Les arbres de la joie

Mes deux comparses s'étaient lancées dans la mêlée, et j'ai dû courir pour ne pas me faire distancer. Les gardes les encerclaient déjà Hiryu et Leiline. Me faufilant à leur suite, ils ne remarquèrent pas ma présence, focalisés sur les deux menaces plus immédiates. J'assénais un coup de pommeau lourd pour neutraliser l'un des gardes proches d'Hiryu, et menaça les deux plus proches de mes armes.

L'un des gardes se retourne pour me matraquer, je le frappe du plat de la lame de Mori. Nous reculons tous deux du contre-coup, mais lui beaucoup plus que moi. J'en profite alors pour lui planter mon Cembre dans le mollet. La brûlure infligée lui extorque des hurlements de douleurs. Je lui retire la lame, la morsure encore vive de la lame devrait l'empêcher de bouger. Mais cela ne dissuadait guère les gardes de déposer les armes.

Les ouvriers, quant à eux, dans la panique, préparaient leur retraite. Certains des gardiens se retournèrent pour constater leur baisse drastique de main d'oeuvre et claquèrent de la langue.

- Tss, faudra rattraper ces couards... Mais avant, ARRÊTEZ-MOI CES INTRUS !!!

La voix venait d'un des gardes restés en retrait. Ok, ça devrait être lui, le contre-maître de ce chantier illégal. Une armoire à glace, un fouet à la ceinture, une casquette dissimulant ses yeux.

- RAAAHHHH !!! Bande d'incapables !! La main d'oeuvre de qualité, ça se perd !

Il dégaine son fouet. Il émettait des petits arcs électriques.

- Allez, ramenez-vous ! Je vais vous mater, moi !

Les gardes qui s'approchaient de moi se retrouvaient criblés de carreaux... Dans les jambes. L'épicière est vraiment bizarre ! On dirait un gamin qui se bat et qui tape dans les genoux... Note à tous ceux qui passeront ici : battez-vous sérieusement s'il vous plaît. Il faut du sang, des morts ! Pas des gens qui se tiennent les jambes... On dirait des randonneurs qui ont des crampes.

Je me tournais vers les plus proches de moi, plusieurs à terre. Si l'hybride ne les achevait pas, j'allais m'en occuper ! Enfin... Si un autre type me laissait tranquille d'abord. Il n'avait pas encore pris de carreaux. Allons rectifier le tir.

Les lames dansèrent, s'entrechoquèrent. L'autre savait bloquer. Je lâchai Fuyu pour passer Seitoshi en mode double lame. Un autre type s'approchait, j'allais devoir le cueillir. Tournant sur moi-même, j'arrêtais un coup du nouveau venu et tenter d'en asséner un au nouveau. Ils voulaient jouer ? Parfait, moi aussi.

Ma lame commençait à tourner comme un bâton de combat. Je prenais avantage de la blessure du nouveau venu en jouant sur les déplacements, m'éloignant de lui et chargeant rapidement pour le mettre en mauvaise posture. Il n'avait pas de chance, sa lenteur, due à ce carreau, le rendait particulièrement vulnérable. Un coup au genou pour lui, puis deux sur la nuque, et tout en bloquant l'autre, j'envoyais une dernière projection et fit tomber sa tête.
Reprenant mes assauts, l'autre ne fit pas non plus long feu, les coups venaient de toutes part. Je le finis en bloquant toute retraite, marchant sur son pied et plantant la lame dans son ventre.

Le combat faisait rage à côté. Un gros type approchait de Litchi et de Leiline. Il avait l'air plus costaud que les autres ! J'étais presque jalouse de ne pas pouvoir venir plus vite. J'avais deux nouveaux gardes qui avaient besoin d'une bonne danse. Enfin ! Amarok s'en occuperait au moins. Il rejoignait les côtés de Litchi pour l'aider à contenir le prochain assaut.

J'm'occupes des autres ! Rétamez-le ! Dis-je en m'éloignant de mes deux gardes et en attaquant dans le dos un troisième garde qui s'approchait de mes coéquipiers.

J'étais totalement aveuglée par l'envie de sang et de combat, aveuglée par ma propre confiance en moi. Trois gardes d'un coup, ce serait dur... Mais que voulez-vous, plus dur le combat est, plus drôle il est.

La femme-chat était encore loin lorsque le gros balourd débarque sur le chantier. Un homme plutôt baraqué qui surprit Leiline de part son apparition aussi soudaine que par l’arme qu’il utilise. Intérieurement, elle sourit se disant qu’elle devrait voir pour faire la même chose avec son propre fouet.

Mais ce n’est pas le moment de tergiverser, un gros type louche débarque furax pour les envoyer paître, voire pire. La féline observe son environnement et Alibert commence à paniquer et à s’envoler un peu partout autours d’elle qui claque des doigts par réflexe.

- Alibert ce n’est pas le moment, revient tout de suite !

Elle le récupère de force et le garde près de son épaule. Une idée vient à l’esprit de notre aventurière. Elle se rapproche vite de l’Alchimiste et lui chuchote à l’oreille.

- Richye, tente d’attirer ce mec vers l’arbre derrière. – Elle lui désigne le végétal en question d’un geste discret de la main. – Fait le tourner autour s’il le faut et surtout évite tout contact physique avec.

Elle se précipite vers son objectif avant d’entendre de nouveau cette voix rauque.

- Toi là, va vite rattraper la femme en train de courir !

« M*rde », le seul mot qui vient à l’esprit de ladite femme qui, sur plusieurs mètres, se fait vite rattraper par l’ouvrier envoyé par le contre-maître. Elle se détourne de sa destination pour attirer l’homme vers le scientifique. À même pas quelques mètres du petit homme-taupe, Alibert quitte en vitesse l’épaule de sa dresseuse et se dirige droit vers le poursuivant.

- Alibert !

Le Precious par un élan de courage – ou d’inconscience au choix – vol sauvagement en plein visage de l’homme et commence à virevolter dans tous les sens autour de son visage. Le gars ne sait plus où donner de la tête et donne des coups de le vide, essayant de se débarrasser du gêneur.

Malgré l’étonnement de la situation, Leiline ne rate pas une occasion comme celle-ci. Elle arrache la matraque des mains de la taupe en blouse et profite que l’odieux ouvrier ai le dos tourné pour lui asséner un gros coup de matraque en plein derrière la tête.

L’homme tombe à la renverse, désormais inconscient. Dans un hochement de tête, un léger sourire au visage, elle se tourne vers le petit colibri.

- Bien joué Alibert !

Elle s’empresse de retourner auprès du scientifique et lui redonne sa matraque.

- Vous voyez ? C’est comme ça qu’il faut faire !

Mais le temps presse, elle doit vite retrouver l’arbre indiqué à Richye. Ils y sont déjà, son poursuivant lui a fait perdre trop de temps pour pouvoir mettre en place son effet de surprise. Saleté d’ouvrier.

Leiline m'indiquait un arbre où leurrer l'espèce d'armoire à glace qui nous faisait face. Aucun contact physique, en même temps, vu le colosse que c'est, je me doutais bien que s'il me mettait la main dessus, ça barderait pour moi. Heureusement, une fois en forêt plus dense, ma carrure et mon agilité m'avantageront sur cet énergumène.

Du coup, pour m'assurer son attention, je lui décochais une volée de carreaux métalliques en direction de son épaule, si ça pouvait en plus l'affaiblir un peu. L'un des carreaux se fichait dans son épaule, les autres le frôlent. Dans un hurlement de douleur, il arracha le trait et vociféra dans ma direction :

- Toi ! Je vais te briser !!

Ok, donc, mon carreau ne lui a rien fait, si ce n'était de l'énerver encore plus. Je me précipite dans la forêt, près du lieu indiqué plus tôt par mon amie hybride. Le contremaître me coursa et hurlait :

- Tu détales comme un lapin ? Chien ! Couard !

Il essayait de m'avoir de son fouet, qui eut bien du mal à m'atteindre, bien que je sentais le sifflement de celui-ci dans mon dos, non loin. Mon cembre à la main, je lui rétorquais :

- Ne penses-tu pas que tu te fourvoies en pensant que je fuis ?

Son fouet devenu quasi inopérant, je zigzaguais entre les arbres pour lui asséner des coups de cembre. Il esquivait plutôt bien pour sa carrure, j'arrivais à le toucher un peu, mais rien qui puisse le neutraliser.

- Tu vas arrêter de bouger, oui ?!?

- Et te laisser m'avoir ? Je ne crois pas !

Je ne savais pas combien de temps cette petite danse allait durer, mais j'espère que Leiline avait un plan béton en tête.

Les trois types m'encerclaient... La scène me rappelait étrangement un combat similaire durant l'invasion de pirates. Cependant, cette fois j'étais bien plus équipée ! Un seul de mes titres faisait une grande différence : Tchi. Je reposais de plus en plus sur ce titre maintenant.

Chargeant le plus excentré des trois, je le poussai d'un coup de pied et continuai mes assauts répétés à coups d'épée. Entendant les pas derrière moi, je me retournais et envoyais une première projection contre un des types qui levait son arme bien haut pour avoir plus de force. Le dernier m'attaquait sur le flanc et je ne réussis qu'à limiter la casse en faisant un pas chassé.

Hmpf !

Je grognai en serrant des dents, posant mon regard injecté de sang sur lui. Celui de derrière revenait pour me finir. Il poussait des gémissements assez forts pour que je puisse le localiser sans le voir. Donnant un premier coup vers celui de devant moi pour le faire reculer, je me servais de la seconde lame de Seitoshi pour frapper mon nouvel assaillant et le finir.

Une brochette d'ennemis ! Mes préférées... Je retirai rapidement mon épée pour parer un autre assaut. Mon épée tournait dans ma main comme un bâton de combat. Je frappais sans cesse son épée qu'il utilisait pour se défendre avant de le balayer d'un coup de pied. Seconde projection. Elle partait dans l'autre sens, vers là où devait se trouver mon second assaillant, je le sentais juste derrière moi. Raté... Je me prenais un coup d'épée sur le flanc droit. Encore.

J'agrippais violemment la lame encore dans ma plaie, usant de la force pour la bloquer ici. Je gardais en vue le type au bout de l'arme. Second mort. Je plantais Seitoshi dans la gorge du garde au sol. Hurlant à la gueule du dernier survivant, je lâchais mon arme et envoyais une projection sur lui. À cette distance, pas question de ratée. Une giclée rouge me décorait maintenant le visage. Le garde tombait, mort.

Je tombais aussi de fatigue, me tournant vers mes coéquipiers pour voir leur combat tout en faisant apparaître des lambeaux de vêtements que j'utilisais comme bandage.

Leiline revient vite auprès de la zone de l’action. Elle garde son arbalète en main et une certaine distance entre l’étrange danse constituée de jeux de jambe qu’effectue son collègue Alchimiste contre le type barraqué.

Elle se rapproche de quelques mètres, observant si aucun faquin est proche d’elle. Hiryu et en mauvaise posture. Richye, pas mieux. Il faut faire un choix. Pour l’hybride, il est clair : le type baraque est bien plus dangereux avec son arme à distance.

Elle range aussitôt son arme afin de ne pas s’encombrer et se cache d’arbre en arbre, suivant à la trace les déplacements de son confrère. Enfin près de l’arbre, l’ennemi est de dos. L’hybride s’empresse de grimper sur la première grosse branche, plus haute de quelques centimètres du crâne du gros costaud.

Une fois ce dernier trop occupé, Leiline se laisse tomber sur son dos et s’agrippe à son cou.

- Richye, écarte toi !

Il lui a fallu quelques secondes pour lui infliger une décharge suffisamment puissante pour le sonner, accompagné d’un hurlement de femme qui couvre tout le brouhaha de l’affrontement. Elle n’a pas l’habitude de lâcher autant d'électricité de son corps d’un coup

Ils tombent tous deux à la renverse, l’homme encore prit de spasmes et la femme-chat a bien du mal à se relever. Dès qu’elle retrouve possession de ses moyens, elle se dépêche de récupérer le fouet électrique qu’à laissé tomber le manant lors de sa décharge.

Après vérification de l’hybride, il a un poul. Elle retourne auprès de l’Alchimiste, titubante mais fière de sa nouvelle acquisition qu’elle tend vers le ciel avec un sourire vacillant.

- J’veux trop le tester !

Mais elle tourne la tête et déchante vite à la vue de Touen au sol, plusieurs parties de son corps en sang.

- Hiryu !

La minette se précipite à son chevet et commence à palper la peau de la blessée, histoire d’analyser les plaies. La fine lame a eu le réflexe de se faire des bandages avec des lambeaux de vêtements mais ce n’est pas assez.

- Ça va aller Hiryu ? Richye, tu as de quoi la soigner ?

Si Leiline ne m'avait pas hurlé de m'écarter, je ne l'aurais pas vu se faufiler dans les branches, et aurais été bon pour la sublime décharge qu'elle asséna au malandrin. Le mastodonte s'effondra, et l'hybride également. Je l'aidais à se relever, et elle se décidait à confisquer le fouet électrique du contre-maître.
C'est là que nous apercevions 4 corps au sol, Hiryu avait abattu les 3 gardes qui l'avaient agressé, mais était salement amochée.

- Hiryu !

Son flanc a été tailladé par deux fois, et saignait abondamment. J'apportais mon Sarkina, et piochais vite dans la partie "soins d'urgence" de mon casier. Un petit tube dans la main, j'appliquais une crème pâteuse à souhait sur la plaie, avant de remettre son bandage :

- Tiens. Ça ne fera pas de miracle, mais la Coagualite empêchera l'hémorragie pendant 2 heures, le temps de se mettre à l'abri, ou de pouvoir te rapatrier au Sanctuaire.

Je massais autour de la plaie pour ensuite la recouvrir entièrement. Le saignement s'était enfin arrêté.

- Est-ce que ça va mieux ? Tu peux te relever ?

Je tendais ma main pour l'aider à se relever.

Un "Hiryu !" commun me fit comprendre qu'en une décharge le combat était terminé. Mes deux équipiers étaient venus à mes côtés pour voir ce qu'il se passait. Je souriais à Leiline qui était la première à arriver.

Ouais, ouais, j'en ai vu des plus dures !

Et puis... Il me suffisait de me transformer pour éviter le pire. J'avais juste attendu qu'ils arrivent pour au moins comprendre que l'épée... C'était moi. Néanmoins, mon plan ingénieux fut pris de court, Litchi s'occupait d'appliquer une crème étrange sur mes blessures, et en quelques instants, pouf ! Plus de sang ! Un magicien... C'était un magicien !

Je me retenais de leur annoncer que je pouvais me transformer en épée, vu la puissance magique de la crème, Litchi avait dû me donner un truc rare ! Sympa ce Litchi quand même !

Euh... Bah.. Comme neuf ! Dis-je en me relevant seule, poussant un long soupire de fatigue.

Le sang avait beau cessé de couler, ma forme n'était pas la meilleure. J'avais connu mieux pour une randonnée. Mon corps me hurlait de me reposer... Le contre-coup de l'utilisation de mon pouvoir...

La taupe ? On y est aux arbres ? Parc'que j'aimerais r'partir moi. 'Veux dormir, et aller chez l'forgeron. Alors récupère tes brindilles et on y va !

Hiryu semble aller mieux et les soins prodigués par Richye sont plutôt efficaces, mais pas miraculeux. Touen devra certainement passer par la case Sanctuaire si elle veut recevoir des soins plus poussés. Mais connaissant la tête brûlée, des chances que cette dernière refuse la proposition …

Le pauvre petit homme taupe qui s’approche du groupe après le carnage se fait de suite happer par la fatigue de cette dernière pour savoir ce qu’il en est de la mission.

- Hummm, c’est que .. comment vous dire que … Mes collègues scientifique oui ne sont pas sur les lieux non … Donc je soupçonne que ces malandrins les ont fait fuir … Ou bien …

- Ou ils se sont fait capturer.

Ce n’est pas dans l’habitude de l’hybride d’être pessimiste mais aucune piste ne doit être écartée.

- Le soucis c’est que s’ils détiennent les autres scientifiques en otages, nous ne pourrons pas y aller, du moins pas avec Hiryu dans cet état. Je propose que nous cherchons dans les environs s’ils n’ont pas eu le temps de se cacher avant l’arrivée des travailleurs.

Leiline se tourne vers ses camarades. Pour le coup, elle est à court d’idée sur la marche à suivre.

- Vous avez une idée ?

HRP: