Panic city ou celle qu'on appelle : la tour de l'harmonie

Le marché noir de Magna est toujours aussi surprenant. Surprenant de rencontres et d’informations. Si vous cherchez une information particulièrement difficile à trouver, ou bien une rumeur colportée, vous pouvez presque être certain que c’est à Magna que vous trouverez votre bonheur. Quoique les tavernes d’Ordae ne soient pas plus mal sur ce dernier point en tout cas.
Layfon retenait de son premier passage au Marché Noir, une rencontre assez surprenante, et quelques affrontements principalement dû à sa maladresse du moment. Depuis il c’était habitué à cette ambiance quelques peu – pour ne pas dire très – bidonvillesque et repassait à Magna régulièrement pour faire le plein d’informations croustillantes. Le plein d’informations et d’artefacts lorsqu’il le pouvait. Il lui arrivait même d’obtenir des petites choses, contre services rendus, certes pas toujours en accord avec la loi du prétorien, mais c’est fort pratique tout de même.

Aujourd’hui, il venait d’ailleurs réclamer une petite récompense contre une expédition près des régions froides et des mers de l’intérieur. Un voyage pas particulièrement agréable, froid, très froid. Et même si dans son monde le jeune esprit maîtrisait les vents et leurs orientations, dans l’Entre Monde et ses alentours sa maîtrise diminuait très – très, très – fortement de ce côté-là. Il n’en était pas pour autant gauche, mais bon, il lui aurait été difficile de stopper la circulation de l’air des régions froides.
Autant dire que suite à cette expédition, il ne venait pas juste chercher sa récompense, il compter la réclamer fermement, avec conviction. Assis devant le colporteur, instigateur de sa « mission », il l’observait le regard plus ou moins noir. Goeg n’en menait pas fier, il le savait, bien qu’il paraisse frêle et gentil, son « ami » pourrait lui faire mal, très mal, si cela s’avérait nécessaire.

« Ton voyage c’est bien pas …
− Bon trêve de parlotte, j’attends. Tu me dois un petit anneau qui ravira ma curiosité. C’est les termes de notre contrat, d’autant plus que le froid n’a pas été mon seul désagrément.
− Et bien à vrai te dire – drôle de langage, effectivement – je ne l’ai pas … Je ne l’ai jamais eu. »

Etrangement, la température, fit volte face. Descendant presque au même degré que celui de l’Ourgandi. Les quelques bougies illuminant la pièce s’essoufflèrent dans un coup de vent. Un coup de vent à vous en glacer le sang. Il n’était pas dans le caractère dual du jeune d’accepter qu’une des deux parties ne remplissent pas sa part du marché. En plus il avait déjà des projets concernant « sa » − que dire, sa nullement future – bague, un voyage pour Atlantis et sa bibliothèque. Tout s’envolait ! Et Goeg n’en menait pas large. Il lui fallait trouver quelque chose rapidement pour réchauffer le regard de celui qui serait peut être son ennemi dans quelques minutes.

« Mais … J’ai mieux !
− Ca m’étonnerait mon vieux. Un marché est un marché, et encore plus ici. Il n’est pas dans les lois de Magna de laisser ce genre de comportement impuni, et nous ne parlons pas ici d’un quelconque Sanctuari.
− Enfin, mon ami, nous n’allons pas partir sur de telles menaces, pas entre nous. »

Le regard bleuissant de Layfon en disait long sur ce qu’il pensait des menaces qu’il venait de répandre.

« Bon, bon, ne nous emportons pas. Tu ne sais pas tout de ce monde. Et j’en sais certainement plus que toi. On vient de me rapporter l’existence d’un lieu assez extraordinaire que j’avais oublié depuis belle lurette.
− Arrêtes de tourner autour du pot.
− Bien. Il s’agit de la tour d’Harmonie. C’est une tour qui d’après la légende, et les rumeurs, aurait été édifiée par une tribu de moine, ou de péquins, je ne sais plus trop. Mais le fait est qu’ils avaient visiblement des pouvoirs extraordinaires. Ils devaient être de puissants mages pour avoir réussi à construire une tour perçant les nuages pour prier le soleil … Pour moi c’est juste une bande de sectaires exilés. Mais pour les institutions de ce monde, ce lieu est visiblement important et il réserve encore beaucoup de mystères. »

Le vent cessait déjà …

« Localisation ?
− C’est ça le hic. »

… Avant de reprendre de plus belle.

« Tu tournes trop autour du pot Goeg.
− Bon, bon, normalement si tu prends la porte du Nord et qu’au lieu de remonter l’Ourgandi, tu remontes l’Arcos vers sa source, puis qu’à mi-chemin tu prends plein Est vers les Montagnes Nord de Grâce, tu devrais tomber dans le bon périmètre. A coup sûr. »

Sans plus de piaillement, le mage prit congé, sous les soupirs soulagés de son ami. Il prit immédiatement la direction de la porte Nord. A vrai dire cette histoire titillée sa curiosité. Non pas qu’il soit intéressé par un quelconque bien matériel qu’il pourrait s’approprier, il sentait que Goeg ne mentait pas – pour une fois – et qu’il allait se passer quelque chose très rapidement.
Il s’établit au Nord de Northrives, tout près de la porte, et ce pour la nuit. Il repartit dès l’aube, saluant les quelques Sanctuaris qui gardaient la porte, encore dans les bras enlacés de Morphée. Il lui fallut longer les remparts de Cerclon avant d’ « enjamber » l’Ourgandi pour finalement retrouver l’Arcos.
Alors que le jour prenait péniblement le pas sur le jour, il remontait l’Arcos à un rythme soutenu, mais pas trop. L’effort constant n’étend pas son fort, il se dit – bien rapidement – que pour mener son affaire à bien, il lui fallait prendre son temps. La marche n’étant pas une activité déplaisante, mais pas non plus une activité géniale.

Après une demi-journée de marche, Layfon fit une plus longue pause – plus longue qu’à l’habituelle –, il était fatigué. Puis, il avait une belle excuse, il fallait qu’il vérifie où il en était dans son voyage.
Muni d’une carte très sommaire – tout au plus un trait calqué pour représenter les fleuves, des ronds pour les lieux –, il se mit au travail. La carte n’avait de spéciale que des flèches allant dans des sens contraires. Un code couleur régissait l’intensité. Pour faire simple, depuis quelques temps déjà en bon esprit des vents, Layfon c’était afféré à répertorier les courants de l’Entre-Monde, il devait en être à … pouuhhh … bien moins d’un petit cinq pour cent. Mais par chance depuis son dernier voyage, merci Goeg, il connaissait bien cette zone.
Dans un petit souffle, il laissait s’échapper un léger courant d’air, scintillant légèrement. Celui-ci se dispersa en une multitude de petits flux, qui se dispersèrent dans tout les sens. Bien que cet usage soit très limité, quelques dizaines de mètres tout au plus, il lui permit de triangulariser – plus ou moins – sa localisation : un quart de l’Arcos environ. Il devait donc à nouveau parcourir la même distance.
Soupirant déjà, il reprit sa marche, pour une nouvelle demi-journée.

Finalement arrivé à destination, il prit la décision de faire halte pour le reste de la journée, il prendrait la direction de l’Est le lendemain.
Rapidement installé … L’expérience de Layfon lui laissait présager que près de l’Arcos et pas si loin que ça de Termer, il ne devait pas faire très chaud. Un feu scintillait avant même que la nuit ne tombe. La tête reposée sur son sac bandoulière – plein de quoi tenir quelques jours – il se mit à discuter avec Ciel, son esprit mineur et grappilleuse de magie. Autant dire que vu de l’extérieur, il passait pour un hurluberlu fixant le ciel – attendant la tombée de la nuit et l’arrivée des étoiles – discutant seul.

{ 1) J’ai fait avancer la journée, la commençant au réveil de Taimu (je pense que les trois gaillards partent presque au même temps) et la prolongeant jusque au soir. La marche au bord de l’Arcos n’étant pas forcément l’activité la plus fabuleuse.
J’ai décidé de prendre la porte Nord, mais au final, vu qu’il faut remonter vers la source de l’Arcos, ça revient au même ^^.
2) Je vous laisse donc choisir votre chemin, Layfon ne refusant jamais un peu de compagnie au coin du feu =).

3) Désolé de ne pas être plus catégorique sur la rencontre, et aussi pour la légère attente, j’ai eu un coup de rush. Autant dire qu’avec 5 partiels en deux jours, je n’avais guère de temps pour l’Entre Monde ^^’.
4) Enfin, je ne ferais quasiment jamais d’aussi long message, là c’est introductif, puis l’idée de Goeg m’étant venue, je voulais la poser ^^. }

Toute bonne chose ayant une fin, l’aube reprit le dessus sur la nuit, pour laisser apparaître au loin un soleil, bien pénible, bien mauvais, scintillant trop fort pour le jeune esprit. Inconsciemment, il se mit à maltraiter les dieux de ce fichu monde pour leur zèle.
Lorsqu’il finit par ouvrir les yeux, il prit conscience de la situation, il n’était plus seul. Et il détestait déjà cela. Non pas qu’il soit contre un peu de compagnie. Par contre, il ne supporte pas que l’on s’invite sur son campement sans même prévenir et qu’en plus de cela, on l’observe lorsqu’il dort.
Alors qu’il s’apprêtait à quelques formules de politesses tout ce qu’il y a de plus introductif, un type louche et bougonnant vint à s’aplatir sur lui de tout son poids – et mon dieu quel poids. Résultat des courses, une mauvaise collision entre l’arrière de sa tête et le sol, le souffle coupé par le poids du loubard … Il n’en fallut pas plus pour que Ciel se manifeste et fasse voltiger l’homme en question d’un violent coup de bras. La demoiselle peut être particulièrement charmante, mais s’attaquer à son hôte n’est sûrement pas la meilleure chose à faire, que ce soit volontaire ou non d’ailleurs.

Après quelques minutes, Layfon fit son come back en se trainant vers l’Arcos, pour y plonger sa tête et retrouver ses esprits par la même occasion. Il finit par prendre une position assise, afin de palper l’arrière de sa tête, grimaçant légèrement. C’est qu’il ne l’avait pas loupé, l’une des choses que le jeune esprit ne supportait pas, ce sont ces gens qui boivent à s’en souler, puis qui ne font plus attention à rien.

« Haaa … bon sang, je croyais que les rives de l’Arcos étaient désertes en cette période de l’année … La journée s’annonce bien tient !
– A vrai dire, nous nous sommes posé la même question en vous voyant, vous savez.
– Qui me parle …
– Angéline, qui vous retournerez bien la question. »

Bien. Au moins la demoiselle en question – charmante sous tout angle, ce qui n’échappait pas au jeune homme – était particulièrement polie et diplomate pour le coup. Suite à un rapide coup d’œil, il se rendit compte que son bourreau n’était pas dans un meilleur état que lui.

« Qu’est-ce qui lui est arrivé à l’autre là ?
– Hé bien je vous retourne encore la question ! Après l’accident, une fille aux cheveux bleus est apparue, elle a mis Zack dans cet état, puis elle est repartie comme elle était venue.
– Hum … Je vois. » Il lui tendit une petite fiole. « Donnez-lui donc quelques gouttes, ça devrait le soulager et le dessouler par la même occasion. Et appelait moi Layfon.
– Et peut-on savoir ce que vous faites sur les bords de l’Arcos ?
– Ca ne se voit pas ? Je fais du camping … Ouais, bon je me dirige vers l’Est.
– Et bien c’est parfait, nous aussi !
– ‘Parfait’, je n’ai pas particulièrement envie de retenter une expérience aussi intime avec votre collègue.
– Il est maladroit … Pourquoi ne voyageriez-vous pas avec nous ?
– Hum, comment ?
– Nous avons des charrettes et des chevaux … Dit-elle en souriant jusqu’aux oreilles pour montrer sa supériorité.
– Dans ce cas, c’est parfait, je vous quitterais la nuit tombante. »

C’est de cette façon, que l’esprit finit par faire une grande partie de son voyage en moins de temps que prévu. Il eut, en plus, le temps de discuter avec des nomades du coin. Coïncidence, ou pas, Angeline était une apprentie dans la maîtrise de l’air. Un point en commun. Enfin c’est beaucoup dire, vu qu’ils ne venaient pas du même monde. Il réussit tout de même à lui transmettre quelques trucs.
Finalement, il fit une journée de plus de trajet en leur compagnie. Il est rare de rencontrer des personnes aussi sympathiques et l’esprit comptait bien en profiter comme il se doit. Contre un peu de nourriture et une botte de paille il poursuivait son enseignement. Quoi de plus simple …

Et finalement, il fit sa dernière journée en solitaire. Refusant plusieurs fois un disciple qui aurait même accepté de lui laver ses vêtements. Bref.

Arrivé devant la Tour d’Harmony, Layfon fit une grande pause … Longue pause. Personne à l’horizon, enfin, quoi de plus normal, de toute façon il ne s’attendait pas à voir quelqu’un arriver. Cependant, il était certain que se lancer dans l’escalade des escaliers de cette Tour ne pouvait être que dangereuse sans une bonne forme.

{ Bon ... Bon ... désolé pour ce retard, j'ai quelques problèmes de connexion ... et jusque là je n'avais pas le courage de passer je ne sais combien de temps pour mettre en forme, prévisualiser, etc ...
Mais tout semble revenu à la normal. }

Après plus de trois jours, Layfon bâtait le sol d’Harmonie du pied. Goeg ne lui avait pas menti, le lieu était – et est toujours d’ailleurs – surprenant. Même avec un télescope, ou toutes autres formes de lunettes astronomiques, il n’aurait certainement pas réussi à entrevoir le sommet de la Tour.
Une à l’architecture surprenante … oui, mais surtout douteuse. Par endroit, de l’eau semblait ruisseler, à l’image de fontaine murale, à plusieurs mètres de hauteur … « Mouais, je peux bien crever de soif quoi … ». Voilà la première réaction du jeune esprit, qui même en envisageant toutes les possibilités offertes par son don, ne voyait absolument pas comment dévier cette eau afin de ravitailler son fin palet …

Résignait, il fit une pause, comme il savait si bien les faire, finalement. Comme première action, il fit un feu – en grillant maladroitement l’une de ses quatre dernières allumettes, de quoi regretter de ne pas être un fils du feu. Le temps que celui-ci prenne définitivement, il entreprit une approche d’une sorte de porte, ou en tout cas ce qui ressemblait à une porte. Sa curiosité le titillait trop pour qu’il puisse rester indifférent. Mais prudence, demi-tour et retour vers le feu, pour l’instant, il ne le sentait pas. Il ne le sentait pas non plus en ce qui concernait son camping forcé.

A nouveau face au feu, il se remémorait une discussion avec sa jeune élève d’un ou deux jours. Il la regrettait déjà, elle et ses plats. Tenir un homme par l’estomac, me direz-vous, c’est vil.
Elle ne savait pas grand-chose de la tour, hormis les rumeurs concernant une terrible bête, qui venait dégrader la Tour et ses alentours la nuit venue … Difficile à croire. L’Entre-Monde regorge d’animaux en tout genre, et nous parlons de moines dans une grande tour, certes, mais tout de même ils auraient réagi … En parlant de ces moines, Angéline lui avait précisé bien des choses les concernant. Notamment qu’ils semblaient être originaire de l’Entre-Monde, ou en tout cas, qu’ils y avaient transité – pour certain – avant de partir construire leur Tour en solitaire.

« Ce n’est rien d’autre qu’une légende stupide et sans sens. Ou bien, dans le meilleur des cas, nous avons à faire à une tripoté de sectaires endimanchés, bien protégés sous leur toge, incapable de faire autre chose qu’entasser des cubes.
– Tu es bien sévère Ciel.
– Non réaliste, et c’est très différent.
– Si tu le dis, bon je vais essayer de me reposer un peu, tu pourrais éteindre le feu avant de disparaitre.
– Yes Sir ! »

Une petite dizaine de minutes plus tard – principalement à tenter de localiser sa position exacte à coup de louche dans les courants d’air proche d’Harmonie – il finit par s’endormir, les bras croisés derrière la tête. Drôle de position, me direz-vous, oui mais poser la tête, avec une bosse « hématomiale » de la taille d’une poire à l’arrière, c’est assez délicat …
Celui qui mit fin à ses rêves plein de poire au vin, et de plats juteux n’était autre qu’un môme rêvassant les yeux vers le ciel. Ciel qui s’assombrissait d’ailleurs. L’esprit émit de multiple grommellements, ou des grognements avant de relever le buste et de tomber nez à truffe, avec une rangée de dents acérées et bien blanche. Machinalement Layfon se mit à reculer, trainant ses fesses sur le sol. Mais la bête s’avérait bien plus rapide. Elle se jeta sur lui, sa vie se mit à défiler devant ses yeux, mais finalement, au lieu d’une morsure mortelle, l’animal ne fit que lui lécher goulument la joue avant de s’attaquer au col de sa veste.

Une fois débarrassé cet animal … trop attachant … Il fit un brin de toilette, tapotant sa veste pour en retirer la poussière, le tout en marmonnant dans sa bouche : « D’abord un type qui pèse une tonne … et maintenant un môme et une panthère, quelle vie … quelle vie ! ». Tout compte fait, et à nouveau debout, il tendit une main au jeune homme l’ayant pris pour un rocher.
Enfin il finit par se rendre compte que le garçon n’était pas seul.

« Il faudra apprendre à regarder droit devant vous jeune homme … Vous ne tomberez pas toujours sur un rocher aussi peu hargneux. Le voyage vers Harmonie est semé d’embuches, certes c’est ce que l’on m’avait dit … mais pas de telles embuches. »

Il fit une pause pour toiser gentiment les personnes présentes et éviter les crocs de l’animal.

« Je prends les devant, je me présente, Layfon, esprit de son état – avec une pointe de dérision. »