Re: Défouloir

Le fonctionnaire couina. En autarcie, oui, affaiblis, encore pire, mais surtout ils ne pouvaient pas sortir. Alors selon lui on devait mettre le turbo avant de regarder les gens à l'intérieur s'entre-tuer pour un paquet de farine. Des gens civilisés, jusqu'à ce que l'évolution en revienne au stade : macaque.
En parlant de macaque...
K'ien était de retour. Il n'avait pas été bien long et il avait les bras chargés.

-T'espère tout de même pas que je vais ramer ?

Je l'ai regardé comme si c'était... Comme si c'était... Une vague idée de ce que serait devenu un verre à soie passé au micro-onde. Je manque d'inspiration pour faire mieux.

-Vink, c'est pas une ville remplie d'érudits et de bouseux dans ce genre là ? Même en pleine forme ils nous seraient d'aucune utilité. Pour ma part, je suis en mesure de corrompre la matière. En fait, je triche, mon pouvoir c'est d'alourdir ou d'alléger la matière, sept fois maximum. Si j'ose tenter la huitième fois, la matière se dégrade.

Il faudrait leur expliquer l'astuce peut-être. Réflexion intense. Je me décidais à le faire après un long soupir. C'était sérieux quand je disais que je ne ramerai pas. Je préfère encore planer sous la pluie et les éclairs !

-Selon la résistance, elle peut finir en poussière ou être fragilisée. L'un ou l'autre, je sortais mon gros calibre, ça suffira pour lui faire un joli trou. Mais pour ça je dois le toucher, assez longtemps pour l'alourdir huit fois. Et croyez pas que je peux le faire s'effondrer sur lui même en multipliant ses tonnes de métal. Je serais morte avant qu'il ne se ramasse sur lui-même. Je peux me concentrer sur une faible surface si on me laisse assez de temps.

Bouffer les pissenlits par les racines, ça ne fait pas partie des priorités du moment, qui s'occupera de Naëvi s'il m'arrive quelque chose ?
J'ai rejoins les autres sur le chemin pour trouver la barque. À 3 dans la barque on allait pas être glorieux, 4 avec "Monsieur le fonctionnaire" et 5 avec le renard. Système D. Je sortis le planeur de mon petit sac qui pourtant n'avait pas de fond, une merveille, c'était mon meilleur achat. Le pire ? Le renard sans aucun doute !
D'ailleurs, il alla dans mon sac celui là, il ne tenait la truffe à l'air qu'en s'étant agripper au bord. Bref, il pendait sous mon bras tout content d'avoir trouvé un truc pas trop inconfortable -attendez qu'il voit la terre vue d'en haut !

J'ai déployé les ailes, et enfilais le harnais que je sanglais solidement.

-Finalement je vais décoller d'ici. On se rejoint en ville dès qu'on a fini le repérage.

Je manquerais de discrétion, mais je suis une fée, pas une sirène. Après faudrait voir comment on va buter la carlingue. Le balancer dans le fleuve ? C'était une bonne idée mais ça risque de poser des problèmes, y a pas des castors qui vivent dans le delta ? Si jamais le fleuve l'emporte il pourrait bousiller un village. Dans tous les cas, s'il est magique, le fleuve ne lui fera pas beaucoup de mal. Il coulera et puis ? Il ressortira un jour !

-On sait toujours pas s'il est magique ou mécanique. Ce serait pas si mal que l'un de nous trouve un moyen de vérifier. On peut enquêter mais le plus simple serait de regarder dedans s'il y a des rouages ou du vide. Qui s'y colle ?

La traversée de la rivière n'enchantait pas vraiment l'esprit, car ramer ça paraissait long et fatiguant. Seulement, ils n'avaient effectivement pas la chance de voyager avec un paquebot et de toute manière, ils n'étaient pas là en touriste. Et puis, si par malheur la petite barque se renversait Neythen pourrait peut-être se noyer... Quant à Hilde, léger comme il était, il flotterait sans problème ! Puis, même sous l'eau il survivrait, lui n'avait pas besoin d'oxygène, il n'était pas dépendant à toutes ces cochonneries ! Il demanda.

-Neythen sais-tu nager ?

Il aurait très certainement hoqueté s'il en avait eu les moyens. Pourquoi ? Car cette jolie femme aux rondeurs assumés ne souhaitait pas ramer. Donc madame était bien trop raffinée pour daigner toucher à ces rames. Non mais pour qui se prenait-elle ? Elle refusait d'aider un maître et d'un certain point de vue, elle tournait le dos à deux maîtres ! Son titre de femme l'épargnait, dans ce cas là, le titre de maître épargnait également, sauf pour Neythen, car lui... il n'était pas concerné, c'était tout. Seulement il réussit à se retenir, on verra le moment venue.

Dité fit part de ses capacités, c'était horriblement intéressant. Avec ça, elle pourrait noyer Ken sans le moindre problème. Était-elle consciente de la chance qu'elle possédait ? Commençant à mettre en place une stratégie, Hilde partagea son savoir également.

-Je peux créer un double, seulement un. Tout comme toi, il y a de grands risques si je veux un créer un troisième. On pourra peut-être combiner tous nos pouvoirs.

Une question fort pertinente plana sur le petit groupe, le géant était-il d'origine magique ou robotique ? Il était aussi possible que ce soit un esprit, c'était inadmissible la discrimination. Mais Hilde préféra ne rien dire, après tout si ce monstre de bronze était un esprit, K'ien serait impliqué et il y avait de quoi ternir l'image de ce beau miroir. Maintenait il restait à espérer que ce soit un robot et dans ce cas, Ken serait concerné. Ce serait formidable ! Si enfin tout le monde pouvait ouvrir les yeux et voir que ce miroir ne sert à rien. Puis une petite voix fluette s'éleva, sans peine, Hilde la reconnue.

-Il s'agit d'un enchantement.
-Victoire ! Que fais-tu ici ? Demanda Hilde.
-Je savais que vous alliez dans cette direction maître et nous avons reçu aux bureaux une mise en garde provenant de cette région. Puis après quelques recherches, nous avons remarqué une aura magique très puissante.
-Très bon travail ! L'on peut remarquer l'efficacité des bureaux de K'ien...

Les petites joues joufflues de Victoire prirent de jolies couleurs. Elle se plaça aux côtés de l'esprit, comme intimidé par la présence des autres membres de l'équipe. D'ailleurs elle avait raison de les craindre, car Dité avait dégainé son calibre juste avant son arrivée. Hilde rajouta.

-Il sera inutile d'utiliser les armes à feu. Il faudrait soit anéantir intégralement le géant de bronze, ce qui sera très difficile. Soit atteindre le sorcier, nous avons plus de chance de ce côté, mais à voir son chef d'œuvre... Il sera très puissant.

Corrompre la matière, là, elle le draguait carrément ! S'il avait osé, il lui aurait carrément demandé de l'épouser sur le champs. Mais bon, les gonzesses, ça se faisait toujours des films pas possibles. C'était pas certain qu'elle pigerait la blague et il n'avait pas envie de s'embrouiller tout de suite avec elle. Au vu de son caractère, il pouvait même s'avérer dangereux de la mettre en pétard d'ailleurs. Alors bon, le mieux restait encore de la fermer et de remettre l'humour douteux à plus tard. Et en plus c'était pas pour critiquer mais une nana c'était toujours sympa au début, avant de devenir plus chiante qu'un K'ien en pleine forme... enfin à ce qu'on disait. Fallait pas compter sur l'expérience du Maître en la matière, étant donné qu'il en avait aucune. Dans sa vie antérieure peut-être, mais pas d'bol, il s'en rappelait pas. Et puis me direz-vous, quel rapport avec la choucroute ? Aucun !

« Ton truc s'ra plus utile que l'mien. J'l'occuperai autant qu'je pourrai. Au pire j'le fini au grille-pain. »

Un coup d'œil exaspéré vers K'ien. Et lui alors, il servirait à quoi à part à lui casser les b... pieds ? Ben il ferait le leurre tiens. Il était tellement lourdingue quand il s'y mettait, qu'il n'aurait aucun mal à faire sortir le colosse de ses bronzes et attirer l'attention sur lui. Bon plan. Et qu'il y reste... Neythen hocha la tête. Pas la peine de dire qu'il était d'accord ou pas avec la miss, il sentait bien que de toute façon, elle ferait ce qu'elle voulait.

« S'il est magique, ça f'ra bien chier son marionnettiste que tu multiplie son poids. »

Oui enfin, il espérait surtout. Pure conjecture, mais on s'en cognait, il n'avait que ça. Et là, la honte ultime, K'ien avait la réponse à la question bonus. Pour le coup, Haine se sentit très, très, mais alors très mal. Les boules quoi.

« Ok on s'retrouve à l'auberge... Non attends. On s'retrouve plutôt sur la place. »

C'est pas ça mais avec le bordel qu'il avait mis en cognant sur l'autre en jupettes, le patron de l'auberge du coin ne voudrait peut-être pas de lui en fait. Bref, sur ce il tourna le dos à Dité et gagna le port. Il grimaça en apercevant le rafiot que leur avait dégotté Hilde. Si c'était pas du foutage de gueule ça. Et là, il y eut comme un blanc. Parce que c'était pas pour dire, mais ses cent kilos et quelques, Neythen ne les cumulait pas en graisses – qui l'aurait fait flotter comme une grosse bouée – mais en ossature plombée qui elle, le ferait couler plus sûrement qu'une pierre. Une méga grosse pierre même. M'enfin bon, il allait pas se laisser intimider par une barque et un fleuve au nom imprononçable non plus, hein ? Un juron plus tard, il prenait place dans l'embarcation sans prendre la peine de saluer la gamine – manquait plus qu'ils s'encombrent de gosses maintenant – et rama, vu que l'autre pet en sachet était incapable de le faire. Ça aurait été trop demandé un canot à moteur ? Il était maître ou quoi le truc en cuir ? On se demandait, vraiment. Enfin bref, jugeant préférable de se défouler à coups de rames dans la flotte, N. ne tarda pas à gagner l'autre rive, à son plus grand soulagement. À tel point même qu'il fut le premier à bondir hors du rafiot pour gagner le plancher des vaches.

« On contourne par le nord. »

Réflexe de soldat. Il sortit son PDA de sa poche et pianota un bref instant. Sur l'écran tactile apparut alors le Brihm, Vink, et un point clignotant le représentant lui. Ben oui, PDA équipé d'un GPS, du coup tant qu'il le tenait à la main il s'autotraçait. Pratique non ? De son avis, ça le faisait, et il se mit en route sans attendre les deux autres. C'est pas le tout mais il était pas là pour un pique-nique, alors soit ils se remuaient le train, soit il partait sans eux. C'était pas comme s'il avait une gueule de nounou non-plus...

Pendant un fraction de seconde je me suis demandée si c'était une bonne idée de laisser les gosses entre eux. Et puis je les ai oublié. Si ça ne tenait qu'à moi j'aurais chopé N pour aplatir K'ien, mais c'était inutile, j'aurais fais sauter le ballon et l'autre n'aurait pas aimé la plaisanterie.
Un vague signe de la main, quelque pas et je décollais.

Les alizés me forçaient à contourner par l'Est, et quand j'ai réussi à atteindre la vil depuis les cieux, j'ai vu quelques visages depuis le sol regarder le petit deltaplane. Naëvi n'aboyait pas, il avait si peu aimé le décollage qu'il était retombé dans le sac, pour l'en sortir je devrais retourner le bordel en espérant qu'il sorte avant que la couverture ne coince la sortie.
Le clébard était mon dernier souci, le géant de bronze tenait debout, droit comme un piquer au milieu de la ville. Et les gens évitaient de sortir, les rares qui trainaient dans les rues le faisaient en se dissimulant derrière chaque coin de mur.

Je me suis posée une question vraiment nulle en passant au dessus du colosse. Si le géant était au milieu de la ville, si le magicien décidait de le faire sortir, il devait être assez proche de lui pour voir où il allait. Un géant dans la façade de la mairie, ça fait tache... La question qui suivie était moins stupide.
Es-tu dans ton colosse, ou proche de lui ?
S'il était proche, on le chope, on le ficelle, on l'offre à Ken pour noël (punching ball gratos), mais s'il est dedans c'est encore plus simple, pas besoin de le chercher, suffit de rentrer dans le gras du colosse -même s'il en a pas une miette- et de le faire tomber. Ça doit être vachement lourd à soulever un truc en bronze qui fait 4m de haut.
Et si ça marche pas, on aura le mérite de l'avoir fait tomber -nota bene : ne pas le faire s'écraser sur la mairie ou k'ouen sera furax.

Je ne repérais aucune milice ni dedans ni dehors. Pas de véritable rébellion aux alentours, Hourva s'étendait loin vers le Nord et il n'y avait pas de poste de garde dans le coin. Ce n'est pas une région aussi dangereuse que Ing ou les marais. Pas besoin de soldats dans le coin. Sauf dans des moments comme celui là.

J'ai fini par faire demi-tour, le vent se levait et j'allais finir sur la lune si je ne me dépêchais pas d'atterrir. Dès que je fus sur la petite place, déjà les regards coulaient sur moi et mes ailes comme si c'était glauque une fée qui ne sait pas voler sans... J'leur demande s'ils mangent des grenouilles, moi ?
J'ai replier le tout et j'ai commencé à secouer mon sac à l'envers, un tas de bric-à-brac en sortit jusqu'à ce que Naëvi retrouve le plancher des vaches à son tour. Il bondit sur ses pattes et gratta le sol pour me jeter de la poussière sur les bottes... Sale clebs.

En attendant les autres, j'ai vissées mes lunettes oniriques sur le visage et j'ai enclenché une vidéo concernant Hourva et ses alentours. Evidemment, c'était surtout "beau" à voir, et ça m'occupait, assise au bord de la chaussée, Naëvi parti renifler les semelles de n'importe qui, à croire qu'il cherche à faire une moyenne de personne ayant marché dans une merde de renard par semaine. À se fier à son insistance, la moyenne venait de grimper d'une personne.
Et je n'étais pas là pour voir le regard noir de sa victime, en ce moment je suivais le cours du brhim.

Spoiler:

Dité prit son envol. Il ne restait plus que Hilde, évidemment en premier, et le reste de la compagnie qui n'avait aucune importance, mis à part la jeune Victoire. Le maître de Ken était déjà parti et sans le moindre doute, prêt à embarquer et il serait capable de partir sans l'esprit. Le conservateur expliqua une dernière fois.

-Aucun dégât ! On se reverra plus tard.
-Très bien, au revoir monsieur !

Hilde ne manqua pas de le saluer. Juste au cas ou, il était préférable d'avoir cet homme de son côté. Peut-être qu'il serait possible de faire oublier sa part de réparation, au cas ou le pire adviendrait. Mais pour le moment, ce n'était qu'une simple précaution, il valait mieux prévenir que guérir. Hilde prit la jeune fille par la main et couru rejoindre Neythen. Il était déjà sur le point de partir lorsqu'ils arrivèrent. Hilde aida Victoire à monter et ramassa la seconde paire de rame. Il expliqua alors.

-Nous sommes deux et c'est évident. Vous êtes une femme, moi un maître. C'est à vous de ramer, il lui tendit ses armes. Allez-y, faites vos preuves !

Puis, tandis que la barque avançait, une lampe apparut. Comme par magie ! Il était incontestable que la lampe lui revenait de droit. Et en plus, il était le seul à avoir les mains libres, donc comme ça le problème était résolu. Lorsqu'il entra en contact avec celle-ci, une voix résonna au sein de lui-même. Il s'en douta car il ne vit aucune réaction venant de ses deux compagnons.

-Fais un vœux et il te sera réalisé.

L'esprit douta quelques instants. Serait-ce un piège comme la dernière fois ? La situation était rêvée, les deux maîtres étaient une nouvelle fois réunis. Il l'inspecta, regarda à l'intérieur, rien à déclarer. Puis au pire des cas, c'était un petit malin. Il demanda donc tout haut.

-Je souhaite... que mes documents se signent seuls pour toujours, ou du moins le temps d'une vie.

Il se frotta les mains lorsque la lampe disparut, si son vœux durait le temps de sa vie, ce serait pour toujours. Ils arrivèrent après sueurs étrangères et attente de la part de l'esprit. Neythen pouvait s'avérait être utile, quand il suffisait de force et de brutalité, il l'était. Un titre de maître ne lui convenait pas, esclave était plus approprié.

Lorsqu'ils quittèrent le cours d'eau et eurent abandonné la barque, Hilde rattrapa Neythen qui après avoir jeté un coup d'œil à son petit objet noir était parti sans prendre la peine de prévenir Hilde ni même la pauvre victoire.

-Tu as découvert quelque chose ?

Il fallait mettre leurs différents de côté et tenter de collaborer. Juste tenter. La petite Victoire accourut à son tour, toujours autant essoufflé après une dépense.

-Victoire, as-tu sur toi un radar captant les ondes magiques ?
-Oui, c'est un anneau, sa couleur varie selon les ondes. Plus elle est foncée, plus la magie est présente.

Elle sortie un anneau de sa poche et le montra afin que tous puisse l'observer.

-Ce peut être utile si l'on veut contourner Vink en toute discrétion. Préviens-nous si tu perçois une présence magique.
-Ça marche !

Elle semblait fière de pouvoir être utile. L'objectif était d'atteindre la forêt et de pouvoir observer, de loin, Vink. Mais pour cela, leur discrétion était primordiale.

Les papiers se signèrent tous seuls... Comme des grands, enfin même les petits.

Encore un qui espérait avoir tout ce qu'il voulait en ne fichant rien ! Rha ces maitres ! Jamais content du peu de travail qu'ils ont à faire il faut en plus qu'on leur trouve une parade.

Aussi, dans les bureaux de K'ien, les papiers, dossiers, rapports, et autres feuillets administratifs prirent vie. L'un d'eux, le plus épais des cartons, se plaça devant les piles et pointa ses coins vers le ciel. Le branle-bas de combat ! Les papiers se mirent en fil indienne devant lui et armé d'un pinceau dégoulinant d'encre, il traça des croix religieuses sur ses disciples qui allaient reposer les uns sur les autres sur une pile à côté... L'encre tâchait le papier et plus il y en avait plus les dégâts grandissaient. Tout y passait, rapports, demande d'autorisation de chantier, de construction, de travaux, lettres officielles... TOUT y passait. Même les pages d'un livre rangé dans le tiroir attendirent dans la fil d'attente d'être signées à leur tour.

Autant vous dire que les secrétaires et les fonctionnaires qui eurent vent de ce drôle d'évènement sentir la panique poindre le bout de son nez...
Les papiers seraient certainement fichus et l'administration allait prendre un sacré retard.
Le génie ne demanda pas de "merci" cette fois ci, mais en disparaissant il ricana dans le vide...

Spoiler:

Et merde ! Maintenant qu'il y pensait, Neythen avait proposé de scotcher son PDA aux fesses de Dité... enfin non, plutôt aux fesses du planeur de Dité pour prendre des photos aériennes. Seulement avec tout ça, il avait juste un peu zappé. Alors bon, d'un côté c'était tant mieux étant donné que l'objet lui était bien pratique pour se repérer – même si quelques années dans la zone du dehors aidait aussi de ce point de vue là – mais de l'autre ça le faisait un peu chier de pas pouvoir profiter des vues du ciel façon Yann Arthus Bertrand... mais tant pis, il ferait sans. En attendant, il fonçait droit devant sans perdre de temps à attendre K'ien et la gamine, conscient que le voyage leur prendrait quelques bonnes heures rien que pour l'allée alors que la miss aurait tôt fait de revenir par la voie des airs. En fait c'était le bon plan cette histoire de planeur, elle n'avait pas à crapahuter des heures au milieu des ronces et des orties au moins. Cerise sur le gâteau, elle n'avait pas à se farcir Monsieur le-crâne-traversé-de-courants-d'air. Neythen soupira. Franchement, la môme aurait pu se trimbaler avec Hilde flottant au-dessus de sa tête tenu par une ficelle, façon ballon ridicule de fête foraine, il aurait été tout aussi inutile. S'il avait découvert quelque chose ? Pas le cerveau de K'ien dans un fourré en tous cas.

« Pas besoin d'l'anneau d'Sauron pour contourner, magnez vous un peu ça suffira. » intima sa voix douce comme le grognement d'un ours mal luné.

C'est qu'ils commençaient à lui chauffer le haricot les deux touristes là. Il leur fallu quelques heures pour rallier le point le plus au nord de Vink. Le plus proche de la ville également. Même que K'ien et sa groupie étaient toujours vivants en arrivant sur place. Neythen rangea son PDA et s'avança prudemment. Sous le couvert des arbres, il pouvait observer sans être vu, sauf qu'il n'avait pas assez de hauteur pour voir par-dessus les remparts. Il lui fallait se rapprocher et surtout se surélever un peu. Il aurait tué pour avoir eu une place sur le planeur de Dité...

« Faites vous r'pérer et j'vous plante là. Et j'viendrai pas m'emmerder à v'nir vous sauver les miches. »

En fait il aurait même mis un panneau lumineux autour du cou de K'ien juste pour voir comment ça faisait un esprit passant sous un colosse... mais là il avait pas trop le temps de s'amuser. Il s'approcha de la lisière comme un chat avant de jeter son dévolu sur un arbre suffisamment robuste pour supporter son poids et sortit son PDA une nouvelle fois. Il devait bien y avoir une fonction zoom sur ce bidule non ? Ah si ! Cool, mini télé en direct de Vink. Neythen visa, zooma, grimaça tour à tour. Les remparts les feraient assurément chier s'ils voulaient balancer le bronze à la flotte. Ce plan là était donc à oublier. Entre autre détail bien relou, les portes étaient fermées, empêchant toute intrusion comme toute évasion. Pour ce coup là, leur titre de Perçant leur serait utile. Par contre une fois dedans, soit ils bousillaient leur cible, soit ils se faisaient expédier sur Mirinar à coup de pied au train. Tant qu'à faire, Haine préférait la première solution. Autre chose ? Peu de monde dans les rues et aucun signe de rébellion mais ça ne l'étonnait pas. Quelques chaudrons en haut des tours firent sourciller Neythen. Ça donnait quoi de l'huile bouillante sur du bronze ? À la guerre comme à la guerre, tout était bon à tenter. Niveau armement, à part quelques armes d'hast posées contre les murs, rien n'attira l'attention du maître. Et en même temps, même un bête javelot pouvait se révéler utile pour peu qu'on vise correctement. Place minuscule comparée au colosse. Chiadé pour se battre. Rien d'autre ? Rien d'autre. Ah si, un planeur qui faisait demi-tour.

Il descendit de son perchoir et enfonça les poings dans ses poches. Pour le coup, c'était vraiment pas gagné leur affaire là.

« L'anneau s'ra utile pour repérer l'magicien une fois d'dans. » réfléchit-il à voix haute tout en prenant le chemin du retour.

Pas besoin de GPS ce coup-ci, il connaissait la route, et il passa ses nerfs sur quelques pierres qui lui firent l'affront de se foutre en travers de son chemin. Des machins énormes, il en avait bouffé un certain nombre ces dernières années, mais celui-là n'était pas pour le rassurer. À deux et demi, c'était pas dit qu'ils s'en sortent, alors il se tortura le cerveau tout le long du retour sur une stratégie salvatrice qui ne venait pas, shootant dans tout ce qui passait à portée de ses pompes, les deux autres sur ses talons. Lorsqu'il sauta dans la barque, il n'avait pas décroché un mot et se contenta de ramer pour traverser. Le soir tombait lorsqu'ils rejoignirent enfin la ville. Dité au milieu de la place s'éclatait toute seule avec son cinéma portable et indéniablement ridicule sur le pif. Neythen se planta face à elle.

« On pourra pas entrer autrement qu'par le Perçant. (oui parce qu'il allait pas s'encombrer de « bonsoir, nous sommes de retour et on t'a cueilli des fraises des bois ») Sinon, grosso-modo on a des armes moyenâgeuse, de l'huile bouillante, on peut multiplier son poids sept ou huit fois, l'électrocuter. Pour la flotte, c'est mort, les remparts s'ront infranchissables à moins d'le faire se j'ter d'dans. Eux z'ont un machin pour repérer la magie, enchaîna-t-il en désignant Hilde et la gamine du menton, ça s'ra utile pour déloger l'magicien et lui faire la peau. On peut p'têt larguer un truc depuis ton planeur mais j'doute qu'ils connaissent l'acide fluorhydrique dans c'bled paumé. T'façon il va faire nuit. Et elle, il montra Victoire, elle vient pas. C'pas pour les mômes. »

L'espace d'une seconde, il regretta de pas avoir emmené un ou deux ragondindons. Ces saloperies avaient un talent indéniable pour se faufiler partout et faire de gros dégâts. Un colosse de bronze de quatre mètres, qui sait, ça les aurait peut-être dépaysés. Il se retourna vers Dité, espérant muettement qu'elle allait leur annoncer un truc génial qui résoudrait le problème en un claquement de doigts.

« T'as quoi toi ? »

Spoiler:

Le Brihm passait relativement loin de Vink, la zone était constituée de collines peu élevées et je n'avais pas vu de prédateurs ou de gibier potentiel dans ma vidéo. Pour ça je me reportais à ma carte du petit-entre-monde. On avait pas mal de chiens sauvages, quelques ours si on remontait dans les montagnes et en altitude quelques wyvern. Bref, rien d'utilisable. J'aurais voulu des bestioles utiles comme une fée pardis ! Le genre de petite mouche ahurissante tant elle est agaçante qui virevolte partout pour vous coller sa poussière sous les narines.
Mais j'y pense. On en a une. Sans la poussière. Mais énervante comme une armée de fées.

Un grésillement vient saturer les écouteurs des lunettes. Encore le type et sa crotte de renard sous la chaussure ? Il veut que je la lèche peut-être ?
De l'index je descend les lunettes sur mon nez et là je vois la face la moins accommodante que j'ai pu voir. Pour un peu j'aurais ré-enfilé mes lunettes.

-Naëvi arrête de renifler K'ien, on a assez de problèmes comme ça...

Le renard obéit à peine, jusqu'à ce que je secoue la boite de croquettes dans le sac. L'appel du ventre. Une écuelle remplie des trucs odorants et la bestiole était heureuse. Un problème de moins déjà.

-Y a personne dans les rues, un gros truc sur la place principale de Vink. Pas de magicien dans les parages. J'ai pas vu de préparatifs ou quoique ce soit d'autre, s'il y a une rébellion elle viendra pas de l'intérieur, j'ai pas vu de sortie potentielle dans les remparts et vu le peu de mouvement dans les rues dois pas y avoir de sortie de secours.

Naëvi qui englouti ses croquettes, boeuf petits légumes, elles le maintiennent en forme et m'évite de le retrouver dans le poulailler du voisin. Je jette un oeil sur la petite sainte qui accompagne K'ien.

-Un truc qui détecte la magie ? Ton truc il fera la différence entre notre magicien et nous ? Non parce que je suis une fée, j'ai pas envie qu'on me botte le derrière par erreur...

Qu'est-ce que j'ai oublié. Le plus important.

-Les bâtiments de Vink sont plutôt hauts et plutôt proches les uns des autres, une avenue principale traverse toute la ville, le reste , les ruelles sont tout juste assez larges pour une charrette. Pour conquérir la ville ce truc était déjà dedans ou on l'a laissé entrer. En même temps le magicien doit être dans le monstre ou tout proche pour le maitriser, vu le mastodonte pour lui faire prendre le chemin de la sortie sans se manger un mur vaut mieux qu'il voit exactement ce qu'il y a devant. Je rangeais les lunettes et la carte. Le géant doit se sentir à l'étroit en ville et le magicien aura pas beaucoup d'espace pour manier son truc. Ce qui signifie qu'on doit le neutraliser en y allant sur la pointe des pieds, si on casse vous payez, fis-je deux doigts pointés vers les deux maitres tire-au-flanc qui venaient chasser le bronze sauvage au lieu de faire le beau derrière leur grand bureau. La nuit tombe.

Je me levais et me dirigeais sans un mot vers l'auberge. Deux options : discuter dans la cacophonie générale nous évitera des oreilles indiscrètes, et j'ai la dale. Et si l'aubergiste fait des siennes, j'en fais mon affaire.

Spoiler:

La traversée de la forêt fut peu passionnante. Il n'y avait pas grand chose à observer et il fallait l'avouer, Hilde n'était pas un homme de terrain. Pourquoi risquer sa vie lorsque l'on pouvait rester au chaud et suivre de loin. Puis aussi, envoyer les personnes telles que Neythen. Eux n'étaient que de simples pions à sacrifier. Derrière, il y avait toujours ceux qui tiraient les ficelles et Hilde avait toujours été de ceux-la.
Lorsque le maître de Ken dit, d'un air hautain, que Victoire ne les accompagnerait pas, elle répliqua furieusement.

-Et pourquoi ? Je ne suis pas une môme !

Elle chercha le soutien de l'esprit à l'aide de son regard enfantin. Hilde aurait sauté au cou de l'illettrée s'il en avait eu la force et peut être le courage, mais il fallait avouer que si elle mourrait, il perdait alors sa meilleure secrétaire. Elle travaillait beaucoup et sans réclamer d'heure supplémentaire, une perle rare cette fille ! Elle comprit qu'elle avait tord et approuva en baissant la tête, l'air déçu.
En retrouvant Dité, elle n'avait pas l'air très concerné par cette histoire, car elle regardait à travers des lunettes inutiles, très certainement des broutilles. De plus, cet animal qui ressemblait à Cixi lui sentait les pieds. Peut-être était-il de la même espèce que Cixi ? Il se baissa donc, de façon à être à sa hauteur.

-Bonjour ! Me comprends-tu ?

Aucune réponse, signifiant ainsi qu'il n'était pas doté d'une intelligence digne de communiquer avec les hommes. C'était assez dommage, il aurait certaine organisé une rencontre avec la renarde rose afin qu'elle se sente moins seule. Sa tristesse était restée en tête de l'esprit. Il aurait été bien qu'elle trouve un compagnon avec qui parler normalement, du moins une discussion normale pour elle. Lorsque le sujet se concentra sur la fameuse bague, Victoire répondit avec lassitude.

-Sans vouloir sous-estimer vos pouvoirs, si ce magicien est digne de ces dires en ville, sa magie est bien plus puissante que la votre et donc la bague ne réagirait pas en votre présence, ou du moins très faiblement.

Dité avait son planeur, Neythen son PDA et Hilde avait Victoire ! Il rajouta afin de soutenir cette pauvre petite qui s'était dépensée et qui allait abandonner le front.

-Cette petite est intelligente. Elle travaille pour K'ien évidemment, mais elle ne fait rien au hasard, elle s'adapte à la situation.

Son regard se tourna avec discrétion vers Neythen. Si l'esprit avait fait preuve de sournoiserie, ce n'était pas pour Dité, évidemment. Il demanda aussi à Victoire si elle pouvait lui apprendre à l'utiliser, étant donné qu'elle ne serait pas de la partie. Elle approuva, toujours partante pour rendre service. Une perle se répéta Hilde.

L'esprit qui n'avait évidemment pas faim, pouvait comprendre ce besoin qu'avaient ces Hommes pour survivre, une dépendance ! Sur le chemin, il visionna la ville. Ce n'était pas un lieu très approprié pour un combat potentiel. Il était aussi impossible d'éloigner ce géant de la ville à cause des murs. Les choses se corsaient sévèrement ! Hilde se proposa d'aller réserver une table, ainsi que des chambres. Il retrouva le petit groupe et expliqua.

-Nous avons une table avec nourriture à volonté, des chambres gratuites le temps d'une nuit... Par contre je n'ai pu obtenir que deux chambres... Et elles ne sont pas mixtes.

Qui pouvait refuser des services à deux maîtres et quatre personnes qui sauveraient une ville voisine ? Hilde s'installa à une petite table accompagné de Victoire. Ses yeux dévoraient la cuisine et sa bouche formait un petit cœur. Elle semblait mourir de faim. Hilde qui ne comptait ni manger, ni boire, réfléchit alors à la situation. Si la ville était très étroite et qu'il y avait des bâtiments partout, le magicien pouvait se déplacer facilement dans les traces de son géant, tout en restant caché. Ou alors, cette solution était la plus pratique, il se cachait dans le corps même de son enfant de bronze. Mais il aurait été peu malin s'il n'avait pas pensé à la destruction de son bien. Admettons que le géant soit détruit, il serait alors tué aussi. Il partagea ses remarques.

-Se cacher dans son géant est la solution qui semble la plus logique pour ce magicien. Mais je pense que s'il est malin, il aura calculé toutes les hypothèses. Et forcément il aura imaginé la destruction du géant, or s'il est à l'intérieur, il sera lui aussi emporté par les ravages. Je ne pense pas que si son monstre est détruit, il souhaiterait mourir avec... Dité, tu nous as dit que les rues étaient étroites et les bâtiments hauts. C'est idéal pour suivre son monstre sans être vu.

Neythen haussa les épaules d'un air blasé. Les Vinkois – ou quel que soit le nom débile qu'on leur donnait – ne leur serait définitivement d'aucune utilité. Traduit autrement, ironman était pour leur pomme. Quand on n'était pas foutu de se défendre, on méritait bien son asservissement tiens. Autre point noir : payer les dégâts. Les gens n'avaient vraiment que ce mot là à la bouche ces derniers temps, c'était lourd. Payer les canalisations pourries de K'an, payer les dégâts... bientôt on lui demanderait de payer pour avoir le droit de pas payer. Cherchez pas la logique, y'en a pas. Un coup d'œil en biais à K'ien. Voilà qu'il causait aux clebs maintenant... et lui qui croyait que ça pouvait pas être pire. Ses épaules s'affaissèrent sur un soupir las. Après réflexion, ils allaient peut-être prendre Victoire avec eux et laisser son maî-maître derrière... en attendant, la dénommée Dité bougeait, et N. lui emboîta le pas.

L'auberge fut plus accueillante que ce à quoi il s'était attendu. Vu qu'il avait cogné sur un dieu – qu'il disait – en jupette quelques heures plus tôt, il pensait vraiment pas être autorisé à remettre les pieds dans l'établissement de si tôt. Mais il fallait croire que la raison de leur venue jusque dans leur trou paumé avait fini par faire le tour de la ville. Du coup bizarrement, ils avaient l'air vachement plus enclin à leur pardonner un peu tout et n'importe quoi. Malgré tout, les regards à leur encontre n'étaient pas des plus accueillants même si ça, Haine n'en avait carrément rien à carrer. C'était assez marrant en fin de compte, de voir tout ces pèquenauds bouillir intérieurement, partagés entre l'envie d'envoyer les quatre étrangers voir ailleurs s'ils y étaient et celle de les supplier de se magner un peu d'éliminer le géant métallique... Bref. Ils s'installèrent à une table que leur avait réservé K'ien – comme quoi il pouvait être utile – et se laissèrent servir le plat du jour. Fallait dire que dans une ville aussi moyenâgeuse – c'était le cas de le dire – la carte et les amuses-bouche, fallait pas trop y compter. Une grosse lampe à huile se balançait au-dessus de leur tête en grinçant par intermittence, le genre de truc à rendre dingue un maître déjà pas particulièrement patient (surtout maintenant qu'il venait d'apprendre qu'il était condamné à pieuter dans la même chambre que K'ien).

« Bon alors en gros, on a à faire à un genre de ch'val de Troie. C't'abrutit d'magicien doit s'penser invulnérable, c'qui est un peu l'cas vu le niveau technologique dérisoire de sa prise. Et s'il est vraiment d'dans, il voit p'têt' pas plus loin qu'le bout d'son nez. »

Il lorgna sur le ragoût qu'on venait de leur apporter. C'était pas le moment d'avoir une âme de végétarien, et sans attendre les autres ni leur souhaiter le parfaitement inutile « bon appétit », il engouffra quelques morceau de bœuf ? Agneau ? Animal mort et cuit à point dans sa bouche. Bouffer réveillait ses idées, même si elles étaient pas fulgurantes.

« Faudra faire un test avec un d'ses doubles. Fit-il en désignant K'ien d'un hochement de tête. C'est pas dit qu'il voit c'qui s'passe à ses pieds. Si c'est l'cas Dité, j'pense que tu pourras lui t'nir la jambe un moment avant qu'y s'rende compte qu'il a de plus en plus d'mal à bouger sa carcasse. »

Et si c'était pas le cas ben faudrait trouver autre chose.

« On peut aussi l'attirer dans un d'ces boyaux et lui tendre un câble sous les pattes. Ça d'vrait l'occuper un moment d'se rel'ver. Si s'relève... »

Il aurait dut partir avec une réserve de C4 tiens.

« Ou alors on attend qu'y sorte pisser... Le magicien, y doit bien sortir d'temps à autre non ? »

Naevi	Renard Stellaire Boussole, Repousse les prédateurs, luminescent de nuit
Galilae	Min de Tuatha Cristal vivant. Lévite, produit de vives lumières. Très solide.
Shaeten	Sampal Monture, robuste et agile.

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