Dans un autre monde

Tout avait été assez rapide pour le coup et je m'en félicita. Le fait que la Caserne ait cette possibilité d’apparaître n'importe où via ces portes était très utile, surtout maintenant en fait.
Je venais de passer l'une d'entre elle, en remerciant au passage Stern qui semblait ne rien savoir de plus et qui ne fut pas capable de répondre à mes questions. Mais que c'est il passé?!
Je tiens toujours Aliénor dans mes bras, elle semble fragile et frêle, son visage est aussi pâle que ceux des cadavres et seul sa légère respiration teinté de gémissement léger témoigne qu'elle est encore parmi nous.

Elle semblait si bien ces derniers temps, je la surveille du coin de l'oeil, je sais qu'elle est devenue raisonnable, bien plus que ce qu'elle était avant au sujet de sa fatigue et de ces limites alors je ne comprend pas...
Je me dirige hâtivement, portant mon précieux fardeau contre moi, tout en lui murmurant de tenir bon, vers les urgences. Je passe les double porte et la pose sur le premier brancard que je trouve avant de regarder autour de moi et de reconnaître deux silhouette que j'interpelle à la hâte:

"Kathias, Ceridwen j'ai besoin d'aide de suite!"

Il semble surpris d'entendre le son de ma voix et j'entend un juron passer les lèvres de Kathias qui semble avoir reconnu la silhouette étendu que j'essaie de faire revenir parmi nous:

"Bon sang Aliénor!"

Je relève la tête alors qu'il s'approche, je tend la main pour saisir son stéthoscope, je place l'instrument dans mes oreilles et écoute le rythme cardiaque de ma petite protégée qui semble faible, bien trop faible...

"Il faut la mettre sous scop, appelez Lucas, je vais avoir besoin de lui, son rythme est trop faible, beaucoup trop faible."

Je sens qu'on bouge le brancard, je tourne la tête pour voir Ceridwen et Lyliane qui ont pris chacune un des côté dudit brancard et je me met à marcher le long d'un couloir:

"Comment c'est arrivé?"

Je tourne la tête et vois Kathias examiné les pupilles d'Aliénor tout en marchant hâtivement lui aussi:

"J'ai été appelé à la Caserne, j'en sais pas plus, je l'ai trouvé étendu dans la pièce qui sert d'infirmerie, elle a prononcé quelques mots avant de perdre connaissance."

Il passe une lumière, et je vois bien qu'elle ne réagis pas:

"Ces pupilles son a réactives, Lyliane, allez chercher deux ampoules d'adré!"

Il prend le relais de l'aide soignante et nous arrivons dans une chambre où nous installons le brancard près du lit. Saisissant le drap sur lequel repose Aliénor, je fais de même de mon côté et j'entend:

"A trois! Un... Deux... Trois!"

Nous soulevons le corps d'Aliénor, je perçois un nouveau gémissement et cela ne semble pas avoir échappé à Kathias. Le brancard est évacué et nous posons doucement Aliénor sur le lit.
Ceridwen commence à lui enlever ces chaussures alors que je la relis au scop qui vient d'être apporté par Lyliane, après avoir déboutonner les premiers boutons de sa chemise et c'est alors que je perçois des marques... Je fronce les yeux, qu'est ce que c'est que ça?!
J'entend la voix de Kathias m'interpeller alors que la voix de Lucas qui entre dans la chambre me parvient aux oreilles:

"Eönwë?"

"Que ce passe t-il vous m'avez bipé? Qu'est ce que... Aliénor?!"

Je relève les yeux sur Kathias qui me désigne l'un des poignets d'Aliénor lui aussi porte des marques, mais c'est quoi ce délire?

J'entend Kathias faire un topo, je perçois aussi Ceridwen injecté une dose d'adré à Aliénor qui semble vraiment plus réagir, mise à part ces gémissements... Dans un geste, j'ouvre la chemise, qu'importe, après tout, elle est pas en état de dire quoi que ce soit et ce que j'y découvre me laisse pantelant... Elle s'est fait passé à tabac où quoi?!
Le bruit du scop montre que son rythme cardiaque est vraiment faible et pour le coup, je me sens impuissant, mes doigts parcours ces équimoses, quand je relève la tête, je pousse un soupir et demande:

"Aidez moi à la mettre sur le côté, le plus doucement possible s'il vous plait..."

Je vois Lucas se placer en face de moi, Kathias se place au niveau des jambes et avec douceur, nous la faisons basculer et je vois alors l'état de ces hanches et de ces reins. Il ne m'en faut pas plus pour comprendre...

"Elle ne doit pas avoir supporté sa propre douleur mêlé à celle qu'elle ressent quotidiennement."

Je la fais de nouveau basculer sur le dos et la voix de Ceridwen me sort de mes pensées:

"Eönwë regardez!"

Je relève la tête pour voir une larme couler le long d'une de ces joues, plus totalement parmi nous mais ressentant encore et toujours visiblement:

"Je vais lui faire passer des examens neurologique, peut être pourrions nous découvrir si il y a quelque chose de ce côté là?"

Je ne suis pas certain que ça donne quelque chose, mais bon... Je hoche la tête alors que je pose les deux mains sur les joues d'Aliénor et que je m'adresse a elle:

"Je sais que tu es capable de beaucoup Aliénor. Tu es une battante, te laisse pas submergé, on ne peut rien faire pour toi, ça doit venir de toi..."

Je lui caresse la joue et pose un baiser sur son front, quand je me redresse, je m'éloigne laissant ainsi Lyliane et Ceridwen s'occuper de lui faire passer une des blouses de l'hôpital.
Kathias et Lucas s'approche de moi et le neurologue reprend:

"On va la monter dans mon service, elle y sera toujours mieux qu'ici, ces constantes ont l'air assez stable malgré la faiblesse de son rythme cardiaque, c'est déjà arrivé?"

"Oui, il y a quelques mois de cela, mais depuis tout étais correct, j'avoue que c'est si étrange..."

Je pousse un soupir et secoue la tête:

"Le don qu'elle possède, celui de ressentir la douleur vaut aussi pour la sienne. Sauf que c'est décuplé dans ce cas là, je sais qu'elle garde au mieux le contrôle, qu'elle parvint d'elle même à le faire. Il a dû se passer quelque chose pour que là, ça dérape. Pourtant quand je l'ai vu ce matin, elle semblait bien."

"C'est la reine de la dissimulation certaines fois et elle le fait pas consciemment là est tout le problème.."

"Ceci étant, on ne peux rien faire aux urgences. On la laisse sous scop et on lui pose une perf' d'anti douleur, je vais demandé à Ceridwen de monter avec nous pour s'occuper des hématomes."

"Cela peut venir de là non?"

"Possible, je me demande comment elle s'est fait ça..."

Je suis bien conscient que mes réponses viendront plus tard. Lucas vient de passer un coup de fil, une chambre a été libéré pour elle, je m'approche de nouveau du lit, les deux infirmières l'ont habillée et bordé. Seul un de ces bras est sur les draps, celui raccordé à la perfusion. Je saisis la main que j'enferme dans la mienne, j'entend que des ordres sont donnés, avant que le lit bouge et que je ne suive le mouvement, serrant sa main toujours aussi fort.

La chambre est au calme, cela fait deux jours qu'elle est ainsi, deux jours où nous avons été les témoins de deux crises dont la dernières venaient juste de prendre fin. Impuissant? Oui, nous l'étions.
Les examens neurologique montrait une activité ralentit des fonctions cérébrales, le rythme cardiaque était toujours aussi faible pourtant... Elle devait être entre conscience et inconscience, puisqu'elle gémissait, elle me serrait même parfois la main en murmurant des choses que je ne comprenait pas... Mais depuis deux jours, ces yeux ne s'étaient pas rouverts...

Et c'était bien la première fois que cela se passait ainsi... Et le pire, c'est que l'on ne peut rien faire. J'ai essayé d'appeler la personne qui l'a aidé la dernière fois, mais il est injoignable, il faut attendre... Juste attendre... Et c'est insupportable.

Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, j'ai l'honneur de vous présenter la scène la plus bizarre de l'année. J'ai nommé Neythen N. – plus couramment surnommé « Haine » – en visite de courtoisie. Oui je sais, c'est étrange de lire « Neythen » et « courtoisie » dans la même phrase... et pourtant. Il avait hésité en lisant la demande émanant du Sanctuaire des Braves. Ils avaient besoin de matériel spécifique pour l'un de leur patient... même qu'il s'appelait Aliénor Mireamwen. Neythen jeta un œil sur une alcôve qui trouait l'un des murs de son bureau. Derrière la vitre trônait une bouteille de Vodka vide. Comme un trophée de guerre. Oui, le maître avait un sens de la déco assez particulier. Il avait envoyé le matériel sans prendre la peine de lire les justifications, et il avait passé la journée à se poser les questions les plus stupides qui lui venaient. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien foutre là-bas ? Enfin, en tant que guérisseuse c'était un peu normal, mais en tant que patiente ? Coma éthylique ? La paperasse s'accumulant, il avait poussé ce problème dans un coin de sa tête pour se remettre au travail. Et puis le lendemain, son sommeil s'était interrompu aux alentours de trois heures du matin avec une question en musique de fond : Mais qu'est-ce qu'elle pouvait bien foutre là-bas ?

Et à quatre heures, il était sur place sans avoir compris comment il s'était retrouvé là. Il fit la moue en se retrouvant agressé par les odeurs d'alcool et de désinfectant. Les hôpitaux, quel que soit le nom qu'on leur donnait, Neythen ne les aimait pas. En fait jusqu'à maintenant il ne s'en était encore jamais rendu compte, jusqu'à ce qu'il y mettre les pieds. Là, il dû bien se rendre à l'évidence qu'il aurait préféré être ailleurs. Quelque chose entre le traumatisme de s'être réveillé amnésique et la douleur de devoir supporter deux fois son poids à cause de leurs petites expériences débiles lui hurlait de mettre les voiles. Qu'il se méfie, ils seraient bien capables de lui bricoler encore quelques doigts de pied. Bref, autant dire qu'il avait eu sa dose de mauvais traitements dans ce genre d'établissement. Et pourtant il était là. Et même, il se dirigeait vers l'accueil avec sa tête des mauvais jours.

« Aliénor Mireamwen ? » demanda-t-il.

Et pour dissuader l'hôtesse de lui prendre la tête, il lui colla son badge de maître sous le nez, menaçant de le lui faire avaler si elle se permettait de le faire lambiner. Résultat, quelques minutes plus tard elle lui ouvrait la porte d'une chambre privée. Neythen s'y engouffra, jetant sur le blondinet déjà présent un regard contrarié. Manquait plus que lui, tiens. Les formules de politesse d'usage lui passèrent par-dessus la tête tandis qu'il contournait le lit en ignorant royalement Eönwë. Ouep. C'était bien elle. Cheveux de lait. Pas de pierres mauves pour le regarder. Ça lui faisait une belle jambe de la voir de près. Il était pas plus avancé. Il savait déjà pas ce qu'il aurait pu faire en venant, et maintenant qu'il était là... il avait pas plus d'idée. Il se dirigea vers la fenêtre et regarda dehors. Finalement, il pouvait peut-être le renseigner, l'elfe décoloré.

« Elle a quoi ? »

Quand la porte de la chambre s'ouvre je sursaute et pour le coup, laisse tomber la main d'Aliénor et me redresse sur la défensive. Quand je vois qui est devant moi, enfin plus maintenant car il contourne le lit et m'ignore royalement, je hausse un sourcil. Que vient foute Ken ici?!
Je le suis du regard, il l'examine avant d'aller se planter vers la fenêtre. Mon regard tombe sur l'horloge présente dans la pièce et je le regarde de nouveau. Débarquer à quatre heure du matin, s'était bien fin tiens! Et comment on l'avait laisser entré d'abord? Les visites ne débutait que 4 heure plus tard! Je secoue la tête, mon regard tombe de nouveau sur la silhouette pâle d'Aliénor qui semble beaucoup plus calme... Sans doute l'effet du médicament qu'on lui passe en ce moment par perfusion...

"Si je le savais, je ne serai pas là à attendre qu'une puissance supérieur daigne nous venir en aide."

Pas agressif, juste fatigué et inquiet aussi, cela allait faire trois jours qu'elle était dans cet état, je sais que Lucas a demandé à Cerclon de faire parvenir un nouveau prototype de stimulation pour le cerveau, mais je n'ai pas donné mon accord, je ne sais même pas quoi faire, ni comment agir...

"Elle est comme ça depuis près de trois jours, son don qui déconne, mélanger à cela le fait que quand elle souffre elle, sa douleur est multiplié et que visiblement elle a été passé à tabac, ben ça vous donne une petite idée de son état actuel..."

Je pousse un soupir et me rassois, je passe une main sur mon front, je suis fatigué. Sur une des tables, près de là ou je suis assis, des papiers, des dossiers, à croire que je transforme cette chambre en une annexe de mon bureau, ma veste est posé sur un des dossiers de fauteuil et un plateau intact de nourriture est posé non loin.

"Elle est dans un monde où personne ne peut l'atteindre, hormis si vous avez un puissant dont de télépathe."

Je me redresse et m'étire, je replace les draps sur elle, je regarde la perfusion et surveille le scop, histoire de vérifier si tout va bien, quand je baisse les yeux, je vois un de ces poing crispé sur le draps, je le saisis alors et le dépit, pour emprisonner sa main dans la mienne. Je préfère qu'elle ma la sert plutôt qu'elle se fasse mal.

Je tourne légèrement la tête vers Neythen, tout en me demandant ce qu'il fait là... Cependant, je ne dis rien dans l'immédiat.
Je perçois des changement dans le couloir, normal, c'est l'heure des roulement d'équipe... Le temps lui continu de filer... Les heures aussi.

Trois heures se passent, dans le silence, lorsque je repose la main d'Aliénor et que je me relève pour me diriger vers Neythen. Il est 07h30 et je lui demande enfin:

"Pourquoi êtes vous là?"

La sonnerie du téléphone retenti. Elle sonne quatre fois et personne dans le bureau ne songe à répondre. On a eu des ennuis, beaucoup d'ennuis. Le printemps s'amène et débarque avec sa famille de problèmes en tout genre. Le début de l'année morose se laisse peu à peu remplacer par une effervescence extraordinaire et évidemment personne n'est épargné. Certainement pas mon bureau en tout cas. Je soupçonne Ayame de m'avoir délibéré enfermé avec mon poids en papier à examiner...
Le silence et de nouveau le téléphone sonna. Encore une fois personne ne décrocha, nous étions tous absorbés par notre travail en cours jusqu'à ce qu'un bip aigüe retentisse et la voix d'Henrir hurla à un demi-mètre de moi.

-Wergeld Ulsarys tu vas le décrocher ce téléphone !

On a tous sursauté ! Et nos regards rivés vers le téléphone nous attendions la seconde de silence qui précéda la troisième sonnerie. Je décrochais au vol... Ayame pouffa de rire et les deux secrétaires échangèrent des regards mi-amusés mi-agacés... Henrir majordome fondu dans un éclair de Zeus tant il est efficace, sauf que l'esprit prenait parfois un malin plaisir à s'amuser à mes dépends.
La conversation fut brève. En gros, il ne dit que quelques mots "Aliénor est à l'hôpital dans le coma." Cela suffit à me faire bondir de ma chaise, à enfiler une veste et à partir vers le hall au pas de course. M'attendait déjà une nacelle et trois hi-boux solidement harnachés. J'empoignais les rênes et juste avant de décoller Ayame se hissa derrière moi. Un clin d'oeil et il dénoua la corde d'amarrage.

Les oiseaux décollèrent sur le champs, ils nous déposèrent sur une place libre d'Ordae non loin de l'entrée la plus proche vers les fumeroles. Et Henrir avait bien fait les choses, un cocher nous attendait déjà. Les chevaux partirent soudain au trot quand il fit claquer son fouet. Un quart d'heure plus tard j'entrais dans les urgences, je croisais Kathias qui me regarda de la tête aux pieds en commençant par quelques réprimandes dans le genre "quoi déjà de retour, t'as fait pêter les points de suture ou tu t'es retourné dire bonjour à un monstre ? On t'avait pas dit du repos, du repos et du repos ?".
Mais il fut bien forcé de constater que j'étais sur pieds et en forme, alors il comprit bien vite que je venais rendre une visite à une amie.

478.
Je connaissais assez bien l'hôpital pour ne pas lui demander le chemin. J'ai semé Ayame en m'engouffrant de justesse dans un ascenseur bondé. Il sourit légèrement, de la tristesse dans son regard et des reproches derrière son visage éteint.

Ce n'était pas une bonne idée de me précipiter pour la voir. J'avais l'impression de jouer avec ses sentiments.
Je fus face à sa porte sans me rendre compte que je venais de traverser tout un couloir la tête dans les nuages. Une infirmière me salua, un jeune résident non loin derrière m'offrit un sourire. Ma parole, ils m'ont tous vu dans le bloc ? Je suis venu si souvent que ça ?

J'ai donné quelques coups sur la porte et j'ai attendu. Quoi ? J'en sais rien, que le ciel m'accorde le droit d'entrer peut-être.

Huit heure passée. C'était express pour une visite à l'hôpital. J'en connais un qui va râler quand je rentrerai... Mais qu'elle vie de... Demain on va remettre de l'ordre dans tout ce bordel. Retourner prendre son pied à taper sur tout ce qui bouge et qui a l'air dangereux. Personne sur le dos, au sens propre comme au figuré et les cochons seront bien gardés.

Neythen haussa les épaules. Une puissance supérieure hein ? Ben il pouvait toujours attendre. À part les pigeons qui prenaient grand plaisir à leur chier dessus de temps à autre, il était pas persuadé qu'il y ait grand monde là-haut d'attentif à leur vie merdique. D'ailleurs si c'était le cas, les canalisations ne pèteraient pas aux Fumeroles, on n'aurait pas mis un abrutit tel que Hilde à la tête de K'ien, il y aurait du carpaccio de ragondindon à tous ses repas et Aliénor ne serait pas dans cet état. Pour le coup, il était vraiment trop naïf le grand blond. Par contre, là où Neythen tiqua, c'est quand Eönwë lui causa de passage à tabac, ce qui le fit se retourner d'un bloc et s'intéresser subitement à celui qui lui parlait. Sérieusement, on avait osé ?

« C'pas moi ! Toujours utile à préciser... Mais si j'trouve qui... »

Il prit même pas la peine de finir sa phrase. De toute façon, elle se devinait d'elle-même. Ça devait être un truc pas très loin d'un « j'lui f'rai avaler son miroir ». Toucher Aliénor, alors qu'elle était si marrante quand elle avait un coup dans le nez ou un lézard dans les cheveux. Fallait pas être taré non ? Encore elle serait le genre de gonzesse futile qui n'ouvre la bouche que pour dire une conn'rie, mais même pas. Neythen posa un regard vague sur elle. Ça le faisait chier qu'elle dorme comme ça, avec ses démons à l'intérieur. Et lui qui ne savait pas quoi faire à la regarder. Encore s'il avait fallu se fritter avec un gros truc bien visqueux... mais la douleur. Qu'est-ce qu'il pouvait faire contre ça, lui qui arrivait même pas à gérer la sienne. Et puis Aliénor, elle croulait sous le poids de celle des autres en plus, d'après ce qu'elle lui avait dit. On faisait bien des lavages d'estomac, on pouvait pas faire un lavage de douleur aussi ? Ça devait bien partir quelque part pour s'accumuler non ?

« Nan moi j'ai juste le don d'taper sur les nerfs des gens... » fit-il à regret.

Il se retourna vers la fenêtre, déjà gavé par la conversation. Au moins maintenant il savait ce qu'elle avait. Le truc c'était de trouver un moyen de l'aider. Des télépathes il en connaissait pas, mais il y avait un truc dans ses souvenirs qui frétillait comme un poisson en train de crever. Lui. À son réveil, avec la mâchoire clouée comme le reste de son corps, il avait pas pu parler pendant des mois. Seulement la communauté scientifique elle, ben ils avaient plein de questions à lui poser. Du coup il avait été branché à une interface virtuelle. Comment ça marchait ? Aucune idée, et il voulait même pas le savoir. En tous cas il avait pu communiquer. Un nouveau coup d'œil vers la guérisseuse le fit soupirer. Mais lui il avait été conscient. Et puis c'était lui qui causait au travers de l'interface, pas l'inverse. Allez quoi, ils inventaient des trucs de malade tous les jours à Cerclon, il devait bien y avoir un truc pour aller la chercher là où elle était non ? Retour sur la fenêtre. Il se passait rien dehors, mais c'était toujours moins rien que dedans. Au bout d'un moment, il sortit son PDA de sa poche et se mit à pianoter du bout des doigts. La lumière bleue se réfléchissait sur sa sale tête. Vu comme ça, il donnait l'impression de se faire un Tetris. En fait, il cherchait dans la base de donnée de Cerclon un truc susceptible de lui donner une idée... et il s'y grilla les rétines une bonne partie de la nuit jusqu'à ce que l'autre relou le fasse sursauter à parler sans prévenir. Il leva un regard chargé de haine. Un regard bien à lui en somme. Ce qu'il faisait là ? Qu'est-ce que ça pouvait bien lui foutre ?

« J'en sais rien. Et toi alors ? »

Comme on dit, question idiote... et puis ils pouvaient bien se tutoyer maintenant qu'il avait vomit sur ses godasses pour le remercier de lui avoir rafistoler le crâne. Ah tiens d'ailleurs... mais pourquoi il y avait pas pensé ?

« Et t'peux rien faire avec tes mains magiques là ? »

Avant que K'an ait pu répondre, on frappa. Mais comptez pas trop sur Neythen pour inviter qui que ce soit à entrer. En plus il était pas chez lui.

Je fut surpris... Très surpris même. Visiblement Aliénor avait le don de s'attirer la sympathie de tout ceux qu'elle approchait. C'est dingue de voir la faculté qu'elle a de faire en sorte que les gens voit d'elle autre chose qu'une jolie fille.
Je pousse un soupir, bien malgré moi et quand il m'interroge à propos de mon pouvoir, je secoue la tête, si ça avais été aussi simple...

"Non je ne peux rien faire, mon pouvoir est de reconstruire la matière, hors là, il n'y a rien à reconstruire, puisque tout est intact."

Enfin tout... Allez savoir les séquelles à long terme de ce don sur elle, j'aurai dû interroger plus Arthur à l’époque, mais il parlait peu de sa vie de famille, de ces enfants. J'avais rencontrer les jumeaux, mais sa fille aînée, jamais avant qu'elle ne vienne à Entre Monde. Ce don, je le connaissais, mais Arthur m'avait assuré que sa fille gérait et qu'il l'aidait alors...
Ce n'est qu'en rencontrant Aliénor, en l'observant, en apprenant à la connaitre que j'ai découvert que son don était plus un fardeau qui l'affaiblissait qu'autre chose.

"Je l'ai retrouvé il y a trois jours, elle était déjà dans cet état. Et je ne l'ai pas quitté depuis."

Dire qu'elle avait pris une place énorme dans ma vie était un faible mot comparé à la réalité, elle était celle qui me permettait de garder les pieds sur terre et de ne pas m'enfoncer dans les idées vengeresse qui traversait mon esprit...
Je relève la tête et me tourne brusquement quand on frappa à la porte, c'est étrange, vu l'heure, nous n'attendons personne de plus, le personnel frappe une fois et entre hors là... M'approchant de la porte, j'abaisse la poignée et l'ouvre pour tomber sur la silhouette de Wergeld.
Surpris? Oui sans doute, je m’attendais pas à le voir débarqué ici, et comment avait-il su d'abord? Je n'ai prévenu personne...
Je fais un pas sur le côté, pour le laissé entrer, je suis un peu fatigué, même beaucoup.

Je m'approche de nouveau du lit et vérifie une autre fois ces constantes, qui n'ont pas changés.

"Bonjour Wergeld."

Et bien, trois maître dans une seule chambre entourant une seule personne, je vais finir par me demander ce qu'elle nous a fait à tous pour que je lise ce que je vois dans les yeux de Kouen pu pour que je sente Ken capable d'aller réduire en miette la personne responsable de son état.

"Elle est dans cet état depuis trois jours, visiblement c'est son don qui fait encore des siennes, ça mêlé au fait qu'elle se soit fait taper dessus au vu des marques qu'elle avait sur elle et qu'on a découvert."

Je sais qu'elle est proche de lui, elle a jamais voulu m'en dire plus, ni me dire exactement ce qui s'est passé, même si j'ai cru le comprendre lors de sa dernière visite.

"Qui t'a prévenu?"

Lui non plus pourrait rien faire de plus, alors... Je pousse un autre soupir, leur deux présences pourrait l'aider, enfin, si elle entend... Je me penche sur elle et lui murmure à l'oreille:

"Tu as de la visite ma jolie. Neythen et Wergeld."

Parler, faire comme si elle pouvait m'entendre, est-ce possible? Allez savoir. Je reprends la parole m'adressant à l'un ou à l'autre:

"Si l'un d'entre vous à une solution... La dernière fois c'est Al qui l'a sortie de là mais il est injoignable et j'avoue que je ne sais pas..."

Paumé oui... Fatigué aussi...

Chacun son tour, à moi de la regarder allonger dans un lit avec tout un tas de machines dans la pièce. Eönwë penché sur elle avec de la crainte imprimée sur ses traits. Le vieil elfe a déjà perdu sa famille, qu'arrivera-t-il s'il perdait aussi Aliénor ?
Je l'ai regardé allongée là, on dirait la belle au bois dormant, mais un baiser du prince ne viendra pas la délivrer. J'ai peur de faire plus de mal que de bien en étant ici.

-J'ai mes sources...

Je me suis instinctivement replié sur moi-même. Visage fermé et regard vide, j'ai remarqué Neythen, dur de le louper. Un hochement du menton, je le salue comme on croiserait une vague connaissance sur le trottoir d'en face.

Et mon attention se reporte sur elle. J'approche du lit. Je ne sais pas si je dois empoigner sa main pour lui rappeler que je suis là moi aussi, ou juste aller m'assoir et attendre un miracle.
Sauf que je n'aime pas rester assit à ne rien faire. S'il suffisait d'endosser mon épée et d'aller en chasse se serait tellement plus facile. Mais les gens qui souffrent sont difficiles à guérir, j'en connais un rayon dans le domaine, pour autant je ne sais rien qui pourrait l'aider. Comment elle en est arrivée là, y a-t-il un coupable derrière ? J'en connais au moins un, les marques sur sa peau, je pensais qu'elles se seraient effacées depuis le temps, mais il restait encore des traces visibles.

Ouep. Je suis un monstre.

-Personne ne l'a agressé. C'est arrivé quand elle est venue sur K'ouen.

Pas de rougeurs sur mes joues, j'ai fais des progrès. Je m'éclaircis la gorge et j'ajoute en avalant les transitions entre les syllabes l'air de ne pas vouloir en dire plus sur le sujet :

-Je ne contrôle pas grand chose dans ces cas là.

Qu'ils s'estiment heureux, je ne lui ai rien cassé ! Un miracle qu'elle ne soit sortie de là qu'avec des bleus en tout genre. J'en connais un qui s'est fait remettre l'épaule quatre fois... en quelques jours, et il y a toujours une tête de lit à faire réparer chez moi, peut-être qu'Henrir a pensé à appeler un menuisier, ou peut-être que non.

Spoiler:

Neythen lâcha un soupir. Bon alors en gros, Eönwë ne servait à rien. Bonne nouvelle, au moins il n'était plus tout seul à être là pour des prunes. Et en même temps, mauvaise nouvelle. On pouvait rester combien de temps dans le coma, avant de se mettre à baver et à grogner des trucs débiles ? Quel gâchis ! Il fixa mister K'an d'un regard glacial. Franchement ça ne lui était d'aucune utilité d'apprendre qu'il n'avait pas bougé depuis trois jours. Plus franchement encore, il s'en foutait mais quelque chose de bien. Il voulait quoi, se faire consoler ? Non mais il l'avait regardé là ? Il avait une gueule à prêter ses épaules pour pleurer Neythen ? Ça se saurait s'il avait une quelconque notion de compassion. Et pourtant... il était là quand-même. Pour quoi faire d'ailleurs ? Depuis qu'il avait mis les pieds au Sanctuaire, il sentait la mauvaise humeur lui brûler la peau. Il faudrait qu'il leur envoie une note un jour, pour suggérer d'installer des sacs de frappe aux détours des couloirs... Ça pouvait toujours servir. En attendant, il aurait volontiers cogné sur Eönwë, juste histoire de le secouer un peu. Parce que là, bonjour la guimauve... il était encore plus chiant que quand il débarquait à l'Auberge pour leur faire la morale. Sérieux quitte à choisir... non en fait il n'aimait ni l'un ni l'autre. C'était sa faute, il n'avait qu'à pas être blond, beau et apprécié. En fait il n'avait qu'à pas être devant lui tout court. Et c'est ça, qu'il se lève et aille voir ailleurs si Neythen y était. Mais non, c'était seulement pour ouvrir la porte sur K'ouen. Tiens, il n'avait pas ramené sa pelle à tarte avec lui ce coup-ci...

Et puis s'enchaînèrent plusieurs choses.

Un... le maître urgentiste à ses heures perdues répéta ses jérémiades. « Trois jours que je me lamente », « frappée », « douleur », blabla... avec toujours le même ton affligé que Neythen lui aurait arraché en même temps que la langue avec moult plaisir s'il avait pu. Déjà ça commençait à le chauffer, et il sentait bien qu'il aurait tout intérêt pour la santé des autres d'aller faire un tour. Mais pour le moment, il se contenta de regarder par la fenêtre. La vue n'était pas géniale. Le hall et son perpétuel mouvement. C'était dingue ce que les gens pouvaient s'agiter pour un rien.

Deux... toujours le même imbécile heureux qui se mettait à causer tout seul. Bien sûr elle allait l'entendre, sortir de son sommeil et commander une pizza. Et d'ailleurs franchement, annoncer à Aliénor la visite du blaireau pas aimable de chez Ken, si c'était pas le meilleur moyen de la dissuader de revenir. À sa place, s'il entendait dans son état comateux qu'un type con comme lui était venu le voir, il aimerait autant crever que rouvrir les yeux... il ne réfléchissait vraiment pas à la portée de ses mots le blondinet...!

Trois... et là il se retourna d'un seul coup pour fusiller Wergeld du regard. Non mais écoutez-le déclarer sans broncher qu'elle s'était faite tabasser sur K'ouen. « Non les gars vous inquiétez pas, c'est arrivé quand elle était chez moi. C'est parce que sur K'ouen on peut cogner les gens, ça me fait plaisir. » Évidemment lui, il n'avait rien vu, il se fiait aux propos d'Eönwë. Mais au juger comme ça, il était pas du genre à accuser de n'importe quoi... à la base il était urgentiste non ? Il devait bien savoir ce qu'il avait vu ? Et l'autre à qui ça ne faisait ni chaud ni froid et qui leur balançait une histoire de self-control. Quel rapport d'ailleurs ? Sauf si c'était lui. Elle était monté se fritter avec ? Elle lui avait bien fait le coup de le provoquer, à l'Auberge. « Quand je veux je te tatane la gueule » qu'elle lui avait dit. Et K'ouen avait été assez con pour relever le défi ?

Ou pas... il avait seulement oublié d'envisager la réponse D. On pouvait reprocher plein de trucs à Neythen, mais alors tout ce qui se passait en dessous de la ceinture, il le laissait aux autres.

« Faudra qu'on s'cause à Ciel K'ouen. Paraît qu'ils ont une arène sympa. »

Ça devait être vachement plus marrant de se farcir K'ouen que K'ien... et à cette idée, Neythen écarquilla les yeux comme s'il venait de voir passer une délégation de trolls drag queen dans le hall. Il ressortit son PDA sans se soucier des deux autres et se mit à pianoter comme un dingue. Et si les deux autres ne pouvaient pas voir ce qu'il trafiquait, ils devaient quand-même bien le prendre pour un cas psychiatrique.

« Possible d'envoyer un bout d'ton âme dans quelqu'un ? Sanctuaire des Braves, chambre 478. »

Et il se garda bien de signer, au cas où cet abruti aurait l'idée de refuser juste parce que ça venait de lui.

Personne ne l' agressé c'est arrivée quand elle est venu à K'ouen... Je fronce légèrement les yeux et relève la tête sur Wergeld. Arrivée quand elle est venu à K'ouen... Le temps que mon cerveau analyse ces mots, il en rajoute en disant qu'il ne contrôlait pas grand chose dans ces cas là... Je passe une de mes mains sur mon visage et soupir, c'est bon, l'information est montée à mon cerveau, mes neurones ce sont connectés, j'ai pigé.

Depuis quand je le connais? Depuis qu'il est ado, je me souviens comme si c'était hier de sa première venu aux urgences, je me souviens de son regard et ma main se souvient de sa force... Force qu'il ne mesure pas certaines fois et là... Pour peu qu'il ne contrôlait pas...
Mon regard se pose sur Aliénor et là, toutes les pièces du puzzles se mettent en place, sa réaction lors de la dernière venue de Wergeld et de son état, cet attachement qu'elle a envers lui, sa résignation aussi, pour le coup, je n'avais pas totalement capté la dernière fois, où alors je n'ai pas voulu comprendre au choix.
Je relève les yeux sur Wergeld. Lui en vouloir? J'en sais rien, non, je ne crois pas... Parce qu'Aliénor est une adulte, parce que lui aussi, parce que leurs conneries ils les assument chacun de leur côtés. Le problème, c'est qu'elle est là à présent et que j'ignore si les bleus et sans doute la douleur qu'ils ont occasionnés sont l'origine seul de cet état actuel.
Je peux aussi savoir ce qu'il se dit et c'est d'une voix fatiguée que je soupir:

"Cela vous fait au moins un point en commun, si toi tu ne contrôle pas dans ces cas là, elle, elle ne contrôle pas quand elle souffre."

Et dans ces cas là, on est tous impuissant que voulez vous. Je fronce légèrement les yeux en me tournant vers Neythen qui vient littéralement de lancer un duel à Wergeld, j'ai rêvé non? Visiblement, à le voir non... Mais elle leur à fait quoi la petite là, pour qu'ils soient tous ainsi?! Faudra qu'elle m'explique, vraiment...

Mon regard retombe sur sa silhouette endormis, enfin endormis... De nouveau je vois sa main se crisper et dans un geste je la saisis et je grimace même en sentant la force dans ce geste et je m'adresse de nouveau à K'ouen:

"Je ne ferai rien, ma priorité c'est elle et personne d'autre pour le moment, puis franchement Wergeld, je ne peux pas t'en vouloir, je te connais..."

Et je sais de quoi il est capable aussi. Si j'avais été dans mon état normal, peut être que j'aurai fais quelque chose, mais là, ce n'est ni le lieu, ni le moment alors, je met ma conscience en veilleuse. Un drôle de bruit me parvint aux oreilles, étrange d'ailleurs, comme si on pianotait sur quelque chose. Je tourne la tête et voit Ken pencher sur quelque et ça me fait hausser un sourcil avant que je me tourne de nouveau vers Wergeld:

"Faudra que vous m'expliquez ce qu'elle vous a fait pour que vous ayez accouru ici, même trois jours plus tard..."

J'essaie de détendre un peu l'atmosphère, ce qui n'est pas évident. Je sens la pression dans ma main diminuer, je la relâche et m'étire, pour le coup, j'boirai bien un café. J'avise les dossier sur la table et je soupir de dépit,.

Le maître en avait terminé avec ses papiers depuis quelques jours, d'ailleurs il pouvait remercier sa petite secrétaire aux aspects d'écolière. Elle était très intelligente et pleine de gentillesse. Bien qu'elle soit nouvelle, elle avait réussit à se faire remarquer, agréablement cela dit. Elle offrait ses services et ne comptait pas les heures passées au bureau. C'était un bon point et c'est peut-être pour cela que Hilde l'avait remarqué. Mis à part cet avantage, elle était très serviable, vraiment. Lorsque l'esprit accompagna un couple, avec qui il avait rendez-vous, à la sortie, Victoire, c'était le prénom de la petite secrétaire, l'intercepta.

-Monsieur Brandth, nous avons reçu un message anonyme. Expliqua t-elle avec une certaine aisance. Il fallait dire aussi qu'elle s'était habituée à la maison.
-Je n'ai pas de temps à perdre avec ce genre de bêtises... Répliqua tout simplement l'intéressé.

Il salua une dernière fois le couple avant de refermer la porte. Il s'apprêtait à rejoindre son bureau lorsque Victoire rajouta.

-C'est à propos du sanctuaire des braves... Nous avons même le numéro de chambre, je pense que c'est important.
-Bien. Très bien je m'y rends. Tu peux rentrer si tu le souhaites.

Hilde avait effectivement précisé s'il elle le désirait, car il n'avait jamais entendu le moindre échos disant qu'elle sortait ou même qu'elle avait le moindre ami. De plus, le chiffre d'affaire ne pouvait qu'augmenter avec une telle présence... Certes il était très tôt, la journée débutait à peine, mais à vrai dire, ils avaient travaillé toute la nuit. Pour l'esprit rien de bien éprouvant, mais la pauvre Victoire quant à elle accumulait une fatigue oppressante. Après tout, le maître pouvait se permettre de fermer boutique quelques fois et il ne voulait pas d'un personnel incompétent.

*

Le sanctuaire des braves, hôpital de l'entre-monde. Cet endroit méconnu et pour cause, Hilde faisait en sorte de ne jamais y mettre les pieds. Ce n'était pas un lieu pour une personne telle que lui. Lui n'aurait jamais à subir quelconque blessure, ni le moindre mal. Inconsciemment il avait fait naître en lui une phobie des lieux.
Pour se ressaisir, il regarda son reflet dans une vitre et se rappela qu'en ce jour, il était intouchable. La porte s'ouvrit et il se dirigea vers l'accueil. La secrétaire leva une main et interpela une femme.

-Lyliane ! Occupe toi de ce monsieur, merci !

Une femme blanche accourut et offrit ses services. Hilde répéta ce que lui avait dit Victoire.

-Chambre 478, s'il vous plaît.

Hilde remarqua un changement radical d'attitude sur le visage de la femme en blanc. Elle emmena le maître à la fameuse chambre, précisant qu'il y avait déjà trois visiteurs, trois maîtres pour être précis. Arrivé devant la fameuse chambre, elle fit demi-tour. Hilde frappa et ouvrit sans attendre de réponse.

Sur un lit une femme. Dans la chambre trois hommes. D'un côté le maître de Kouen, au chevet le maître de K'an et caché dans un coin, le maître de Ken. Hilde ne put s'empêcher de penser que Neythen était à sa place, dans un coin oublié de tous.

-Bonjour, l'un d'entre vous m'a envoyé un message ?