Tayo ! [clos]

Dinu Mihai, grande directrice de la BCP... Un capital dont les chiffres ne sont plus qu'une lignes interminable, des bureaux qui ouvrent dans la ville la plus immense qui soit et des projets d'avenir, d'expansion.
Ouvrir des salles dans les différents quartiers, ouvrir un poste intermédiaire entre la ville et les ports du sud, prévoir de piquer le monde d'un miryade de banques sous traitantes pour son empire financier... Voilà un projet qui lui redonnait le sourire en cette frêle matinée de mars.

Aujourd'hui est un grand jour, ou du moins aurait-il dû l'être comme certains autres. La monotonie ne m'avait pas épargné les, Ô, grandes joies d'un voyage d'affaire. Un allé-retour vite fait bien fait en jeep rutilante et blindée par ses soins -mieux vaut prévenir que guérir, se faire attaquer maintenant n'arrangerait pas son humeur. Bien sûr que si le projet avait été accepté, elle disposerait à présent de quelques banques sur le littoral, ne manque plus qu'à aller s'installer à Atlantis. Créer des emplois, et tout et tout... Mais cette victoire ne lui ôtait pas le droit d'être morose à souhait quand la voiture passa enfin les remparts et s'engouffra aussitôt dans les rues bondées de monde et d'autres véhicules de Tern pour la ramener à la banque au plus tôt.

Mais l'histoire ne raconte pas que posés sur le toit de sa banque, une colonie d'oiseau énorme à l'hygiène douteuse avait élue domicile. Et en sortant de la voiture, manquant de déraper sur le bitume gluant, il me suffit de lever les yeux vers le ciel, mes lunettes noires étincelant sous la lumière et ces oiseaux piaillant comme pour me provoquer d'aller les déloger. Dieu... Je vais les tuer...
Une bouffée de colère rosie mes joues, le chauffeur qui commençait à connaitre son patron recula brusquement de la voiture, l'assistante qui m'avait accompagné compris pourquoi il fallait s'éloigner de toute source de métal dans mon champs de pouvoir.

Le toit de la voiture se déchira en une plainte stridente, s'enroula et se souleva un mètre au dessus. L'acier se comprima et forma une boule marbrée de la peinture noire. La sphère s'aplatit lentement, s'étendit et se plaça à côté des mes genoux. Je grimpais dessus, y fixais mes talons haut et donnais mes derniers ordres.

-Assurez-vous que personne ne trainent autour de la banque pendant que je fais le ménage !

L'assistante en était bouche bée, fraichement embauchée, et probablement fraichement virée. On ne dévisage pas son patron si on veut garder son poste...

Le chauffeur tira sur le bras de la jeune femme et l'entraina avec lui accomplir l'importante mission que je leur avais donné. Même Ilinca était sortie de la banque à la vue de mon arrivée et cette dernière froide comme un robot s'avança vers la foule qui commençait à se rassembler autour du véhicule... Les humains...

-Eloignez-vous messieurs dames, la zone est dangereuse...

Une centaine d'étages plus haut, à près de 500mètres du sol, eux et moi, nous échangeons un regard meurtrier. Ils paieront... Pour avoir osé toucher à ma banque. L'un d'entre eux s'envole, il s'approche de mon petit surf aérien. S'il croit m'intimider...

La voiture sans toit, se retrouva écrasée par le corps d'un gros oiseau et d'un énorme pieu métallique. Piqué dans le sol, ou plutôt piqué dans la voiture, la chute accélérée de l'animal l'avait pour ainsi dire encastré dans les restes de mon véhicule... Évidemment, j'allais devoir investir dans de nouveaux véhicules si je abîmais tous les uns après les autres.
La foule en était estomaquée et Ilinca, sourire froid et regard menaçant les poussait à reculer de plus en plus. Ils s'éloignaient avec plus de facilité maintenant que le sort de la voiture leur ai montré ce qu'il peut arriver s'ils restent sur mon champs de tir.
Là haut, tout là haut dans le ciel, j'en étais aux prises avec ces monstres... Et comme le monde est petit, certains autres Hi-boux de la ville commençaient à arriver pour prêter main forte (ou aile forte) à leurs confrères.
Je n'aime pas la camaraderie, je donne des ordres et on m'obéit, cela me convient... Alors, cet élan de sympathie entre monstre m'offre une raison de plus pour les clouer au sol au sens propre du terme. Je lève une main, l'oiseau qui fonçait sur moi est happé par une pluie de petites perles de plomb, son corps chute vers le sol alors que mes billes s'extirpent et transforme le ciel en un flipper géant.
Ding ! Ding ! Ding ! La tête d'un oiseau est traversée par une bille qui part se loger dans le flanc d'un autre, ils s'écroulent tous les deux avant d'avoir pu m'atteindre. Mon score est de plus en plus élevé, j'attends le bonus avec impatience.
Une pluie d'oiseaux morts s'abat autour de la banque, et il aura fallu une quinzaine de corps sur le sol pour que les créatures comprennent que ma banque n'est pas un perchoir. Ils prirent la fuite en croassant de peur et moi je me laissais glisser vers le sol à l'aide de mon ascenseur personnel.

-Appelez une équipe de nettoyage qu'ils récurent le bâtiment de la tête aux pieds et aussi les trottoirs. La banque sera le seul endroit propre de la ville... Et ce n'est pas un mal.

Ilinca s'incline brièvement et retourne dans la banque son pas rapide et sa robe longue me donne l'impression qu'elle flotte au dessus du sol. C'est peut-être le cas !
Le chauffeur s'est éclipsé avant que ma mauvaise humeur ne lui retombe dessus, mais finalement... Me défouler sur des oiseaux répugnants m'aura soulagé, un léger sourire aux lèvres, je me détourne de la foule et des cadavres pour entrer dans mon bâtiment... Et dedans aussi, les employés garde la bouche ouverte sur mon passage.

[rp clos]