Aux petits bobos, les grands remèdes

Mon pirate de médecin me ramène jusqu’à ma chambre sans cérémonie. Ce n’est peut-être qu’une impression mais je crois que Moana est fâchée. Qu’ai-je pu dire qui aurait pu la mettre en colère ou la vexé ?

Du sauvetage en milieu isolé ? Et c’est à moi qu’on dit d’être prudente n’est-ce pas madame Ikuma ?

J’essayai de plaisanter un peu pour dérider mon amie. Sans attendre, elle m’installe dans une chambre et m’aide à m’assoir sur un gros fauteuil bien rembourré. Avant qu’elle ne me lâche, je l’enserre dans mes bras et lui souffle à l’oreille

Merci de t’occuper de moi Moana.

Mon amie s’échappe rapidement pour aller chercher le radiologue. J’essaye de m’installer différemment dans l’énorme fauteuil où l’on pourrait facilement s’installer à deux. Après quelques minutes, le radiologue fait son entrée dans la chambre et commence son discours. Il s’attèle à toute une explication scientifique et tout ce charabia incompréhensible des médecins. Je retiens que j’ai deux côtes cassées et qu’il me faudrait au minimum trois à quatre semaines de repos complet. Cela va être long, surtout s’il faut rester coincer au Sanctuaire. Heureusement, il y a Moana pour m’aider à survivre à un séjour au Sanctuaire. Moana qui ne rentre pas dans la chambre après le départ de son collègue. Je me lève péniblement du fauteuil, certes confortable mais une plaie quand il s’agit d’en sortir en ayant des côtes cassées. Je m’approche de la porte et lance à Moana que j’entrevoie dans le couloir :

Moana ? Tu es fâchée ? je ne voulais pas te vexer. C’est difficile pour moi de rester en place à dépendre des autres. Je suis une idiote, désolé.

Je me rapproche de la porte ce qui me vaut de glisser sur une radio perdue par le radiologue.

Le fauteuil stoppe ma chute en douceur. Fauteuil qui aurait dû se situer nettement plus loin dans la chambre. Soit, j’ai hérité de la chambre hantée du sanctuaire et le fantôme m’aime bien. Soit Moana vient de m’éviter un nouveau tour dans les machines du sanctuaire. Cette dernière pose se mains sur les accoudoirs et me sermonne. Je lui tapote le front et lui dit :

Mon amie fait la tête, alors je vais la voire.

Elle me prend dans ses bras et s’excuse. Je lui caresse délicatement les cheveux et la réconforte :

Restes comme tu es. Moi, je suis une girouette qui ne supporte pas l’immobilisme alors tu imagines bien que ce fauteuil roulant m’insupporte au plus haut point !

Ma petite tirade me vaut une caresse sur la tête visant plutôt à me décoiffé qu’autre chose. Je profite de ne plus être coiffées pour retirer mon tricorne et le lancer sur le lit. Je replace mes cheveux tout ébouriffé et lance à Moana qui me propose une glace ou des sucreries

Alors, comme je suis la patiente, je réclame un banana split ! Après tout, il me faut du calcium pour réparer tout ça !

Prise d’un fou rire, je me tords un peu de douleur. C’est nul d’avoir les côtes cassées… Je me glisse jusqu’au fauteuil roulant en bonne patiente et laisse Moana remettre en place le fauteuil. En chemin je demande à Moana :

Par contre, j’ai mon precious qui m’attend à la caserne. Je ne doute pas que les autres le nourriraient mais il faudrait que je le récupère, il est un peu énergique en mon absence d’après eux.

Glad l’avait même qualifié de démon jaune. Pourtant Taiyo est un amour de precious, toujours calme avec moi…

D’un professionnalisme à toute épreuve, mon médecin favori pousse mon fauteuil jusqu’à la cafétéria. Elle m’abandonne quelques instants pour aller chercher de quoi nous faire un petit gouter. Qu’arrivera-t-elle à dérober pour notre goûter ? J’hésite à me lever pour essayer d’espionner mon amie en plein larcin par curiosité mais elle risque de me punir si je me lève du fauteuil. Il ne lui faut pas longtemps pour revenir avec deux grands bols de mousse au chocolat.

C’était un cambriolage de haut vol. Donnes-moi les deux bols et je mangerai tout ! C’est que ça creuse la bagarre finalement.

Reprenant son guidage de fauteuil, Moana m’emmène au réfectoire du Sanctuaire. L’ambiance y est plus agréable que dans le reste de bâtiment, moins aseptisé, plus vivant. Elle s’installe sur une chaise et pose ses pieds sur un banc. J’essaye de faire pareil mais le fauteuil décide que non, je n’ai pas le droit et commence à rouler en arrière. Il me faut quelques secondes pour réagir et me saisir d’une des roues et stopper la fuite en arrière du fauteuil. Hilare, j’essaye de ramener tant bien que mal le fauteuil prés de mon amie. Pendant la pause mousse au chocolat, Moana propose une opération secrète pour récupérer Taiyo. D’humeur taquine, je lui rétorque :

Je ne sais pas, qu’en dit mon médecin ici présente ? On pourrait utiliser mon insigne pour s’y rendre en catimini.

En soit se promener jusqu’à la caserne ne serait pas un obstacle surtout avec le miroir des sanctuaris. Ça amuserait tout le monde en plus !

Qui a dit que j’avais un médecin normal qui conseillait du repos à ses patients ? Pas moi en tout cas, mon médecin, elle me conseillera plutôt de partir en randonnée à dos de dragon. Moana, médecin peu orthodoxe. En voilà une bonne appellation pour sa plaque de bureau. Il faudra que je vois avec Ayren pour faire ça pour lorsqu’elle sera titularisée.

Mes collègues ?! Ils vont plutôt reluquer la jolie doctoresse qui va m’accompagner.

Profitant de ma distraction, Moana essaye honteusement de me subtiliser une cuillère de mousse. Mousse que j’écarte. J’assène au passage un coup de cuillère sur la main de la voleuse en herbe.

La mousse au chocolat, c’est sacré ! Pas touches !

Moi extrême ? Pas du tout, on ne vole pas la nourriture d’un blessé, surtout quand il s’agit d’un dessert ! Remontée à bloc à l’idée de se promener jusqu’à la caserne, Moana me pousse à manger plus vite pour qu’on aille récupérer Taiyo. Mon bol fini en quatrième vitesse, je le tend à Moana et attrape mon badge pour ouvrir une porte vers la caserne. Où ouvrir une porte dans la caserne ? Taiyo est dans l’open-space, certainement en liberté à voleter un peu partout. Autant aller directement à l’Open-space. On croisera peut-être les collègues.

En route pour le kidnapping ! Direction, la caserne.

Je fais rouler mon fauteuil en direction d’une des portes du réfectoire et active mon badge pour que l’on atterrisse directement dans l’Open-Space de la caserne. A cette heure, les bureaux devraient grouiller de vie et, normalement, ne pas être trop mal rangés.
Notre arrivée ne passe pas vraiment inaperçue. Juste derrière le chef qui beugle ses consignes de prudence aux autres. Comme à chaque fois que l’un de nous reviens en compote. Je patiente un peu, attendant un blanc dans son discours :

Tout va bien pour moi, Chef, inutile de vous en faire. J’ai un super médecin pour s’occuper de mon cas.

Ma tirade amuse mes collègues qui se fendent d’un rire.

Mon super médecin s’annonce avec un petit trait d’humour. Pas sûr que mes collègues comprennent la référence… Entre les mécaniques et Morok, il n’y a bien que Morgan et Glad pour saisir la blaguounette. En l’occurrence, il n’y a pas foule dans l’open-space. Le chef me sourit et m’annonce :

Ravi de voir que vous avez trouvé un médecin aussi étrange que vous Lin. J’ai reçu les papiers du Sanctuaire, soignez-vous bien et ne faites pas de folies pendant les trois prochaines semaines.

Oui, Chef ! J’en profiterai pour faire du shopping, Chef !

Pauvre chef, qu’est-ce qu’il fera de nous… Pas grand-chose certainement, mais il nous aime bien au fond, j’en suis certaine. Je fais un grand signe à Moana pour qu’on s’avance dans l’open-space. Je lui montre les bureaux un à un ajoutant mes petits commentaires provoquant l’hilarité des autres sanctuaris. Septembre, le grand-père grinçant des sanctuaris. Morok alias l’ultime menace. Glad, le collègue sympa qui subit le plus mes frasques et m’aide à préparer les infiltrations. A.u.r.o.r.a, la nouvelle. Et Morgan, Morgan quoi ! Et puis mon bureau. Un mélange de dossier mal rangés, de pots de fleurs et de quelques cartes géographiques. J’avise la cage de Taiyo, grande ouverte.