La ruelle aux milles étoiles

"autant que tu veux" lui disais-je. La frêle lumière perçant l'ouverture illuminait mon sourire d'enfant, il projetait des éclats de joie. Cette soirée gagnait à devenir agréable. Mes côtes étaient toujours douloureuses et mes jambes tremblaient encore sous le coup de l'adrénaline. Et pourtant, cette fille avait l'allure d'une aventurière.
Tout comme une arme appelle au combat, cette fille appelait au voyage. Elle me faisait penser à ce quartier, aux problèmes qu'il recèle et aux trésors cachés dans des caves, entourés de dessins d'enfants.

Les toiles d'araignées, quelques rats et des mille-pattes fourmillaient dans le réduit. Elle prit les devant, je lui emboîtais le pas. Durant cette courte traversée, j'ai gardé une distance polie entre nous. Il aurait été malvenu qu'elle m'enfonce son genou rageur dans le ventre pour l'avoir un peu trop approchée. Je suis persuadé qu'elle y prendrait du plaisir, je préférais de loin lui offrir un verre plutôt que de goûter à la dureté de ses articulations.

Le nez dehors, la fraicheur de la nuit n'a pas atteint ma position dans le tunnel, je la vois s'envoler les bras levés comme un oiseau. Non, elle ne savait pas voler. J'en étais persuadé et c'est pour ça que je suis resté en retrait dans le réduit. Cerclon et la liberté face à moi et sur le chemin m'y menant, elle et son ennemi invisible.
Sans le vouloir elle me donne de précieux indice sur son adversaire.
Un oiseau plus à l'aise sous l'eau que sur la terre ferme, avec des ailes en prime. J'ai une sensation de déjà-vu : un dragon plus à l'aise sous l'eau, un pingouin volant... Mon cousin karmique n'est autre qu'un horrible pingouin volant qui s'en prend à des jeunes filles -caractérielles- lorsqu'elles ne peuvent se défendre.

Je me déshabille en quelques gestes rapides, habitué de la manoeuvre, mes vêtements précieux car presque uniques tombent dans la poussière tandis qu'un dragon de plusieurs mètres s'extirpe du tunnel.

-Fais attention en tombant !

La vitesse prise n'est pas suffisante pour me permettre de m'envoler, elle l'est seulement pour sentir sous mes dents les plumes du derrière de l'odieux personnage.
Il coasse de peur en voyant ma gueule grande ouverte se jeter sur lui. Il file à bonne distance et je retombe lourdement sur le sol.

- attend je vais te rafraichir la mémoire tu vas voir.
- Viens !  Je t’attends Pingoo, fit elle sur le ton de la provocation
- Sale G*rce, aboya t-il

Kimiko était prête à recevoir une attaque de plein fouet. Elle se préparait à contre-attaquer en projetant le peu de lumière qui lui restait quitte à tomber dans les vapes.  Quand une masse immense fit disparaître les rayons de la lune en obstruant une partie de son champ de vison.

Un avertissement sonore, et ses liens se desserrent autour de ses bras.  La chute n’est pas très haute, Kimi à le temps de se rattraper en effectuant une roulade, réduisant la force de l’impacte, elle devrait s’en sortir avec un léger bleue tout au plus.
Elle se redresse sur ses jambes, prête à bondir.
Profondément saisit par la situation, les yeux de Kim s’arrondissent en découvrant la créature qui se dresse devant elle.

Un dragon d’un vert d’eau, presque bleu, cette couleur lui faisait penser aux yeux de l’inconnu. Il avait mit en fuite le pingouin, en gobant un morceau comme si ce n’était qu’un vulgaire ailleront de poulet. D’ailleurs en y regardant de plus prés y avait bien un morceaux qui devait dépasser de ses dents. Son envergure était impressionnante, et il ressemblait à s’y méprendre aux raies Manta géante qui étaient vénéré sur le globe.

- Hé ben ça alors… lâcha t’elle stupéfaite.

Kim cherche fébrilement dans sa poche après le poison qui rythmait sa vie, mais ne trouva pas trace de son paquet de cigarette. Elle soupire, elle en aurait bien eut besoin en cet instant.  Elle s’époussette, puis croise les bras sur sa poitrine détaillant le dragon de la tête au pied. D’abord avec émerveillement, puis amusement pour enfin céder la place à l’incompréhension.

- Alors comme ça t’es un dragon hein ? On dirait que t’avais pas tellement besoin de moi en faite… T’aurais pu le dire avant quand même. Je passe pour quoi maintenant ? fit elle en ronchonnant.

Ça expliquait cette aura étrange qu’elle avait sentit flotté autour de lui comme s’il ne percevait pas le monde de la même manière, il agissait différemment, il parlait différemment, tout chez lui était le reflet d’un comportement qu’elle n’avait encore jamais observé.

Le dragon abaissait sa tête, saluant humblement la Comète aux bras croisés. Posture défensive, sous son regard accusateur, je lui fais un clin d'oeil. Je vois mieux la nuit sous cette forme, l'oeil des reptiles étant plus sensible à la lumière. Juste assez bien pour évaluer la distance du canal à moins d'un demi-kilomètre, il en faut à peine plus pour trouver le pied du mur.

-Monte, nous allons faire le chemin restant autrement.

La voix brute du dragon me surprend moi-même. Je n'avais pas pris cette forme depuis une autre lune. Il me semblait avoir sommeillé, avoir vécu dans les brumes durant tout ce temps. Eveillé sous les étoiles, je faisais face à une comète. Un sursaut de lumière bienvenue pour quitter le rêve.

J'approche à pas de loup, goûtant chaque pas comme les premiers après une longue convalescence. Je sens jusqu'à la pointe de mes ailes frotter sur le sol rugueux, mes griffes érafler les pavés et ma queue s'écouler en sillon harmonieux à chaque mouvement.
Quelle meilleur sensation que celle d'être soi-même et de vivre dans le corps que la nature vous a donné.

Je m'allonge à ses côtés, la tête penché sur elle et l'observant des deux yeux. Scrutant l'expression de son visage à l'idée de se hisser sur un dragon.

J'ai eu mon quota de passage à tabac ce soir.

-Je ne mange pas les jeunes femmes et je n'ai pas de donjon si ça peut te rassurer...

Son ami pingouin réapparaît dans la seconde à l'horizon de Magna. Il est accompagné. Le son des bottes battant le pavé me rappelle une armée d'un autre monde. Je frissonne et malgré moi je tends le cou vers nos adversaires approchant. Une ruelle nous sépare d'eux.

*Monter ?
Sur lui… ?
Non mais
Ça va pas ?!!
Je grimpe pas sur les inconnus !!!
Pour qui y me prend celui-là.*

Le dragon s’allonge la transperçant de son regard émeraude, il la jauge comme s’il pouvait lire son âme comme les pages d’un simple magazine. Kim, l’hébétude des premiers instants dissipés, ne se trouve pas plus impressionné pour autant. Ce n’est pas un dragon, aussi grand soit-il, qui lui dictera sa conduite. Et pourtant… Quelque chose l’empêchait de lui dire le fond de sa pensée. Un mélange de curiosité et de fascination, comme un murmure dans un coin reculé de son esprit.

Des pas se font entendre dans les rues adjacentes. Son ami pingouin est parti chercher ses copains, elle n’a donc plus le choix. Sans l’ombre d’une hésitation, elle vient se placer sur son dos.

- Ok, paraît au décollage.

Kim se cramponne du mieux qu’elle peut. Pas évident de savoir ou s’accrocher sans le gêner faut dire que c’est bien la première fois qu’elle rencontre cette situation malgré l’aplomb dont elle fait preuve pour l’affronter.

Au décollage ça tangue. Son cœur se soulève sous l’impulsion ça lui fait des papillons dans la poitrine alors que le vent agresse ses rétines. Kim jette un regard par dessus son épaule, la bande déboulant au coin de la rue les regarde en maugréant et en jetant leur armes au sol. Le pingouin aillé fait mine de les suivre, mais voyant qu’il est le seul a pouvoir traverser, il s’arrête.

- Je me vengerais, vous m’entendez ! Tu fais rien pour attendre Kim et je suis pas prés d’oublier ce que vous avez fais toi et ton pote !

Kim explose de rire sous les jurons du pingouin. Elle se laisse enivrer par les sensations de vole, l’air frais pénétrant jusque dans ses os, faisant onduler ses vêtements, ses yeux grand ouverts n’en perdent pas une miette. Assez vite à l’aise, elle s’aventure même à lever les bras en l’air, pour mieux ressentir cette impression de liberté fulgurante, quand un cri d’allégresse lui échappe.

- WOUHOUUHOUHOUHOU !

Avait elle jamais vécu ça ? Non. C’était incomparable. Comment avait t’elle pu vivre dans l’ignorance tout ce temps. Voler… Elle avait la certitude de ne plus pouvoir s’en passer.
Elle n’a pas le temps de revenir à ses esprits que déjà le vol se termine. Les rives de cerclons deviennes leur pied à terre, pour le plus grand désespoir de Kim, qui aurait bien prolongé la balade.

Courir. Courir comme si le vent nous pourchassait, comme le temps qui nous guette au détour des ruelles. Courir droit devant nous, foncer vers les chantres de notre fuite. Courir tête en avant, les ailes embrassant l’air et s’envoler à leur nez, brassant assez d’air pour retourner les capes et les obliger à s’écarter.
J’ai saisi mon tas de vêtements au sol, semant sur mon passage ma tunique et mes bottes, mais la besace et ce qui reste de ma tenue sont coincés entre deux griffes. Je me sens moins chevaleresque avec mes frusques suspendues comme à une corde à linge emportée par une tempête.

Cette fois, Magna et ses ombres nous abandonnent. Ils trainent au sol une fange noire et au dessus de nous un voile éclairé d’étoiles. Enfin, je vois le ciel tout déployé sur l’Entre-Monde. La nuit m’apparait clémente et douce puisque nous étions au delà des problèmes de la terre et sous la protection de l’élément le plus capricieux de tous.

Je ne suis pas le seul à apprécier la balade. Comète prend son baptême de l’air très au sérieux et je me rends compte que je suis un destrier volant pour son plus grand plaisir. Je la voyais tellement hésiter à escalader mon échine quelques minutes auparavant.

Cerclon devant nous, Dans l’air froid, je pique en cercles rapides vers le sol, décrivant la courbe d’une tornade imaginaire pour atterrir à toute vitesse auprès du sol. Quelques pas arrachant à Magna les derniers mètres nous éloignant du rempart. Nous arrivons à une porte, deux miliciens l’encadrent. Ils nous regardent avec l’air méfiant de ceux qui voient venir de Magna la lie du monde.
Je traverse la porte avec ma passagère sur le dos. Saluant les miliciens d’un clin d’oeil malicieux. Et non, je ne suis pas le dernier Daken à la mode…
Ils nous suivent du regard, bouches bées.

-Je vais devoir me retransformer.

Non sans préciser qu’il me faudrait un endroit couvert, afin de ne pas exposer le corps nu de ma forme humanis à tous les regards. Les humanoïdes sont pudiques…

-A moins que tu ne veuilles traverser Cerclon sur mon dos.

Répondant à mon appel désespéré, une auberge moderne avait son enseigne non loin de la porte, elle clignotait, signe que cette soirée était sous le signe des lumières fugaces. Je m’y dirigeais jusqu’à constater la porte deux fois trop petite pour mon gabarit. Un soupir échappa à mes branchies exaspérées. La forme humanis a ses avantages, c’est vrai. Je devais admettre que mes deux jambes me manquaient en cet instant précis.

Voilà le rempart qui se présente, après l’atterrissage. Le dragon continue son chemin à pied. Kim est toujours solidement cramponné à lui, la tête pleine de sensations aérienne. C’est un grand sourire amusé qu’elle lance aux miliciens, accompagné d’un signe de la main. Puis elle se tient droite, la tête haute pour franchir la porte fièrement.

- Oui est alors ? répondit t-elle

Elle descendit de son dos pour continuer à pieds, ses jambes encore tremblantes sous l’effet de l’adrénaline, et elle ne peut pas s’empêcher d’afficher un visage souriant, ce qui n’est pas franchement dans ses habitudes.

*Se transformer…  Se transformer …*

Un coup d’œil aux vêtements dans la gueule du dragon lui permet de faire le lien.

- ah euh oui d’accord … dans ce cas, je… j’ai cas me tourner hein. Ou sinon…  je t’attends à l’intérieur ça te va ?

Kim rentre dans l’auberge.
L’ambiance est singulièrement différente des troquets qu’elle fréquente d’habitudes. Le lieu est compartimenté par des douces lumières colorées, rouges, violettes, jaunes, bleues… A chaque zone son ambiance.
Un comptoir sphérique se dresse au milieu de la salle, un alliage de verre, de lumière néon et de pierre. Dans la salle, 3 robots barman s’affaire pour le service ponctuant les conversations de leur voix synthétique.

Kimi repaire un mange-debout un peu à l’écart, elle traverse la pièce et s’installe sur l’un des tabourets a peine est-elle assise, que la table s’allume lui présentant tout un tas de menus vantant les mérites de leur cocktails. Elle souffle en agitant la main faisant disparaître les publicités, puis parcoure la carte.
Elle écarquille les yeux découvrant le prix des consommations. Finalement elle se lève et fais un pas vers la sortie, mais dans son élan elle bouscule un homme charpenté qui semblait attendre là depuis un moment.

- Alors ma jolie, on s’en va déjà ? Laisse moi t’offrir un verre si y a que ça pour te retenir.
- Nan c’est bon pousse toi !
- Oh là ! Farouche ! J’adore ça ! Allez juste un verre et après je te laisse tranquille.
- Non.

Il pose une main sur son épaule tandis qu’elle le dépasse. Sa réaction ne fais pas attendre, instinctive, elle attrape sa main et effectue une clé de bras, forçant l’homme à se mettre à genoux, celui-ci fait une grimace de douleur.

- ok ok j’ai compris, souffle t’il difficilement.

Elle relâche sa prise et reprend son chemin vers la sortie, se disant qu’il pourrait surement trouver un endroit moins chère et mieux fréquenté.

Un sourire plein de dents, je la regarde disparaître quand la porte claque dans son dos. Je suis seul, au coin de l'auberge, je regarde à gauche et à droite. Personne. La nuit, les chats sont endormis... Ce n'est pas ça le dicton ?
J'enfile mon pantalon, mon blouson, jette par dessus mon épaule mon sac élimé, je n'ai rien de mieux à me mettre. Dans mon sac, une paire de chaussures légères de rechange, de celles que je porte plutôt dans les zones arides, remplacent mes bottes perdues. Je vais être obligé d'en racheter, mes maigres économies pourraient me contraindre à une nouvelle visite de l'arène. Je pensais l'avoir mise derrière moi.

J'ai l'air d'un vagabond avec mon torse nu sous mon blouson. Mon pantalon me démange à des endroits stratégiques, je me sens sauvage dans un vêtement inadapté à ma nature. Mes pensées me distrayent et je me fais bousculer par un homme qui se masse le bras.
Comète le suit, d'avis de quitter l'endroit au plus vite. Je la retins en me mettant sur son chemin.

-Ils t'ont déjà chassé ?

Je suis admiratif de ses talents innés à se faire détester de tout et tout le monde, et je ne loupe pas l'homme qui s'en va furibond derrière moi. Je m'essaye à un sourire espiègle, lorgnant vers le bar avec l'envie de m'asseoir et d'oublier les ruelles de Magna.

Elle fait son effet cette Comète, où qu'elle aille... Quelques regards sont tournés vers nous, des hommes des femmes et des créatures au genre indéfini. Leur curiosité doit être piquée au vif avec cette fille un peu bourrue et le grand dadet à moitié habillé avec elle.
Pour un peu que ce même grand dadet se fasse casser une rotule, il n'y a qu'un pas.

-Avec tout Magna à notre recherche, je préfère me poser ici quelques heures le temps que ça se tasse.

Direction droit devant, la sortie est proche. La porte s’ouvre en grand sur le dragon redevenu humain. Le jeune homme à l’allure d’un motard aux aboies avec ses vêtements usité, et sa veste porté à même la peau. Un air d’enfant à la dégaine de voyou avec toujours cette aura impalpable autour de lui qui pousse à la contemplation. Kim fixe son regard sur son torse dénudé, et ses joues rosies trahisse sa pensée. Verdict : ce n’est pas pour lui déplaire.

*hum, hum… allo la terre ! Kim réveille toi ! Bouge toi !*

- Range moi ça tu vas créer une émeute ! fit elle en levant les yeux aux ciels, je pensais pas avoir affaire à un exhibitionniste quand je t’ai secourue.

Ça lui était égal en vérité qu’il se balade torse nu, mais les regards insistants des autres clients par contre…

- Ils t'ont déjà chassé ?
- C’est mal fréquenté ici, et hors de prix, on trouvera mieux ailleurs ! fit elle d’un air entendu.

Et voilà qu’il sourit maintenant….
Un sourire asymétrique qui met en lumière son air malicieux. Kim fuie son regard, relevant ostensiblement la tête, pour se donner un air indifférent qui ne trompe pas beaucoup l’assemblée.

- Avec tout Magna à notre recherche, je préfère me poser ici quelques heures le temps que ça se tasse.
- Sure ? Non parce que bon… C’est cher, mais après tout ça m’ait égale c’est toi qui régale…

Kimiko s’installe au bar, ignorant les regards qui continues de les suivre, mais prête à sortir les poings au moindre frottement sur son épaule. Les capteurs du barman les repère, il se dirige vers eux, faisant un bruit de mécanique mal huilé.

- Que puis-je vous servir ? demanda la voix synthétiques.
- Bière pressions pour tout les deux.

Au pire s’il ne boit pas de bière… elle en aurait deux

- Au faite l’exhibitionniste à un nom ? demanda-elle d’un air détaché. Après une pause elle reprit. Non parce que admettons que je doive t’interpeller dans la rue … j’ai bien que trop de monde se retourne en t’appelant l’exhibitionniste.

Le robot barman ouvrit la trappe de son abdomen, en sortie deux verres propres, et un tuyaux. Les resservent de bière étant directement dans son estomac, le service est rapide.

- à la tienne ! fit Kimiko en empoignant sa bière la tenant devant elle pour trinquer.

En guide de réponse, un sourire. Mon blouson est toujours ouvert et je m'installe avec elle sans mot dire. Cette veste est bien mieux ouverte et une pression c'est bon partout où on l'a prend. Mieux si on la boit avec quelqu'un.

-Qui te dit que tu auras à m'appeler en pleine rue ?

Enigmatique, je lâche un nouveau sourire et j'empoigne ma bière.
Elle boit et moi aussi. Rafraichis, je regarde le barman extraire de son rangement ventral d'autres bières pour d'autres clients. Le bar ne semble pas prêt à désemplir malgré l'heure tardive.

-De toute cette soirée, c'est la seule chose qui te vient à l'esprit pour me surnommer...

Je vérifiais l'état de ma main et par principe l'essuyais sur mon pantalon. Je la lui donnais volontiers pour une poignée amicale, j'espérais qu'elle scelle une bonne fois pour toute notre bonne entente. Elle avait assez de mordant pour mériter qu'on soit clairs tous les deux dès le départ pour décider qu'on ne tenterait pas de se taper dessus tant qu'on aurait pas eu notre quota de bière.

-Aeldrynn. Et toi ?

Peu importe son nom, dans mon esprit elle resterait "Comète, ma sauveuse qui se cache dans une cave remplie de dessins d'enfants". A la fois touchante et dangereuse, fragile et innaccessible.

-Magna sur les dents, on devrait se mettre au vert. Faire un truc loin de cette ville quelques jours, un truc qui paye ce serait mieux.

- Kimiko. Enchantée. Tu peux m’appeler Kim si tu veux.

Aeldrynn, ça sonnait ancienne comme nom elle se demande qu’elle âge il peut avoir. Il avait surement eut le temps de vivre dix fois ou encore 100 fois sa vie… C’était p’tête ça ce côté absent… Kim se perdit dans la brume dans sa bière inspirant le parfum particulier de l’orge. Son reflet la regardant d’un air absent, elle vint troubler la surface du liquide en y trempant ses lèvres. Accoudée d’un bras sur le comptoir, tenant sa tête avec son poing fermée, Kim fut troublé dans ses réflexion par la voix d’Ael elle était douce et fraîche comme… Une pluie d’été.

- J’sais pas je m’éloigne jamais beaucoup Magna, ma vie est là bas. En même temps Pingoo avait l’air sacrément remonté.

Quoique bosser ailleurs lui ferait le plus grand bien… Partout où elle allait, elle voyait des souvenirs, des silhouettes fugaces se dessinant dans le coins de son œil, comme si Esmée était toujours là, partout et nulle part à la fois.

- C’est d’accord, mais je te préviens, je ne chasse pas, c’est carrément pas mon truc.

Elle pouvait tout accepter comme mission à part celle qui demandait de tuer des animaux… Tuer un homme sil les raisons sont suffisante par contre…

- Dis moi si t’étais capable de te débarrasser de ces types tout seul, pourquoi tu nous a incité à fuir ? non c’est vrai quoi ! Vu ta taille tu les aurais vite calmé.

Kimiko balla le reste de sa bière, laissant filer une goutte au coin de sa bouche qu’elle essuya ensuite d’un revers de la main.
Sa cinquième bière de la soirée… Son esprit se drapait d’un voile, sa tête dodelinant doucement, elle sentait le comptoir l’appeler, elle avait envie de s’y lover, mais au lieu de ça elle appela le barman et demanda à être resservit.
Elle regarda Aeldrynn en plissant les yeux.

- Et je veux la vérité hein ! pas de baratin de dragon millénaire… Je suis pas une gamine qui gobe n’importe quoi.

Voilà le filtre de ses paroles étaient levé… elle parlait sans vraiment réfléchir.