Le temps que je percute... [PV Arcanta][CLOS]

Je marchais tranquillement, flânant à travers les rues de Tern, ce qui était plutôt inhabituelle pour moi. En temps normal j'aurais été en train de protéger une personne ou me serais acquitté d'une autre tâche en lien avec le mercenariat, mais aujourd'hui je n'avais trouvé aucun travail qui n'en vaille la peine.

Je passais donc le temps, me promenant dans la ville, observant les différents magasins et autres immeubles qui m'entouraient, chacun m'étant familier. J'avais vécu de nombreuses années à Tern et j'en connaissais chaque recoin pour l'avoir visité de fond en comble. Malgré tout, je restais méfiant car c'était dans les lieux qu'on connaissait le mieux qu'on se relâchait le plus et où l'on risquait d'être surpris.

*Trop de monde, il y a trop de monde* Pensais-je pour moi même.

Je n'aimais pas les bains de foule et aujourd'hui j'avais l'impression que tout le monde s'était donné le mot pour sortir.

Cette situation était plutôt risible je trouvais même. j'étais un solitaire évitant habituellement le contact avec les gens et pourtant, mon pouvoir était une formidable capacité pour suivre discrètement les gens et me repérer à travers cette vague humaine. Pourtant, je n'utilisais en général ce pouvoir que pour repérer un éventuel ennemi.

Je fendais la foule, bousculant parfois quelques personnes sans m'excuser et je décidais de m'arrêter aux abords d'un magasin. Je n'avais pas vraiment quelque chose de prévu à faire et quitte à passer le temps, je préférais le faire en regardant les différentes vitrines se tenant devant moi. Je regardais donc les nombreux produits offerts aux yeux des potentielles acheteurs, une manne de matériel électronique étant vendu par ce magasin de technologie dernier cris.

Pour un peu, je me serais presque sentis nostalgique à me promener ainsi, mais il fallait croire que mon passé m'empêchait de prendre quelque plaisir que ce soit à me remémorer d'anciens souvenirs.
Alors que je continuais la description du magasin, je repère la présence d'une petite fille s'approchant de moi puis la voit me percuter comme si elle ne m'avait pas remarqué.

-Pardon.

Le ton était sec et le regard effronté comme si elle souhaitait me défier du regard. Ce à quoi je répondis par un regard encore plus froid que le sien, affichant en même temps un visage impassible.

-"Quand on demande pardon à quelqu'un, on a au moins la bonté de ne pas dévisager son interlocuteur ..."

Ma voix s'était faite cinglante, je détestais les gens qui se croyaient supérieur et ce n'était pas une petite fille avec un étrange regard qui allait m'intimider.

Le jeune homme me fixa d'un regard glacial, plus glacial que le mien et qui me procura une sensation étrange, comme si un vent glacial avait soufflé le long de mon échine et me provoquait un frisson. Il n'était pas de nature robotique, pourtant il affichait une mine des plus impassibles, comme si cela ne lui faisait ni chaud, ni froid, que je l'ai percuté, drôle de bonhomme. Même si son regard avait trahi sa pensée, son visage ne laissait rien paraître. Était-ce là la façon d'être des humanoïdes ?
Malgré tout, il ne semblait pas avoir remarqué de quelle nature j'étais. Tant mieux.

-"Quand on demande pardon à quelqu'un, on a au moins la bonté de ne pas dévisager son interlocuteur ..."

-Je ne disais pas "Pardon" pour m'excuser, mais pour que vous vous poussiez.

Je gardais un ton ferme et froid, ce n'est pas un jeune homme de sa trempe qui allait m'intimider. Non mais ! J'ai beau avoir le physique d'une adolescente à la fleur de l'âge, j'ai tout de même une force qui dépasse les capacités de ces demoiselles. De plus, mon ossature est bien plus solide que celle des êtres de chair et de sang, ça fait mal quand je frappe !
Je gardais mes yeux d'un bleu irréel dardés dans ceux du jeune homme, je ne serai pas celle qui cèderai. J'ai une fierté et je suis plutôt du genre à ne pas lâcher le morceau.

-Donc, je vous demanderai de bien vouloir vous pousser. Merci.

"Merci" accompagné d'un petit sourire insolent, rien de mieux pour échauffer les nerfs des gens, je cherchais la baston, inconsciemment. Il aurait pu me prendre pour quelqu'un d'hautain, qui croit en sa supériorité, non, je ne suis pas comme ça. Je suis juste bornée et d'un caractère belliqueux qui peut m'attirer des ennuis...
Voyant qu'il ne bougeai pas, je continuai ma route, en lui percutant assez violemment l'épaule gauche. Un bruit étouffé de métal qu'on heurte se fit entendre. Je grimaçai, allait-il comprendre ? De toute façon, qu'est-ce que j'en avais à faire qu'il sache que je sois un androïde ? Même si j'appréciais le fait qu'il m'ait prise pour une jeune fille tout à fait normale, qu'il sache que je suis un androïde ne changeai rien à la donne.
Je l'avais provoqué. Et c'est sa réponse à ma provocation qui allait m'importer.
Je continuai ma route, regardant légèrement en arrière pour voir s'il répondait à ma provoc'.

-Donc, je vous demanderai de bien vouloir vous pousser. Merci.

Cette fille était vraiment insolente et odieuse, j'avais l'impression qu'elle cherchait le conflit et je ne comprenais pas pourquoi. C'était peut être son caractère mais même si c'était le cas, que cherchait-elle on affrontant les gens, croyait-elle vraiment être de poids face à moi ?

Alors que je l'observais toujours d'un regard glacial, celle-ci força le passage en me bousculant volontairement de l'épaule, un faible bruit de métal se faisant entendre. Une droide, pourtant elle ressemblait beaucoup à une petite fille, était ce pour cela qu'elle se sentait autant à l'abri du danger ? Elle était bien téméraire je trouvais car même les droides pouvaient "mourir".

-"Je me demande ce que tu cherches en me défiant ainsi ... le combat peut être mais qu'est ce que ça t'apporterait ? Tu me fais un peu penser à moi il y a quelques années, c'est pour ça que je ne prendrais même pas la peine de répondre à ces provocations. Je dois avouer que j'ai un peu pitié pour toi ..."

Je ne m'étais même pas retourné pour lui lancer cette phrase, mon interlocutrice ne méritait même pas que je lui accorde un regard et je commençais déjà à reprendre mon chemin. Ce n'est pas moi qui allait changer son caractère belliqueux, seule elle le pouvait. Enfin je n'avais pas que ça à faire que de perdre mon temps pour donner un leçon à une petite fille androïde.

Je m'étais retournée, il ne me suivait pas ! J'étais tombée sur un con qui ne prend pas le temps de répondre aux provocations... Hung, mais le con, ou plutôt la conne, ici, c'est moi. Provoquer un homme que je ne connaissais pas en espérant qu'il réponde m'apporterai quoi ? Je m'arrêtai, réfléchissant, allais-je m'excuser ? Mon orgueil allait en prendre un coup... Oh et puis zut.
Je fendis la foule pour le retrouver. Il s'éloignait ! J'accélérais donc le pas, me mettant presque à courir. Hey ! Un chien ! J'avais trop d'élan pour m'arrêter, je bondis au-dessus de l'animal et atterris un mètre plus loin, toujours à suivre l'homme, les gens se retournaient en me regardant bizarrement. La cape s'était entrouverte et laissait le froid mordre les capteurs de ma peau, mais en même temps, cela me gênait moins pour le suivre.
Le voilà, il avançait vite le bougre et la masse de la foule se resserrait autour de nous. Je bousculais plusieurs personnes afin de faire un détour et de me placer devant lui.

Je me stoppai en plein milieu de son chemin, réfléchissant à la manière de m'excuser... Je scrutai son visage, pour m'inspirer, puis je tendis ma main en sa direction.

-Je m'appelle Nowane.

Je le regardai à présent d'un air neutre, sans l'insistance de tout à l'heure et sans l'insolence qui allait avec, il devait me trouver étrange, mais qu'importe. Je devais m'excuser tout de même, il ne devait pas avoir de fausses idées sur moi... Le côté mature ressortait, eh ben oui, je ne suis pas une enfant, ou plutôt je ne le suis plus, même si j'en ai le corps.

-Veuillez m'excuser pour tout à l'heure.

Ayant reprit ma promenade, je commençais déjà à oublier cet incident et je reprenais ma marche à travers la ville. Je me perdais de nouveau dans mes pensées tout en restant aux aguets quand je vis de nouveau la jeune fille revenir, apparaissant devant moi. Que me voulait-elle, aimait-elle l'affrontement à ce point qu'elle me courrait même après pour me défier ? Non, son regard avait bizarrement changé, il s'était fait plus doux et il s'était défait de son espièglerie et de son insolence précédente.

Je posais alors mon regard sur elle voyant qu'elle me tendait une main apparemment amicale.

-Je m'appelle Nowane.

Je lui serrais brièvement la main, restant tout de même méfiant à ce qu'elle ne me la broie pas par une soudaine envie.

-"Enchanté, je m'appelle Arcanta ... Nowane c'est un très jolie nom je trouve."

Elle voulait me dire autre chose visiblement et j'attendais donc de voir ce qu'elle s'apprêtait à dire.

-Veuillez m'excuser pour tout à l'heure.

Elle venait de s'excuser, bizarre, mon discours avait-il eu l'effet voulu? Je ne pense pas que je pouvais m'enorgueillir de cela, c'était elle qui avait fait l'effort de venir s'excuser après tout. Mais j'étais content de voir qu'elle n'était pas aussi agressive qu'elle avait voulu le faire paraître.

-"Ce n'est pas grave, je peux comprendre, j'ai été un peu comme ça une période. Mais si la question n'est pas trop indiscrète t'est t-il arrivé quelque chose de triste pour avoir réagit ainsi ?"

-"Enchanté, je m'appelle Arcanta ... Nowane c'est un très jolie nom je trouve."
-Me... Merci.

Il a accepté mes excuses et en plus, il m'a donné son nom, alors qu'il aurait très bien pu m'envoyer balader, de plus, il "s'inquiétait" de pourquoi j'avais réagi ainsi et il trouve mon (sur)nom joli... Je restais un instant immobile et étonnée, puis me repris rapidement. Mes scanners brillaient d'un bleu un peu plus intense, quand je lui répondis, le sourire sur les lèvres, avec l'air d'une enfant heureuse.

-Je ne crois pas. Je ne sais pas. Il me manque huit années dans ma mémoire interne, donc...

Je grimaçai, je ne sais pas pourquoi, mais cela me gênait d'utiliser un tel vocabulaire devant lui. Mais bon, je n'y peux rien si je suis un androïde, j'aimerai vraiment être humaine, pour ne plus utiliser ce genre de vocabulaire, je n'aimais pas dévoiler et assurer que j'étais de nature robotique devant les humanoïdes.

-Tu dis avoir été comme ça, toi aussi, il s'est passé quelque chose de triste ?

J'avais penché la tête sur le côté, avec un air légèrement enfantin comme ce corps me permettait de faire. Si il m'avait demandé cela c'est que lui, il lui était arrivé une chose triste, non ? Sinon, il n'aurait pas posé la question...
Pour l'encourager à cracher le morceau je lui laissais apercevoir un petit sourire, ce n'est pas que je voulus lui forcer la main, mais je commençais à l'apprécier, même si nous n'avions échangé que quelques mots dont la moitié n'était pas très sympathique. Secrètement j'espérais que nous allions bien nous entendre, oui, j'espérais qu'on allais bien s'entendre...

-Je ne crois pas. Je ne sais pas. Il me manque huit années dans ma mémoire interne, donc...


Huit années de sa mémoire, ça faisant un petit bout de temps quand même et je me demandais quel âge elle avait en réalité. Cela se trouvait elle pouvait très bien avoir cent ans comme une dizaine d'années. Mais ce que je trouvais le plus étrange était sa réaction, souriante quand je lui avais fais un compliment sur son nom et grimaçante quand elle m'était en avant son côté robotique. Mais après tout je m'en moquais bien qu'elle soit un robot où une simple humaine, il y avait certes une nuance au niveau de la physiologie mais psychologiquement elle ressemblait vraiment à une petite fille et c'est ce qui importait. Certaines personnes considérait les androides comme des esclaves, moi je les considérais comme des personnes normales.

-Tu dis avoir été comme ça, toi aussi, il s'est passé quelque chose de triste ?

J'aurais du m'attendre à cette question, pourquoi avais-je fais référence de manière flou à mon passé. Mais bon ce qui était fait était fait, j'allais lui répondre mais pas de manière précise, je n'allais pas dévoiler ainsi mon passé à une inconnue.

-"Oui ... on va dire que j'ai perdu quelqu'un de très cher par le passé. Mais c'était il y a longtemps."

J'espèrerais que cette réponse lui suffirait, de toute manière si ce n'était pas le cas elle n'aurait rien d'autre.

-"Si j'ai bien compris tu es perdu à travers cette ville, ne sachant pas où aller ni que faire ? Puisque tu as perdu une partie de ta mémoire."

Il ne me regardait pas comme on me regardait auparavant, dans les bribes de mémoires qui remontaient à longtemps maintenant, on me regardait comme si j'étais un monstre, un regard plein de dédain et de dégoût. Lui me regardait comme si j'étais humaine, comme si j'étais une personne tout à fait normale... Je l'appréciais de plus en plus cet homme ! Un des seuls à ne pas me regarder avec mépris...

-"Oui ... on va dire que j'ai perdu quelqu'un de très cher par le passé. Mais c'était il y a longtemps."

-Désolée pour toi... ai-je dit avec une petite grimace de compassion, même si je ne comprenais pas la douleur que cela pouvait provoquer.

Quelqu'un de très cher... J'avais beau regarder dans ma mémoire, il n'y avait rien que je pouvais rapprocher à cela. Personne. Je me rendis compte que je n'avais pas nouer de relations comme une personne normale... Ou, que si j'avais noué des relations, cela devait se trouver dans cette mémoire effacée et donc je ne savais plus qui c'était... Dommage et affligeant... Tant pis. Je rencontrerai d'autres personnes.

-"Si j'ai bien compris tu es perdue à travers cette ville, ne sachant pas où aller ni que faire ? Puisque tu as perdu une partie de ta mémoire."

-En gros, oui... Le fait est que ce dont je me rappelles ne doit plus exister, car cette ville n'existait pas dans ma mémoire... Où sommes-nous exactement ?

J'affichais une mine dépitée, cela devait sembler étrange et stupide de ne pas savoir dans quelle ville on se trouvait, surtout, si d'après les dires de l'ingénieur, j'y avais passé 5 années complètes ! Bon, j'étais éteinte, mais quand même... Il aurait pu me programmer au moins les informations nécessaires à la vie de tous les jours à cette époque... Au moins. Je ne savais rien, je ne connaissais pas les noms des personnages les plus importants de cette nouvelle société, je ne connaissais pas le nom des villes les plus grandes, ni des quartiers les plus réputés. Il faudrait que l'on m'en informe, cet Arcanta me semble être quelqu'un de confiance à qui je pourrais demander ces informations, alors je semblerais un peu moins ignare...

Elle s'excusait pour ce qui m'était arrivé, c'était gentil de sa part mais si il y avait bien quelque chose dont je n'avais pas besoin, c'était bien la pitié des autres. j'avais appris à vivre avec ma douleur et j'étais arrivé à passer outre, ce n'était donc pas pour voir des gens être désolé pour moi. Mais je n'allais pas m'énerver pour cela, la jeune fille ne pouvait pas savoir que cela m'énerverait quelque peu, énerver étant un bien grand mot d'ailleurs.

-En gros, oui... Le fait est que ce dont je me rappelles ne doit plus exister, car cette ville n'existait pas dans ma mémoire... Où sommes-nous exactement ?

Ainsi elle ne savait pas où elle était, pourtant Tern était une grande ville très connu dans l'entre-monde. De plus cela m'aurait beaucoup étonné qu'elle soit assez âgée pour avoir été là quand Tern n'existait pas encore. Mais après tout c'était une androide, même si parfois je n'y pensais plus du tout.

-"Nous sommes à Tern, la ville technologique de l'entre-monde, étrange que tu ne t'en rappelles pas. Je suppose aussi que tu es complètement perdue et que tu ne sais pas où loger, ni où aller ?"

Je lui avais redemandé si il était perdu et si elle savait où aller. Je n'avais pas vraiment une âme de bon samaritain, mais maintenant que je l'avais rencontré je n'allais pas la laisser toute seul dans cette immense ville. Puis je me disais que vu son caractère lors de notre rencontre, ce serait une mauvaise idée de la laisser se débrouiller pas ses propres moyens. Même si ça ne me plaisait guère, j'allais faire l'effort de l'aider.

-"Bon ... au pire je veux bien te loger un moment le temps que tu te trouves un appartement ou que tu saches ce que tu veux faire. "