Vers l'Infini et au-delà

Le pèlerin laissa s'envoler sa blanche monture.
La Daken pris la direction du nord.

Zakariann avait reçu un pli.
Un courrier qui était attendu.
Une impatiente à peine contenue.

Blanc Pèlerin et blanche monture.
Tout deux fendaient l'ivoire des nuages.

Le frère de la Silnà mis pied à terre.
Tout en haut de cette falaise.
Embrun, écume et iode emplissait l'air.


Une silhouette se dessinait à l'horizon.
Nul doute qu'il s'agissait d'Azurée.

Son sac calé sur son épaule, Zak était prêt.
Torches, bandages et couvertures.
Nourriture, cordage et fournitures.

Le griffon se posa lourdement sur le sol sec. Des graminées résistantes commencèrent immédiatement à me chatouiller les mollets au travers de mon pantalon de toile.
L'animal était à bout, le voyage accomplit d'une seule traite il rêvait de dormir et de manger. Je pouvais au moins lui accorder le premier. Je sautais au bas de ma monture et je caressais son bec en guise de remerciement.

Laissant-là l'oiseau, je partais retrouver Zakariann. Son coursier était bien plus rapide que le miens, la preuve était qu'il m'attendait déjà. Sac à dos et carte en mains, je le retrouvais avec plaisir.

-Bonjour à toi mon frère. Ton voyage s'est-il bien passé ?

Notre précédente rencontre à l'auberge m'avait laissé inquiet. Notre rendez-vous ici pouvait être espionné.
Je ne craignais pas les membres de l'auberge mais ceux qui en étaient les invités. Des sang-mêlés et des impies qui marchandent leur foi et leur aide sans loyauté pour leur espèce première.
Ils n'ont rien à faire avec nous, leurs oreilles tendues vers nous peuvent ne pas être aussi amicales qu'ils le prétendent.

Je déroulais ma carte et repris les quelques indications que nous avions remarqué ce soir là à l'auberge. Sans trop en rajouter. J'étais tendu, un effet secondaire du long voyage terminé sur cette île ou simplement une méfiance persistante.
Savoir que Zakariann a réussi à piller un temple au nez et à la barbe d'Ho'una et de son prêtre ne manquait pas de rendre la situation délicate.

Avant de nous mettre en route, je l'observais avec sérieux.

-Que feras-tu de ce que nous trouverons là-bas ?

Nous sommes de moins en moins nombreux.

-Le Sire n'est plus là, les Tiers ne donnent pas signe de vie... Que pourrions-nous faire de ce que nous apprendrons ?

Plein de questions me taraudent depuis des jours.
La Silnà seule et toujours plus faible devrait peut-être se trouver un allier en ce monde. Qui de mieux placer que l'Entre-Monde et ses populations qui ont toutes connues le véritable libre-arbitre ?
Aideront-ils la Citadelle à ne pas tomber ?
Et si nous découvrions quelque chose de capital pour notre survie ?
Pour la fin des Dieux ?

-Ce n'est pas dans notre nature d'être frileux... Mais mon voyage a été long.

Zak Sourit à son frère.
Le voyage l'avait visiblement marqué.


Le pèlerin se mis à rire.
Il n'y avait pourtant rien de drôle.
Il était simplement bon de pouvoir être naturel.

Puis son frère déroula une carte.
Puis son frère posa une question.

Une gifle.
Une douleur.
La peur.

Il n'y avait jamais pensé.
Il n'avait pas même conçu l'idée...


L’insouciance disparaît.
Le poids d'un fardeau...
Soudain se fait sentir.


Le pèlerin ne trouve rien d'autre à dire.
Cette aventure entière le plonge vers l'inconnu.

Son frère semble s'en inquiéter depuis quelques temps déjà.
Il tient le discours d'un homme qui a réfléchi au problème.
Un problème qui pourrait bien causer la fin de la Silnà.

Quoique nous trouvions, on ne peut décider seul. Il faudra tout ramener à la Citadelle.
Il y a là-bas des gens plus sages et plus avisés que nous.

Zakariann se mis en marche.
Ils avaient le temps de discuter en route.


Le sourire nacquit de nouveau sur le visage du pèlerin.
Il en allait toujours ainsi quand il évoquait Daenerys.

Spoiler:

Nous étions au moins d'accord là-dessus. Tout ce que nous trouverons reviendra à la citadelle.

-Ta femme a raison. Il n'y a aucun doute à avoir.

Avancer droit devant c'est une façon de vivre.

La carte indiquait la présence d'un village. Notre marche tranquille nous y mena rapidement. A l'orée du bois qui l'entourait, j'observais la disposition des lieux.

-C'est assez petit, il ne doit pas y avoir plus de quatre familles. Mais le sentier remonte plus haut dans les collines.

Les yeux de nouveau sur la carte, je présentais une vision en 3D à Zakariann de colline verdoyante mais inlassablement vides.

-Et il n'y a rien par là-bas.

Je rangeais la carte et me frottais les bras. En s'éloignant de la côte, le froid était moins humide et pourtant plus mordant.

-On commence par le village ?

Zak opina du chef.
Il prit la direction du village.


Le hameau était simple.
Des enfants jouaient dehors.
Il saluèrent les étrangers.

Deux femmes sortirent d'une maison.
Un homme apparu au seuil d'une autre.

Cela se voyait à leur sourire.
Cela se sentait dans leur regard.
Cela s'écrivait dans les sillons de leurs mains.

Il se présentèrent.
Yoal, Jeanne et Marta.

Bonjour.
Je me nomme Zakariann et voici mon frère Azurée.

L'homme nous demanda ce qui nous amenait dans le coin.
Il ne pouvait se douter qu'il soulevait là un mystère.
Le pèlerin blanc n'avait pas la réponse à cette question.

Il se contenta de regarder son frère.
Espérant qu'il ai plus de répartie.

Je tentais un sourire jovial en arrivant auprès des autochtones. Zakariann nous présentation très simplement. Un peu comme si nous étions tombés du ciel. Ce qui amena, bien entendu, des questions auxquelles nous n'étions pas préparés à répondre.

-On nous a parlé de monuments anciens dans la région. Nous sommes missionnés pour les trouver et en vérifier l'état.

Aucun des trois ne sus quoi dire là dessus. Des monuments anciens, ça ne leur parlait pas du tout. Ce qu'ils s'empressèrent de nous faire remarquer.

-Très ancien, même. Ils doivent ressembler à de vieux amas, de pierres certainement s'ils sont en surface. Ou peut-être avec vous connaissance de grottes ou d'endroits peu accessibles près d'ici ?

Yoal se montra plus loquace que ses compagnes, il nous indiqua vaguement un lieu vers l'ouest, à plus d'une heure du village.
Je regardais Zakariann en quête de son approbation. Il pouvait s'agir de n'importe quoi, surtout aux yeux d'un paysan. Mais une piste est une piste.

Zakariann remercia le paysan,
Avant de prendre la direction indiquée.


Le pèlerin blanc sourit de bon coeur.
La compagnie d'un frère le mettait de bonne humeur.
Ce n'était pas un peu de marche qui allait l'assombrir.

Je ne sais pas ce que nous trouverons, mais je ne
doute pas que nous le trouvions.

Le frère de la Silnà était de nature optimiste.
Le doute, le secret, le calcul...
Tout cela, il l'avait appris de ce côté de la faille.

Mais aujourd'hui, il se retrouvait tel qu'il était à la citadelle.
Il était temps d'apporter un semblant d'avenir aux siens.

Le temps fila.
Le paysage défila.
Les ruines apparurent.

On devinait des colonnes, des piliers et des décombres,
Ensevelis sous une épaisse couche de végétation.

Bon... et bien au boulot.

Le frère de la Silnà dégaina sa lame.
Avant toute chose, il leur faudrait débroussailler.
Ensuite, les véritables fouilles pourront commencer.

-Je vois que tu es plein de confiance, mon frère, mais moi, je doute que nous trouvions quoique ce soit si vite... Ce paysan avait l'air de ne pas du tout savoir de quoi il parlait. Il pourrait nous avoir indiqué le premier tas de gravas auquel il a pensé.

Le sourire de Zakariann était contagieux. Au départ un peu bougon car nous partions en chasse à la fée bleue je me laissais peu à peu gagner par la joie de mon frère.

-Je n'avais pas marché dans la campagne en si bonne compagnie depuis longtemps. Je me rends compte que ça me manquait.

Bien sûr, le temps passait et mes jambes accusèrent progressivement les kilomètres. Ces îles coupées du monde n'attiraient personne, j'espérai donc que la chose que nous cherchions n'ait pas été déplacée depuis l'écriture des messages secrets dans l'ouvrage volé à Ho'una.

-Aah...

Rien n'y personne n'a fait le ménage ici depuis des siècles. La nature n'aime pas l'ordre et la propreté alors bien évidemment...

-Attends, j'ai ce qu'il faut pour nous faciliter la tâche.

Je n'ai pas traversé mers et campagnes pour faire du jardinage. à l'extrémité de mon Hope un laser blanc se matérialisa. Il tranchait facilement les épaisses lianes et lierres semi-centenaire.

Pas moins d'une heure après quelques rochers étaient déblayés, la plupart n'étaient justement que de gros cailloux peu épargnés par l'érosion accélérée des vents marins. D'autres me parurent se démarquer.

-Nous sommes sur une île argileuse sans carrière de marbre et ce rocher là-bas c'est du marbre, j'en mettrai ma main au feu.

Donc importé, donc il se pourrait que nous en trouvions d'autres comme celui-là.

-Je retire ce que j'ai dis sur ce paysan. J'ai été ingrat...

Spoiler:

Les frères ne ménagèrent pas leurs efforts.
Bientôt la nature rendit les armes.
La pierre mise à nue se révéla.


Le pèlerin blanc examina le marbre.
Oeil et doigt effleurèrent la pierre.


Zak cherchait dans sa mémoire.
Tout en parcourant les ruines,
Il essayait de donner corps à cette sensation.

Alors, son pied rencontra une charnière.
Ou bien ce que le temps en avait laissé.


Le pèlerin se tourna vers son frère.
Un large sourire aux lèvres,
Tel un enfant qui reçoit un cadeau.

Je parie qu'il y a une trappe en dessous.
Tu en dis quoi ? On essaye de le bouger ?

Nos forces unifiées vinrent à bout de la charnière sans aucune difficulté... La trappe n'avait pas bougé pour autant. On se retrouvait un loquet de fer rouillé dans les mains et une trappe coincée sous les yeux.

-Système D.

La trappe avait subit les affres du temps. De quoi coincer d'arthrite tout un bain d'huile, rien d'étonnant à ce qu'elle face sa capricieuse et refuse de nous céder le passage.

La lame énergétique de mon boomerang délogea de l'interstice plus de pierres, de sables, de racines qu'il n'y en aurait dans la caverne familiale d'un géant de pierre. Une fois cette découpe faite, je brandis la charnière. La tige de fer brut avait souffert, je ne doutais cependant pas de sa solidité. Nos ancêtres ne fabriquaient pas de la camelote comme on en voit tant dans l'Entre-Monde !
L'extrémité glissée dans un trou, un rocher plus ou moins rond dessous, et de l'autre j'invitais Zak à m'aider à faire levier.

Quand la trappe céda brusquement sur une moitié, je volais au sol. Un vent vint nous défriser les moustaches, chargé de spores, d'humidité et d'une quelconque charogne pourrie : un nid à rats.

Dans mon sac je cherchais une lampe torche. Elle s'alluma après quelques coups sur la vitre.

-C'est parti.

Une volée de marches nous entraînèrent dans les profondeurs de l'enfer...