Un vers, galère... deux vers, l'enfer ! [Rp Clos]

On m'avait demandé d'aller faire un tour du côté des marécages, afin de régler un problème, nous voici donc partis quelques uns de mes gardes et moi-même. Au bout de plusieurs heures de marche dans des marrais puants et quelques alligators tués plus tard, nous avions enfin presque réussis à atteindre notre but. On avait pas idée de vouloir planter quelque chose ici... Mais bon, mon travail consistait à aider les personnes sous mon commandement du mieux possible. Donc après avoir pataugé dans la boue et avoir manqué de m'y enfoncer cinq ou six fois, un de mes gardes, pris de pitié pour le rase motte que j'étais me cala confortablement sur son dos. C'était un sacré coup pour mon égo, mais au moins je ne risquais pas de me taper encore plus la honte en m'enfonçant jusqu'à la taille quand eux n'en avaient que jusqu'aux genoux... Au bout d' encore une heure de pataugeage - enfin du moins pour eux - nous étions enfin arrivés. Je regardais autour de moi, et ne vis absolument rien d'autre qu'une grande étendue de terre, au milieu de trucs bizarre qui même pour quelqu'un de complètement saoul ne porteraient pas le nom d'arbre... Je me tournais vers la personne qui nous avait emmené jusque là pour lui demander si il se foutait de moi. Il fallait croire que non, au vu du sourire fier qu'il me dédia à ce moment là... Il était vraiment sérieux ? Bon... D'accord...

J'allais me mettre au travail quand un tremblement manqua de me mettre à terre, je me retournais quand ma garde se mit à hurler et à se mettre en position de combat. Je me retrouvais soulevée de terre pour au final me retrouver les fesses sur la-dite terre, lorsqu'un de mes gardes m'avait attrapée par le bras pour me faire passer derrière lui. Je me relevais en râlant, mais restais quand même derrière lui. Je risquais un coup d'oeil par en dessous pour voir ce qui avait causé ce remue-ménage. Des vers... Deux horribles vers de terre géants... Déjà que j'étais pas très grande, mais ils étaient deux fois plus grands que les hommes de ma garde, que d'ordinaire je trouvais immenses. Et quelques secondes plus tard, c'était l'hécatombe, la moitié de mes protecteurs furent avalés d'un coup, l'autre se regardait en se demandant s'il fallait attaquer ou fuir. Je décidais tout le monde en hurlant l'ordre de retraite mais nous eûmes à peine de temps de commencer le replis que notre guide, dont le gras significatif des bourgeois qui passent plus de temps à s'empiffrer sur le compte de ses clients qu'autre chose, se fit dévorer. Je pensais que ça suffirait à caler le vers pour un moment, mais il se tourna de nouveau vers nous.
Le reste des gardes réussirent à abattre un des monstres, mais le deuxième les pris de vitesse. Je n'eus que le temps de me mettre en arrière et de commencer à courir, maudissant le fait de ne pas avoir pris de graines de plantes carnivores.

Et voilà où j'en étais, je courrais, ma cape et mes cheveux au vent... Sautant pas dessus les branches les plus basses des marrais, que ma petite taille ne me permettait quand même pas d'enjamber. Je ne suis pas sûre, mais je crois même avoir sauté sur un alligator, à un moment... Mais vu ce qui me poursuivait, c'était le cadet de mes soucis ! Je continuais de courir de plus belle.
Au bout de quelques minutes de course pourtant, il fut presque sur moi et je réussis de justesse à l'éviter en me jetant sur le côté, et je reprenais ma route, continuant mon saut de haies. Le manège dura un moment, lui tentant de m'attraper et moi zigzaguant pour lui compliquer la tâche. Il croyait que quoi ? J'étais une experte de la course poursuite ! Bon d'accord... En général je courrais dans la maison, ou dans des rues pavées, pas dans un marrais où je passais mon temps à m'enfoncer... Mais bon le résultat était le même non ? Euh... Un coup d'oeil vers ses dents me fit rapidement penser le contraire. Mes gardes n'avaient pas les dents aussi longues...
Je maudissais en plus de ma petite taille le fait que je doive être proche de la graine que je veux faire pousser pour pouvoir utiliser mon pouvoir, donc hors de question de lui en jeter une dans la gueule pour lui faire pousser un arbre dans l'estomac.

Et à un moment, ce qui devait arriver arriva, et je me retrouvais à patauger dans la boue jusqu'aux genoux. J'eus juste le temps de faire un demi tour comme je pus et de bloquer les dents du vers avec une graine de bananier que j'avais eu le temps de trouver dans ma sacoche, ça n'allait pas tenir longtemps, mais c'était déjà mieux que rien. Il la cassa en un centième de seconde mais j'avais eu le temps de me dégager pour gagner un mètre.
Je me mis à hurler quand les dents allaient se refermer sur moi.

(pauvre... pauuuvre Ayame)

Après des jours passer enfermé dans cette immense ville, nous avions pu enfin quitter les lieux pour rejoindre ce que je considérais comme mon domaine. L'extérieur. Plutôt que de déplacer une garde entière j'avais choisi pour la solution la plus discrète, nous n'étions que deux et c'était amplement suffisant.
Un paysan nous conduisait porté par sa charrette et les deux chevaux bien gras qu'il chérissait. Qu'il chante ne me dérangeais pas, j'étais bien trop heureux de quitter la ville. Les bras repliés derrière la nuque, une tige de blé entre les dents, je simulais le sommeil alors qu'Ayame contemplait le paysage. Lui qui n'avait que rarement voyagé ça le sortait un peu...
Il avait choisi ce poste pour me suivre, être plus présent. Très bien, il devra apprendre à vivre dehors sans le confort qu'apporte les préparatifs qu'il serait possible de faire en ville. Nous n'allions pas en pique-nique, j'avais simplement décidé de sortir et le retour ne se fera que sous deux conditions : qu'il soit nécessaire et que rien ne me retienne à l'extérieur. Il le savait que me retenir en ville ne serait pas chose aisée.

Une journée entière passa, d'une charrette il fallu continuer à pied, Ayame se plaignit un temps jusqu'à s'étonner que je marche sans problème alors que mon poids était doublé par l'épée dans mon dos... Et il se tut, résigné par mon silence. Nous quittâmes une régions agricole pour finir en forêt humide, assez pour m'indiquer avec les garanties et risques que nous serions le lendemain en plein marécages. Je n'ai rien dit au semi-elfe. En plus de ne pas être son élément, les marécages regorgeais de monstres peu glorieux qui lui donneraient suffisamment de raisons de faire demi-tour seul...
La halte de la nuit le fit soupirer de plaisir, il tenta plusieurs fois d'entamer la discussion sans succès ; il me vit faire du feu à base d'un bout de bois creux, d'une branche taillée plate et de la paille que j'avais conservé en poche. La nourriture était assez simple, un lièvre fléché en pleine course et de l'eau pour accompagner. Au moins, il ne se plaignit pas du repas et accepta sans broncher de dormir à la belle étoile.
Le prochain village était à une journée, et sûrement plus si nous étions retardés, de marche, ça non plus je ne lui ai pas dit... Il se serait débrouillé pour m'assommer si efficacement qu'au réveil je serais ligoté dans cette chambre de luxe, dans des draps qui glisses plus qu'ils ne tiennent chaud avec une domestique pour me nourrir ...

Le matin j'eus la surprise d'être réveillé par l'archer, il s'était levé avant moi, l'eau chauffait déjà lorsqu'il jeta dans le petit récipient métallique quelques fleurs rouges et des feuilles de verveines. L'elfe qui sommeillait se serait-il réveillé ou faisait-il semblant de ronchonner la veille pour m'énerver ? Nous partîmes de la clairière dans l'heure et c'est en milieu de journée que nous finîmes dans les marécages...

-Je le savais ! Il pointa sur moi un index accusateur.
-De quoi ? Je faisais mine d'ignorer ses reproches.
-J'aurais dû m'en douter !

Il s'extirpa d'un puits de boue gluante en rampant sur la mousse flottante et se releva difficilement. Il avait fier allure couvert de boue jusqu'à la taille et les traits déformés par la colère. J'étais pas mieux, j'avais autant de boue sur le corps que lui mais au moins je restais calme... Quoiqu'il ait pas mal de raisons de se plaindre sur ce coup.

-Je tiens toujours mes promesses.
-T'aurais pu t'en passer.

Il ronchonna un sacré bout de temps comme ça, j'ai tenté de le faire taire par quelques ordres, mais Ayame n'obéit que lorsque ça l'arrange... Sa mauvaise humeur attira quelques sauriens pressés de faire de nous des cure-dents... J'optais pour la solution la plus simple, courir... ou plutôt nager/patauger. Tuer des monstres je veux bien, mais ces bestiaux étaient chez eux, ça ne me donnait pas envie de les exterminer alors que je piétinais leur jardin. Ayame me suivit avec plus d'agilité que je n'en possédais et rapidement nous fûmes suffisamment à l'écart pour souffler quand le boucan à bonne distance attira l'ouïe de l'elfe. Il fila alors dans une nouvelle direction sans rien dire, je le suivais par confiance.

J'avais imaginé un tas de scénarios, bandits, crocodiles, et même des plantes carnivores mais dans le genre nain de jardin rose et vers de terre géant... C'était au delà de mes compétences imaginatives. Ayame banda son arc, la flèche se ficha dans l'imposante mâchoire aux canines et pointes dentelées complexes... Je vis le monstre détourner sa mâchoire vers nous quand je m'élançais épée au dessus de la tête pour lui trancher la sienne. Dieu merci, un vers est une chose gluante dont on peut trancher la tête sans problème... Restait qu'un vers, même coupé en deux, pouvait survivre, il faudra se charger de détruire réellement le pseudo-cadavre. Nous le ferions plus tard, pour le moment le monstre ne présentait plus aucun danger.
Je rengainais mon épée et me dirigeais vers la gamine. Elle me disait quelque chose, non pas une personne déjà rencontrée mais comme un visage que je peux mettre sur une rumeur...

-Rien de cassé ?

Ayame se moqua de ma froideur une seconde alors qu'il arrivait dans mon dos... Il ne s'attendait pas à ce que je lui file un couteau de chasse et que je lui désigne du menton le corps restant du vers. À sa tête ahurie je dus donner l'ordre à haute voix.

-Ouvres-le y a peut-être des survivants là-dedans.
-Sérieusement ?

Son air dégoûté me fit sourire, j'acquiesçais un sourire narquois étirant mes lèvres... Pauvre Aya, je n'aurais vraiment pas aimé être à sa place.

Je levais les yeux vers le vers quand je le vis se détourner de moi, une flèche plantée dans la mâchoire. Je ne pris même pas le temps de me tourner vers mon sauveur et reculais de plusieurs mètres, histoire de mettre le plus de distance possible entre cette chose et moi. Une fois à l'abri, je regardais la personne qui m'avait sauvée trancher purement et simplement la tête du vers. Au moins une bonne chose de réglée. Je me rapprochais de l'homme de quelques mètres, avant de me rendre compte d'un détail, au moment où il m'adressa la parole, un deuxième homme venait derrière lui, et mon vis à vis ne portait comme seule arme que sa lourde épée, aucun arc. Le tireur était donc son compagnon.
Au bout de quelques secondes je me secouais et répondis enfin à la question de mon sauveur, m'inclinant afin de donner plus de poids à mes paroles.

- Non, je vous remercie tous les deux de votre intervention !

Je relevais les yeux vers le châtain en face de moi, alors qu'il demandait à son compagnon d'ouvrir le vers, pour voir si il n'y avait pas de survivants. Mon regard s'agrandit sous l'espoir qu'une telle chose fut possible. Je les regardais tous les deux, l'un après l'autre, puis me dirigea directement vers le blond en sautillant et m'accrocha à ses vêtements, avec un air de pure supplication sur le visage. Ses vêtements étaient aussi couvert de boue que les miens, mais je m'en fichais et continuais de m'accrocher à lui comme un noyé après une bouée de sauvetage, sachant qu'il était peut-être le seul à pouvoir sauver quelques membres de ma garde. Une petite partie de mon cerveau me disais que j'avais déjà entendu parler d'un jeune homme châtain, accompagné d'un blond, mais la partie la plus importante de mon système analytique me disais que pour l'instant le principal était de sauver ceux qui pouvaient encore l'être, vu que la personne à l'épée en avait parlé, rallumant en moi une lueur d'espoir.
J'avais beau les faire tourner en bourrique toute la journée, je tenais quand même à ma garde. J'avais une affection particulière pour le brun aux yeux rouges, qui m'avait porté sur son dos à l'aller et qui m'avait protégée contre le vers. Je voulais savoir si il avait survécu, c'était un renard comme moi, le seul qui comprenait ce que c'était de devoir rester sous forme humaine constamment.
Accrochée à la taille du blond, le seul endroit que je pouvais atteindre vu nos différences de taille, je le secouais comme je pouvais en le suppliant.

- S'il vous plait ! Aidez mes gardes !

Je voulais à tout prix faire quelque chose pour eux, comme ils le faisaient à chaque fois pour moi, même si cela signifiait me déshonorer en suppliant un inconnu. Je me tournais vers le châtain et lui lança un regard implorant.

Ayame regardait le vers d'un air dégoûté quand la mini-chose l'agrippa à la taille, il baissa un oeil étonné sur l'enfant... À son sourire je compris qu'il l'aimait bien, et contrairement à moi, lui savait qui elle était. Il leva un visage illuminé d'un sourire vers moi, l'air de dire qu'il était bien content de trouver quelqu'un qui parle et qui ne le prend pas seulement pour un éventreur de vers... j'haussais les épaules et lui tournais le dos.

-Ayame.

Se séparant de la petite, il s'approcha du cadavre géant, grimaçant et pestant contre les "gosses avec trop de pouvoirs" il planta le couteau dans le ventre et entama de tailler la chair molle. La difficulté était que l'intérieur du vers était remplit de cadavre tout frais, le couteau butait contre des morceaux d'armures, de bois et autre cochonneries du genre. Après s'être acharné pendant une bonne minute sans que le couteau ne bouge d'un centimètre, il m'appela enfin à l'aide.

-J'aurais besoin d'un peu plus de force que j'en ai.

Moi qui m'était simplement installé sur une racine à nettoyer mon épée flambant neuve, je levais un regard accusateur sur l'ami. Il venait de me retourner la lourde et... peu sympathique... tâche de trancher le vers. Je m'approchais et lui ôtait le couteau des mains, je tirais coup sec la lame sortie du vers comme elle aurait échappé à une motte de beurre. Je laissais tomber l'arme et empoignant mon épée je tranchais là où le couteau s'était arrêté. L'ouverture à peine faite, l'intérieur du lombric se déversa sur le sol nous noyant les chevilles dans un marasme d'eau croupie et bien d'autres éléments animal et peut-être humain dont l'odeur me rappelait vaguement les égouts de Tern.

L'elfe se bouche le nez et se détourna en suffoquant quand moi je rengainais l'épée sur mon dos qui se fixa sur les petites chevilles pointues accrochées à ma veste. Je me forçais à garder cet air calme, des gosses dirait 'cool', en usant de mes ressources secrètes de self-contrôle... S'il n'y avait eu la petite j'en aurai fait autant qu'Aya...

Dans le tas gluant nous vîmes du mouvement, je ne m'approchais pas. Je détournais les yeux sur la fillette et lui indiquait du doigt. Un faible sourire -histoire de pas ressembler à un monstre- je lui annonçais simplement :

-Je crois que y a des survivants.

Le pluriel n'était pas forcément judicieux, le mouvement en question n'ayant été que très bref il aurait pu s'agir de nerf excités et morts sur le coup... Je reculais en décollant mes chaussures de la boue visqueuses de boyaux et m'éloignais du monstre.
Ayame observa l'endroit indiqué un instant plus tôt et remontant ses manches entreprit d'aider la fillette à vérifier si y avait bien du vivant là dessous... Moi je préférais me promettre de changer de métier dès que j'aurais retrouver les personnes que je cherchais.

Je regardais le blond utiliser son couteau pour ouvrir la bestiole répugnante à côté de nous, je reculais un peu histoire de ne pas le gêner mais restais quand même à proximité pour attendre le verdict et savoir si un ou plusieurs de mes gardes avaient survécu. Je les fixais tous les deux avec un air septique au possible lorsque le blond demanda à son compagnon de l'aider dans sa manœuvre d'éventration. C'était une blague ? Si lui n'y arrivait pas, comment le gringalet allait y arriver ? Ma mâchoire s'affaissa lorsque je vis le gringalet en question tailler mieux dans la chair que n'avait pu le faire son compagnon qui semblait pourtant plus fort. Je bloquais complètement lorsqu'il utilisa son épée pour finir d'ouvrir complètement la chose.
J'ai rien dit... C'est pas un gringalet... Le jeune homme châtain donc, finit de disséquer le monstre.

Je cru être malade lorsque le contenu de l'estomac du machin se répandit sur nous. C'était immonde, ce truc avait vraiment un régime alimentaire inqualifiable. Je fixais le sol et le liquide malodorant, remerciant intérieurement le casse-pied qui m'avait forcé à mettre des bottes montantes pour cette escapade.
Le blond se boucha le nez, j'en fis de même, l'odeur était vraiment insupportable.
Je relevais la tête lorsque le châtain m'annonça qu'il y avait peut-être des survivants, je suivait son doigt du regard et releva rapidement mes yeux vers son visage pour voir son petit sourire. Le mien par contre me fit le tour du visage.

Je ne réfléchi pas et ôtant ma cape d'un geste vif, j'enlevais la sacoche que je portais en bandoulière en dessous et refourguais le tout dans les mains du blond, avant de sauter carrément dans les entrailles du vers. Je vis ce qu'il me montrait, une plaque d'une armure bougeait, même si faiblement. Je remontais mes manches et enfouis les bras à l'intérieur afin de repousser la plaque en question, en dessous je vis dépasser une masse de fourrure noire, que je reconnu facilement.
Je tirais sur le renard inconscient afin de le sortir de là et le déplaça le plus loin possible du cadavre. Il avait beau faire pratiquement ma taille, comme on dit la peur donne des ailes... Je le sentais respirer contre moi, mais le sang qui coulait de ses nombreuses blessures m'inquiétait au plus haut point. Je récupérais ma sacoche et commençait à chercher dedans avant de trouver la petite gourde d'eau et un tissu propre. Je ne bénirais jamais assez les personnes qui veillaient sur moi, d'avoir pensé à tout.
Je connaissais le principe mais je devais avouer que je n'avais jamais eu à soigner ce genre de blessures. Je levais vers le blond un regard implorant.

- Dites ? Vous sauriez le soigner ? S'il vous plait !

Je m'agenouillais à ses côtés posant sa tête sur mes genoux et caressant la fourrure douce derrière ses oreilles d'un geste machinal. Il entre-ouvrit les yeux mais les referma rapidement. Les larmes commençaient à venir aux miens, mais ma fierté m'interdisait de les laisser couler. Je n'étais pas seule. Je pleurerai plus tard. Il était le seul à avoir survécu, sûrement en changeant de forme, et c'était de ma faute... J'aurais dû prendre des graines de dionée... J'aurais dû les protéger moi... Pas le contraire... Je m'en voulais à mort. Je continuais de passer ma main dans ses poils courts et murmurais.

- Pardon...

[hrp : pas corrigé... la flemme...]

(il est trop tard pour se relire xD)

Je m'éloignais quand la fillette alla fouiller dans les déchets peu reluisant, de retour près de cette racine parfaite pour faire un siège je laissais tomber mon épée engluée des saletés de cette énorme chose qui ne ferait plus de mal à personne, et l'instant d'après, c'est moi que je laissais tomber contre le tronc d'arbre. J'observais les fouilles semi-archéologiques d'un oeil distrait, préférant de loin inspecter les sons qui me provenaient des alentours. Les oiseaux s'étaient remis à piailler en concert et je vis même le corps lointain d'un ragondin plonger dans l'eau... Cette résurgence de vie m'apaisa un temps, il n'y avait plus de dévoreur affamé dans le coin.
L'elfe par contre surveilla attentivement ce que l'enfant sortit de sa recherche, elle tira à elle un animal, il étouffa un hoquet de surprise en constatant qu'il s'agissait d'un renard. Il n'eut pas le temps de dire quoique se soit qu'elle appelait une fois de plus à l'aide... Et quand une enfant appelle à l'aide, Ayame part à sa rescousse... Ou quelque chose du genre.

*Un renard... C'est ça sa garde ?*

-Wu fais bouillir de l'eau !

Je le fixais les yeux grands ouvert comme un poisson sortit de l'eau lorsqu'il récupéra dans sa sacoche le récipient qui avait servit le matin même et qu'il m'envoya en pleine figure... Mes réflexes me suffirent à le récupérer avant de finir avec une bosse. J'étais abasourdi lorsqu'il sortit ensuite une petite boite et que dedans brillait un gel translucide.
Il s'approcha de la fillette et de son animal qu'elle caressait avec tendresse, approchant sa main du renard, il vérifia rapidement les plaies de son oeil expert et appliqua sur les plus importantes le gel sans même demander l'avis de la gamine. Pour éviter tout malentendu, il sourit à l'enfant.

-Gel d'Aloe Vera, c'est un antiseptique, il va aller mieux.

Il ? Parce que le renard est un mâle ?
Je ne cherchais pas à comprendre comment l'elfe savait tous ça, je partis en quête d'eau dans le coin... Dans un marais, il y a de l'eau partout, mais de l'eau propre c'est une autre histoire... Il y avait des sables mouvant, des puits de boue, plein de trucs du genre... Mais une source claire ça... fallait pas trop en demander. Je m'éloignais d'eux, avançant bien plus loin que je ne l'aurais voulu... C'est en apercevant les hautes racines caractéristiques de la mangrove que j'eus le sourire... Les marais ne s'étendaient pas aussi loin que je l'aurais cru.
C'est là que je trouvais de l'eau suffisamment claire pour être utilisée, je remplissais le récipient et revenais sur mes pas en courant. Le temps que je revienne Ayame avait allumé le feu et bandé comme il le pouvait le petit animal, concentré pour cette affaire qui lui tenait subitement à cœur.

J'installais le pot sur le feu et observais dans le silence Ayame se transformer en infirmier du jour... En le voyant faire je retins un rire, me disant qu'il m'avait traité exactement de la même façon lorsque c'est moi qu'il venait chercher lors de nos précédentes rencontres... Et qu'à chaque fois il me retrouvait en mauvais état au beau milieu de nulle part. Pauvre Ayame, il en vivait de belles depuis qu'il me connaissait.

-Comment va-t-il ?

Je hochais la tête aux explications du blond sur le gel qu'il appliquait à mon compagnon, il savait ce qu'il faisait je décidais donc de lui faire confiance une fois de plus et le laissais faire. Pendant que le châtain allait chercher de l'eau et je fus étonné par cette demande assez brusque de son compagnon d'ailleurs, vu qu'il semblait être celui qui dirigeais, j'en profitais pour me présenter au blond et le remercier de ce qu'il faisait pour mon propre compagnon. Ayame, j'appris que c'était son prénom, finissait de soigner Rin, le renard noir que je lui avais également présenté, lorsque le châtain revint avec l'eau. Je continuais de parler à mon compagnon d'une voix douce, il venait d'ouvrir les yeux, cette fois un peu plus longtemps et les garda quelques instants ouverts avant de les refermer pour se reposer un peu.

Je sursautais quand le nouveau venu me posa la question sur son état de santé, je ne l'avais pas entendu revenir, toute occupée que j'étais à parler à mon compagnon renard. Ce fut Rin qui répondit d'une voix grave et légèrement voilée, gardant les yeux fermés.

- Vivant, merci à votre compagnon...

Je fronçais les sourcils quand il prit la parole, nous autres renards avons établis d'un accord tacite de ne pas prendre la parole lorsque nous sommes sous notre apparence animale, un renard qui parle étant trop louche pour que les gens comprennent. Encore que... un renard noir était beaucoup trop rare pour que ça ne mette pas la puce à l'oreille (sans jeu de mot) des gens.
Je m'adressais à lui, puisque de toutes façons il avait décidé de se faire connaitre.

- Ne bouge pas trop quand même...

Puis je récupérais ma cape, la pliais de manière à en faire un oreiller et la glissait sous la tête du renard qui ouvrit un œil surpris en me sentant bouger. Je me levais et me dirigeais vers le châtain, devant qui je me plaçais, bien droite, devant lever la tête pour le regarder et je lui tendis la main. Une rapide inspection et je remarquais qu'elle était pleine de boue et autres substances douteuses. Je la récupérais vivement l'essuyant comme je pus sur le bas de ma tunique et la lui représenta avec un sourire d'excuse.

- Pardonnez mon impolitesse. Je me nomme Caliope Inari, je vous remercie de nous avoir aidés mon compagnon et moi-même !

(j'voulais faire un peu plus long pour me faire pardonner de l'attente mais dur dur ... o_o pour la peine j'ai fais plein de fautes)

J'inclinais la tête, le renard était vivant c'était une bonne chose. Ayame dirigeait ses "troupes" (moi en l'occurrence) c'était assez rare de le voir autoritaire, la nécessité l'emportant peu souvent sur ses devoirs. Je m'éloignais, surement parce qu'on n'avait pas besoin de moi ici. Tuer un vers je veux bien, mais soigner une bestiole je laissais ça à l'elfe.

La fillette debout, Ayame s'agenouilla devant le renard pour vérifier si les blessures commençaient, au moins, à guérir. Je le laissais à son exploration du corps animal quand une certaine Caliope Inari me tendit une main pas très fraiche. Je levais un sourcil, restait un instant perplexe devant cette attitude... D'un côté le nom d'Inari me disait vaguement quelque chose, et de l'autre, il s'agissait d'une enfant. Le temps que je réfléchisse j'avais fais un pas en avant et puis, pourquoi pas, j'avais serrer cette main tendue.

-Wergeld Ulsarys, enchanté.

La boue ne me gênant pas puisque j'en étais déjà couvert, alors un peu plus ou un peu moins... Pas l'ombre d'un sourire ne vint perturber mon humeur, non pas que la situation m'était difficile à supporter, juste que dans les marais j'avais l'impression que sourire attirait le danger.

Du coin de l'oeil je vis Aya tremper les linges récupérés dans l'eau bouillante, les en sortir et les essorés avant de changer les pansements boueux du renard... Il ferait un bon infirmier, il a peut-être loupé sa vocation. Je détournais les yeux, offrait mon dos à qui voulait me voir quand de nouveau je m'affalais contre l'arbre qui devait commencer à me détester.

-Peut-on savoir pourquoi vous étiez dans les marais ? Les gens ne s'y aventurent pas facilement à moins de chercher quelque chose de précis ou de refuser de contourner la région pour rejoindre la côte plus rapidement.

Ayame leva des yeux accusateurs sur moi, je haussais simplement les épaules alors qu'il m'incitait à être plus... doux ? La vie de ces gens n'était pas censé m'intéresser, mais voir un renard dévoré par un vers gérant et une fillette aux cheveux roses tenter de lui échapper ; sans compter qu'avec Ayame nous aurions très bien pu finir dans l'estomac du lombric aussi... On les avait aider alors, pour moi, il n'y avait aucun mal à demander ce que ces gens fichaient ici. C'était pas au gout d'Aya qui me lança un torchon sale (un bandage à laver) dans la tête l'air de dire que j'en faisais trop.

Je me levais et plongeais le chiffon dans l'eau bouillante, gardant le silence pour éviter que mon soi disant subordonné ne me fasse avaler le reste dans bandages sales qu'ils tenaient en mains.

( J'ai vu... =_=' Pour la peine je me suis pas relue non plus...)

J'haussais un sourcil au hochement de tête de mon vis à vis à la réponse sur l'état de santé de mon gardien, il n'avait pas relevé le fait que ce soit le renard lui-même qui ait répondu. Soit il avait un self-control impressionnant, soit il savait ce qu'était Rin, soit il était complètement stupide... Et j'avoue ne pas du tout savoir quelle était la bonne solution à cette interrogation...

Je fronçais les sourcils en entendant son nom, j'étais persuadé de l'avoir déjà entendu quelque part, de même que les rumeurs sur deux hommes, un petit châtain toujours accompagné d'un grand blond ne m'étaient pas inconnues. Mais j'avais beau me creuser la tête, impossible de me souvenir qui ils pouvaient bien être. Je me décidais à lui poser la question.

- Pardonnez moi, mais votre nom ne m'est pas inconnu...

J'entendis Rin gémir de douleur lorsque Ayame changea ses bandages, je me précipitais vers lui et m'asseyant en tailleur sur le sol à ses côtés, je recommençais à lui passer la main dans les poils courts de sa tête, tentant de détourner un peu son attention de la douleur. Inquiète, je me tournais vers Ayame.

- Ça va aller vous croyez ?

Puis je recommençais à caresser la fourrure douce de mon compagnon renard, avec toute la douceur dont j'étais capable. Il tenta de lever une de ses pattes pour la poser sur mon genou afin de me rassurer, mais le seul effet que ce mouvement eut fut de lui arracher un grondement de douleur. Je tendais la main afin de poser ma paume sur les coussinets de sa patte et l'enserrais doucement entre mes doigts.
Je répondis à Wergeld d'une voix distante, toute mon attention accaparée par Rin, je n'avais même pas remarqué leur manège, mais cela ne semblait pas avoir échappé à mon gardien qui avait le regard rivé sur eux.

- Un de mes marchands voulait venir ici afin de me montrer un bout de terrain contenant un genre d'engrais naturel favorable à la culture de certaines plantes. Je lui ai répété pendant des jours que le coin était dangereux, mais il n'a rien voulu savoir. Et puis, comme sa famille est l'une des plus influente du quartier de Northrives, mes conseillers m'ont bassinée pendant presque autant de temps de l'accompagner et de voir avec lui, que je ne risquais rien si j'amenais une bonne garde avec moi et que comme ça tout le monde serait content. J'avais ensuite prévu de voir avec le maitre du miroir de K'ouen qui dirige cette zone s'il était possible de s'arranger pour avoir les autorisations nécessaires pour une culture.

Je poussais un soupir à déraciner un arbre et continuais d'une voix triste.

- Mais nous avons été attaqués par deux vers, ma garde a réussi à en tuer un, perdant la moitié de son effectif et la deuxième moitié ainsi que le marchand en question furent attrapés par le deuxième. Rin m'avait poussé à l'écart avant de se faire prendre aussi, j'ai donc pu me sauver à ce moment-là... et vous connaissez la suite...

Rin pressa sa patte dans ma paume en signe de réconfort et je levais enfin les yeux sur Wergeld, continuant de faire aller et venir mes doigts dans les poils noirs.

- Et si je peux me permettre, qu'est-ce qui vous amène dans le coin, tous les deux ? Pas que j'aille m'en plaindre, mais deux hommes seuls, même si vous êtes du peu que j'ai pu en voir de redoutables combattants, n'est-ce pas un peu risqué comme voyage touristique ?

Ayame acquiesça simplement, fixant les nouveaux bandages du mieux qu'il pu, sachant pertinemment qu'il n'arriverait pas à faire ça aussi proprement que s'il était dans un véritable hôpital ou tout aussi bien dans un endroit sec, propre avec un lot de linges propres conséquents non loin.

-Je ne suis pas un pro' mais il devrait guérir, les plaies ne sont pas très profondes à croire que le vers n'a pas réussi à la mâcher convenablement, mais elles sont larges quand même. Il mettra du temps à s'en remettre sauf s'il voit un bon guérisseur.

Le regard qui suivit fut pour moi évidemment, le genre de regard inquisiteurs, suspicieux qu'il me lançait quand il voulait quelque chose de moi qu'il ne pouvait obtenir en l'exigent. Comme quoi, il m'arrivait d'être hors de son autorité, ce qui n'est pas plus mal lorsqu'on est censé être le plus gradé. J'en soupirais d'avance. Expirant l'air humide de la zone qui tapissait mes bronches de cette eau lourde d'effluves.
L'eau saumâtre avait teintés mes vêtements d'une sorte de pellicule rouille qui au fil des heures passant depuis que nous étions ici avait séché en un orange sombre du plus mauvais goût. Tout ça pour dire que je détournais les yeux et préférais de loin observer mes frusques.
L'insistance de ma nounou était claire : nous ne partirons pas sans eux. Soit, je ne comptais pas les abandonner ici, le problème étant qu'Ayame ne faisait jamais d'aussi simples et évident constats. Non, j'étais le plus costauds -en terme de force- j'allais donc soulever (pour les besoins d'un voyage rapide) mini-chose et son ami renard qui... ma foi n'était pas ce que j'appelais une garde.

En y pensant, elle était accompagnée de sa garde, elle suivait son marchand... J'allais sourire tant j'étais heureux qu'Ayame n'ait pas compris avant moi, et c'était rare, lorsque je me rendais compte que le seul à ne pas savoir qui était cette fillette ici... c'était moi. À croire que si mes muscles fonctionnaient bien, mon cerveau était aussi lent que les limaces du coin.

-Ça explique beaucoup de choses... Même si je ne comprends pas qu'on puisse engagé un animal qui parle comme garde.

Il cachait bien son jeu, mais ça restait un renard avec la langue bien pendue, pas de quoi protéger quelqu'un d'un vers. Je fis mine de ne pas être étonné, on en voyait des pas mal du genre dans l'Entre-monde, et lançait le sujet sur un autre tournant.
J'allais répondre quand Ayame se leva et laissa tomber dans l'eau déjà bien sale les derniers linges qu'il avait en main. Il pris la parole.

-Dis-moi, Wu, tu donnerais ton accord pour des cultures dans la zones ?

Un nouveau regard appuyé sur moi... J'aurais eu cinq ans de moins je lui aurais tiré la langue, sauf qu'adulte et censé me comporté comme tel, je me retins et reniflais pour lui faire comprendre que la situation n'était pas du meilleur goût. Il pouvait pas lui dire directement que Wergeld signifiait simplement que j'étais son collègue ! Aya et ses mises en scènes... Certes je n'avais rien de sa subtilité, mais il tournait autour du pot.

-Tu crois que les vers donneraient le leur ? -Blague à part je tournais la tête sur l'autre maître- Ça risque pas, vous l'avez vu, ici, pour arriver à faire pousser quoique se soit il faudrait soit avoir des amis dragons comme garde personnelle, soit... courir très vite.

Nous avions répondu à la question de la fillette -qui restait un maitre de même rang que moi- et j'avais satisfait la curiosité d'Ayame, dans un sens, il aimait bien me voir jouer mon "rôle".
Une façon comme une autre de lui révéler que j'étais bien ce Wergeld dont elle avait entendu parler. Sans omettre qu'elle était chez moi et que je n'étais pas au courant de cette sortie sur un territoire dangereux. Enfin... Je ne pouvais pas empêcher les rats des villes d'aller voir ce que font ceux des champs. Ce n'était pas mon boulot de leur apprendre la prudence, mais il faudrait qu'un jour je prévienne les citadins qu'en dehors de leur ville quelques hommes ne suffisent pas toujours à protéger des vies. En y pensant j'irais bien à la montagne, dommage que le temps ne nous le permettait pas.

-Levons le camp, j'ai remarqué que les marais s'éclaircissaient à quelques kilomètres, nous camperons dès que nous pourrons nous poser sur une terre moins humide. Mieux vaut nous diriger rapidement vers un village, il doit y en avoir un au delà de la mangrove, au pire nous serons demain en bord de mer, on y trouvera quelqu'un pour soigner... Rin, c'est ça. En attendant partons, même la nourriture que nous trouverions ici serait dangereuse.

Je n'aimais pas du tout les marais... Même si ce territoire faisait partie de l'immensité débridées que j'étais censé géré, je n'appréciais pas cette zone, elle m'était inconnue, trop instable. L'univers glauque et le risque très élevé d'essuyer plusieurs agressions dans la même journée faisait que je me méfiais du coin. Je la traversais par nécessité car perdre du temps n'était pas dans mes moyens. On nous attendait au delà de la mer, il nous fallait presser le pas.
Je tendis une main à Caliope, un sourire bref.

-Nous allons courir, sois vous grimpez sur mes épaules, sois vous courez derrière. Au choix.

L'agilité de l'archer lui permettait de porter le renard sans trop de secousse tout en me suivant non loin, et moi, j'avais beau n'être qu'un humain j'avais vécu dans la nature, nous avions ainsi le même rythme de course. Pratique, un voyage d'une semaine se transformait en quelques jours, à peine.

(tu excuseras le manque total de diplomatie du grand Stupida qu'est le maitre de K'ouen... xD)