La leçon d'alchimie

Lilou cherchait un endroit sans bibelots, ni objets en verre, pour y déposer Higor, qui sous l’effet de la lavande avait retrouvé son oisiveté. Il pesait un peu lourd, et elle avait du mal à le porter. Elle monta les escaliers. Elle avait déjà vu les pièces du rez-de-chaussée et les objets de valeurs qui s’y trouvait, elle savait qu’elle ne pourrai pas y déposer l’animal sans risquer d’autres dégâts.
Kaïl la rejoignit durant son ascension.

- C’est quoi psycho rij… machin ?

Elle ne savait pas pourquoi il l’avait suivit mais cela lui redonna un peu d’entrain, elle sourit.
Ils entrèrent à l’étage supérieur, une pièce immense rempli de livres à perte de vues.

- C’est l’endroit idéal, il n’y a rien qu’Higor puisse casser…

Elle avisa un fauteuil qui avait l’air confortable et y déposa Higor, avec un peu de lavande sur les accoudoirs, pour anticiper d’éventuel rechute. Puis elle se retourna vers Kaïl. Il tenait Titou par la peau du cou, celui-ci semblait très mécontent de sa position de faiblesse et agitait les bras en de veines attaques à l’intention de Kaïl.
Lilou le repris avec elle et lui fit également sentir de la lavande, mais rien n’y faisait, il ne voulait pas se calmer, elle était obligé de le tenir.

- Mais Titou ! qu’est ce qui te prend calme toi voyons !

Elle était sévère, mais l’embarras qu’il lui causé la dérangeait réellement… surtout devant le moire… Entre lui et Higor, elle ne savait plus quoi faire. Titou mécontent et peu habitué à être grondé s’offusqua. Il se défit de sa prise et s’enfuit par la fenêtre…

- Titouuuu ! Reviens !!!!!

Elle couru jusqu’à la fenêtre qui était ouverte, et le vit disparaître derrière les toits. Elle se mordit la lèvre inférieur, inquiète. "J’aurais pas du le gronder… " murmura t'elle

Puis ils entendirent les cris de rage de son professeur. Lilou écarquilla les yeux, elle ne pensait pas Richye capable de proférer de tel menace, lui qui était si gentil avec elle.

– mais… mais… qu’est ce qui se passe ?

Titou filait par le fenêtre et j'étais revenu au point de départ. Je me promis de laisser Lilou se débrouiller avec son écureuil bagarreur. Hors de question que je retourne à la chasse au dahu encore une fois.

- Ah ! ça....

J'avais un large sourire amusé allant d'une oreille à l'autre. Tout en m'asseillant dans un autre fauteuil moelleux, jambe l'une sur l'autre et l'air fier de ma petite plaisanterie, je lui expliquais rapidement "pourquoi" son professeur venait de perdre son sang froid.
C'est qu'il n'était pas très résistant...

- Comme il voulait que je lui montre mes dessins, je lui ai fait rencontrer Mabou. Traduire par : tas de boue gluante rapidement esquissé sur un vieux papier.

Je lui montrais mon carnet où le blob avait quasiment disparu. Mes sourcils migrèrent au milieu de mon front lorsque je constatais que mon dessin s'était effacé de lui-même.

- Je crois qu'il a tué Mabou... Il est débrouillard le vieux !

Voyons voir... Qu'allait-il faire de ma prochaine création ? Je suais à grosse goutte, Higor, le blob et la nouvelle création attaquait mes réserves. Un bout de langue pointant aux coins des lèvres, je faisais rouler la mine d'un stylos sur le papier. Un petit objet informe commençait à apparaitre sous nos yeux.

- Héhé...

Je partais à la poursuite du sacripant, qui a eu le bon goût d'entrer dans ma tour, de ruiner mon labo, de me déranger en plein cours, et me faire affronter un slime géant verdâtre. Pas une trace d'eux au salon (qui, curieusement était intact), je décide de gravir l'étage. J'ouvre la porte, toujours ma masse à la main, et le voit assis dans un fauteuil de la bibliothèque. Tendant la masse vers lui :

- Toi, gamin, je vais te botter le train si fort qu'il faudra envoyer une expédition jusqu'à Hourya pour te retrouver.

Ma colère s'atténuait à peine, j'arrivais seulement à mieux la canaliser sur... ma cible ?

Je voyais également quelque chose apparaître devant lui...

- Ooooh ? mais je l’ai pas vu !

Elle vit à peine le dessin sur le carnet de Kaïl, dommage elle aurait aimé de le voir à l’œuvre.

Richye fit irruption dans la pièce rouge de rage. Il cria sur Kaïl. Lilou n’aimait vraiment pas la tournure que prenait les événements. Kaïl en avait un peu trop fait et finalement Richye était un adulte normal, il ne pouvait pas comprendre ce qu’elle avait compris le jour ou elle était entrée dans l’esprit du moire. Elle serra les poings.

Elle se plaça pile au centre de ses deux amis, et pris un ton très sévère qui ne lui scié guère.

- ON SE CALME MAINTENANT !! Elle avait hurlé.... elle reprit un peu moins fort. Richye on vas partir je reviendrais seule désolé.

Puis, tournant les talons, elle attrapa Kaïl par la main et tenta de le tirer vers la sortie, sans même se préoccuper d’emmener Higor. *pas le temps je repasserais le chercher plus tard, pour l’instant il faut calmer leurs esprits.* Elle adressa à Kaïl un regard suppliant....

Oui ! Enfin l’autre Alchiiste se réveillait ! J’étais sur un petit nuage car Richye avait enfin la réaction appropriée en ma présence. Je l’avoue volontiers, la massue m’inquiétait un peu dans les mains de cet homme là. Et même si j’avais très envie de savoir comment il s’était débarassé si vite de mon blob -fétiche- je n’arrêtais pas de dessiner pour autant.
Jusqu’à ce que Lilou se trouve prise entre deux feux. Quelle horrible sensation que d’envoyer au turbin la petite Lilou (se souvenir de mon discour précédent sur les opposés parfaits) ! Mon coeur de vaurien fondit comme neige au soleil. Je sautais sur mes jambes et allais m’accroupir devant elle.
D’habitude, aller trop loin c’est mon gagne-pain, ma marque de fabrique, mon comportement emblématique et ce pourquoi je suis réputé dans tout l’Entre-Monde… Mais avec elle ça se solda par :

-Bon, pour toi je serai sage. Mais s’il ne veut pas que je termine le dessin en cours, il va ranger sa masse. Et toi tu vas continuer ta leçon. Tu ne m'as toujours pas montré ce que tu apprenais...

Je tiens à ma tête, je suis trop beau pour me faire étêté. Je me désarmais en rangeant mon carnet et mon stylo dans ma besace. L’instant d’après j’étais debout, fier de mon coup, et je défiais l’alchimiste d’exiger plus qu’une trève obtenue de justesse.
A nous deux nous aurions sûrement détruit sa jolie tour…

-Marché conclu papy ?

Oups, c’est sorti tout seul...

Dans la plus grande incompréhension, je vis tour à tour : Lilou se mettre devant ce sale gamin pour le protéger, et, plus surprenant, Kaïl se placer devant Lilou pour la protéger. Je m'arrêtais net sous le coup de la surprise, et surtout, de sa demande. Mais ma colère bouillonnait encore :

- Attends, tu fais irruption dans ma tour, tu saccages mon labo, et maintenant tu veux que je fasse abstraction de tout ça ???

Je regarde alors Lilou, et immédiatement les idées me reviennent en place. Qu'avais-je fait ? Je passais les mains sur ma tempe, en m'adressant à Kaïl :

- Bon je consens à faire une trêve, mais c'est pour Lilou que je le fais. Et tu as intérêt à te tenir à carreau.

Je rompais la formule de mutation pour que le tabouret revienne à sa forme initiale et les enjoignais à redescendre au labo.
En entrant dans celui-ci, je retrouvais le blob... ou ce qu'il en restait : des morceaux de gélatine verte gelés se répandaient partout sur le sol, et certains avaient commencé à fondre. Je jurais entre mes dents.

HRP:

Après avoir un peu calmé ma tension :

- Bon, et si nous reprenions ?

Kaïl vint se placer à sa hauteur, Lilou se radoucit instantanément. Quelques secondes sans dire mot, elle le regarda dans les yeux… Son cœur fit un bond dans sa poitrine et ses joues s'empourprèrent…
Elle hocha la tête pour montrer son accord. Etonnamment Kaïl voulait trouver un terrain d’entente. Elle cru un instant que Richye n’accepterais pas, mais, il finit par faire disparaitre l’énorme masse qui se transforma en tabouret.

Lilou ouvrit la bouche, la referma puis la rouvrit.

- c’était de l’alchimie ?!

La fillette se détendit, la pression retombait…
La petite troupe redescendit au labo, où elle put enfin admirer le bazar extraordinaire qu’avait occasionné Mabou. Lilou écarquillas les yeux, des morceaux maronnasses de gélatines jonchaient le sol, et l’ensemble du labo semblait avoir subit le passage d’une tornade.

- Beeeuurk !

Sa venait du cœur. Lilou entreprit de nettoyer son plan de travail, et de retrouver l’ensemble de son matériel. Une fois cela fait, elle alluma à nouveau son ballon.

- Prête professeur ! c’est quoi la suite ? dit elle en levant le poing vers le ciel.

Souhaitant désarmer les tensions par son attitude, elle sourit comme si rien de tout cela n’était arrivé.

Bien, nous signons le traité de paix et allons dans le labo. Pour ma part, la déco me plait, je grimace de dégoût et lance à Richye :

- Sympa ta déco, c'est très grunge.

Et je fonce dans le fond du labo, m'installer sur une chaise épargnée par le blob.

Lilou avait déjà repris son poste et moi j'observais Lilou et Richye d'un oeil soupçonneux. S'il la gronde, je déterre la hache de guerre...

Voyant Lilou absorbé par la transformation du tabouret, j'expliquais :

- À un niveau avancé, il est possible de transformer des objets en d'autres objets. Si tu es assez assidue, ce sera toi qui saura sans ciller maîtriser les secrets de la formule de mutation

Arrivés au labo, dans un état pathétique. Kaïl me lança une pique à laquelle aussitôt je réplique :

- En même temps, mon décorateur a des goûts assez particuliers.

J'observais Lilou réaliser l'expérimentation, et l'aidait pour les parties un peu plus délicates (manipulation du bec bunsen, entre autres).
Pendant que l'opération suivait son cours je me permettais quelques explications sur le principe : l'eau chauffée en vapeur emporte l'huile essentielle de la lavande (contenue dans dans les fleurs), et va ensuite se déverser dans le récipient. En laissant décanter, l'huile se place alors au-dessus de l'eau.

Le temps que le mélange finisse la distillation et qu'il n'y avait, à priori, plus qu'à laisser faire sans toucher :

- Lilou, je reviens d'ici une minute avec de quoi nettoyer tout ce qu'il reste du blob. Voir autant de gelée par terre me donne des haut-le-coeur.

Je me tourne alors vers Kaïl, suspicieux :

- Et toi, Kaïl, évite juste de mettre encore plus de bazar qu'il n'y en a actuellement.

Je hâtais quand même le pas, sait-on jamais....

Chiche ...

Lilou était dans son expérience et l'alchimiste revenait vers elle. La gamine manipulait du gaz et des produits volatiles, ce qui signifiait : porte ouverte au bazar !
Je profitais de l'inattention de mes deux victimes potentielles et j'inspectais l'étagère non loin. J'avais déjà sniffé quelques uns des pots et des liquides exposés là. Il en restait assez sur le meuble pour m'occuper un petit moment.

Je fouinais quelques instants jusqu'à dénicher une bouteille noter : à tester. L'étiquette semblait assez récente et le liquide avait une étrange couleur moirée.

-Je crois que j'ai trouvé un trésor !

D'un coup je débouchais la petite bouteille et la portait à mes lèvres.

Cul sec ?