Les petits papiers

Le couloir principal forme un cercle parfait. Le fameux donuts de Tchen se traverse en long et en large... Pour plus de praticité, j'ai organisé les services de sorte qu'en les visitant je fais un tour complet et je reviens automatiquement à mon bureau.
Sauf ces jours où, il faut aller d'un service à un autre.
Le tournis disparait sous le sucre humide des nuages sur les vitres ; le meilleur moyen de transport pour y aller reste la voie des airs.

-Ouvre la fenêtre !

Le jeune homme, soupe au lait, panique et ouvre de ses mains tremblantes. Je déploie mes ailes et je plonge tête baissée au dehors. Une minute de battement la fenêtre dans l'autre hémisphère du bâtiment s'ouvre et me voilà au service des enfers.
Dante a écrit, dix cercles par sphère : Enfer, Purgatoire, Paradis. J'ai fais pareil. J'aime beaucoup l'oeuvre de Dante, elle permet de séparer durablement les services angéliques des services démoniaques. Les bureaux communs étant à la croisée de ces deux mondes.
L'enfer c'est : les bureaux des affaires démoniaques. Un rapport de la caserne nous est faxé depuis plus d'une heure (il fait une bonne centaine de pages et il ne s'y trouve qu'une autopsie et des rapports ballistiques).

-Maitre Gwendal !

J'atterris sur le bureau d'une secrétaire tout sourire.

-Alors ce rapport ?

Elle le survole à une vitesse vertigineuse, la lecture rapide c'est la vitesse de démarrage, elle est déjà à la cinquième... Les pages passent les unes après les autres à un rythme endiablé sous ses yeux ambrés. Elle s'arrête.

-Quatre suspects, les balles endommagées sont peu exploitables. Mais tous les suspects sont de notre miroir... Ou de Magna.

-Encore du travail pour moi !

-Maitre Gwendal !

Cette fois, ce n'est pas en souriant qu'on m'interpelle. L'homme qui arrive tient un épais dossier sous son bras et m'indique la porte de sortie.

-Il y a des portes pour ce genre de choses ! Et vous osez vous plaindre que les démons ont mauvaise réputation !

-Entre nous on peut se passer de civilités.

Ma réponse le fait virer au gris cendre. Il continue de pointer la porte et ajoute d'une voix blanche "Demoiselle pour vous en salle d'attente".

-Demoiselle ?

-Vos yeux pétilles... vous voulez un peu d'eau froide ?

-Non merci, ce n'est pas votre spécialité en enfer...

Ma blague en fait rire un ou deux et je pars rejoindre le purgatoire (mon bureau et sa salle d'attente). Une demoiselle pour moi... Charmant !

Bon, surtout resté calme, zen et maîtresse de ces émotions. Première sortie depuis que je me suis fais tirée dessus, du moins première sortie officielle dans le cadre de ce pourquoi on m'a embauché. Parce que mis à part la soirée romaine qui s'est révélée être un véritable fiasco on peut pas dire que je sorte beaucoup. Je préfère restée chez moi, mes deux secrétaires m'y ont rejoint car... c'est bête à dire mais j'ai disons, légèrement peur de redescendre aux Fumeroles...

Assise sur un fauteuil fort confortable, les jambes croisés, j'attendais, tenant le dossier que je devais présenté à Maître De Cendres, Gwendal de son prénom mais ça ce serait être familier avec lui chose que je ne suis pas, le seul maître que j'appelle par son prénom c'est Wergeld mais la situation n'est disons pas la même...

Bref, je m'égare là non? Je pousse un soupir et me redresse, je pose mon sac et mon dossier sur la chaise et je me dirige vers une des fenêtres et observe le dehors. Je ne crains pas la hauteur, bien au contraire j'me sentirai presque mieux ici qu'en bas. Allez savoir pourquoi...
La Res Publica de Tchen... et son maître, le seul que j'ai pas encore rencontré avec celui de Li, en même temps on va dire que je me suis un peu freiner de moi même... a croire que quand je rend visite, ça tourne pas très bien par la suite (où alors des trucs bizarres arrive...).
Et je m'égare encore, et je soupir en me massant inutilement l'épaule. c'est guéris, mais parfois j'ressens encore les douleurs puis ma main va se perdre dans mes cheveux que je vais replacer derrière mon oreille, les laisser long s'était pas une bonne idée au final.

Bon, alors, on essayera de présenter les choses correctement et sans faire de vague et surtout sans flipper dès que...

Un bruit résonne derrière moi et je sursaute malgré moi, je fais volte face et regarde partout dans la pièce. Non je suis pas du tout flipper, non que pensez vous voyions...

Donc je disais ne pas flipper dès que le moindre bruit résonne, sauf que là, c'est pas gagner... Je pousse un soupir, cette Res Publica ressemble pas aux autres, en même temps, chacune ressemble à son maître non? Sauf que je l'ai jamais vu moi le Maître de Tchen, je sais même pas à quoi il ressemble, la seule chose que je sais c'est qu'en ce moment, Eö et lui son pas en bon terme mais ça limite, ça me regarde pas...

Et j'attend... Pourvu que ça passe vite, j'ai qu'une envie, retournée à Northrives et m'enfermer chez moi...

D'un pas sûr et pressé j'ai rejoins mon bureau en dix minutes, car il faut au moins ça pour parcourir un tiers de la Res Publica. Je suis devant la porte de la salle d'attente attenante à mon bureau. Une femme mûre espère m'arrêter au passage pour me demander on ne sait quelle signature sur un avis de réception, je lève la main avec sérieux. Elle s'éloigne. On ne fait attendre une demoiselle.
Je frappe deux coups à la porte et j'ouvre lentement.
Deux coups. Je n'entre pas chez quelqu'un, je m'annonce. Deux coups, pour éviter les sursauts maladroits et les malaises qui en suivent. Lentement, toujours, ça permet de se refaire une rapide beauté par mesure de sécurité avant que je n'entre.
Cela ressemble à un entretien d'embauche, à défaut duquel ces derniers se passent sans que l'examinateur ne frappe avant d'entrer. Il entre sans prévenir et il faut être prêt !

Mais que vois-je ici, la protégée de sire Eönwë Elambar, maitre casse-pied elfique ; Aliénor Miraemwen, une jeune et jolie directrice. Qualité principale : célibataire. Défaut principal : conquête de Wergeld. Tout se sait à Magna. Vraiment tout. Elle s'est faite enlevée et tirer dessus, pauvre fille, un élan d'émotion me fait jurer intérieurement d'aider la caserne à retrouver son agresseur. Ces choses rares qu'on ne blesse pas avant la cueillette...

-Mademoiselle Miraemwen, ça c'est une surprise ! . J'avance la main tendue vers elle. -Bienvenue sur Tchen.

Outch... Hum.... Oui alors là... Comment dire... Me raclant légèrement la gorge, je m'avance vers le nouvel arrivant et la première chose qui me vient à l'esprit c'est: pourquoi faut-il tous qu'ils soient aussi mignon les maîtres hein? Ouais euh bon non pas tous en fait... Neythen était... Neythen... Hilde lui était... ben Hilde et uriko, j'la connais pas puis c'est une créature hein faut pas déconner.
Je me fiche une baffe mentale et secoue la tête avant de tendre la main qui correspondait à l'épaule qui n'avait pas été blessé.

"Maître De Cendres, enchantée de vous rencontrez et merci de prendre du temps pour me recevoir."

Je lui offre un sourire, faut que je me détende et me calme, c'est pas lui qui m'a tiré dessus, c'est indéniable l'individus avait pas son... Physique. Je déglutis et regarde autour de moi:

"Bien plus accueillant que la dernière Res Publica que j'ai visité et beaucoup plus..."

Accueillant? Oui s'était le mot qui allait, j'englobe les lieux de mon regard si particulier aux yeux de certains avant de les reconcentrer sur mon hôte:

"Sympathique si je puis dire au moins je risque pas de finir avec des cafards dans les cheveux. Mais j'espère ne pas vous dérangez, vous a t'on fait par de ma venue?"

Je vous recevrai avec plaisir dans mes quartiers... Je m'efforce de ne pas rire de mon propre jeu de mot intérieur. Elle semble suffisamment décontenancée par ma simple présence. J'en rajouterai plus tard. Il y a dans cette salle d'attente un tableau roccoco d'une jeune femme libertine se balançant au milieu des arbres. Tout l'art de mélanger innocence et perversion ! Tchen est fait de ça, des fondations aux toits. Les goutières en débordent les jours de pluie. Un truc d'ange et un truc de démon.

-Tout le plaisir est pour moi.

Sa main est douce, intellectuelle. Des mains de médecin. Je souris bien grand, j'ai remarqué l'écart entre nos tailles. Mes ailes prennent de la place dans l'entrée, je la guide vers l'autre porte.

-Vous devriez faire attention, les cafards aussi connaissent l'enfer et le paradis.

Je lui ouvre la porte, c'est mon bureau. La messagère éconduite m'attend déjà dans un fauteuil. Je claque des doigts, tout le monde sort de la pièce, sauf moi et la guérisseuse. On ne rigole pas, c'est un sujet très sérieux.

-J'ai reçu une note de K'ouen il y a plusieurs mois. Je m'attendais à vous rencontrer beaucoup plus tôt. J'ai eu vent que vous étiez très occupée.

Mieux vaut tard que jamais. Je tire un fauteuil pour elle. De l'autre côté du bureau me voilà assit en face d'elle.

-Que puis-je faire pour vous ?

"Dites pas ça, vous connaissez pas mes réactions face aux bestioles ça se voit..."

Cafard... Enfin, ça pouvait tout être aussi... Cafard insecte où cafard humain?

"Enfin, y a pas que les cafard bestiole me direz vous..."

Avant de le suivre, je récupère le dossier et mon sac, j'entre dans son bureau et le claquement de doigt qu'il s'en suivis fit que ledit bureau se vida en un clin d'oeil. Nous nous retrouvons bientôt et bien... Seul. En même temps, s'était le but de la visite non? Pas un tête à tête mais disons que je puisse lui parler sans avoir un autre avis que le siens.
Je prend place sur le fauteuil qu'il me désigne et pose mon sac au sol et le dossier sur le rebord du bureau face à moi.

"J'aurai dû venir beaucoup plutôt en effet. Mais entre le manque de personnel aux Urgences et les responsabilités que j'ai eu ainsi que d'autres soucis ont fait que j'ai dû repoussé quelques visites que j'avais à faire."

La sienne entre autre, puis passons outre le fait que j'ai eu le coma, la blessure récente... On pourrait écrire un mélodrame avec ma vie en ce moment. K'ouen lui a parlé? Et qu'est-ce qu'il vient faire là dedans lui? Il suit mes faits et gestes? Je fronce légèrement les yeux et lève légèrement les yeux au ciel en répondant:

"Et K'ouen est un peu trop bavard..."

Oui un peu trop bavard mais bon c'est K'ouen quoi hein, bref, si j'pouvais éviter de penser à lui ça serai pas mal, parce que bon, même si c'est un ami, y a des choses qui fâche encore, et oui je ne suis qu'une femme qui a été légèrement froissé dans disons son orgueil féminin.
récupérant le dossier que j'avais poser, je le lui tend de mon bras disons, valide et dans un geste je replace une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille.

"Je ne sais pas si vous avez eu vent du dernier projet du Sanctuaire don je suis porteuse?"

Wergeld sait les choisir. Silhouette fine et agréable à regarder. Des cheveux blancs comme un ange tombé de son nuage ! Et je sais de quoi je parle. Ses yeux violets font penser à deux pierres précieuses qu'on aurait incrusté dans une statue de la sainte vierge.
Quelle femme !
Absorbé dans la contemplation de cette superbe... je chassais les cafards à contre jour des grandes fenêtres inondant la pièce de lumière. Les nuages passent jamais très loin du toit, ils lèchent le bâtiment, ils caressent les vitres et y déposent des gouttelettes brillantes de petits arc-en-ciel. La lumière des Res Publica est inimittable. Elle donne de la poésie et du charme à une rencontre de travail.

Je me demande de quoi j'ai l'air. Si je lui fais bonne impression, suis-je important avec mes ailes de vautour découpées dans la lumière ? Ce bureau est pensé comme la nef d'une église au levé du soleil. Il illumine le vitrail qui donne cet air magique aux prêtres. Le soleil donne l'air d'un ange à tout ce qui existe.
Si elle préfère les démons, j'ai de la ressource dans cette catégorie là. On fermera les rideaux !

-C'est pour cela que K'ouen m'a prévenu de votre venue. Il voulait vous faciliter la tâche, me rencontrer n'est pas si facile, je suis souvent à Magna.

Et puis il m'a dit que la nouvelle directrice du sanctuaire des braves passerait pour me parler d'un projet. Être une jolie femme vous ouvre toutes les portes sur Tchen, un défaut de sécurité volontaire.

-D'ordinaire !

Ce qui changea beaucoup ces derniers mois depuis les grands travaux de rénovation de la plomberie. Je restais chez moi à travailler les dossiers en retard, ce qui faisait une masse de travail non négligeable, ainsi qu'un taux de satisfaction en constante élévation parmi les gratte-papiers de Tchen.
Etrangement... Le service juridique était le plus important de tous, tout le premier étage du purgatoire y était consacré. Magna compulsait tellement de crimes et délits, des games complètes, que c'était de plus en plus difficile de trouver des gens pour déléguer les jugements mais aussi des salles pour les prononcer. Tchen aurait besoin d'une annexe et d'un deuxième maitre du miroir.

Où j'ai mis mes bonnes manières... Quelque part entre ma ceinture et mes pieds. Le bar dans mon bureau est un meuble imposant, l'ébéniste est allé jusqu'à sculpté des tigres dans l'acajou, le loquet blanc de saule s'ouvre d'une pression de l'index. Les bouteilles s'étalent au dessous, et dessus des verres dessinent des ombres sur l'intérieur clair. Je remplis un verre d'un liquide brun, puis me tournais vers la guérisseuse en lui choisissant un autre verre.

-Parlez-moi de votre projet. Vous désirez boire quelque chose ?

Le lieu est peu banal, je ne me souviens pas avoir ressentis un tel sentiment que ce soit chez Wergeld où bien même chez Neythen et ne parlons pas de chez Eönwë. On dit que la Res Publica d'un maître est à son image et à celui du miroir qu'il gère...
Hum, alors rien d'étonnant pour certains... Je me souviens sans peine de Ken, et de la frousse que j'ai eu avec la bestiole qui s'est retrouvé dans mes cheveux et puis Neythen et sa singularité. Il était spécial, ça on peut pas dire le contraire, mais je l’appréciais bien. J'ai appris bien tard qu'il était à l'origine de la présence d'Hilde à mon réveil de mon coma, que l'idée venait de lui, et je n'ai pas eu le temps de le remercier. Je dois admettre que son départ à sonner étrangement à mes oreilles et que j'ai un peu du mal à m'y faire, une personne tel que lui partant aussi... Vite...
Je lève les yeux et suis Gwendal du regard, je me sens légèrement rougir, je sais qu'il m’observe bien plus que de raison et je dois avouer que ça me met pas particulièrement à l'aise mais bon, surtout qu'en ce moment, je suis pas au mieux de ma forme... Je peine à récupérer de mon agression, je dors pas très bien et heureusement que les artifices féminins permettent de cacher les cernes.
Je me permet de lui sourire, il est assez beau garçon et ces ailes ainsi déployées me rappelle celle d'Al et sans le vouloir, je baisse la tête. Lui aussi, je n'ai plus de ces nouvelles, à croire que tout ceux qui m'approchent disparaisse étrangement. Un léger soupir s'échappe de mes lèvres et relevant la tête, je vois que mon hôte se tient près d'un bar, je me redresse et me lève de mon siège en ayant une brève pensée sur les effets de l'alcool sur mon organisme.
La dernière fois, j'ai finis malade dans les toilettes de l'Auberge et la fois précédente, dans le lit de Kouen alors là euh... Euh comment dire...

"Avec plaisir, si c'est quelque chose sans alcool."

Mieux vaut éviter que ça dérape car après bonjours la réputation... Rien que d'y penser je sens mes joues rougir et me racle légèrement la gorge, évitant du regard le maître de Tchen et regardant autour de moi. C'est vraiment étrange ce que je ressens ici, je n'arriverai même pas à le définir. Quelque chose me crie de faire attention et l'autre me dit de me laisser aller, que je ne risque rien.
Me retournant vers lui, je m'approche un peu, légèrement hésitante, à croire que je serai timide tiens, enfin, non, juste légèrement sur mes gardes depuis... Bref, je jette un coup d'oeil par une des fenêtre, avant de reposer mon regard sur lui qui est à présent face à moi.

"Pour que j'arrive à prendre du temps pour moi et m'occuper d'autre choses que des autres faut bien souvent m'y forcer."

Je me souviens encore du regard d'Eö sans parler celui de mes deux secrétaires quand j'ai voulu discuter leurs ordres... Oui j'voulais pas y aller, parce que s'était aller dans un endroit que je connaissais pas, voir quelqu'un que je ne connaissais pas et ça j'avoue que... Un frisson me parcourut, et si...
Je secoue la tête, non c'est impossible, il n'avait pas d'ailes...

"Mon projet..."

Pour le coup, instant de blanc avant que je ne me reprenne et que je ne me dirige vers le bureau, je récupère un dossier et retourne vers Tchen.

"Et bien depuis que je suis Directrice du Sanctuaire, j'ai pu constater quelques failles dans le système de soins. J'ai fais pas mal de recherches et je me suis rendus compte que seul le Sanctu offrait des soins pour tous les quartiers. Mon projet est de créer des annexes qui traiterait les cas urgent avant de les transférer au Sanctu, cela éviterait bien des morts inutile..."

Je lève les yeux et les poses sur lui, je me permet enfin de le détailler, de le regarder, avant de planter mon regard dans le sien. Il est assez charmant et dégage quelque chose d'assez fort... Comme ce lieu en fait...

Ce sera sans alcool. Les bouteilles mises de côté formaient un chemin d'honneur vers une limonade dans le fond. Son verre rempli, je le lui tendis avec le sourire. Les rumeurs disaient qu'elle était plus portée que ça sur la bouteille. K'ouen a déjà expérimenté la méthode ça ne m'étonne pas plus qu'elle refuse de réitérer l'expérience, c'est juste bien dommage !
Et tout se sait à Magna, les rumeurs vont bon train sur ce qu'elle aurait pu faire avec Neythen s'il n'y avait eu Eönwë pour s'occuper de les ramener en un seul morceau et décollés l'un de l'autre.

-Vous voudriez créer une annexe à Magna.

Je n'ai pas envie de rire, c'est pourtant exactement ce que je fais, doucement, légèrement.
Un hôpital dans Magna, et pourquoi ne pas ouvrir une pharmacie en libre service pour tous les dealers du quartier ?

-Le bureau que vous voyez derrière vous n'est couverts que de dossiers de morts inutiles. Magna c'est ça, tous les jours. Des morts, des blessés, des problèmes de tous genres et de toutes natures.

Je suis assis dans l'épais fauteuil de PDG qui dépareille avec le reste du mobilier. Mon verre au coin du bureau, si je le pouvais mes pieds dessus. Magna n'est pas un endroit pour un hôpital, même une clinique.

-Comment feriez-vous pour que l'annexe ne soit pas saccagée trois fois par jour ? Comment protègerez-vous les blessés que d'autres aimeraient voir morts ? De surcroît comment protègerez-vous le personnel qui y travaillera des menaces, des chantages, des risques élevés. Mon quartier est incontrôlable, ce n'est pas un endroit pour des guérisseurs. Bien sûr, vous pouvez former vos médecins au combat et au déminage, ça les aiderait.

De l'humour de démon, ou de Magnan, l'effet s'y ressemble. C'est de l'humour noir. Les pronostics de survie pour une bande de guérisseurs en plein coeur du quartier restent très faible. À la seule idée d'avoir des dossiers supplémentairs venant de l'hôpital pour "mort suspecte" "mort accidentelle" "mort inconnue" "disparition" "agression"... Non, il y a déjà assez à faire ici pour ne pas en rajouter.

-Il vous faudra des arguments plus solides que la perspective de réduire les morts inutiles pour vous obtenir l'autorisation de bâtir un sanctuaire ici. Qui financera le sanctuaire, sa sécurité, celle des ravitaillements et le transport des blessés ?

L'argent ne pousse pas sur les arbres, c'est peut être une découverte à faire, elle tranquiliserait mon quartier. Fini les histoires d'argent sale.

"Le conseil d'administration qui gère le Sanctuaire aux Fumeroles est prêt à financé ces annexes, donc la question financière n'est pas un soucis majeur."

Je vais me rasseoir et croise les jambes, je réfléchis à ces paroles. Il est vrai que Magna est le quartier où je viens le moins, mis à part pour l' Auberge, Eö m'en a beaucoup parlé quand il y a eut l'accident des canalisations, de même qu'il m'a dressé un fameux portrait du maître mais bon... Tant que je ne vois pas les personnes généralement je ne me fis pas à ce que m'en dit les autres, d'autant que là, la personne face a moi à l'air tout sauf... Bref, je secoue la tête et pose le verre que je tenais dans les mains.

De tout les quartiers Magna est le plus difficile, marché noir et autres caractéristique non joyeuse et puis avec ce que viens de me dire Gwendal, effectivement c'est pas le calme de Northrives. Je pose le dossier que je tenais dans mes mains, la peur que je ressentais quelques instants plutôt ne semblait plus m'habiter, peut être parce que je faisais quelque chose qui m'occupais autrement qu'à ruminer.

"Je sais, enfin, j'imagine. Je connais les réputations, même si d'ordinaire je préfère me faire ma propre idée sur les choses et les gens."

Sans le vouloir, j'avais accentué le ton de ma voix sur la dernière partie de ma phrase. Je laisse le silence s'installer avant de me redresser et de me diriger vers une des fenêtres de la pièce. De là, je regarde au dehors. C'est différent ici des autres Res Publica que j'ai visité pourtant je ressens les choses différemment.

"Je n'ai pas de réponse à vos questions, ceci ne sont que des enquêtes préliminaires, je sais que le projet est utopiste pour beaucoup. Je sais aussi que je vais au devant de grandes difficultés. mais j'y tiens. Si vous Maître De Cendres devez gérer un quartier en proie à de grandes difficultés, bien que le mot sois faible, moi je gère les conséquences de certaines des actions qui se passe par chez vous..."

L'envol d'un ange au dehors, différents bruits et... De douleurs aussi. Blessés devaient côtoyés les valides, comme un peu partout dans ce bas monde et je devais vivre avec, parce que tant que je ne suis pas aller à l'observatoire, cela se passera ainsi. Ma main glisse dans une de mes poches, j'en ressort un étui que j'ouvre, je prend une pilule blanche entre mes doigts et la porta à ma bouche avant de l'avaler. Mes yeux quitte le dehors et je me retourne pour faire face à Tchen:

"Les gens blessés suite à une émeute, ceux qui revienne de leurs quêtes dans des états pas possible, les gros bras qui veulent faire les malin à l'arène. Les conséquences des magouilles d'ici où là, les bagarres qui éclatent même au Sanctuaire pour des règlement de compte entre bande. On en paie tous le prix, d'une façon où d'une autre. J'en paie même de ma personne au quotidien."

Je retourne m'asseoir, je saisis de nouveau le dossier et soupir. Mon épaule me lance un peu, machinalement je porte ma main à cette dernière et pose le dossier sur mes genoux.

"Je ne prétend pas avoir des solutions, je veux juste trouvé un moyen pour que les gens n'ait pas pas à arriver mort au Sanctu quand ils viennent de quartiers éloignés."

Je relève la tête, je hausse mon épaule valide et ne peut empêcher un sourire de se dessiner sur mes lèvres malgré tout:

"On me reproche souvent mon utopisme. et je suis preneuse de toute l'aide qu'on pourra me donner."

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