Vous avez dit Bizarre ?

J’avais juste appuyé avec mes griffes en métal sur le gamin. Car griffé un gosse… Cela ne m’aurait pas fourni beaucoup de réponses. Les quelques griffures venant de moi sur son corps étaient dues à ma réception. Le reste ; forêt, roubicot, tellement de possibilités. Mais je l’avoue, à chialer comme il le faisait, j’avais bien envie d’aller plus loin même si c’est plus compliqué avec un tel gosse. En effet, si je vais trop loin, avec sa constitution, cela ne sera pas super performant au final. Néanmoins, j’entends un bruit derrière moi et j’ai tout juste le temps de tourner la tête que je me retrouve jeter dans les buissons à proximité avec une voix qui je l’avoue, était plutôt reconnaissable.
« - Mais ça ne va pas toi ! Agresser un gosse ! Tu veux qu’on ait des problèmes ou quoi, nous avons un sanctuari avec nous, Lin ne pourra jamais fermer les yeux sur ça. »
Que suis-je censé répondre ? On a un objectif, non ? Ce n’est pas en faisant les sentimentales que l’on va le remplir. Tout ou rien comme on dit et on tombe dans le rien quand l’on n’est pas prés a aller jusqu’au bout. Et puis, qu’est-ce qui dit que c’est un simple gosse ? Car il a un visage innocent ? Les ennemis n’ont pas toujours la tête des méchants des films des humains. Mais il faudrait encore qu’il le comprenne. Non, mais vraiment, le gosse pourrait l’empoisonner qu’elle ne s’en rendrait même pas compte. La naïveté des humains, je vous jure.
« - Va chercher nos camarades toi. Ørkãn assure toi qu’il ne fait pas plus de bêtises et dépêchez-vous, je n’aime pas être seule avec les roubicots autour. »
Je laisse la panthère y aller et je ne bouge pas. Il est bien assez d’un pour aller chercher quelqu’un d’autre et c’est un félin ; il doit être suffisamment discret malgré sa taille. Et l’autre gamin qui continue de pleurer…

Enfin, Ørkãn revint avec Lin. Elle dit à Moana de la prévenir si évacuation il y a besoin. Je vous jure, laissez-le se débrouiller un peu, dans le pire des cas, sa l’endurcira. Bon, on dirait que je suis obligé de la suivre ; on perd tellement de temps avec ces détails.
« - Santiel, il y a des choses dont nous devons discuter. J’ai bien compris que tu as été créer dans le but de faire la guerre et de tuer. Mais, tu n’es plus dans ton monde ici. Tu ne peux pas continuer comme ça. Il faut que tu comprennes que tu ne dois pas planter tes griffes dans les gens… C’est une agression.
- J’ai entendu un bruit, j’ai bondi, point. Et j’ai bien fait ; il a simplement dit avant de commencer à pleurer de ne pas faire de mal à Lisbeth donc cela signifie qu’il la connait. »
Je résume simplement. Je me lèche l’épaule, nettoyant le sang sécher qui avait coulé de mon égratignure avec le robot oiseau, cela ne se voit pas vraiment à cause de la couleur de ma fourrure. Je ne dis rien à ce sujet, ce n’est pas une information importante susceptible de répondre au sujet de notre mission. De toute façon, elle regarde ailleurs.
« - En tant que Sanctuari, je ne peux pas te laisser continuer comme ça. Tu dois apprendre quand il est acceptable d’utiliser tes griffes. Tu as le droit de te défendre à hauteur de la menace, est-ce que ce gamin représentait une telle menace pour que tu prennes le risque de le tuer ? Ce sera mon seul et unique avertissement. Ne m’oblige pas à t’envoyer en cellule.
- Il peut très bien représenter une menace pour la mission ; qu’est qu’il fait au milieu de la forêt ? Quelle est la nature de sa relation avec la fameuse magicienne ? Il semble bien trop au courant. À moins que tu le penses innocent uniquement, car c’est un gosse ? Et sinon, mon but n’était pas de le tuer, car les morts ne donnent pas de réponse. »
Je me demande si je suis assez clair au sujet de mes intentions. Certes, l’interroger, sans doute de manière douloureuse, mais pas le tuer, car cela n’aurait pas de sens. Elle retourne voir les autres. Moi, j’attends un peu, soupirant.

Je regarde ma patte et j’y repense ; chacun de mes os est recouvert de métal et dans mon sang circule des nano robot, j’ai des organes artificiels additionnels ou remplaçant… Je ne suis pas dans mon monde, mais je reste une arme cachée sous une épaisseur de fourrure et de chair. J’ai un cerveau et une maturité ayant grandi beaucoup plus vite que mon corps, j’ai été amélioré, dirigé, demandé ; je suis un soldat pré programmé. Je n’ai pas besoin d’un monde pour avoir ce comportement, on a codé mon monde dans mon ADN et ma technologie. Croire que je suis capable d’autre chose est bête, croire que je n’ai pas le choix non plus. C’était mon choix de mettre au même rang créateur et création.

Je me décide enfin à les rejoindre, j’entends moins le môme, mais à peine que j’entre de nouveau dans son champ de vision que je le vois de nouveau paniqué et pleurer. Nan, mais c’est bon quoi ! Je soupire, le regarde…
« - Où est Lisbeth ? »
Ils se contentent de pleurer et de demander à ne pas faire de mal à l’intéressée. Je regarde Lin et lui dits ;
« - À part que ma méthode ne serait pas approuvée ; il ne m’a pas l’air de savoir faire grand-chose d’autre que pleurer. »
Dis-je simplement, sans plus d’explication. Je me lèche de nouveau l’épaule, finissant de nettoyer ma fourrure bien que ce n’était pas super facile, mais je me débrouillais.

Les choses n’ont souvent pas l’air de ce qu’elles sont vraiment, c’est quelque chose que j’ai appris très rapidement… Pas seulement quand j’étais petite dans mon monde, non, ici aussi, car ce monde aussi est dominé par créature et créateur. Les créations sont certes plus diverses, mais elles restent ce qu’elles sont sous leur mécanique, leurs neurones artificiels ou leur apparence hors norme. Alors, quand un simple gosse se promène dans la forêt, je me méfie, naturellement. En tout cas, Moana dit que c’est à cause de moi et je soupire… Ne rien se demander, être prêt à tout, car cela à l’air d’un gosse… Certes, j’ai été prudente pour les mêmes raisons, mais je pense qu’il faut quand même se questionner. Enfin, elle lui demande ne gros ou il habite…. C’est déjà cela.
« - J’habite à deux cents mètres d’ici, avec …. Ma sœur !
- Comme tu peux le voir, nous sommes coincés, il y a les roubicots qui traînent, on ne va pas rester ici sans protection, tu crois qu’on pourrait venir chez toi avec ta sœur ? »
Et… Punaise, je n’aime pas quand j’ai raison à ce point. Et le voilà qu’il se barre ; quand je disais que j’avais fait attention avec mes griffes ; il est en forme.

Et hop, la voilà qui demande de le suivre. Comment on dit déjà ? A oui ; je vous avais prévenue, je crois. Elle bondit sur son félin et elle y va. Lin nous lance alors, à Lavi et moi ;
« -Lavi, Santiel ! On y va, il ne faut pas perdre le gamin de vue ! »
Et voilà qu’ils se barrent aussi. Moi, je suis dernière ; c’est trop étrange tout ça. Pourquoi partir d’un coup ; pour nous échapper ? Bon, il faut dans tous les cas le rattraper, mais moi, je préfère passés par le couvert des végétaux, fougères et autres plutôt que de me précipiter. Je fais tout pour être discrète et j’entends un bruit passer au-dessus de moi… Ça ne sent pas bon comme on dit. Quelque pas et cela se passent de nouveau… Ça devient trop dangereux de rester au sol. Je sors ma tête d’un fourré et regarde à proximité. Bon, si je dois me mettre dans les hauteurs, c’est maintenant. Je bondis rapidement, ne laissant apercevoir qu’une fourrure noire et rouge gagner le haut des arbres. Cela ralentit davantage ma progression, mais de toute manière, je ne loupai pas grand-chose. Les bruits revenants, je dus faire attention même de là où j’étais ; je regardai en bas deux imprudents. J’allais, je l’avoue, les laisser se débrouiller (ils avaient cas m’écouter), mais le destin si ça existe en décida autrement. En effet, je sentis des serres et j’eus juste le temps de choper le coup d’un piaf avant de tomber, me réceptionnant sur un Lavi pas forcément très rassuré. Le truc dans ma gueule se débattit et j’allais au sol, mais je ne me sentais pas super bien… Bon, je sortis de nouveau mes griffes et à peine je lâchais ma proie que je lui donnais un coup de griffe nette. Tien, ça ressemble au piaf de tout à l’heure ; on est donc encore observé ? Mais il a les serres plus grosses ; avec du sang. Ha, ok, Je regarde mon côté gauche. Cela explique pourquoi j’ai mal ; en tout cas, ça saigne. Mais pourquoi me visé ? À moins que ?
« -Il m’a directement visé…. Je ne devrais peut-être pas prendre ces oiseaux mécaniques, de surveillance, j’imagine, comme individu, mais plutôt comme un système complexe. Saloperie, il ne m’a pas loupé en tout cas. »
Je sautai au bon moment, quand un cracha s’écrasa à mes « pieds »… Mais la réception fut plus dure, saloperie de sécurité ou je ne sais pas quoi. Au moins, celui-là n’a pas l’air d’exploser ; c’est peut-être quand je griffe un circuit en particulier. J’ai été brève après tout là. Bon, vue que je suis là…

J’essaye de jauger le nombre et soupire.
« -Bon, je vais vous décharger un peu de masse. Avec un peu de chance, ce sont des animaux débiles »
Dis-je avant de feuler un grand coup, faisant le plus de bruit qu’il m’était possible de faire. Je vis quelques yeux se tourner vers moi et j’appliquai la tactique de « je me barre en courant en utilisant ma taille comme avantage ». À peine fut élancer, que je fus pris en cible par quelques cracha et quelques secondes plus tard, par les bêtes en elle-même. Au début, j’allais plutôt vite et j’espérais même les semer, mais avec le sang que je laissais derrière, laisse tomber…. Et plus je courais, plus le poids de ma blessure se faisait sentir. Ce qui me permit de m’en sortir ? La chance. Au bout d’un moment, je trébuchai et dégringolant d’une plante, je tombai dans un petit trou. Une sorte de galerie, d’un renard surement ; bien trop petit en tout cas pour mes poursuivants et cela, même s’ils savent que je suis là. Je m’enfonçai, me planquant et je les entendais à la surface… Je crois qu’ils m’attendent… Bon bah, je suis coincé et j’ai mal. Il n’y a pas à dire, je passe une super journée.

Au fond de mon trou, je me léchais ma blessure… Comme je pouvais, je me sentais un peu engourdi… Mais pourquoi ? Je ne me souviens pas que la bave de ces monstres m’ait touché. Était-ce l’oiseau ? Non, peut-être pas, surement pas même… Sinon, j’aurais aperçu quelque chose de ce type sur le modèle présent…. Je jetai de nouveau un œil sur ma gauche…. Ça saignait toujours, qu’importe à quel point je lèche… Cela avait peut-être touché un système secondaire, ce qui expliquerait que je me sente ainsi. Après tout, mon corps a été amélioré et bien que mon squelette ait été renforcé via l’application d’une couche de métal et mon sang doté de nanorobot ; il ne faut pas oublier mes organes secondaires et donc les inévitables files qui trainent un peu partout pour permettre aux systèmes de se coordonner avec mon rythme biologique. Ce sont souvent ces mêmes systèmes qui mettent du fil à retordre à mon mécanicien quand il doit me réparer une chose en particulier. Je ne pouvais pas sortir, j’entendais encore bouger là-haut et même quant au milieu de la nuit, le silence se fit, je ne pouvais m’en aller… Car il aurait été imprudent que pareil prédateur se soit éloigné aussi facilement et avec la douleur lancinante, il m’était difficile de dormir. Je ne trouvai pas de moment sur afin de sortir jusqu’au matin.