La ruelle aux milles étoiles

Spoiler:

L’auberge était simple, un décor minimaliste fait de bric et de broc, du bois, un foyer, des tables et des bancs usés, la chaleur y était suffocante et le bruit assourdissant. On y riait, on y mangeait. Là un couvert tinte, il rebondit sur le sol, là-bas le rire d’un homme, plus loin encore, l’homme ivre exige et s’affale en fracas à côté d’un haut tabouret. Le bar est plein est à craquer.

J’entre et me faufile. Ma place est loin de l’âtre dont les flammes me donnent des suées, il n’en faut pas plus pour qu’on m’apporte un bol chaud et un pichet de bière. Le tout englouti en quelques bouchées, je paye et je m’en vais.

Il fait sombre. Il fait toujours nuit. Sans étoile ni lune, Magna là où même les maisons sont en concurrence.

Je suis dehors et en quelques minutes je suis à la fois suivi et bousculé dans une ruelle.
La nuit se referme sur moi et mes agresseurs. Acculé à un mur, je me plie en deux, un poing s’enfonce dans mon abdomen.

La nuit se pare d’étoiles sous les insultes de ces forcenés. Ce n’est pas ma journée…
Entre les astres je perçois trois créatures masquées.

L’une d’elle sort un couteau et plus ça va et moins j’aime cette journée. La lame brille à la faible lueur d’une lanterne. Elle obstrue toute ma vision, car c’est par elle que tout pourrait mal finir.

Kimiko remuait ses idées noires, assise prêt de l’âtre de la taverne, elle rechargeait ses batteries. La chaleur l’irradiait comme pour consoler son âme meurtrie. Lasse, elle buvait sans l’ombre d’un sourire, sa quatrième peinte d’une boisson populaire.

*Esmée… Esmée…*

Le souvenir de sa sœur la hante… Elle s’essuie la bouche du revers de la main et claque sa peinte sur la table d’un geste violent.

- Tavernier une autre ! fit-elle d’une voix forte
- Attends, c’est déjà la cinquième là t’as de quoi payer au moins ?

Kim fronce les sourcils, et glisse une main dans sa poche, elle en sort une poignée de pièce en bronze qu’elle jette sur la table de façon désinvolte.

- Y a pas assez, fou moi le camp d’ici ! Tout les soirs tu me fais le même coup, je veux plus te voir compris ?

Elle se lève, une posture droite et affirmé, pas l’ombre d’un vacillement dans sa démarche. Les mains dans les poches, le dos vouté, elle regarde le tavernier avec défiance. L’espace d’un instant elle pense en venir aux mains. Le tavernier doit le sentir car il recule d’un pas.
Finalement elle hausse les épaules, et sort de la taverne, indifférente.

En sortant Kim frappe de la pointe du pied une poubelle à moitié vide, tout en soufflant. Elle lève la tête vers la voûte céleste, le ciel est beau, on pourrait presque oublier toutes les horreurs qui se produisent en dessous. Que faire de sa vie à présent ? Que faire quand on a plus personne à protéger ?… tout parait si fade.

C’est alors que des éclats de voix la tire de ses pensées, des insultes. Kim marche à l’instinct, c’est presque mécanique chez elle, elle ne peut pas s’empêcher d’accourir, s’attendant à voir Esmée en proie avec des voyous de bas étages, comme a son habitude.

Elle arrive dans la ruelle en question, la déception s’affiche sur son visage quand elle découvre que la victime ne ressemble pas tout à fait à sa sœur. Qu’importe, elle avait bien besoin de se défouler, pour déverser sa rage à la face du monde.

Kimiko se concentre, une douce sensation de chaleur irradie ses bras, tandis que des formes tribales évoquant le chaos se dessinent sur sa peau. La lumière se concentre dans ses mains alors qu’elle fonce à vive allure sur les agresseurs.

Ils sont trois, armées de couteaux de petits calibres. Le premier la voie bien venir, aveuglé, il n’a pas le temps de trouver une parade, que le poing lumineux percute son visage aux facies de prédateur, il s’écrase au sol dans un bruit sourd. Le seconde tente de lui envoyer son couteau dans l’abdomen tandis que le 3éme est resté concentré sur sa victime.

Kim évite de justesse la lame, et envoie une petite projection de lumière sur la main tenant le couteau,. Sous le cou de la douleur, il lâche la lame. Démunie, il fait un adversaire facile. Bien que de fois plus large qu’elle, ses mouvements sont lents et prévisibles.  Uppercut, le voilà au sol aux côté de son comparse au faciès démoniaque.

Plus qu’un, elle espère qu’elle n’a pas était trop lente pour le secourir, et que l’homme derrière elle n’a pas reçu de coup. Elle se retourne, prête à en démordre avec le dernier assaillant, elle en veut encore, le feu du combat brûle dans ses yeux.

Une étoile filante écrasa referma sa colère sur les assaillant. Un couteau tomba et le seul encore en possession de l’un des voyou, trembla. Il évaluait le danger, cette femme avec sa peau parsemée d’étoiles. Il l’avait déjà vu, une bagarreuse qui sentait la bière et le feu de bois…
Je profitais de sa distraction, le bousculant d’un coup d’épaule.
Mon genou s’écrasa dans son ventre et le dernier couteau s’envola dans une poubelle. Je l’entendais gémir sur le sol. De peur qu’il n’alerte ses comparses dans les ruelles alentours, je claquais ma semelle sur son crâne, lui faisant le don d’une commotion en échange de son silence.

La ruelle puait l’huile et la sueur. Et ma sauveuse se débattait avec sa rage intérieure à moins d’un mètre de distance.
J’aurais pu lui tendre la main, sourire, me présenter et faire ami-ami. Ce n’est que parce qu’elle méritait au moins un peu de respect que je lui tendais une mains non hostile, essuyant au coin de ma bouche un filet de sang avec l’autre.

Des bruits de pas en nombre se firent entendre. Je soupçonnais nos comparses d’avoir un guêtteur qui nous avait vendu à leurs complices. La course des brigands s’intensifiait tandis qu’ils s’approchaient. Nous n’avions pas le temps de faire les présentation. Tant mieux, je n’étais pas doué pour ça.
Je filais au devant d’elle, ouvrant la voie qui devait nous épargner une mort certaine.

Dans ma précipitation, je bousculais un éclaireur, lui fonçant dedans à toute allure, il s’en trouva les quatre fers en l’air mais assez d’esprit pour sonner l’alerte.

Il n’y avait pas trente-six solutions pour leur échapper. Les petites ruelles en grand nombre étaient à la fois une sécurité et un risque. Nous pouvions les semer dans le dédale, ou bien nous enfermer dans un cul-de-sac par erreur…
Je m’engouffrais dans les ombres de Magna avec, je l’espérais, la jeune femme non loin derrière.

Celui qu’elle croyait secourir s’en sortait bien, il avait lui même désarmé son agresseur. A vrai dire il n’avait rien d’un gringalet, le surplombant d’au moins une tête, l’éclat de ses yeux émeraude semblait venir d’une autre contré. Il mit fin à l’état de conscience de son agresseur sans sillé.
Kimiko ne s’attarda pas davantage sur l’apparence de sa BA du jour, son envie d’en découdre la dévorait comme un feu sacré.  

*Qu’ils se relèvent et vite !* pensa t’elle, se refusant de frapper un homme à terre.

Elle ne faisait que s’échauffer elle effectua un petit pas de côté bondissant d’un pieds sur l’autre, les bras en garde relevé. Quand une main saisi son poignée et l’entraîna.

Elle allait à protester, lorsque son regard s’accrocha sur une silhouette dans l’ombre. Ces voyous ne devait pas être seul, ils pourraient très vite se retrouver assaillit en nombre. L’idée ne lui déplaisait absolument pas, elle n’avait rien à perdre, mais… Elle n’était pas seule dans cette histoire.  Kimiko tarie les lumières sur sa peau, redonnant à la ruelle la pénombre qui lui sciait. Elle avait déjà utilisée une bonne quantité de pouvoir, c’était surement plus sage, elle ne serait peut être pas à même de venir à bout d’un gang au complet.

Kim se laissa donc guider dans ce quartier, qu’elle connaissait comme sa poche, tant elle l’avait arpenté. Le jeune homme chargea un éclaireur qu’il renversa sans rencontrer de réelle résistance. Puis, il s’engouffra dans une ruelle.

Elle le suivait se demandant s’il était du quartier. La réponse arriva bien vite lorsqu’il prit à droite dans une ruelle qui donnait après une longue traversée sur un cul sac, un vrai coupe gorge. Elle le rattrape in extremis, posant une main sur son épaule pour le pousser à se retourner.

- non, chuchota t-elle, pas par là. Suis moi.

Cette ambiance la grisait, avec tous les dangers qui les guettaient, l’odeur de la nuit, l’adrénaline… Elle avait fait sa toute sa vie, et pour rien au monde elle n’arrêterait, cette soirée c’était du pain béni pour elle.

Elle prend les devants, empruntant des chemins inattendus, des raccourcis qu’elle s’était créé au fil de ses escapades. Malheureusement les dangers qui les guettaient étaient nombreux. Elle avait un ou deux mètres d’avance sur le jeune homme. Ils débouchèrent à un croisement. Les  pas feutrés  de la jeune femme et ainsi que sa tenu sombre lui conférait une discrétion non négligeable.  A l’angle de la rue deux voyous était en vive discutions se dirigeant vers eux.

Kim rebroussa chemin aussitôt, sans dire un mot, elle attrapa le jeune homme par sa veste et le plaqua contre un mur, dans une zone exsangue de lumières. Elle pressait sa main sur la bouche de celui-ci, pour qu’aucun mots ou expression n’en filtre. Accrochant son regard au sien, elle lui intimait de lui faire confiance à travers ses yeux.

Peut-être y avait-il les effets du vins là-dedans, mais elle m’apparut comme une comète. Une étoile filante traversant l’atmosphère au milieu de la nuit. Eteinte avant de toucher l’horizon. Je la suivais à l’instinct et au son de sa course dans les ruelles. Mes yeux ne percevant ni les détritus au sol, ni l’angle des murs dans les ruelles toujours plus étroites qu’elle nous fit prendre.
Je suivais la Comète éteinte, un peu comme on pourchasse la nuit. Puis, dans les ténèbres, elle me cloua à un mur. Doté de force pour un si petit gabarit, je fixais son regard. L’imaginant au delà des ombres. Sous sa main, mes lèvres esquissaient un sourire. Les voyous passèrent sans nous voir, ni nous entendre. J’écoutais le son de leur pas s’effacer dans l’avenue, mon coeur tambourinait en choeur avec les secondes.

La voie fut libre et je la fixais toujours. mon sourire s’élevant jusqu’à mes yeux. Je pouvais le sentir, cette fuite avait grisé nos sens, plus efficace qu’une rasade d’alcool. Je le voyais à nos souffles courts et l’énergie dans nos muscles.
Elle était si proche, que je pouvais sentir ses fibres tendues.
Avec tout ça, Comète ne pouvait nier l’évidence : nous avions adorés ces quelques instants dans les ténèbres de Magna.

Ses doigts quittant ma bouche, je ne désarmais plus mon regard. La course avait réveillé un coeur de rage. Deux animaux libres percevant l’autre.

Le temps s’arrête, Kim se noie, elle perd pied, elle suffoque au milieu d’un océan couleur émeraude, son cœur battant à tout rompre. Les poils sur sa nuque se dresse alors que l’air se déplace sur le passage des deux voyous. Kimiko est figée dans cette pose tétanisée par l’adrénaline, elle sent le sourire du jeune homme s’étirer sous ses doigts. Elle retire sa main brusquement, le rouge lui monte aux joues, heureusement pour elle, l’obscurité cache ses couleurs.

* Pourquoi… pourquoi sourit-il ?*

Kim se détourne de son regard insoutenable. Elle s’éloigne vérifie qu’il n’y plus personne, mais d’autres pas se font entendre derrière eux accompagné de jurons et d’indications sur la façon de se répartir. Ainsi ils ne les avaient pas semé. Suivant son instinct, elle prit l’inconnu par la main, l’entrainant de plus belle.

Ils se rapprochaient d’un endroit stratégique, il fallait qu’ils mettent un peu distance avec leurs poursuivant.
Une fois fait, Kimiko les conduisit dans l’endroit en question Elle déplaça une énorme caisse dévoilant une trappe. Elle la fit glissé et descendit une échelle branlante. On n’y voyait pas à 1 mètre, Kimi se mit à briller légèrement, juste assez pour permettre au jeune homme d’y voir clair pour la rejoindre.

- Ferme la trappe.

L’endroit était humide et peu profond, une odeur de renfermait flottait dans l’air, dans le fond d’énormes tonneaux renfermaient de l’alcool. Kim reprenait son souffle, s’approchant des mur, elle effleura des inscriptions dessiné à la craie au milieux de dessins d’enfants à moitié effacé par le temps, on pouvait lire « Esmée était ici, Kimiko aussi ». Elle sourit tristement. Puis se tournant vers l’inconnu elle se met à chuchoter.

- Je peux savoir ce que tu leur à fait pour qu’ils te lâche pas comme ça ?

C’était elle tout craché… droit au but,  pas de : « hey salut comment tu t’appelle au faite moi c’est Kim »

Elle repart, la distance moins grande entre nous, je lui cède mon bras sans me faire prier. Jusqu’au tunnel, d’abord les ombres plus épaisses se referment sur nous au son de la trappe verrouillée. Puis, la lumière, douce et irradiante. L’étoile filante sous mes yeux, elle exige des réponses avec ce regard sombre baigné de détermination.

Je croisais les bras, dévoilant une certaine admiration pour cette petite créature qui survie dans un quartier dessiné pour et par des brutes.

Elle a un sacré coup de poing.

Mon instinct me dicte de jouer la carte de l’humour, une pique, un cynisme protecteur rétablirait une ligne de séparation entre la Comète étrangère et moi. Je devais être aussi curieux qu’elle, car j’étais encore là. Face à elle, mon sourire déclinant à peine en apercevant la poussière et les toiles d’araignées.

Curieux, car elle me plaisait avec son regard dur et ses airs de brutes. Pourtant, son visage me semblait doux. Le genre de fille qui sauve un inconnu dans la rue en usant de ses poings et du feu irradiant de son corps.

-Ils ne doivent pas aimer quand les braqués se rebiffent…

Je n’ai rien fait, je me suis fait braquer. Elle est arrivée et nous voilà dans une cave, dans Magna. C’est glauque.

-Ils t’en veulent sûrement autant qu’à moi.

Je regarde l’endroit, les tonneaux, les vestiges et l’allure de cette cave.

-Où sommes-nous ?

Kim fronce les sourcils ayant peine à croire qu’il se soit juste trouvé au mauvais endroit au mauvais moment.
Finalement, elle hausse les épaules, après tout c’était Magna, rien n’est impossible. Il émettait une hypothèse assez juste avec tous les problèmes qu’elle avait créé dans le quartier, elle s’était fait une certaine réputation, ils rêvaient pour la plupart de la voir morte.

- C’est une ancienne planque de contrebandier, je crois. Les proprios on eux-mêmes on oubliez l’endroit. Je suis tombé dessus quand j’étais gosse, elle nous a sauvé la mise un paire de fois… D’ailleurs, tu serais étonné du nombre d’endroits comme ça dans le coin.

Sur ce, elle s’assit à même le sol, un peu désinvolte, une jambe replié un coude posé dessus, elle glissa une main dans sa poche et sorti un paquet de cigarette. Elle en proposa une au jeune homme, avant de faire chauffé le bout de la sienne à l’aide de son index lumineux. Elle inspira une longue bouffée, sa gorge la chatouillait légèrement, mais elle se sentit instantanément plus calme.

- y a plus qu’à attendre qu’ils se lassent ça devrait pas être long.

Ses tatouages clignotaient, « ses batteries » étaient pratiquement à plat. Les tatouages changeaient, ils passaient d’un chaos désordonnait à des motif harmonieux et régulier. Enfin ils s’éteignirent.

- Désolé, je garde de la réserve pour s’il nous retrouve. T’aurais pas de quoi nous éclairer par hasard ?

La pénombre ne la dérangeait pas temps que ça, mais après tout elle ne savait pas avec qui elle était, si ça se trouve y cache bien son jeu et pourrais se retournait contre elle.

- Tu faisais un truc en particulier dans le quartier ? lança t’elle sur le ton de la conversation.

Le temps allait être long, autant se parler tout de suite.

-Etonné, je ne sais pas. Au moins ça explique ton sens de l’orientation hors paire.

Je me tus car les mots qui seraient sortis de ma bouche étaient inintéressants. Le silence m’allait bien. Sa voix filait en une question qui n’attendait pas de réponse et j’entendais sa cigarette grésiller dans la faible lueur de son corps illuminé.

Le repaire était laissé à l’abandon, un coup d’oeil aux tonneaux ne m’apprit rien sinon qu’ils contenaient sûrement un trésor d’eau-de-vie laissé là par des gens pressés mais non dénué d’humour. Un tonneau comme celui-là valait de l’or sur un marché d’amateurs. Seul problème, savoir de quoi ce qu’il contient est fait.
Les arabesques lumineuses disparurent, la douce pénombre avalée par la nuit, je devinais la présence de la Comète au rougeoiement de la braise de sa cigarette.

Un temps interminable s’écoula sans que je ne cherche à lui faire la conversation. Je n’étais pas doué pour ça. Je cherchais à m'occuper en inspectant le peu qui était visible dans la cave.

Heureux d’être encerclé de nuit, elle ne me voyait pas à quatre pattes à chercher auprès des tonneaux d’où venait le bruit d’eau que j’entendais distinctement en m’étant approché du stock oublié.

- Je dinais à magna, j'avais trouvé une chambre chez une logeuse du quartier. Je pense qu'elle a donné ma place à quelqu'un d'autre maintenant...

Un fil de lumière perçait une planche recouverte d’une antique couverture. De la terre et de la poussière avaient si bien transformé le textile qu’il se fondait avec le mur comme s’il était fait de torchis également.

-J’ai trouvé la sortie de secours.

Je repoussais le linge qui tomba en lambeaux, soulevant un nuage de poussière opaque. La lumière d’une lanterne dont la flamme était soulevée par les vents perçait dans les interstices.
La poignée avait disparue, rongée par les insectes et le temps, pour sortir il fallut arracher au bois des morceaux entiers pour y passer une main. Alors, les planches basculent accrochés aux gonds encore assez solides dans le mur. Une rue face à nous et le canal au loin. Cerclon à quelques kilomètres nous tendait les bras.

- Tu accepterais un verre offert par un type qui t'est redevable si on atteint Cerclon sans se faire tuer à mi chemin?

Ok visiblement il n’était pas du genre bavard, c’était pas plus mal finalement.  
Kim laissait sa cigarette se consumer tirant une dernière bouffée qu’elle expulsait bruyamment, sans dissimuler le plaisir que ça lui procurait.
Il était pas le genre à tenir en place non plus on dirait, au vu des bruits qu’elle entendait, comme s’il fouillait.

- une logeuse ? pour une nuit ou tu cherchais à t’installer dans le quartier ?

Elle éteignit sa cigarette au sol, prenant un instant pour réfléchir, une idée saugrenue lui traversait la tête mais elle se garda bien de la partager. Elle ne pouvait décemment pas proposer de l’héberger quelques jours… c’était un parfait inconnu et allait savoir ce qu’il pourrait s’imaginer. Son esprit chevaleresque pourrait bien causer sa perte un jour.
Et pourtant…
Une raie de lumière la tire de sa réflexion. Qu’est ce que c’est ?

Kim se lève pour voir ce que l’inconnu fabrique et elle en reste bouche bée. Depuis toutes ses années, elle n’avait jamais vu cette issue. Faut dire que lorsque qu’elle trouvait refuge ici avec sa sœur,  elles passaient des heures à refaire le monde et à s’inventer des jeux, elle n’avait pas cherché d’autres issues, puisqu’elles se sentaient à leur place dans cet endroit...

La voie était libre.

- Oh que oui…

Son sauveur. Elle, qui n’avait plus une pièce en poche, et qui s’était vu refuser une bière tout à l’heure. Au moins elle n’avait pas perdu sa soirée en lui venant en aide…

- Une vie peut valoir deux verres peut être ? tenta-elle hardi.

C’est que… Kim a soif.
Elle s’engouffre dans le chemin, arrachant toutes les toiles d’araignée sur son passage, elle retient sa respiration le temps de la traversé. Une fois dehors elle s’époussète en regardant les alentours. Personne. Elle s’avance le canal en ligne de mire, il fallait qu’il trouve un endroit pour traverser.

Soudain elle ne sent plus ses pieds toucher le sol.  D’épais filin lui coupe la circulation des bras, elle est suspendue au bout d’un fil, pendu par les bras à un réverbère. Elle n’a strictement rien vu venir. Dans le ciel, un espèce de pingouin aux ailles noir et au visage déformée effectue une danse de la victoire en riant.

- Hihihi vous croyez quand même pas vous en tirer comme ça ? hein Kimi ?
Kim arque un sourcil interrogateur, pas plus affecté que ça par cette situation. – euh … t’es qui toi ?
Le pingouin n’a pas l’air d’apprécier sa question, il s’énerve et se met à gesticuler.
- quoi tu rigoles, c’est pas la première fois qu’on s’affronte
- désolé… mais la je vois pas… un pingouin aillé… ça me dit vraiment rien.