Combat Wergeld VS Elzian

La deuxième manche commençait. Les murs étaient redescendus le temps que les participants sortant puissent repartir et que les combattants encore dans l'arène changent de place, guidés par des assistants. Le Coeur fut séparé en deux et Sélène lança le second match.

-Bravo à vous pour votre sélection. Mais ne vous reposez pas encore sur vos premiers lauriers: la deuxième manche est ouverte ! Que vos combats nous éblouissent !-

Elzian ? J'ai vraiment Elzian face à moi ? Et je suis censé me défendre comment face à un vampire, sérieusement ? En plus mon épée est restée près d'un mur. Avant de savoir que j'étais face à lui, je n'avais pas eu la bonne idée d'aller la chercher. Donc, je devais me défendre à mains nues contre un vampire. Je levais un regard médusé sur la torche humaine qu'était mon maire d'Atlantis... Je suis presque sûr qu'elle l'a fait exprès.

Cette fois, avant que le match ne commence, j'opte pour une version plus soft de ma personne. Chaussures bien rangée à l'extrémité de l'arène et veste soigneusement pliée, je me sens plus léger et bien plus à l'aise pour combattre.

-Que le meilleur gagne... Enfin, à peu de chose près.

Je ne souhaite pas attaquer le premier. Kallistrat c'est une chose, un homme-lion contre lequel je pouvais rivaliser. Un vampire... Vu le type de vampire que j'ai déjà croisé, je priais d'avance de ne pas me faire sucer le sang, ça aurait fait mal et j'en connais un qui n'aurait pas été heureux d'une telle trahison. Je me mets en garde.

J'ai vraiment eu une mauvaise idée en oubliant mon épée... À mains nue, j'arriverais à rien. Bah, y en a au moins un dans l'assistance qui sera heureux de me voir me faire botter les fesses.

De nouveau dans l'arène je saluais brièvement les spectateurs euphoriques et excités face a la venue proche du combat. Après tout la coutume voulait que les gladiateurs saluent l'assemblée et se fasse un peu remarquer avant de se taper dessus, même si mon objectif premier était avant tout de m'amuser plutôt que de vaincre. A vrai dire je me plaisais à me prendre au jeu, cela faisait tellement longtemps que je ne m'étais pas autant amusé et si les gens voulaient du spectacle j'allais essayer de faire de mon mieux pour leur en donner.

Tournant mon regard vers mon adversaire je fus surpris de voir Wergeld. Wergeld ? Le maître du miroir participait donc au Colisée ? J'avouais que cela me surprenait un peu, mais ce qui m'embêtait le plus c'est que face à un adversaire me connaissant déjà un peu il y aurait beaucoup moins de surprise. En effet Wergeld savait déjà que j'étais un vampire, mais d'un autre côté je savais aussi un peu sur lui et sur sa force démesurée.

Visiblement Wergeld allait entamer le combat sans épée, de mon côté j'étais moi aussi désarmé. C'était surement tant mieux vu que je ne portais pas d'armure, n'étant toujours vêtu que de cette simple chemise d'un blanc éclatant afin de me protéger le mieux possible de la chaleur et des rayons déplaisants du soleil. J'avoue que voir quelqu'un entamer un combat de gladiateur en chemise et pantalon en soie devait prêter à sourire, mais de toutes manières une armure à part me ralentir ne m'aurait pas été d'une grande utilité.

-"Je te souhaite bonne chance pour ce combat, je sens qu'il va être plutôt éprouvant pour nous deux."

Affichant un léger sourire je l'observais attentivement, le jaugeant avant de prendre une décision quand à l'ouverture de ce combat. Apparemment il se méfiait de moi et restait en position défensive attendant la première attaque. Je ne voyais pas pourquoi il se méfiait autant, après tout il était aussi, voir peut être plus fort que moi. Finalement en combat au corps à corps j'allais devoir assurer si je ne voulais pas mordre la poussière.

Attendant encore quelques secondes je me mis alors à courir dans sa direction. Il fallait bien que ce combat commence et comme Wergeld ne me laissait pas le choix, c'était moi qui lancerait le premier assaut. Parcourant la dizaine de mètre qui me séparait de mon adversaire en quelques secondes, je ralentissais sensiblement ma course vers la fin afin d'assurer plus de maîtrise à l'attaque que je porterais. Espérant que la charge suffirait à déstabiliser Wergeld je pris soudainement appuis sur mon pied droit avant de me propulser dans un coup de pied sauter dans sa direction, tout en tournant sur moi même. Maintenant manquait plus qu'à savoir si le coup porterait.

Il coure vers moi, quelques mètres nous séparent et le voir charger comme un rhinocéros, j'en ai le sourire. Il veut attaquer de front sauf qu'il m'offre un temps de préparation. Je sais qu'il va frapper, il est forcé d'user de son élan. Donc... Réfléchir en combat, ça ne m'apportera rien de bon.

Avant de perdre du temps, je remarque du coin de l'oeil. Un appuie, un coup de pied latéral. Il est fragile à la cheville donc. Je fléchis les jambes, son pied me frôle le sommet du crâne et j'ai un léger goût de fer sur le palais. Je me suis mordu la langue.
Je plonge mes mains dans le sable pour prendre un appui assez important et je fauche sa jambe d'appui d'un coup de pied frontale.

Il est censé tomber. De toute manière, dans cette fraction de seconde qui nous sépare tous les deux du sol, je n'ai pas le temps de voir s'il tombe effectivement. Je redresse la jambe et je l'abats comme la hache du bourreau chemine vers le cou du condamné. Sauf que moi je vise son dos. Avec ma force je devrais pouvoir le coller au sable, non ?

Je sens mon pied frôler sa tête, mais je serais vraiment étonné que ce coup lui ai fait mal. Il m'est avis que je viens plutôt de baisser ma garde inutilement pour une attaque n'ayant pas porté et comme je m'y attends la riposte ne se fait pas attendre. Mon adversaire est quelqu'un de vraiment rapide comme je m'y attendais, il vient d'esquiver mon attaque et répond aussitôt par un coup de pied foudroyant qui vient faucher ma jambe d'appui.
Perdant toute prise avec le sol, je viens m'effondrer lourdement sur le dos dans une gerbe de sable ne manquant pas de me couper le souffle. Sur le coup je serais bien resté quelques secondes allongé pour souffrir ma douleur en silence, mais voila qu'il enchaîne avec une autre attaque ayant visiblement pour but de m'écraser comme un vulgaire insecte au sol.

Réflexes et soudaine prise de conscience du danger obligeant, je me propulse aussitôt en arrière en faisant travailler mes bras et mes abdos afin d'éviter ce coup meurtrier. Le vent me brûle les poumons à cause de cette mauvaise chute, mais je parviens néanmoins à inspirer assez pour me donner la force nécessaire pour me redresser dans une petite pirouette arrière. Acrobatie qui aurait été parfaite si la semelle de Wergeld n'était pas venu en même temps m'abîmer la peau du front alors que sa jambe s'abat avec force sur le sol sablonneux.
Un peu surpris je regarde le cratère qui vient de se former à l'impact, me disant que finalement cette égratignure au front est plutôt une bonne chose et que cela aurait pu être bien pire.

Portant ma main à la tête, j'essuie alors négligemment le fin filet de sang s'écoulant de ma plaie avant de mener mes doigts à ma bouche et lécher le sang qui s'y trouve. Plongeant mon regard bordeaux dans celui de Wergeld, j'affiche un léger sourire amusé par les quelques secondes qui viennent de passer.
Si je voulais ne pas finir en charpie, il allait falloir que je fasse plus attention à ma garde et éviter mes précédentes erreurs. Mais le moment n'était pas aux réflexions et à peine avais-je repris mon souffle que je revenais aussitôt à sa porté pour continuer le duel.

Enchainant des rapides coups de poings, j'essayais de briser sa garde en l'obligeant à esquiver mes attaques qui ne se voulaient pas vraiment dangereuses. Puis pensant le moment opportun, je propulsais alors soudainement mes deux poings vers lui. Un se situant au niveau de sa tête, l'autre au niveau de son ventre. Ce coup avait pour but de surprendre, la plupart des gens protégeait habituellement leur tête et si cette attaque marchait elle suffirait alors pour porter un coup au niveau de son ventre alors qu'il chercherait à défendre une autre zone de son corps.

Avec une chute pareille je reste étonné en me relevant qu'il ait évité mon coup. Avec le talon je l'aurais estomaqué -au sens propre- avec une certaine efficacité. En même temps c'est bien plus drôle qu'il ait réussi à éviter ce coup là.
Quand il frappe de ses poings, je positionne ma garde devant mon visage, poings fermés et tête rentrée, c'est ça ou finir sonné pour le reste du match.

Et je me doutais bien qu'il avait de la réserve. Je me prends un uppercut en plein dans le ventre. La bile sur la langue se mélange au goût de fer, s'en est presque insupportable. Je recule le souffle coupé et je me protège tant bien que mal en me mettant hors de portée.
Zut, ça fait un mal de chien.

Je l'aurais bien vanné pour le plaisir. Sauf que j'ai trop mal pour ouvrir la bouche. Je le savais que je finirais en copeaux dans ce duel ! Mais quelle idée de me coller le vampire en combat singulier !
Et ce la jouer classe quand on peut pas prononcer un mot parce qu'on respire déjà avec de grandes difficultés... Je vais éviter. Je me sens déjà assez bête. Je le savais pourtant que s'il approchait je mangerai mes dents. Enfin pour le moment j'espère juste ne pas avoir de côte casser, ça guérit toujours mal ces trucs et ça fait un mal de chien.

je suis à deux mètres de lui, c'est juste suffisant pour éviter un mauvais coup que je n'aurais pas anticipé, ou au moins, faire en sorte qu'il fasse moins mal que prévu. Et c'est tout juste une assez petite distance pour que je prenne la charge de la troisième offensive de ce match. Un pas, j'ai les mains sur sa chemise. Je fonce pour lui coller le coup d'épaule le plus percutant que je connaisse. Rhinocéros au galop sur deux mètres, ça donne un truc très consistant qui vous rentrer dedans.
Poing serré, je frappe dans son abdomen, je ne suis pas en mesure de contenir ma force, sincèrement même si je le voulais j'en suis à l'heure actuelle totalement incapable. Alors, j'espère au moins ne pas lui avoir écrasé les intestins, et j'espère surtout qu'il aura assez mal pour me venger de son coup dans le bide.

Je fus heureux de voir que ma tactique venait de porter ses fruits. Visiblement Wergeld n'avait pas pu éviter ce coup de poing au ventre et il l'avait pris de plein fouet. Malgré tout je connaissais de nom la force et la résistance de celui-ci et je ne m'attendais pas vraiment à ce que cette attaque suffise à le déstabiliser. D'ailleurs au vu de sa position, il s'était mit en retrait afin de rester hors de ma porté et probablement préparer sa prochaine attaque en attendant de récupérer.

Techniquement je me serais attendu qu'il prenne plus de temps pour retrouver son souffle, mais le bougre avait plus de ressource que je ne le pensais et c'est surprit que je le vis foncer sur moi. Un temps de retard dans ma réaction avait suffit et je n'eus pas le temps d'esquiver son attaque. M'attrapant par le col de la chemise, je sentis douloureusement s'enfoncer son coup dans mon abdomen ce qui ne manqua pas de me propulser sur plusieurs mètres à rouler pitoyablement dans le sable.

Estomaqué et fou de douleur je m'appuyais sur mes coudes dans un effort désespéré pour me relever, ce qui ne manqua pas de m'arracher un rictus de douleur suivit par une quinte de toux ensanglantée. Finalement je me demandais comment j'étais parvenue à monter sur mes coudes, je devais avoir les intestins en bouillis ainsi que plusieurs côtes brisées. Parfois je maudissais mon pouvoir de régénération, pourquoi ils avaient pas mis la capacité anti-douleur avec celle-ci ? C'était trop demander ?

C'est donc en train de cracher misérablement du sang dans le sable qu'il me fallut quelques secondes avant que mes organes internes ne se régénèrent assez pour me permettre de me relever. Heureusement (Malheureusement ?) le coup avait été si puissant qu'il m'avait mis hors de portée de mon adversaire, me laissant le temps de récupérer sans me prendre une autre attaque. C'est donc d'une manière titubante, encore sous le choc de la douleur, que je me relevais le sang maculant encore un peu plus mon visage. Ce liquide écarlate s'écoulant de ma bouche ne devait pas être du plus bel effet et c'était toujours désagréable de sentir le goût de quelque chose qu'on aimait alors qu'on souffrait le martyr d'un autre côté.

Si il était aussi sérieux j'allais devoir l'être aussi, sinon avec des attaques pareils je n'allais pas tenir longtemps car je ressentais malgré tout la douleur des coups. Je me demandais si elle connaissait la boxe thaïlandaise ? Ce combat allait être un bon moyen de le savoir. M'approchant de nouveau avec prudence à sa porté, je repris de nouveau mon manège en enchainant les coups, le but à ce niveau là étant plus de surprendre que d'espérer le toucher miraculeusement. Je soufflais bruyamment sous l'effort, après tout le duel au corps à corps étant éprouvant et sentant le moment opportun, je propulsais alors rapidement mon coude en direction de son menton. La boxe thaïlandaise était connu pour utiliser les coudes et les genoux pour attaquer, des attaques souvent destructrices et dont les gens avaient peu l'habitude. Manquait plus qu'à espérer que le coup porte, sinon j'allais être vraiment trop près de mon adversaire pour à mon tour esquiver un assaut.

Je lui ai déjà fait le coup pourtant... Bizarre qu'il recommence avec les coups de poings. Je serre mes bras contre ma poitrine et mon visage, protégeant ma mâchoire et mes clavicules. Le terrain fragile en quelque sorte. Et je sens un vide dans cette série de coups. Je le sens avant de le voir. Et bêtement, ou plutôt, instinctivement, je me décale d'un mètre sur le côté, je fléchis les genoux et je frappe droit au niveau du plexus.
Je suis à peu près sûr de ne pas m'être trompé... Au pire il aura mal au ventre, encore une fois... Parce que j'ai eu le temps de jauger sa taille dans ces précédents assauts. Bon, je peux aussi avoir foiré mon coup, et je ne suis même pas sûre de le sentir. L'adrénaline anesthésie mon sens du touché. J'ai l'impression de ne rien ressentir et pourtant j'ai mal aux mains, j'ai mal à la poitrine alors que ma respiration se fait plus dense à chaque inspiration. J'ai mal aux dents à force de serrer la mâchoire ... Le corps à corps y a pas pire comme lutte acharnée.

Pris dans l'élan que j'avais utilisé pour le frapper, je me retournais complètement plaquant mon dos contre sa poitrine. J'empoignais son bras et le fis basculer par dessus mon épaule. Parce qu'il s'était mis à découvert en voulant frapper mon visage, parce qu'il s'était fatigué à vouloir jouer dans la quantité des coups. Mon but n'était pas de lui faire mal mais de le coller au sable aussi souvent que possible. Je ne désirais pas le blesser ni le tuer. Juste lui montrer le sol de plus près.

Et sincèrement, entre la boxe et le judo je choisi le judo. C'est moins barbare, moins fatiguant, moins douloureux et tellement plus spectaculaire ! Le prochain qui se fait un tour du monde made in Wu aura droit à une dose de sable dans les narines.

Bon, plus qu'à croiser les doigts pour qu'il voltige convenablement. Sinon ? Et bien je verrai le sol de près...

Et voila ! Ce que je craignais arrivait et mon adversaire n'eut aucun de mal à éviter ce coup dans lequel j'avais mis toute ma volonté. A voir mon attaque se perdre misérablement dans le vide la volonté devait être somme toute faible. Mais il fallait avouer que j'avais sous estimé Wergeld en supposant qu'une autre série de coups de poings allait suffire pour lui faire baisser sa garde. Finalement je payais le prix de mes erreurs.

Enfin non c'était maintenant que j'allais subir les conséquences de mes maladresses car je n'étais plus qu'à quelques centimètres de Wergeld et il était maintenant presque impossible d'esquiver une contre-attaque, d'ailleurs la douleur qui naquit aussitôt dans mon plexus confirma cette affirmation. Serrant les dents en sentant de nouveau les os craquer sous la puissance du coup, j'essayais de faire fis de la douleur qui me tenaillait et me paralysait quelque peu car je devais à tout pris me sortir de cette situation.

Esquissant un début de geste pour m'éloigner, je sens une main agripper avec force mon bras dans le but visiblement de me faire basculer vers l'avant et me faire gouter de nouveau le sable. Réagissant au quart de tour malgré la douleur me tenaillant toujours, je tente de m'accrocher avec force de mon autre bras libre le cou de mon adversaire. Si je finissais à terre et que lui ne me suivait pas je doutais fort de pouvoir éviter sa prochaine attaque et il fallait que je reprenne l'avantage. Maintenant ne restait plus qu'un sentiment de vide et je regardais légèrement étonné le sol se rapprocher à toute vitesse, je ne savais même plus si j'avais réussi à attraper le cou de Wergeld et encore moins si j'y avais mis assez de force pour l'emporter avec moi. Décidément j'enchainais les erreurs et j'en payais le prix fort.