Sanctuaire pour les non-vivants

Ça le démange ?
Si c’est pour me punir de prendre mes vacances au sanctuaire… Je lui renvoie un sourire appréciateur. Voilà de l’humour comme je l’aime. Tant que je ne sais pas à quel point il est endommagé, je peux encore en rire.
Direction le laboratoire à bonne allure, ce serait dommage de découvrir sur le trottoir que j’aurais dû m’inquiéter il y a vingt minutes.

Mon regard portait sur l’intérieur de Cerclon. Je n’y venais pas très souvent. Lorsque c’était le cas, je ne m’éloignais jamais de la bibliothèque. Le seul territoire partagé entre K’ouen et Ken. Il possède les murs, je m’occupe de les renflouer en activité. L’intérieur de la muraille vaut le détour elle aussi.
Le fait que je sois un touriste dans une ville où je suis censé vivre n’a rien de ridicule, sauf si on le dit à haute voix.
C’est la raison qui me fait taire.

Mes pensées vagabondent dans le réseau, je songe à la quantité faramineuse d’énergie que consomme Cerclon chaque jour. Je pense à cet endroit fermé sur lui-même qui saurait vivre en autarcie parfaite tant que les prises secteurs continuent de leur fournir assez pour exister.
Les lumières artificielles, les cliquetis réguliers des appareils presque étouffés par les bruits du quotidien, la présence insonore du bouclier autour.

-Je ne me sentirai jamais vraiment à ma place à Cerclon.

Faire du feu avec de la paille, des brindilles et un bout de bois, je gère.
Allumer un ordinateur ou me connecter au Wifi ?
Personne n’est parfait.

-Peut-être parce que je ne suis jamais sûr de comment on appelle les ascenseurs, ici.

Avec ses hangars et sa boutique, le laboratoire est une bâtisse immense. Assez pour être visible de loin. Le transporteur nous déposa délicatement devant la porte principale.

C’est bien la première fois que je viens ici avec pour objectif de faire rafistoler quelqu’un. D’habitude, j’y viens uniquement pour les gadgets, ceux qui n’ont pas trop de boutons et sont assez efficaces pour tuer ou paralyser mes proies habituelles.

Dans ce « sanctuaire » là il n’y a pas de cafétéria avec la possibilité d’obtenir un chocolat chaud en échange d’un sourire ni de plateau repas où la viande rouge est prohibée.
Pas une seule infirmière non-plus. Qui peut apprécier de se faire soigner sans ces petites choses qui rendent le séjour supportable ?

Je devrais songer à prendre de vraies vacances…

-Si tu sais par où il faut aller je te suis.

J’ai déjà décidé que je le collerai jusqu’à ce qu’il me congédie lui-même.
Je ne suis pas inquiet (un peu), je n'ai pas un sens de l'orientation infaillible.

Spoiler:

"A Cerclon, on n'appelle pas les ascenseurs, ce sont les ascenseurs qui nous appellent."

C'était dit d'un ton de plaisanterie, même si c'était à moitié vrai. Les IA qui géraient les moyens de transport aimaient occasionnellement faire la conversation à leurs passagers. Certaines s'offusquaient même qu'on ne leur dise pas bonjour.

Il y avait sur Ken tout un service mineur consacré aux réclamations d'Entre-Mondiens traumatisés par leur première visite à Cerclon. HK n'avait plus le droit d'y faire un tour depuis qu'il avait failli encastrer dans un four micro-ondes un visiteur venu se plaindre du sien.

Xénon descendit du transporteur et franchit les portes familières du Laboratoire. Aussitôt, ses yeux cherchèrent le rayon véhicules. Il se demanda avec une impatience enfantine si de nouveaux modèles de motos étaient arrivés. Seule la voix de Wergeld le convainquit d'attendre plus tard pour aller vérifier.

Il se dirigea vers le comptoir où il engagea la conversation avec une jeune cyborg qui travaillait là. Une dizaine de piercings décoraient ses oreilles pointues et couvertes de fourrure. Elle se pencha par-dessus le comptoir et ses yeux synthétiques se déployèrent comme l'optique d'un microscope, pointant vers l'épaule du patient.

"Hm, hm," fit-elle. "Oui, je vois, je vois. Ça ne prendra pas long. Par ici, par ici."

Elle s'éloigna vers la partie du bâtiment qui tenait lieu de clinique. Un robot perché sur roues se précipita pour prendre sa place au comptoir avec tant d'enthousiasme qu'il faillit basculer quand il freina.

"Je n'ai jamais été aussi heureux de signer un document que quand j'ai approuvé l'installation du Laboratoire à Cerclon," dit Xénon à Wergeld alors qu'ils emboîtaient le pas à la jeune femme. "Surtout quand K'ouen et l'Epicerie ont accepté de lui laisser le monopole des véhicules," ajouta-t-il avec un sourire malicieux.

La clinique était déserte. Les patients ne restaient pas longtemps. Ceux dont la morphologie leur imposait de se reposer allaient au Sanctuaire. Les réparations des autres prenaient rarement plus de quelques heures avec la technologie dont disposait Cerclon.

Xénon s'allongea sur la table d'examen qu'on lui indiqua tandis que l'employée se perchait sur un tabouret et observait la blessure de plus près.

"Ah," s'exclama-t-elle, mécontente. "Ah, mais vous vous êtes roulé par terre ou quoi ? Hmf."

Elle extirpa un minuscule aspirateur de l'attirail posé près d'elle et en fourra l'extrémité entre les bords déchiquetés de la peau synthétique.

"Et l'autre, il est là pour quoi ?" dit-elle sans relever la tête.

Le laboratoire c'est le magasin de jouets des adultes, surtout pour lui. Nous venons pour le rafistoler ça ne nous empêche pas de tenter d'apercevoir ce que nos préférés cachent comme surprises.
Venir ici c'est l'équivalent d'un matin de Pâques, si, en plus, il y a des nouveautés, c'est l'ouverture de la chasse aux plus beaux œufs.
Au lieu de lui lancer la pierre, je me rapproche et m'assure que ses pas ne dévient pas du droit chemin. Qui est : le comptoir.

La suite ne m'enchantait pas. Le ton de son ingénieur ne me plait pas et je n'ai pas le cœur à lui répondre quand je vois le tube de l'appareil fiché dans le bras de Xénon. Il a beau être mécanique, un malaise s'installe et je me sens tendu et nauséeux.
Dans la situation inverse ce serait carrément moins propre comme vision... Un peu de nerfs Wergeld, t'as vu pire tout de même !

-Je t'attends dans le labo...

Je décroise les bras.

-Si t'as besoin de moi, suffit de m'appeler je ne suis pas loin.

Je salue la femme d'un bref hochement de tête et m'éloigne avant que ma gêne ne se lise sur mon visage.
Je vais bien devoir m'y habituer.
Quoique, je ne suis pas médecin et encore moins mécanicien...

C'était quand même juste cette histoire de prise d'otage. Y aurait-il un coup du destin là dessous ou bien quelqu'un s'amuse à poursuivre les maitres avec des aventures abracadabrantes ?

En quittant la salle, j'appelle Ayame. Je préfère avoir droit à son sermon maintenant plutôt qu'avec quatre heures de retard (ou plus). Il semble dans tous ses états...
Le calmer allait prendre un petit moment. J'essaye de lui parler d'autres choses, pas forcément plus joyeuses mais cela détourne son attention.
A-t-il besoin de matériel ?

Je me laisse surprendre quand on vient me chercher. Je décroche l'oreillette et salue Ayame en éteignant le baladeur.
Je suis debout avant de m'en rendre compte.

La jeune cyborg marmonnait dans sa barbe - ou en tout cas, la fourrure autour de sa bouche - et ne semblait guère disposée à faire la conversation. Son ton alors qu'elle encourageait Xénon à plier le bras dans une direction, puis dans l'autre, louchant tout du long sur ses mécanismes internes, était même franchement bougon.

Il fallut moins d'une minute pour que la compagnie de Wergeld lui manque. Il regrettait son départ. L'avait-il vexé avec son commentaire sur l’Épicerie ? Mais non, c'était idiot. Wergeld avait sans doute l'habitude de laisser ses connaissances se faire rafistoler en paix. Les organiques appréciaient probablement de ne pas avoir à faire la discussion quand ils souffraient. Cela partait d'une bonne intention, mais Xénon aurait préféré qu'il s'abstienne.

L'ingénieure finit par décider qu'elle avait délogé et aspiré toutes les saletés. Elle s'éloigna d'un coup de pied, perchée sur son tabouret à roulettes, puis revint avec une machine malheureusement familière à Xénon. Elle en colla l'embouchure sur son épaule. L'engin gémit, une diode rouge s'alluma, un laser scanna les contours de la plaie. Un petit "plaf" plus tard, un morceau de peau toute neuve était venu reboucher le trou. Xénon tendit le cou pour la regarder. La couleur n'était encore complètement correcte et elle brillait à la lumière. Il faudrait quelques heures pour qu'elle s'accorde aux cellules du reste de son bras et rétablisse du même coup la connexion nerveuse. En attendant, l'employée y colla un bandage pour protéger la zone.

Xénon régla sans attendre, pressé de retrouver Wergeld. Le but de l'excursion était de passer du temps ensemble, et cela risquait de ne pas arriver tous les quatre matins. Autant en profiter.

Il le retrouva vite, coupant tout juste court à une communication. Il ressentit une pointe d'inquiétude.

"Pas d'ennuis, j'espère ? On ne te rappelle pas déjà à la tour de contrôle ?"

Il parcourut le labo du regard. Wergeld ne s'était guère éloigné de la clinique.

"Tu m'attendais pour faire les magasins ? Ça c'est gentil."

-Non aucun problème en vue, Ayame à seulement besoin d'exprimer son inquiétude de temps en temps.

Un vague sourire insolent accompagnait cette pointe d'humour.

-Mais lorsque je lui ai promis de financer sa prochaine voiture de fonction, bizarrement, son inquiétude s'est envolée...

Je suivis le regard de Xénon sur notre nouvelle scène de crime. Ce serait vraiment idiot de louper une occasion de nous délester de nos pims au laboratoire. J’avais le sentiment de partager la même excitation à l’approche d’une acquisition nouvelle. Cependant, il préférait les moto et moi j’aimais uniquement ce qui peut me rendre toujours plus efficace en chasse.

Je suis sûr que l'elfe oubliera toutes mes péripéties du jour si je lui apporte un cadeau. Comme la clef d'activation d'une Cael dont il ne cesse plus de parler depuis des semaines. Par contre il est le premier à râler quand je suggère d'investir dans une monture combative. Il n'aime pas beaucoup les dragons ou c’est de m’imaginer en train de dresser la bête qui le rend si sceptique.

Sans m'en cacher, je j'étais un coup d'oeil au bras de Xénon. C'était visible mais propre. C’est quand même difficile de lutter contre mon envie de vérifier, de tâter pour tester si cette réparation garantie qu’il ne risque pas le court-circuit.
Oui c’est ridicule, s’il avait la même curiosité surprotectrice envers moi ça m’agacerait, m’obligerait à montrer le mauvais côté de ma personnalité pour m’en défendre… Mais tout dépend du contexte, bien sûr !

Visiblement content de voir que nous étions poussiéreux mais en bonne santé, je passais un bras dans son dos et l'entrainait sur le chemin des véhicules à deux roues ou plus.

-Puisque tu parles shopping je sais par où tu veux commencer la visite.

Durant ma conversation téléphonique avec Ayame, j’avais senti mes muscles se mettre un par un en grève. L’utilisation des titres n’était pas sans danger quand on dépasse déjà les limites naturelles. Par exemple, je sentais à la douleur provoquée à chaque contraction que les muscles et tendons de ma main droite étaient perclus de lésions. Mon épaule souffrait comme une vieille voiture manquant d’huile et mon ventre me laissait imaginer une plaque molle pressée contre mon estomac, traduction physique d’un choc dans ces zones molles. Un bel hématome devait se former et noircir petit à petit.
En conséquence de quoi j’étais légèrement moins souple que d’habitude. Une petite raideur accompagnait mes mouvements.

-Je ferais attention à ne pas me montrer trop possessif.

S’ensuivit l’ouverture de l’espace où trônaient les modèles des deux roues ou plus. La lumière blanche se brisait en éclat scintillant sur les carrosseries et les métaux chromés.

-Je rêve où ils ont sorti des ailes mécaniques ?!

Un gosse dans un magasin de jouet aurait été plus calme que ça.

"Ciel, comment as-tu deviné ?"

Non, il n'était pas du tout prévisible. Xénon se laissa guider avec bonheur vers la partie la plus intéressante du magasin. Non pas que le laboratoire ne soit pas passionnant de bout en bout, à part peut-être la clinique qu'il venait de quitter. Mais puisque Wergeld acceptait de le laisser libre cours à son obsession en premier, il n'allait pas se priver.

Ceci étant dit, l'exclamation de Wergeld réussit à arracher son attention aux mécaniques rutilantes avant même qu'il n'ait commencé à en faire l'inventaire.

"Oooh," fit-il en apercevant les dites ailes. "Alors ça, c'est exactement ce qui manquait à l'arsenal de l'aventurier bien équipé."

Il se pressa gentiment contre le flanc de Wergeld tandis qu'ils examinaient l'engin et ses spécifications de plus près. 34kg, ce n'était pas rien. Évidemment, ils seraient tous deux capables de supporter une telle charge, mais...

"Voler, ce n'est pas trop mon truc. Je préfère la terre ferme, et quand je ne peux pas faire autrement, j'ai une Palmapluie. Et toi, elles te tentent ?"

Peut-être qu'il devrait faire le tour des autres nouveautés lorsqu'ils en auraient fini avec les véhicules. Lorsqu'il entrait ici, il avait tendance à toujours se focaliser sur le même rayon. Il passait sans doute à côté de beaucoup d'équipements très pratiques.

Il se retourna et scanna l'alignement de motos du regard, le comparant mentalement au contenu de son garage.

"Ils ont quelques nouveaux modèles," dit-il avec une bonne humeur évidente.

-Mince !

L'envie de me saisir des ailes et de les essayer sur le champs rivalisait avec un léger vertige. Se fier à une machine pour me porter à 2000m d'altitude sans me laisser tomber à la dernière seconde ? Un frisson d'adrenaline me parcouru l'échine. Honnêtement ? J'ai envie de tenter le diable.

-Avec Caelum je pourrais peut-être améliorer leur autonomie...

Si Ayame me voit débarquer avec ça. Non, mieux vaut ne pas y penser.

-Le prix est indécent pour un modèle comme celui-là.

L'excuse était lancée sur le ton de celui qui n'y croit pas totalement. J'ai les moyens de me permettre n'importe quelle folie. Mais tout comme Xénon j'étais attaché au sol sous mes pieds.

-Si vraiment je veux voler, j'achèterais un Daken. La technologie à ses limites, pour le moment, et puis j'essaye déjà de convaincre l'elfe que le dragon serait une acquisition intéressante, si je me pointe avec des ailes mécaniques il va me faire enfermer.

Il avait donc déjà repéré les nouveautés ? Pour la forme ce ne serait pas si mal d'y jeter un oeil. Quand je pense à la magnétic toujours enfermée dans le garage et quasiment jamais utilisée... La poussière qui la recouvre formera bientôt des dépôts rocheux si on ne l'extrait pas rapidement. Ce qui ne saurait tarder parce qu'il va falloir faire de la place pour la Cael.

Une fois passé les modèles plus anciens, les couleurs changeaient avec la nouvelle gamme. C'est comme un défilé de mode, les froufrous en moins.
Abandonnant Xénon à l'observation minutieuse des nouvelles motos, je trouvais la scène où trônait fièrement une berline d'un bleu soutenu. Adaptée au bitume de la ville et aux sentiers entretenus la Cael avait fière allure mais restait totalement inutile sur l'ensemble du territoire. L'elfe utilise une voiture uniquement lors de ses sorties dans Tern. Lys étant souvent à l'origine de ces escapades là...

Spoiler:

Bien sûr que Wergeld était tenté, fallait-il vraiment poser la question ? Mais il parvint à se maîtriser, ce qui était tout à son honneur. Xénon lui tapota l'épaule, compatissant.

"Tu as raison, ce n'est pas raisonnable."

Magnanime, il s'abstint d'embrayer sur un débat comparant les défauts de la technologie à ceux des êtres organiques. Wergeld n'avait pas voulu critiquer, tous les prétextes étaient bons pour s'auto-persuader.

Wergeld le quitta tandis qu'il scrutait attentivement les deux-roues. Il fit le tour du rayon, examinant les nouveaux modèles d'un œil gourmand. Il était tentant de faire une razzia, mais... Wergeld se montrait raisonnable, il pouvait bien faire un effort lui aussi. Il préférait avoir toujours des réserves sur son compte bancaire, au cas où, et il voulait toujours faire un tour dans le reste du magasin.

Une moto. Pas plus.

Lorsqu'il n'hésita plus qu'entre la Strata et la Jinn, il rejoignit Wergeld.

"Ça te tente de repartir en moto ? Ou tu me fais des infidélités pour une quatre-roues ?"

Un coup d’œil à la Cael, qui ressemblait pour lui à beaucoup d'autres voitures. Il n'en possédait pour sa part qu'une seule, l'Eòl, principalement pour son étonnante technologie de camouflage.

"On peut aller faire un tour dans les autres rayons ? Je m'achèterais bien une paire de baladeurs."

Spoiler:

Spoiler:

La cael est belle mais d'autres modèles seraient plus utiles. L'elfe préfère peut-être travailler en ville mais notre quartier reste la zone du dehors. Il ne pourra pas utiliser cette voiture n'importe où. Si j'en crois nos lois, il ne pourra pas l'utiliser beaucoup...

Concentré sur la voiture et ses caractéristiques, je me laissais surprendre par le retour de Xénon. En me tournant vers lui, je sus exactement ce qui m'attirait chez lui plus que chez quelqu'un d'autre. Il n'est pas surprotecteur, il ne me diminue pas ou ne me positionne pas plus haut que je ne le mérite. Il ne provoque pas chez moi de mépris ou pire de pointes d'humour plus ou moins serviables.

Une petite tension m'habitait pourtant, désinvolte dans ma réponse, je dissimulais un peu mal mon amusement.

-Si cette voiture te rend jaloux, vais-je devoir me séparer de ma magnétic aussi ?

Il est calme et attentif, tout l'inverse d'une personnalité jalouse et possessive. Ce serait plutôt mon genre de défaut, ça.

-Ce ne serait pas trop cher payé, je voyage plus facilement avec mon Cyliong.

Je m'avançais alors sur le chemin du rayon des accessoires.

-Je crois que je viens d'avoir une idée qui pourrait te plaire.

Expliquant succinctement à quel point j'étais peu doué sur un véhicule à deux roues, je lui trouvais l'air assez solide pour essayer de m'enseigner à conduire convenablement. Ce n'était pas pour tout de suite, mais si je me décidais à passer un permis, autant avoir un professeur que j'aurais à cœur de satisfaire.

Pour appuyer ma petite explication, je lui rappelais brièvement mes techniques au pic d'Arcturus. C'est bien un argument ultime, non ? Invoquer les arcturiens comme raison de m'apprendre à ne plus risquer ma vie sur un véhicule...

"Ah, mais quatre ou deux roues, ça n'a rien à voir !" proclama Xénon, faussement sérieux.

Wergeld s'éloigna de toute façon sans difficulté de la Cael, il ne devait pas y être très attaché. Il lui emboîta le pas vers le reste du magasin, écoutant avec attention une idée qui avait en effet tout pour plaire. Il ne fit guère d'effort pour cacher à quel point la perspective de passer du temps avec Wergeld tout en partageant sa passion le ravissait.

"Tu t'imagines que tu as besoin de me convaincre ?" dit-il en riant quand Wergeld illustra ses lacunes de la manière la plus percutante possible. "J'étais pendu à tes lèvres dès la première phrase. Ce que tu me proposes, c'est Noël avant l'heure. Je te déconseille de changer d'avis, c'est trop tard. S'il le faut, je te kidnapperai pour te faire tenir parole !"

Il happa une paire de baladeurs sur leur étagère, sans guère se soucier de leurs couleurs. HK s'en préoccuperait aussi peu que lui, même s'il héritait d'un appareil rose vif à pois verts.

Puis il sillonna le reste des rayonnages. La combinaison de camouflage retint son attention quelques instants. Il en admira la technologie, mais renonça à se la procurer. Il n'en avait pas vraiment l'utilité ; les missions de reconnaissance n'avaient jamais été son truc. La montre connectée, par contre...

"Quand est-ce que tu veux commencer ?"