début de folie [réservé]

Quand nous sommes arrivé au village plus au nord de celui aux lions, ma connaissance mit 3 jours à se montrer. Trois longues journées durant lesquelles moi et Ayame partagèrent une chambre dans une auberge à tenter de ne pas s'entre-tuer alors qu'il essayait chaque minute de me dissuader d'aller sur Atlantis quand moi je perdais de plus en plus ma joie de vivre à cette idée. Grimper sur le bateau, passer une journée en mer et descendre les centaines de marches menant au dôme fut le clou du spectacle... Les dents serrées, je ne disais pas un mot, même au maire qui vint me saluer chaleureusement avec toute sa cours.
La jeune femme au regard enflammé rien qu'à mentionner mon nom n'arrêtait pas de vanter les mérites d'Atlantis quand Ayame mimait les politesses en relançant régulièrement une conversation à laquelle je ne participais pas.
Une nuit passa et à l'aube, avant que toute la marmaille de la mairie ne se réveille je quittais en solitaire la chambre luxueuse qu'on avait apprêté pour mes soins. Ma lourde épée sur le dos je passais par la fenêtre et je finis en une roulade habile sur le sable tassé. Quand je me relevais j'étais si occupée à épousseté ma veste et mon pantalon que je ne vis pas Ayame s'approcher en silence les bras croisés sur sa poitrine. Il me fixait de son oeil unique... Plein d'un quelque chose que je ne lui connaissais pas. Il était triste.

La mâchoire crispé, le dos droit, je ne lui laissais même pas le temps d'un bonjour que je l'entrainais avec moi dans les ruelles d'Atlantis. Le soleil artificiel se levait déjà et bien du monde parcourait les rues. Ceux qui me reconnaissaient de la visite fanfaronesque de la veille me saluaient en souriant, les autres s'intriguaient... Et je n'essayais même pas de leur rendre leur bonne humeur.
Quand nous arrivâmes dans les quartiers résidentiels, Aya prit enfin le temps de m'expliquer ce qu'il avait découvert, que je l'écoute ou non, il parlerait.

-J'ai eu le temps de chercher un peu pendant la nuit. Elle est arrivée accompagnée d'un vieux soldat, un ermite qui vient de temps en temps dans la coin pour acheter des algues spéciales. Enfin, lui on s'en fiche un peu. On m'a dit qu'elle avait emménager pas très loin. Wu, elle vivait à un kilomètre d'ici....

-Comment ça "elle vivait" ?

Je m'étais retourné sur lui et j'avais littéralement hurler ce simple bout de phrase. Aya sursauta et je compris que son iris si triste savait des choses que j'ignorais.

-Elle est morte.

Sa voix blanche me fit sursauter de frayeur. Je l'observais sans le voir, les yeux allant et venant de lui à cette rue qui s'étendait dans son dos. Sans ménagement, je le bousculais et m'avançais dans un silence morbide. Elle ne pouvait pas être morte, elle devait être en vie.
Nous avons atteint sa maison, fermée aux visiteurs. Un voisin nous dit que la maison était abandonnée, que c'était un meurtre sauvage qui s'y était déroulé... Et ma rage explosa en moi, je ne pus plus contenir mes larmes, finissant à genoux sur le sol, cachant mon visage ruisselant dans mes mains. Ayame tenta de consoler ma fureur contre cette perte à laquelle je ne m'attendais pas, il m'emporta avec lui et une heure après j'étais dans la chambre, pâle copie de demeures nobles de la surface. Je m'étais assis près de la fenêtre, elle donnait presque directement sur le dôme et sur la vaste immensité océanique. Le corail luisant non loin de poissons colorés, un requin rôdant dans le silence oppressant qu'était devenu cette pièce. Aya qui ne trouvait pas les mots, et moi qui restait prostré sur cette chaise à regarder le vide.

Ma tristesse, ma rage... Tout prenait un sens alors que la maire m'expliqua que la femme assassiné le fut par un dénommé Fafnir, un assassin connu pour nombreux crimes... Et quand je lui dit simplement que cette femme avait un nom, et qu'elle était ma mère, elle aussi ne su quoi dire. Elle s'éloigna simplement et me promis de faire le nécessaire pour que personne ne touche à cette maison.
Je m'en fichais de la maison... Je repensais aux mots d'Ayame, quand il me dit qu'elle ne se souvenait plus de rien, qu'elle me croyait mort tout comme mon père.
Le surlendemain matin, l'archer en eut sûrement marre de me voir fixer le vide enfermé dans mon esprit dévasté par les regrets, il me jeta un verre d'eau au visage et le temps que je lève la tête sur lui j'eus droit à un coup de poing magistral qui me fit tomber du siège.

-Lèves-toi on sort !

Il me tira par le bras, récupéra mon épée qu'il traina difficilement avec moi hors de cette immense mairie.
C'est en plein sur la place principale qu'il jeta mon épée sur le sol et dégaina celle qu'il avait emprunté au maire à en croire les armoiries... Ramassant mon épée j'allais lui tourner le dos que je l'entendis s'élancer pour une attaque. Sa lame frappa la mienne et il ne fut pas difficile de le repousser. Il souriait, ce con souriait de toutes ses dents à croire que me voir m'énerver lui faisait du bien. Il recommença encore et encore alors que la foule s'amassait autour de nous, alors que je l'envoyais valser à plusieurs mètres à chaque offensive qu'il tentait.
Et cette foule toujours plus dense, souriante qui croyait que nous ne faisions que nous amuser... La rage de vivre, la rage de combattre, il voulait la voir, mais tout ce qu'il verrait se sera ma fureur dans un combat qui risquait de le tuer.

J'aurais du me douter qu'il était au courant pour les connaissances de Wergeld et donc ses plans par la même occasions. Je ne pensais par contre pas qu'il me laisserait le prévenir si facilement... Je le comprenais de moins en moins, quel avantage pouvait-il y avoir à ce que sa proie soit au courant de sa présence ? Que la peur lui fasse perdre tous ses moyens ? Wu n'était pas de ce genre là. Avoir combattu à ses côtés m'avait fait comprendre ça très rapidement... Il fallait pourtant que je trouve une solution. Je réfléchis quelques instants, pesant le pour et le contre, avant de me décider. J'avais joué un pari risqué avec le meilleur assassin de Souen, j'avais perdu... Je laissais un message à Rin, prétextant une affaire urgente, il allait hurler que je sois partie seule. Si je rentrais en un seul morceau... J'envoyais un groupe d'hommes à l'adresse que m'avait laissé Fafnir pour qu'ils confirment la mort de notre fléau et partais. Je passais par ma chambre, enfilais une vieille tenue, récupérais quelques pièces et sortis en enfilant ma cape.

Je ne comprenais toujours pas pourquoi Fafnir me laissait prévenir Wergeld, sa dernière phrase tournant en boucle dans mon esprit. Quand je le verrais ? Est-ce qu'il savait que j'allais aller le prévenir de suite ? Est-ce qu'il avait l'intention de me suivre pour vérifier que je ne l'avais pas mené sur une fausse piste ? Est-ce qu'il comptait juste attendre encore un peu avant de se présenter devant Wu ? Est-ce qu'il comptait m'attendre à la sortie de Souen pour se venger de ne pas lui avoir tout dit, me tuer dans ma propre Res Publica n'étant pas ce qu'il y avait de plus judicieux ? Dans un sens, je ne l'avais pas trahi, je lui avais promis de lui dire où était Wergeld, je n'ai jamais promis de ne pas m'en mêler...

Je descendais à Northrives comme je le faisais souvent incognito. Puis me dirigeais vers une taverne bondée, où je savais trouver de l'aide, une fois là j'échangeais mes vêtements avec ceux d'un jeune garçon, moyennant les pièces que j'avais emportée avec moi. Une fois celui-ci dehors avec ma cape et mes vêtements sur le dos avec pour mission de tourner un peu dans le quartier pour le cas où Fafnir avait décidé de me suivre, je prenais la direction des cuisines et changeais de forme en vitesse, laissant sur place les vêtements empruntés que leur propriétaire aurait la surprise de retrouver à son retour. Je volais un morceau de jambon au tavernier pour parfaire mon déguisement et fonçais dans les ruelles, mon méfait dans la gueule. Je passerai pour un simple renard chapardeur de nourriture. Il faudra que je pense à dédommager l'homme à mon retour...

Il me fallut à peine plus de deux jours de course pour rejoindre la côte, je dormais une à deux heures par nuit et repartais, mangeant ce que je trouvais en chemin, je n'avais pas de temps à perdre si je voulais arriver à Atlantis avant Fafnir. J'évitais le plus possible les endroits fréquentés pour ne pas me faire remarquer et que la nouvelle de ma présence dans le coin n'arrive aux oreilles de l'assassin et coupais directement à travers les marrais. Ce qui fut la partie la plus difficile de mon voyage, entre les monstres en tout genre et les marres de boue dans lesquels je manquait de m'enfoncer régulièrement. Mais je ne pouvais pas me permettre de perdre du temps là, alors je fonçais droit devant moi.

Une journée plus tard, j'avais réussi à monter en douce sur un navire en partance pour Atlantis, il ne me restait plus qu'à prier pour être arrivée à temps. je cherchais l'odeur de Wergeld ou même celle d'Ayame que je connaissais mieux pour lui avoir léchouillé la joue lors de notre arrivée dans le village aux lions. Après de longues minutes d'angoisse, mon odorat perturbé par les différentes odeurs que je portais sur moi, je finis par le trouver. Je fonçais dans sa direction le plus rapidement possible. L'épuisement dû au manque de sommeil et à la mal nutrition de ces derniers jours commençant à se faire sentir. Je savais que j'allais perdre connaissance dans peu de temps.

Je le trouvais au milieu de la place en train de se battre contre Ayame, entouré de monde, je me glissais entre les jambes de toute les personnes attroupées et m'approchais de lui, les pattes tremblantes de ma course, les poils sales et le sentiment que j'allais tourner de l'œil dans les minutes qui allaient suivre. Je devais tenir encore un peu. Je devais le prévenir, je n'avais pas le droit de tomber maintenant. Je ne voulais pas avoir fait tout ce chemin pour rien. Je ratais un pas et manquais m'étaler la tête dans la poussière du sol. Je me relevais et continuais d'avancer. Je tentais d'attirer son attention d'une petite voix, avant de reprendre plus fort et me laissant tomber au sol, vaincu par la fatigue, mais pas encore inconsciente. Ma voix ressemblant plus à une longue plainte brisée qu'autre chose.

- Wu...

ça faisait quoi, trois bonnes heures qu'Ayame, inlassable, s'élançait pour m'embrocher de son épée minuscule. Nous étions tous les deux en sueur et on avait beau être épuisé, plus on continuait et plus on appréciait. Mais en même temps plus on devenait dingue. Dingue de cette lutte entre nous, parce qu'on savait qu'on ne s'entre-tuerait pas, autant qu'on sentait venir le coup qui blessera l'un de nous. Statistiquement Aya avait de grandes chances de finir avec une entaille de la taille du bras au ventre, mais là... il l'avait bien cherché.
En fait non, j'avais pas envie de lui taillader le ventre, trop risqué, j'allais paumer le seul type capable de me supporter jour et nuit s'il le faut... Le seul assez rapide pour éviter un coup d'épée qui pourrait le trancher en deux.

Mon épée avait beau dessiner de profondes entailles dans le sol lui même, Aya, lui, était encore en vie et en bonne santé bien qu'il respire aussi fort que moi. Il avait dans le regard, là pointant sur son unique oeil, un grain de folie. Il souriait, il respirait la bouche ouverte et pourtant il souriait. Les passants pour certains suivaient la lutte depuis le début, les autres filaient, revenaient, amenaient du monde. Si bien que la foule était de plus en plus dense à mesure que le temps passe. Les gardes de la ville s'étaient approchés, histoire de vérifier que rien de grave n'arrive, mais on empêche pas le maître du 8ème quartier de se battre sur son domaine, ça c'est pas faisable, et surtout très risqué.
Moi ? J'étais complètement sur les genoux, l'elfe était deux fois plus énergique que moi, et si ses coups me paraissaient de faible puissances ils restaient de redoutables pointes d'une rapidité à laquelle je n'avais pas l'habitude. Si j'étais encore entier et sans réelles marques c'est parce que mon instinct me dictait les mouvements qui devaient protéger ma vie... Et puis, faut l'avouer, Ayame n'a pas l'intention de me tuer. Il attend, je le sais parce que je le connais. Il attend depuis trois heures... Non, depuis des jours, que mon esprit se ressaisisse, que me revienne le bon sens qui caractérisait mon existence depuis mon enfance.

C'est essouflé, fourbu que je laissais fleurir sur mon visage un sourire, un peu narquois de voir l'elfe en sale posture, un peu amusé de le voir s'acharner comme un damné sur ma pauvre carcasse qui mérite pas ça... Quoi que, je manquais d'exercice -si on ne compte pas les lions et la course dans les marais comme de l'exercice-.

-T'es un bretteur de merde, tu le sais ça ?

-Je te filerai un arc et on verra qui est le plus nul des deux.

-Un arc ? C'est quoi ce truc préhistorique, ça existe encore ?

Il lâchais un faible éclat de rire rendu rauque par sa respiration difficile. Une main sur la hanche il leva sa fine épée -bien ébréchée la pauvre- et me défia avec toute son arrogance... Celle qui portait sur son visage et qui le faisait paraitre si distant. Y a que moi pour oublier ce détail dans sa façon de se montrer et pour dénicher chez lui, pour lui coller sur la face, toute la chaleur qu'il représente dans mon hiver personnel.

-Ramène-toi avec ton bâton, humain, je vais t'apprendre à insulter tes ainés !

Je m'élançais subitement, mon épée raya dans un crissement aigüe le sol dallé (et bien entamé) avant de percuter l'arme d'Aya qu'il avait positionné en une garde sommaire. Il était épuisé, comme quoi être plus jeune avait un avantage : je résistais mieux... mais quel vieux crouton. Son épée vola en éclat et finie en trois morceaux paumés sur l'aire de combat. J'avais gagné et quand une salve d'applaudissement résonna dans notre public Ayame me laissa voir un clin d'oeil (on aurait dit qu'il fermait complètement les yeux puisqu'il n'en avait qu'un...) et tourna la tête sur le côté. si bien que j'observais son profil avec son cache-oeil en premier plan pour ensuite suivre son mouvement et voir un pauvre renard tituber sur quelques mètres avant de s'effondrer.

Ayame alla droit sur l'animal qu'il souleva dans ses bras, la foule avait reculé instinctivement et à présent le silence était total, un nombre impressionnant de paires d'yeux fixaient le renard qui avait, je crois bien, prononcé mon nom. Aya prononça silencieusement le nom de Caliope et j'avais beau regarder la foule je ne voyais pas Rin. Si ce bougre de renard avait encore réussi à se faire dévorer par un vers géant je risquais d'avoir du mal à arriver à temps pour l'en sortir encore une fois...

-Soldats ! Dispersez la foule !

Des "à vos ordres" fusèrent d'un peu partout et rapidement une chaine de soldats armés firent s'en aller une partie du regroupement. Le tout étant de nous laisse un passage assez large pour nous esquiver et rejoindre l'entrée de la demeure du maire d'Atlantis. Caliope résidant dans les bras d'Ayame qui lui caressait le dos tentant sûrement de la réchauffer comme il le pouvait. D'un mouvement du menton je lui indiquais l'intérieur. Aya accepta l'ordre et s'enfuit vers les escaliers. Je récupérais rapidement les débris d'épées et nos vestes jetées sur un coin de la place. Un soldat me lança un regard interrogateur auquel je répondis d'un simple et bref pseudo-sourire. L'homme dû en être honoré ou assez satisfait puisqu'il sourit clairement en retour et repris avec zèle la chasse au groupies qui ne souhaitaient pas quitter les devants du bâtiment... Je dirais à Ayame qu'il avait un nombre impressionnant de petites amies potentielles qui l'attendaient dehors.
L'instant d'après, dans ma propre chambre sentant sincèrement le renfermé, j'envoyais Aya ouvrir les fenêtres quand je m'approchais du lit ou reposait le maitre de Souen en piteuse état.

-Fais apporter de quoi la requinquer.

Traduction, elle avait besoin de quelque chose de fort pour la secouer. Du brandy ou un bon whisky lui ferait le plus grand bien. Je comptais sur le bon sens d'Aya pour penser à faire monter dans la chambre de quoi la nourrir, et de quoi nous rafraichir aussi. On puait la sueur, c'était clair, mais Caliope n'allait pas nous reprocher de sentir le bouc alors qu'elle-même sent le chien mouillé... Le lit allait empester.
Je m'asseyais sur le rebord du lit et mes mains allèrent se perdre dans l'encolure du renard. Mes doigts tremblaient de la fatigue et de l'effort récent, et mon esprit encore embrouillé de colère et de tristesse tremblait de voir cette petite chose encore si mal en point. Elle attirait les ennuis, je penserai à lui envoyer quelques gardes de K'ouen histoire qu'elle soit un peu mieux protéger la prochaine fois qu'elle se promène chez moi.

-Qu'est-ce qui t'arrive encore Mini-chose ?

J'avais réussi ! Il était vivant ! Il avait l'air presque aussi fatigué que moi, bien que ça semble dur, mais il était en bonne santé. Et Ayame aussi ! Si je n'avais pas été en si mauvais mauvais état, je crois que j'en aurais presque ronronné entre ses bras... Mais j'avais d'autres préoccupations bien plus importantes en tête que de me soucier de me faire gratter le dos... Un peu plus à droite... Ouais ! Là ! Oups...
Je laissais Ayame me transporter, beaucoup trop fatiguée pour protester en quoi que ce soit, je n'aurais jamais pu me déplacer seule de toutes façons, autant en profiter... Et puis au moins, je connaissais assez bien les deux hommes à présent pour savoir que j'allais vite être sur pattes, il fallait juste empêcher Ayame de profiter de ma faiblesse et mon manque de réactivité flagrante pour me tourner dans tous les sens, dans le seul et unique but de faire avancer la science. Mais je ne pense pas que Wergeld le laissera beaucoup faire vu dans quel état j'étais arrivée devant lui...

Je le laissais donc me transporter dans une chambre et profitais du confort qui m'était donné, n'ayant eu droit qu'à des marres de boue depuis trois jours que j'étais partie de Souen, merci à mon assassin... Il allait être bien accueilli lui... Si j'avais de la chance de m'en tirer en un seul morceau, ses prochaines missions, si missions il y avait, seraient extrêmement compliquées et chiantes, j'y veillerai personnellement... Il était hors de question que je sois la seule à me retrouver à patauger dans la gadoue, pendant que môssieur se la coulait douce, sans doute en train de se marrer dans un coin... Oui, j'étais rancunière, qui ne le serait pas après avoir passé trois jours à courir dans des marais puants et tenter d'échapper à des trucs tous plus bizarres et immondes les uns que les autres, fallait pas abuser.

Je profitais de la main de Wu dans ma fourrure pour reprendre un peu de force, il fallait que je lui explique la situation calmement. J'avais réussi à arriver jusque là, ce n'était pas pour craquer maintenant, j'avais tout le temps de dormir ensuite. Je me tournais et posais ma tête sur sa jambe, levant mes yeux vers lui. Il fallait que je lui dise.

- Wu, faut que tu fasses attention...

Je ne savais pas trop par quoi commencer, il valait mieux que je commence par le début, il n'allait pas comprendre pourquoi je parlait d'un assassin d'un seul coup, comme ça sans raison... Et puis c'est en partie moi qui l'avait conduit jusqu'à lui...

- Il y a quelques jours, on a eu un problème à Souen, un espèce de dingue à commencé à faire du grabuge chez nous. Toutes les preuves allaient vers un assassin qui travaillait souvent pour l'ancien maitre de Souen. Il nous a débarrassé du tueur...

Comment lui annoncer ça...? En échange de ma parole de lui dire ce que je savais sur toi...? Il allait me faire finir dans un mur... Ayame revint à ce moment-là. Bien aimé Ayame et ses arrivées salvatrices ! Je me glissais, ou plutôt me trainais sous les draps et repris forme humaine, avant de me redresser comme je pus, me cachant sous les draps, j'avais encore un minimum de pudeur...
J'acceptais le verre que me tendais Aya avec un sourire de remerciement, et avala une gorgée de ce qui semblait être du whisky, plus pour me donner du courage plus que pour me requinquer véritablement, avant de faire la grimace à cause de gout et du taux d'alcool contenu dans ce truc...
Je me lançais donc, il fallait que je le prévienne.

- Fafnir... l'assassin en question... voulait avoir des informations sur toi... en échange de son aide...

Je m'arrêtais avant de reprendre à toute vitesse pour ne pas qu'il se sente trahi.

- J'ai essayé de l'envoyer sur une fausse piste, mais il savait pour l'armateur ! Il sait que t'es ici ! J'ai fait ce que j'ai pu ! J'te jure ! J'ai essayé de te protéger ! Je savais pas quoi faire... J'ai essayé de te protéger... J'suis désolée... Je voulais pas qu'il te trouve... J'ai fait s'que j'ai pu... Mais il fallait aussi que je protège ma Res Publica... J'ai essayé...de... de...

J'allais craquer... Après avoir tenu pendant trois jours, j'allais craquer...

- Alors je suis venue pour te prévenir... C'était tout ce que je pouvais faire... J'suis désolée...

Je commençais à trembler. J'avais déjà vu Wergeld s'énerver, je savais de quoi il était capable. Et je n'étais pas du tout en état de me défendre... J'allais vraiment finir dans un mur... Et le pire c'était que je ne pouvais rien y faire... Je rechangeais de forme et reprenant ma forme de renard, je me cachais sous les couvertures tremblant plus de fatigue que de réelle peur, en attendant de me prendre une beigne qui m'enverrait dans le décor. Je m'étais préparée à ça depuis mon départ de Souen trois jours plus tôt...

[hrp : note à moi même : faire gaffe à mes play-lists quand je rp...]

Ayame revint avec un plateau bien rempli entre les mains. Y trônait une boutelle de whisky et un large verre, il hocha la tête et servit au renard, redevenu entre temps la petite fille -maitre , un verre à moitié plein de la liqueur odorante. L'elfe recula et posa une main sur mon épaule. D'un regard me signifiant que je devais dire quelque chose, parce que ça ne me tuerait pas, je devais faire preuve d'humanité. Dur à dire, surtout aujourd'hui. Mais je le pouvais. J'en étais capable, non pas que je ne sois pas sérieusement intrigué par la mention de Fafnir, voire même passablement en colère, j'étais juste capable de le faire. Un sourire naquît sur mon visage. Elle s'était déjà cachée sous le drap, si bien que nous pouvions voir une boule tremblante sous le tissus.

-Faudra que je te le répète combien de fois pour que tu l'imprimes ? Je sais me défendre seul. T'as assez à faire à t'inquiéter pour Rin.

Ayame le vit mieux que personne. L'éclair passant sur mon regard. J'avais un compte à régler avec l'assassin, et même épuisé j'étais en mesure de le traquer jusqu'à ce que mort s'ensuive, pour lui ou pour moi.

-On va s'occuper de lui.

Ayame alla s'assoir sur le lit, non loin du petit renard qui n'avait pas vraiment mérité qu'on l'attire ainsi dans nos ennuis. Il soupira et ses yeux allèrent de moi à la boule que formait caliope sous le draps, et de Caliope à moi. Il s'inquiétait, assez pour combler l'absence de Rin, parce qu'il savait que Fafnir était la cause de ma tristesse, une peine qui lentement se muait en colère. Et bien que je sois trop réaliste pour ne pas me lancer dans une vengeance qui n'aurait aucun sens, je pouvais me servir de cet acharnement dont il avait fait preuve sur Caliope pour m'en prendre à lui. En d'autres termes, Aya comprenait que je venais de me choisir une proie.

-Nous partons en chasse ?

Je levais le nez, j'allais m'enfoncer dans un large fauteuil recouvert de chintz. La fenêtre ouverte déversait sur nous une faible brise, sentant la mer comme celle de la surface. Le bon côté d'Atlantis était que les vents avaient été disciplinés. Pas de bourrasques ici, rien qu'un peu de vent histoire de rafraichir les habitants. Il faisait froid en hiver mais jamais assez pour geler, et chaud en été, juste ce qu'il faut pour redonner des couleurs aux citadins de la ville sous la mer.

-Non. Je crois que Fafnir va venir nous trouver lui-même dans la ville... j'ai une meilleur idée.

Je griffonnais quelques mots sur un bout de papier et appelait une domestique dans le couloir. Je le lui remis avec un sourire enjôleur. Elle rougit et s'enfuit sans un mot. En ne prononçant que quelques mots pour la faire rougir je m'étais assuré d'un regard qu'elle voit que sur le papier le nom du maire était noté. Elle comprit plus vite que je ne l'espérai le stratagème. elle porterait mon message au maire d'Atlantis aussi vite que possible.

Le petit maître m'avait fait faux bond... J'en étais réduit à foncer jusqu'à Atlantis afin de ne pas perdre une miette du spectacle. À vol d'oiseau, il faut beaucoup moins de temps que si j'avais choisi d'y aller à dos de cheval ou carrément à pieds. En fait, en lévitant je m'assurais d'arriver le premier dans la ville, je pouvais manger en vol, boire en vol, et l'avance que je gagnais de façon sûre et certaine je la convertissais en heures de sommeil. Récupérer ainsi me permis de gagner l'île et les pythons rocheux aussi vite que l'aurait fait un oiseau. Je n'avais plus qu'à emprunter l'escalier... ou plus simplement à le voir défiler sous mes yeux.

Je voyais là un large escalier en colimaçon, or, ce genre d'escalier est si bien construit qu'il laisse un vide en son centre. Vide béant et bien pratique pour moi. J'y sautais à pieds joints et laissais les étages ne devenir une vision répétitive de traces blanches et bleues. L'atterrissage fut un peu plus difficile que prévu. à 1000 mètres sous l'eau, pour un poids d'environ 70kg j'avais dû me réceptionner en absorbant près de 100fois mon poids. Encore heureux que j'avais ralentie ma course au dernier moment sinon j'aurais fini en un tas d'os et de chaire écrasée sur le sol.
Avec ça je venais de gagner une voire deux bonnes heures de descente, je n'avais plus qu'à me trouver un coin d'auberge tranquille et à attendre que maitre Wergeld daigne se montrer en ville. Le bon côté des auberges est qu'elles sont des mines d'informations. J'y appris que le maitre était en ville depuis déjà quelques jours et que récemment les journaux avaient fait scandale à propose d'un meurtre qui s'était passé il y a déjà longtemps. J'avais même pu lire la découpe de l'article du quotidien. C'était drôle, vraiment drôle.

L'auberge qui avait attiré mon attention se trouvait exactement en fasse de la mairie, à une centaine de mètres. Je m'étais installé confortablement à côté d'une fenêtre et bénéficiais ainsi d'une vue admirable sur l'endroit. Au début du duel qui s'était engagé sur la place principale j'étais aux premières loges. Je pouvais voir la colère qui marquait les trait du jeune homme que je cherchais et la détermination du semi-elfe qui l'attaquait sans relâche... Jusqu'à ce que la foule soit si dense qu'il me soit impossible de voir ce qu'il pouvait bien se passer.
Je m'éclipsais de l'auberge et m'en allait rejoindre des ruelles annexes. Je marchais une dizaine de minutes jusqu'à atteindre l'arrière de la mairie. On y apercevait une baie vitrée donnant vu sur un couloir décoré sûrement avec goût, mais pour le peu d'intérêt que je concédais à l'art... Le temps qu'un fonctionnaire disparaisse à l'angle d'un mur je grimpais à la force des bras sur la façade de la mairie. Je préférai fatiguer mes muscles plutôt que mon pouvoir. J'aurais besoin de toutes mes facultés dans peu de temps.
Je traversais le toit avec précaution, il serait dommage qu'une tuile dégringole et dévoile ma position, et pus enfin m'installer sur une corniche de laquelle j'avais une vue plongeante sur le duel à mes pieds. Comme je l'avais prévu l'adversaire faisait preuve d'une force admirable. Les rumeurs étaient fondées, on raconte que le maitre est proche de la Terre, qu'il est béni d'une force surhumaine. À savoir jusqu'où cette force peut le conduire, le reste n'était que superstition...

Et vint enfin le clou du spectacle. L'arrêt du combat et l'arrivée si magnifiquement bien calculée d'un petit renard. Faire le lien entre l'enfant hybride qu'était Caliope et ce renard épuisé était facile, rapide, sans aucune marge d'erreur possible. Elle allait donc lui révéler qui j'étais, ce qu'elle pensait que je voulais... Et peut-être même lui dire que j'étais dangereux. Glissant sur la façade intérieur du bâtiment, je m'arrêtais en semi-lévitation à côté d'une fenêtre. Plaqué contre le revêtement, j'écoutais attentivement ce qui se disait dans la pièce. La voix du maitre, une porte qui claque et enfin le renard se mot à table. Il déversa toutes les informations qu'elle possédait. Exactement ce que j'espérai qu'elle sache. Elle ne révéla rien que je n'avais pas prévu, et n'extrapola sur aucun point qui aurait pu être fâcheux pour la suite. Elle m'avait servi de pion, un pion merveilleusement docile.

Un deuxième homme dans la pièce je supposais à l'elfe. Ayame, un garde avec long passé de soldat derrière lui et quelques anecdotes de jeunesses. Il n'avait rien d'intéressant si ce n'est qu'il s'était révélé être la seule personne assez proche du maitre pour avoir une influence sur lui. K'ouen avait beau établir des rapports compliqués et des enquêtes longues et harassantes, le maitre n'écoutait l'avis que d'une seule personne... Cet homme avait plus de valeur pour le Res Publica que n'en a le palais entier.

-Nous partons en chasse ?
-Non. Je crois que Fafnir va venir nous trouver lui-même dans la ville... j'ai une meilleur idée.

Admirable perspicacité, je lui concédais qu'il n'était pas stupide loin de là. Un papier s'enfuit dans les mains d'une domestique. Je n'aurais pas le temps d'agir si une horde de soldat arrive, je ne pouvais même pas la capturer pour l'empêcher de parler, je perdrai tant de temps que ma rencontre en serait remise à plus tard. Et ceci était inacceptable. J'attendais depuis trop longtemps. J'avais fais beaucoup de chemin avant de pouvoir l'approcher. Enquêter sur lui, découvrir qui il était et surtout ce qu'il était, tout ça dura des semaines entières. Je traquais une proie qui n'avait peur de rien. J'inspirais lentement, j'expirais sèchement. D'un saut je me retrouvais sur le bord d'une fenêtre, un maître dans mon champs de vision, un autre caché sous un drap et un soldat qui n'avait plus d'arme pour se défendre et pas la place de décocher une flèche sans mourir entre temps. Mon seul adversaire était donc... Wergeld.

-Quel plaisir de pouvoir enfin te parler Wergeld. Tu n'imagines pas le nombre de personnes à qui j'ai dû soutirer des informations pour avoir droit à ce moment unique.

Je penchais la tête, un rayon de lumière ainsi obstrué je pouvais voir le visage de l'homme en face de moi.

-Quel effet ça fait ? ... De regarder son avenir en face ?

Il n'avait pas l'air trop en colère contre moi... J'avais beau avoir dû protéger ma Res Publica, Wergeld était quand même un ami... Je ne pouvais pas vraiment le laisser tomber dans un moment comme celui-là... Même si je savais pertinemment que Fafnir ne manquerait pas de débarquer bientôt en ville. J'avais fait ce que j'avais pu, maintenant c'était à Wu de se débrouiller pour se débarrasser de lui. Je n'étais pas assez bonne combattante, ni en assez bon état pour lui être d'une aide quelconque.

Je restais sous les couvertures, appréciant le poids du drap du moi. J'écoutais ce qui se passait à côté de moi. Je sentis le lit s'enfoncer sous le poids de quelqu'un à mes côtés, mais j'étais trop fatiguée pour ne serais-ce que sortir la tête de sous mon cocon confortable. J'entendis la discussion des deux hommes dans la pièce, comprenant en même temps que celui à mes côtés était Ayame. Épuisée je me mis en boule, j'entendis Wergeld faire passer un message par une servante. Et la porte s'était à peine fermée que je dormais déjà profondément d'un sommeil sans rêve, mon esprit étant aussi fatigué que pouvait l'être mon corps.

Je ne vis, ni n'entendis même pas Fafnir entrer dans la pièce...


[hrp : C'est court, mais y'a pas besoin de faire un roman là... Je vous laisse continuer seuls. je posterai uniquement si je juge qu'une de vos actions peut me réveiller, sinon amusez vous bien...]

Edit Wu : lâcheuse... Tu m'abandonnes ! T.T J'vais me faire trucider et tu me laisses en plan... Sauvage ! xD

Si prévisible. Je refermais à peine la porte que le courant d'une voix venue d'un chemin invisible avec pour porte d'entrée la fenêtre de la chambre s'anima dans la pièce. Je fis volte-face, dévisageant l'assassin, celui qui m'avait pris une chose précieuse. De ces choses que tout enfant devrait avoir et qu'on n'ôte pas avec tant d'impunité. Et il souriait. Il se sentait chez lui, comme si le monde lui appartenait. Se prenait-il pour un Dieu ?
Ayame allait se trouver une arme, aussi basique que soit une bouteille brisée ça restait une arme, quand ma main le retint de faire un seul pas. J'avançais seul, pour me poster à moins d'un mètre de l'homme, la distance me séparant de Caliope ayant clairement diminuée.

Je songeais à deux choses. Ainsi positionné, Ayame ne risquait pas d'attaque directe, je pourrai intervenir sans qu'il ne soit mis en danger. Quant à Caliope, celle qui vendit le traqueur, elle ne risquait pas plus. J'étais trop proche. Et je n'attendais qu'une chose, que ce type passe à portée de ma main, à cet instant je lui broierai les os.
Il devait avoir mon âge, un peut plus sûrement. Il était jeune aussi jeune qu'on peut l'être avec autant de sang sur les mains. Son sourire, son arrogance. Je trouvais quelque chose de familier dans son attitude. Il ressemblait au gosse que j'étais adolescent. Quand je me croyais invincible, quand un galet me paraissait risible parce qu'il était minuscule.
... Et toutes ces personnes qu'il a dû torturé pour obtenir de savoir où j'étais et peut-être bien qui j'étais. Je n'étais pas coupable, je n'avais rien à voir avec cet homme. Cette lubie qui l'avait mené jusqu'à moi, cette obsession qui m'avait ôté le dernier vestige de mon passé, il en était le seul responsable.

Mon avenir ? Que voulait-il dire par là ? Qu'était-il pour croire que nous avions des points communs ? Mon avenir ? cela signifie-t-il que je vais devenir un assassin ? Ou peut-être serai-je aussi seul qui l'est.
Ayame recula d'un pas. Son dos obstruait la porte, cette issue était donc condamnée. Et mon message devait déjà être en cours d'exécution à l'heure qu'il était.

-Te rends-tu compte, assassin, que tu es pris au piège dans cette ville ?

J'avançais d'un pas. Je voulais lui faire face. Sûrement parce qu'à présent j'étais à côté de la chaise contre laquelle reposait ma lourde épée. Ma main en frôla le cuir de la garde alors que j'approchais pour me tenir droit, à moins d'un mètre de l'homme. Nous étions presque aussi grand l'un que l'autre. Il était plus large d'épaule, mais tout entrainé qu'il soit, que pouvait-il contre moi ? Si proche que je pourrais lui écraser le visage d'un seul coup.

-Si tu veux ma mort je t'en prie. Tu n'imagines pas combien de fois j'ai tenté de rejoindre l'au-delà de ce monde sans succès. Mais après, quand tu auras accomplie ta sale besogne tu ne pourras même pas sortir de cette ville. Tu es pris au piège dans une bulle d'air au fond de l'océan.

Je lui rendis un sourire. J'en étais presque heureux de cette façon dont les évènements s'étaient enchainés. Je n'étais peut-être pas fait pour vivre longtemps, ni même pour être un maître.

-Sais-tu que la pression à 1000m de profondeur est de 101bar ? Soit 100 fois ce qu'un corps normal supporte à la surface. Si tu arrives à t'échapper, comment feras-tu pour regagner la surface sans mourir écrasé au fond de la mer ?

Je devenais fou. C'est une belle journée pour en finir avec l'errance d'un gamin de la Zone du dehors. Et puis, j'avais envie de sang, mes muscles fatigués du duel avec l'elfe en redemandaient, ils souffraient déjà et souhaitaient continuer cette agonie. J'étais à une goutte de perdre mon sang-froid, d'agripper mon épée et d'entamer la lutte dans cette petite pièce.
La vengeance n'aurait rien d'appétissant si elle n'était pas le fruit de l'unique désir égoïste d'un homme. Elle ne me rendra pas ce que j'ai perdu, ces choses dont je suis peut-être responsable, mais à un autre degré, à une autre époque. Et ici, je n'avais même pas l'envie de le laisser filer, ni celle de le tuer... Ni même de comprendre. Je m'en fichais. Lentement, j'avais laissé échapper les rares émotions qui avaient su s'accrocher à la coque du chasseur qui m'avait construit ces dernières longues et rudes années. J'avais perdu l'intérêt des choses. L'avenir ? Comment peut-il y avoir un avenir si le passé n'existe plus ?

Edit Cal : Spa mon problème ! De toutes façons, je servirai pas à grand chose même si je post... Par contre je vais mordre le premier qui me tombe dessus...

-Vouloir ta mort ? Je n'ai jamais dit désirer te voir mort. Bien au contraire.

Si proche que j'aurais pu le toucher rien qu'en levant la main. Mon seul regret était d'être arrivé par la fenêtre, j'étais ainsi situé que le vent venait de mon dos, son odeur m'était donc encore inconnue. J'affichais un sourire acerbe, sardonique. Je me moquerai facilement de ce type ; lui, tout en étant différent, me ressemblait comme jamais. C'était perturbant, mais je savais à quoi m'attendre, c'était lui que je cherchais et tout ce qu'il dégageait était à la hauteur de mes aspirations.

Si je ne voulais pas sa mort, lui semblait vouloir la mienne, c'était aussi visible qu'un point blanc sur un tableau noir. Je reculais d'un pas. Dommage, j'appréciais la si petit distance entre nous, mais là, il s'agissait de gagner du temps. Je n'ai pas envie de mourir, loin de là même. Je veux vivre, vivre comme jamais, changer. Peut-être aussi devenir autre chose. Bien évidemment je suis et resterai un assassin, c'est une étiquette qui me restera coller à la peau jusqu'à ma mort, si elle vient un jour. Mais là, avec ce type devant moi... Pour tout dire un inconnu comme toutes les autres proies. Lui qui n'était pas une proie comme les autres, je me disais que je pouvais devenir plus qu'un simple assassin. Et ça, c'était une révélation venue d'un autre jour, d'une autre histoire. Cette même histoire que je dois lui raconter. Si je meurs, tant pis, c'est pas une grande perte.

-Mourir au fond de l'eau ? J'y ai jamais pensé en ce sens, j'ai imaginé ton épée, j'ai imaginé mourir étranglé, empoisonné... Mais écrasé sous l'eau, non jamais. Quelle drôle d'idée.

Je reculais encore, ma progression s'arrêta lorsque mon dos croisa la bord de la fenêtre. je n'irais pas plus loin de toute façon. Mon sourire s'était élargit, passant de la moquerie à l'arrogance. On se refait pas et j'aimais ma façon d'être. À quoi bon changer s'il n'y a rien à gagner. Les efforts pour cela sont considérables, et j'aime le travail facile. Alors changer... Pour quelque chose, pourquoi pas, pour quelqu'un, je ne connais pas les sentiments des êtres humains, mais après tout c'est peut-être ça.

-Je vais tacher de t'éviter la mort, Wergeld, je ne souhaite pas qu'elle te prenne si tôt. Nous venons à peine de nous rencontrer. Il m'aura fallu beaucoup de temps et d'énergie pour ça. Je fis une brève pause, le temps de l'observer. De voir sa réaction en quelque sorte. Tu sais. Quand je l'ai tué, il n'y avait rien de mieux pour elle. Elle t'avait oublié, elle n'attendait plus rien de la vie, ne rêvait plus. Son sourire était froid. J'ai tué l'enveloppe charnelle, le temps avait déjà tué son âme. Mais, étrangement, toi qui était oublié de tes parents, toi qui est aussi bien que moi un meurtrier... Je voulais te trouver. Je n'imaginais pas que tu serais mon miroir.

Si nos vie furent différentes, nous avions entre autre un passé commun. Les mêmes douleurs nous ont fait perdre l'esprit, et si le miens commençait à peine à fonctionner de nouveau comme le voudrait l'étaut de la normalité, le sien avait déjà refait surface depuis longtemps. Je ne pouvais pas tuer l'exemple de mon propre futur, ni même celui qui m'avait attiré avec tant d'efficacité. Si j'ouvrais un livre un jour, je saurais peut-être que ces choses sont du désir, c'est bien, avec le mépris, les seuls sentiments universels. Je ne croyais pas en un quelconque amour. Je le désirais. Quand à savoir de quelle manière c'était une autre histoire, une question à laquelle je n'avais pas de réponse, il devra y répondre. À moins qu'il ne fasse cesser l'énigme avant, de façon radicale. Je n'avais pas d'alternative, vivre ou mourir.

J'étais son avenir, s'il me tuait il le garderait sur le coeur jusqu'à la fin. Car les humains ont cette faiblesse qu'ils ne savent pas vraiment oublier. Et si je suis encore en vie, je serais comme son ombre.

-Quoiqu'il arrive. Ta vie est entre mes mains, même si la mienne est à la pointe de ton épée.

Mon sourire disparu, les apparences n'étaient plus nécessaires. Je retrouvais mon regard dur d'avant, j'oubliais jusqu'à la position que je devais adopter. Quoiqu'il advienne, je serais ce demi-dieu déchu de l'Entre-monde.

[je le savais... Je m'en doutais que tu ferais ça, c'était trop évident ! >.<]

Il n'a jamais voulu ma mort ? C'est quoi ces conneries. Rien dans ce qu'il disait n'avait de sens, des paroles en l'air, de quoi gagner du temps. Ou quelque chose comme ça. Aya avait dit quelque chose comme ça lui aussi. Elle avait perdu l'esprit. Elle était ailleurs, déjà dans les bras de mon père quelque part dans le paradis de ce royaume, depuis des années. Elle était morte, je le savais, je faisais patiemment mon deuil. Ce qui me mettait hors de moi en cet instant c'était son insistance, à lui qui m'avait volé ma dernière chance de dire adieu à mon dernier parent. Il se sentait important, que croyait-il ? Il n'avait rien accomplie, aucune bonne action, c'était et ça resterait un meurtre de sang froid.

-Je ne suis pas un meurtrier.

Mon poing serré sur mon épée j'approchais des deux pas qui nous séparaient encore, de rage j'enfonçais mon épée dans le mur comme une horizontale sortant de la paroi. Mes doigts lâchèrent la lame et j'attrapais le col de l'assassin pour le repousser de force contre le mur, il y avait à peine quelques centimètres entre mon épée luisante aiguisée il y a peu de temps et sa gorge, pas un millimètre entre mes poings refermés sur le tissus, appuyant de tout mon poids sur lui. Je le maintenais ainsi bloqué seuls ses bras auraient pu bouger en cet instant. Qu'il ose...

-Mais je vais le devenir.

Son arrogance, cette suffisance qu'il affichait comme s'il la méritait attisait ma rage mieux qu'un bâton dans un brasier. J'étais comme de l'essence enflammée, pour éteindre ma colère il en faudrait plus que ce dont Ayame était capable. L'elfe s'était approché, et s'il n'avait pas tenté de me tirer en arrière, s'il n'avait pas esquisser plus d'un mouvement pour m'empêcher de tuer l'assassin c'était seulement qu'il avait conscience qu'en ce cas c'est lui qui périrait. Je lui trancherai le bras s'il pose la main sur moi, je lui trancherai la tête s'il parle, je lui trancherai les jambes s'il avance.
De la folie, il en fallait beaucoup pour que mon corps fatigué d'un trop long duel puisse encore user de la force qui me rendait célèbre, je sentais sous mes pieds le plancher vibrer des ondes que je déversais. Mais ici il n'y avait pas de terre à secouer, alors tout vibrait sans vraiment devenir un tremblement, c'était les tremblement de mon corps qui désirait le sang, désirait que j'évacue la colère.

-Tu te prends pour un Dieu, Fafnir ? Je vais te montrer que même les dieux peuvent mourir.

Un goût de fer se répandait sur ma langue, l'envie de mordre. Je n'étais plus Wergeld le maitre de K'ouen, j'étais, en cet instant, un animal prêt à tuer. L'être humain est le seul animal capable de tuer, non pas pour se nourrir mais pour le plaisir d'ôter la vie. Je devenais bien pire encore. Nul dieu ne protège les meurtriers.