Dragon noir

Spoiler:

C'était le moment de se mettre à couvert. Kojeyan s'en allait déjà avec sa première prise, mauvaise idée, le rhinocéros mettrait du temps à descendre la bête jusque dans la prison. Il devait rester jusqu'à ce qu'on ait accroché le second aussi.

Le Cyliong, pour la première fois de sa vie, voulu entrer dans le sarkina. Un autre dragon approchait et ce n'était pas pour lui plaire. Les vibrations et les sons qu'il percevait depuis déjà quelques instants suffisaient à lui hérisser toute la crinière. Ensuite, Témari. Le dragon blanc rencontra le dragon noir pour une valse de géants.
Témari n'était pas bien grande, mais elle tenait en échec son frère, trop lourd, quand il essayait de lui arracher la tête. Elle occupait le dragon et c'était exactement comme ça qu'elle pouvait se rendre utile.

Une surprise ne venant jamais seule, Nij'aku décida qu'il était temps d'entrer dans la bataille. Habillé pour le thé et désarmé. Je n'ai tout simplement pas le temps de lever les yeux au ciel. Freya refila son arme à l'oiseau.

-Vise correctement Souen...

J'aurais pu faire la remarque à un autre, c'est vrai. Mais Souen me met à cran... Il est désinvolte, imprudent et borné. Juste assez pour que cela fasse de trop avec moi à côté !

-Il faut trouver un truc, on ne peut pas tirer quand Témari est en contact avec lui.

Ce serait quand même dommage de paralyser la magicienne qui nous permet d'emprisonner les arcturiens.
Je me tournais alors vers les autres :

-Si c'est une arcturienne, elle survivra à une arme non paralysante...

Sous entendu, si l'un d'eux veut tirer sur Témari, ça pourrait peut-être la décrocher de la gorge de son grand frère pour qu'on termine le travail.
Je dis bien, peut-être. Avec Témari, c'est toujours difficile de faire des plans.

"Protestation aigüe : Vous ne manquez pas d'air, organique !"

HK récupéra son bien en fulminant. Sans surprise, la batterie du canon à plasma était à plat. Il faillit refuser tout net de remonter derrière Cortovar. Il voulait bien se montrer professionnel pendant la chasse, mais pas quand on lui volait ses jouets et l'occasion de canarder une grosse cible !

"HK !"

Le droïde se retourna pour voir Xénon lui jeter son fusil Arcturus et enfourcher sa Magnetic dans le même mouvement. Automatisme : il visa et tira. Cela ne sembla faire aucune différence pour l'Arcturien à l'énorme tête disgracieuse qui s'approchait dangereusement. Mais HK était déjà installé derrière Cortovar qui s'éloignait à toute allure.

L'Arcturien fondit au sol si fort qu'il le fit trembler.

La moto de Xénon eut un soubresaut, mais sa main experte lui permit de ne pas dévier de sa trajectoire. Pendant un court instant, il avança parallèlement au Cyliong de Wergeld. Le laisser à nouveau seul au fond du canyon ne lui disait rien, mais ils avaient leurs rôles à jouer. Il trouva un chemin à flanc de falaise à peine assez large pour la Magnetic et entreprit de reprendre de l'altitude.

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Karan se tint prêt, son arme chargea dès qu’il reçu l’ordre de Wergeld. Les genoux serrés autour de la magnetic et le buste tourné vers le dragon, le prêtre visa soigneusement.
L’animal n’était pas dur à toucher, gros, noir, laid et puant, un aveugle pouvait le repérer au centimètre prêt. Le plus dur était de toucher entre l’instant où Témari lâchait prise et celui où elle revenait à la charge.

-Si elle pouvait retenir sa hargne deux secondes…

Avec Wergeld dans le canyon et Nij’aku maintenant, Ils représentaient une petite proie facile d’accès pour ce dragon déjà furieux. La présence de Témari leur permettrait de ne pas être avalé trop vite. Karan lâcha la gâchette sans faillir, son tir parcouru le ciel et toucha le dragon en pleine tête.
Relayé par son crâne, un réseau de nerfs épais reliant les ailes de son dos à sa boîte crânienne… Le dragon eut un hoquet, ses ailes se crispèrent. Elles ne se posaient plus sur la masse d’air et son corps immensément lourd perdit de l’altitude.

-Touché, dit-il le plus humblement du monde.

Hein ? Quoi ? Pardon ?! Nij regarde autour de lui, ne comprenant qu'à moitié les ordres hurlés par cet imbécile de Wergeld. Il grogne, se saisit d'une arme et tourne le dos à l'imposant dragon qui les menaçait en hurlant. Ah mais pourquoi Témari devait-elle avoir des cousins de cette trempe ? Elle pouvait pas avoir de mignons petits chats à croquer plutôt ? Moins compliquer à dresser que ces espèces de... Trucs géants et laids... Quoi qu'elle était géante aussi, mais pas laide, non, Témari était si belle et ce sous toutes ses formes. L'oiseau lâche un soupire de béatitude en fixant l'immense dragon blanc.

Mais son doux songe fut brisé par le vrombissement des moteurs. il grogne encore puis passe la lanière de son fusil à son épaule avant de chercher une place de libre avec les autres barjos. Ah oui, franchement, il ne faisait ça que pour l'argent. Aller risquer sa vie pour sauver des gens, n'importe quoi !
L'oiseau de malheur grogne, encore, en remarquant que la seule place restante était auprès de K'ien. Bah voyons ! Et voilà que le destin s'acharnait contre lui ! A contre coeur, il prend place derrière le maître de miroir et regarde derrière lui. Voyant que certains tentaient de déstabiliser l'immense reptile volant, il se décide enfin à prendre son arme et à faire de même. Sauf que... Allez viser correctement avec une moto plus stable encore qu'un flocon de neige qui tombe !

Nouveau râlement de la part du phénix pénible avant qu'il ne réussisse à viser presque correctement et à tirer. Il recharge et retente à nouveau, sans succès cette fois. Faudra leur dire, la prochaine fois, de faire venir les renforts aériens et faire venir une vraie armée, parce que là, cinq idiots dont un aveugle ça risquait de prendre du temps. BEAUCOUP de temps !

Un tire fit mouche, cependant. Nij tourna la tête vers Karan et le regarda avec de gros yeux. Un aveugle qui tirait bien ! Un aveugle qui tirait bien ! Mais bon sang, ça ne choquait que lui ?! Quoi qu'il en soit, le dragon n'appréciait pas vraiment ce tir et se crispa. Bien, une bonne chose de faite. Esquissant un sourire, l'oiseau réarme son fusil et tir à nouveau, sûr de toucher cette fois, l'espèce de sac à main volant étant bien moins rapide et vivace. Une bonne chose de faite, mais ne vendons pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Du dragon ici en l'occurrence.

- Bon, K'ien, tu comptes aller loin comme ça encore ? Faudrait p't'être songer à lui porter le coup de grâce à l'autre encaillé là ! dit-il avec toute la grâce du monde.

Ah, sacré Nij, plus on restait avec lui, moins on l'aimait et c'était réciproque. Il n'appréciait que la présence des femmes, et encore.

Spoiler:

Que dire de plus, la zone était un vrai champ de ruines. Le précédent dragon avait fait son affaire de transformer le chemin en chantier impraticable, le suivant ne se lassa pas de faire pareil. Il perdait de l'altitude à vu d'oeil. Nos tirs combinés ne le laissaient pas insensibles, et j'étais plus fier et soulagé de savoir Témari dans notre camp, plus petite que son frère, elle lui en faisait pourtant voir de toutes les couleurs.

C'était le moment idéal pour charger à l'unisson nos fusils. Le dragon était presque à terre, un tir commun bien placé finirait bien par l'assommer.

C'était sans compter l'arrivée d'un autre type de prédateurs. Des hyènes en surnombre évidement se massèrent dans la faille. Elles se crispaient sur leurs pattes quand les mouvements du dragon noir se faisaient dangereux pour toute la vie dans la canyon. Elles étaient trop affâmées pour abandonner l'idée de venir voir si elles ne peuvent pas soutirer quelques jambes ou pourquoi pas un de ces humanoïdes tout entier pour le dîner.

J'oubliais deux secondes que mon baladeur était activé. Je hurlais des insanités à n'en plus finir tendis que mon Cyliong se défendait tant bien que mal face aux attaques. Moi et Nij'aku étions secoués dans tous les sens. Un vrai exploit de réussir à tenir.
Autre chose me surprit, les hyènes pouvaient rattraper ma monture car elle fatiguait. Il était bien plus lent qu'au début de l'aventure. Quelle plaie !

J'abandonnais le fusil à mon épaule et c'est à coup de hache que je défaisais les crocs des hyènes plantées dans ma jambière. On en tuait une et dix autres prenaient le relais.

Au même moment, le dragon noir refermait sa mâchoire le flanc de Témari. Celle-ci dégringola et ce fut l'enfer dans la gorge. Le sol vibrait, les hyènes étaient hystériques, des gravats volaient dans tous les sens.
J'ai toujours un flair infaillible pour trouver les meilleurs places où mourir...