulation se disloqua à grands bruits entre ses carnassières lorsqu'il se demanda vaguement s'il était blessé. Possible. Il interrogea mentalement chaque partie de son corps. Les pattes ? Ça allait. Les jambes ? Rien à signaler. Les bras ? En service. Le dos ? Ah oui le dos, ça grattouillait par là. Il devait bien y avoir quelques coupures après que quelques unes des bestioles aient joué à une partie de rodéo là-haut ! C'était donc ça, les brûlures qui le démangeait ? Et on lui proposait des soins à domicile ? Par une charmante demoiselle ? Vendu ! Avalant tout net un organe non identifié bien juteux, notre Chertan abandonna sa proie pour aller se présenter à Aliénor, se léchant encore les babines de son festin pour paraître plus présentable. Comme quoi des fois son cerveau fonctionnait, puisqu'il parvenait encore à lui envoyer des ordres cohérents dans le genre de : s'approcher d'une femme avec du sang plein les bajoues, ce n'est pas très romantique... oubliant de préciser que de se secouer les puces sous le nez d'une femme, ce n'était pas d'avantage romantique, m'enfin bon, on ne pouvait pas être parfait.

I'm singin in the Rain... - Page 5 Kallistratdial

« Moi. Quelques écorchures. Je peux faire avec mais c'est si gentiment demandé. » fit-il en désignant son dos d'un mouvement du pouce.

Et il alla même jusqu'à s'asseoir afin de se mettre à la hauteur de son infirmière improvisée, et lorsque les mains d'Aliénor commencèrent leur œuvre, il se contenta de fermer les yeux sur une expression tout à fait satisfaite, ne se privant pas de ronronner à tout rompre – l'expression « ronronner à tout rompre » ayant été inventée spécialement pour lui. Le reste, bof. Mais les doigts de la guérisseuse dans son pelage, ça, si c'était pas la définition même du bonheur... S'il n'y avait pas eue la voix glaciale de Wergeld pour lui gâcher partiellement le plaisir... Hummm... À moitié perdu dans son petit monde, il n'imagina que très vaguement un prédateur plus gros qu'eux, comme il en avait rencontré à Ing toute son enfance. Pour sûr, c'était une bonne idée de décamper, mais pas sans provision. Et c'est donc la gueule encombrée d'une troisième bestiole que le grand chaton consentit à se mettre en route. En grommelant, parce qu'il avait pris le premier quart, qu'il n'avait pas dormi, et qu'un chat qui ne dort pas au minimum 20h par jour, c'est de mauvais poil ! D'autant plus lorsque l'on projette de lui faire déplacer la montagne une fois arrivé sur place. Pour un peu, il en serait furieux, mais à entendre sa fierté ainsi flattée, Kallistrat ne pu s'empêcher de bomber un peu le torse et de se redresser. Une manière à lui de confirmer le fait que oui, il était bel et bien un lionceau très fort... ahem...

Son enthousiasme retomba pourtant lors de l'ascension de cette fichue montagne. Les griffes des mains et des pieds plantées dans la mousse, la terre, les branches ou s'accrochant aux rochers en y laissant leur signature, il se retînt tant bien que mal de râler. Un mâle de proteste pas. Jamais. Les femelles à la rigueur, et encore. Pas celles de son peuple. Mais il a pu observer que beaucoup d'autres races de l'Entre-Monde se plaignaient d'un rien. Particulièrement les humains d'ailleurs. Enfin bon, lui, il ne se plaignait pas, se contentant de grimper, l'estomac lourd de ses trois bestioles indigestes. Il se retourna l'air affolé lorsqu'il entendit quelqu'un glisser juste derrière lui, avant de voir Caliope sur le dos du maître de K'ouen. Mince, il avait encore loupé une occasion de se rendre utile. Ça lui aurait plu de lui prêter son dos à la gamine. Elle était rigolote. Tant pis. Ou pas ? Wergeld semblait gêné dans sa progression, et même si Kallistrat le savait bien plus fort que son corps maigrichon ne le laissait supposer, il voyait bien que l'ascension n'était pas pour lui une partie de plaisir. Alors le chaton, avec ses griffes comme des crampons dans la roche, se proposa comme autobus pour enfant et se vit offrir une Caliope qui ronflait rudement fort en guise de passager clandestin. Bah. Il pouvait bien faire ça après qu'elle l'ai si efficacement débarrassé de l'un de ses assaillants tout à l'heure. D'ailleurs, qu'elle ne se plaigne pas, parce que quand on vient du lion, on ne porte pas les gamins sur son dos. Soit on les mange, soit on les trimballe dans sa gueule en les tenant par la nuque... mais pas dit que la mini chose rose apprécie le traitement. Il fallait s'habituer à ces nouvelles mœurs... alors il s'habituait. Maladroitement, certes, mais il y avait de l'idée.

Lorsqu'ils arrivèrent à l'excavation dont avait fait mention Immacolata, Kallistrat se laissa littéralement tomber et s'endormit presque aussitôt, le renard encore accrochée à ses poils. Pour le coup, ils furent deux à ronfler plus fort qu'une portée de dragons enrhumés... mais au moins, ils ne râlèrent pas. On avait bien parlé de pause, non ? Bon et bien ils l'honorait, voilà tout. Qui monta la garde pendant qu'ils étaient religieusement occupés à dormir ? Aucune idée ! Kallistrat avait fait sa part du boulot, il avait donc l'esprit tranquille quant à ce qu'il leur devait. Et s'il avait eu la plus petite notion de valeur de l'argent, il aurait demandé à être augmenté pour une mission pareille. En fait, il avait déjà oublié la rémunération. Pour lui, il s'agissait d'une aventure. Et quelle aventure ! Ça commençait par des chamailleries et ça finissait à flanc de montagne, on ne savait combien de mètres au-dessus du plancher des vaches. Heureusement que les félins n'ont pas le vertige... hummm...? Hein ?

Lamentablement avachi sur le ventre, notre Chertan se réveilla en sursaut, tiré de son sommeil par Caliope qui jouait à lui chatouiller les narines avec un brin d'herbe. Aussitôt sur ses pieds, il planta ses yeux verts aux lueurs furieuses sur le renard rose qui ne demandait qu'à apprendre à voler. Chez les Chertan, un môme qui embête un adulte, il se prend un coup de patte magistral. Mais sincèrement, comment lever ne serait-ce qu'une griffe sur elle ? C'était la sous-estimer à cause de sa taille, mais peu importait, Kallistrat la trouvait mignonne, et il craignait de la briser s'il s'avisait de la toucher. Alors il se contenta d'un soupir blasé, narines pincées sur sa vexation. C'était pas drôle, les chatouilles au réveil ! Et en plus il avait faim. Il rejoignit les autres pour se ravitailler – bavard comme une carpe – et écouta encore les instructions. Au programme de cette matinée : grimper encore, trouver le temple, et en déblayer l'entrée. On comptait sur ses gros muscles – il se grandit inconsciemment – et aussi sur ceux de Wergeld – coup d'œil en biais. Ah ouai, pour dégager celui-là, il savait dégager. Passons. Le repas avalé, ils purent reprendre leur petit manège. Fafnir et Immacolata dansant joyeusement dans les airs, Aliénor, Caliope, Hina, Kallistrat et Wergeld en suant à grosses gouttes pour franchir chaque mètre. Y'avait des jours comme ça, où l'injustice prenait des airs provocateurs à vous filer des envies de meurtre. Au bout d'un long moment – et quelques plaintes plus tard – ils atteignirent un chemin broussailleux qui leur fit terminer leur ascension en lacets plus reposants. Kallistrat en profita pour souffler. Il n'oubliait pas ce qui les attendait encore et...

… et au détour d'un énième virage, il apparût entre les branche d'un chêne kermès comme par enchantement. Le temple... et les pierres immenses qui en obstruaient l'entrée. Les oreilles dans le poil et la queue fouettant l'air avec amertume, Kallistrat regretta subitement être finalement arrivé à destination. Parce que franchement là, c'était plus des pierres mais des morceaux de montagne entiers dans lesquels s'enchevêtraient les ronces, les orties, et à en juger par ce mouvement furtif pas loin, les serpents.

Les suivre jusqu'à ce qu'ils atteignent le temple. Ce n'était pas franchement difficile, j'avais déjà lévité plus longtemps. Mais le froid du matin et de l'altitude avait vite eu raison de mes réticence à me plaindre. Arrêts fréquents, je les rejoignis quand un sentier pu les accueillir jusqu'au temple, de là, je leur expliquais ce que j'avais pu voir depuis les cieux.

-J'ai vu un camps de ces bestioles mais il est trop loin pour appartenir à celles qui nous ont attaqué.

J'allais en venir à un "prudence les autres doivent se terrer dans le coin" quand le temple s'offrit à nos yeux. Il était encore bien de ses cailloux même si l'entrée effondrée et envahie de tout ce qui peut vivre à cette altitude allait donner du fil à retordre à nos compagnons à muscles (même si on se demande où ils les mettent parfois...).

Immacolata descendit du ciel à cet instant là : celui où il fallait se décider, se motiver à donner de nos coudes pour aider les gros bras à déplacer les rochers, les morceaux effondrés du temple obstruant l'entrée.
Elle semblait ailleurs quand elle écouta les pierres lui parler. Le silence tout d'abord et le flot de paroles fit presque tomber ses lunettes. Elle nous répétait les morceaux importants.

-pour accéder à la partie principale du temple on doit passer l'entrée, on traversera un labyrinthe à moitié effondré pour trouver un monte charge peut-être encore en état. Mais selon les pierres les mécanismes sont coincés on devra user de nos bras pour faire fonctionner les poulies.

Elle se tut. Peut-être que les pierres lui donnaient un plan détaillé nous permettant d'accéder au coeur du temple. Déjà l'architecture en elle-même paraissait originale. traverser d'abord des tunnels et enfin gagner une place bâtie on ne sait où sur la montagne.
Je haussais les épaules, cette fameuse place ne me disait rien du tout, je n'avais vu que de la végétation et des rochers peu importe où mes yeux s'étaient posés pendant mes pérégrinations nocturnes. Immacolata termina alors.

-Il y a des choses là dedans qui terrifient les pierres.

Non sans déconner ? Je le savais déjà. Mais je n'ai pas eu le temps de le dire, c'est tout.

Après avoir soigner le dénommé Kallistrat, je du bien contre mon gré les suivre. Franchement ce genre d'expédition n'était pas mon fort. Bon certes, j'en ai déjà fais plus d'une au sein de la Forêt d'Ing et accessoirement j'ai rencontré de drôles de bestioles mais bon, quelque chose me disait que cela était différent cette fois.
Pourquoi, mais pourquoi n'ai je pas résisté? Ayamé avait profité de ma faiblesse, d'ailleurs, je vint à me demandé comment il avait su que... Bon bref, ce n'est ni le lieu, ni le moment de penser à ce genre de choses, sans quoi, pas sur de survivre.
Je prend deux sacs, ne pouvant pas non plus porter plus que nécessaire, j'en met un en bandouillère, côté inverse de mon fidèle sac rouge et l'autre je me débrouille pour le mettre sur mes épaules et j'indique alors le chemin afin d'avancé.
La montée commence, épuisante, mais je tiens bon, je refoule en moi les douleurs de chacun que je ressens, mal aux pieds, mal au dos où mal à tout autre endroit d'ailleurs. A plusieurs reprise je laisse sur mon visage traversé une grimace mais je ne dis rien, je n'ouvre pas la bouche, pas un mot, rien niet parce que ce n'est ni le lieu, ni le moment.
La nuit fut courte, je n'ai pas dormis longtemps en même temps pour que je puisse dormir, il faut que je me sente en sécurité, hors ce n'est vraiment pas l'endroit ni le moment là encore. Je suis sur mes gardes, alors que j'entends mes compagnons ronflés pour certains et émettre de drôle de sons pour d'autres.
Reprise de la route à l'aube pour enfin arrivée sur cette plateforme où l'entrée dudit temple se trouve. Je suis au bord des flans de la montagne et je jette un regard en dessous, comme pour évaluer la hauteur. Je pousse un léger soupir et pose les sacs au sol, tout en observant Immacolata et sa façon d'écouter les pierres. Bien étrange don, enfin je peux parler moi. En tout cas, Immacolata et Fafnir, si je ne me trompe pas n'ont pas l'air aussi fatiguée que moi, facile quand on vol, tiens d'ailleurs elle est passée où ma monture hein?
Bref, je m'égare et observe. Quelque chose qui terrifie les pierres... En même temps avec ce qu'on a vu hier (et combattu pour certains.).
Laissant reprenant les sacs sur mes épaules, je m'avance un me baisse pour observer les pierres. Elles sont éboulées, certes, mais bien étrangement "proprement" éboulée si je puis dire.

"On dirait qu'elles ont été mise là et non qu'il y a eut un éboulement."

Je saisis une des pierres et l'observe, je frotte son dessus et y découvre des runes dessus, étrange... J'ai l'impression d'avoir déjà vu ces runes quelque part. S'était dans la Forêt d'Ing il me semble, il y a quelques années.

"Y a des runes sur les pierres, peut être pas sur toute mais... Cela peut signifier quelque chose non?"

Question à laquelle je m'attendais pas forcément à avoir une réponse. Me redressant, je m'approche de l'entrée obstruée et observe les pierres, je plisse les yeux et essaye de me concentrer non sans avoir siffler:

"Je sais que vous avez mal aux pieds, au dos où à tout autre endroit mais essayé juste de contenir un peu vos douleurs pour que je puisse me concentrer."

Non mais ma phrase est vachement intelligente mais y a pas mort d'homme non plus pour le moment alors tant qu'ils peuvent attendre... Prenant une seconde pierre dans ma main, je l'observe et trouve encore ces runes. Je met en marche les rouage de mon cerveau avant de dire:

"A Ing j'ai déjà vu ce genre de runes. Elles forment un ensemble qui s'imbrique les une dans les autres sur une sorte de table de pierre."

Je commence à dégagé les pierre tout en observant et en mettant celles qui ont des runes de côté, y en a finalement une petite dizaine . Je dû arrêter parce que non seulement je m'écorchais les mains avec ces ronces et ces pierres mais en plus, elles devenaient d eplus en plus grosses et personnellement, je ne me voyait pas les soulever seule...Dans un geste, je m'essuie la sueur présente sur mon front avec mes paumes, résultat, je me fou du sang sur le front sans le voir.

"Personne à de la dynamite où un truc de ce genre pour dégagé l'entrée?"

Je me baisse et ramasse les pierres que je viens de dégagés et les met dans un de mes sacs qui devient encore un peu plus lourd, pas grave, arès tout êut être qu'elles pourront servir plus tard, ailleurs dans ce temple.... Je tourne les yeux vers Wergeld et Fanfir, puis vers Hina, Caliopé et Immacolata... Bon on rentre comment alors? Y en a qui on une force surhumaine pour dégagé tout ça?

Pendant qu'Aliénor s'entiche de quelques cailloux peints je suis du regard cet amas de roche. En effet, c'est proprement fait, ça ne ressemble pas à un véritable éboulement, nous serions sinon en présence d'une petite montagne et rien ne nous permettrait de passer outre sinon des jours à déblayer. Là, il s'agissait de gros rochers tombés piles sur l'entrée. Nous n'aurions pas la force pour les soulever avec un levier (et dans tous les cas nous n'avons aucun levier suffisant).

-Si on pousse sur le côté on devrait pouvoir ouvrir un passage assez large pour qu'on y entre.

J'envisageais le risque que les choses grouillantes de l'autre côté nous attendent. Les serpents ne me font pas peur, ni la majorité des monstres, mais se faire submerger dans un conduit aussi petit, ça devenait déjà plus risqué pour nous.
Même si nous déplacions les rochers il est possible qu'à l'intérieur aussi ce soit bouché... Je me masse le front et je regarde ces bras féminins qui nous accompagnent. Hormis Fafnir et Kallistrat je ne comptais demander à personne de déplacer ces énormes trucs.

Poser le problème. On cherche cette fameuse plateforme si j'ai bien compris. Fafnir ne l'a pas vu dans les environs il est probable qu'elle soit située beaucoup plus haut. Donc, si on entre on risque de ressortir au sommet soit pas loin d'un froid polaire. J'ai envie d'y envoyer la chimère et l'assassin, qu'ils aillent se geler les miches là haut pour voir si je me trompe. Sauf qu'il est possible que la plateforme soit sous la neige ou sous les rochers, invisible.

-Si ces trucs sont dedans c'est qu'il existe un moyen d'entrer. Fouiller les environs voyez si vous trouver un passage pour gagner le réseau de galeries, dès que vous le trouvez appelez les autres pas d'exploration en solitaire ces trucs pourraient nous y attendre. Si on ne trouve rien on essaiera de déplacer ces rochers.

Les runes ne me disent rien alors j'ignore le problème. Première étape, entrer là dedans. Ça ou on escalade la montagne jusqu'à tomber sur les vestiges du temple. Seulement, il est possible que la plateforme se situe dans un cirque naturelle, l'effondrement d'une galerie aurait pu l'emporter et tout nous dissimuler.
J'y pense, ces trucs sentaient vraiment mauvais et nos lézards aussi.

-Kallistrat, tu crois que tu pourrais sentir l'odeur des lézards dans le coin ?

Je ne l'oblige à rien, je propose des idées. S'ils en ont des meilleurs je serais ravis de les écouter.

Au nom de qui ? Au nom de quoi ? Je n'en savais rien. Foutrement rien. Je m'étais abîmé dans ma lassitude, au fond du gouffre d'une semie-inconscience permanente. Le bruit familier de ma lance claquant contre la rocaille de la montagne m'aidait à conserver le rythme. Je mettais un pied devant l'autre, l'esprit embrumé dans des réflexions que je n'arrivais pas à mener à leur terme. Mes pensées s'entrecroisaient, dans une sorte d'étrange farandole qui n'avait aucun sens. C'était ma manière à moi de m'économiser, de ne pas forcer encore sur mon corps que j'avais déjà mis à large contribution.
Des jours. Des jours que j'avançais, trottant sur des lieues avant de ralentir, de prendre mon arme et de l'utiliser comme un bâton. Le matin, je courrais. Midi venu, je tirais des lanières de viande du sac que j'avais emporté, et je les avalais sans interrompre ma progression - auquel cas j'aurais risqué de ne plus être capable de reprendre mon effort. Mon repas fini, je marchais, simplement, jusqu'à ce que la lumière du jour aie fini de décroître et qu'elle aie finalement mourut derrière l'horizon. Alors j'accélérais le temps de manger, en pleine course, les légumes séchés et salés qui côtoyaient la viande au fond de leur linceul de cuir bouilli. Une fois fait, je m'arrêtais, les jambes brûlantes, le souffle soudain disparu et manquant, et un incendie couvant derrière mes yeux, me forçant à papilloter des paupières. Je poursuivais généralement quelques pas titubants, par défi principalement. Puis je m'effondrai, la joue dans la terre, incapable de veiller une seconde supplémentaire.
Je me réveillais avec le soleil. J'allais jusqu'à la rive de l'Arcos, que je suivais obstinément ; là je buvais tout mon saoul, avant de reprendre ma traque. C'était aussi simple que ça.

Je ne pouvais pas me plaindre. Aucunement. Intérieurement, je me réjouissais de cette épreuve qui m'était imposée. Elle sollicitait mon corps, mais surtout ma volonté. C'est ainsi que l'on forge les guerriers - les guerriers mythiques, les héros d'antan. Je le savais intimement. Thésée, Achille, Persée, et nombre d'autres... Chacun de ceux-là avait eu son content de mental d'acier, de rage déversée contre les défis que le destin leur imposait. Il ne fallait jamais baisser la tête lorsque le sort décidait de vous mettre une claque. Au contraire ; il fallait la lever, serrer les mâchoires, raidir la nuque. Et continuer à courir vers la fin, inéluctable. Tel était le véritable héroïsme ; telle était la seule voie qui permettait de triompher. Et ce même s'il fallait en mourir.
Evidemment, je n'en étais pas là. J'étais Arès : en Grèce, j'avais accompli nombre d'exploits plus exigeants, même si j'avais failli y laisser ma peau plus souvent qu'à mon tour. La chance est un facteur qui semble encourager les guerriers et les accompagner... jusqu'à ce qu'elle ne décide de leur faire un croc-en-jambe, sans prévenir.

Je me remémorais, dans une sorte de brouillard des sens, les instants qui avaient précédés mon départ de la cité d'Entre-Monde. Le conseil des maîtres, que je cherchais à rejoindre. Je fronçais les sourcils, m'appuyant plus lourdement sur ma lance. Le conseil... et puis quoi ? Que s'était-il passé ?
Ah ! Oui. J'avais ressenti la gravité de la situation dans leur conseil assez... tumultueux. L'expédition qui avait été planifiée à la sortie de ce sommet concernait, bien évidemment, la série de catastrophes qui s'abattait sur le monde. Dans cette excursion-là, on recherchait un moyen de mettre un terme au chaos, c'était clair comme de l'eau de roche.

C'était la réflexion exacte qui m'avait frappé alors. Je me souvenais, parfaitement à présent, de l'intense exaltation qui s'était déversée dans mes veines à l'instar de mon sang. Un exploit digne d'Arès... Une quête, au bout duquel il fallait mettre à bas le désordre, rétablir la paix, pour si fragile qu'elle puisse être. J'avais ressenti une bouffée de fierté mais aussi de combattivité. Ceux qui étaient à l'origine de tout ce tapage mondial... croyaient peut-être s'improviser des sortes de figures de la guerre et du carnage ?
Ce titre ne me plaisait pas. On me l'avait attribué pourtant. Et je l'avais accepté, simplement parce que je m'estimais capable d'une telle responsabilité, et qu'il valait mieux que ce soit un être tel que moi, lucide, compréhensif, qui s'en chargeât... La preuve. Dès qu'on mettait le doigt dans l'engrenage de la violence, voilà ce qu'il se passait. Un bordel incompréhensible, génocidaire, qui n'en devenait que terriblement abscons. Il fallait qu'il cesse.

Alors je m'étais lancé, avec du retard, sur les traces de l'expédition. Emmenant simplement ma lance et un sac de cuir comportant viande et légumes séchés, salés, longeant le cours de l'Arcos. Avançant de jour, dormant la nuit malgré les risques que cela comportait. J'avais été chanceux, car aucun danger ne m'avait encore approché pendant que j'étais dans les bras de Morphée. Pour autant je ne m'en sentais pas particulièrement rassuré... Il ne fallait jamais compter sur la chance.
Je me rattrapais une main au sol, ignorant la douleur des cailloux contre lesquels elle ripa, lorsque la hampe de mon arme roula sur une pierre. Jurant, je rétabli mon équilibre, poursuivant mon avancée.
Je repensais aux cadavres de gobelins que j'avais découverts en m'attaquant au flanc de la montagne de Grâce. Ils avaient été sauvagement défaits, et j'avais surpris des marques de morsures ainsi que de magie. Manifestement, l'expédition comportait de quoi se défendre, ce qui m'arrangeait dans le sens où, a priori, je n'allais pas tomber sur des imbéciles incompétents, décimés le temps de trouver leur foutu temple - car il s'agissait bien de ça d'après les informations que j'avais pu glaner. L'édifice était censé receler un artefact, vital pour peut-être mettre un point final à ce chaos qui secouait le monde.

J'allais atteindre le sommet lorsque des éclats de voix me parvinrent. Méfiant, je me courbais, faisant un petit détour pour ne pas arriver brutalement par le chemin le plus évident de l'ascension. Occultant les arrêtes des pierres contre lesquelles mes genoux frottèrent, je me portais à hauteur de la vaste corniche, me trouvant de biais par rapport aux personnes qui s'affairaient devant un monticule rocailleux, barrant l'accès à ce qui devait être le fameux temple. Je lâchais un soupir de soulagement. Ce ne pouvait être qu'eux.
J'allais à leur encontre le plus naturellement possible, sanglant de nouveau ma lance dans mon dos puisque je n'en avais désormais plus besoin. Le regard sombre et fier, je les observais à la suite, dévisageant ceux qui me repéraient progressivement.

- Vous constituez l'expédition montée par le conseil des maîtres, lançai-je une fois à portée suffisante pour ne pas avoir à crier.

A mon ton, ce n'était évidemment pas une question. Je frottais mes mains sales l'une contre l'autre, ignorant le froid qui mordait ma peau comme on le ferait d'un insecte importun. Je n'avais que mon pagne de tissu et de cuir, ainsi qu'une large étoffe d'un rouge que la poussière et le gravier avaient rendue d'un bordeaux crasseux, aussi l'air de la montagne essayait-il de se rappeler à mon bon souvenir. Mais il n'y parvenait pas vraiment.

- Parfait ! Je suis Arès. Je viens vous prêter main-forte, précisais-je en lorgnant les pierres qui semblaient leur poser problème.

C'est qu'il y avait du boulot, par là. Mon attention revint pourtant à eux, immédiatement. En l'espace d'un instant, je me réservais un jugement hâtif sur chacun. Un homme dont je sentis un parfum de divinité dans l'essence, borgne et aux cheveux d'un blond plus pâle que les miens, plus cendrés. A côté, un homme-lion détenteur d'une stature de taureau, arborant une crinière grise. Une jeune femme que je reconnus comme directrice du Sanctuaire des Braves, avec son regard unique au monde, d'un violet intense que rehaussait le cadre de ses longs cheveux laiteux. Le maître du miroir Wergeld, muré dans une mine renfrognée. Un peu cachée derrière, la déesse Hinaya, dont la présence m'étonna l'espace d'un instant. Au milieu de cette troupe, elle donnait une impression de fragilité à laquelle il ne fallait sans doute pas se fier. Et enfin, la maîtresse Caliope,le gabarit encore en-dessous. Je fronçais franchement les sourcils en découvrant sa présence.

Et pendant tout le temps qui s'écoula, l'une jouait aux osselets avec les pierres, l'autre parlait d'un monte-charge, l'insecte-girafe causait aux pierres et Wergeld lui demandait de flairer le gibier comme un chien limier. Une belle brochette de cinglés, j'vous l'dis. Kallistrat lui, était furieusement occupé à se gratter derrière l'oreille dans une position tout à fait... et bien, comment dire... Bref, rien de très glorieux pour un puissant Chertan... Les deux mains et le popotin au sol, seule sa patte arrière gauche remuait pour déloger les puces de derrière son crâne... en vain. Conscient tout à coup qu'on le regardait, il interrompit son mouvement et se redressa sur ses deux jambes, faisant mine de se comporter comme un humanoïde tout à fait normal et respectable. Un peu raté, mais tant pis. Têk – la callopsite – vint se percher sur son épaule et entreprit de le débarrasser des insectes qui lui démangeaient la crinière. Y'avait pas à dire, c'était elle la plus douée en la matière, et elle se mit à l'œuvre silencieusement, pour une fois. Les narines pincées en une moue étrange, l'homme-lion se concentrait sur les odeurs qu'il avait capturé. Et il y en avait une en particulier qu'il connaissait bien...

« Les lézards je ne sais pas, mais les créatures de la nuit dernière, oui. Je n'oublie jamais l'odeur de ce que je mange. »

Voilà, pour la poésie, c'était fait. Kallistrat s'approcha d'Aliénor, intrigué par ses propos. Les mots « forêt d'Ing » sonnaient bien à ses oreilles. C'était là qu'il avait vécu, peut-être qu'il connaissait ses runes sans le savoir, lui aussi. Peut-être qu'il les avaient vues ? Peut-être qu'il pouvait être utile autrement qu'en reniflant les différentes effluves de cette montagne puante ? Un coup d'œil vers le sac de la guérisseuse, et une idée lui vint en tête. Cette fois, il ne se laisserai pas souffler la priorité par un autre. Il en allait de sa fierté de chaton !

« Je porte ça. » Proposa-t-il gentiment en désignant le sac d'Aliénor.

Et Wergeld n'aura qu'à porter le renard. Pas qu'elle était désagréable, mais à se cramponner à ses poils, elle lui en arrachait quelques uns qui grattaient ensuite. Et rien qu'à y repenser... raaaaaaaaah que ça grattait ! Et comme si elle lisait dans les pensées, Têk se déplaçait pile où il fallait. Elle tenait la forme, ce matin ! Le Chertan s'essuya le nez du dos de la main. Une autre entrée ? Peut-être. Mais les bestioles auxquelles ils avaient eu affaire étaient loin d'être stupide. S'il y avait une autre entrée, elle serait peut-être trop petite pour eux. Exprès, rien que pour les obliger à passer par la grande porte. Ou pas, il n'en savait fichtre rien. Mais quand on naît à Ing, on se méfie des bestioles, aussi puantes soient-elles. L'intelligence est redoutable lorsqu'elle se dresse contre vous, et on regrette bien souvent d'avoir fait preuve de mésestime. Et tout à sa méfiance, Kallistrat se tourna lorsqu'il entendit le cliquetis d'une arme rejoindre son fourreau, ou il ne savait trop quoi. Étaient-ils encerclés de nouveau ? Oui ? Non ? Peut-être. Le nouveau venu se présenta sans crainte. Manifestement, il n'était pas hostile. Et puis il ne ressemblait en rien à leurs assaillants de la veille. Les présentations faites, le Chertan s'attaqua aux pierres. Mais ses narines se froncèrent après en avoir déplacé quelques unes.

« Je ne sais pas ce qu'il y a là-dedans, mais espérons ne pas avoir à nous y frotter... D'expérience, plus ça pue, plus le prédateur est gros...»