Re: Nouvelle invention

Un choc secoua le petit monde dans lequel Hilde était enfermé. Les meubles, les pâtisseries de taille anormalement grande volèrent dans tous les sens. Après une telle violence, Hilde vola à travers tout le porte monnaie se cognant contre une multitude d'obstacle qui se trouvait sur son chemin. Comme venait le soleil après le beau temps, l'ordre revint comme si rien de tout cela ne s'était passé. Hilde leva le bout de son nez et chercha à travers tout ce chaos sa compagne toute rose. Il la vit au loin, le nez en l'air, elle aussi. Il la rejoignit, n'étant pas sur que celle-ci ne l'ait vu. Il leva un bras et cria en sa direction.

-Je suis là !

Enfin, lorsqu'il fut à sa hauteur, il s'assit près d'elle, sur ce qui semblait être une table de bois brûlée. L'esprit observa, en même temps c'était le seul point de lumière, l'ouverture du sac qui était désormais à portée de main puisque le porte-monnaie était couché sur le côté. Il avait plus tôt pensé à une connexion magique, c'est à dire être en contact avec l'objet ensorcelé, mais après tout, peut-être que la vieille dame avait fait tout ceci les yeux fermés. Cela signifiait donc que le charme serait rompu sitôt sorti de ce piège à pigeon. D'ailleurs, Hilde se rappela qu'il tenait toujours aussi fermement le cou de la volaille assommé un peu plus tôt. Il desserra sa prise, de peur que celui-ci ne s'étouffe.

-Essayons de sortir par l'ouverture, on verra bien ce qu'il adviendra... Au pire, on restera petit juste pour le restant de nos jours.

Il accompagna le geste à la parole et se dirigea vers la fermeture. Plus il s'approchait, plus la lumière devenait intense. Il constatait seulement, car son esprit n'était pas affecté par une telle quantité d'énergie agressant dès lors les rétines. Et voilà, il était à destination. Il s'arrêta comme s'il n'était pas sur de lui, mais ce n'était pas là le problème. En fait... il se posait juste quelques questions. Il ne savait rien de cette vieille dame, qu'avait-elle utilisée pour agrandir son petit porte-monnaie, était-ce de la magie ? Et si par malheur il restait petit jusqu'à l'éternité, pour de ce qui était son cas, ou pire s'il mourrait ?

Prit d'une force nouvelle, il avança. Jamais une tornade ne l'avait emporté avec elle. Mais la sensation parût, bien qu'inconnue au maître, aussi similaire. Il semblait tourner à toute vitesse, des rayons de lumière le suivait, puis l'abandonnait aux ténèbres. Ces changements radicaux se multipliaient jusqu'à devenir très intense. Puis lorsque sa tête sembla exploser, il se retrouva sur le dos, un pied reposant sur le ventre de la vieille dame.

Encore sous le choc, il comprit. Il avait réussi !

La renarde avait regardé le pigeon d'un air intrigué, ainsi donc il était là? Elle aurait ri si elle en était capable, mais elle trouvait la situation assez amusante, quoi qu'elle aurait surement préféré voir de quelle manière le maître avait procédé pour en arriver là.

Finalement, ils se décidèrent à suivre la lumière, elle se demandait depuis combien de temps ils marchaient, elle avait du mal à voir où elle posait les pattes tellement elle était éblouie, comme si elle devait regarder le soleil en face, c'était assez perturbant. Finalement, le maître disparut et elle était morte d'inquiétude

Maître Hilde? Où êtes vous? Maître Hilde?

Elle aboyait, couinait, larmoyait, totalement terrifiée. Finalement, elle essaya de voir l'ouverture de lumière, son petit coeur battait fort dans ses flancs, elle avait peur, et si elle restait toute petite? Et si quelqu'un lui marchait dessus une fois dehors? Et si elle se faisait vraiment écrabouiller? Ou pire! Avaler par un pigeon?

Elle se mit à trépigner, le maître était sorti, s'il était petit aussi, elle ne pouvait pas le laisser tout seul... elle prit son courage à deux mains.. enfin à deux pattes et sauta...

Elle se sentit partir dans un nouveau tourbillon, ses poils s'ébouriffaient au fur et à mesure qu'elle tournoyait jusqu'à finalement se retrouver les 4 fers en l'air sur quelque chose de mou...

Totalement déboussolée, elle agita les pattes, comme si elle pédalait dans les airs pour essayer de reprendre son équilibre, mais ce n'était pas évident jusqu'à ce qu'elle donne un coup de rein assez conséquent pour se mettre sur le côté et se rendre compte qu'elle avait bien repris sa taille normale, et qu'elle avait atterri sur le maître en personne. Elle plongea son regard dans le sien, les oreilles couchées et les yeux mortifiés

Je suis désolée!!! Vraiment pardon! Je ne voulais pas vous tomber dessus! Ô pitié je vous jure que je ne l'ai pas fait exprès!!

Pourquoi s'excusait-elle? L'esprit n'avait jamais été méchant avec elle, il n'avait jamais abusé d'une quelconque autorité sur elle, alors qu'il était Maître de miroir... mais c'était plus fort qu'elle, elle avait peut être offensé un Maître! Une haute autorité sur Entre-Monde, ce n'était pas rien... elle était tout simplement terrifiée à l'idée d'avoir fait quelque chose de mal...

A peine terminé, qu'une boule de poils rose tomba sur lui. Il ne ressentit rien du tout, c'était juste la pauvre femme sous lui qui risquait d'étouffer. Au pire sa tenue de cuir allait être égratignée et dans ce cas là, il aurait fait payer Cixi. Il était gentil, mais pas un pigeon. D'ailleurs, le pigeon avait lui aussi récupéré sa taille d'origine et le choc sembla l'avoir tiré de son sommeil accéléré puisqu'il se débattit violemment dans la main de l'esprit. Hilde étonné d'un tel vacarme dans sa main l'ouvrit et suivit l'envol du pigeon. C'était émouvant de perdre un ami avec qui on avait passé tant de temps...

Il se releva regardant du coin de l'œil cixi qui s'excusait encore. Il lui dit d'un ton las qu'il ne chercha pas à cacher.

-Ce n'est rien... Moi même suis tombé sur la vieille femme.

En parlant de la vieille femme il la regarda comme si ce n'était qu'un amas de feuilles mortes à ses pieds. Il vit à ses pieds le petit porte-monnaie et le ramassa. Elle avait la bouche grande ouverte et ses yeux étaient clos. Le maître espérait qu'il ne lui soit rien arrivé, sans quoi son image de maître ternirait. Il vit un couple d'humain accourir aider la pauvre femme. Dans ce monde il n'y en avait que pour les faibles ! Puis il se pencha aux côtés du couple et releva la vieille dame. Après une ou deux claques, elle ouvrit les yeux et s'exclama.

-Vous voilà vous !

Elle repoussa ceux qui l'avait aidé à se relever et d'un geste odieux de la main elle fit signe de passer son chemin au jeune couple. Ensuite, dans un sursaut quelque peu expressif, son regard balaya la rue et elle se mit à quatre pattes entre les buissons. Hilde lança un regard amusé à son compagnon rose et montra dans sa main le petit contenu que la vieille dame recherchait très certainement. L'esprit aurait volontiers fait un clin d'œil, mais manque de moyen il se contenta de poser un doigt sur son visage. Les minutes passèrent sans qu'elle prenne la peine de questionner les malheureux qui avaient été pris au piège. Puis sur un ton autoritaire elle lança.

-Aidez moi à chercher mon porte-feuille !

La renarde ne comprit pas tout ce qu'il se passait. Mais le maître semblait gentil et ne pas lui en vouloir. Par contre, elle avait eu peur de blesser la vieille dame, mais elle semblait plus coriace qu'elle ne le pensait.

Cependant, la suite des évènements était encore plus bizarre. Hilde tenait le petit porte monnaie d'une main alors que la vieille dame le cherchait visiblement. Pourquoi? Il mit un doigt sur son visage, là où, s'il avait été humain, il y aurait eu ses lèvres. Lui disait-il de se taire? Mais elle ne disait jamais rien! Son regard passa alors de la vieille dame à lui, ne comprenant pas pourquoi il ne lui rendait pas son bien.

Faut pas croire, la renarde n'a pas du tout la notion de la plaisanterie, elle ne sait pas vraiment ce que c'est, sauf si on le lui dit clairement. Cependant, le Maître lui disait de ne rien dire, elle ne dit donc rien, du moins elle n'envoya pas à la vieille dame qu'elle savait où se trouvait son porte monnaie.

Chose encore plus bizarre, elle appelait ça maintenant un porte feuille. Elle perdait totalement le fil de la conversation

C'est quoi un porte feuille, Madame? lui demanda t'elle... la vieille dame sursauta encore en l'entendant dans sa tête et elle fronça les sourcils en regardant la renarde d'un air mauvais, son ton était assez fort et il était clair qu'elle se mettait en colère après la boule de poils rose

Mon porte-monnaie sale bête! Mon porte monnaie! Celui duquel vous êtes sortis tous les deux! Où est-il?. Où l'avez-vous caché?

Je... je ne l'ai pas caché madame...

La louve avait de nouveau les oreilles couchées et son regard se fit implorant envers le Maître, elle ne comprenait pas pourquoi elle se faisait gronder alors qu'elle n'avait rien fait. Que la vieille dame la traite de sale bête, elle avait l'habitude, les gens qui la voyaient la première fois et à qui elle ne pouvait parler avaient souvent tendance à l'appeler ainsi, alors elle ne s'en vexa pas plus que ça. Ce qui la blessait, c'était plutôt le ton de la vieille dame... car ça... ça lui faisait peur.

Menteur! Menteuse! Je suis sure qu'il doit être là! Dans tes poils, regardez moi tout ça!

Elle s'approcha et trouva le petit sac que Cixi se trimballait autour du cou pour transporter sa carte pour ses sous

Ah AAHH! Je suis sure que tu l'as mis là dedans! Voleur! Voleuse!!

La renarde se mit à gémir
* Non c'est pas vrai! J'ai rien fait! *

Évidemment, de là, la vieille dame ne l'entendait pas, elle semblait vouloir tirer sur le sac pour le lui arracher, elle couinait, gémissait... elle ne voulait pas gronder, ni montrer les crocs, ce n'était qu'une vieille dame... au final, aussi étrange que cela pouvait paraître, c'était la boule de poils rose la plus terrifiée des deux

Jugeant qu'il avait déjà assez abusé de la situation, Hilde s'avança et releva par l'épaule la vieille femme qui était à moitié sur la renarde. Celle-ci brutalisait la pauvre Cixi qui n'avait absolument rien fait. Elle l'avait insulté, traité de menteuse et désormais de voleuse. Tout ceci tournait mal et s'en était de trop pour l'esprit. Après l'avoir tiré violemment, Hilde l'écarta de son amie. En réponse elle lui accorda un regard noir, puis lorsqu'elle aperçue son trésor dans la main du maître, elle se calma, le visage dessiné d'un grand sourire qui paraissait étrangement faux. Elle glissa sa main dans celle de l'esprit et récupéra son bijou. Hilde laissa faire celle-ci. Sitôt fait, elle le rangea dans son sac et alla s'assoir sur le banc à deux pas du groupe. Elle était soulagée, ses traits étaient détendus et elle ferma même les yeux pour pouvoir réaliser que tout ceci était terminé. Puis comme si tout ceci n'avait été qu'illusion, elle demanda.

-Combien me donnez-vous pour cette merveille ?
-Je crains que cela me soit inutile, madame. Répondit sèchement l'esprit en s'asseyant près d'elle.
-Vous...pardon ? Réclama t-elle sur un ton hautain.
-Votre porte-monnaie me semble insignifiant. Je ne vois aucun intérêt à porter sur soi toute sa fortune, il y a la banque des Pims pour ça. Aussi votre projet n'est pas conclu me semble t-il et loin de là, il reste encore plusieurs points à revoir, de plus je ne sais pas s'il s'agit de la sorcellerie ou de n'importe quoi d'autre. On ne vend pas n'importe quoi, qui puisse être dangereux. Pour finir, cet objet n'est pas du tout unique, le principe n'est pas nouveau. Donc avant de vous en prendre aux autres, madame, mettez-vous en question. Et sachez que l'on agit pas ainsi devant un maître.

L'esprit avait répliqué sur un ton sans appel. Elle ne savait pas ce qu'elle faisait, mais le pire était qu'elle était aveuglée par son trésor, à tel point qu'elle risquait de tuer des gens. Offusquée, la vieille dame se leva puis quitta la petite troupe sans accorder un regard, ni même un adieu. C'était un manque de respect et Hilde, plutôt fier de lui d'avoir perçu une telle méchanceté était satisfait d'avoir refusé ce marché. Malgré tout ce vacarme, l'esprit laissa partir la vieille dame. A son âge, l'on devient sénile, éperdument aveugle aussi. L'on pouvait pardonner à ces gens qui ne vivaient plus. A vrai dire, c'était ça qui effrayait le maître. Cette vieillesse était affreuse à vivre. Il ne pouvait s'imaginer à la place de cette mégère. L'on perdait ses moyens, l'on devenait paranoïaque.

Il se leva, quittant le banc et caressa Cixi. Elle semblait effrayée et son regard suppliant était resté dans sa mémoire. Hilde ne savait pas quoi dire, que pouvait-il dire ? Qu'elle était vieille, sénile et sur le point de mourir ? Peut-être que cela justifiait ses actes, que ceci expliquait pourquoi elle était aveugle. Mais Hilde n'en était pas certain, il pensait plus que c'était un point de vue qu'il était seul à partager. Finalement, aussi simple que cela puisse paraître, mimer l'ignorance comme si tout cette aventure n'avait été que poussière pouvait être réconfortant.

-Alors ce fameux zinc, était-ce que recherchait ta camarade ?

Parfois, oublier était la meilleur solution, le meilleur remède. A quoi bon lutter ? Le monde ne sera jamais refait.

La louve fut soulagée de voir que l'esprit venait à son secours, elle ne lui en voulait cependant pas de n'avoir pas grondé ou puni la vieille dame, pour elle, ce genre de notion était abstrait. La vengeance ou l'injustice ne faisaient pas vraiment partie de son vocabulaire et elle était simplement soulagée que tout soit terminé

Oui... c'était ce qu'il lui fallait, elle était très contente. Mais maintenant, elle veut des plumes blanches de colombes...

Décidément, cette elfe lui en faisait voir de toutes les couleurs - bon d'accord le blanc n'est pas une couleur - et elle avait parfois l'impression que c'était elle, le pigeon voyageur de l'histoire.

Elle leva les oreilles à l'attention de Maître, contente qu'il se souvienne de leur dernière - première - rencontre. Sa queue fouetta doucement l'air, et son regard se fit plus malicieux

En tout cas, merci de m'avoir aidée avec la vieille dame, je ne savais pas trop quoi faire...

Elle aurait pu se défendre, oui, mais honnêtement, ce n'était pas son genre, et à sa connaissance, la seule fois où elle avait attaqué des humains, c'était sous l'influence d'une drogue qu'ils lui avaient eux-même injectée. C'est alors que, la vieille dame s'éloignant, une volée de pigeons mêlés de colombes s'envolèrent pour la fuir, et quelques plumes tombèrent au sol. La louve se dépêcha d'aller voir, il y en avait deux parfaitement blanches... elle se coucha, tira sur son petit sac et utilisa ses dents avec douceur pour les mettre dedans... elle se releva, s'étira un peu et revint vers l'esprit

Mission accomplie! Cette vieille dame a finalement été utile!

Elle aurait pu rire si elle avait été humaine à cet instant, mais ses yeux malicieux démontraient clairement qu'elle était soulagée que ce soit terminé. Ses yeux se tournèrent alors vers l'embarcadère et son expression changea... oh non... elle allait devoir monter à nouveau dans la montgolfière. Elle eut un haut le cœur à cette pensée, et se tourna vers l'esprit

Bon... sauf si vous avez besoin de moi... je crois que je vais devoir y aller...

Comment ça son enthousiasme était aussi flagrant qu'une tique sur un poisson?

Bien que l'esprit ne pouvait pas être fatigué physiquement, dans sa tête il pouvait tomber de fatigue. Lorsqu'il vit Cixi s'éloigner chasser ses colombes, il en profita pour s'assoir sur le même banc qu'il venait à peine de quitter. Maintenir un corps de cuir en mouvement était infernal après plusieurs jours passés sans repos. Mais après de tels périodes de mouvement incessant, ne plus agir était tellement bon ! Ajoutez de l'aventure dans un sac, et voilà un esprit dégonflé dans tous les sens du terme... Il vit Cixi revenir dans sa direction.

Elle avait tout de même parlé de la vieille dame malgré la tentative de changement de sujet. Sur le moment Hilde ne lui avait pas répondu, il en profita des adieux pour conclure.

-Dans ce genre de situation n'hésite pas à te défendre. Tu en avais le droit.

Lorsqu'elle parla de mission accomplie, Hilde se leva copiant ses gestes précédents. D'un geste il retira la poussière qui s'était accroché à lui. Blanc sur noir, les défauts ressortaient davantage. Il leva un regard interrogateur. Avoir besoin d'elle ? Mais pour quoi faire ? D'un mouvement négatif de la tête, il expliqua que sa journée s'arrêtait là. Il rajouta qu'il était soulagé d'être dans son propre quartier, car le retour ne sera que plus bref.

-Je ne t'accompagne pas jusqu'à la montgolfière qui t'attend.

Il remarqua son air dépité.

-Maintenant que tu as voyagé dans un porte-monnaie, la montgolfière sera du gâteau ! Maintenant je vais te laisser, au plaisir de te revoir jeune effrontée.

Pourquoi effrontée ? Tout simplement parce qu'elle avait l'audace de le bousculer à chaque rencontre et c'était bien la seule à le saluer de la sorte. Il se retourna saluant son amie de la main, il n'avait qu'une hâte c'est d'entendre la voix de Victoire (sa secrétaire aux aspects d'écolières) lui souhaitant comme de coutume, la bienvenue dans ses bureaux.

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