Quand le loup n'est pas là...

Xénon n'avait pas plus tôt reçu sa convocation qu'il se mettait en route vers la porte Est.

"Interrogation : Une urgence ?" demanda HK-50 en le voyant s'apprêter à sortir.
"Il n'y aura pas besoin de tirer sur quoique ce soit." Probablement.
"Soupir : Oh, quel ennui !" déclara le droïde en retournant à ce qu'il faisait.

Xénon le soupçonnait d'essayer de hacker le réseau de Cerclon. Il lui souhaitait bien du courage ; un bon paquet d'AI bien plus perfectionnées que lui s'étaient liguées pour le sécuriser. Cela étant, la porte Est. Ce n'était pas tout près, et il ne voulait pas s'encombrer avec l'une de ses motos. Il s'arrêta sur le seuil de l'appartement.

"HK, appelle-moi un transporteur."

HK ne répondit rien, mais quelques instants plus tard, une dalle de métal circulaire s'arrêta sans bruit devant Xénon. L'androïde y monta, laissant la porte se refermer derrière lui avec un petit sifflement pneumatique - il ne s'encombrait jamais de formules de politesse avec HK, le droïde s'en fichait. Il entra les coordonnées de sa destination sur le tableau de bord encastré dans la rambarde, et le transporteur magnétique fila vers l'est.

Quinze kilomètres et trois étages plus tard, Xénon vit apparaître la cause de sa convocation : la lumière du soleil pénétrait à flots dans le couloir par un trou béant dans le mur. Il fit ralentir le transporteur en apercevant les Miliciens de Ken qui barraient le passage, mais on le reconnut et on s'écarta pour le laisser passer.

"Hé, c'est toi qu'ils envoient pour résoudre ça ? Bonne chance !" lui lança Pandore, une jeune cyborg avec laquelle il avait déjà travaillé une fois ou deux.

Xénon esquissa un sourire en réponse. Il reprit un peu de vitesse, puis s'arrêta quelques mètres plus loin et renvoya le transporteur. Il se pencha prudemment vers le trou. Il avait fallu que ça arrive après la disparition de Maître Neythen.

-Si tu veux mon avis...
*non pas vraiment, mais comme t'insiste...*
-Depuis que Haine est parti, tout va à vau-l'eau ici !

La chamelle accoudée à mon comptoir était ce genre de client ; elle disait prendre un livre, vouloir partir en mission, et elle finissait indubitablement par rester à ce comptoir pour discuter. Elle parlait vraiment beaucoup, tellement qu'elle pouvait remercier sa capacité à ne pas avoir besoin de s'hydrater souvent, sinon... Elle parlerait moins. Elle en mourrait.
J'ai compté, à raison d'un minimum de trois mots par seconde elle peut vous noyer en six secondes.
Le menton sur ma paume je l'écoutais. Les journées creuses sont terribles pour la motivation et ces jours là, Hazel est dans le coin. Pour discuter des derniers potins.

Aujourd'hui tout tourne autour de la découverte à la porte Est. Le trou dans les remparts. L'an dernier des ragondindons s'attaquaient aux circuits électriques (et quand ils s'enfermaient dans les placards on sentait l'odeur de la dinde grillé dans les couloirs sur dix kilomètres), cette année quelque chose s'est mis à ronger les murs. Aussi insolite que ce soit, ce n'était pas vraiment dans mes cordes. Ma bibliothèque située à côté de la porte Sud j'étais encore loin d'être embêtée par le phénomène.
Mais je suis bibliothécaire. Et parfois on me prend pour la responsable de tous les aventuriers de l'Entre-Monde. Comme maintenant.
Le téléphone sonne je décroche aussitôt coupant Hazel dans une autre salve de critiques de l'administration.

-La Tour du savoir, Eva, j'écoute.
-Eva, envoie du monde à l'Est on a besoin de bras, les sanctuaris sont débordés avec Magna et l'évacuation de la porte Est !
*on dit "s'il vous plait". Qui les éduque ces fonctionnaires ?!*
-Je n'ai personne aujourd'hui, mes habitués sont tous en vadrouille.
-Trouves-en !

Un bip. Il avait raccroché. Et je sentais Carine bouillir de s'être ainsi fait malmener par une voix dans un bout de plastique. Heureusement pour tout le monde, Carine était encore enfermé dans ma tête. Il n'y avait que mon esprit contre lequel il pouvait se déchainer.

-Hazel garde la boutique, je reviens plus tard !

Je filais à l'anglaise sous le regard hébété de la chamelle nouvellement promue bibliothécaire remplaçante. Interdite de transporteurs, ils donnaient le mal de mer à Carine (et à moi aussi parce que l'animal pouvait se montrer peu élégant même au fond d'une pensée), je me transformais pour y aller à quatre pattes. C'est bien connu, quatre pattes en valent mieux que deux.
Quand j'arrivais essoufflée à la zone ensoleillée, même le loup fit le silence. C'était un phénomène vraiment étrange de voir un mur métallique donc on aurait rongé les parois.
Des gens en combinaisons aseptisées étudiaient les bords, les traces, les copeaux sur le sol. Pendant ce temps, un fonctionnaire vint droit sur moi, il était grand, il avait des dents métalliques et un sourire qui coinçait une fossette sur sa joue gauche :

-Eva ! On a bien reçu les deux types que t'as envoyé. Tu viens vérifier par toi même les dégâts ?

Se rend-t-il compte qu'il parle à un cabot ? Non, en l'occurrence. Je repris forme humaine et m'époussetais sous son nez sans répondre. C'était pour le "bonjour", le "au revoir", le "s'il te plait" et le "merci" qu'il a oublié. J'allais droit sur les deux missionnaires que je n'avais en fait pas du tout contacté.

-Bonjour ! Eva Carine. Le tout avec le sourire. Les sanctuaris et les miliciens font évacuer la zone. Nous mènerons l'enquête ensemble.

Mon incrustation était grossière mais nécessaire. Certes, j'aurais pu retourner à la bibliothèque et reprendre mon travail... Mais dans ce cas Hazel aurait reprit sa conférence interminable...

Xénon fit une rapide recherche interne à "Eva Carine" et retrouva le souvenir d'un ancien collègue chasseur de monstres lui parlant de la nouvelle bibliothécaire. Il cligna des yeux, surpris, et ajouta "métamorphose en loup" à l'entrée.

"Ah, bonjour. Je suis Xénon, milicien de Ken. Je viens d'arriver sur les lieux."

Et il était bien content d'avoir laissé HK à l'appartement. Il aurait probablement essayé de tirer sur Eva lorsqu'elle avait débarqué, sous prétexte que son processeur l'aurait identifiée comme une bête sauvage. Il se tourna vers les scientifiques qui s'agitaient autour du trou comme des mouches sur du miel.

"Je n'ai pas de connaissances très poussées en ingénierie, mais je n'ai pas l'impression qu'ils trouvent grand-chose pour le moment. Je pensais aller enquêter du côté de Magna en attendant d'éventuels résultats."

Qu'on ne lui dise pas qu'il cédait à des préjugés. Les androïdes n'avaient pas de "préjugés". Par contre, ils ne ressentaient aucune gêne à se baser sur des statistiques et des faits passés, et quand il se basait là-dessus, le processeur de Xénon arrivait à une conclusion très simple : si un incident se produisait à proximité de Magna, dans 73% des cas, l'origine du problème venait de Magna. Et à plus forte raison dernièrement, avec ce réseau bien organisé qui sévissait dans le quartier.

Spoiler:

Le premier à dire "bonjour" avant tout autre chose...
Lueur d'espoir.
L'air plus sérieuse je l'ai regardé une bonne seconde. Nous étions en bordure du quartier de l'ombre. Alors...
Logique.
J'acquiesçais.
Les techniciens nous feront parvenir leurs résultats en temps et en heure, d'ici là, c'était à nos deux têtes blondes de trouver d'où venait le problème, ou, au moins d'éliminer quelques possibilités. J'engageais la route jusqu'à l’ascenseur, accès direct à Magna... Ou plus exactement quelque part devant les ombres.

Les portes coulissantes se refermèrent sur nous et quelques notes de musique s'extirpèrent d'un haut parleur. Nous voilà à deux dans la cabine hermétique et dans le silence.
Milicien de Ken.
Cyborg. Soldat. Allure de beau garçon. A se demander pourquoi on fabrique des robots aussi mignons pour leur filer du travail dans l'armée ! Mon rapport avec la technologie restait sommaire et limité aux nécessités quotidiennes, j'étais mal à l'aise à l'idée qu'un cerveau un peu fou fabrique des êtres conscients. Ce fut l'une des choses qui m'avaient le plus frappé à mon arrivée dans l'Entre-Monde. Les machines conscientes mais plus encore, des hommes âgés de tout juste un jour et qui en savent plus que moi sur ce monde... Enfin presque plus. Être une varvandel a son avantage (et ses défauts, je confirme).
Et pourquoi "beau" allez savoir...

-Vous avez tiré la courte paille pour vous cogner cette mission ?

Air gênée... Les relations humaines ne sont pas mon fort.
Au moins, Magna n'est pas si dangereux pour moi, la moitié de mes aventuriers y vivent, je suis leur gagne pain, peut-être aurais-je une chance de rester en vie même en posant les mauvaises questions.
Et puis... Il y a Carine. Servir de "dernier recours" ne lui plaisait pas tant que ça. Il grogna dans son coin de pensée et retourna à son sommeil agité du tressaut de ses pattes alors qu'il rêve de courir sur une plaine interminable, de retrouver les siens et sa place de chef de meute. Solitude et cage spirituelle. C'est le lot de ceux qui osent briser l'un des miens.

Spoiler:

Le raisonnement des organiques était si éloigné de son fonctionnement interne qu'il arrivait toujours à se faire surprendre par leurs conclusions étranges. Il était pourtant programmé pour les comprendre ; peut-être passait-il juste trop de temps avec ses congénères de Ken.

"... Non," répondit-il avec un regard intrigué. "Cette mission ne me dérange pas. Elle est un peu spéciale, mais j'imagine qu'on m'a appelé pour que je prouve ma capacité à résoudre les problèmes menaçant Ken. Après tout, je suis candidat à la succession de Maître N."

Et il était difficile de ne pas associer Ken et Cerclon quand la majorité de la population du Miroir gravitait autour du quartier circulaire. S'il était promu Maître, Xénon avait bien l'intention de suivre l'exemple de son prédécesseur en demandant la gestion de Cerclon.

"C'est l'incursion à Magna qui vous gêne ? On tâchera d'être discret."

Il devait garder en tête que l'instinct de la plupart des organiques les poussait à éviter le danger. Eva, en tout cas, n'avait pas l'air ravi d'être là. Mais Xénon n'arborait aucun signe distinctif de la milice, et bien qu'il porte son épée et son revolver à la ceinture, une personne armée n'était franchement pas une vision inhabituelle à Magna. Bon, il n'avait pas beaucoup d'expérience dans les interrogatoires discrets... Mais c'était comme tout, ça s'apprenait (se disait-il).

L'ascenseur ralentit et s'immobilisa, avant de les déposer au pied de l'immense muraille de Cerclon. Malgré l'ombre qui régnait en permanence dans le voisinage du géant, les petites rues serpentaient littéralement jusqu'au mur, à l'affût du moindre centimètre carré d'espace libre.

Carine se vexe, moi aussi. Notre point commun : l'orgueil. Je baragouine pour me rassurer moi-même :

-Magna ? Non pas du tout.

Le loup se moque, l'air de sentir la peur du fond de mes entrailles alors que lui, la confrontation, il n'attend que ça. Il s'imagine déjà plonger son museau dans des chairs animales. Le loup qui a goûté à l'homme aurait dû être abattu, au lieu de ça il vadrouille dans l'Entre-Monde. Pas étonnant qu'on se retrouve avec autant de problèmes à régler si cette ville fait office de poubelle pour le monde entier.

-Futur nouveau maitre de Ken alors. Cette fois je sais pourquoi on vous a envoyé pour ce travail, à la bibliothèque une mission de ce genre aurait exigé une bonne prime. Ils font des économies...

Je me rendais compte que je venais de dénigrer ouvertement ses compétences en la matière.

-Enfin, je suppose qu'ils ont pensé que vous sauriez régler ça de toute manière, sinon j'aurais eu l'ordre de mission prioritaire sur mon bureau.

Rattrapée ? De justesse peut-être ?
Engagés dans les ruelles, la lumière ne s'engageait pas bien loin sous les haut-vents suspendus entre ciel et terre, de la carcasse d'un immeuble aux empilages interminables de petites masures bâties les unes sur les autres imitant bizarrement une tour de Pise. Plus ou moins stable comme l'originale. Bien vite il fit si sombre que les rares traits de lumière filtrait comme des rayons divins. Le reste du temps des lanternes suffisait à délimiter les rues et les bifurcations plus que nombreuses.
Il y avait des regards dans les coins, des visages masqués dans les ombres.
Carine s'agitait, toujours un peu plus à Magna, il aimait ce sentiment de danger imminent. Comme une forêt sombre à conquérir. Et bien que ce soit difficile à envisager pour un être humain, je sentais à mon tour ce danger frôler ma peau. Et mon corps se tendit, le loup influait sur mon comportement.

-Je doute qu'ils apprécient qu'on les interroge en les accusant des problèmes de Cerclon, regardons s'ils n'ont pas eu des ennuis du même type. Peut-être qu'au marché noir nous trouverons d'autres victimes du mal qui ronge les remparts.

Je dis ça en pensant aux laboratoires clandestins fréquentés par quelques androïdes de ma connaissance. S'il y avait des experts en métaux et technologies ici, c'était le marché noir. Et si nous faisions choux blanc, nous pourrions toujours laisser trainer une oreille à Providence. Tout se sait à l'auberge...

-En dernier recours nous pourrions faire appelle à Maitre Gwendal, il est certainement la personne la mieux informée sur cet endroit de tout l'Entre-Monde.

Oui, enfin... Si on arrive à le trouver bien sûr.

Spoiler:

Spoiler:

De retour de leur chasse aux infos à Magna, Xénon ouvrit le chemin vers les niveaux les plus bas de Cerclon. Il y était déjà allé une ou deux fois, toujours pour un problème particulier. Leur informateur avait raison : l'endroit n'était pas surveillé du tout. Il faut dire que c'était un vrai foutoir.

L'ascenseur de service les déposa dans un large espace mal éclairé, au plafond si haut qu'il se perdait dans l'obscurité. La technologie envahissait tout : rouages immenses, tuyaux épais comme deux Xénon, kilomètres de fils électriques, il y avait de quoi se sentir tout petit.

"Bon," fit Xénon avec fatalité. "Haut les cœurs, je suppose."

Avisant un moniteur crasseux, il s'en approcha.

"Je vais essayer de voir s'il y a eu des rapports d'anomalies, même minimes. Vous pourriez jeter un œil aux alentours ?"

-Je vais voir ce que je trouve.

Avec tout ce métal et les quelques gaz plus ou moins toxiques qui s'échappaient en mince filet de diverses tuyauteries dans le dédales interminable, j'eus vraiment l'impression d'être entrée dans une dimension parallèle. Qui s'imagine que dans les sous-sol de Cerclon il y a des salles aussi grandes et... aussi pleine de bordel. Pas de vigile, c'est à se demander si ces constructions sont vraiment indispensables !

Pour ma visite des lieux j'optais rapidement pour une forme animale. De toute façon on y voyait pas bien loin, j'avais plus intérêt à aiguiser mon flaire pour anticiper les dangers potentiels. Autant le dire tout de suite, Carine, un peu plus présent physiquement même quand je gardais le contrôle, ne se priva pas pour me signifier que l'odeur ne lui plaisait pas vraiment...

*commence pas à râler sale bête. Et tiens-toi tranquille, si un affreux nous tombe dessus j'aimerai le sentir avant de mourir*

L'animal se braqua et se mit à bouder. Seule option possible dans ma tête.

Loup au pelage gris, je m'éloignais de Xénon et reniflais le sol en quête d'indice. Des odeurs humaines, des huiles chimiques, un peu d'acide par là. Un rat mort par là bas...Une montagne de machines immenses devant, la même derrière, et tout pareil sur les côtés. Décidémment, j'étais douée pour me perdre.
Evidemment, Xénon était un androïde et ne humait pas la charogne...

*Hum... Carine, trouve-moi un robot !*

La fourrure argent se teinta d'ombres. Je comptais sur la nature artificielle de mon comparse pour éviter de donner envie au monstre de lui croquer une jambe. Il manquait de sang sous sa peau claire, Carine eut d'ailleurs un mal fou à trouver une odeur qu'il qualifiait de "robotique". On la suivi un moment comme ça, même quand je le houspillais qu'on allait un peu trop loin pour que ce soit le chemin du retour.

On est tombé pile poil sur un vieil androïde. Ses câbles dénudés s'extirpaient de son ventre, les jambes étendues et la tête penchée sur le côté il avait cessé d'exister depuis un certain temps. Carine alla renifler sa carcasse quand un bruit métallique le fit dresser les oreilles sur la tête.
Notre robot pliait encore les articulations de ses doigts...

*Tu crois qu'il est encore en vie ? *

Question idiote... Le loup s'écarta d'un bond, campé sur ses pattes arquées, il courba l'échine et entreprit de se faire le plus menaçant possible. Toutes dents dehors, sa fourrure formait une crinière hérissée autour de son poitrail.
Il me rappelait un mauvais souvenir.

Vu le bruit qu'il faisait, on ne devait pas le louper !

Le moniteur de contrôle n'avait été ni changé ni maintenu depuis un bon moment. Sa mémoire était encombrée d'informations et de rapports remontant presque jusqu'à la construction de Cerclon, et le pauvre système était sur le point de craquer sous la masse. Xénon n'étant pas qualifié pour faire le ménage sans risquer d'effacer des données importantes, il en fut quitte pour composer avec l'extrême lenteur de la bécane. C'était dans des jours comme ça qu'il était heureux d'être indépendant de maintenance... Rien que de s'imaginer leurs rôles inversés, ça lui donnait des frissons d'horreur.

Il trouva une poignée de messages d'avertissement, de niveaux d'alerte trop faibles pour avoir attiré l'attention de quelqu'un. Il enregistra dans sa propre mémoire les codes des machines ayant envoyé ces rapports, puis demanda l'affichage d'un plan de l'étage. La pauvre machine faillit rendre l'âme. Près de cinq minutes plus tard, l'image s'afficha enfin. Xénon soupira en se penchant pour l'examiner.

"Si je deviens Maître, je demande une révision complète de ces niveaux. Même si ça doit prendre un an" dit-il tout haut, comme pour en faire la promesse au moniteur, tout en repérant sur la carte les codes qu'il avait enregistrés.

Quand il eut enfin fini, il releva la tête et s'étonna qu'Eva ne soit pas encore revenue. Avait-elle trouvé quelque chose d'intéressant ? Ou quelque chose de dangereux, peut-être. Fronçant les sourcils, il prit la direction dans laquelle elle était partie, sans oser trop s'éloigner de peur qu'elle ne sache plus où le trouver. Il examina les lieux, tendant l'oreille, mais il n'y avait que l'activité immuable des machines autour de lui. Il s'apprêtait à appeler Eva quand un bruit incongru se fit entendre sous le ronronnement des engins.

Il s'élança aussitôt dans cette direction, épée à la main, et déboucha sur une scène inattendue. Il leva son arme par réflexe quand le gros loup noir le repéra, tout en jetant un coup d’œil incrédule à la carcasse d'androïde affalée par terre. Ce loup, était-ce Eva ? Il l'avait vue se transformer deux fois, et elle avait un pelage clair. Mais qu'est-ce qu'un second loup ferait dans les tréfonds de Cerclon ?

"Eva ?" demanda-t-il prudemment.

Il esquissa un pas lent vers le côté pour essayer de mieux voir l'androïde. Son corps était dans un sale état, mais il semblait avoir encore du jus. Xénon aperçut une lueur qui tentait de s'allumer derrière l'une de ses orbites.