Dragon noir

Une poussée le força à se tenir, la magnétic gagnait en vitesse. Karan n’aimait pas voir l’arcturien si près d’eux, l’engin accélérait et la créature était toujours aussi massive dans ses champs de vision. Karan compta les deux secondes de charge, le petit grésillement et le sifflement qui s’ensuivit. Le viseur aligné à sa rétine, il tira.
L’œil du monstre était sur eux, il se précipita vers la nouvelle proie visible.

L’arcturien pencha la tête, sa gueule ouverte il s’élança vers la moto et ses deux passagers. La brusque résistance de la falaise bloqua son avancée, sa mâchoire racla contre le bord et lançait dans l’airs les débris de roc arraché à la montagne.

Des rochers aussi gros que des hommes plurent autour du véhicule. Karan leva son fusil à nouveau. Il fit feu à nouveau, touchant le dessus des babines retroussées du dragon.

Les ailes noires se détachèrent du fond blanc du ciel, soulevé par ses pattes antérieures, le dragon se hissa un étage plus haut et prit son envol. La tête tourné sur le côté, il regardait d’un seul œil les petites créatures qui lui tenaient tête.

-Je crois qu’on l’a mis en colère !

Le fusil chargeait contre son épaule et le solde s’apprêta à tirer une troisième fois. Mais pour cela, le dragon devait s’approcher d’eux assez près pour être atteint.

-J’ai toujours des idées !

Sans quoi je serais mort depuis longtemps. Le monstre s’approche trop rapidement de nos groupes pour se le renvoyer. Il ne devait pas aimé être pris pour une balle de tennis. Mon cyliong décrit des courbes pour éviter d’être une proie trop facile. Je crains qu’il atteigne rapidement sa limite, celle qui sépare son instinct de survie à la panique pure.
Dans le transmetteur, j’annonce le plan suivant :

-Essayez de tirer en même temps, si la salve est assez forte on pourra…

Ma monture s’est déporté brusquement sur le côté, un rocher de la taille d’une petite maison vient de tomber à moins de deux mètres de ses pattes. Je m’agrippe à sa crinière, les dents serrées.

-Freya, éloigne-toi !

J’ai l’air autoritaire, là ? Elle n’a encore rien vu ! De part et d’autre de la gueule du dragon, il ne reste qu’un œil valide. Les déviations prisent par les montures nous obligera à nous croiser, Freya et moi. Alternativement nous allons nous positionner dans le champ de vision restant du dragon.
Nous serons plus efficaces, nos tirs le seront, quand nous serons le plus éloignés l’un de l’autre. Cela veut dire que nous devons attendre d’être proche des falaises pour tirer.
Les parois des falaises étaient dangereuses, le monstre butait contre les bords et en décrochait des morceaux prêts à nous écraser en contrebas.

-Préparez-vous !

Mon fusil charge, je sens le cyliong s’approcher du cœur du canyon. Selon mes estimations, il mettra moins de trois secondes pour atteindre l’autre versant… Je porte la lunette à mes yeux pour viser.

"L'idée de lui faire un câlin ne m'a pas effleurée l'esprit !!"

Surtout maintenant qu'il lui prenait l'envie de jouet au bowling avec nous. Non mais est-ce que j'ai la tête d'une quille ?!
Faisant totalement confiance à Ryun pour s'occuper de la trajectoire, esquive et autres, je me concentra sur les directives, brèves, de Wergeld. On voit qu'il a l'habitude de donner des ordres. Un roc tomba quelques mètres devant moi, me mettant dans un nuage de poussière. Sortant de ce dit nuage, qu'elle ne fut pas ma surprise de voir les gros de la grosse bête se rapprocher dangereusement.

"Ryun !!"

Juste le temps de jeter un coup d’œil en arrière pour comprendre cet appel, qu'il sauta sur le et ainsi, laissa les mâchoires de l'Arcturus se refermer dans le vide. Je visa l’œil du dragon et tira histoire de le ralentir ne serait-ce qu'un peu.
Puisqu'il a fermé son œil valide pour éviter la décharge et ne voyant plus rien de l'autre, il frôla la falaise de son aile. Légèrement déstabilisé, vu que son œil valide ne resta fermé que quelques secondes, il perdit néanmoins un peu de distance... Qui sera vite rattrapée.

"Prêt à faire feu ou non ?! La chance ne va pas nous suivre très longtemps encore !!"

Viseur sur le dragon, doigt sur la gâchette, j'attendis le signal.

Décidément, le canon à plasma de HK ne faisait guère de dégâts. Ce n'était pas faute d'avoir suivi les instructions de Cortovar en canardant joyeusement l'articulation de l'aile : la peau à cet endroit en avait été quitte pour un méchant coup de soleil. Douloureux, sans doute, mais pas très handicapant. Il commençait à regretter de n'avoir pas emprunté à Xénon son fusil Arcturus. Le Maître de Ken ne pouvait même pas s'en servir puisqu'il conduisait. Une proie qui ne saignait pas et dans laquelle on ne pouvait pas faire de trou, ce n'était franchement pas drôle.

Quand Wergeld exposa son plan, il finit par repasser l'arme en bandoulière derrière son épaule.

"Constatation : La batterie de cette arme baisse dangereusement. Suggestion : Je peux tenir les contrôles du véhicule pendant que vous visez, organique."

De l'autre côté du canyon, Xénon regrettait de voir déjà l'Arcturien reporter son attention sur leur équipe au sol. Incapable de prendre assez d'avance pour imiter la manœuvre que Cortovar avait commise plus tôt, il se contenta de garder un cap stable pour ne pas déstabiliser le prochain tir de Karan.

-Freya et Wergeld font des proies trop faciles à cause des falaises !

L'air autour d'eux assourdissait les sons et il s'obligea à crier pour se faire entendre. Ce n'était pourtant pas la faute de la magnétic aussi silencieuse que les publicités le disaient.

Karan tirait et tirait encore, le monstre ne se souciait plus beaucoup d'eux. Il paru si proche d'obtenir ce qu'il chassait que Karan retint son souffle en visant cette fois.

L'angle du canyon était proche. Le monstre tête basse plongea et se retourna de moitié pour s'engager dans cette fente.
C'était à la fois le meilleur moment pour lui d'attraper ses proies au sol et le pire. Il s'obligea à ralentir sous peine de percuter violemment la roche. Ses pattes antérieures arrachèrent à la pierre de nouveaux appendices pour lui permettre de s'élancer dans la gorge.

Le soldat était prêt, son arme émis le signal d'une charge complète, il se signalait prêt à tirer à Xénon.

La charnière arriva. Cette brève seconde pendant laquelle le monstre était dans la courbe, proche du sol, à portée de tirs. Si lent que plus personne ne pouvait le rater.

-Tant qu’il n’est pas parfaitement immobilisé Kojeyan ne pourra pas le hisser jusqu’à Arcturus !

Trois secondes de charge, c’était trois secondes pendant lequel l’animal développait une rage d’un autre niveau. Ses pattes griffues arrachaient au sol et aux falaises son poids en roche. Sa gueule balayait d’un côté et de l’autre, butant contre les murs elle faisait trembler la montagne.

Le dragon battait des ailes et plus il insistait plus son corps se soulevait lentement, par centimètres puis par mètres, il s’éloignait du sol.
Les tirs étaient trop sporadiques pour l’immobiliser durablement.

Un nuage se décrocha du ciel. Il descendait à vive allure ! Lorsqu’il fut assez proche pour discerner des ailes, des pattes et la gueule d’un dragon blanc, l’animal rencontra l’autre arcturien à pleine vitesse de chute.
Le dragon noir s’écroula sur le sol sous le poids de l’arcturienne et de son élan. Les salves des armes paralysantes accueillirent le dragon une dernière fois lorsqu’elle s’envola.

L’arcturien s’écroula sur le sol paralysé du bout du museau jusqu’à la pointe de la queue. Quelques tressautements nerveux permettaient de confirmer qu’il était toujours en vie.

Ce n'est qu'à ce moment que le rhinoceros fit son apparition.

Une autre créature n’avait pas loupé une miette des tremblements de terre et du vacarme qui animait la montagne juste avant. Il n’avait pas non plus loupé l’arrivée de la cadette arcturienne… Un autre monstre, dans le silence, accourait sur leur position.

Le dragon tombait avec l’aide de Témari, Karan ne mis aucun mot sur la gratitude qu’il ressentait pour la jeune dragonne, il n’en pensait pas moins. Sans elle, ce combat aurait été compliqué, avec ou sens les fusils.

Il ne ferma pas son regard, d’abord il était très impressionné par ce rhinoceros semi-mécanique. L’animal, ou la machine, pris l’arcturien en fardeau. Comment une si petite créature peut-être développer une telle puissance ? Karan soupçonnait une technologie inconnue dans les entrailles de l’herbivore.
Est-ce bien un herbivore, d’ailleurs ?

Karan soupira et s’adossa à la falaise. Ce petit temps de repos n’était pas pour lui déplaire. Il observa leur environnement. Un chantier avait remplacé la gorge. Les arcturiens sont vraiment des animaux hors du commun !

Au-dessus de la montagne, un monstre approchait. Aussi loin qu’il pouvait voir, le soldat remarquait son vol lourd, planant et saccadé. Il se redressa immédiatement et sonna l’alerte.

-Le suivant arrive !

Son fusil émit un petit sifflement en indiquant qu’il était prêt à tirer. Karan s'accroupit derrière un rocher et évalua son angle de tir. Ça l'arrangeait bien, les Arcturiens sont si gros qu'il est quasiment impossible de rater un tir...

Nij plaqua violemment le papier sur son bureau, fusilla du regard son assistante et sorti de son palais, furibond. Pourquoi n'avait-il pas été mis au courant que la mission, qui allait lui rapporter gros, avait commencé ? Sans plus attendre, il utilise son titre perçant pour se téléporter à l'endroit le plus proche de la zone de mission. Dès l'instant où il fut arrivé, il jeta un regard circulaire autour de lui. Non équipé du fait qu'il arrivait en cours de mission, Nij était vêtu de ses habits habituels, non adaptés à une chasse d'une telle envergure.

Soudain, l'oiseau aperçu un immense dragon blanc, bien loin de là où il était. Il ne lui fallu pas deux minutes pour comprendre qu'il s'agissait de Témari, la femme qui lui avait sauvagement refusé sa demande en mariage. Il serre les poings. A vrai dire, il n'avait jamais digéré cette défaite... et puis, il l'aimait toujours... un peu...
L'oiseau de malheur observa le grand dragon blanc avant de se décider à le rejoindre. Il savait qu'elle leur donnait un coup de main donc c'était là bas qu'il fallait aller pour empocher les pims.

Le maitre plaça une main au dessus de ses yeux, pour faire barrière au soleil et ainsi voir un peu mieux. Hum... C'était assez loin... Il soupire, longuement, très longuement... Puis se décide enfin à reprendre sa forme originelle. Un grand phénix vert, tout de brume fait, se dressait maintenant là où se tenait le bel homme. Aku, qui n'avait pas reprit sa vraie forme depuis un moment, s'étira les ailes et le cou. Puis il s'élança en direction de la bataille où un grand nuage de poussière s'élevait dans le ciel.

C'est que ces machins là, les actu... actu... bref, ces trucs, ça faisait pas mal de bordel... A en juger par l'état de ce qu'il survolait... Il était bien content de pas avoir ce type de créature chez lui. Mais trêve de pensées inutiles parce que voilà qu'il arrivait prêt d'une montagne. Il réduisit son altitude et fit bien parce qu'au même moment, une ombre gigantesque fit son apparition. Quelque peu surpris, mais surtout pas apeuré, hein, le maitre n'avait jamais peur de rien. Il s'affola et piqua vers un petit groupe. Une fois à terre, en ayant soulevé un grand nuage de poussière, Aku tourna la tête et reconnu Karan.

… C'était quoi ce bordel ?! Pourquoi un aveugle comme lui était là ?! Et avec un fusil en plus ?! Le piaf grogne puis reprend sa forme humaine, complètement désarmé.

- Bon, passez moi une arme, j'ai pas toute la journée, furent ses mots de salutation.