Les petits poissons

Il faisait chaud sur les îles de Ciel. Assez chaud pour faire suer le semi-elfe qui trainait dans l'arène le nouvellement promu guérisseur de K'ouen (K'ouen en personne...).

Première chose à savoir. Atrya n'avait pas vraiment envie d'être dans l'arène. Les combats, le sang, la douleur... Ce n'était pas son truc. Lui, il soignait les autres et c'était bien comme ça.
Sauf que, deuxième chose, Ayame avait récupéré le poisson-ange à l'hôpital. Pris d'un besoin viscérale (il est sûrement névrosé) il choisi de prendre le guérisseur aquatique sous son aile. A condition que ce dernier apprenne à se défendre.

Le triton se souvenait parfaitement du pourquoi de son petit séjour à l'hôpital. Il avait croisé le chemin de deux créatures furieuses lâchées dans la ville. Les monstres s'étaient enfuis après la rixe le laissant pour mort dans la boue.
Sain et sauf, pour peu de temps selon les prédictions météorologiques/médicales : Atrya devait apprendre les rudiments de la vie à la surface.

Quoi de mieux qu'un stage d'apprentissage aux bases des arts martiaux ?
Ayame, capitaine à la res publica de K'ouen et surtout bras droit d'un humain bourrus et sans manière s'était dit que ce serait une introduction nécessaire. A moins que l'humain en question n'en vienne à transformer le triton en sushi.

C'est pour cela que l'elfe poussait Atrya dans le dos. Il avait même quelques mots rassurant : ça ira. Ils comprendront que tu n'as aucune expérience, t'en fais pas.
Les suppliques du poisson ne firent rien contre la détermination du semi-elfe. Après tout, ce guérisseur devait se rendre utile même sur le terrain. Autant dire qu'il avait besoin de s'endurcir un peu avant qu'un gland tombé d'un arbre ne réussisse à le tuer.

-Vous êtes la stagiaire ?

C'est ainsi que le borgne salua la jeune femme à l'entrée de l'arène.

-Je suis Ayame, et voici Atrya, fit-il en désignant le jeune homme maigrichon à ses côtés, je vous le laisse on m'attend déjà à l'extérieur, allez-y doucement, hein ?

Il les salua de la main avant de s'enfuir sans demander son reste. Il n'attendait pas de réponse.
C'était comme un père qui dépose son enfant devant l'école et qui s'enfuit avant que ce dernier n'ait le temps de s'accrocher à la voiture en hurlant : "je ne veux pas y aller !"

Spoiler:

Il acquiesça à de multiple reprises, ne sachant pas vraiment comment répondre. Oui oui il était bien Atrya, peut-être pas le seul mais c'était bien son nom. Sanda ? Enchanté aurait-il pu lui répondre si ses mâchoires n'avaient pas choisies de se sceller entre elles.
Combat.

Nerveux, il regarda la jeune femme s'évader dans les ondulations de son souple sous le cuir. C'était une belle femme, elle ne l'était pas assez pour faire oublier à Atrya son aversion pour les prises de bec. Un poisson-ange se cache dans les récifs. Bien sûr s'il avait eu un parent poisson-combattant pourquoi pas. Il aurait été naturellement fait pour se défendre.
Sérieusement, un petit poisson comme lui qui soigne les raies manta et se contente d'être beau à regarder n'avait rien à faire dans l'arène.

Du sable chaud sous ses bottes. Il baissa les yeux sur son pantalon écru et se résigna. Ce sable là était meuble et traitre.

-Vous êtes sûre pour l'arme ?

Il regarda le choix étalé devant lui et ne su se décider. Sous l'eau, ceux qui se battent utilisent rarement des armes longues, elles sont trop difficile à manier dans les puissants courants des profondeurs.
De toute manière, Atrya se tenait debout à la surface. Pas de courant, pas d'eau. En continuant dans ce sens, il était certain qu'il n'avait aucune idée de comment on bouge pour combattre sur terre.

-Je marche au dessus de l'eau depuis peu de temps. Je ne sais pas si...

Equilibre, nul. Appui ? Qu'est-ce donc ?
Penaud, il resta bête devant l'étalage et tenta un maigre sourire pour se faire pardonner.
Un peu honteux devant son professeur, il persistait à fixer les armes sans vraiment comprendre le fonctionnement de la moitié d'entre-elles.

-Je viens de l'océan ! Alors...

Je suis un poisson pacifique. Un guérisseur, madame.
Qu'il n'osa pas prononcer tant elle le terrifiait. Il faut l'avouer, on peut caresser le ventre d'une baleine et se sentir moins à l'aise devant une murène...

-Ce n'est pas évident de m'y habituer.