Re: La guerre est déclarée [Conseil des Maîtres]

Dinu Mihai prenait des notes, elle gardait le silence et un air serein accentué d'un léger sourire. Ce conseil, elle l'avait pressenti, lui faisait perdre son temps. Pourquoi était-elle si mal placé ? Parler avec Nij'aku n'avait pas que des avantages. Elle ne souhaitait pas encore être celle qui doit apprendre à Souen pourquoi la question du prêtre était finalement si pertinente.
De toute manière, Souen n'était pas disposé à l'écouter.

-Je suis contre. Ce plan, Maitre de K'ouen, ne suffira pas à nous protéger. Vous êtes vous posé la question : pourquoi la Silnà se cache depuis si longtemps ?

Ce ne sera pas si compliqué de trouver un autre moyen de nous mener la vie dure...

-Je suis bien placée pour savoir que vous sous-estimez grandement la capacité des dieux à trouver un moyen de nous atteindre sans que cela ne brise leur serment.

Quel que soit leur choix, l'Entre-Monde souffrirait. Même s'ils choisissaient de se plier à la requête des Dieux, cela ne ferait que les entraîner sur une pente glissante. Qu'est-ce qui empêcherait les Dieux de leur poser ensuite d'autres ultimatums, tous plus insoutenables les uns que les autres ? L'Entre-Monde devait-il devenir leur parfait serviteur pour survivre, comme ces peuples qui menaçaient déjà leurs frontières sur un simple ordre de leurs divinités ?

"Pour," dit-il, témoignant d'un hochement de tête son respect à Wergeld pour sa proposition. "Si c'est en notre pouvoir, il est de notre devoir de défendre la liberté de l'Entre-Monde. Sans quoi nous risquons de devenir un peuple d'esclaves. La requête de Mahaut a également mon soutien."

La technologie était le premier moteur du conflit constant entre besoin de sécurité et libertés individuelles. Dans certains mondes très avancés, les habitants étaient observés en permanence, le moindre de leurs faits et gestes enregistrés pour garantir l'absence de crime. Que devenait alors le droit à la vie privée ?

En tant que Maître de Ken, Xénon gérait en permanence ce délicat équilibre à Cerclon. Il comprenait on ne peut mieux la demande de Mahaut. Si les membres de la Silnà étaient fichés, ce serait la porte ouverte à d'immenses abus.

"Il suffirait qu'un seul sympathisant aux Dieux accède à une liste de membres de la Silnà pour que des citoyens mécontents décident de régler l'affaire eux-mêmes. Le risque est inacceptable."

Quand bien même ces informations seraient sécurisées, aucune protection n'était infaillible.

Ambre, d'un bref mouvement de la main, se contenta de dire qu'elle votait pour la proposition.

Les sanctuaris seraient bien obligés de coopérer avec les Maîtres et la majorité était d'accord. Sa voix lui semblait sans importance : la guerre venait d'être déclarée...

-Voilà qui est fait ! Je vote pour l'alliance aussi.

Une majorité écrasante, la première décision était prise. Un choix lourd de conséquences. Nous sommes tous d'accords pour dire que c'est temporaire. Cette solution n'est pas viable à long terme, facilement contournable.

-Pour une fois, je suis d'accord avec Augure. Si vous tentez de quitter le territoire, en considérant que ce soir encore possible, vous nous ferez tuer.

Un sourire fleurit sous mon regard sombre.

-Mais comme vous l'avez si bien signalé au début, nous sommes en guerre. De ce fait, si nous avons des soupçons sur votre défection, nous pourrons toujours changer d'avis.

ça tombe bien, la frontière est fermée actuellement et l'océan est de nouveau inaccessible. Si un groupe même minuscule essaye de passer l'une ou l'autre il se confrontera à Pyrapolis et à l'Entre-Monde.
Je n'ai aucun doute sur le plus dangereux des deux.

-Il nous reste à discuter de notre stratégie. Mes milices sont entièrement déployées aux frontières. La faille n'a qu'un seul point de passage, mais quelques groupes patrouilles en montagnes. Atlantis sera bientôt totalement évacuée, il faut trouver une solution de relogement chez vous, la zone du dehors n'est pas assez sécurisée pour ça.

Et...

-Il faut prévoir un rationnement des ressources et énergies.

Je m'inquiète aussi de "pourquoi veulent-ils garder les miroirs ?" Qu'est-ce qui les empêche de rompre leur serment ? Et, à quoi leurs servent-ils exactement ?

-Et j'attends de voir vos miliciens sur mes frontières rapidement. Mes soldats sont nombreux mais pas assez pour supporter une guerre de cette ampleur. Si la Silnà veut se joindre à la défense du territoire qu'elle se sente libre de participer. Quant à Dinu Mihai, j'attends la coopération de le banque aussi. L'effort de guerre concerne tout le monde.

Spoiler:

Mahaut accueillit le verdict avec soulagement. Ainsi son peuple s'était trouvé un allié. Le pacte était plus ou moins précaire, mais il était désormais scellé. L'aîné se tourna vers l'homme aveugle qui l'avait questionner.

Je ne suis pas prédicain, mais je sais que si les faux-dieux rompe leur serment, ils se retrouveront en guerre contre l'Infini. Je crois que cette perspective les effraient au plus haut point. Quant aux miroirs... Ils sont l'oeuvre de l'Infini, mais vous ont été offerts par les Huit. Ils sont un symbole de leur soit-disant pouvoir. S'ils en perdent le contrôle, combien de croyants perdront-ils avec ?

Le Tiers était un soldat, un stratège militaire, pas un prédicain. Ainsi résonnait-il comme un guerrier. C'était Astrid qui aurait du se tenir devant cette assemblée. Elle aurait eu les mots justes pour leur faire comprendre. Lui ne pouvait qu'effleurer un problème qu'il savait ne pas comprendre dans sa globalité.

Mahaut fit silence alors que les débats prenaient un autre chemin. Celui des préparatifs d'une guerre. Le guerrier laissa le maître de K'ouen s'exprimer. Lorsqu'il cru le moment opportun, il prit de nouveau la parole.

Je suis un soldat et en temps que tel je me battrai à vos côtés. Cependant, je ne peux participer aux préparatifs d'une ville dont je ne connais rien. Je vais donc prendre congé et aller trouver ceux des miens qui veulent aider.

L'aîné des Donjions s'inclina.

Je vous remercie de vôtre accueil. Soyez assurés que la Silnà respectera parole donnée.
Que l'Infini vous garde.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Mahaut quitta la salle du conseil. Il n'y était plus à sa place. Il lui fallait maintenant trouver ses frères et soeurs et discuter avec eux de ce qui allait suivre.

Je me lève lentement après le départ du représentant du peuple avec lequel nous venons de signer officiellement notre déclaration de guerre. Je salue les maîtres d’une inclinaison plus rigide que je ne le voudrais.

- La situation n’a plus besoin de moi, je ne suis pas un homme de combat. Je pars apprêter du mieux que je pourrais les temples des Dieux qui accepteront les réfugiés. Veuillez, s’il vous plait, veiller à ce que la partie de la population soit informée avec le plus de tact possible. Vous allez leur demander de trahir leur foi, faites-le avec respect.

Je suis un brin amer. Malgré les excellentes raisons qui ont été débattues, je ne peux me résoudre à abandonner mes prières. Je ne veux pas créer un culte dissident, ni même renier l’accord que nous venons de passer, mais demander à un homme de lui retirer une partie de sa vie ne se fait pas du jour au lendemain. Et je ne suis pas le plus pieux.
J’ose espérer qu’ils le comprennent, et qu’ils agiront intelligemment si des débordements éclatent.

Je referme la porte. Malgré ce qu’ils peuvent dire, je continuerais de croire en l’Oiseau. Je le ferais plus discrètement, voilà tout.

Le verdict tombe et il n'en faut pas plus au type de la Silnà pour se dérober. Je sors mon portable de ma poche et envoie sa description par sms à Cort'. Je me fou pas mal des idéalistes du conseil. S'ils n'envisagent pas l'idée d'une trahison, c'est leur foutu problème. Mais Entre-Monde n'en paiera pas les pots cassés. Si ce Mahaut mets les pieds dans Magna, je le saurais. Je le tiens à l'oeil. Lui et tous ceux à qui il parlera.

Sang et larmes.

La gargouille lui emboite le pas, en y allant de son petit discours. Je ne me chargerai pas de l'annonce, ce n'est pas mon problème mais son appel au respect me reste en travers de la gorge. Si ces ab**tis placent leur foi avant la vie d'autre personnes, alors ils ne méritent pas une once de respect. Ils n'auront pas le mien en tout cas.

- Tout ce qui n'est pas maître, vous pouvez le suivre. A part toi, la banquière.

Je n'ai pas l'intention de quitter ce conseil sans parler de stratégie et ce volet ne concerne que les maîtres... et la thune que ça va coûter. Et puis faire évacuer Dinu Mihai de la salle est peine perdue de toute façon. Les dieux...

Sang et larmes.

Quand tout ceux qui devaient partir, le sont. Cortovar entre. Une immense carte sous le bras. Il n'est pas maître. Ce n'est que mon bras droit, mais c'était un général. Un stratège hors pair. Les autres feraient bien de prêter l'oreille à ses conseils. Il déplie la carte sur la table au centre de la salle. Elle est annotée de part et d'autre, dans la langue natale du turien. Le tout sûrement codé. Bref, Cort' Salue chacun respectueusement et se lance sans attendre mon signal. Sur ce coup là, c'est lui le boss.

- Je commencerai avec le front. Pour le moment, nous n'en avons qu'un seul. Il se focalise de autour du pont qui traverse la brèche. C'est notre seul point d'accès vers la zone inconnue, mais l'inverse n'est pas forcément vrai. En l'absence d'informations viables sur ce point, je suggère de fortifier notre position de sorte qu'elle puisse subir un siège et repousser un ennemi qui attaquerait simultanément sur plusieurs fronts.

Le turien parle clairement. Avec un laser, il pointe la carte à des endroits bien précis pour souligner ses paroles.

- Cela soulève le problème des ravitaillements. Nous devons multiplier les plateformes perçants à l'intérieur du camp et tout convoi qui ne peut emprunter les-dites plateformes doit être escorté lourdement. Nous devons absolument tenir une ligne de ravitaillement sécurisée.

Il insiste sur la sécurité. J'ai vu deux guerres mondiales. Je n'ai jamais été qu'un foutu soldat, mais je ne sais que trop bien qu'il a raison. La faim, la soif et la maladie tuent tout aussi bien que des balles.

- De plus, je préconise d'édifier un réseau de capteurs -fixes ou mobiles- le long de la frontière que nous soyons avertis en cas d'intrusions. Réseau qu'il faudra combiner à des éclaireurs de Li. L'ennemi n'est pas habitué à notre diversité. C'est une force qu'il faut exploiter. Des animaux solitaires qui rôdent dans les montagnes et les sous-bois le long de la frontière n'éveilleront pas les soupçons et seront donc en mesures de nous informer au mieux.

Le turien marque une pause. Il ne veut pas surcharger les autres. La guerre est pour lui quelque chose de naturel. C'était un militaire haut gradé dans une société militariste. Mener une bataille lui demande moins d'effort que de respirer.

- Augure est entrain de monter une force ailée mobile, formée de miliciens de Tchen. Cette unité pourra être déployée en moins d'une heure partout sur le territoire. Il s'agit de pouvoir contrer une incursion ennemie ou de la ralentir tout en n'affaiblissant pas notre force principale.

Il s'arrête là et je prends le relais.

- Un couvre-feu doit être établi au plus vite. La gestion des ressources est cruciale surtout qu'on ne sait pas combien de temps cela va durer. Economie d'énergie à prévoir. Surtout Tern. Cerclon ne doit jamais manquer d'énergie. Il faut rationner les vivres aussi.

Le prochain point que je vais aborder est plus sensible je le sais, mais c'est un point important.

- Je veux aussi qu'une amnistie soit offerte à tout criminel qui part combattre sur le front. Et avant que vous ne m'emm**diez avec vos holà outrés, voilà des faits avérés. Une ville sous couvre-feu est plus facile à gérer avec moins de criminels entre ses murs. De plus nos effectifs de milices seront déjà suffisamment occupés avec la guerre et les sanctuaris pas assez nombreux pour faire régner l'ordre. Dernier point... Nous sommes en guerre désormais et croyez-moi, avoir des gars capables de toutes les bassesses de notre côté sera un atout qu'il ne faut pas dédaigner.

Voilà, je crois qu'on a fait le tour de ce que Cort et moi avions envisagé de notre côté...

- Ah ! Et cette loi qui interdit limite l'utilisation d'engins en fonction des quartiers... Elle doit être abrogée dès maintenant et jusqu'à la fin de la guerre. On doit être réactif dès maintenant.

Le turien se tient désormais un peu en retrait, droit comme un i. Je regarde l'assemblée de maîtres. S'ils avaient pas encore compris que nous étions en guerre, on vient de les plonger en plein coeur.

Karan se leva sans un mot. Il souhaitait quitter la pièce discrètement pour s’épargner les remarques du maitre de Tchen. L’individu n’avait pas volé sa réputation…

-Avant de partir, je souhaiterais mettre l’accent sur les autres préparatifs.

Le prêtre était tout autant un soldat qu’un dieu lui aussi. Ces questions de guerre divine lui étaient familières. C’est pourquoi il voulait rappeler à ces jeunes mortels que lors d’une guerre il faut adapter ses moyens à l’envergure de son ennemi.

-Pour vaincre des dieux, il nous faut d’autres dieux.

D’un sourire entendu, il poursuivit sans se laisser démonter.

-La foi envers les huit n’est pas la seule à pouvoir s’implanter dans l’Entre-Monde et l’Infini semble être le seul allié dont nous aurions réellement besoin.

Sans en ajouter plus il déplia sa canne et suivi le tracé des boiseries au sol pour se guider jusqu’à la porte de sortie.

L'oiseau regarda partir un grand nombre de ses convives. La salle ne contenait plus que les quelques maîtres et leur intendant ou bien les régents des miroirs. Il se posa en avant, les coudes sur la table et les mains sous le menton. Puis il écouta, comme il le faisait depuis le début. Le vrai conseil de guerre avait commencé et pour une fois, il allait laisser de côté son mauvais caractère pour se plier aux décisions prises. Il n'était pas question de râler sur une sujet mineur, l'important était de protéger son quartier et donc l'Entre-Monde, tout était lié.

Néanmoins, même si les propos avancés étaient correcte, il était sûr que certains allaient râler, c'était ainsi. il ne ferait pas partie de ceux la, pas aujourd'hui. alors il écoute et croise du regard Karan, qui s’apprêtait à partir mais prononça quelque chose de tout à fait vrai. Pour une fois qu'il était d'accord avec l'aveugle...

- Je suis tout à fait d'accord avec ce que dit Karan, il nous faut contacter cet... Infini, enfin, ce machin qui fait peur aux huit. Si on peut avoir le soutient d'une entité divine, et il grimaça en prononçant ces mots, cela pourrait changer la donne de cette guerre.

Il fait une pause avant de continuer sur sa lancée :

- D'ailleurs, je pense qu'avoir un plan de la ville va nous permettre de mieux nous préparer.

Et une carte géante fut projetée au centre de la grande table. Table qui, percée avant avec un bassin en son centre, s'était recouverte pour devenir parfaitement ronde. Tous les commentaires précédemment énoncés avaient prit forme sur la carte. Ah, les miracles de la technologie et de ses graphistes. Enfin bon, il continue ensuite:

- De plus, je pense que se servir de Magna comme d'un refuge géant pourrait être une bonne idée, à moins que l'idée ne fut déjà proposée et que je sois à la ramasse... Ensuite, je propose que l'on se serve des îles volantes de certaines Res Publica comme de tours de guet. Si une attaque doit arriver, on la verra de loin. Et puis bon, elles peuvent servir à tout un autre tas de choses.

Sur ces mots, il se replongea dans sa réflexion, cherchant à ajouter des choses pertinentes qui n'aient été déjà dites.
La guerre, c'est tout un art de la faire.

Ils pensent réellement que Dinu Mihai et la banque ne savent que servir de flux continue en monnaie ? La banquière manqua de prouver à Augure qu'il peut être aussi titré qu'il veut, aucun des Maîtres ne peut faire quoique ce soit contre elle.
Elle posa le fin stylo avec lequel elle notait si consciencieusement les échanges depuis le début. Ses yeux se posèrent sur la carte.

Elle se remémorait d'anciennes batailles commencées pour elle, pour sa gloire, pour obtenir sa bienveillance... Auparavant déjà il y avait de tous ces tacticiens qui tournaient autour de cartes et d'index de ressources.
Elle sourit, la guerre était un élément qu'elle aimait pour la quantité de métal qu'elle exigeait !

-La banque apposera des plateformes perçant sur chacun de vos postes frontières. J'ai aussi un petit bonus.

songeant à la guerre inévitable, la banquière avait anticipé de travailler sur quelques projets.

-Je travaille sur un projet de nouveaux titres. Ils vous seront fournis gracieusement pour vos hommes aux frontières. Le premier permettra de créer un champs de force qui durera 15 minutes, ce champ sera immobile cela dit, mais permettra, en cas d'invasion d'empêcher le passage des troupes ennemis le temps de masser vos effectifs sur la zone sensible. Ces champs s’élèveront jusqu'au "confins du ciel" selon la formule qui servira à les créer. Lorsque ces champs se dissiperont, un deuxième titre permettra à vos hommes de créer un double d'eux-même. Ce double, bien que temporaire, ne pourra être invoqué qu'une unique fois par titre (note : par topic) cela permettra de doubler vos effectifs le temps d'un évènement.

Dinu Mihai réfléchi aussi aux propositions du Turiens.

-Je peux établir une ligne métallique sur l'ensemble de la frontière. Peut-être Cerclon pourrait-il se joindre à moi pour rendre ce "détecteur" efficace.

Quant à elle, sa banque ne se priverait d'utiliser ses générateurs privés, que Tern soit dans le noir n'est pas dans ses préoccupations tant que son édifice continue de fonctionner convenablement.

-Ciel peut-il redéployer l'énergie éolienne de ses îles ?

On parlait d'utiliser les îles volantes comme des tourelles autour de Cerclon, d'amnisties pour les criminels dévoués et de la fin de la protection technologique des quartiers.
Ces questions amenaient forcément des problématiques financières... La banquière allait très certainement adorer cette guerre.