Balade solitaire... ou pas ? [pv Arcanta]

La journée avait commencée comme d'habitude par un levé de soleil magnifique qui avait embrasé l'air et coloré de rouge et d'or le paysage ambiant. Ys amait toujours cette ambiance matinale, celle ou les nombreux animaux et insectes de la région s'éveillaient de leur sommeil et se mettaient joyeusement à chanter et à remplir l'atmosphère de vie. La jeune femme s'était alors levée et avait continuée sa marche sans but qu'elle avait commencé dès son arrivée sur ce monde étrange et fascinant qu'elle avait découvert tout à fait par hasard, il y a dix ans.
Ses vêtements, déchirés à de nombreux endroits, lui offraient une marge de manoeuvre importante et lui permettait de se cacher grâce à leur couleur délavé. Elle aimait sa vie errante, sans liens ou chaînes avec la "civilisation". Certes, elle ne rencontrait jamais grand monde, et cela ne durait guère longtemps, mais ces rencontres marquaient toujours un évènement dans sa vie. De plus, à force d'avoir trainée un peu partout sa jolie silhouette reconnaissable de loin, elle connaissait une grande partie de l'extérieur, en oubliant les grandes villes dont elle ne s'était jamais approchée.

De toute manière, à quoi cela lui aurait-il servi ? Elle mangeait ce qui lui tombait sous la main, ce qui faisait qu'elle n'était pas du tout difficile, se contentant la plupart du temps de ce que voulait bien lui offrir la nature et la chance. Ses dix années passées dans ce monde lui avait beaucoup apprit, et elle ne se plaignait de rien. Seul un regret, celui de ne pas avoir sa famille avec elle, la rongeait. Mais en dix années, il devait s'être passé beaucoup de choses dans son monde d'origine, et sans doute que même si elle rentrait, personne ne la reconnaitrait.

Soupirant légèrement, Ys revint à la situation présente. Elle était sur une lande qui s'étendait à perte de vue, parsemée ci et là de bouquets d'ajoncs et de genêts qui embaumaient l'air d'un parfum familier à ses narines. Il n'en fallait pas plus pour que la nostalgie ressurgisse dans ses yeux gris délavé, avant qu'elle ne laisse son optimisme reprendre le dessus. Une folle envie de courir l'assaillit alors, et elle ne mit guère longtemps à obéir de bonne grâce à cette pulsion soudaine. Sautant et dansant tout à la fois, son rire frais et enfantin remplit le silence de la lande. Elle se sentait bien et voulait que cela continue. Au bout d'un moment, exténuée, elle s'affalla sur l'herbe rase et resta dans cette position pendant un petit bout de temps, perdue dans ses pensées.

Un bruit venu de sa gauche la mit derechef sur ses pieds. Tournant la tête, elle remarqua enfin un garçon qui devait avoir à peu près son âge et qui se dirigeait vers elle. Inutile de regarder de nouveau autours d'elle pour savoir qu'il n'y avait pas de cachettes possible, tout étant désert et plat. Elle se rassura alors en se disant que de toute manière, si jamais danger il y avait, elle pouvait courir très vite, ce qui n'était peut être pas le cas de celui qui s'avançait vers elle au vu de ce qu'il portait...

Arcanta venait de finir un de ces boulots qu'il avait pour habitude de faire afin de survivre. Parfois il pensait qu'un emploi stable serait surement mieux, mais il se connaissait trop bien et savait pertinemment qu'il ne tiendrait jamais. Il avait plutôt l'esprit aventureux et ne pourrait surement jamais se satisfaire d'une vie monotone, surtout qu'il en avait besoin pour occuper cet esprit qu'il savait plus qu'instable. La seule chose qu'il regrettait en ce moment était cette paye minable que son employeur lui avait donné. Bien qu'il ne s'agissait que d'un travail de coursier, le colis était soit disant important et il se serait attendu à une meilleure rémunération.

- "Arrête de te plaindre, au moins ça te permettra de survivre un peu plus longtemps."

Avisant qu'il avait besoin de se détendre, il décida de se diriger hors de la ville pour rejoindre les étendues sauvages, un lieu où il avait pour habitude de se rendre quand il voulait décompresser. Préférant ne pas utiliser ses ailes, il marcha, se dirigeant vers la lande qu'il avait repéré quelques jours plus tôt. Mais lorsqu'il arriva à proximité de celle-ci il fut surpris de voir une jeune demoiselle allongée dans ce lieu où il n'y avait habituellement personne.

Il nota que ses habits avaient vraiment l'air usés car déchirés en de nombreux endroit et en la regardant il supposa qu'elle devoir avoir une vingtaine d'années. Mais ce qui l'étonnait le plus c'est que ces vêtements offraient un contraste saisissant avec la beauté de la jeune fille, surtout ses yeux qui étaient comme deux aimants. Voyant que celle-ci avait repéré sa présence, il hésita un moment à la démarche à suivre. Il n'aimait pas vraiment le contact avec les gens, mais s'avança malgré tout vers elle, d'un pas serein. Arrivé à sa hauteur, il la regarda calmement, son visage ne trahissant aucun sentiment quelconque.

-"Je dois avouer être étonné de trouver quelqu'un ici ... pourtant je viens assez souvent par ici."

Arcanta continuait de poser son regard bleu azur sur elle, l'observant en cherchant une information qui pourraient lui être utile et le convaincre que cette personne n'était pas un danger.

-"Pardonnez ma curiosité, mais que faites vous ici ?"

Ys du se retenir de partir en courant, et laissa l'inconnu avancer tranquillement vers elle. Elle aurait sans doute du plus se méfier, car à présent, elle n'était plus du tout sûre que la fuite en courant suffirait à la mettre hors d'atteinte si danger il y avait. Se traitant mentalement d'idiote, la jeune femme garda son visage neutre. Pas question de se dévoiler devant un inconnu, et de plus, son futur interlocuteur en avait fait de même.

Lorsqu'il fut à sa hauteur, bien qu'à une distance raisonnable, ce dernier dit d'une voix grave et agréable à l'oreille :

-"Je dois avouer être étonné de trouver quelqu'un ici ... pourtant je viens assez souvent par ici."

Normal, Ys était habituellement en train de marcher sur les routes, et il était très rare qu'elle aille dans la lande, même si elle aimait beaucoup cet endroit. Et puis, d'humeur vagabonde, elle n'aimait pas rester en place et laissait généralement ses jambes prendre un chemin au hasard pendant qu'elle était perdue dans ses pensées.
Elle avait remarquée que son interlocuteur la regardait attentivement. Pensait-il qu'elle pouvait être dangereuse malgré ses vêtements élimés et le fait qu'elle n'avait aucune arme sur elle ? Peut être, en tout cas, cela prouvait qu'il avait un certain sens de la survie, tout comme elle, qui se méfiait de tout le monde. Après tout, les apparences étaient très généralement trompeuses...

-"Pardonnez ma curiosité, mais que faites vous ici ?"

La jeune fille se mit à réfléchir. C'est vrai, pourquoi était-elle ici ? Ses yeux gris plongé dans un horizon lointain, elle dit après quelques secondes d'une voix douce :

- Rien.

Ce qui était parfaitement vrai. Mais comment expliquer cela à quelqu'un qui n'avait aucune idée de ce qui se passait dans sa tête ? Penchant légèrement la tête sans se départir de son masque, elle demanda avec une pointe de malice :

- Et toi ?

Cela pouvait peut être le choquer que la demoiselle le tutoie directement, mais c'était naturel chez elle, surtout qu'elle se fichait pas mal des règles hiérarchiques et de politesse lorsqu'elle les trouvaient totalement stupide. Le vouvoiement faisait pour elle partit de cette catégorie. Ce qui expliquait aussi en partie pourquoi elle ne voulait ni avoir de travail ni aller dans une ville ou ces règles lui serait imposées...

Arcanta regardait toujours la demoiselle devant lui, faisant en sorte de ne pas la dévisager, mais il devait s'avouer que cela lui était bien égale si elle pensait cela. Il la décrivait cherchant à savoir quelle genre de personne elle était. Même si elle avait plus l'air d'une vagabonde non dangereuse, il avait toujours appris à se méfier de ce qu'il ne connaissait pas. De plus elle paraissait sur ses gardes et on ne savait jamais qu'elle pouvait être sa réaction.
L'entendant répondre à sa précédente question, il remarqua qu'elle possédait une voix douce et agréable et ne pu s'empêcher d'afficher un léger sourire amusé, même s'il paraissait faux.

-"Rien, je vois ... Quand à moi, peut être suis-je ici pour me reposer, découvrir ou encore oublier qui sait ... Et bien je suppose que je ne fais rien aussi."

Arcanta porta instinctivement sa main vers son amulette, la serrant doucement. Après tout il se moquait bien qu'elle soit ici, elle n'avait pas l'air d'être capable d'être un danger pour lui. Il resterait méfiant, mais avait quand même besoin de se retrouver avec lui même, bien qu'une personne se tenait aussi ici. Il passa donc devant elle sans un mot et alla s'allonger dans l'herbe à environ cinq mètres d'elle avant de fermer les yeux.

-"Si tu me tutoies, je suppose que tu ne m'en voudras pas que je fasse pareil et que je te demande ton nom ? Je n'aime pas vraiment que des gens me parlent sans que je sache qui ils sont ..."

Il se dit après coup que sa question avait du paraître un peu âpre, mais de toute façons comme il l'avait dit, il ne la connaissait pas et ça lui importait peu. Après tout cela faisait longtemps qu'il n'avait plus personne et il se demandait encore pourquoi il avait entamé une discussion avec elle.

Il roula ensuite sur le côté rouvrant les yeux pour regarder la pierre bleu océan ornant l'amulette qu'il tenait dans la main, se perdant légèrement dans ses pensées.

La réponse qu'elle avait donnée à son interlocuteur sembla lui convenir et laissa un sourire amusé traverser son visage, bien qu'il ai un air de faux-semblants. Puis, il répondit à sa question, sans avoir l'air gêné de la familiarité de la demoiselle :

-"Rien, je vois ... Quand à moi, peut être suis-je ici pour me reposer, découvrir ou encore oublier qui sait ... Et bien je suppose que je ne fais rien aussi."

Allons bon ! Ys ne répondit rien, jugeant que ce n'était pas ses affaires, mais elle ne pu s'empêcher de le regarder avec curiosité s'allonger dans l'herbe en tenant une sorte d'amulette dans sa main. D'où elle était, elle ne voyait pas la forme de l'amulette mais en contrepartie elle voyait parfaitement la pierre bleue océan qui attirait ses yeux comme un aimant. Elle était très jolie et devait certainement avoir de la valeur, mais dans ce monde, elle n'était plus du tout attirée par l'aspect financier et autre. Chez elle, c'était une autre histoire, elle le faisait de bonne grâce afin d'aider un tant soit peu ses parents du haut de sa petite poignée d'années.
La voix de son interlocuteur la ramena au moment présent :

-"Si tu me tutoies, je suppose que tu ne m'en voudras pas que je fasse pareil et que je te demande ton nom ? Je n'aime pas vraiment que des gens me parlent sans que je sache qui ils sont ..."

La jeune femme laissa un sourire esquisser ses jolies lèvres, avant de répondre.

- Je m'appelle Ys.

Elle s'apprêtait à lui retourner la question lorsque le vent commença à faire voltiger ses cheveux coupés courts, ainsi que le collier qu'elle portait au cou. Ce dernier ne l'avait jamais quitté depuis ses dix années d'errance, mais son éclat n'avait jamais terni. Le regard de la jeune fille se posa sur le pendentif qui représentait un croissant de l'astre lunaire qui l'attirait toujours irrésistiblement. S'asseyant tranquillement, Ys laissa ses yeux se perdre dans le ciel, attiré par l'immensité que l'azur lui offrait. Ses lèvres bougèrent, laissant échapper une ballade douce et nostalgique, certes un peu désuette, mais dont le charme ne s'était jamais démentit. Plus rien n'existait autours d'elle que ce bleu qui l'attirait tellement. Elle en avait oublié jusqu'à la présence de son interlocuteur.

Les notes s'égrenèrent dans le silence qui s'était installé, et ce pendant deux ou trois minutes. Pour Ys, cela lui fit revoir sa famille, ses frères et sœurs et ses parents. Peut être même qu'ils l'entendaient qui sait ? Elle avait beau savoir que c'était certainement une illusion, chanter lui laissait entendre qu'elle se trouvait très près de ceux qu'elle avait quitté il y a dix ans. D'une certaine manière, cela lui faisait chaud au cœur...

- Je m'appelle Ys.

Ys, un très jolie nom pensait-il, autant que la demoiselle à vrai dire et il se demandait d'où il pouvait bien provenir. Arcanta avait toujours eu un caractère curieux et étonnamment cela contrastait avec son côté solitaire, faisant en sorte qu'il n'avait l'air de s'intéresser qu'aux choses auxquelles il accordait une certaine importance. Avisant qu'elle ne lui demandait pas son nom en retour, il fit quand même l'effort de lui donner à son tour par politesse.

-"Enchanté Ys, puisque que tu t'es présentée je crois que c'est à mon tour. Je m'appelle Arcanta."

Détachant enfin son regard de son amulette, il jeta un bref regard en direction d'Ys et remarqua qu'elle accordait beaucoup d'importance à un collier en forme de croissant de lune. Celui-ci était vraisemblablement composé d'argent et scintillait à la lumière du jour.

Apparemment il n'était pas le seul à accorder de l'importance à un objet et devinait que le collier d'Ys devait avoir une importance sentimentale pour elle. Jugeant que ce n'était pas ses affaires il détourna le regard et admira de nouveau le ciel azur qui s'étendait au dessus de lui. En le regardant il se sentait apaisé, après tout son élément était l'air et c'était en déployant ses ailes qu'il se sentait le plus libre.

Toujours perdu dans sa contemplation, il commença à entendre un chant. Ys commençait à entonner une douce ballade qui le touchait beaucoup à son propre étonnement. Elle lui rappelait des souvenirs nostalgiques où il pouvait encore entendre les chansons de Tinuthiel ce qui ne manqua pas de le perturber et il essaya aussitôt de mettre un frein à cette réminiscence. Une part de lui voulait écouter cette balade mais une autre le faisait souffrir et il tenta de ne plus y penser, en espérant qu'elle ne remarquerait pas son agitation. Il n'était pas question qu'il montre sa faiblesse, surtout à une inconnue même si elle chantait aussi bien.

Perdue comme elle était dans sa "bulle" qui s'était constituée autours de sa perception grâce au chant, Ys ne remarqua pas le troubla qu'elle avait fait naître chez Arcanta. Ses yeux étaient perdus dans un horizon qu'elle seule pouvait voir, et cela lui avait souvent valu la méfiance des personnes, notamment lorsqu'elle partait quand on lui parlait. Mais son tempérament rêveur faisait aussi son charme, et personne ne pouvait rien faire lorsqu'elle se trouvait plongée dans ses pensées les plus profondes.

Lorsque le chant fut finit, elle s'allongea de tout son long dans l'herbe rase de la lande, laissant son corps se reposer quelques instants dans un silence apaisant, le visage toujours tourné vers le ciel. Un fin sourire énigmatique et nostalgique avait fendillé son masque de neutralité. Elle se sentait en paix avec elle-même, sereine, le chant lui permettant toujours d'exprimer ce qui se cachait au plus profond d'elle-même,et cela lui permettait de se retrouver à chaque fois. Voila pourquoi le chant lui était devenu indispensable, et qu'elle partageait volontier ce don lorsqu'on le lui demandait. Pour elle le chant était un moyen de communication merveilleux et unique qui sommeillait en chaque être vivant.

Levant le bras droit vers la voute du ciel comme si elle voulait effleurer le nuage qui passait au dessus d'elle,Ys laissa ses doigts fins jouer quelques instants avec le vent qui soufflait doucement. Elle semblait avoir oubliée jusqu'a la présence de son interlocuteur qui se trouvait néanmoins à quelques mètres de sa frêle personne. D'une voix calme, elle commença à parler sans qu'il soit possible de savoir si elle s'adressait à quelqu'un :

- Le Temps coule sans cesse,
Il est impossible de l'arrêter,
Et l'ombre de la tristesse,
Sur nos yeux s'est posée,
Chacun de nous se blesse,
On ne peut l'éviter,
Et tourne sans cesse,
L'amère vérité...

Arcanta était parvenu à se calmer, ayant réussi à garder son masque impassible en ne prêtant plus attention aux paroles. Malgré tout, lorsque Ys termina sa chanson, il ne savait pas si il devait regretter le faite que cela se finisse ou au contraire se sentir soulagé.

Il tourna la tête vers elle et observa la demoiselle qui était toujours allongée dans l'herbe. Il ne comprenait toujours pas sa présence ici. Même si elle était vraisemblablement de passage, elle l'intriguait beaucoup.

- Le Temps coule sans cesse,
Il est impossible de l'arrêter,
Et l'ombre de la tristesse,
Sur nos yeux s'est posée,
Chacun de nous se blesse,
On ne peut l'éviter,
Et tourne sans cesse,
L'amère vérité...

Arcanta enregistra chacun de ces mots qui sonnaient pour lui comme un poème. Si il devait donner une image d'Ys, il lui aurait sans aucun doute attribuée celle du ménestrel se perdant dans ses chants et voyageant à travers le monde tel un esprit libre.

-"Ces paroles sont plutôt tristes je trouve ..."

Il n'avait pas pour habitude d'engager une discussion, surtout avec quelqu'un qu'il ne connaissait que depuis peu de temps. Mais il trouvait Ys assez intéressante et à part pour qu'elle mérite son attention. Il voulait en apprendre un peu plus sur elle, mais il le ferait plutôt en observant ses réactions que dans une pluie de questions.

-"Je vois que tu apprécies la vue du ciel ... et aussi la sensation du vent."

Arcanta se tu après cette remarque quelque peu énigmatique, lui aussi appréciait beaucoup l'immensité azur du ciel et le contact du vent.

-"Ces paroles sont plutôt tristes je trouve ..."

La demoiselle tourna lentement son visage vers Arcanta. Sa voix l'avait fait revenir de ses pensées à la réalité, et aussi troublant que cela puisse paraître, elle retenait rarement les paroles qui sortaient d'elle-même lorsqu'elle était perdu dans une méditation éthérée. Laissant retomber son bras qu'elle avait laisser exposer à l'air frais du vent, elle plongea ses yeux dans ceux de son interlocuteur qui avaient la même couleur que le ciel qui s'étendait au-dessus d'eux.
Elle attendait calmement la suite. Qui ne tarda d'ailleurs pas à arriver à ses oreilles :

-"Je vois que tu apprécies la vue du ciel ... et aussi la sensation du vent."

La demoiselle sourit doucement, laissant ainsi les traits de son visage s'assouplir et mettre à jour la douceur et la sensibilité qui était en elle. Se levant avec grâce et souplesse, elle répondit :

- C'est vrai, j'aime beaucoup le ciel et le vent, peut être parce qu'ils sont libres et insaisissables...

Mais aussi parce qu'ils lui rappelaient des souvenirs heureux et nostalgiques à la fois et que lorsqu'elle se trouvait uniquement avec eux elle pouvait se laisser happer par un sentiment d'intense liberté. Oui, elle aimait beaucoup le ciel et le vent et ne pourrait sans doute vivre sans eux.
Cependant, la mer lui manquait aussi terriblement. La lande n'était qu'un endroit pour elle où elle se sentait proche de cet élément qui avait bercé son enfance et teinté son âme et sa sensibilité de manière unique. L'air iodé lui manquait, et dans l'instant, elle se jura d'aller voir l'océan lors de son prochain voyage d'errance...

Arcanta soutenait le regard d'Ys sans nulle gêne, même si il n'aimait pas en général être dévisagé, il avait décidé qu'il pouvait faire une exception pour d'aussi magnifiques yeux. Ceux-ci, nota t-il, étaient d'une couleur indescriptible, insaisissable, oscillant entre de multiples couleurs et il devait s'avouer qu'ils avaient un côté charmeur et terriblement envoûtant.

- C'est vrai, j'aime beaucoup le ciel et le vent, peut être parce qu'ils sont libres et insaisissables...

Il détourna la tête pour regarder de nouveau le ciel, un sourire sincère naissant sur ses lèvres et il leva un bras comme pour saisir l'air qui l'entourait.

-"Libre ... oui je comprends ce mot, je ressens la même chose."

Rabaissant son bras, ses yeux changèrent subitement de couleur pour un bleu océan, un vent fort soufflant soudainement. Invoquant son pouvoir, des tourbillons commencèrent à se former autour de lui faisant voleter sa cape noire, laissant entrevoir par intermittence ses ailes d'un blanc immaculé.

Tout en continuant de s'amuser avec les vents, il se perdit peu à peu dans ses anciens souvenirs, repensant à comment été née ce pouvoir. Quand il y repensait, une insondable tristesse le prenait et son sourire s'effaça aussitôt. Ce pouvoir avait une grande capacité de destruction et c'est comme ça qu'il l'avait utilisé ses premières fois, en détruisant tout ce qu'il pouvait afin de passer sa rage et sa souffrance. Puis il avait finis par comprendre que cela ne le mènerait à rien, que cette capacité ne devait pas être utilisé à une fin destructrice mais de protection, car c'était à protéger ce qui lui était cher qu'il avait échoué et c'était entièrement sa faute.

Émergeant de ses pensées , il reprit son masque impassible en chassant la profonde tristesse qui était apparu sur son visage. Aujourd'hui il n'avait plus rien à protéger, mais il se devait de continuer à croire en cela, afin de ne pas replonger dans sa douleur.

Avisant que Ys était toujours à côté de lui, il se maudit ce moment de rêverie. Il n'aimait pas se découvrir ainsi et pour détourner son attention, il invoqua un mini maelström en forme sphérique, concentrant les vents et leur puissance dans un bruit strident avant de le laisser se dissiper.

-" Mais insaisissable je ne suis pas aussi sur."

Il se tourna vers elle avec la volonté d'afficher un léger sourire mais il n'y parvint pas, venant à peine de se défaire de ses pensées.