Table n° 1

Nini était pendue aux lèvres de Septembre, se demandant quels secrets de polichinelle ou pas il allait lui dévoiler. Mais au lieu de se régaler de détails croustillants, un horrible bruit retenti et la fit se raidir d'un coup sous la surprise. Voilà que le gong avait retenti et que ses dix minutes avec l'autre androïde touchaient à sa fin. Un peu déçue, elle se leva tout de même lorsque le son de l'instrument et les injures proférées autant par le mini-lézard que la pièce de métal cessèrent.

-Il faudra que tu me racontes la suite plus tard! Bye-bye!

Le petit robot adressa un petit signe de main à Septembre eu guise d'au-revoir avant de s'éloigner en trottinant. Elle cherchera quelques secondes la table à laquelle elle devait se rendre, faisant un peu vers la gauche, un pas vers la droite, un quart de tour puis un demi-tour. Finalement, elle repéra la table numéro 1 où elle devait se rendre. Elle s'assit à la table avant de regarder à qui elle avait à faire.Et là, ses yeux en bonbons s'illuminèrent encore un peu plus, à croire qu'ils étaient dotés de rétro-éclairage. Ses lèvres formèrent un "O" silencieux et elle joignit ses mains. Deuxième numéro gagnant. Allait-elle avoir tous les bon numéros et crier "Bingo" à la fin de la soirée?

-Une peluche! Vous êtes une peluche de loup croisé avec un colibris, hein?!

Ma deuxième partenaire était visiblement quelqu'un de très jeune et de très innocent. Sa phrase me provoqua un bon fou rire qui dura bien trois minutes. Quand je reprend mon souffle, je souris et lui répond.

-Non, les plumes c'est juste décoratif ... Comme les vêtements pour les humains ! Et je suis une louve, effectivement.

Je cherche sur elle une odeur pouvant la définir en tant qu'humaine ou non et mon instinct ne me trompa pas de trop. L'odeur de métal et de technologie était présent même s'il était très faible.

-Est-ce que tu es un robot ? Je n'ai pas l'impression de sentir les odeurs humaines habituelles ...

Je penche ma tête légèrement sur le côté et mes yeux s'étirèrent en un regard bienveillant.

Je m'appelle Louvia et toi ? Tu viens de quelle ville ?

Je pris sur moi de poser un peu plus de questions, nous n'avions que peu de temps et je voulais tout connaitre de la personne en face de moi. Ses cheveux barbe à papa me faisait penser que j'avais un petit creux ... C'est bon la barbe à papa

[Hrp : Désoler pour le retard ^^' ]

Et voilà, encore quelqu'un qui hurle de rire devant Nini sans qu'elle ne comprenne pourquoi. Qu'est-ce qu'ils avaient ce soir, à tous se tordre en se tenant le ventre (ou pas), à secouer leurs cages thoraciques en faisant des "ahahah" des "hihihi" et des "hohoho" ou encore des "kekeke" -notons que le "kekeke" va bien mieux à Septembre que le "hihihi" et qu'un bon vieux "Wouhouhou" ou "Wuhuhuhu" va bien mieux à la louve qu'un "hohoho" comme dirait le géant vert. Un peu déconcertée, Nini regarda l'animal exprimer son amusement, souriant bêtement en attendant que la peluche se calme. Et lorsqu'elle arriva à grogner des mots avec une prononciation étonnement bonne et claire, l'androïde dut constater qu'elle n'était pas une hybride entre un canidé et un piaf, mais juste un hybride entre un loup et certainement une louve. Bon, c'était déjà ça... Et puis, elle n'avait pas l'air sauvage du tout. On avait dû la recueillir quand elle n'était encore qu'une toute petite boule de poils et l'éduquer pour qu'elle soit docile en société et n'essaie pas de croquer les gens qu'elle ne connaissait pas, même ceux avec des cheveux en barbe à papa. Parce que manger les cheveux de quelqu'un, c'est pas une bonne idée. Non non non!

-Je suis une androïde, ouaip!

Nini fit le signe de la victoire, faisant un V avec son index et son majeur, et décocha un sourire digne d'une publicité pour un cabinet d'orthodontiste. La peluche parlante avait vu juste quant à sa véritable nature. Ce qu'elle ne savait pas encore, c'était que Nini était en réalité un agent sous couverture de l'armée d'occupation des créations dotées d'intelligence artificielle (l'AOCDIA pour les intimes) dont le grand dessein était de conquérir et de dominer les univers connus et inconnus. Vue sa niaiserie, ses remarques débiles et spontanée venues d'une autre dimension, elle était parfaite dans son rôle d'espionne : sa couverture était parfaite. Sauf qu'en réalité, elle n'avait pas besoin de couverture vue qu'elle n'était pas du tout une espionne mais belle et bien une petite androïde de maison bercée un peu trop près du mur lors de sa conception.

-Moi c'est Nini. Et en fait, je viens de débarquer ici! Je vivais à la campagne, à m'occuper de moutons que je ne colorais pas, jusqu'à pas longtemps. Et toi alors? Et...

Les yeux de l'androïde se remirent à briller d'excitation et de curiosité.

- ...et si tes plumes sont juste des décorations, ça veut dire que tu peux te transformer en louve-paon, louve-poussin, louve-oie, louve-canari, louve-pigeon, louve-faisant, louve-perroquet, louve-moineau?

Bon, elle n'était pas SL : Super-Louvia, et elle ne se faisait pas pousser des ailes d'oiseaux. Elle se promenait juste avec ds plumes sur le dos, quand elle ne riait pas eux éclats ce qui avait l'air d'arriver étonnement souvent. Mais au moins, elle pouvait s'en servir pour se déguiser et se camoufler. Peut-être que ça lui permettait de mieux s'infiltrer lorsqu'elle partait en chasse? Enfin, ça lui allait plutôt bien - l'avantage du blanc, c'est que même si salissant, ça va plutôt bien avec n'importe quelle couleur- et ça permettait de la différencier des autres chiens de compagnie, chiens de chasse, et chiens de garde. C'était toujours ça. Et puis, un loup, c'est toujours plus classe qu'un chien galeux fouillant les poubelles pour manger et moins ridicule que les petits caniches à moitié tondus, avec un kiki rose sur le crâne et une petite veste à imprimé vichy. Surtout que là, c'était une louve avec un bouclier. D'ailleurs, Nini se demanda où elle pouvait bien le cacher. Un grand bouclier argenté, poli au point de rendre aveugle quiconque oserait y regarder le reflet du soleil, avec les armoiries de la louve déguisée en oiseau dessus... ça ne devait pas être facile à transporter tous les jours. L'androïde scruta Louvia et ses alentours sans en voir la moindre trace. La bestiole blanche avait dû laisser son bouclier à la maison, c’est que ça a tendance à être encombrant ce genre de chose.

Le petit robot se pencha en avant, s'appuyant légèrement sur la table. Elle observa Louvia tirer sur une plume, faire glisser un ruban, et la déposer doucement devant elle. Tout ça, juste en utilisant sa gueule. Nini regarda la plume, plus pour être sûre qu'il n'y ait pas de bave dessus que pour vraiment l'admirer, avant de la prendre entre ses doigts artificiels. Elle la monta jusqu'à la hauteur de ses yeux et la fit lentement tourner devant elle, scrutin ses motifs et essayant de deviner les couleurs exactes qui la composaient. Satisfaite, elle reposa la plume avec un grand sourire.

-Nop! Je n'ai pas encore de travail ici. Je pense peut-être faire quelques missions, histoire de gagner un peu d'argent rapidement, mais je voudrais surtout trouver un emploi stable. Et toi? Il y beaucoup de gens qui embauchent des loups?

Nini laissa un soupçon de gourmandise transparaitre sur son visage. Il y avait bien une chose pour laquelle elle devait remercier ses créateurs qui avaient essayé de la rendre le plus ressemblante possible aux êtres humains et aux êtres organiques en général : ses papilles gustatives artificielles. Aussi inutile que boire et manger puisse l'être, elle était tout de même capable d'avoir une idée quelque peu grossière de ce qu'était le sucré, le salé, le pimenté, l'acide, l'amer... Et avec cette capacité sensorielle s'était développée un petit truc appelé la gourmandise. A la base, elle était censée pouvoir ingurgiter et gouter la nourriture dans un simple soucis de ne pas frustré les petits vieux dont elles devraient s'occuper (il est bien connu que les anciens essaient toujours de gaver comme des oies les petits trucs mignons et parlant qui se trouvent dans leur entourage); elle avait appris à grignoter, manger et déguster pour son plaisir personnel.

-C'est quoi ta spécialité? Mais... c'est pas un peu compliqué de cuisiner pour toi? Tu brûles pas les poiles dans la cuisine?

Nini essaya d'imaginer comment Louvia pouvait bien se débrouiller dans une cuisine, mais elle fut totalement incapable de se la représenter en train de mitonner de bons petits plats. Malgré son intelligence artificielle poussée et son quotient émotionnel en plein développement, elle avait tout de même certaines limites à son imagination. Et à ce moment, elle buta sur l'une d'entre elles. Aussi, avant qu'elle se retrouve bloquée sous l'effet d'un bug généralisé, elle se concentra automatiquement sur la question de la louve. Ce qu'elle aimait faire.

-Il y a... euuuh... il y a...

A nouveau, l'androïde se heurta à un mur. Il y avait bien des choses qu'elle appréciait, comme manger un bon gâteau, se promener dans les rues ou regarder les étoiles. Il y avait aussi des choses qui étaient amusantes comme lire des livres racontant des histoires rocambolesques où faire une partie de croquet avec sa très sûrement décédée propriétaire. Il y avait des choses qui suscitaient en elle un vague plaisir comme un compliment ou réussir à faire quelque chose pour la première fois. Mais aimer? Qu'est-ce qu'elle aimait? Elle regarda Louvia d'un air interdit avant de lui répondre, d'une voix un peu hésitante.

-Je ne sais pas... Tu veux dire quoi par "aimer"?

L'androïde écouta attentivement la réponse de Louvia sur aimer. Aimer, qu'est-ce que c'était? Quelque chose qui faisait plaisir? Manger lui procurait une certaine dose de plaisir. Donc, manger c'était aimer? Bizarre, personne ne lui avait dit ça. D'ailleurs, elle n'était pas vraiment sûr de comprendre ce que la Louve voulait vraiment dire. Perplexe, elle la regarda avec un petit sourire. Celui qu'elle faisait quand elle avait du mal à saisir une situation : poli, un tout petit peu embarrassé mais toujours amical. Et le peluche taille réelle, animée et parlante dû le sentir. Au bout d'un moment, elle décida de passer à un autre sujet et Nini rangea sa question "c'est quoi l'amour" dans un coin de sa tête métallique.

Le visage du robot à forme humaine s'anima lorsque Louvia lui proposa de cuisiner avec elle. Voilà une perspective qui l'enthousiasmait. Cuisiner, voilà quelque chose qu'elle n'avait jamais essayé de faire et qui pourtant avait l'air assez intéressant. Bizarrement elle avait très vite bannie de la cuisine de la maison dans laquelle elle servait à l'origine. Elle aurait bien aimé aidé, mais on avait toujours gentiment refusé son aide. Peut-être était-ce dû à ces verres et assiettes qu'elle avait cassés par maladresse, ou encore à ces couverts qu'elle avait terminé par tordre par inadvertance à force de jouer avec. Ou à la porte du frigo qu'elle avait malencontreusement arrachée. Pour sa défense, la porte ne s'ouvrait plus très bien et elle avait dû forcer un peu pour arriver à l'ouvrir... Bref, la cuisine était devenu un espace qui lui avait été rapidement interdit et qui l'intriguait.

-Bien sûr! Il faudra que tu me préviennes quand tu auras une cuisine et je viendrais jou... t'aider! Surtout si tu fais un gâteau...

Un piano fut avancé sur ses roulettes jusqu'au milieu de la salle. Le pianiste, un grand dadet tout maigrelet, ses cheveux coiffés de part et d'autre d'une raie parfaite, s'installa sur le tabouret. Il délassa ses doigts, les fit craquer dans un sens puis dans l'autre.
Sous le regard hypnotisé de Temari.
La jeune femme ne semblait pas le moins du monde perturber par ce type mystérieux qui prenait un temps fou pour quelques notes de piano.

Car en effet, ce ne fut que quelques notes.
A l'image des musiques de reconnaissance des appareils de Cerclon. Celles qui durent 2 ou 3 secondes...

La musique retenti (car le gong était à présent en piteuse état) et notre présentateur présenta les nouvelles tables :