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Ode aux vivants

Dim 15 Avr - 18:39


Le froufrou du balai sur la pierre avait quelque chose d'apaisant. Xénon rassemblait le sable avec de petits mouvements circulaires, le poussait gentiment dans le sac qu'il avait apporté. Tout ce que le vent amenait était le bienvenu dans le temple de Ho'una, mais les voyageurs en quête d'un endroit où dormir n'apprécieraient pas nécessairement de rouler toute la nuit dans le sable et la terre. Xénon avait décidé de ne faire de vrais efforts que pour nettoyer les salles destinées à l'hébergement : chambres, salle de bain, salle commune pour les repas. La salle du culte et la multitude de couloirs enchevêtrés du temple n'avaient été que sommairement balayés et conservaient un aspect un peu sauvage ; quelques petits tas de sable reposaient encore contre les murs, l'instant suivant éparpillés par un nouveau courant d'air.

C'était une bonne chose que Xénon ne soit pas humain, car il aurait depuis longtemps perdu patience devant l'ampleur de la tâche. Il avait à peine fini de dégager une salle qu'un coup de vent se faufilait par la porte et soufflait le sable qu'il avait rassemblé. La nuit tombait lorsqu'il sortit enfin du temple et descendit la plage. Quand il jugea être assez loin, il renversa son sac de sable et regarda la fine poussière dorée se mêler à celle sous ses pieds.

La température commençait à fraîchir. En retournant à la salle de culte, Xénon eut l'agréable surprise d'entendre le vent forcissant siffler dans les galeries. Cela le fit sourire.

HK-50 n'avait pas compris sa décision de devenir prêtre... Mais HK était plus susceptible de tirer sur un Dieu qui lui demanderait du respect que de s'incliner devant lui. Xénon n'était pas aussi fier. Il n'avait qu'un seul Maître, et cela ne changerait jamais, mais il lui semblait comprendre intimement la nature du Dieu du Vent. Travailler pour lui, présenter une interface entre le Dieu et les mortels de l'Entre-Monde, cela lui paraissait juste et nécessaire.

Il revint à l'autel et vérifia les lampes à huile. Cet endroit lui plaisait. Les lieux étaient tranquilles, mais le vent s'enroulait sans cesse autour de ses bras et jouait dans ses cheveux, lui rappelant les courses et la vitesse qu'il aimait tant. Il était heureux d'avoir demandé cette prêtrise.

Alors qu'il pensait à cela, il entendit un faible déclic. Il se retourna pour voir qu'une porte était soudain apparue derrière l'autel. Ses yeux s'agrandirent lorsqu'il vit la lueur blanche et laiteuse qui s'en écoulait, masquant tout ce qui pouvait se trouver derrière.

Il pensait savoir ce que c'était. L'entrée du royaume des morts, de ce que certains appelaient le Paradis. Des rumeurs avaient circulé dernièrement, selon lesquelles les temples des huit Dieux de l'Entre-Monde posséderaient tous une entrée vers ce lieu mystérieux qui accueillerait les morts de tous les univers. Il y avait pensé, évidemment. Il s'était dit, et si c'était vrai... ? Il s'était promis qu'il prendrait le temps de chercher, d'essayer... Il n'avait jamais espéré que la réponse se dévoilerait d'elle-même à ses yeux.

Il lui sembla que le vent le poussait dans le dos, comme si quelque chose voulait délibérément qu'il s'approche. Il jeta un coup d'oeil qu'il savait inutile par-dessus son épaule, fit quelques pas. Même aussi proche, il ne voyait rien derrière l'encadrement de porte.

Il prit une grande inspiration, carra les épaules et s'élança.

Il était debout au milieu d'une mer de brouillard. La vapeur d'eau s'enroulait autour de ses genoux et engloutissait le monde tout autour de lui. Lorsqu'il tendait le bras, il pouvait à peine voir le bout de ses doigts. Xénon se mit en marche. Les volutes de brouillard s'écartaient paresseusement de son chemin, et il n'entendait rien, pas même le son de ses pas. Bientôt, il lui sembla croiser des silhouettes dans la brume. Elles ne répondirent pas à son appel, et disparurent aussi vite qu'il les vit.

Il s'arrêta, désemparé. Où allait-il comme ça ? Personne ne lui avait jamais expliqué comment fonctionnait le Paradis. Devait-il suivre l'un de ces étranges rituels humains, prononcer trois fois le nom de l'esprit qu'il souhaitait voir ? Mais il ignorait le nom de son Maître. Cela lui avait été pris avec tout le reste, par sa propre conception.

Il ferma les yeux et serra les poings. Il se repassa encore en boucle cette scène où il avait perdu tout ce qui lui était cher, essayant désespérément, inutilement, de rappeler à lui l'image de ce visage bien-aimé. Avait-il vraiment fallu que la vie lui prenne cela en plus du reste ? Il se rappelait encore le poids de son Maître dans ses bras, sa chaleur contre sa peau, la fraîcheur des embruns sur son visage, la pierre rêche de la falaise sous ses doigts. Pourquoi fallait-il qu'il n'ait plus accès au plus important ?

Le cri d'une mouette résonna à ses oreilles. Il ouvrit les yeux et les posa sur la mer. Le vent du large jouait avec ses cheveux, mais il n'était plus au temple de Ho'una. Il reconnaissait cette falaise. Il s'approcha du bord. Il n'avait pas de coeur pour lui battre aux tempes, n'était pas conçu pour avoir les mains moites, mais l'émotion étouffait presque son processeur. Qu'espérait-il, au juste ? Etait-il venu ici pour parler à un mort, ou ne pas trouver un vivant ?

La clairière au sommet de la falaise était en tout point semblable à ses souvenirs. C'était le même ciel que ce jour fatidique, ce même bleu remorquant de gros nuages gris. Il voyait même les traces de pneus dans la terre meuble, deux jeux : l'un qui s'arrêtait et disparaissait au milieu du chemin, l'autre qui se dirigeait droit vers la falaise et s'en élançait. Et là... des marques de semelles. Il se souvenait de ses chaussures, savait très exactement quel jour le Maître les avait achetées et à quel prix. Il résista à l'envie de se baisser pour toucher les traces.

Il se retourna, scruta la paroi presque verticale qui se jetait dans la mer, si loin en contrebas. Il voyait même la corniche où il s'était accroché des heures durant, résistant jusqu'au bout à la fin qu'il savait inéluctable.

Le passé le prenait à la gorge, mais il n'y avait rien, ici. L'âme qu'il cherchait n'était pas là. Il le ressentait avec une conviction qui n'avait rien de logique, rien de binaire. Aucun mort ne pourrait lui répondre ; ce temps-là n'était pas venu.

Xénon ferma les paupières, se demanda si des larmes auraient pu soulager la masse de sentiments qui se battaient en lui et lui donnaient l'impression qu'il allait exploser. Il rouvrit les yeux dans la salle du culte du temple de Ho'una, devant un mur vide.

Il n'avait pas échoué.

Son Maître n'était pas mort.

(Clos)
Xénon
Maitre du Miroir
Xénon

Avatar © : Jeong Seong Hun (www.artstation.com/loveyouwoof)

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Titre : Optimus, Noble

Race : Androïde
Statut : Maître de Ken
Notes : Ode aux vivants 854574HK50 HK-50 : partenaire de Xénon et droïde psychopathe

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