[Voilier 03] - Speed Dating - Sous le regard des étoiles

Témari n’était pas seule ce soir, à bord de son voilier, une silhouette enveloppée d’une cape semblait attendre à ses côtés. L’arcturienne trépignait sur son banc, son bateau s’approchait lentement mais sûrement de la région océanique où se trouvaient une douzaine de voiliers. Sur une mer calme, au cœur d’une nuit étoilée, Témari se dressa à la pointe du mât et parla aux navigateurs d’une voix enjouée.

-Chers cœurs solitaires, cette nuit vous est offerte pour rencontrer l’âme qui accompagnera votre voyage.

Une aurore boréale aussi improbable qu’élégante illumina la nuit.

-Une amie m’a rappelé comme il est triste de passer sa vie sans personne pour la partager. Parce qu’elle a sacrifié la sienne et son unique amour pour nous tous, cette nuit lui rendra hommage. Elle offre à chaque couple quittant la fête deux anneaux. Portés, ils permettront aux deux membres du couple de communiquer par la pensée.

(Hrp : valeur en pims 70 pims / Ne fonctionne que si portés par le couple en question)

L’aurore disparue et dans cette nuit éblouissante, les étoiles aveugles laissèrent place à la voie lactée. Irisée de bleu et de mauve, elle traversait le ciel.

-Les couples venus profiter de la soirée sont sur les voiliers aux voiles rouges, les autres sur ceux aux voiles blanches. Repérez les numéros inscrits, les participants non assis passeront d’un voilier à l’autre en suivant l’ordre croissant.

Une vague s’empressa de mordre la coque du voilier où se trouvaient les deux femmes et Témari manqua de tomber à la mer. Témari ne serait pas Témari, si elle ne s’était transformée juste à temps. Le grand dragon blanc traversant les cieux, les participants, enfin, purent remarquer la présence d’une seule et unique constellation encore visible au-dessus d’eux.

La mystérieuse femme en levant le visage vers le ciel révéla une peau olivâtre et des plumes colorés s'échappaient de son capuchon.

-Des raies volantes planeront en continu entre les voiliers et vous emmèneront au suivant lorsque les quinze minutes seront écoulées. Si l’envie vous prend d’aller faire un tour, repérez les radeaux de la Goutte à l’ouest, de notre position. Vous y trouverez un bar, l’orchestre et même un fleuriste.

Témari n’osait pas leur dire que le Love Hotel y tenait un stand avec des perçants à usage unique menant directement dans leurs locaux…

-Lorsque l’amour aura enfin atteint votre cœur, vous pourrez rentrer chez vous. Il vous suffira de venir jusqu’au Fenrir à l’est. Des navettes vous reconduiront directement à Entre-Monde. Que la fête commence !

Tour 1
Cygne, tu attends l'arrivée d'Alice sur ton voilier

Mais qu'est-ce que je fais là...

Cygne commençait à avoir des doutes sur le bien-fondé de sa présence. C'était sa mère qui lui avait parlé du Speed Dating, évidemment. Mme Cantharellus faisait depuis plusieurs mois des allusions de moins en moins subtiles au célibat prolongé de son très cher fils. De toute évidence, elle espérait le voir suivre le même chemin que sa sœur aînée : un seul petit ami toute sa vie, mariée dès sa majorité et déjà prête à agrandir la famille.

Cygne n'avait aucune intention de suivre ce plan cauchemardesque, mais il avait haussé les épaules et pris le prospectus qu'elle lui tendait avec bonne humeur. Au moins, s'était-il dit, ce serait l'occasion de faire de nouvelles rencontres. On croisait toujours des gens intéressants dans l'Entre-Monde. Et le buffet était gratuit.

Mais le discours de la très fameuse Temari l'avait quelque peu refroidi. Elle parlait beaucoup trop d'amour à son goût et Cygne commençait à se dire qu'il était peut-être la seule personne présente qui ne soit pas venue là pour flirter. Il aurait sans doute dû y réfléchir plus tôt. Et puis, pourquoi les rencontres avaient-elles lieu sur des bateaux ? En pleine mer ?! Cygne avait déjà navigué sur des cours d'eaux, mais jamais en mer, et il découvrait que son estomac détestait les vagues.

Il se cramponna sans subtilité à son siège et adressa un sourire crispé à la jeune femme qu'une raie volante venait de déposer sur le pont.

"Salut... Moi c'est Cygne. T'aurais pas sur toi un truc contre le mal de mer, par hasard ?"

Cela faisait une semaine qu’Alice ne parlait que du speed dating (mot qu’elle avait appris au moment même où elle vit l’affiche qui annonçait l’évènement) à ses parents qui ne partageaient pas son enthousiasme. Ils s’y étaient même opposés, prétextant qu’Alice était trop jeune pour ce genre de choses, qu’elle ne pouvait pas être sûre à 100% que ce n’était pas un guet-apens. Tout ceci l’avait peut-être décidée à y participer (rebelle comme elle ait, ça n’étonnerait pas). C’est donc pendant cette semaine qu’elle alla acheter une splendide robe rouge afin d’être dans le thème de l’évènement.

Le jour J, sa mère prit une chaise qu’elle déposa devant la porte d’entrée et s’assit dessus afin de barrer la voie : « Tu n’iras pas là-bas ! Je refuse de payer pour qu’un vieux timbré te fasse la cour. », Alice rétorqua : « Je n’ai pas besoin de ta permission ! C’est totalement gratuit de toutes manières. Et puis je sais me défendre ! ». Alice avait tellement attendu ce jour que rien n’y personne ne pourrait l’empêcher de participer à cet évènement. Elle s’approcha donc de sa mère, prit la chaise à deux mains et la renversa grâce à la colère de ne pouvoir participer à l’évènement qui lui octroya sa force pour un court instant. Elle ouvrit la porte et couru à tout vitesse prendre une navette qui l’emmena au lieu de l’évènement.

Sur place, on lui assigna une raie volante qui parcouru la distance entre la rive et un voilier en toute légèreté. A l’approche de ce dernier, Alice pu apercevoir une personne étant déjà installée. La raie la déposa sur le pont et s’envola planer dans en attendant que sa passagère en finisse avec ce bel inconnu. Celui-ci n’avait pas l’air à l’aise, Alice avait-elle quelque chose sur le visage ? Sûrement pas, elle s’était tellement bien préparée ! Elle voulut détendre le visage de ce curieux personnage en lui faisant cygne (LOOOOOOOOOOOOOL) et ne reçu en réponse que son nom et une demande étrange : avait-elle sur elle quelque chose contre le mal de mer ?

Je suis vraiment désolée mais, au vu de ma tenue tu peux bien te douter que je ne cache pas beaucoup de chose et donc aucun médicament ou autre contre le mal de mer
Et bien ça commence bien ! Il va me vomir dessus à ce train là.

Alice se dit qu’il vaudrait mieux se placer à une distance raisonnable de lui, ce qui fit qu’il y eut un bon 30 centimètres entre la table et la chaise de notre adorable renarde.

Au fait, je m’appelle Alice. Contente de te rencontrer ! À part ton mal de mer, tu as d’autres choses à dire ? C’est la première fois que je fais ce genre de choses et je ne sais pas trop quoi dire. Ça me rappelle un dîner entre voisins avec un certain Gordon. Mes parents l’avaient invité sous prétexte qu’il était un personnage important et que je devais savoir au premier coup d’œil qui il était. Je n’ai vu qu’une pauvre personne qui ne semblait pas savoir se servir d’une fourchette ou qui venait tout juste d’apprendre. Qu’aurais-je dû voir ? Enfin soit, je digresse (graisse). Tout ça pour dire que je n’ai pas dit un seul mot de tout le dîner à part bonjour et au revoir.

Alice n’avait pas fait attention à ce qu’elle disait. Tout ça était sorti tout seul de sa bouche et elle ne semblait pas s’être rendue compte de son monologue.

A l'évocation de la tenue de sa partenaire, Cygne eut le réflexe de la parcourir des yeux. Ah, c'est sûr, on trouvait rarement des poches sur des robes aussi jolies... ce que Cygne n'avait jamais compris, d'ailleurs. Lui était plutôt du genre à privilégier le pratique à l'esthétique. Ses efforts vestimentaires du jour s'étaient d'ailleurs limités à trouver le jean le plus moulant de sa garde-robe et à enfiler son T-shirt turquoise préféré. A cela, il avait ajouté son habituel blouson (et s'en félicitait vu la brise marine qui risquait de forcir au fur et à mesure que la soirée avançait) et était sorti par la fenêtre avant que sa mère ne fasse irruption dans sa chambre avec le costume traditionnel de leur clan qu'il l'avait vu déterrer du grenier.

Autant dire que le décalage entre son apparence et celle d'Alice était assez évident. Il s'en sentit coupable. Elle prenait clairement l'évènement plus au sérieux que lui, et en plus il commençait la rencontre de la manière la moins glamour qui soit.

Il craignait d'avoir déjà coulé toutes ses chances de mettre la jeune femme à l'aise, mais à peine fut-elle assise qu'un torrent de mots s'écoula de ses lèvres. Un sourire éclatant s'afficha sur le visage de Cygne. A ce train-là, il n'avait pas besoin de craindre de silence gêné !

"Les parents ont de drôles de priorités, hein ? Les miens sont du même genre. 'C'est le Creuseur-en-chef des Nains de la Rue en Pente, sois poli Amethysteus !' Mais si je leur dis que le Maitre de Ken est un robot, c'est comme si je parlais une autre langue. Ah oui : Amethysteus, c'est mon nom de naissance. Mais par pitié, ne m'appelle jamais comme ça."

Il mima une crise cardiaque, une main plaquée sur sa poitrine. Maintenant qu'il pensait à autre chose, sa nausée n'était plus qu'un souci mineur. Peut-être qu'il finirait par s'habituer.

"Très jolie robe, au fait," ajouta-t-il avec un sourire penaud pour se faire pardonner ses premiers propos. "Ça va très bien avec tes yeux."

Il aurait pu tomber plus mal pour sa première rencontre, elle était mignonne comme un cœur. Et de toute évidence d'une espèce magique, à en juger par ses oreilles et sa queue. Heureusement que sa mère n'était pas là, elle aurait déjà rédigé le contrat de mariage.

Ce garçon avait l’air sympa, l’atmosphère était presque palpable tellement elle était moelleuse. La discussion n’était pas pénible, c’était même l’inverse. Alice découvrait que son interlocuteur avait un pseudonyme, qu’il vivait dans une famille tout aussi gnangnan que la sienne et que cette même famille devait être haut placée pour avoir à parler au Creuseur-en-chef (bien qu’elle ne sache pas vraiment si c’était une bonne ou une mauvaise situation…)

« Ame... Non je n’arriverais même pas à le répéter. Et puis, Cygne c’est bien plus beau ~pour elle-même~ et bien plus court. » Elle frissonna. « Merci du compliment. » Les yeux d’Alice étincelaient, jamais personne ne lui avait fait si beau compliment, bien que celui-ci était un peu comment dire… Gêné ? Non, plutôt ‘’dis avec de l’embarras’’. « Mais malheureusement, je n’ai que ça. Je vois que tu as été plus prévoyant que moi sur ce coup. Beau style vestimentaire même si décalé par rapport à l’évènement. Quoique, on vient comme on est en fait, c’est moins trompeur ! »

Alice parlait encore beaucoup trop. Bien qu’elle soit une tête brûlée, rien ne l’empêchait d’être stressée. Elle pouvait jouer son futur ici même en trouvant la perle rare, en trouvant son compagnon de vie.

« J’espère que tout ceci n’est pas pour me tromper. Ou une quelconque autre personne. Je serais fâchée tu sais ! Pourquoi es-tu venu ici ? » Elle dit tout ceci de manière sérieuse, se rapprochant enfin de la table (faisant crisser les pieds de la chaise par la même occasion, empotée…) elle mit les coudes au-dessus de celle-ci et reposa sa tête sur les mains, attendant impatiemment la réponse de Cygne.

- C’est l’heure ! On change de bateau !

Un ballet de raies volantes effleurait la surface des eaux. Une écume délicate se formait autour des voiliers et sous la constellation du bouvier, les cœurs solitaires se disaient au revoir, à bientôt, reste encore un peu et parfois même, et si nous partions ?
L’arcturienne filant dans les cieux telle une comète, se délectait de cette ambiance romantique.

Elle observa du coin de l’œil, la jeune femme toujours sous sa cape. Ainsi enveloppée, elle semblait se fondre avec la nuit. Ou bien disparaissait-elle vraiment, parfois, lorsque le monde changeait d’horloge. La chamane voyait sa présence parmi les vivants mourir et renaître à la fois.

Survolant l’orchestre sur les radeaux de la Goutte, Témari leur envoya une gerbe d’eau salée. Les musiciens protestèrent mais devant la masse de la dragonne acceptaient de jouer un morceau un peu plus enjoué.

- C’est mieux ! On va danser ce soir !

L’arcturienne à quelques mètres au-dessus des voiliers, déclencha une bourrasque manquant de les faire chavirer.

-Oups !

Disait le dragon tout en riant. Déjà elle gagnait les nuages pour danser avec eux.

Cygne passa ses pouces dans les poches de son blouson et écarta les mains, présentant son T-shirt et, de manière plus générale, sa tenue dans un geste grandiloquent.

"Je préfère être à l'aise pour discuter que passer ma soirée à me demander si j'ai un mauvais pli sur ma chemise ou à me retenir de me gratter à cause d'un pantalon neuf," dit-il avec un sourire sincère. "De toute façon on ne va pas se leurrer, j'ai plus de chances d'intéresser les gens par ma conversation que par le contenu de ma garde-robe."

En tout cas, la tactique semblait fonctionner pour ce premier tour, puisqu'Alice effaça enfin la distance qui les séparait. La table n'était pas bien grande, et la voir se pencher ainsi vers lui rendit presque Cygne nerveux. Plutôt que de l'imiter, plaçant leurs visages bien trop près pour de quasi-étrangers, il resta soigneusement rencogné dans sa chaise. Il ne voulait pas donner l'impression qu'il était le genre à se montrer entreprenant après quelques minutes de conversation.

"Parce que ma mère m'aurait traîné ici si je n'étais pas venu de mon plein gré, déjà !" dit-il, sachant qu'elle y verrait le même humour que lui. "Et parce que je ne dis jamais non à l'occasion de rencontrer de nouvelles personnes. A la base j'espère juste passer une soirée agréable à discuter avec des gens sympas... et si jamais je trouve plus, ma foi..."

Il haussa les épaules en rougissant un peu.

"Qui sait ce que la soirée nous réserve, pas vrai ?" conclut-il avec un sourire en coin.

La voix de la dragonne résonna au-dessus du bateau, marquant la fin de leurs dix minutes. Cygne s'affaissa dans son siège.

"Ah zut, déjà ? Qu'est-ce que c'est court, quinze minutes, en fait ! Ça va être frustrant. En tout cas je suis content de t'avoir rencontrée, Alice. Peut-être qu'on se recroisera. J'espère que tu vas passer une très bonne soirée !"

Il se leva pour l'accompagner vers le bastingage où une raie emporta la jeune femme. Puis il se retourna et resta debout, scrutant avec un brin de nervosité la raie qui lui apportait son prochain partenaire. Il avait si bien commencé avec Alice qu'il avait peur de tomber mal au second tour. Il ne pouvait pas toujours avoir de la chance.

Il avait à peine eu cette pensée qu'une bourrasque lui ébouriffa les cheveux et fit sauvagement tanguer le navire sous ses pieds.

"Wouah !"

Il resta cramponné à la rambarde bien après que le navire se soit stabilisé, son mal de mer presque oublié ayant ressurgi de plus belle. Il était sûr que son visage avait viré au vert.

La raie venue me chercher au navire de Sarressinashira m'emporta avec un brin de folie vers le suivant, elle devait se prendre pour un poisson volant, elle effleurait l'écume, elle cabriolait dans les creux et dansait entre les autres bateaux. J'arrivais au voilier suivant un peu étonné, le bas de mon pantalon mouillé. Cette dose de sensation forte me donnait chaud, je remontais mes manches en posant le pied sur le bateau.
J'y trouvais un jeune homme que la fête organisée sur l'eau n'avait pas l'air de ravir. Il me paraissait très jeune pour participer à une soirée comme celle là. J'ai retenue mon réflexe d'aller lui serrer la main, j'étais assez trempé comme ça, je ne voulais pas risquer qu'il rende son dîner. Cette chemise ne méritait pas ça et moi non-plus.

-Vous avez besoin d'un remontant.

Le mal de mer c'est quelque chose qu'on peut combattre, la mer est d'huile et, sans compter la dragonne, les bateaux étaient stables et bougeaient peu. Je trouvais le portant de la voile et le fixais fermement, passant près du jeune homme, je pris place à la barre et je commençais à manoeuvrer le voilier vers le bar.
J'avais quitté une formidable navigatrice pour jouer avec une voile deux minutes plus tard... L'ironie, c'est que je m'en sortais assez bien avec ces petites embarcations.

-Je crois que nous sommes ici pour un moment. Il avait besoin d'une distraction pour oublier ses nausées. Je m'appelle Or, et vous ?

Décidément, ce soir il faisait fort en matière de premières impressions. Assez embarrassé, Cygne observa l'homme qui manœuvrait le bateau avec des gestes sûrs. Lui n'avait osé toucher à rien, et surtout pas à la voile, de peur d'aggraver son cas. Quand il fut sûr que le contenu de son estomac resterait à sa place, il esquissa un sourire pâlot.

"Cygne. Enchanté."

Il était un peu intimidé. Or était clairement plus âgé que lui et avait nettement plus de prestance. Vue sa tenue, il n'était pas venu là pour faire preuve de charité envers un gamin. Mais ils allaient effectivement rester un petit moment en tête à tête, et Cygne ne voulait pas se laisser démonter. Il ne parvint cependant pas à passer outre le vouvoiement qu'Or avait entamé. Difficile de verser spontanément dans l'informel quand on se sentait inférieur à son interlocuteur.

"Vous vous débrouillez plutôt bien avec ce bateau. Moi, si un véhicule n'a pas un minimum d'électronique et un moteur, je suis perdu. Enfin, je peux conduire une roulotte tirée par des bœufs, mais ça n'a rien de très sorcier."

Il jeta un coup d’œil vers le radeau accueillant le bar qui s'approchait. Il ne pensait vraiment pas qu'une boisson lui serait d'une aide quelconque - à vrai dire, la seule perspective d'avaler quelque chose redoubla sa nausée - mais il n'osa pas le dire. Et puis après tout, ils auraient peut-être quelque chose contre le mal de mer au bar. C'était la moindre des choses quand on organisait une soirée sur l'eau.

"Merci de votre aide. Ça m'était presque passé, je suis sûr que j'ai juste besoin de m'habituer... C'est la première fois que je mets le pied en mer... Mais Temari est d'humeur joueuse ce soir."

-Enchanté.

Sourire révélateur, il m'amusait ce jeune homme avec son teint verdâtre et son hésitation. Je n'en étais pas à aller chercher le fruit défendu chez un garçon, même s'il avait l'air d'un jeune adulte, il m’apparut comme trop jeune pour imaginer ce genre de festivités. Rien n'était moins sûr...

-Vous vous en sortirez lorsque vous essayerez. Le moteur, c'est le vent. La barre, que je tiens, permets d'indiquer la direction qu'on veut prendre. Il faut savoir qu'un bateau se manœuvre seulement sous le vent. Puis, je sentie une pointe d'envie de le faire sortir de sa zone de confort. Et bien sûr, le mal de mer s'évite aisément avec l'estomac plein, l'esprit clair et reposé et les yeux fixés sur l'horizon. Quand Témari n'est pas dans les parages, cela va sans dire.

Le bar approchait, une fois près d'eux, je saluais pour la seconde fois en une demi-heure le serveur, commandant exactement la même boisson.
Je proposais aussitôt à Cygne de commander quelque chose, j'avais déjà présenté mon moyen de paiement au barman, il n'avait aucune excuse pour se laisser adoucir.

-Vous réussissez à vous amuser ce soir malgré tout ?

J'oubliais qu'il était malade, j'oubliais même le barman occupé à nous servir, j'étais confortablement assit et puisque la soirée était somptueuse sous la constellation resplendissante, je retrouvais mes vieilles habitudes. Profiter tout en évaluant à qui j'avais affaire.