Le bouvier Arcturus

La vidéo le fit sourire, c’est surprenant comme le maître de K’ouen perd de son sérieux face à une caméra dans un contexte « hostile ». Hormis ce détail, le discours d’Henrir se voulait rassurant ? Non pas le moins du monde, ses allégations quant à la solidité de l’équipement fourni et notamment les pinces d’Altaïr provoquèrent un bref retrait chez l’ange, qui s’en saisit fermement comme pour en éprouver la dureté et la maniabilité. Une bonne adaptation, un léger picotement et un resserrement probablement du au champ fixant sa main à l’outil. En fin de compte ce n’est que l’utilisation sur le terrain qui éprouverait l’utilité de la chose. Il les fixa à sa ceinture avant d’empoigner son sac de voyage qu’il passa par-dessus son épaule.
Il suivit Henrir, visiblement pressé d’en finir, d’un pas léger. Devançant, de cette façon, son étrange coéquipière dans les escaliers. Finalement, ils n’avaient même pas eu l’occasion de faire connaissance. Les présentations d’usage feraient probablement l’objet d’une discussion ultérieur.

Vint alors le choix du véhicule. Un choix pas si cornélien, il opta pour un modèle Antares pour lequel la rapidité et la maniabilité contrebalanceraient avec sa fragilité, en comparaison au modèle Magnétic qui lui serait bien trop lourd au final. Il tiendrait probablement le coup, mais si l’on estime le temps passé sur les véhicules, les éventuelles charges et dérapages un modèle aussi lourd finirait par lui user la santé. Son choix fait, il désigna donc le modèle le plus léger du doigt pour qu’Henrir en prenne note. S’en suivit du choix de l’arme. Loin d’être une grande première, il n’utilisait pas pour autant d’arme à feu quotidiennement. Il choisit un colt dont il appréciait la simplicité et la liberté d’usage, à trop bénéficier de gadget il considérait qu’on se reposait totalement sur eux.

Pendant son choix, plus long pour l’arme, Voiz prit la poudre d’escampette. Elle l’attendrait probablement devant l’établissement. Lorsqu’on lui tendit son titre provisoire, il faillit demander pourquoi. En tant que commissaire, il en avait déjà un. Cependant, il se retint et se contenta de saisir le papier. Il devait probablement être programmé pour ce voyage en particulier et tout compte fait ça lui ferait économiser un déplacement dans une tranche de 24h.
Pour conclure, comme on le lui suggéra il fit une demande supplémentaire via ce fameux interphone. Etant donné qu’ils allaient s’aventurer dans des cavernes, donc des endroits sombres, il s’inquiéta pour sa capacité à modeler une lame suffisamment vigoureuse. Bien évidement, devoir se fier à un matériel physique ne le satisfaisait pas vraiment, mais renforcer un support préexistant lui permettrait d’économiser ses ressources.

A son arrivée dans le hall, Voiz était déjà prêt au départ. Et l’équipement supplémentaire qu’il avait demandé lui avait été livré – une épée pas trop lourde, plutôt fine mais remarquablement forgée, ainsi qu’une paire de gant dragon, dont il envisageait une hypothétique utilité (et qu’il avait surtout envie d’essayé …). Il s’équipa plutôt rapidement, mine de rien ils voyageaient léger, puis il dégaina son titre perçant. Sa coéquipière en avait déjà fait usage ? Bonne question … Qui trouverait réponse dans quelques instants. Une main sur l’Antares, il lui dit finalement :

« Je pense que les présentations se feront sur place, moi c’est Khalaän ou Khal’. Il est tend d’y aller. »

Un court laps de temps après l’usage du titre, il débarquait sur une piste prévue à cet effet.
Lui faisait face : un campement le maître du miroir des humains et le capitaine de sa garde.

Spoiler:

Effectivement, l’entrée en scène de notre Voiz nationale n’était pas pauvre en spontanéité. Il faudrait qu’il lui demande plus clairement ce qu’elle était, mais ce serait pour plus tard. En effet, les deux comparses furent rapidement pris d’assaut par les organisateurs de l’évènement.
Entre la préparation de l’entrée et des tunnels ou tout du moins des entrées, et la découverte de Sha Poh, une première pour l’ange. Un petit bout de chat avec une grosse voix et des ordres à n’en plus rien comprendre.

Une équipe de trois personnes ou l’avarice du maître. Que voulait-il sous-entendre derrière cette remarque. Une pointe d’incompétence ou bien son impatience. Dans les deux cas, à la vue du paysage, les hommes ne manquaient pas. Il fronça les sourcils en murmurant dans sa barbe – qu’il n’a pas – : « Au même temps, une vingtaine d’hommes dans des boyaux, ce n’est pas forcément la meilleur des choses pour la stabilité des parois … ». Mais à quoi bon contredire un entêté ? A rien …
Promis juré, ils feraient de leur mieux pour ne rien effleurer, ne rien casser, ne rien regarder. Ca ne serait pas si compliqué que cela, à moins qu’un élément perturbateur comme on en croise tellement dans la zone du Dehors ne décide autrement. Entre une poterie et une vie, la seconde devait bel et bien passer en première.
Si le jeune homme, féru de science à ses heures perdues, ne mésestimait pas la valeur desdits objets, le discours du chat commençait de plus en plus à l’agacer, comme le laissait probablement transparaître son expression. Bien heureusement la discussion et le topo prirent fin rapidement. En remplissant sa gourde, il maugréa contre l’archéologue. Entre le temple et maintenant ce notable, il commençait à en avoir sa dose d’archéologues et visiblement, il n’était pas le seul sur ce campement à douter de la sociabilité de ce dernier.

Il se présenta finalement à l’entrée du tunnel. Il vérifia son équipement et leur rigidité, visiblement la maniabilité de l’épée du forgeron ne lui poserait pas de problème. Après une rapide todo list, il fourra son oreillette dans son oreille avant de brancher l’appareil et de le tester. Fin prêt.

Spoiler:

Une véritable haie d’honneur ? De dernière volonté ? Peu importait, le fait est que nos quatre aventuriers se retrouvaient face à l’embouchure, sur l’instant le proverbe « se jeter dans la gueule du loup » revint à l’esprit de l’ange qui eut vite fait d’interpréter ce qui l’attendait. Une forte pénombre, des kilomètres de couloir … identiques … humides … Et le pire dans tout cela, c’est qu’il leur fallait garder un maximum d’attention pour repérer tout ce qui devait l’être et surtout le transmettre à leur grincheux national, champion toutes catégories, de chat archéologue.

Il mit quelques instants à s’adapter à son véhicule, peu habitué aux engins deux roues, il lui fallut quelques minutes pour comprendre pleinement son fonctionnement, l’utilité de chaque manette. Mais surtout, pour appréhender la pesanteur et le champ de poussée de l’Antares. Il tangua deux ou trois fois avant de stabiliser correctement mais pas parfaitement son engin.

Faisant suite aux dernières instructions du maître, ils pénétrèrent dans le bouvier. Pas de lumière, des murs en absorbant les quelques malheureux photons se dégageant de son appareil. Il faillit murmurer sa première incantation de la journée pour illuminer un peu plus le boyau, mais il se retint, non … pour l’instant rien de plus imprudent que d’utiliser une lumière trop brusque, déstabilisante pour l’œil et plus que cela … probablement un appât pour les éventuels résidents d’Arcturus.
Les mains fermement enserrées sur les manettes de l’Antares, l’œil vif, il finit par s’habituer à la pénombre. Et la remarque de Sir Po ne fit que lui rappeler une fois de plus son objectif imposé : « Ne touchez à rien, n’effleurez rien, dîtes moi tout ! ».
Il n’aurait fallu qu’un « C’est un ordre ! » de plus pour arracher un juron à l’ange qui obéit docilement. Bien que pour l’instant hormis les fractures révélant la fragilité des parois et l’étrange capacité de celle-ci à capter la lumière avec une efficacité digne d’un corps noir*, il n’y avait rien de bien fulgurant à annoncer.

Mais au loin, au loin … Au loin l‘intérêt se laissait sentir, lui titillant la narine. Quelques kilomètres, une belle surprise ? Un désastre ?

* Corps capable d’absorber la totalité de la lumière le frappant sans en réfléchir ni en transmettre. D’où son apparence « noir ».