[suite] Psylle pour Nahash

Mais c'est que ces saletés essayaient de le mordre ! Uriel évita la gueule édentée de son zombie manchot et lutta pour ne pas vomir sous la force de son atroce odeur de charogne. Il le décapita comme le précédent et fila se cacher derrière un arbre, pris à la gorge par une peur primaire. Les morts ne lui étaient pas spécialement étrangers - il en avait causé son propre lot dans son monde, à l'époque - mais les morts qui bougeaient, c'était une autre histoire !

Il jeta un coup d’œil à la lame de son katana et faillit à nouveau être malade en la voyant enduite de sang noir et de chair putréfiée. Beurk ! Imaginer qu'il finirait un jour en nourriture pour les vers, maintenant qu'il avait perdu son statut d'immortel, le révulsait.

Il s'appuya sur sa colère et dégaina son pistolet à plasma. Vu la vitesse d'avancée des zombies, il se mit à les tirer comme des lapins. Un, deux, trois... Sitôt touchés à la tête, ils s'écroulaient, et il commença à se sentir mieux. Plus il se souvint qu'il n'était pas le meilleur tireur qui soit, et réalisa que ses tirs perdus avaient deux conséquences : d'abord, il était en train de vider le chargeur du pistolet dont il risquait fort d'avoir besoin contre un adversaire autrement plus coriace ; ensuite, les tirs de plasma laissaient des trous fumants dans la végétation environnante, et il allait finir par mettre le feu à la forêt s'il ne faisait pas gaffe.

A contrecœur, il reprit sa lame souillée juste au moment où Myra le rejoignait.

"Je sais pas, mais j'aimerais bien qu'ils y retournent !" répondit-il d'une voix qu'il aurait voulu moins tendance "garçon de douze ans en mue".

Il batailla ferme contre un autre zombie, ce qui lui prit beaucoup plus de temps qu'il ne l'aurait voulu. Quand il l'acheva enfin et releva la tête, presque tous les cadavres ambulants étaient au sol - définitivement cette fois, on pouvait l'espérer - et ses compagnons se chargeaient des derniers traînards. Il planta son arme dans le sol meuble et s'appuya sur la poignée pour pousser un soupir de soulagement qui lui venait du fond du cœur.

"Je crois que je ne regarderai plus jamais les cimetières de la même manière..."

Et voilà ! Enfin débarrasser de tout ces zombies. J'enclin le groupe à sortir de la zone où nous nous trouvions afin de continuer en plus où moins sécurité.

- Bien maintenant continuons le repérage, il fraudais pas que Nahash nous réserves une mauvaise surprise. J'aimerais qu'on aille observer sa queue, je veux savoir s'il est noué ou s'il peut se détacher d'un mouvement bien trop rapide pour nous.

Nous voila donc en route vers notre objectif. Etant très grand nous n'avions aucune peine à l’apercevoir et n'importe qui sentirai son courage défaillir en voyant la taille de l'animal. Même moi je n'étais pas rassurée. Les oreilles basses je ne faisait que regarder sans cesse les alentours, les monstres chasser de la forêt qu'il entourait de son muscle puissant ne devaient pas être loin et je n'avais aucunement envie de les voir nous débouler dessus furax de ne plus avoir d'endroit où habiter.

Nous étions sur le flanc de l'animal, de là nous ne pouvions pas encore voir l'arrière nous devions encore parcourir quelques mètre heureusement que nous marchions vite car la bête était vraiment impressionnante.

- Je vous recommande la prudence, je n'aime pas ce que je sens et je ne sais pas du tout ce que nous allons découvrir, car s'il peut s'en servir ... Nous devrons nous méfiez encore plus ... Vraiment plus.

Tout en disant cela nous nous rapprochions de l'objectif. Gardant bien évidemment la plus grande distance possible.

En encerclant cette partie de la forêt, le corps du serpent avait labouré le sol. Des arbres jonchaient le sol. Des corps sans vie qui pourrissaient au soleil... Ce spectacle désolant attisait l'esprit sourd d'une rage personnelle. Les goules attirées par les chairs encore fraiches de certaines créatures avaient fini le travail. Rien ici ne pouvait être sauvé sinon nous-mêmes.

-Ce n'est pas queue qui m'inquiète le plus pour le moment.

Sa queue doit peser plusieurs tonnes. J'ai appris que les créatures les plus énormes étaient souvent les plus lentes. Le frottement de l'air dans ces dimensions là sont tel la résistance de l'eau. Sa vitesse ne sera pas son premier atout. En revanche, nous faisions face à un autre problème. Le terrain était quasiment impraticable. Les racines extirpées de la terre creusaient des sillons profonds sur toute la zone. Les seuls endroits encore plat étaient ceux sous le corps de Nahash et derrière nous plus loin en forêt.

-Myra et Ayame, vous devrez vous placer en retrait, assez haut pour nous voir quoiqu'il advienne et viser sans obstacle.

Des arbres plus épais que trois hommes étaient couchés, le feuillage encore vert et dense.

-Et nous devrons faire attention, la terre retournée est meuble. Il est facile de s'embourber au mauvais moment. Sauf s'il utilise sa queue. Il aplanira le sol...

C'était de l'humour, un peu bancale et vaseux, mais de l'humour quand même. Je regardais la forêt, silencieuse. On entendait toujours aucun bruit de ce côté là. Un bourdonnement fit trembler la forêt et un jeune chasseur de la tête aux pieds...
Nahash humait l'air de sa langue fourchue.
Quelque chose me disait qu'il avait repéré quelque chose d'étrange dans son nid. Le quelque chose ressemblant à quatre aventuriers.

Tout bien réfléchi, les zombies, ce n'était pas si mal. Uriel suivait les autres presque à reculons - encore un peu et il partait dans l'autre direction, et quel dommage ce serait, vraiment. Pour une raison quelconque, apercevoir un mur d'écailles à travers les restes d'une dense végétation qu'une tierce partie avait dévastée avec la facilité d'un enfant bousculant un château de cartes n'était pas des masses rassurant, qui l'aurait cru ? Au moins, il n'y aurait guère de frondaisons pour le gêner, le ciel était dégagé... Aaaah, mais non, c'était pas une bonne chose du tout, ça voulait juste dire que l'énorme bestiole ne le perdrait jamais de vue !!

Le visage d'Uriel avait pris une teinte de lait caillé et il était à deux doigts d'essayer de voir s'il lui serait possible de se transformer un arbre en restant immobile contre un tronc assez longtemps - non, pas en arbre, en caillou - quand Machin fit un retour inspiré. La bestiole, toujours sous forme de moineau, avait à peine aperçu son propriétaire qu'elle fonça sur lui avec un pépiement de bonne humeur kamikaze. Elle s'encastra promptement dans son torse, battit des ailes pendant qu'Uriel en faisait autant des bras, et réussit Kränessa savait comment à se faufiler sous ses vêtements. D'après le contact froid et rugueux contre sa peau et la rapidité avec laquelle il échappait à ses tentatives désespérées pour lui mettre la main dessus, il venait de se transformer en lézard.

"Gniii," fit Uriel en une tentative désespérée pour ne pas hurler comme une fillette.

Le temps qu'il fasse quelques exercices de respiration zen, Myra et Ayame s'étaient trouvés un bon poste pour leur tir au pigeon. Ne restaient plus qu'à installer... les appâts. Et l'appât en chef - K'ouen - s'inquiétait de la qualité du sol. Avec deux appâts sur trois cloués au plancher des vaches, que fallait-il en déduire... ?

"Bon, bah..." soupira Uriel d'une voix tremblante qu'il n'essaya même pas de cacher, pour une fois. "J'imagine que j'ouvre le bal..."

Il ne se laissa pas le temps de changer d'avis. Il fit apparaître ses ailes d'une main, trouva et déboucha son flacon de potion cursive de l'autre. Une gorgée et il sentit la magie faire effet et réchauffer jusqu'à la pointe de ses rémiges. Machin était toujours fourré sous ses vêtements, fermement cramponné à sa hanche. Avec une grande inspiration pour se donner du courage, Uriel se jeta dans les airs.

Il avait à peine jailli de la couverture relative du sous-bois que deux énormes yeux reptiliens se posèrent sur lui. Il en oublia presque de battre des ailes, paralysé par la peur. Puis une lueur de fureur s'alluma dans ce regard inhumain et il vit une gigantesque gueule s'ouvrir en un sifflement de colère. Hurlant comme un demeuré, Uriel lui passa comme une flèche sous le nez.

Au moins, la potion marchait nickel. Il n'avait jamais volé aussi vite de sa vie.

Ayame s'est retourné plusieurs fois en marchant jusqu'au poste de tir. Il se plu à féliciter Myra sur son choix du terrain. L'amas était assez stable, ce qu'il fallait pour eux deux. Si des goules approchaient, ils leurs tiraient dessus aussi bien que sur le serpent.
C'était aussi un bon endroit pour se faire encercler... Pessimiste, l'elfe jetais des coups d'oeil frénétiques sur la forêt et le large terrain les séparant du monstre. Cela faisait beaucoup de distance à parcourir si les choses tournaient mal.
Et c'était pourtant le meilleur endroit.
Il dressa son bras devant lui, l'arbalète était fixée, les carreaux fichés dans leur compartiment ou contre la corde. Positionné de travers afin de pallier son oeil manquant, il se rongeait l'intérieur de la joue en vérifiant la sûreté de ses appuis.
Il tremblait nerveusement.
Dû s'y reprendre à deux fois et chasser l'angoisse en vidant ses poumons de la moindre parcelle d'air.
Ses esprits retrouvés, il visa et tira.

Le serpent était rapide, pas assez pour impressionner Uriel ! Si la flèche d'essai qu'Ayame décocha loupa sa cible, Nahash lui avait semblé proche de gober l'ange.
Les creux et bosses sur ma route ralentissaient ma course. L'épée sur le dos, je sentais son poids contribuer à embourber mes semelles dans la terre meuble. Courir, sauter, éviter les obstacles imprévus et garder l'équilibre malgré le sol inégal, tout cela faisait parti d'un jeu compliqué auquel il ne faisait pas bon perdre.
Uriel jouait les moustiques persévérant sous les pupilles fendues de la bête sans que je n'ai encore atteint l'animal.
Jusqu'à ce que ses muscles roulant sur le sol soit à portée d'ouïe. Les arbres et la roche au dessus produisaient des sons sinistres.
Je n'approchais pas plus, c'était trop risqué. Mais maintenant j'étais à la limite entre le coup de queue aplatissant et la morsure inévitable. Le but était de s'approcher.

J'ai pensé que le titre faisant apparaitre des bijoux me serait utile. Un disque d'acier poli, lustré apparu sur mon poignet. Ce n'était certes pas son utilité initiale, mais l'ornement capta la lumière tombée du ciel.
Le reflet perturba la vue du reptile qui détourna les yeux de sa proie et en trouva une autre sur son chemin.

A cet instant précis Ayame tira.

J'ai aussi pensé que Nahash était enroulé sur lui-même. Et contrairement au lait qui choit de la brique, lui il ne se torsaderait pas en une spirale compliquée. Les serpents sont souples mais pas assez pour faire des nœuds avec eux-mêmes, aussi, sa gueule approchant dangereusement du sol, je basculais dessous et l'évitais de justesse.
Le temps qu'il se retourne pour me trouver de l'autre côté, je me dissimulais derrière une épaisse souche de bois mort.

Ayame suivit du regard seconde flèche. L'essai fut un succès. La flèche se brisa quand le serpent referma la gueule. La pointe fichée dans la gencive surmontant ses crocs.

-Et de une !

Il en faudrait beaucoup d'autres pour terrasser le monstre. Tout en prenant en compte que nous devions lui administrer le paralysant assez rapidement pour ne pas perdre l'effet des premières doses.

Uriel glapit de terreur et fit une étrange pirouette en l'air, le temps de reprendre le contrôle de ses muscles tétanisés. Il avait failli se faire boulotter !

Il n'avait pas vu ce qui avait fait reculer cette énorme mâchoire au dernier moment, et son cerveau était trop paniqué pour y réfléchir. La peur et l'adrénaline monopolisaient si bien ses pensées qu'il raisonnait à peine au-delà du hurlement impérieux de son instinct de survie qui lui claironnait à qui mieux mieux de s'enfuir sans se retourner. En fait, il avait déjà tourné le dos au serpent géant et s'éloignait à tire d'aile quand il sentit Machin glisser de ses vêtements sans prévenir.

Il lança par réflexe une main pour le rattraper, mais l'Hellors devenu écureuil volant lui glissa entre les doigts et s'élança vers les arbres en contrebas. Uriel se tordit dans les airs en jurant pour se lancer à sa poursuite. Ce faisant, il vit le serpent se détourner des tireurs et darder un regard furieux vers le petit point de K'ouen qui se démenait à terre.

Sans réfléchir, Uriel fonça en piqué et passa juste sous le nez du monstre qui plongeait vers l'humain. Gros coup de bol (peut-être le résultat de son titre Chance tout neuf), la décharge de foudre qu'il lui balança atteignit le serpent en plein dans l’œil. La créature se redressa avec un sifflement furieux et sa queue rasa une quinzaine d'arbres dans sa rage. Momentanément borgne, il ouvrit grand la gueule et sa tête tourna vers Uriel qui avait pris soin de remonter de son piqué exactement dans la ligne de mire d'Ayame et Mira.

Trois coups successifs se fichèrent dans la langue du reptile. Ses vertèbres se crispèrent l'espace d'une seconde pendant laquelle Ayame retint son souffle. Les flèches avaient-elles percées assez profondément dans le muscle ? Uriel ?
L'elfe chercha de son oeil restant l'ange et ses ailes blanches. Il n'avait pas fait attention, il avait tiré. Dès que le palais du serpent s'était présenté, il n'avait pas hésité.
Les jambes écartées pour stabiliser sa position, les bras tendus, l'un tenant l'arbalète, l'autre tenant le bras. Il ne pouvait plus trembler. Il n'avait pas tremblé.

Pendant que l'elfe cherchait l'ange, je me débarrassais de quelques mauvais morceaux de bois. Aya m'adressa un signe. Pour moi seul qui le connaissait si bien, ce geste ample du bras m'indiquant de prendre la direction opposée n'était pas vraiment dans son genre.
C'était clair comme de l'eau de roche : à ton tour de distraire la bête.

J'empoignais une pierre grosse comme ma main et je la lançais, aussi fort que possible. Mal visé. Sans le titre précision je n'avais vraiment pas un oeil de lynx ! La pierre passa si loin de la tête du serpent qu'il ne s'en intéressa pas une seule seconde !
Vexé, je choisi un morceau de bois plus gros encore et le lançais à son tour. Il rebondit sur le crâne osseux de l'animal qui se détourna.

Le serpent se savait interrompu dans sa morne existence par quelques abeilles vraiment désagréables et il comptait bien les gober. Même si quelque chose en lui commençait à se faire lourd...
Heureusement pour nous, ses armes tenaient en deux crochets venimeux. Ainsi gardait-il toujours la gueule grande ouverte.

Spoiler: