Pulsions sous le soleil

Je l'ai regardé bizarrement. Je détachais les boutons de mes gants et les lui donnait.

-Tu veux en faire quoi ? Si tu veux un souvenir de moi j'ai mieux à te donner...

Je l'ai regardé déchirer sa chemise, un moment j'ai pensé qu'il était dingue -de moi- mais non. Je pris un bout de chemise et je le regardais toujours comme s'il était fou sans comprendre où il voulait en venir.

Puis, j'ai finis par comprendre.

-On recule vers le croisement derrière, on pourra pas dégainer ici.

Déjà je reculais pour le pousser vers une petite salle où se croisait plusieurs canalisations.

On a reculé. Jusqu'au croisement. Pendant ce temps j'avais fourré les gants autour de la joli flamme de la lampe et j'avais refermé la vitre dessus. Les gants brûlèrent rapidement, j'aimais le cuir pour son odeur de brûlé inégalable...
à l'entrée du tunnel, je fixais le tissus sur mon visage et j'ouvris la vitre. Comme je le pensais la fumée souffla vers l'intérieur du tunnel, les aération étant rare.

-J'ai une cheminée à K'ouen, si tu veux me faire plaisir, tu peux la décorer de ta tête.

Charmant comme toujours. Je tenais fermement mon épée, on ne savait pas ce qui viendrait vers nous. Un mi-homme mi-bison, un loup garou, un dieu du tonnerre... On pouvait s'attendre à vraiment beaucoup de choses à présent. Et j'étais sûr qu'ils avaient ce qu'on cherchait, qui d'autres dans la région se planquerait sous terre dans un vieux réseau d'égouts abandonnés ?

On fut vite dans un léger brouillard âcre, à attendre que là bas ils s'inquiètent de ce qui leur tombait dessus pour envoyer du monde nous voir.

Ils sonnent comme des mots d'amour, on s'entend vraiment bien tout les deux !
Quelqu'un toussait, c'était étouffé et encore trop éloigné pour être un appel à nous mettre en garde. Un mouvement dans l'ombre.

-Va contre le mur, on les prendra par surprise.

J'allais me plaquer dans l'angle mort de la salle circulaire, à côté de l'ouverture du tunnel, dès que j'en verrais un il ira retrouver ses compagnons déjà en voyage vers le paradis des voleurs.
Mon idée n'était pas la meilleur que j'ai eu. La première créature qui entra était bicéphale et ses deux têtes avaient assez d'yeux pour voir... à 380°.

Ce n'est pas fair play comme méthode. Et l'angle mort servant au héros qui viendrait tuer la bête, il est où ?
Les contes de fées ne sont plus ce qu'ils étaient...

Je trébuchais à moitié pour éviter les 4 rangées de dents acérées posées sur un cou long comme mon bras. Encore un peu et ma tête n'aurait pas été en assez bon état pour décorer une cheminée. Je lachais mon épée et m'éloignais. J'y tiens à ma tête, et à tout mon corps en fait.
Je suis beau, j'aimerai le rester.

Spoiler:

Spoiler:

Dès que Fafnir fut repéré je l'étais aussi, la position au mur ne nous avantageait pas et la bête n'était pas seule. Il y avait un cyborg qui la suivait. À les voir tous arriver les uns derrière les autres je me fis à la conclusion que nous obstruions la seule issue.
Le cyborg luisait sous la fumée et son regard à diodes décolorées étaient à donner froid dans le dos.

Un long bras mécanique cingla l'air. Est-ce qu'il m'avait reconnu sous mon masque ? Aucune idée. Mais ils s'agglutinaient autour de nous, prêts à nous dépecer vivant. Je parais du tranchant de l'épée. Ma surprise fut grande quand son bras fut trancher net, le métal un vieil acier léger n'avait pas aimé la confrontation avec ma lame épaisse.

Il crépita, buguait à moitié et risquait le court circuit. Une seconde suffit à ce que je plonge sur lui. Contracté derrière mon épaule, je poussais de toute ma force sur mes jambes pour lui écraser l'abdomen. J'avais refusé de trancher au risque de m'électrocuter au passage, mais le film étanche qui recouvrait ses articulations et me semble-t-il recouvrait le métal de son armature me servit de gaine de protection.

J'en avais eu un, mais les autres étaient déjà sur nous. Une douzaine de personnages armés, un peu beaucoup pour un assassin et un chasseur de monstres.

Je levais ma lame au dessus de ma tête, un moulinet ample, qu'il se rende compte que ma force leur causerait bien plus de dégâts qu'ils ne l'imaginaient.

Regarde par là l'horreur ! Sa tête à la manière d'un serpent qui attaque subitement chercha à me soutirer un morceau d'épaule. Je levais le bras et la coinçais dessus, l'autre tête vint bien vite à la rescousse, mais ma lame flottait à moins de vingt centimètres de moi. Plus elle est proche et plus je suis rapide, elle s'enfonça à la base du cou, et à mesure qu'elle finissait son travail elle décapitait la bête d'une d'un de ces encéphales. Déstabilisé, mon arme en main je fini de tuer le monstre -faut avouer qu'il y a même des horreurs qui vivent ici- en lui tranchant l'autre tête. Je finissais aussi puant que Wu mais en meilleur position.

Les mercenaires avaient pris pour cible Wergeld, visible à des kilomètres avec son arme énorme. Ils pensait sûrement que j'étais en de bonnes mains avec leur double-horreur. Je plongeais sur l'un d'eux. Mon poing frappa bien quelque chose mais je ne levais pas la bras une seconde fois.

Une liane métallique entourait mon ventre et la décharge me cloua sur place.

Je trouvais étrange qu'aucun ne se jeta sur moi. Etrange que je sois si bien entouré, comme s'ils ne voulaient pas que je m'enfuis.

Un fouet de vertèbre métallique entoura mon ventre. Avant même que je ne porte ma mains dessus pour l'ôter, je fus foudroyer sur place. L'électricité parcouru mon corps et affola les battements de mon corps.
Le noir se dessina devant mes yeux et de l'autre côté Fafnir subissait le même sort.

-Ils ont tué les diables, et la lampe est inutilisable.
-Réveille-les, s'ils nous ont trouvé d'autres le feront aussi, on va se servir d'eux.

Mais je suis déjà réveillé, pas la peine de cogner ! Un seau d'eau plus tard, je dégoulinais d'eau, ma tête me faisait un mal de chien et j'avais les mains ligotées à un pillier métallique. Face à moi, un grand type au faciès recouvert d'écailles bleues parfaitement lisses. On me l'aurait raconté que je ne l'aurais pas cru, un hybride de grenouille, ça c'est de la découverte...

-T'as vraiment une sale tête.

Un coup plus tard, je voyais quelques étoiles en plus au dessus de moi. Fafnir était à moins d'un mètres, nos armes avaient été rangées contre un mur de l'autre côté de la salle et un feu sans fumée ronflait dans l'âtre creusé dans le mur.

-Des gens vous suivent ?
-On te suffit pas ?
-Un maitre me suffit, mais si tu me réponds pas on va devoir tuer ton copain. C'est qui ?

Je ravalais le "vous pouvez y aller, il sert à rien de toute façon"...

-Ayamé. Capitaine de ma garde, mentis-je.Personne viendra nous chercher ici, on est tombé par hasard dans un puits qui s'est effondré.
-Et dis moi, vous valez combien tous les deux ?

Devant mon mutisme, il se décida à aller cuisiner mon compagnon de cellule.

À mon tour d'être réveillé avec un seau d'eau ? Pas exactement, il se contenta de planté une pointe en silex dans ma cuisse.
Ça réveillerait un mort.

-J'ajouterai que tu sens mauvais le crapaud, éloigne ta face de mon nez avant que je ne te gerbe dessus.

C'était pas la peine de trouer la deuxième cuisse. Quel gourmand...

-J'ai dis, combien vous valez tous les deux ?
-À vue de nez, assez pour te rendre riche toi, mais pas tes hommes.

Un coup plus tard...
C'est un grand sensible, il prend la mouche très vite, comme une grenouille !

-Vous pourriez me renseigner mon brave, on cherche un objet pas très gros, qui vibre tout seul et qui est recouvert de symboles mathématiques trop complexe pour tous vos cerveaux réunis.

Aïe. Il devait adorer son silex parce que je n'arrêtais pas de le voir s'enfoncer dans ma peau. Douloureuse méthode de séduction. Pas très efficace cela dit.

-Vous devriez faire attention à ce truc et je peux vous assurer d'une chose : ce n'est pas une machine à voyager dans le temps.

J'avais suscité son intérêt. Il restait là accroupie devant moi à déverser son haleine fétide sous mon délicat odorat... Et Wu devait commencer à sentir ses liens se desserrer autour de ses poignets.

-Et c'est quoi ta chose ?

-Une arme. Activée depuis qu'on l'a sortie du marais. Et avec votre brillante idée de la dérober, on va tous finir en poussière dans les jours qui viennent si personne ne découvre comment la désactiver rapidement.

Mes mains étaient presque libre, je les plaçais sur le sol derrière moi et la tête basse, je mimais la fatigue et me concentrais autant que je le pouvais. On avait besoin de temps.

-Tu penses que je vais te croire ?

-Non. Vous devriez commencer à prier.

Il ne me croyait pas du tout. On en avait pas encore assez fait pour finir de le convaincre. Il saisit plusieurs de ses hommes, leur ordonna d'aller inspecter les tunnels. Il ne voulait pas qu'on ait caché des gens, ou des choses qui pourraient indiquer notre position.

Le silence revint, il nous regardait en faisant tourner dans ses mains un couteau de chasse. S'il pensait me faire peur... Quand j'avisais que les hommes étaient suffisamment éloignés, j'expulsais dans le sol les ondes d'un tremblement de terre ciblé juste en dessous de nous. Il ne serait pas bien grand mais il fera trembler la pièce.

On est fait l'un pour l'autre. Il mentait plutôt bien pour un saint et nous avions envisagé une supercherie similaire.
Ses mains déliées, je m'occupais des miennes.

Le coffre de transport de la machine s'ouvrit. Elle sortit en tournant sur elle-même.
Eux ne se doutaient certainement pas que j'étais un télékinésiste sinon ils m'auraient déjà tué. Le tremblement de terre débuta et la machine était déjà à un mètre et demi du sol.

-Seconde phase, elle engrange de l'énergie. Dans quelques heures nous ne serons plus assez gros pour être reconnaissable même avec une recherche ADN.

À leurs yeux ça paraissait tellement réel, hilarant !
Quand tu veux pour la suite Wu.

Ils avaient tous les yeux rivés sur la machine. Rien n'aurait pu les terrifier plus qu'un objet occulte malfaisant. Et nous venions de l'inventer, mais ça ils ne le savaient pas.
Un mouvement de panique. La demi-douzaine d'hommes restés dans la salle se ruèrent vers les sorties, emportant avec eux ce qu'ils pouvaient.

Un tremblement de terre dans ces vieux égouts. Aucun ne voulait finir ensevelit pour toujours. L'homme-grenouille aurait pu crier tout ce qu'il voulait personne ne se serait occupé de lui. Ils fuyaient déjà dans les tunnels, pensant peut-être que si le tremblement était plus faible c'est que la première secousse se calmait...

Tout seul il était devenu une proie facile.
J'ai foncé vers leur chef. Mon genou enfoncé dans le ventre il en aurait perdu ses poumons mais je lui tenais la mâchoire fermement serrée dans ma main. Il leva les yeux sur moi et je n'imaginais pas ce qu'il voyait sous le sang et la saleté qui me maculait la peau.

*bon voyage*

Je frappais de toutes mes forces avec mon coude sur le sommet de son crâne. Un craquement, j'avais enfoncé l'os.