Re: Les petits papiers

Il nous arrive à tous de voir des choses qui passent pour normal selon les uns, et sont très étranges selon les autres Un petit frère du sanctuaire placé dans chaque quartier. J'envisage. Je prévois. J'étudie les risques et le rendement d'un coup d'oeil sur cette directrice et sur le conseil d'administration qu'elle dissimule derrière son beau regard. Les femmes n'ont rien à envier aux armes, et aux hommes. Un battement de cils, un déhanché sulfureux ou un léger regard qu'elles peuvent offrir à la dérober et nous ne sommes plus bons à rien.
Pour reprendre une expression très populaire "Ah ! Les hommes !"

Elle a bien répondu à la question du financement, mais rien n'a été dit sur la sécurité. J'ai déjà fort à faire avec les crimes crapuleux et les meurtres sordides qui se multiplient dans mon quartier proportionnellement à la qualité de vie dans les autres. Et pour cause, les méchants de là bas viennent chez moi... Northrives se porte très bien ces derniers temps, mais Magna... Une véritable explosion de la grande délinquance. Attentats, chantages, meurtres en série...

-Je crois qu'il ne s'agit plus d'utopisme à ce niveau du rêve.

Une transe ? La foi expliquerait tout. Parce que la foi, c'est un mélange d'utopisme, de folie et de drogue dures... Si j'écoutais le petit diable sur mon épaule, qui me conseille vivement de dire "Amen" à tout ce qu'elle me proposerait afin d'en finir avec les formalités officielles... Ce dernier argumente de la sorte : si on en fini vite, nous pourrons prendre notre temps ailleurs, dans d'autres circonstances... bien plus favorables à notre expérience commune de la gente opposée. C'est bien dit et c'est très tentant.
Le petit ange, bâillonné, se démène. Car les choses officielles ont du bon, parfois.

-Je serais franc, tenir un hôpital, ou même une pharmacie dans ce quartier relève de l'impossible. L'intégralité des milices sont littéralement submergées par le nombre des méfaits commis par les ombres ; j'en suis arrivé à devoir concentrer les services sociaux dans des bâtiments protégés par des gens armés... Alors voilà, je n'ai pas d'hommes à fournir pour protéger une nouvelle structure aussi utile qu'elle serait. Sans une protection conséquente votre sanctuaire serait pillé dans le meilleur des cas, dévasté dans le pire. Entre les deux, peut-être arriverez-vous à sauver une vie mais si celle-ci devait mourir pour la cause de l'un ou de l'autre, cela ne servirait à rien, car il retrouvera bien vite vos légistes dans les morgues, d'une façon ou d'une autre.

J'allais chercher quelques dossiers. Je les déposais sur le bureau. Ils étaient fins mais bien remplis.

-Voyez, ça ce sont les derniers problèmes recensés il y a moins d'une heure. Si j'ajoutais une cellule indépendante de médecine (avec des produits médicaux rares et recherchés, sans compter le matériel qui serait dépecé et revendu en pièces détachées) avec tout ça je devrais tripler, au moins, ce nombre de dossiers par heure écoulée dans ma zone. Garantissez une protection optimale pour votre bâtiment et ses employés, dedans et en intervention hors des murs, et peut-être que je pourrais vous trouver un terrain et commencer à rédiger les accords. Qu'en dites-vous ?

"Je ne suis pas ignorante du sujet vous savez Maître Des Cendres. Je sais que votre quartier est sans doute celui qui est le plus difficile à gérer. Je lis, j'ai aussi mes informateurs je suis consciente qu'une des difficultés majeur de magna s'est sans nul doute son économie souterraine et ces conséquences."

On pense souvent que je ne m'informe pas, que je ne m'occupe que du Sanctuaire sans me préoccuper des choses qui m'environne. Certes, j'admet que depuis mon agression c'est disons, un peu le cas, mais généralement, je me tiens informé. Que ce soit de ce qui se passe à Magna, à Northrives à Ordae... ces importants disons, de savoir de quoi on parle où de qui ont parle quand on travaille dans un lieu où les gens des différents quartiers ce côtoie.
Garantir une protection optimal, pour le coup, je ne sais pas comment faire, je n'ai pas eu ce genre de problème avec les autres maîtres, mais... Mais aucun n'avait à gérer Magna je l'avoue. Mon regard se pose sur les dossiers, je pousse un léger soupir et croise les jambe, sans y toucher, cela ne me regarde pas.

"Une sécurité optimale vous dites? Alors qu'on ne peut déjà pas la garantir au Sanctuaire proprement dit?"

Le souvenir de l'enlèvement et de ce qui en a suivit me fait involontairement frissonner, je secoue la tête afin de chasser ces images de ma tête, vraiment ce n'est pas le moment de faiblir, je me dois d'être un peu plus combative... Où pas en fait. Pour le coup je partirai bien m'enfermer de nouveau chez moi et j'en viens à maudire ceux qui m'ont fait sortir.

"Peut-on réellement garantir une sécurité optimale? Cela existe t-il réellement Maître Des Cendres? J'ai été victime d'une agression dans un lieu où je pensais la sécurité optimale alors vous savez, on est jamais en sécurité nul part."

Je n'ai pas envie de m'étendre là-dessus, alors, je me met à penser à voix haute, sans réellement y faire attention:

"Je connais le Prétorien, enfin, si on peut prétendre le connaitre, je peux voir si il peut faire quelque chose, enfin, je verrai plutôt avec Stern, pas sûr qu'Ez réagisse enfin bon... Je peux voir si un où deux de ces Sanctuaris pourrait être employé... Je peux aussi voir avec Dolhan. De toute façon, l'annexe ne sera pas grande, tout ce que l'on souhaite c'est un lieu où les premiers soins pourraient être donné..."

Mais je sais que ce projet peut ne jamais voir le jour. J'en suis consciente, mais n'ai-je pas le droit d'essayer? Après tout ce qui ce passe, j'avoue que j'ai légèrement envie d'y croire enfin...
J'allai reprendre la parole mais un bruit me fait sursauter, une peur s'insinue en moi et je me redresse brutalement. Il n'y a rien à faire, le moindre bruit, le moindre son plus haut que les autres m'effraie.
Je me sens légèrement stupide surtout quand je me rend compte qu'il n'y a rien enfin je crois, je pense enfin... J'sais plus...
Essayant de me reprendre, difficilement quand même, je ne me retourne même pas, cherchant des yeux l'origine et surtout si il n'y a rien de suspect dans la pièce.

"Je... Je vais travailler sur ce sujet. Comme quand Kouen m'a dit de faire attention car sa zone est vaste... Je prend les avis et vais retravailler sur le projet... Avec les informations que tout à chacun me donne."

Respire Ali... Respire tu vas finir par faire une syncope... Il n'y a rien, personne et tu ressens pas plus que ce que tu peux ressentir habituellement.
Si on essayait de changer de sujet? Bonne idée non? En fait là de suite, je me vois mal repartir, ce serait encore pire. Me retrouver seule alors que là... Là j'ai quand même une présence qui a l'air non hostile... Enfin j'espère.

"Hum... Vous avez... Vous avez réussit à vous en sortir de cette inondation?"

Je me retourne pour croiser son regard, je ne sais pas ce que j'y cherche, surement... Surement qu'il me dise qu'ici je ne craignais rien...

J'ai aussi croisé le prétorien et cela ne me garanti pas qu'il enverra plus de sanctuaris dans mon quartier...
Le projet, aussi louable soit-il, avait la consistance d'un courant d'air. Imaginer, une seconde, créer un centre de soin dans un quartier sensible (voire explosif) sans même établir tout un dossier sur la sécurité du complexe et les capacités des effectifs, s'en arriverait à vexer un maitre tatillon.
Mais avec ce sourire et ces grands yeux... (et le reste) J'étais quitte pour ravaler mon amertume.

-Les travaux sont en cours, avec l’apport des autres quartiers nous faisons rénover tout le réseau vétuste, logiquement, les fumeroles n'auront plus à craindre les latrines de la surface.

Un sourire et j'évacuais ce sujet de conversation encore déplaisant à entendre. Après tout, si elle le désir, je peux l'emmener au service de comptabilité, quand elle verra le nombre de regards noirs que l'on m'adresse, elle saura "où nous en sommes"...

-Je vais considérer notre rencontre comme un préliminaire, et je ferais un brouillon d'autorisation quand vous m'aurez démontrer être en mesure d'assurer la sécurité de votre annexe. Pour le moment, si je me fiais aux spéculations seules, je risquerais ma vie en traversant le couloir des bureaux comptables. Le mieux étant que vous reveniez me voir avec une idée précise de ce que vous souhaitez construire.

Elle n'a pas tort sur un point, on est en sécurité nulle part. Pourtant, faire en sorte que son presque-sanctuaire soit viable reste à sa charge.

-Si l'entretien d'une annexe à Magna est trop exigeant, pourquoi ne pas aider à intégrer de micro-cellule médicales ? J'entends par là rémunérer des médecins et infirmiers qui vivent déjà dans le quartier. Vous ne pourrez pas garantir leur sécurité mais puisqu'ils ont déjà un pied dans la bergerie, ils auraient bien plus de chance de s'en sortir en travaillant sur un terrain qu'ils connaissent déjà.

Et comme ça Eönwë arrêtera de me bassiner avec cette histoire, ça serait pas mal. Il a tendance a rabâché les mêmes choses encore et encore... La rancune tenace lui? Non si peu si peu...
Hochant légèrement la tête, je me permet d'avoir un petit sourire et je médite quelques instants sur ces paroles. C'est pas une mauvaise idée qu'il vient de me souffler... Cela pourrait être mis en place et en plus, cela permettrai une implantation médicale disons plus sérieuse. je réfléchis quelques instants, la rémunération de ces médecins pourrait venir du Sanctuaire, disons, qu'au lieu de mettre en place cet annexe l'argent pourrait servir pour la rémunération des médecins où guérisseurs....

"Votre idée me plait."

Oui elle me plait car elle a l'air plus abordable que ce dispensaire. Non pas que j'y crois pas au projet, mais je suis consciente que dans certains quartiers ça va être mission impossible. Mais je dois porter le projet en tant que Directrice, c'est le rôle qu'ils m'ont donnés cependant les bonnes idées sont pas à jeter à la poubelle non plus. Et puis j'avoue qu'avec ce que j'ai pu voir, des annexes où des gens qui exerce plus sérieusement ne serait pas un grand luxe surtout dans une ville où les règlements de comptes, les quêtes et autres combats sont quasi quotidien.

"Je la soumettrai au Conseil d'Administration. Et je ne manquerai pas de venir vous revoir avec un projet plus fiable et plus disons réaliste."

Oui je reviendrai... Parce que cet endroit et bien... Il me plait. Je me redresse sur mon siège et regarde autour de moi, allez savoir pourquoi je me sens bien même si j'ai toujours cette peur en moi. La peur des bruits, la peur des gens... Je me racle légèrement la gorge et un léger soupir s'échappe de mes lèvres:

"Je n'avais encore jamais eu l'occasion de vous rencontrer pourtant je viens parfois dans votre quartier... A l'Auberge, j'aime bien m'y détendre."

Enfin généralement ça finit pas très bien quand je m'y détend... Enfin non la dernière fois, avec Wergeld ça s'est bien passé, mais les autres fois... Je me lève de mon siège, éprouvant un besoin de... De me lever tout simplement. De nouveau je me dirige vers une des fenêtre, la vue me plait aussi, je sens quelque chose d'étrange dans ce lieu, je croise les bras et mon regard est attiré par quelque chose qui vole dehors...

"Je les ais tous rencontré au moins une fois. Vous étiez le dernier que je ne connaissais pas. Tous m'ont marqués à leur façon. Tous dégage quelque chose de différent..."

Je suis des yeux la "choses" qui vole avant de me retourné et de regarder en direction du maître de Tchen, j'essaie de maîtriser cette peur que j'ai en moi, j'aimerai juste rester calme et ne pas passer pour une pauvre petite chose fragile...

"Hum... Vous êtes maître depuis longtemps?"

Un peu de civilité... Non... Faire connaissance? J'pense pas risquer grand chose non?

Mon idée me plait aussi, elle ne me coûtera rien, je n'imputerai pas mon budget pour elle, et ma réputation sera intacte. C'est souvent une histoire d'argent, elle doit bien être au courant derrière cette naïveté apparente ? Expression détendue.

-Votre première visite à l'auberge a fait sensation...

De la part de Neythen ce n'était pas étonnant, non. L'homme avait déjà une réputation terne et pleine de mystères dignes d'un ivrogne au passé trouble. Quant à cette guérisseuse propulsée on ne sait comment au titre de directrice du sanctuaire des braves, et surtout ses relations qui tournent en rumeur dans les tréfonds de Magna, que ce soit avec Eönwë (le père adoptif ? amant occasionnel ?) et K'ouen. L’inaccessible K'ouen plus animal qu'humain le garçon... Mais j'oubliais que les femmes ont cette facilité à se faire aimer des bêtes.

-Il est certain que vous avez une certaine facilité à amadouer les maitres...

Et à enquiller la vodka. Mais mon avis sur la question n'est pas vraiment utile. Je pourrai en déduire bien des utilisations pratiques, dans mon intérêt (et un petit peu dans le sien selon le point de vue) mais rien de très moralement acceptable.

Pris de cours par sa dernière question, le nez en l'air j'estime vaguement depuis quand je suis maitre. K'ouen était déjà maitre ce qui fait moins de trois ans. Même la petit Caliope avait déjà son poste à mon arrivée.

-Un an, un an et demi. Un peu plus je suppose.

On calcule en fonction du nombre de conseil auxquels un maitre à survécu. Nous sommes trois : Moi, K'ouen et K'an. Les autres ont tous passé la main à peine ont-ils vécu une seule réunion des grands pontes de l'Entre-Monde. Donc, je suis l'un des plus expérimentés actuellement. Voilà qui redore mon blason. Avec emphase et un peu d'humour :

-J'ai survécu tout ce temps. La retraite sonnera bientôt..., en me redressant sur mon fauteuil, Auriez-vous du temps à m'accorder ? J'aimerai déjeuner et un peu de compagnie ne me dérangerait pas.

Je l'admets, déjeuner en compagnie d'une jolie créature fait partit de mes activités favorites. Et malgré tout j'arrive à me faire discret dans l'actualité... Ne reste qu'à déterminer si je suis un homme de confiance (et tout à fait vertueux) ou juste assez doué pour passer entre les mailles du filet.

Fais sensation... Pour le coup je ne peux m'empêcher de baisser la tête et de rougir. Pour sûr que ça avait dû faire sensation, ça avait même été l'objet d'un article dans le journal à potins de la ville, autant dire que ça n'avait pas été disons, bien pris par le Conseil d'Administration du Sanctuaire... Et le sermon que j'ai eu de la part d'Eö quand je me suis réveillée le lendemain fut... A la hauteur de la migraine qui ne m'a pas lâché ce jour là.
Mais néanmoins j'en garde un souvenir assez particulier, parce que Neythen et bien... Et bien était Neythen et je crois qu'avec lui, je me sentais différente.
Amadouer les maîtres, hum c'est peut être le cas pour deux d'entre eux mais les autres...

"Je ne suis pas sûr qu'amadouer est le bon mot. ce fut souvent des concours de circonstances vous savez."

Enfin, sauf pour Wergeld, là s'était vraiment disons, voulu. Et l'alcool ayant aussi pas mal aidé, enfin, nous n'avions pas bu au point de ne plus être nous même non plus, je crois qu'on était tout deux consentant dans cette histoire.
Il me répond à ma question depuis quand il est maître, et bien avec Kouen et K'an il est surement un des piliers d'Entre Monde ce cher Tchen, les vétérans si ont peu les qualifiés ainsi. Je hoche la tête à sa réponse mais ne relève pas. pour sûr qu'il doit connaitre la ville plus que moi, personnellement à part Northrives et les Fumeroles... Magna m'est totalement inconnu sauf le quartier de l'Auberge, ne parlons pas de Ciel et de Cerclon, d'Ordae je ne connais que la forge quand à Tern, j'y vais rarement, à part pour faire du shopping puisque c'est là-bas que ce trouve mes boutiques fétiches...
Enfin je m'égare là et quand il me propose de déjeuner, je reste surprise et sans voix. Du temps à lui accorder... Parce qu'il me juge digne de son intérêt?
J'hésite... Non pas que je ne veux pas, un peu de compagnie me ferait pas de mal et manger quelque chose par la même occasion, car à part le léger petit déj pris ce matin qui se constituait juste d'un thé, je n'avais pas manger grand chose... A part sans doute mes pilules anti-douleur en fait.
J'hésite parce que je suis pas en terrain connu et même si l'endroit me parait sans risque... Enfin si tant es que cela soit possible, je ne peux m'empêcher de craindre l'arrivée in opiner de cet homme masqué...

"Hum... Si je peux être de bonne compagnie mais..."

Je me mord la lèvre, il va me trouver ridicule mais...

"... Mais s'il vous plait, ne laissez aucune personne masqué s'approcher de moi et... Je... Je ne veux pas aller dans un endroit où il y aurait trop de monde."

Où si simplement on peut rester là et manger dans le secteur tout les deux ce serait pas mal mais ça je me garde bien de le dire...
Consciente que ma requête, enfin mes requêtes peuvent être ridicule, je baisse la tête légèrement embrassé...

Avais-je oublié à quel point les femmes sont compliquées ? Il faut croire que oui, un hochement de tête accueillit la liste de ses exigences, l'air incrédule en plus. Les mains à plat sur le bureau, je m'apprêtais à me relever en haussant un léger rire. On dirait une souris coincée dans la cage d'un chat. Je n'irais pas jusqu'à pousser le vice en mettant en pratique l'allégorie, bien qu'elle sonne juste. Une petite souris tremblotante devant un prédateur. Ciel ! Les femmes m'impressionneront toujours.
Parfois elles sont robustes comme des hommes et d'autres fois elles sursautent au moindre froissement de papier. Le plus drôle de tout, peu importe l'espèce, les femmes sont toujours très compliquées.

-Allons à la cafétéria, il ne doit pas y avoir grand monde à cette heure ci !

En passant près d'elle je lui offris mon bras. Un sourire enjôleur accessoire à sa propre détente. Une bonne cervoise ne lui ferait que du bien. Ils vendent peut-être un peu d'herbe à la cafétéria. Après tout c'est aussi la Res publica des démons !
Je plaisante...

La porte du bureau passée, aller à la cafétéria s'avérait très simple, une seul et unique couloir, d'un côté les hautes vitres donnant sur le vide, de l'autre les bureaux, en suivant la ligne continue de l'immense tapis déroulé sur le carrelage, il ne nous faudrait qu'un instant pour rejoindre la salle commune.

Un joli brun d'angelette passait à la volé en nous croisant, ses ailes l'aidant à avancer si vite que ce n'est que par l'expérience acquise cette dernière année que je réussis à chiper quelques friandises dans le petits paniers qui trônait sur la pile d'albums qu'elle tenait dans les bras. Elle me lança un regard courroucé sans même ralentir. Quand je dis que les femmes sont difficiles ! Je comprends mieux pourquoi K'ouen s'entiche d'un homme. Mais non, en réalité je ne comprends pas du tout... Les humains aussi sont étranges et compliqués.

-Un bonbon ?

Je tendis une part de mon butin à la jeune femme en défaisant le papier de l'un d'eux. Ce ne sont que de petites boules de sucre aux arômes de fruit... Mais qu'est-ce que c'est bon ! On sent halloween montre le bout de son nez sur l'Entre-Monde.

Les récentes rumeurs dont j'ai eu vent, outre la sexualité dévergondée de notre K'ouen national (une mascotte pleine de secrets pas très jolis jolis...), il y a la disparition de Neythen qui a présent fait partie des affaires criminelles si j'ai bien tout suivi les dire de mes jolies informatrices, l'enlèvement de cette jolie créature qui semble partante pour un déjeuner sur Tchen et... Il se passe tellement de choses bizarres cette année que s'en devient difficile de suivre. Quelqu'un aurait-il remarqué que Dinu Mihai se fait discrête ? Les requins n'aiment être invisible seulement avant de mordre... Et quand il s'agit d'une déesse au déhanché aussi spectaculaire que son regard argenté. Les requins blancs font partis de la biodiversité qu'ils disent...

La porte de la cafétéria battait le rythme après notre entrée dans la salle commune. Quelques convives de dernières minutes déjeunaient seules ou accompagnées sur les tables périphériques.

-Que désirez-vous pour déjeuner, mademoiselle Mireamwen ?

"Merci."

Je me laisse séduire tant par le bras qu'il m'offre que par le bonbon qu'il me tend...Je le déballe avec précaution et le met dans ma bouche et un goût acidulé s'empare de mes sens... Un régal... Pour le coup j'en aurai bien pris un autre...
Je me retrouve après avoir traversé un couloir en sa compagnie dans une cafétéria et la question qu'il me pose fait naître un sourire sur mes lèvres... Qu'est-ce que je désire pour déjeuner?

Pour le coup je ne sais pas pourquoi mais j'en viens à penser à totalement autre chose et ce simple fait me fait rougir jusqu'aux oreilles! Je secoue la tête, non mais franchement mon cerveau mériterait des baffes... Où alors à force de fréquenter les salles d'infirmières et de repos, j'en viens à avoir l'esprit aussi tordu que certains collègues du Sanctu...

Revenant à des idées plus disons... Lucide, je regarde autour de moi et sans trop le vouloir, enfin si puisque j'ai pas lâcher son bras, je me dirige vers l'endroit où la majorité des plats semble être décrit, un tableau noir avec une drôle d'écriture dessus d'ailleurs... Je l'étudie à la recherche de quelque chose qui me ferai envie...

De quoi j'aurai envie hein... Hum... Je suis indécise et je sais pas... Et c'est alors que mon estomac ce manifeste et me fais de nouveau rougir aussi sec. ben oui forcément hein...
Je lâche son bras et pose mes deux mains sur mon ventre en secouant la tête:

"Non mais j'suis pas sortable moi..."

Et je suis lamentable au passage et pour éviter un silence inconfortable je répond enfin:

"Du poisson... N'importe quel poisson avec une sauce au beurre... Et des petits légumes avec..."

Et de nouveau mon estomac grogne et cette fois, je décide d'en rire plus qu'autre chose:

"Non mais vraiment... Allez commandons sinon je sens que vous allez avoir le droit à un concerto très spécial!"

Sans réfléchir, je le saisit par la main et l’entraîne vers le comptoir où visiblement on commande. Je peux avoir des gestes très spontané des fois que je calcul pas de suite et c'est qu'une fois arrivée face à une personne, d'un tout autre genre que ceux que j'ai croisé ici jusqu'à présent, et qui regarde plus vers nos mains que vers nos visages que je me rend compte du fait que je tiens sa main dans la sienne et... Pourtant je ne me décide pas à la lâcher:

"Quand je suis à l'aise, je peux être très spontanée."

Et à l'aise il a réussit à m'y mettre, sans trop que je comprenne d'ailleurs, peut être parce qu'il a été naturel sans me poser de questions? Allez savoir...

Pas sûr qu'on ai du poisson à la cafétéria aujourd'hui, c'est qu'on est pas dans une restaurant... En parlant restaurant, j'irais bien au bord de la mer. Déguster des fruits de mer en très charmante compagnie (quoique dénudée) et agrémentée de quelques bulles dans une coupe.
Où ai-je l'esprit encore fourré, n'importe où et pas au bon endroit. Je redescend sur terre et récupère ma main en m'appuyant au présentoir réfrigéré.
Une femme qui grogne de l'estomac, c'est cliché... mais ça marche toujours quand il s'agit de se faire invité à déjeuner. Mais comme c'est déjà le cas, que dois-je faire ? L'ironie voudrait que je perde mes moyens. Seulement, ce n'est pas la première à saliver devant...
Très bien je reprends le sujet d'origine !

Un sourire, et une silhouette massive orné d'un filet à cheveux se tourne vers nous. Il a la peau couleur de cendre et des canines saillantes sous ses lèvres. Le démon plus grand et plus large qu'un homme normal tien difficilement dans l'espace confiné derrière les étagères métalliques. Une louche à la main et il ferait aussi peur que s'il portait un couteau.

-Bonjour Arod.
-Gwen... Encore une fille à qui tu comptes briser le coeur, en se tournant vers la guérisseuse, si vous souhaitez un peu de réconfort quand il en aura fini avec votre coeur...
J'aurais sans doute ajouté 'et votre corps'.
-...Je suis là tous les jours, dimanche compris. J'adore remonter le moral...

Je souris jaune.

-C'est ça. Trouve moi du poisson et une assiette de légume pour madame.
-Bourreau.

Et quand je regarde Aliénor, j'en profite pour me justifier :

-Il adore plaisanter.

C'est un grand comique derrière son air bourru et sa louche. Quand il revient c'est l'air dépité de celui qui n'a pas trouvé ce qu'il cherchait.

-Tout ce que j'ai c'est du poisson pané. Le poisson c'est le vendredi...

Deux plateaux posés devant lui, il dispose une assiette remplie et ajoute trois desserts pour "demoiselle un peu pâlote". Et à moi, il met une pomme et avant qu'il ne l'imbibe de poison je me fais servir des éléments nutritifs.

-Installons-nous avant qu'il ne vous demande en mariage.

Je la poussais dans le dos sous le regard sombre du commis de cuisine.
En quittant le comptoir, je jubilais devant la générosité des fêtes de fin octobre et déposais une poignée de bonbons dans mon plateau. Il y avait un petit chocolat tout emballé de papier doré, c'est la seule saison où on trouve autant de friandises dans toutes les administrations... A plus forte raison chez Tchen, puisque Halloween est l'une des fêtes favorites des démons, avec les sabbats d'août.

Je me laisse pousser et je ne peux m'empêcher de pouffer de rire, non parce que franchement là pour le coup... Secouant la tête je prend place à une des tables et y dépose mon plateau je jette un dernier regard vers le comptoir où l'homme nous regardait toujours avant d'avoir un nouveau rire et de m'asseoir:

"Vous vous faites concurrence niveau bourreau des coeurs avec Wergeld?"

J'ai toujours au travers de la gorge le fait qu'il... Enfin... que... Que sa situation compliqué soit dû à un mâle... J'avoue que là, sur ce coup là, ma fierté féminine en a pris un sérieux coup. Je secoue la tête et ne peut 'empêcher de lâcher:

"On ne m'y reprendra plus en tout cas, y a trop d'amertume."

Et de colère aussi... Bon certes on était un peu fait, mais quand même lucide quoi enfin... Enfin je crois. Bref, on va pas revenir dessus hein, je fais bon grès mal grès dans cette histoire. On a pu sauvé l'essentiel, même si... Y aura toujours ces souvenirs entre nous. Je pousse un léger soupir et redresse la tête en direction de l'hôte de ces lieux, à y regarder, il n'était vraiment pas vilain. Un très beau regard, ce que j'aimais beaucoup chez les gens et sans réfléchir, mes yeux se baisse sur ces mains... Je les détaille, parce que... C'est un de mes critères et... Réalisant ce que je suis en train de faire, je rougis et relève la tête et dans un geste, je lui chipe un de ces bonbons que je déballe et met dans ma bouche, vachement logique avant de manger mais bon, j'm'en fiche pas mal.

"Vous pourrez pas faire pire de toute façon..."

Sous entendu, vous pourrez pas me briser plus le coeur que ce que Wergeld à fait et c'est pas totalement faut. Enfin, quand je fais le bilan y a de quoi ce poser des questions n'empêche... Et je secoue de nouveau la tête, en réalisant au final que ma situation pourrait en effrayer plus d'un:

"Dès qu'il y a une personne susceptible de, faut qu'il y ait quelque chose. Alors très franchement, vous ne pourrez faire pire."

Je réalise très bien le sous entendu, mais on y est pas non plus hein. Je suis pas du genre à accepter de sauter sur tout ce qui bouge faut pas déconner.

"Mais passons..."

Oui parce que le sujet est pas idéal là, très franchement je ne le connais pas et... Enfin... Comme si c'était un scoop de toute façon, ma vie sentimentale a été épinglé dans ce torchon de "Canard boiteux" alors qui n'est pas au courant à moins d'être aveugle...
Prenant ma fourchette, je pique dans quelques morceaux de légumes avant de les regarder avec un oeil perplexe et de les porter à mes lèvres. Je mâche quelques instant avant d'avaler et de sursauter quand un bruit résonne dans la salle suivis de quelques jurons bien placés. Visiblement catastrophe en cuisine... Je pose ma fourchette et passe une main dans mes cheveux.

"Parlez moi un peu de vous Maître Des Cendres,les rumeurs ne sont pas des faits et j'aime bien connaitre les gens qui... Parvienne a capter mon intérêt."