La fée des montagnes. Comme un troll, sans les poils.

J'ai saisi, il n'est pas très perspicace (ou mon nom étrange ne fait rire que moi) et il aime la philosophie à deux balles... On se connait depuis une heure grand max et il me sort déjà le grand jeu, si j'avais besoin qu'on me remonte le moral j'aurais pris mon renard avec nous. Et puis je n'ai aucun complexe ! Pas d'aile ? Je fais avec. Pas de poussière dorée ? Je remercie les dieux de m'avoir épargnée.

-Un beau dragon comme toi à peur que je lui colle ma miche dans la face ? Les dragons, ce n'est plus ce que c'était !

Une oeillade malicieuse et un sourire goguenard plus tard, il marquait un point : Le trajet se faisait long.

-Les galeries de ma carte doivent être dans le secteur, essaye de repérer des ouvertures dans la roche...

Il ne crache pas de feu ? Non mais sérieusement ? C'est un dragon en carton ! Pire en papier ? Il pousse même pas une étincelle ? Et ça se dit être un dragon. Je comprends mieux pourquoi la caserne me l'a envoyé, un dragon sans flamme, c'est comme un éléphant sans défense, un cerf sans ses bois, une fée sans aile... Tiens, ça me dit quelque chose ça.

-Pas grave, le feu on en n'aura pas besoin. Ton patron veut ce rat en parfait état. On oublie les grillades. Et j'ai un briquet pour le tabac, j'espère qu'il reste de l'essence dedans...

Pourquoi n'ai-je pas vérifié avant de venir ? Je suis Dité, ça justifie toutes les erreurs et les écarts de conduite.

La flore était relativement rare là où nous étions. L'air était frais et l'altitude nous restait sur l'estomac. Les montagnes en quelques mots. La poésie du lieu glissant sur moi comme la philosophie du dragon-sanctuari, je pointais le doigts vers un renflement rocailleux.

-Peut-être par là, allons voir.

Je m'éloignais du pseudo sentier que nous suivions depuis le début du voyage et décidais avec toute la détermination qui peut habiter une fée sans aile d'aller fouiller par là bas. Et si des montres viennent nous saluer, je n'ai rien à craindre, j'ai un dragon juste à côté... J'espère qu'il ne fait pas vingt centimètres de haut...

Bon, si elle le prend comme ça… Elle veut jouer à lancer des piques et autres, d’accord on va jouer. Tant pis pour elle, je ne voulais en aucun cas mon grand penseur ou genre lui remonter le moral, vu qu’elle n’en a apparemment pas besoin du tout. C’était juste mon point de vue, elle en faisait bien ce qu’elle voulait.
Elle n’a pas intérêt à toucher à mes conditions de dragon par contre. Tout le monde pense que les dragons sont seulement des cracheurs de feu… Bande d’incultes !! Avant de dire quelque chose sur un sujet, assurez vos sources !

« Je n’ai certainement pas peur d’une fée d’un mètre cinquante les bras levés et de quarante kilos toute mouillée. Et ne te lance pas sur un sujet dont tu ne sais que ce que tu as entendu. »

On ne va pas commencer à se taper dessus alors qu’on a à peine commencé cette mission… On n’avancera pas si on continue comme ça, mais si elle veut du répondant, elle va en avoir, je ne l’épargnerais pas.

Des ouvertures dans la roches, bien cherchons ça alors, je regardais un peu partout pour trouver une possible ouverture. Pendant ce temps, j’écoutais ce que disait Dité sans y faire trop attention. Jusqu’à ce qu’elle dise quelque chose qui pouvait faire avancer cette mission.

« Je te suis. »

Je la suivais vers une espèce de renflement de rocher, c’est vrai que cela pouvait cacher une entrée, autant tenter sa chance. Je me tenais cependant prêt à réagir, si on tombait sur des monstres ou autres…

Spoiler:

Susceptible alors.
On en apprend tous les jours. Et toutes les minutes. Dragon. Sans feu (il n'a pas eu grand chose des trucs fun du dragon lambda, le pauvre), avec un derrière énorme et un caractère de cochon ? Oui, je prends des notes. Je l'aime bien. Les gens susceptibles sont bien plus amusant à taquiner. Et ils travaillent leur répondant, les conversations ont du rythme ! Valse ou Salsa. Avec lui, une salsa me dit bien.
Oui, j'avoue, sous forme humaine il est pas vilain.

-ahah !

Mon cri de victoire fait s'envoler une buse qui nous regardait depuis un moment !

-Ce n'est pas une entrée comme je les aime mais si on peut bouger ce rocher...

Une cavité soufflait un air frais et poisseux d'humidité venant du sous-sol, une cheminée ? Un conduit d'aération ? Ils ont l'air climatisé les ractopels ?

-Tu crois que tu peux le faire, Noryan ?

Joli sourire, petit pas en arrière. Position de la femme soumise et sournoise : tu es un homme, fais voir comment tu te sers de tes bras !
J'ai l'assurance qu'avant la fin de ce voyage nous aurons fini par nous écharper. Jackpot !

Son espèce de cris de victoire me surpris quelque peu, elle doit avoir trouvé une entrée de je ne sais quel tunnel… Allons voir ça. Au vu de ce qui bouche cette entrée… je sens que ça va être pour ma pomme… Je ne sais pas pourquoi mais je sens venir le mauvais coup, le coup tordu de Dité.

En plein dans le mille ! Ni une ni deux, ne loupant pas l’occasion, elle me le demande avec un sourire. Je m’avance donc vers le rocher et l’observe quelque peu. Il n’est pas spécialement imposant, je pense que ça passera.

*Si je peux, si je peux… j’ai intérêt à pouvoir sinon je vais en entendre parler tout le long de la mission…*

Je plaque mes mains contre la pierre et décide de m’aider de mon pouvoir, pour assurer le coup. Canalisant mon pouvoir sur la base du rocher, je pousse, enfonçant mes pieds dans le sol. Quelques secondes après, il commence à bouger et continuant sur ma lancée, je dégage complètement l’entrée.
Je me redresse, dos au rocher, et d’une main invite Dité à entrer, sourire aux lèvres.

« Après-vous. »

S'il se loupe, je le vanne jusqu'à notre séparation, qu'il attendra avec impatience.
Mince, il ne se loupe pas. Il rougit un peu sous l'effort, il bande ses muscles. Et... zut ! Loupé une occasion de me faire détester par un autre santuaris.
Bientôt on en fera un sport national, je serais reconnue mondialement pour mon talent indéniable...

-Merci très cher.

Lavette ! Tu fais passer une femme devant dans un gouffre inquiétant ? Galanterie... Mon oeil ! Les hommes ne servent plus à rien.
Ils poussent les rochers, c'est bien, mais pas très pratique.
Sourit Dité. Sourit !

Je saute dans le petit trou. Je me fais mal à une cheville et mes parties molles s'écrasent fièrement sur le sol. Il aurait pu sauter le premier !

-R.A.S. !

on sait jamais, il me prend peut-être pour un éclaireur.

Une petite lampe torche ne sert à rien quand on a Lil' ! La Mine de tuatha illumine loin devant nous le couloir haut comme un homme. On y voit comme en plein jour. Elle fait un tintamarre entêtant qui nous revient en écho régulier, une radio qui grésille et fait de la lumière. La nature fait de grandes de choses. Comme moi...

Je plaque ma carte sous mon nez.

-La carte est pas détaillée sur les galeries, faudra faire attention à pas se perdre.

Pour le moment c'est facile : tout droit !

-Tout droit !

Le couloir ne compte pas d'intersection à vue... C'est comme dire "je descend en bas" ! Mais ça me donne l'impression de gérer, dois-je signaler que je joue ma liberté ?

La faire passer en première dans ce genre de gouffre… cela n’a pas dû lui plaire… mais c’était fait exprès ! Je sens qu’on va s’amuser entre nous, à nous faire des vacheries masquées de ce genre, ça promet !
Elle saute dans le trou et j’attends quelques instants avant de descendre. RAS ? C’est toujours ça, mais je comptais bien venir même sans ton signal ma chère Dité. Je m’approche de l’entrée, et rejoint Dité en me laissant tomber. J’atterrie en douceur non loin de Dité, grâce à ma lévitation, pratique cette petite capacité mine de rien. La galerie est illuminé par… par hum… raaah j’ai oublié le nom… tant pis. Bref, le plus important est qu’on peut voir où on met les pieds. La lumière aurait pu se passer du son, car si on se rapproche de ce que l’on chercher et qu’il entend ce tintamarre… je doute qu’il s’en approche… sauf s’il trouve ça attirant.

La tête dans sa carte, Dité me signale que ces galeries ne sont pas sur sa carte… Dommage, on fera avec. Et pour le moment, ce n’est pas difficile de choisir son chemin, vu qu’il n’y en avait qu’un. Indiqué par Dité en prime, histoire d’être sûr.

« Hum, tu crois que ta luciole portative pourrait arrêter sa musique ? Déjà qu’on a du mal à trouver ce ractopel, alors si on le prévient de notre arrivée… »

Je ne lance pas du tout de pics, c’était une simple remarque… Mais si ce tintement ne plait pas au ractopel… je ne garantis rien pour la luciole moi…
On continue d’avancer, pour l’instant pas de problème, on suit le seul chemin. Si on a de la chance, il n’y aura pas d’autres chemins et sinon… on avisera le moment venu.

Galilée, le vrai, aussi était mal aimé, suffit de voir ce que les humains lui ont fait. Si seulement il avait connu l'Entre-Monde, il s'en serait tellement bien sorti le bougre ! Je commençais à croire que nommer la Mine de Tuatha "Galilae" était une mauvaise idée, j'ai flinguer son karma. Et l'adopter aussi a dû en foutre un coup à son destin.
Retournant mon sac et plongeant le bras dedans je cherchais la couverture en laine qui ne me quittait plus. En tirant dessus je risquais de peu de me faire ensevelir sous mes affaires de voyage.

-Lil', vient là !

La mine plongea, elle, dans mes bras tendus et je l'enroulais dans la couverture pour étouffer les aller et venues de ses bras cristallins.

-Voilà, elle ne fait plus de bruit...

Qu'ils sont exigeants les hommes de nos jours ! Ceci dit, je marchais sur un os rongé par des dents et le temps. Il craqua brutalement, si bien qu'en baissant les yeux, j'eus la vague impression d'être tombé dans un funérarium.
Une bouffée d'air venant de devant nous apportait avec elle un joyeux mélange d'odeurs toutes plus agressives les unes que les autres. J'en avais les larmes aux yeux tellement c'était horrible à respirer.

-On a trouvé son garde manger, ou ses toilettes... à en juger par l'odeur.

Un mélange d'huile de moteur et de ce qui se bidouille normalement dans les intestins d'une bestiole énorme.

-Peuuuuuuu-tit, petit petit !

Minaudais-je en pinçant les lèvres dans l'espoir d'appâter un ractopel de plusieurs mètres. L'autre bipède de l'équipée posait sur moi un regard condescendant. Haussement d'épaules :

-Quoi, t'as une meilleur idée. On doit l'attraper oui on non ?

Haussement d'épaules adverse.
Il tend l'oreille, l'odeur avait le mérite d'anesthésier totalement mon odorat (pas fichtrement bien développé cela dit), les lèvres du joli brun remuent mais aucun son ne portent jusqu'à moi. J'ai l'impression qu'il respire la bouche ouverte mais non, quand je regarde dans la même direction que lui, je vois :
Quelques tonnes de muscles, de gras, de fourrure et de dents nous darder avec deux petits yeux sournois. Le dragon, avec une technique incroyable, fait demi-tour sans attendre. Je ne critiquerai pas, car j'ai fais exactement pareil.
La bête sur nos talons.
Il m'invective, aucun nom d'oiseau, le garçon reste poli et concentré sur sa fuite. Moi en revanche...

-Je croyais l'odorat des lézards imparable... Et tu parles d'un dragon !

Ma voix n'a pas le temps de résonner sur les parois. Dommage, cela aurait donné de l'emphase à mon "sauvage!" hurlé à plein poumon dans la galerie.
Pour ma part j'avais prévu de courir tout droit sans penser une seule seconde que la sortie était à plusieurs mètres au dessus du sol, et donc, inaccessible pour une fée sans aile. Personne n'est parfait.
Noryan, lui, y a pensé. Gentleman, comme toujours, il plongea dans la première ouverture se profilant dans le sous-sol, invisible à l'allée et providentielle au retour ; sa main se referma sur mon bras et me tira à lui. La cavité était minuscule, de quoi enfourner un beau garçon et une fée. J'ai pensé à deux choses :

*Il est bien fait le cachotier ! *
*On est encore vivant ? *

Réponses :
On ne se refait pas.
Il semblerait qu'on soit encore en vie. Le rat a bien essayé de gratter (à coup de tête) les murs qui nous protégeaient sommairement de ses dents pointues, mais un ractopel n'a pas la force de creuser dans du granit. Il a fini par se lasser après nous avoir tenu là dedans pendant un quart d'heure à enrager sur la paroi.
Noryan a bien essayé de me rappeler que si nous étions dans cette galère c'était très certainement de ma faute, mais allez raisonner une bonne femme ! Le rat s'éloignant, j'envoyais Lil' en éclaireuse. Terrifiant la petite créature flottait dans l'air sans faire le moindre bruit. Un vrai miracle. Elle clignotait faiblement, tremblotant presque dans ses rayons lumineux.

-Je crois que la voie est libre.

Je sortais la première, non pas que monsieur est mal poli, mais vu l'espace j'étais obligée de libérer la place pour le laisser sortie ensuite.
Nous n'avions pas prévu que le rat était assez intelligent pour nous tendre un piège. Dès que les lapins furent sortis de leur tanière le rat revint sur ses pas, sa masse dissimulée dans un recoin sombre... Il bondit et : Lil' "explosa". La lumière fut si puissante tant la panique de mon cailloux portatif était grande, qu'elle nous aveugla tous. Le rat lui même cessa tout mouvement... Ses yeux trop habitués à l'obscurité étaient bien plus sensibles à ce genre de raz de marée lumineux. Notre vision revenant avant la sienne je lançais le paquet de tabac blanc à Noryan. Comment réussit-il à l'enflammer ? C'est une très bonne question, l'homme avait des qualités cachées bien qu'il ne soit pas un dragon tout feu tout flamme...

Il lança le sachet et les braises sous le nez du rat qui s'endormit presque aussitôt. Nous deux, somnolents bien que nous nous couvrions le nez, constations peu après le bon état de la bête et son profond, sommeil. Assommé pour un moment, j'ai laissé Noryan ouvrir la porter vers la caserne. A partie de là il fallut trainer la chose à travers la porte. En ouvrir une autre et l'envoyer valser à Lazareth avec les compliments de Dité et Noryan...

Qu'est-ce qu'il faut pas faire pour éviter la prison...

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