Sans logement [PV Caethel]

-"Et n'y revient plus !"

Je n'avais pas eu le temps de répondre que la porte de l'appartement se refermait déjà et sentant la colère monter en moi je crispais le poing des décharges électriques me parcourant. Quel abruti ce propriétaire, si je m'écoutais je l'aurais fais griller sur place. Je savais que ça faisait des mois que je faisais traîner le loyer mais de là à me virer sans sommation une fois celui-ci remboursé car je n'étais pas capable de le payer régulièrement.

Peu à peu je me calmais et je parvins finalement à desserrer mon poing. Et puis à quoi bon, je détestais cet endroit de toute façons, je détestais mes voisins et les gens que je rencontrais, à croire qu'il n'y avait rien de bon dans cette ville. Il croyait que c'était facile pour moi d'avoir trouvé cet argent, après tout tout le monde se méfiait de moi en tant qu'étranger et trouver un job avait été une vrai galère. Mais la question que je me posais était qu'allais-je faire maintenant ? Il était déjà tard et je n'avais plus d'endroit où loger avec pour seule bagage les quelques affaires que j'avais rassemblé jusque maintenant.

Cela faisait plus de dix ans que je vivais à l'entre-monde ayant fui mon ancien monde et pourtant depuis tout ce temps j'avais toujours vécu comme un vagabond j'avais l'impression. Surement que mon caractère imprévisible ne m'a jamais permis de me faire des amis sûr et des connaissances qui m'auraient aidé à m'installer quelque part. Puis de toutes manières ça ne me ressemblait pas, personne ne m'avait jamais compris et ce n'était pas maintenant que ça allait commencer...

Je redescendais donc l'immeuble sortant dans la rue avec mon sac en bandoulière. J'avais eu pas mal de mauvaises journées dans ma vie, mais celle-ci n'était pas mal je devais avouer, j'allais surement dormir sous les ponts en attendant de trouver un endroit où loger. Enfin .. si ils acceptaient les gens qui ne payaient pas les cautions ... Oui peine perdu donc. J'avançais toujours et perdu dans mes pensées je ne remarquais pas la personne qui marchait elle aussi face à moi, la bousculant assez fortement de l'épaule sans lui prêter attention.

Je me baladais, les mains dans les poches,et soupirais. ça avait été une journée longue. Trèèès longue et stressante. J'avais appris à prendre forme humaine afin de ne pas me faire remarquer. Je m'étais plusieurs cassée la figure, mélangée les pattes, et sans queue pour garder mon équilibre ainsi que sans crocs ni griffes ni ailes, je m'étais sentie nue.

Finalement, après avoir réussi tant bien que mal à maîtriser mon corps, j'avais pris contact avec un ancien du clan, qui m'avait demandé de venir dans cette ville. Le nom ? Je ne m'en souviens plus et m'en moque royalement. Bref, j'avais du reprendre ma forme draconique histoire de voyager plus vite, et j'avais éprouvé du soulagement. J'avais volé pendant 3 heures non stop. Arrivée, j'avais tout de suite pris forme humaine et avait retrouvé le vieux sur la place.

Il m'avait accueillie royalement, étant l'une des deux princesses du clan. D'ailleurs, il m'avait fait penser à Kopa, mon grand-frère et l'un des princes héritiers. Nous avons discuté et il m'avait prêté l'une de ses maisons. Youpi, une maison tranquille, mais en plein coeur du centre-ville. Sérieux, moi qui voulait être à part, et bin voilà.
Il m'avait présenté à ses relations, les plus hauts dignitaires de la ville et m'avait eu un travail de secrétaire. Encore mieux, un job où je devais écrire et m'ennuyer à mourir.

Je ressassais encore cette journée, serrant et desserrant les mâchoires, jusqu'à sentir un choc violent au niveau de l'épaule. Je réussis à garder mon équilibre et me retournais, glaciale. Je reconnus celui qui avait fait ça à l'odeur et je lui mis la main sur l'épaule, lui glaçant légèrement le bras.

" Alors, tu fais pas attention où tu marches ? ça t'éclate de faire ça ? "

Je sens un contact froid et plutôt étrange sur mon épaule, c'est moi ou la personne que je viens de bousculer est en train de me congeler le bras ? Franchement je pensais que cette journée ne pouvait pas être pire mais il fallait croire que cela pouvait toujours être pire. N'attendant pas de voir à qui j'avais à faire je concentrais une charge électrique dans mon épaule pour faire relâcher prise à mon "agresseur", par la même occasion ça réchaufferait mon bras.

-"Lâches moi j'ai pas que ça à faire, j'ai assez de problèmes comme ça pour qu'on vienne m'embêter avec d'autres."

Je me retournais pour plonger mon regard courroucé dans celui de la demoiselle qui se tenait face à moi. Je fus tout d'abord surpris, bien que ses yeux bleu azur arboraient la pupille verticale d'un chat, je les trouvais plutôt jolie surtout encadré par sa chevelure brune. Mais de toutes façons je n'avais pas la tête à décrire cette personne, j'étais plutôt énervé à vrai dire en ce moment.

-"J'ai l'impression que c'est même pas des excuses que tu veux, tu sais en temps normal ça m'aurait pas déplu de m'amuser avec toi dans une confrontation mais j'ai pas le temps alors trouve quelqu'un d'autre si tu veux te dépenser."

C'est vrai quoi elle était encore plus agressive que moi j'avais l'impression et j'avais pas le temps de m'amuser, je devais trouver un endroit où dormir car la nuit tombait déjà. Je lui tournais donc de nouveau le dos, m'apprêtant à m'éloigner. Pourquoi les problèmes pleuvaient toujours sur moi, j'allais finir par croire que j'attirais toujours la haine sur moi ...

-"Lâches moi j'ai pas que ça à faire, j'ai assez de problèmes comme ça pour qu'on vienne m'embêter avec d'autres."

Au même moment, je sentis des picotements sur la main, que je retirais avec regret. Ce mec était bizarre. Comme tous les autres bipèdes d'ailleurs. Je le regardais avec soin. La glace étant mon élément, je me comportais comme elle : glaciale, rigide, cassante, dure. Bref, j'aurais aimé pouvoir prendre ma véritable forme mais ce n'était pas discret.

-"J'ai l'impression que c'est même pas des excuses que tu veux, tu sais en temps normal ça m'aurait pas déplu de m'amuser avec toi dans une confrontation mais j'ai pas le temps alors trouve quelqu'un d'autre si tu veux te dépenser."

Sa remarque me surprit. Il ne m'était même pas venu à l'idée de me battre. C'était tellement futile et gamin. Nous, dragons, étions vraiment plus mature que ces stupides humains. Je soufflais doucement et le regardais me tourner le dos pour s'éloigner.
Je murmurais

" Vous, les humains, vous êtes vraiment incompréhensibles. "

Je m'apprêtais à faire demi-tour, quand mon instinct me prévint qu'il y avait quelque chose d epas normal dans les environs.

Je m'arrêtais en entendant sa phrase, qu'entendait-elle par vous les humains ? Mais c'est vrai qu'au vu de ses yeux elle n'avait pas vraiment l'air humaine, je me demandais qui elle pouvait bien être en réalité. D'un autre côté je me disais que c'était pas mes oignons et que je ferais mieux de chercher où dormir plutôt que perdre mon temps.

Je restais donc planté là, réfléchissant quelques secondes avant de finalement me tourner vers elle. Après tout j'en avais marre, de toute façons je trouverais nulle part où dormir alors autant mettre les choses au clair. J'étais maudit c'était sûr, j'en avais marre que des malheurs pleuvent sur moi, j'en avais marre qu'on m'évite comme la peste et j'en avais marre qu'on me rabaisse en me considérant comme incompréhensible parce que j'étais un "Humain".

-"Je peux savoir ce que tu entends par incompréhensible ? Si tu veux tout savoir j'ai nulle part où dormir je me suis fais viré de mon logement, donc oui je suis sûr les nerfs et j'ai pas envie de me prendre la tête. Surtout que vu comme ça continue je vais dormir sous un foutu pont."

Voila que mon regard vindicatif passait à un regard fatigué et je me frottais les yeux de ma main de libre comme si cela pouvait me redonner de l'énergie. Mais qu'est ce que je faisais moi, je commençais à déballer ma vie à une inconnue maintenant. Puis j'avais surtout l'impression qu'elle ne m'écoutait même pas, en temps normal je me serais encore plus énervé mais là j'étais fatigué.

-"De toutes façons je pense que tu t'en fous pas mal, je vais pas t'embêter plus longtemps je suppose que je ne suis qu'un fou pour toi."

J'espère que cette phrase dite sous l'emprise de la fatigue ne paraissait pas plaintive. J'en avais assez où était le plus proche pont que j'aille m'écrouler dessous à ruminer ma pitoyable vie.

-"Je peux savoir ce que tu entends par incompréhensible ? Si tu veux tout savoir j'ai nulle part où dormir je me suis fais viré de mon logement, donc oui je suis sûr les nerfs et j'ai pas envie de me prendre la tête. Surtout que vu comme ça continue je vais dormir sous un foutu pont."

Je fronçais les sourcils. Comment ça, viré de chez lui ? Chez nous, nous dormions tous dans la grotte du rocher de la Fierté. Personne ne se faisait dégager comme ça. Même les étrangers étaient les bienvenus, s'ils n'avaient aucun comportement douteux.
C'était quoi, cette manière ?? Il n'y avait que les humains pour faire ça.

Il avait l'air fatigué, blasé. Soudain, j'eus pitié de lui. Comment les humains pouvaient-ils être si insensibles avec leurs frères. Je m'approchais de lui.

" Si ça t'arrange, tu peux venir dormir chez moi. Ya suffisamment de chambre. Il faut juste régler un problème avant."

Et, m'adressant à ceux qui nous observaient :

"N'est-ce pas Messieurs !!!"

Sa réponse me surprit, elle venait de dire quoi là ? Qu'elle acceptait de me loger ? Elle se moquait de moi ou quoi, comment aurait-elle pu passer de la colère à cette soudaine charité. J'avouais être complètement désarçonné par ce virement de situation. Si ce qu'elle disait était vrai, elle devait vraiment être changeante et lunatique.

-"Tu es sérieuse quand tu dis ça ? Non parce que y'a un moment j'ai bien cru que tu allais m'étriper parce que je t'avais bousculé .."

Puis réagissant instinctivement à sa seconde phrase, je réagis aussitôt tout sens aux aguets, redéposant mon sac par terre avant d'extirper d'une de mes poches une pièce de monnaie que je fis voltiger dans les air comme si je jouais à pile ou face. Bon c'est sûr que vu comme ça il avait plutôt l'air de faire le malin qu'étant prêt au combat, mais c'était souvent cet aspect qui lui avait permis de survivre jusqu'à maintenant.

-"Nous avons des visiteurs ?"

Si je pouvais me défouler sur quelques voleurs ça n'allait pas me déplaire, j'avais vraiment besoin de déverser ce trop plein de frustration après tout ce qui était arrivé aujourd'hui. Mais bon il fallait que je me retienne tout de même, les tazer un petit coup ou leur faire peur devrait suffire. Je me tournais alors en direction de la demoiselle lui chuchotant.

-"Reste en arrière s'il te plait, si ils cherchent les embrouilles je leur montrerais de quoi leur faire peur."

-"Reste en arrière s'il te plait, si ils cherchent les embrouilles je leur montrerais de quoi leur faire peur."

Je souris, toute dent dehors. Hors de question que je le laisse s'éclater tout seul. On était deux, donc on partage en deux. Je me mis en position de combat en lui répliquant :

" Moi aussi je veux m'amuser."

Et ils arrivèrent. Certains vinrent du toit, d'autres de la rue, bref, il en venait de tous les côtés. Je les regardais calmement, les comptant. Il y en avait 12. Autant de personnes pour moi, j'étais touchée. Et je savais qui les avait envoyés. La guerre de succession avait commencé. En m'éliminant, ils s'assuraient que mon frangin abandonne le pouvoir. Seulement, ils avaient mal calculé : ma famille n'abandonnerait jamais. Elle résistera. Et elle était intouchable car entourée de gardes.

Bref, leur effort était vain.
L'un d'eux s'approcha de moi. Il n'avait même pas fini qu'il s'écroula, la poitrine transpercée par une dague de glace. Mon envie de reprendre forme originelle me démangea. Et j'y obéis.

Je pris ma forme naturelle. Me revoilà en dragon. Je m'étirais avec délice puis, avec ma queue, balayais les assassins se trouvant à proximité.

Mais j'étais embarqué dans quoi là? Je m'attendais à des petits voleurs de bas étages quand elle avait dit avoir repéré des personnes, mais visiblement cela ressemblait plus à des gars commandités pour le meurtre. Bon décidément je pouvais classer cette journée parmi une des pires de ma vie, malgré tout j'affichais un visage serein continuant de jouer nonchalamment avec ma pièce de monnaie. Après tout peu importait la situation, au point où j'en étais j'allais leur faire regretter de faire de cette journée un véritable enfer.

Je tournais alors mon regard sur ma gauche pour me rassurer de la présence de la demoiselle quand je la vis soudainement se transformer en dragonne. Je n'ai jamais pris de drogues et bien que je sois fatigué ça n'a pas l'air d'être une hallucination, puis vu le temps que j'ai vécu dans l'entre-monde cela ne me surprenait guère de voir ce genre de trucs. D'accord donc j'avais bousculé un dragon et non une jeune femme il y a quelques secondes autant pour moi.

Après le moment était plutôt malvenu pour m'étonner de ça, elle avait l'air plutôt gentille et ne cherchait qu'a se défendre face à ses agresseurs pour le moment. Puis bien que les assassins s'en prenaient à elles, plusieurs venaient aussi dans ma direction. Oui certes ils ne voulaient pas de témoins, c'était logique.

-"Journée de merde !"

Ma pièce de monnaie venait à peine de retomber pour se situer au niveau de ma main qu'une grande charge électrique se mit à se concentrer dans celle-ci, la propulsant tel un projectile meurtrier à grande vitesse dans un bruit assourdissant avant de venir s'encastrer dans le premier mur venu. Saviez vous que tout corps emmagasinant de l'énergie devait la restituer ? En général c'est sous effet joule, mais si le corps ne peut se libérer assez vite de cette énergie il était propulsé pour libérer celle-ci. Je trouvais cela amusant j'avais même donné un petit nom à ce petit jeu, le railgun. Par contre j'avouais que la précision laissait à désirer, à part avoir sauvagement détruit le mur sur une dizaine de cm de profondeur, je n'avais eu aucun agresseur, mais bon ils s'étaient arrêté surprit quelques secondes au moi. Profitant de ce moment de flottement je fis crépiter des éclairs autour de mes mains avant de les projeter devant moi dans un nuage électrique fauchant plusieurs personnes avant que les autres ne prennent le réflexe de les esquiver.

Déjà trois de moins à s'occuper, il faisait plutôt pitié à s'agiter comme des poupées désarticulées par terre pris de spasme incontrôlables, mieux qu'un tazer. Mais je n'avais pas le temps de m'amuser qu'un des assassins se ruait déjà sur moi pour me porter un coup de sa lame. Me devant réagir au plus vite, je remarquais un couteau délaissé par un des assassins précédemment électrocuté au sol et ne demandant pas mon reste je créais aussitôt un champ magnétique à proximité de mon ennemi ce qui attira aussitôt tout objet métallique à proximité. C'est donc soulagé que je vis l'homme s'effondre une lame plantée dans le dos entouré d'autres débris attiré par mon champ. Décidément je ne savais même pas ce que pouvait attirer ce champ magnétique ...

De mon côté j'avais finis avec ces hommes et je me tournais en direction de la demoiselle dragonne afin de voir si elle en avait finis elle aussi.

Les hommes s'approchaient de plus en plus. je les regardais avec un air glacial. Enfin quelque chose pour me défouler. Je souris de tous mes crocs et balançais ma queue sur les premiers ennemis. Ils furent assommés net et j'en profitais pour les tuer. Puis, je me tournais vers les autres, que cette démonstration n'avait pas ému, et, inspirant profondément, je crachais du feu glacé. Je pouvais aussi leur cracher de l'azote en pleine tête mais je n'en avais pas plus envie.

Ils furent geler et je les réduisis un morceau d'un simple coup de patte. Je ricanais. Les autres, je les transperçais avec des piques de glace. Finalement, cette mission avait du bon.

Du coin de l'oeil, je vis que le vagabond s'en tirait bien. J'attendis donc qu'il ait fini, en me léchant la patte d'un air pensif. Puis voyant qu'il avait terminé, je tournais ma tête vers lui et l'observais.
Il maniait l'électricité. Pas mal. Et vu ce que ça donnait, ça devait faire trèèèès mal. Bref, il était intéressant, même, si pour moi, s'il avait un caractère de merde.

* Pas intérêt de l'avoir comme ennemi. Quoique j'aimerais savoir ce que ça donne, histoire de ne pas mourir idiote. *

" Pas mal. "