Re: Un boulon de trop

La renarde remarqua une fenêtre, chose que l'esprit n'avait pas vu. Il était comme ébloui par la crainte. Le temps qu'elle saute, il continua de garder la porte d'entrée. Au fond de lui, il sentait la présence de son double, apparemment il était encore en vie. Doute renforcé par le martèlement qu'Hilde s'obstinait à maintenir à travers son double. Puis comme une attaque personnelle il sentit une déchirure, non ce n'était pas son bras, celui-ci tenait encore le choc, mais sa marionnette venait d'être anéantie ! Le maître entendit la barre de métal retomber lourdement sur le sol, ceci suivit d'un silence pesant. Le bruit était toujours rassurant pour un humain, lorsque le silence tombait ils entendaient seulement les battements de leur cœur, qui accéléré avec le temps. Hilde n'avait pas de cœur, mais cela ne l'empêchait pas d'être au bord d'une crise de nerf. Puis un bruit sourd explosa dans son dos. La porte était ouverte ! Il sauta dehors refermant le plus vite qu'il le pouvait, la porte en fer. Le grincement accompagna le maître, puis dans un choc qui fit vibrer les murs, ils étaient sauvés.

Puis des aboiements féroce retentirent de l'intérieur du bâtiment. L'esprit entendait également les griffes qui grinçaient contre la porte de métal. Apparemment, ce chien galeux tenait vraiment à ce bras qui maintenait toujours fermement l'esprit. Comment le détacher ? On verra plus tard, pour le moment ils étaient encore en vie.

-Merci, mais tu n'avais pas à faire l'appât le temps que je parte. Si tu croyais que j'allais te laisser toute seule.

Il tapota la tête de la renarde prenant soin de ne pas lui faire de mal. Une bonne marche allait remettre sur pieds les deux combattants. Le retour paraissait bien plus calme et plus lumineux. Après avoir passé un tel moment en compagnie d'un démon, retrouver la lumière du jour, entendre le vent murmurait, c'était tout simplement un délice sans nom. Il leva son bras duquel tombe un autre bras, dont la main était solidement accrochée. Il haussa les épaules, son propriétaire trouvera certainement une solution à son problème.

-Je t'offre un nouveau verre après ça ! On le mérite bien non ? Puis comme ça, on sera pas attendu par l'androïde.

Le chemin inverse parût beaucoup plus rapide à l'esprit que l'aller. Pourquoi ? Peut-être parce qu'il n'avait qu'une hâte s'était de reposer son esprit, cesser de faire bouger cette enveloppe en cuir. Il était loin d'être vingt heures du soir, mais pourquoi pas se reposer une bonne après-midi, assis à regarder le monde tourner. Pas de mauvaise surprise, le fameux bar n'avait pas bougé, enfin une bonne nouvelle ! Pas de difficulté à surmonter. Il ouvrit la porte et encore une fois, le peu de client tourna la tête en direction des deux visiteurs. Pour une fois, l'intérêt de l'esprit se porta sur un client bien précis. L'androïde amputé d'un bras était assis à quelques tables de l'entrée, juste à côté de la porte d'entrée.

Sans faire vraiment attention, il ne referma pas la porte, peut-être de peur d'être enfermé dans ce petit bar. Il réclama au barman un bol d'eau au sirop de grenadine et rejoignit le robot à sa table, celui-ci leva la tête comme étonné.

-Vous êtes déjà là ? Je ne vous attendais pas de si tôt.

Il porta les yeux au bras de l'esprit.

-Et vous avez récupéré mon bras !

Cixi avait la langue pendant par la soif, mordre ce chien lui avait donné un goût désagréable dans la bouche et elle n'arrêtait pas de se racler le palais pour essayer de se débarrasser de cette sensation de mordre du métal.

Elle ne marchait pas très vite, mais essayait tout de même de ne pas se laisser distancer par Hilde, elle leva juste le museau vers lui d'un air reconnaissant lorsqu'il déclara qu'il ne l'aurait jamais laissée toute seule. D'un autre côté, c'était elle qui avait besoin du zinc et pas lui, il n'aurait pas eu grand chose à faire du bras mécanique pour lui seul. Mais l'attention était touchante quand même et la louve était contente au fond d'elle que l'Esprit soit aussi gentil avec elle.

Elle hocha la tête avec envie lorsqu'il lui parla d'un nouveau bol d'eau... heureusement qu'elle se rendait après au Sanctuaire des Braves pour ramener le zinc à Mouna, elle en profiterait pour se faire soigner.

Entrant dans le bar de façon un peu brutale, elle cherchait des yeux le serveur avec qui elle arrivait à communiquer, mais Hilde bifurqua directement vers le vieil homme manchot. Elle le suivit donc en boitillant toujours un peu et s'assit à côté de l'Esprit pendant qu'il discutait avec le vieil homme

« Ah ben je vois qu'il vous a attrapé hein? Vous avez d'la chance de pas en souffrir! J'avais complètement oublié le fait qu'il n'aimait pas qu'on le prenne! »

La louve pencha la tête sur le côté, si le bras avait une sorte de conscience, comment le chien avait-il pu le prendre? Elle eut rapidement la réponse à sa question, le vieil homme se leva et s'approcha du poignet métallique et sembla appuyer sur quelque chose qui libéra les doigts et Hilde par la même occasion

« Cet abruti de clebs avait réussi à mordre pile poil sur le bouton qui désactive le système d'autodéfense du bras! C'est qu'il me faut bien ça pour pas qu'on me le vole pendant mon sommeil! »

Cixi n'était pas sure d'avoir tout compris, mais le bonhomme retira sa manche et son bras sembla s'accrocher tout seul comme un grand, il fit bouger un peu son poignet, son bras et ses doigts, le pouce ne bougeait pas, le petit doigt non plus

« Eh ben.. il a fait encore moins d'dégâts que ce que je pensais dites donc! » dit-il d'un air ravi. Il retourna à sa chaise et sortit sa boite pour l'ouvrir et tendre les deux morceaux de zinc à Hilde

« Chose promise, chose due M'sieur! Voici vot' zinc! Au plaisir de faire affaire avec vous à nouveau! »

Il fit un truc bizarre avec son index et son majeur, une sorte de salut peut être? Sauf qu'il n'avait pas de chapeau... puis il sortit du bar en continuant de regarder son bras avec une joie nouvellement retrouvée, comme si ce bras était le plus grand des trésors...

Elle essaya de lever la tête pour voir le zinc, son museau reniflant avec avidité la fin de cette quête qui avait tout de même eu le bénéfice de lui permettre de rencontrer Hilde. Non seulement un Maître de miroir (ça faisait le 2ème avec le Maître Wergeld et le Maître Neythen, même si elle n'avait vu ce dernier que quelques minutes), mais surtout quelqu'un de généreux qui donnait de sa personne pour venir en aide à de plus démunis... elle espérait que le maître du miroir de Li était aussi généreux.

Le serveur revint vers eux, c'était le même que plus tôt

« Hey! Déjà de retour? La même chose? »

Elle hocha la tête

Oui s'il vous plait, mais un peu moins de grenadine par contre, c'était un peu trop sucré toute à l'heure

« Une grenadine pas trop sucrée! Ca marche! Et vous? Vous... vous ne prenez toujours rien j'imagine? » visiblement, il commençait à comprendre que Hilde ne pouvait ni manger, ni boire... il alla donc chercher le bol d'eau pour la louve renarde qui venait également de comprendre. Elle donna un léger coups de patte à l'Esprit pour qu'il la regarde

Dites... je n'avais pas remarqué avant mais... vous ne pouvez ni manger, ni boire?

C'était quelque chose qui la dépassait un peu... il fallait le reconnaître

L'esprit ne fut pas mécontent de voir partir ce robot désormais entier. Son départ connotait la liberté de se réfugier chez soi. Mais l'esprit n'allait pas partir comme un voleur. C'était un minimum de respect, mais là vraiment il n'avait plus la force. Non pas physique, mais morale. Sa simple force mentale lui permettait de bouger. Désormais les muscles étaient inconnus chez le maître. Suite à cette succession de réflexion. Il répondit au serveur.

-Toujours pas d'eau, merci.

Il continua, s'adressant cette fois-ci à Cixi.

-Je n'ai pas de corps, pas de muscle, pas d'organe et donc je n'ai pas besoin de ressource pour survivre.

C'était une pensée qui le fit sourire intérieurement, alors même qu'il était dépourvu de tout lien avec un homme, il ressentait malgré ceci une fatigue bien humaine, des sensations qui parcourait son âme comme des crampes. C'était à la fois bon, mais repoussant. C'était une sensation agréable, car Hilde avait alors le sentiment de vivre d'être éternel. Mais l'impression de mourir prenait le dessus. Après tout, la sensation peut être détruite, anéantie. Or l'esprit désirait plus que tout être intouchable que ce soit par le temps, les douleurs et la mort. Il pensait avoir déjà accompli une majeure partie de ses objectifs. Mais comment être fidèles aux impressions ? Après tout, ces mêmes sentiments font un être humain ce qu'il est, c'est à dire mortel.

-Je crois que je vais te laisser. Cette journée fut éprouvante.

Il se leva d'un effort surhumain. Il était un surhomme.

-Je te souhaite de bien te rétablir et... une bonne continuation.

Il fit quelques pas, avant de continuer sur un ton jovial.

-Ne perd pas ta pierre !

Puis sur ces derniers mots il partit. Et voilà, encore une journée de terminée. C'était affreux de se dire que le soleil allait se coucher, pour se relever interminablement. C'était triste, interminable et dépourvu de sens. Un jour peut-être tout cela cessera, nuisant à toutes formes de vie ? Donc en résumant, la vie éternelle se résumait à la durée de vie du soleil. La vie serait-elle alors le soleil ? Une vie se devait peut-être de briller, mais la source de lumière un jour s'épuisera, c'était évident. Rien n'était inépuisable, pas même le soleil. Alors pourquoi la vie le serait-elle ?

La ville de Cerclon lui avait appris au moins une chose. Cette ville lui fit plutôt redécouvrir une chose, la fatigue. Aussi, le bonheur de se reposer, enfin ceci il l'imaginait. Car il restait encore de la route avant de tout oublier et de s'évader.

Le pire était que la journée n'était même pas terminée.

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