Re: Dans un autre monde

La sensation d'être enfermée était insupportable. Toute personne deviendrait claustrophobe dans une situation telle que Hilde subissait. Il subissait sans broncher ce mal et pourtant, des images le traversaient. Il ne ressentait rien, il était juste envahit par des images fixes et tellement floues. Il vit son propre corps à travers un journal et une télévision. C'était incroyable, il pouvait intercepter les moindres pensées de la souffrante. Par contre, au niveau de la poitrine, le maître restait fermé comme une huître. Cela suffisait-il pour comprendre cette pauvre femme ? Chaque chose en son temps, il répondit lorsque celle-ci répéta le ton étonné le mot -ami-.

-Je suppose, oui. Il suffit de voir leurs têtes. L'un est sur le point de... mourir comme vous, je crois. Son visage porte la tristesse comme vous qui portait la mort sous vos traits.

Un flot d'image envahit l'esprit de nouveau. Toujours aucune sensation... Il découvrit Neythen succédé par une bouteille d'alcool. Un insecte s'imposa aussi soudainement que Ken était parti. L'esprit était étouffé dans ce corps. Si en plus il fallait subir ces images à faire vomir, le prix pour sauver cette femme était bien trop élevé, autant abandonner sur le champs. Mais de nouveau, ce fut les ténèbres qui s'installèrent, comme s'installe une vieille personne près d'un feu et qui repense à ses années perdues, au loin dans un océan de souvenirs.

-L'aide ne se réclame pas, je crois. Je pense que l'on reçoit ce qu'on mérite et si de l'aide nous est apporté, c'est qu'il était nécessaire. Ce n'est pas à vous de décider, l'aide provient d'autrui. Et j'en reviens à l'amitié. Si quelqu'un vous offre son aide, s'il est près à mourir près de vous. Et même s'il est incapable d'agir, un ami ferait n'importe quoi pour vous sauver. Et je crois que Neythen a agit de la sorte. Il a fait n'importe quoi... juste pour vous et croyez-moi, le prix à payer est chère... C'est un ordre naturel, si l'on donne, on reçoit. Et votre cas ne vous autorise pas à décider. Ce que vous souhaitez ne nous intéresse pas. Ce que vos amis désirent, c'est vous. Ce serait bien égoïste de votre part de les abandonner de votre plein gré. Repousser leurs soutiens, c'est refuser leurs amitiés.

Un halo de lumière repoussa les ténèbres. Cependant, malgré toute cette lumière, Hilde n'apercevait rien, absolument rien. A espérer que cela ne représente pas l'avenir, le néant. Comment pouvait-on voire le vide, le néant à travers la lumière ? Son rôle n'était pas de nous éclairer, nous montrer l'avenir ? La lumière ne représentait pas une source de bien-être et de chaleur. Ne pouvait-on pas se confier à elle ? Corps et âme ? Il ne resterait que ténèbres... Se confier aux ténèbres revient à mourir. Comment fuir la mort si la lumière nous trahissait ? Même si elle faisait fuir l'obscurité, Hilde était toujours perdu.

Les ténèbres comme la lumière fuirent face à ces illuminations. Un femme, grande, mince même squelettique exigea les regards. Hilde ne pouvait que la regarder, il était dans l'obligation de plonger dans son regard. Sa force était puissante, elle maintenait sa présence. Qu'avait-elle donc à faire dans les pensées de la souffrante ? Pourquoi imposait-elle tant de souffrance ?

-Votre don ? C'est donc ça votre don ? Voir tous ces gens souffrir et vous plonger avec eux dans la souffrance ? Vous appelez ça un don ? Un don n'est pas ce qui vous tue, c'est une malédiction plutôt !

Hilde n'imagina pas ce qu'était de vivre avec ce fameux don. Plus il était loin de la mort, mieux il se portait. Et pourtant il était au sein même de la mort. Il était le carrefour des souffrances, là où circulaient tout mourant...

-Je suis en vous et je ne ressens rien ! bien malgré lui, son ton était presque agressif. Je vois simplement des images qui défilent.

Des images qui défilent, et bien il devait être servit, parce que dans le genre images diverses et variées... J'ai la sensation de revivre ma vie, comme si, comme si s'était la dernière chose que je devais faire.
Et puis ces paroles, qui me laisse pas insensible. Ami(e)s que savait-il a ce sujet? Considéré Wergeld où bien Neythen comme des amis alors qu'ils ne connaissent rien de moi? Considéré Ez où bien même Elenwil comme des ami(e)s alors qu'au final...

Je pousse un soupir, que sait-il de mes ami(e)s, de ma vie? J'ai tout perdu et je me casse la tête à reconstruire sur des bases qui sont fragile, je le sais, la confiance que je met en chacune des personnes que je rencontre est simplement un trait de ma personnalité, et bien oui, je fais confiance facilement alors...

Je me sens soudainement énervée sans savoir d'où ça vient, si énervée que je parvient à occulté ces deux partie de moi qui sans cesse me font souffrir. Qui peux comprendre ce que je vis? Qui peut prétendre me connaitre? Qui peut réellement ce vanter d'être un de mes proches?
Je veux toujours aider mon prochain, mais qui m'aide au final? Les revers j'en ai connu, la perte de gens cher aussi, alors franchement...

Mon don... Puisqu'il voit des images, alors je lui en envoi quelques une bien sélectionnés, des bribes de souvenirs de personnes guéries grâce à mon don, car oui, s'en est un, même si il me tue à petit feu. Cette femme qui avait des difficultés à mettre son petit au monde, où cet homme blessé qui croyait sa fin proche et encore ces gens lors de l'incendie, bref... Un tas d'images montrant que oui son don en était un, que grâce à lui elle sauvait des vies et que ça, c'était la plus belle des récompenses.
Une malédiction? Elle n'y avait jamais pensé ainsi... Une malédiction qui l'empêchait de vivre normalement, qui faisait qu'elle était sans arrêt sur le qui-vive, qu'elle ressentait parfois des choses qu'elle ne désirait pas... Comme avec Ez...

L'image du prétorien vint s'imposer d'elle même dans son esprit. Elle l'aimait beaucoup Ez, cette fragilité au-delà de sa fierté et de son caractère... Cette évidence qu'il se perdait un peu plus chaque jour... Et cette envie qu'elle avait de le protéger, de lui dire que quoi qu'il arrive elle serait là, fidèle a elle même...
Comme pour Wergeld au final... Toujours là pour lui, quelque soit la situation et si il avait besoin d'elle...

Elle ferma les yeux, fatiguée, elle l'était vraiment, et les mot de Hilde au sujet de l'amitié et de l'aide l'avait touché bien plus qu'elle ne l'avouerait jamais.
Ils étaient vraiment attachés à elle?
Eönwë et ce regard qu'il lui avait lancé avant de partir, et Wergeld qui était venu malgré tout, Neythen qui était là, même si ils ne se connaissaient que peu et puis, Hilde, présent en elle.

Son énervement ce calma aussi vite qu'il était apparu, elle parvint à bouger ces jambes, chose qu'elle n'arrivait pas jusqu'alors et puis, elle n'entendait plus ces gémissements et ces pleurs.
Elle était visiblement plus calme et parvint même à ce lever. Hésitante, elle regarda autour d'elle, cette pièce elle la connaissait, pour y être entrée pas mal de fois comme dans plusieurs chambres de l'hôpital en fait.

"Repousser leurs soutiens, c'est refuser leurs amitiés..."

Elle venait de répéter ces mots qu'il venait de dire, comme si en fait, ils étaient le moteur de beaucoup. Elle poussa un soupir et se laissa porter jusqu'au lit où elle était étendu:

"J'aurai aimé, avoir une fois dans ma vie, le choix."

Le choix de continuer, de refuser, d'oublier. Sauf que si elle abandonnait maintenant, au final, elle laissait tomber sa recherche de vérité et puis, bien d'autres choses encore. C'était elle la lâche, pas Ez...

"Je voudrai sortir de là, mais comment je fais?"

Elle se sentait un peu apaiser, bon, ce n'était pas encore l'extase mais bon... Elle avait noté le ton agressif de la dernière phrase de Hilde et ajouta:

"Si vous ne sentez pas, vous ne pouvez comprendre. Vous voyez, mais jamais personne ne pourra comprendre ce que je vis."

Oui, personne, parce que ces douleurs, elles faisaient partis d'elle et n'avait finalement, pas le choix. Jamais elle ne l'avait eu à ce sujet...

Comment faire ? Il n'était pas dieu, et cela était tristement la réalité, donc il était incapable de trouver la solution à sa place. On lui avait simplement demandé de venir communiquer avec elle. Sa part était faite, mais le contrat n'était pas encore rempli. Et pour le remplir il fallait qu'elle se réveille de ce coma, mais définitivement. Et pour cela, il était évident qu'il fallait qu'elle sache comment faire. En conclusion, l'esprit était lui aussi concerné par cette question.

Et quelle question ! Comment faire... Hilde avait toujours trouvé la solution à ses problèmes, la réponse aussi. L'on était toujours récompensé par ses efforts, or cette femme grâce à son fameux don, elle avait beaucoup donné et l'heure était de recevoir désormais. Mais comment recevoir ? Hilde tournait en rond et cela l'agaçait. Mais il remarqua qu'elle avançait déjà beaucoup, car elle avait reçu l'esprit. C'était déjà un cap de franchi.

- Comment faire ? Je ne suis pas vous, ce n'est pas mon don ! D'ailleurs si je l'avais, je ne l'appellerais pas ainsi... Mais là n'est pas la question. C'est vous qui vivez avec ce fardeau, pas moi ! Il est logique que vous devez trouver cette réponse seule. Moi je suis là pour vous guider et j'admets ne pas savoir comment m'y prendre. Mais voyons les choses telles qu'elles sont. Nous sommes en communication, vous m'écoutez et ne rejetez pas ma présence. C'est déjà beaucoup ! Allons-y doucement, ne brusquons pas les choses.

Elle se plaignit d'être seul au monde. Tout le monde l'était dans son coin. Chacun vivait seul en réalité. Comment peut-on affirmer vivre entourer, alors que nous sommes seuls dans nos têtes, seuls dans notre corps ? C'était paradoxal et de par cette idée, Hilde comprenait ce qu'elle voulait dire. Lui n'avait-il pas été seul à vieillir ? N'avait-il pas été seul à chercher désespérément un remède, une solution ? Il avait cherchait comment faire lui aussi ! Et pour preuve, il était là, il avait réussi. Pourquoi elle, n'y parviendrait-elle pas ? Certes, l'esprit était un être hors du commun, voire inégalable, ce n'était certainement pas une comateuse qui allait l'égaler, mais elle avait les capacités de résoudre ses propres problèmes. L'esprit pensait que chacun avait en lui le pouvoir de se relever et de continuer à vivre. Après il y avait des degrés et Hilde fut le seul à combattre la vieille ainsi, son combat était inégalable.

- Cessez donc de bouger dans tous les sens ! Vous allez perdre connaissance !

Et que se passerait-il si elle s'évanouissait alors que lui était en possession de son corps ? Il n'avait pas la réponse, car cela ne le concernait pas et c'est pour cela qu'il fallait qu'elle conserve le peu de force qu'elle possédait encore.

- Je ne vous comprends pas effectivement. Je ne comprends pas pourquoi vous ne vous battez pas pour votre vie. Moi à votre place, j'aurais trouvé la solution, parce que j'aurais été concerné. Mais étant donné que je ne suis que spectateur de votre mal, je ne peux rien faire. Mais parallèlement, je suis moi aussi impliqué dans l'affaire, donc je vous demande d'essayer, juste essayer. Je me doute que vous vous êtes battu, que vous n'avez pas non plus été passive, mais la preuve est que vous n'avez pas assez combattu.

Hilde n'avait pas eu le soutien d'amis. Donc sa tâche était beaucoup plus aisée que la sienne dans le passé. De plus, il n'avait pas donné pour recevoir non plus. S'il aurait donné, il aurait peut-être été épaulé et qu'il aurait eu des amis. L'idée se rejoint, il était donc sur la bonne piste. Elle avait donné, l'heure été venu de recevoir.
Et pour une fois, Hilde comprit qu'il donnait et que cela pourrait être bénéfique et qu'un jour il recevrait aussi.

Je suspendit un geste que j'étais en train de faire, pour le coup, je reste quelque seconde interdite en sentant clairement l'hostilité de l'esprit qui était en moi. Non mais pour qui se prenait il? Qui était-il pour parler de la sorte? Que savait-il de tout ça?

"Pour votre information je n'ai absolument rien demandé alors navrée que vous soyez bloqué ici dans mon esprit!"

SI il me cherche il peut me trouver! Non mais oh, il allait peut être falloir qu'il se calme le coco là hein, tout esprit qu'il est, il a pas à parler comme ça, surtout quand on connait rien de la personne.
Certes je ne le connais pas non plus, mais c'est pas une raison! Brusquons pas les choses, allons y doucement, pour le coup, elle désira ardemment qu'il sorte de sa tête, qu'il lui fiche la paix.

Pas assez combattu... Non mais il en avait de bonne, d'excellente même. Avoir été passive... Pour le coup, je sentis de nouveau le sentiment de colère m'envahir. Je ferme les poings et les yeux aussi et puisqu'il voit les images, je me fais un malin plaisir de lui balancer quelques une de celle que j'ai en mémoire, ces images de jour ou je me battais pour travailler, pour aider, pour soigner. Ces jours où j'ai chercher à comprendre malgré la douleur mais aussi ceux où j'appelais à l'aide et que personne me répondais. Vraiment, là ces paroles sont plus blessante qu'autre chose, même si je suis consciente qu'il veut m'aider.

"Perdre connaissance, alors que je suis déjà inconsciente? Quelle ironie!"

Mordante je l'avais été, fatiguée, je l'étais encore. Je m'approche du lit où je repose, enfin ou mon corps est, et je m'assois sur les draps, j'ignore la présence qui me gêne. Il faut que je me concentre... Je ferme les yeux, vraiment, je suis fatiguée.

"C'est sûr que vous ne vivez pas avec, je serai curieuse de voir comment vous pourriez vivre en ressentant toutes les petites et grandes douleurs des gens. Ainsi, vous ne seriez pas si hâtif à dire que je ne me suis pas battue."

Oui, cette fois j'avais voulu abandonné, étais-ce un crime que de vouloir être tranquille? Est-ce que cela était égoïste que de vouloir plus ressentir toutes ces douleurs? Je ne rouvre pas les yeux, je m'allonge près de ce corps inconscient qui est le mien, je laisse la fatigue m'envahir, je n'aspire plus qu'à dormir et la dernière chose que je dis c'est:

"Merci d'être venu."

******

La machine s'affole, un bip retentit, pas bon signe. La porte de la chambre s'ouvre brutalement et Lucas accompagné d'une infirmière entre. Tout deux ce dirige vers le lit, le chirurgien éteint la machine et ce penche sur le visage d'Aliénor qui c'est crispé.
Au final, le bip était un bon signe... Il pose une main sur une des joues pâles de la jeune femme et fit:

"Aliénor?"

Pas un bruit, pas une réponse, pourtant, quelque chose change, quelque chose évolue enfin depuis ces derniers jours. Il glisse une main dans une des siennes alors qu'un ordre fuse:

"Appel Eönwë, elle se réveil!"

L'infirmière disparaît aussitôt, Lucas glisse une main dans une de celles d'Aliénor et doucement lui demande:

"Aliénor, si tu m'entends sert ma main..."

Une fraction de seconde passe et une pression se fait sentir, le praticien ne peu s'empêcher de sourire et reprend:

"Ouvre doucement les yeux Ali'..."

Une seconde passe, puis deux, puis trois et enfin, doucement, fébrilement, la directrice du sanctuaire des braves rouvre les yeux sur ce monde qu'elle avait voulut quitter. Elle les referma pourtant rapidement, alors que Lucas l'encourageait à continuer. Le second essais fut le bon car cette fois, elle les ouvrit totalement et le médecin fit:

"Bienvenue ma jolie, tu nous a fait peur..."

****

J'étais pas censée être fatiguée moi? Cette voix, je la connais, bien même... Ouvrir les yeux? Serrer la main? J'exécute, je sers la main et rouvre les yeux...
Rhaaa... Trop de lumière! Je les referme aussi sec.
Sauf qu'on m'encourage encore...
Alors je les rouvre et cette fois pour de bon. Je reconnais la silhouette de Lucas penché sur moi, puis, là, sur ma gauche, y a... Wergeld, comme dans mon rêve, je tourne la tête sur la droite et un peu plus loin, je vois Neythen... Là encore comme dans mon...
Ouais sauf que la présence que je sens encore en moi, c'est aussi comme dans mon rêve... Donc... Ce n'était pas un rêve...
Je n'écoute même pas Lucas me parler... Je sais plus trop où j'en suis d'ailleurs... Et j'ai même pas l'occasion de dire ou faire quoi que ce soit, qu'une lampe sortie de nulle part apparaît...

Ce délire, non mais c'est quoi cette blague là? Muée par je ne sais quel instinct, je frotte la lampe esquivant Lucas qui voulait m'en empêcher. Et quand un... Drôle de truc en sort et me demande de faire un voeux, je hausse un sourcil, surprise...
Je sens Lucas se redresser visiblement lui aussi surpris et moi en fait, je dois être bonne a interner car je demande:

"Qu'il sorte de mon esprit et se retrouve a ressentir ce que je vis pendant quelques jours, histoire qu'il se rende compte de lui même de ce que je vis au quotidien."

Oui, bon au final, je sais pas si sa va marcher et puis surtout hein, il est rentré, il peut peut être sortir de lui même maintenant non?!

Lucas me regarde d'un drôle d'air et je grogne:

"Je suis pas folle...
- Non... Sortant juste de trois jours de coma!"

Je referme les yeux et je ne peux m'empêcher de dire à Hilde:

"Maintenant que je suis réveillée, c'est à toi de trouver un moyen de sortir."

Le génie se mit au garde à vous, les jolies filles ça le connait ! Les pets en sachet, un peu moins... Alors, Banzai ! Il expulsa fissa l'esprit-maitre et avant qu'il ne réussisse à exaucer la suite du voeux la lampe disparue pour aller tout droit dans les paluches d'un sanctuari.
Autant dire qu'elle fut confisquée illico et que presto les voeux furent peu à peu annulés.

Adossé au mur, le regard planté sur le corps immobile de la guérisseuse, autant dire que Haine se faisait chier comme pas permis. Il aurait tout aussi bien pu se tirer, mais maintenant que K'ien s'était invité dans le corps d'Aliénor – ou dans sa tête, peu importait – il se sentait un peu responsable des conneries qu'il était susceptible de lui insuffler. D'ailleurs il y avait pas pensé, mais il espérait que cet abrutit fini d'esprit de mes deux ne déteindrait pas sur la jeune femme. Sinon il pouvait dire adieux soûleries... attention quand-même, l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, tout ça. La preuve : Haine (oui bah on voit que c'est pas sur vos chaussures qu'il a gerbé son dîner !). Bref. Il se faisait chier, donc, un regard suspicieux vers le lit et son occupante... jusqu'à ce qu'il y ait enfin de l'action.

Un beeep. Un très long beeep. Un peu trop long même.

Haine tressaillit. Sur le moment, il eut comme une envie d'aller mettre deux beignes à la guérisseuse histoire qu'elle se reprenne, mais l'arrivée surprise de quelques aides soignants – peu importait leur poste exact – l'en dissuadèrent. Tant pis, il cognerait K'ouen. Délaissant son pan de mur, il s'approcha pour voir les paupières se soulever sur les améthystes. Bizarre. Elles se refermèrent... puis se rouvrirent. Re-bizarre. S'il avait pas sut qu'il n'était qu'un sale con, il aurait cru que ça lui faisait plaisir de les voir, les machins violets. Mais fallait pas déconner quand-même, tout le monde savait que c'était pas possible. Un battement de cils plus tard, il assista à une scène débile de lampe avant de voir K'ien surgir comme un bouchon de champagne sabré trop vite. Et là, le maître enfonça ses poings dans ses poches.

Bon ben... c'est pas comme s'il avait encore quelque chose à foutre ici quoi. Profitant de l'euphorie générale, il se glissa derrière une infirmière direction la sortie. Les effusions larmoyantes il les laissait aux autres. De toute façon ses canaux lacrymaux étaient bousillés, il aurait servit à rien.

-Elle allait bien.

C'était ces mots que avait lâché à l'elfe avant qu'Hilde n'aille emprunter le corps de la guérisseuse. J'ai attendu longuement, à lancer des regards agacés au crépitement malsain des machines dans la pièce.

Jusqu'à ce que je ne regarde plus rien d'autre. Sans que mes yeux ne puissent se détacher de son corps si pâle, des paupières scellées, des lèvres décolorées. La plainte du moniteur s'immisçait dans mon esprit sans que je sache si c'était son coeur ou le miens qui venait d'arrêter de battre. Je me sentais coupable de l'avoir blessée, coupable de l'avoir mise en danger, et ses yeux violets crépitèrent de vie. J'en étais à ne plus savoir quoi regarder d'autre. Le personnel médical qui nous poussait contre les murs, et ses deux yeux violets qui me glaçaient le sang.

La secrétaire entra, se faufila jusqu'à moi, me chuchota un message peu rassurant, du grabuge à K'ouen, je devais y retourner. Sa main sur mon bras, elle souriait l'air de dire que Aliénor irait bien, que je pourrai revenir la voir. Je jeté un coup d'oeil sur Eönwë sur Hilde et sur l'absence de Ken.

Si elle est en vie, je devrais m'éclipser moi aussi.

J'avais soulagé un peu ma conscience, de savoir qu'elle était toujours parmi nous, je devais partir avant de recommencer à ma blesser. J'ai suivi la jeune femme hors de la chambre, elle s'enfuit dans le couloir et c'est en trainant les pieds que je regagnais la sortie, comme si j'avais toujours vécu ici.

Je me sens fatiguée, j'avoue que j'ai du mal a recadré tout le monde. , je perçois des mouvements, je rouvre les yeux pour voir Neythen s'éclipser sans rien dire, puis quand je tourne la tête, c'est pour voir Wergeld me jeter un dernier regard et partir à son tour. Y a quelque chose dans ces yeux qui me fait dire que je vais devoir lui parler... Un jour peut être, mais pas maintenant, pas tout de suite.
Je suis fatiguée, je sens une main sur ma joue, et mon regard rencontre de nouveau celui de Lucas. Ces lèvres bouge, il semble vouloir me dire quelque chose, mais je n'écoute pas. Je ferme les yeux et je me laisse aller à dormir.

Je ne sais combien de temps s'écoule, quand je rouvre les yeux, c'est sur une silhouette qui m'est très familière que mes yeux tombe. Un léger sourire passe sur mes lèvres. Il est en pleine conversation avec... Lucas si je me trompe pas. Non c'est bien Lucas. Ils semblent en pleine discussion si bien que je ne peux m'empêcher de dire:

"J'peux me rendormir si j'vous gêne."

Effet immédiat, Eönwë se tourne vers moi et se précipite à mon chevet, Lucas lui contourne mon lit et vient se placer debout, de l'autre côté. Une de mes mains est prise et il se penche (Eo hein, Lucas on ce connait pas suffisamment pour ça) pour embrasser mon front.

"Ne me fais plus jamais une peur pareil."

Pour toute réponse, je lui fais un petit sourire, c'est pas comme si je l'avais fais délibérément non plus. La voix de Lucas résonne de l'autre côté du lit:

"Comment te sens tu?"

Comment je me sens? Ah bah je n'y avais même pas pensé à dire vrai. Je suis moins fatiguée, c'est déjà ça, j'ai plus mal aussi... Enfin, visiblement il semblerait que je n'ai plus de douleur physique car de ce côté là, tout semble correct. Même pas mal au crâne alors qu'un esprit est venu y faire un petit tour. Je me concentre légèrement, par contre, y a des choses qui n'ont pas changés... Et çà me fais soupirer bien malgré moi.

" Bien... Je crois.
- Aucune douleur?
- Rien d'inhabituel si je peux dire."

Je pousse un petit soupir, je suis pas forcément en pleine forme, d'ailleurs, je me demande depuis quand je suis là. La dernière chose dont je me souviens, c'est... Ez. Et... Oh non je lui ai vraiment dis ça?! Je ferme les yeux, la scène me revient comme un boomerang et sans le vouloir je frissonne. C'est une pression sur mon bras qui me fais revenir à la réalité:

" Ali'?
- Oui Eö?
- Tu te sens comment, véritablement?"

Je rouvre les yeux et tombe sur ce regard. Il a l'air fatigué, je le sens d'ailleurs, inquiet aussi.

" Confuse mais ça va mieux. Je n'ai plus mal.
- Les contusions ce sont résorbés grâce aux soins et tu as eux quatre jours de coma, donc pas étonnant que tu sois confuse."

Coma... Et bien, je suis aller bien loin cette fois. C'est étrange, je me demande pourquoi ça m'a échappé de la sorte, je suis pas certaine de tout comprendre.

" Eö... Comment va Ez?
- Ez? Et bien aux dernières nouvelles je... Je sais pas pourquoi?"

J'hésite, non vaut mieux pas que j'explique le pourquoi du comment je referme les yeux et fais une petite pression sur la main d'Eö. Je sens que je vais me rendormir en fait, peut être que tout sera plus clair après...

Relevant les yeux sur Lucas, je l'interroge du regard. Elle semble confuse et fatiguée. En même temps rien d'étonnant, le coma c'est pas reposant bien au contraire. Je sens la pression sur ma main, je me redresse un peu et caresse une de ces joues.

"Repose toi, ne t'inquiète de rien."

La voix de Lucas me fais relever la tête:

"Je lui ferai passer des examens pour voir si il n'y a aucun problème neurologique, en attendant, qu'elle se repose et toi aussi..."

Je lui adresse un petit sourire et alors que j'allais me rasseoir pour la veiller de nouveau, Lucas contourne le lit, vient poser ces deux mains sur mes épaules et me redresse:

"Nooon Mr Le Maître! Elle va bien, elle dort, tu vas me faire le plaisir de rentrer chez toi, prendre une douche et de te coucher aussi. Je veux pas te revoir ici avant demain matin aller zou!"

Et je n'ai pas le choix, je suis malgré moi entraîner hors de la chambre. Je me retourne une dernière fois pour la voir se tourner et prendre une position plus naturelle. Je pousse un soupir et me laisse entraîner par Lucas, un peu plus rassuré, mais pas totalement non plus...

Spoiler:

Spoiler:

La malade semblait être contrariée. Sa dernière parole avait sonné comme une phrase d'adieu. Son but était de la maintenir dans ce monde. S'il la laissait partir, cela signifierait donc qu'il aura échoué. Seulement, son esprit ne s'éteignit pas, bien au contraire une lueur éblouissante frappa de plein fouet l'esprit. Celle-ci ne diminuait pas et désormais des échos résonnaient dans sa tête. Il entendait divers bruits venant de loin, très loin. Puis comme si on refermait une main sur son propre esprit, il gémit de douleur. Il ressentait des accoups brutaux qui sembler vouloir le tirer hors du corps. Ce n'était pas par plaisir s'il souhait rester dans ce corps ! Inconsciemment, il se battait pour rester sur sa position. Car, s'il sortait de ce corps sans même rejoindre sa propre enveloppe, qu'adviendra t-il de lui ? Il ne fallait surtout pas se jeter hors d'un corps, il fallait toujours rester connecté à un corps, sans quoi l'esprit se perdait. C'était un rude combat, mais une force bien plus puissante le poussa hors de la malade.

Après avoir été ébloui durant des secondes interminables, il était plongé dans le noir, un noir terriblement prenant. Il était comme enveloppé dans ce rideau ténébreux. Il tentait désespérément de s'en évader. Mais lorsqu'il essayait de détacher son esprit, celui-ci revenait comme un boomerang. Un esprit à l'état pur était par définition omniprésent, mais là, Hilde était enfermé dans une prison égale à la mort. Si cela était la mort, elle représentait le pire des châtiments. Car ne rien voir, ne voir que du noir, ce qui revenait à être aveugle, en être conscient, il y avait de quoi devenir fou.

Il avait secouru, peut-être sans avoir vraiment eu un rôle, la défunte et personne ne lui venait en aide. C'était certainement encore un coup bas de ce Neythen, un sous-homme. C'était très certainement volontaire de sa part, il savait très bien qu'il n'en ressortirait pas indemne, voire vivant. La colère, une force nouvelle, un souffle nouveau, une renaissance, Hilde réussit à se délier de ses liens qui le paralysaient.

Des images tel un rayon de soleil bouleversa l'esprit. Il vit, son enveloppe de cuir étendu sur le sol, ressemblant de loin à un tapis. Il ressentit sa présence dans ce corps, il était toujours lié ! Il plongea la tête la première et il ne fit qu'un avec son corps charnel.
L'esprit se releva avec peine. L'esprit étant meurtri, ses mouvements allaient être très engourdis. Tout le monde était au chevet de la belle jeune femme, le maître se retourna et quitta la chambre, ses sentiments étaient départagés entre le soulagement et l'irritation.

RP CLOS