Récolte de simples [Noryan et si quelqu'un veut s'incruster...]

"Maintenant, que vous vous sentez flattée ou offusquée, ne dépend que de vous. Ce n’est pas à moi de décider ce que vous pensez. Mais… si vous avez quelque chose à cacher ou que vous n’appréciez pas que l’on vous espionne, vous serez surement offusquée. Si ce n’est ni l’un ni l’autre, je n’irais pas jusqu’à dire que vous vous sentirez flattée, mais vous ne seriez pas offusquée. Etonnée, peut-être…"

J'entendais son raisonnement et m'apprêtais à lui répondre quand nous entendîmes un bruit sur notre côté. Un bruissement légers, comme des feuilles que le vent fait frémir, mais au plus profond de cette forêt par cette journée calme, cela semblait peu probable. Pourtant, c'est ce à quoi je conclus après avoir cherché en vain du regard un quelconque animal. J'avais cessé d'utiliser la magie et n'avais pas conscience de ce qui allait et venait autour de moi, mais quand je me plongeais dans l'Aethyr pour me rendre compte de la présence d'un éventuel animal en approche, je ne perçus rien. Nous n'avions pourtant pas rêvés, tous deux avions tourné la tête au même moment ; la tension qui s'était développée pendant notre bref échange avait sans doute excité nos sens et nous avions pris un simple courant d'air pour un danger potentiel.
J'ouvris la bouche pour énoncer la phrase que je m'apprêtais à dire quand, provenant du même endroit, nous perçûmes un bruit animal rauque ; pas un rugissement, mais un bruit gutturale qui suggérait qu'une bête, un félin peut être, nous épiais et que nous allions composer les deux pièces principales de son déjeuner. Mon sang se glaça alors que le fauve achevait son grognement avertisseur. Je regardais le Sanctuaris dans les yeux à travers ses lunettes d'argent et levais un doigt dans la direction opposé à notre chasseur, suivi de trois doigts dépliés pour l'avertir que je comptais déguerpir après un bref compte à rebours.

*Trois... Deux... Un...*

Je bondis dans la direction que j'avais indiquée, à l'exact opposé de la position de la bête.

Un bref coup d’œil vers l’elfe m’indiquait qu’elle aussi avait entendu ce fameux bruit. Un bruit assez léger et court, on aurait pu penser qu’il s’agissait seulement d’un courant d’air parmi les feuilles, mais dans ce cas là, il n’y aurait pas qu’à cet endroit où les feuilles auraient bougé.
Je cherchais toujours de mon regard la chose ou la personne qui aurait pu causer ce bruit. Mais je n’apercevais rien… Rien à part les feuilles. Je commençais à me retourner vers Korydwen qui avait ouvert la bouche pour me répondre, mais elle fut interrompue par une espèce de grondement rauque émanant du même endroit où il nous avait semblé entendre le bruit. Ni une ni deux, mes yeux se braquèrent sur l’origine du grondement annonçant qu’une bête nous épiait et était surement en chasse et c’étaient nous les proies.
Comme par instinct animal, à mon tour j’émis un grondement peu audible et je sentais mes dents qui se développaient pour se transformer en mes dents de dragon. Voir un humain avec de telles dents devait être bizarre, mais je n’avais pas le temps de penser à ça, le grondement avait cessé, ce qui ne signifiait pas grand chose de bons. J’arrêtais le mien après avoir aperçu l’elfe me montrer du doigt la direction opposée au prédateur. Puis trois doigts qui démarraient un décompte. Elle m’informait clairement qu’elle comptait courir aussi vite que possible pour fuir l’animal.
Je tendais les muscles de mes jambes, prêt pour la course, j’étais concentré sur ces doigts qui se pliaient un à un jusqu’au dernier. Elle bondit alors vers le chemin désigné plutôt, voulant mettre de la distance avec notre visiteur. Quelques secondes plus tard, j’étais parti à sa suite. Cependant, c’étaient des secondes de trop, l’animal était vif lui aussi, je l’entendais derrière moi, en train d’attaquer le sol en pleine course. Je n’osais pas me retourner de peur de prendre de la distance entre lui et moi, je fixais donc Korydwen étant devant moi.

Je n’allais pas assez vite, du moins, comparé à la bête qui nous traquait, j’entendais ces pas qui se rapprochaient de plus en plus jusqu’à ce que je puisse entendre le bruit de sa respiration. Je devais trouver quelque chose, si je pouvais entendre sa respiration, c’est que l’animal était assez proche de moi pour bientôt me sauter dessus.
Je levais alors la tête.

*J’aurais pu y penser plus tôt !!*

Je pliais légèrement mes jambes et sautais sur une branche puis sur une autre, montant de plus en plus haut, enfin assez pour que la bête ne puisse m’atteindre. Je ne regardais plus Korydwen donc je ne savais pas où elle en était.

D'après les quelques bruits que je pus distinguer de ceux que je faisais moi même, Noryan s'était lui aussi élancé dans une glorieuse fuite. J'entendis un rugissement derrière moi, sur la droite ; il me sembla que nos directions avaient divergé et que le fauve avait préféré poursuivre la cible qui se trouvait la plus proche de lui. Un coup de chance que ce ne fut pas moi. Je risquai un coup d'oeil en retrait et vit un énorme félin noir, de très belle taille, musculeux et au pelage luisant, arrêté devant un arbre, lorgnant vers les hauteurs.

*Et bien maintenant c'est une certitude, mon santuari se déplace bien parmi les hautes branches des arbres.*

Je n'eus que le temps de me faire cette réflexion avant que le fauve de reporte son regard sur moi. Il s'avança prudemment dans ma direction, d'un pas lent que j'imitais de manière à maintenir une distance constante entre nous. Je ne le quittai pas du regard un seul instant, maudissant Noryan de s'être envolé de la sorte en me laissant à la merci du prédateur. J'aurais fait la même chose à sa place. Je ne compris pas tout de suite pourquoi la bête n'avançai pas plus rapidement, ce n'est qu'après avoir songé à cette poursuite que j'en saisis toute la portée. Je m'immobilisai soudainement ; comment avais-je pu me laisser tomber dans le piège d'une tactique de chasse aussi basique que celle ci ? Un chasseur effrayait le gibier qui détallait aussi vite qu'il le pouvait, fuyant le danger, ne se doutant pas qu'il se jetait lui même dans la gueule du loup. Un autre, ou même plusieurs, attendait la proie et sautait sur elle pour lui porter un coup décisif. Un bref appel à la magie me confirma qu'un animal se dirigeait vers mon dos. Il était temps d'avoir une idée de génie.

Mes bottes d'esprit m'indiquaient les mouvements des deux fauves dont j'étais la proie ; mes gantelets temporels n'allaient me servir que si j'en venais à frapper ces bêtes, et ma cape ne me camouflerait pas longtemps : ces animaux sont capable de traquer une proie à l'odeur plus qu'à l'aide de leurs yeux pourtant perçants. Je n'avais pas d'armes sur moi, seulement quelques plantes médicinales, une fiole de venin de scorpion noir et mes pics à cheveux. Peut être que si les félins avaient à se battre contre un ennemi presque invisible, ils s'en trouveraient incommodés et j'en tirerai alors avantage ; je tirais les baguettes métalliques qui retenaient ma coiffure et laissaient mes cheveux tomber librement sur mes épaules en un ondoiement d'argent. Aussitôt, je rabattis mon capuchon et usait de la magie pour me fondre dans le décors. Je n'étais pas invisible, mais ma cape prenait des tons bruns comme ceux des feuilles mortes et des troncs d'arbre du sous bois, nuancé du même vert que les feuilles des buissons qui poussaient près du sol.

Je n'eus pas le temps d'enduire les pointes de mes armes de fortune de poison : j'entends un rugissement derrière moi. La chasse entamait maintenant son second mouvement.

Jugeant être assez haut pour ne plus me trouver à la portée de la bête, je me tenais sur une branche assez grosse pour pouvoir m’y tenir debout, main sur le tronc servant d’appui. Je regardais ce qui m’avait poursuivi, une espèce de félin au pelage noir qui devait toiser près des 1,50 mètres, de cette hauteur, pas facile à dire. Il s’était dressé et griffait le tronc en grondant. Des muscles puissants se dessinaient sur ses antérieurs pendant qu’il plantait ses griffes dans l’arbre. Soudain il s’arrêtait, nous nous fixions dans les yeux pendant un court instant, avant que son regard tourne vers un autre endroit. Je suivais son regard et mes yeux tombaient alors sur Korydwen et un peu plus loin, j’apercevais un autre de ces félins. Voilà qui explique pourquoi celui qui m’avait traqué marchait d’un pas lent vers Korydwen. Technique de chasse classique et avec un bon taux de réussite, si la proie était simple à attraper, ce qui ne me semblait pas être le cas de l’elfe.

A mon avis, ce ne serait pas une partie de plaisir, mais je ne pouvais pas partir comme ça, laissant Korydwen se débrouiller seule contre ces deux félins. Je me dirigeais donc, toujours de branches en branches, vers l’elfe afin de l’aider un temps soit peu. Mais je ne savais pas encore comment. Bien que Korydwen ne se trouvait pas très loin, je réfléchissais à comment on pourrait se défendre. Je pouvais certes utiliser mes pouvoirs, mais je ne pouvais affirmer si ce serait suffisant et… l’endroit n’était pas très propice à ma forme de dragon. Mes mouvements seraient plutôt restreints au vu des arbres de cette forêt, étant assez nombreux et rapprochés. Je n’en serais que plus gêné et une proie plus facile, d’une certaine manière.
J’arrivais au niveau de l’elfe, au bon moment pour remarquer qu’elle avait détaché ces cheveux et mettait son capuchon sur sa tête. La suite ne se fît pas attendre, elle se dissimulait dans l’environnement. J’enlevais mes lunettes et les accrochais à mon col, sous mon écharpe, ce n’était plus un jeu ou une poursuite innocente, et je me concentrais pour voir où elle était exactement grâce à l’herbe qui se couchaient toujours sous ses pas. Cependant, en y faisant plus attention, j’observais qu’elle n’était pas invisible comme je le pensais, mais il me serait difficile de la repérer pendant un combat si elle bougeait je ne pourrais pas ma suivre et faire attention à mes adversaires.

Je me trouvais maintenant juste au dessus de l’endroit ou se tenait Korydwen et je voyais ou elle se situait, enfin, pour l’instant. Les félins se rapprochaient de plus en plus, alors je sautais de ma branche pour toucher le sol sans heurts derrière Korydwen, en position défensive tandis que l’un des félins grondait. Mes yeux se fixaient une fois sur l’un des félins, et une fois sur l’autre, celui qui était arrivé par derrière et qui était donc plus proche de moi. Tous deux se stoppèrent un instant, surpris de m’avoir vu surgir de nulle part. Mais l’effet de surprise ne s’éternisait pas et il se remettait à gronder. Un grondement sortait également d’entre mes dents toujours autant développées. J’étais près et j’observais le félin fasse à moi, se mettre en position d’attaque, parer à bondir au moindre de mes gestes.

Je sentis quelqu'un surgir derrière moi, tombant du ciel comme un don de la providence. J'identifiai très rapidement la personne comme étant Noryan, en faisant attention de garder mes yeux plongés dans ceux du félin, et le remerciai intérieurement de son intervention. Rien ne l'obligeait à risquer des blessures pour porter secours à une elfe noire, sauf le code des sanctuaris qui le condamnerai à une possible "non assistance à personne en danger", bien que si je n'en réchappais pas, personne n'en aurait jamais rien su.
Je n'attendis pas que l'espèce de panthère à laquelle je faisais face ait complètement intégré le fait que le rapport de force avait légèrement changé et fis le premier pas en poussant un hurlement digne des guerrière de ma contrée. La bête s'élança elle aussi, les pattes avant redressée et toutes griffes dehors, rugissant du plus fort qu'elle put pour intimider la proie que j'étais. Cependant, la vitesse que me confiaient mes gantelets me permirent de lui porter un uppercut sous la mâchoire qui se trouvait alors à la hauteur de ma poitrine, puis un second coup qui dévia l'un de ses puissants membres antérieurs. L'autre vint entailler la chaire de mon bras gauche.

Mon cris résonna parmi les arbres et si quelqu'un d'autre que nous errait dans ces bois, je ne doutais pas qu'il l'eut entendu. La bête était retombée contre moi et je sentais son souffle sur mes hanches. Une telle proximité s'avérait extrêmement dangereuse, je relevai aussitôt mon genoux et vint frapper la gueule du félin et tentai de lui planter un pic à cheveux dans la nuque. J'espérais que le sanctuari tenait bon de son côté. J'étais loin d'en avoir terminé avec mon adversaire, mais peut être que le soldat allait faire preuve de plus de dextérité que moi face au prédateur.

[Je post court, battle mode activé =) Dis moi si tu préfère que j'allonge la sauce]

Un cri s’élevait derrière moi, l’elfe commençait à attaquer. Ce qui ne tarderait pas à être mon cas… Le félin grattait le sol, légèrement de son antérieur droit, grondant de plus belle. Je regardais autour de moi, vite, afin de trouver quelque chose pour m’aider à battre ce fauve. Il était malheureusement trop lourd pour ma télékinésie, bien que… Je pourrais en user sur des parties de son corps, moins importantes donc plus légères, comme ses pattes.
A peine avais-je eu le temps de finir cette réflexion, que mon adversaire s’élançait vers moi, babines retroussées dévoilant des crocs impressionnants. Je ne le lui laissais pas le temps de se rapprocher trop dangereusement de moi, et j’utilisais ma télékinésie sur ses deux antérieurs, l’envoyant au tapis. J’aurais bien continué dans mon élan, mais un cri de douleur me détourna de mon adversaire et je tournais la tête pour voir que l’elfe se trouvait sous le deuxième félin. J’apercevais également une entaille sur son bras gauche. Je comptais l’aider à se tirer de ce mauvais pas, mais j’avais oublié une règle essentielle dans l’art du combat. Ne jamais tourner le dos à son adversaire tant que l’on n’est pas sûr qu’il soit hors jeu.

Presque sans bruit et avec rapidité, sans que je n’ais eu le temps de jeter ne serais-ce qu’un coup d’œil derrière moi, je sentais que des griffes s’attaquaient à mon dos, traversant le tissus pour arriver à ma chair. A mon tour, je poussais un cri de douleur mélangé à un grondement, mais heureusement pour moi, ma colonne vertébrale était protégée par mes écailles, car elle était sur le trajet de la griffure. Je tombais à terre, à quatre pattes, je savais que le félin allait réattaquer alors je devais faire vite. Je fis volte-face pour voir qu’il s’avançait vers moi, pas à pas. Je restais aussi calme que possible, malgré la douleur, pour ne pas précipiter son attaque tout en grondant faiblement. Discrètement j’attirais une buche afin d’assommer mon adversaire. Ce n’était pas une buche très imposante, mais associée à ma télékinésie, ce sera largement suffisant. Je gardais toujours l’elfe en tête, espérant qu’elle avait réussi à s’extirper de là.

[ah non, c'est très bien ^^]

Je réussis à planter mon pic à un endroit tendre du cou de la bête ; la pointe en métal rentra dans la chaire et la réaction du félin fut immédiate. Il poussa un rugissement effroyable et m'envoya une giclée de bave poisseuse au visage. Un animal blessé est toujours plus dangereux car il cède à la fureur, craignant pour sa survie ; son instinct le pousse à donner tout ce qu'il peut pour passer outre le danger. La créature qui m'avait envoyé à terre n'échappait pas à la règle et alors que j'essayais de m'extirper de sous son corps avachi sur mes jambes, elle planta ses crocs dans mon mollet. Si mes bottes n'avaient pas été forgées dans le métal, je pense que j'aurais eu la jambe cassée tant la puissance des mâchoire de l'animal étaient grande.

Mon souffle était court et j'avais aussi peur pour ma vie que le félin craignait pour la sienne ; cependant nous n'avions pas le même raisonnement face au danger, lui et moi. Le prédateur devenait presque frénétique tandis que je me laissais glisser dans une peur frisant la panique. Je réussis tout de même à attraper de ma main libre, le pic étant resté planté dans le cou de mon adversaire, une petite fiole dans un étui en cuir à ma ceinture qui contenait une petite dose de poison, une toxine résultant du mélange des venins de deux espèces de serpents aux propriétés foudroyantes pourvu qu'il atteigne rapidement le coeur. Il devait être introduit directement dans le système sanguin pour être efficace,

La bête s'énervait sur ma jambe et plantait ses griffes dans mes cuisses, déchirant mes vêtements aussi aisément que ma chaire. Les idées trop confuses pour parvenir à ouvrir le petit flacon sans risquer de le renverser par terre, de plaçais directement ma main sur le crâne du félin, la fiole entre mes doigts, et de mon autre main plantai le second pic à travers la petite bouteille de verre. L'impact brisa le contenant, et j'espérai que mon arme improvisée avait eu le temps de s'enduire de venin avant de pénétrer sous la peau de mon adversaire. Immédiatement, celui ci redressa la tête et saisit mon avant bras dans sa gueule ; je poussai un hurlement de douleur en sentant les crocs lacérer mes muscles et choquer mes os. Je priai pour que le venin fasse effet rapidement et que son coeur cesse de battre.

Le sanctuari m'était sorti de l'esprit, je n'en repris conscience que quelques secondes après, ne sachant ce qu'il advenait de lui.

J’entendais qu’il y avait pas mal d’agitations derrière moi, mais j’étais tellement concentré sur le félin qui s’avançait vers moi en me fixant, que le bruit de cette agitation se transformait en simple bruit de fond. Avec l’adrénaline qui commençait à affluer dans mon sang, la douleur de la blessure dans mon dos se faisait moins sentir.

Je fixais également mon adversaire, tout en continuant d’approcher mon arme improvisée. Cependant, l’animal avait décidé d’écourter cette conversation sans mots et accélérait sa course pour m’atteindre. Je l’avais suivi des yeux jusqu’à ce qu’il se trouve à portée pour une attaque. De sa part évidemment. Il levait sa patte droite, griffes sorties afin de m’asséner un nouveau coup. Son attaque allait m’atteindre, mais je la stoppai en levant ma main gauche et en utilisant ma télékinésie, à quelques centimètres de ma tête. Mais comme si elle s’y attendait, la bête enfonça ses crocs dans mon bras, me faisant pousser un cri de douleur. Heureusement qu’en même temps qu’elle avait décidé de me mordre, j’avais lancé la buche, ayant pour cible la tête féline.

Le félin n’avait eu à peine le temps d’enfoncer les crocs, qu’il se reçu la buche en plein dans la tempe. L’impact avait eu pour effet de décrocher la mâchoire de mon adversaire de mon bras. Cela me laissait enfin libre de mes mouvements, d’un bond je me remis sur pied, m’arrachant une grimace oubliant ma blessure au dos. J’arrachais un morceau de tissus de mon écharpe et le mis autour de la morsure à mon bras, sous forme de bandage, histoire que mon sang ne coule pas partout. Je ne savais pas si la vue ou l’odeur du sang attisait l’animal, mais valait mieux être prudent.
Je voyais qu’il titubait, la buche l’avait étourdi, mais le coup n’était apparemment assez fort pour le mettre hors jeu. Il a la tête dure ! Profitant de ce moment ou sa vision et ses idées n’étaient pas claires, je courrais vers lui afin de prendre l’avantage… ou d’essayer du moins. Je lui donnais un uppercut bien placé, enfin autant que je le pouvais, ce n’était pas mon truc… Sa tête étant levée, j’enchaînais sans attendre avec un meia lua de compasso, ça par contre c’était mon truc, n’utilisant qu’un bras étant donné que je ne pouvais m’appuyer sur le deuxième. Mon pied s’écrasait contre sa tête et il se suivi un bruit sourd, quand l’animal rencontra le sol. Pourquoi je n’avais pas d’aiguilles tranquillisantes, ça m’éviterait bien des blessures. Je vais y réfléchir…plus tard. Bon j’espère que ce sera suffisant. Une douleur lancinante provenait de mon mollet, l’animal avait dû par réflexe vouloir se rattraper à mon mollet pour le coût.

D’après ce que je vois, oui. Le félin était allongé par terre, les yeux fermé, respirant toujours puisque ses flancs montaient et descendaient. Il était juste assommé, ce qui me convenait très bien, ça ne me portait pas à cœur de tuer des animaux si je pouvais l’éviter. La pression retombait quelque peu, et je failli tomber au sol mais l’elfe me traversa l’esprit. Je me ressaisissais et me retournais pour chercher et aider si besoin l’elfe.

Quand les bruits de lutte derrière moi eurent cessé, la bête qui tenait mon bras dans ses puissantes mâchoires commençait à lâcher prise. Le poison faisait effet. D'un coup, elle fut comme paralysée. Son souffle se coupa et je sentis la tension de ses muscles se relâcher, atténuant ainsi la douleur qui irradiait jusqu'à mon épaule. Je repoussais le corps du félin et décrochais tant bien que mal mon bras de sa gueule. Sentant un regard sur moi, je tournai tête pour voir Noryan, victorieux de son propre assaillant, se dirigeant vers moi. Je devais admettre qu'il m'avait tirée d'un bien mauvais pas et que sans lui, je ne m'en serais sortie avec de simples morsures et griffures. Gênée, je détournai le regard vers mon bras sanguinolent.

"Je vous remercie d'être venue vous battre à mes côtés."

Je n'étais pas certaine que si les rôles avaient été inversés, j'eus risqué ma peau pour porter secours à quelqu'un que je venais de rencontrer. Mon éducation m'aurait sans doute conduit à le regarder se faire dévorer et à venir récupérer les objets de valeur par la suite ; voila comment se comportait une Druchii bien élevée. Cependant, j'appréciais le geste qu'il avait eu à mon égard et les remerciements que je lui adressais était sincères.

"Je vous suis redevable, Sire Noryan, et pour alléger ma dette, je vais vous confesser un mensonge et vous donner mon véritable nom en vous priant de m'excuser de m'être présenté à vous sous un pseudonyme. Je m'appelle Ravëfanwen Lorandara."

Je tâchais de parler le plus normalement possible, mais la douleur me faisait butter sur certains mots et je ne pus retenir quelques grimaces alors que je palpais mes blessures de ma main encore valide.

"Je crois que je vais avoir besoin d'un guérisseur..."

J’apercevais le félin accrocher au bras de l’elfe, un pic planter dans son crâne. Je le voyais perdre des forces, ces muscles se décontractaient, je le remarquais même de la où j’étais. Est-ce juste un sédatif, léger ou non, ou bien plus ? C’est alors que Korydwen se défaisait de l’emprise de son adversaire, le laissant tomber au sol. Espérant qu’elle avait utilisé un sédatif et non un poison, je fixais le ventre du félin, attendant qu’il se gonfle d’air, signe qu’il serait simplement endormi. Mais ce signe ne venait pas et à mon avis il ne viendra jamais…
Je me rapprochais de l’elfe et m’arrêtais à quelques pas d’elle. Je l’observais. Elle avait reçu pas mal de dégâts elle aussi, à en juger par les blessures qu’elle affichait. Je la regardais ensuite dans les yeux, elle détourna son regard pour le poser sur son bras meurtri.

"Je vous remercie d'être venue vous battre à mes côtés."

Elle me remerciait d’être venu à son aide. Bien. Je lui aurais bien répondu, mais aucun mot n’arrivait à sortir d’entre mes dents.
Mes yeux retournèrent sur le félin mort, puis, sans pouvoir dire pourquoi, je me retournais pour voir mon adversaire montrant mon dos et sa marque de griffure qui avait déchiré le tissu. Elle pouvait surement voir les écailles qui recouvraient ma colonne vertébrale, mais je n’en avais cure. Mon adversaire, lui était certes également à terre, mais juste assommé, donc vivant. J’entendais Korydwen parler derrière moi, je l’écoutais d’une oreille distraite.
Une question me venait à l’esprit, n’ayant aucun rapport avec la conversation du moment. Ces félins chassaient en couple, ou était-ce juste des chasseurs pour une meute plus importante ? Si le premier se trouvait être juste, alors au réveille de ce félin, la forêt pourrait se voir emplie de cri de douleur, de tristesse. Mon esprit était tellement pris dans cette réflexion, que ma douleur se taisait.

Ma concentration se reportait sur l’elfe au moment où j’entendis un mot, un seul qui me ramenait à la réalité en quelque sorte, et ramenait ma douleur en même temps.

"… un mensonge et vous donner mon véritable nom en vous priant de m'excuser de m'être présenté à vous sous un pseudonyme. Je m'appelle Ravëfanwen Lorandara."

Je tournais la tête, juste assez pour que je puisse la voir d’un seul œil. Il se planta dans son regard. Elle ne parlait pas d’une façon normale, ses blessures devaient la faire souffrir. Mais vraiment, pour qu’elle ait des paroles buttant sur les mots, certains, et son visage se déformait par des grimaces légères que lui inspirait cette douleur. J’ouvrais la bouche et je sentais que les mots voulaient enfin sortir. Cependant ma voix était froide, dépourvu d’émotion.

"Je vous en pris… Dame Ravëfanwen. Je n’ai pas pour habitude de laisser une personne, quelle qu’elle soit, dans une situation telle que celle-ci. Cela ne me ressemble pas."

Je crois que je lui en voulais d’avoir tué le félin, mais elle n’avait peut-être n’avait-elle pas eu le choix… Alors je ne dirais rien.

"Je crois que je vais avoir besoin d'un guérisseur..."

"Effectivement, et je crois qu’on en a tout les deux besoin… Il serait surement temps de sortir de cette forêt pour en trouver un."