[suite] Psylle pour Nahash

"C'est super rassurant à entendre, merci..." grinça Uriel.

Il s'enfermait dans une rancœur sourde et sombre, fusillant le néant du regard pour ne pas examiner l'immense caverne vide autour d'eux. Myra avait eu la malchance de souligner ce qu'il s'efforçait précisément de ne pas voir. Leurs voix lançaient des échos dans le silence, un signe de plus de tout cet espace libre qui aurait dû être occupé par des prisonniers et ne l'était pas.

Il haïssait cet endroit.

"Allez, on file," déclara-t-il, péremptoire, en avançant au milieu du groupe.

Connaissant K'ouen, à moins qu'il ne soit sur le point de s'écrouler de ses blessures, la remarque de Myra risquait de l'encourager à déblatérer toutes sortes de plans ou d'informations sur les autres Arcturiens. Uriel ne voulait rien entendre. Avant que le Maître ne puisse ouvrir la bouche, il déclencha son Perçant et les ramena en ville.

Ils apparurent sur la plate-forme la plus proche du Sanctuaire, où ils furent très vite pris en charge. Uriel se laissa séparer des autres. A présent que l'adrénaline était complètement retombée, il était exténué et ne rêvait plus que d'un lit et d'une nuit sans rêves.

Spoiler:

Le sanctuaire était une fourmilière en pleine effervescence. Nul doute que nous n'étions pas les premiers à débarquer en vrac. On nous confia aux soins du personnel soignant. En quittant la salle où on avait rafistolé mon bras, je passais la moitié du chemin à saluer ceux qui avaient le temps de s'arrêter.

-Rien de grave cette fois, me disait-on avant de me faire les gros yeux.

S'ils savaient... Je mentais sans vergogne quand on me demandait si je faisais attention et que je prenais du repos. A quoi bon leur avouer que j'y retourne aussitôt, ce serait déclarer la guerre aux médecins et ceux là ont toujours des ruses en réserves pour augmenter leur nombre de prisonniers.

A l'accueil, Ayame arborait quelques pansements et un sourire de géant. A peine arrivé, je l'envoyais en mission : Trouver le reste de l'équipage et le ramener libre et non-drogué devant le sanctuaire.
Mieux valait que mes trois comparses se dépêchent, notre réussite contre l'arcturien ne sera pas longtemps ignorée par les caméras. Car si un fouineur se pointait dans le hall des urgences, je connais des harpies armées d'aiguilles de sédatifs qui seront ravies d'ouvrir les hostilités...

Maintenant, je devais me préparer à convaincre les autres de participer à une seconde chasse. Ce serait bien de manger un morceau avant et de se ravitailler aussi.
Et j'ai perdu mon épée.
Elle me manque déjà.

Spoiler:

Uriel serait volontiers resté faire la sieste au Sanctuaire, mais apparemment il n'était pas assez amoché pour qu'on lui sacrifie un lit.

Radins.

Fourbu de fatigue, de bleus et de courbatures, il errait dans les étages du bâtiment, à la recherche d'une fenêtre assez grande pour qu'il puisse s'en envoler, quand Ayame le dénicha. Il n'avait rien contre le demi-elfe, mais il l'aurait volontiers envoyé bouler s'il ne s'était souvenu que la bibliothèque lui devait un joli chèque. Avec ou sans Machin, l'argent, c'est l'argent.

Aussi ses premiers mots en arrivant à l'accueil furent-ils :

"Bon, on remonte à la Tour récupérer nos pactoles ? Quelqu'un connaît le chemin le plus court ?"

Et de bâiller en détachant ses cheveux d'une main lasse. Il s'aperçut alors que lesdits cheveux étaient dans un état lamentable, collés par de la boue séchée, de la terre et du sang. Il essaya en vain de les peigner avec les doigts, une grimace de dégoût sur les lèvres.

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