[MISSION] La fosse aux trafiquants

Me voilà devant le grand bâtiment de l’Opéra Ternois, il n’avait rien d’un Opéra, c’était quoi ce délire, la proprio avait un soucis… C’était un bâtiment à quatre niveaux je pense, toute la propriété était entourée d’une clôture Belle-Epoque de trois mètres de haut, dorée bien entendu, ça va de soit, le portail était grand ouvert, un passage pour les piétons, les gueux quoi et le passage pour les autres véhicules, bien évidement, je vous laisse deviner dans quelle catégorie je suis. Le domaine était vaste, un parc en plein milieu d’un quartier ultra-urbain, cette Lady Catherine avait fait un tour de force pour sa propriété mais bon l'extravagance n’a tué presque personne, juste ceux qui veulent se sécher les cheveux dans une baignoire mais ça c’est un autre sujet !

Bref, ce truc avait une allée carrossable en pavé rouge ocre qui change de la couleur bitume bien moche, une allée à la française, des buis taillés en forme de licorne car le jardinier doit être un fétichiste des licornes, faut vraiment être bizarre pour faire une chose pareille. Bon ne parlons pas de ce bleu flashy sur la façade d’une bâtisse à l’architecture victorienne, c’est tellement plus classe le bleu flashy, je ne comprendrais jamais les riches, est-ce que je m’amuse à mettre des tenues arc-en-ciel ? Non donc voilà puis je n'ose pas imaginer comment c'était à l'intérieur, je suis sûre qu'il y a du doré partout.

Bon, je regarde l’heure sur la grande pendule sur la façade, bientôt 21h, elle va être en retard la petite si elle ne se dépêche pas surtout que j’avais fait l’effort surhumain de m’habiller convenablement. J’avais enfilé une robe noire très moulante arrivant jusqu’au niveau des genoux, des escarpins noirs qui me font gagner facilement huit centimètres, pour accentuer l’originalité de ma tenue, j’avais enfilé un kimono de couleur rouge avec des motifs dorés au contour noir. Sur le dos, on voyait essentiellement de grandes ailes dorées, le tissu brillait de mille feux comme ma longue chevelure bicolore relâchée pour l’occasion. Le kimono était un peu lâche, laissant entrevoir la robe qui s’y trouvait en-dessous.

Oui, oui j’étais une bonn*sse, je vous le fait pas dire, j’espère faire tourner des centaines de têtes à mon passage...

Ces p*tains d’oreillettes pas agréables dans l’oreille, l’ingénieur qui a inventé ce truc n’a jamais envisagé de les porter j’ai l’impression, c’est horrible à mettre puis on dirait que j’ai des acouphènes, si je le retrouve le mec, je lui fais b*uffer !

Après avoir attendu une minute de trop, ma coéquipière pour les prochains jours, arrive avec une jolie tenue, elle avait aussi opté pour une tenue peu commune, deux femmes en tenue un peu orientale, on va faire fureur moi je le dis !

- Comme si j’avais le choix de venir ici… j’ai une mission à accomplir si je dois avoir les faveurs de Roben.

Appeler les gens par leur nom de famille était une habitude, ça ne voulait pas dire que je ne l’appréciait pas, bien au contraire, cette petite était sympa, un brin rebelle, casse-pied, tout comme Livia d’ailleurs, je pense qu’elle choisit ses collaborateurs en fonction de leur capacité à me casser les pieds, comment Kaname peut supporter un monstre pareil, elle doit être si bien dans sa prison, loin de tyran de Prétorien.

On finit par rentrer dans le palais du luxe, je me mis doucement à rire, c’était tellement ridicule des humains qui essayent de refaire le panthéon des dieux, comme si le doré et toutes ses marbres faisaient céleste. Ils n’avaient carrément rien compris, ma demeure était en quelque sorte flottante, je n’avais pas autant d’or, juste un peu, ce qu’il fallait, pas comme ici mais des sortes de fauteuils nuage, tout moelleux, tout doux, tout fluffy, bref le confort à l’état pur et vous ne pourrez jamais tester ce genre de trucs.

- Bon Bichon, prête ?

Je lui affiche le plus grand sourire, la couverture commence dès maintenant, c’était ma cliente, ma patronne, je devais montrer à tous notre bonne entente et que les têtes se tournent à notre passage, il fallait juste que je trouve des gens louches qui vont me permettre d’entrer dans les plates-bandes.
Je glisse mon bras dans celui de Livia et la traîne vers le buffet. Je m’amuse à lui décrire les lieux tel un guide qui était passionné par son boulot, c’était du m’as-tu vu partout, on était bien à Tern, on reconnaissait leur arrogance mais on ne va pas polémiquer là-dessus ce soir. Je fis un léger coup de coude à ma collègue.

- Regarde, nous avons déjà une grosse tête là-bas, nous avons Alucard, il fait partie de la guilde noire, ne t’approche pas de lui.

Je m’étais renseigné sur sa personne, manipulateur, beau-parleur, on m’a fait comprendre de faire attention à ses paroles, peut-être son pouvoir résidait sur la manipulation et je restais toujours à une bonne distance de lui. On pouvait voir qu’il discutait avec un couple. Un bel homme avec une coiffure en brosse avec de magnifiques cheveux bleus, il avait quelque chose intriguant chez lui, son look, on dirait qu’il travaillait dans la mode, il avait pas mal de bijoux sur lui, un charme certain et sa femme ressemblait à un mannequin, très grande, jambes fines, silhouette au gabarit des créateurs, un maquillage parfait.

- Tu les connais les deux ?

Je ne les ai jamais vu mais rien que le fait qu’il soit aussi familier avec Alucard, c’était louche mais je croise le regard de l’homme, celui-ci me fait un sourire en coin et dit quelques mots à sa compagne qui tourne la tête dans notre direction. Et m*rde… Allez reste calme Carci, fait comme d’hab’, fait ta belle, ton innoncente, il vient peut-être juste pour discuter quand je les vois se déplacer vers nous le bras dessus-dessous.

Une fois à notre hauteur, l’homme prit la parole.

- Bonjour Mesdames, passez-vous une bonne soirée ?

La femme nous adresse un sourire chaleureux et moi dans ma tête, je me disais où était la feinte…

Le couple était donc les organisateurs de la soirée, nous avons eu le bon filon dès le début, une chance inouÏe, essayons de la garder même si je pense que ce grand pas en avant dans la mission va surtout nous attirer que des ennuis mais on était venu pour ça non ?

Livia jouait parfaitement son rôle de dame friquée, j’ai eu limite envie de rire quand elle a dit un nom tout à fait au hasard pour se présenter, on aurait dû prévoir le coup, on n’a décidé d’aucun nom avant de rentrer, faut que je trouve vite, un bien, un cool, un qui marquera les esprits !

- Bonsoir, moi c’est Maya, Maya SMITH, je m’occupe des affaires de Madame d’Ebresia.

Je tends la main à la femme, pure politesse, les femmes d’abord et surtout je n’ai pas envie que ma main connaisse le même sort que Livia quand ça sera ce Calixte, c’était mort qu’il me bave dessus, il a un dentier ou quoi ? D’ailleurs celui-ci s’était limite redressé quand il entendit le mot affaires, est-ce qu’il pense trouver le gros filon ?

- Oh, des affaires et je peux me permettre d’être un peu indiscret ?

Bingo, pris au piège le schtroumpf ! Bon maintenant répondre avec délicatesse, allez on va la faire comme dans les bouquins d’espionnages.

- Vous savez Monsieur d’Armante, ma cliente travaille dans l’import-export, vous savez les marchandises conventionnels et autres.

Allez reste dans le flou Carci, il va comprendre que justement que ça à rien de conventionnel ce qu’on veut, il va certainement mordre à l’hameçon. Sa femme finit par s’approche de son amant, prenant son bras amoureusement, elle lui fit un sourire à la fois sexy et plein de sous-entendus. Sa femme prit donc son relais, je fus surprise qu’elle ne soit pas que la bimb*che de service.

- Mon mari et moi seraient ravis de pouvoir faire affaire avec vous, il se trouve qu’on se lance dans un nouveau marché, on va se renseigner sur quelques points et on reviendra vers vous dans la soirée, est-ce que ça vous dit ?

Donc finalement, le mari jouait le rôle du mec qui contrôlait la situation mais c’était la femme qui gérait tout, bonne technique ça, girl power surtout, je l’aimais bien aussi cette petite !

- Madame d’Ebresia, ça vous tente de nouvelles options monétaires certainement proliférantes non ?

AH ouais, elle se la joue comme ça, elle me traite de larbin maintenant, je vais lui montrer mon sens des affaires à l’autre bichon, elle va voir ce que la grande Maya SMITH sait faire ! Livia se contente d’alcooliser nos hôtes en kidnappant un serveur qui n’avait rien demandé, le couple comprit alors qu’elle était aussi là pour s’amuser, c’était le porte-monnaie, moi j’étais la tête pensante, il fallait que je réfléchisse vite, ça faisait si longtemps que je n’avais pas fait autant de mondanités… la barbe quoi.

Je trinque moi aussi avec mes futurs clients.

- Je veillerais que ce soit un bon investissement, en espérant que ce soit le plus tôt possible, les affaire n’attendent pas.

Après quelques banalités, le couple “ princier “ décide de nous quitter pour parler avec d’autres “ clients “ certainement, tous les deux déambulaient entre les riches fortunes d’Entre-Monde, je gardais un oeil sur Alucard, il se trouvait que les trois se trouvaient à discuter avec d’autres groupes, je mémorise leur tête, si le malfrat était dans le coup, c’est que c’était des clients potentiels. Je me tourne vers Livia qui avait entrepris un langage codé, avait-elle peur des oreilles indiscrètes, on était aussi certainement observé, je devais faire attention et adopté une attitude professionnel.

- De bons clients ma chère Listhania, j’essaye de regarder d’autres portefeuilles potentiels mais les d’Armante sont de loin les meilleurs à mon avis.

Une coupe de champagne dans la main, je fais un tour d’horizon des lieux, je voulais un peu taquiner la belle, on n’avait rien à faire mise à part attendre qu’on vienne nous parler et je voulais lui présenter quelques prétendants, ça m’occupera. D’abord, un bel étalon, grand, brun un regard mystérieux vert, il avait ce qu’il fallait comme muscle, puis peut-être il avait le bon portefeuille aussi.

- Tenez, sur votre droite, ce bel homme, il est à votre goût ?

Puis je l’aide à tourner sur la gauche pour lui montrer une femme, excentrique à souhait, cheveux violet, les yeux violine également, j’aimais ces gens un peu hors du commun, après j’avais une chevelure qui détonne alors une femme comme elle, puis son haut de forme, non peut-être Livia préfère les femmes, j’en savais rien.

- Et elle, on dirait une comtesse non ?

Bon le beau-gosse, next, un criminel en puissance, je fus déçue de voir le nombre d’êtres malfaisants qu’il pouvait avoir dans cette soirée, je me demandais même si ce n’était pas un plan foireux ce rendez-vous, si la source ne nous a pas raconté des bobards ou quelque chose du genre mais je ne suis pas sanctuari et je ne sais pas si Livia était une sanctuari connue, avec la Prétorienne ça serait tout autre mais là nous étions deux belles inconnues.

Mais petit Bichon a décidé de me mettre la misère à moi, alors qu’il y a deux secondes elle m’a traité de gamine, c’est l’hôpital qui se fo*t de la charité non ? Taquine comme pas deux, ma chère Listhania va voir la comtesse et la brosse dans le sens du poil puis elle a osé rajouter mon admiration pour sa tenue. Carci reste digne, ne l’étripe pas, ne l’étripe surtout pas, tu es en mission, tu t’occupera de ton cas plus tard.

Je tends ma main dans sa direction, je ne fais pas de courbette moi, j’ai des principes !

- Maya SMITH, sa collaboratrice.

Je ne voulais pas rentrer spécialement dans les détails, elle n’était peut-être pas utile dans l’histoire donc autant ne pas s’investir.

- Vos tenues sont toutes aussi magnifiques Mesdames.

Elle me regarde alors fixement, qu’elle avait à me reluquer de la sorte, elle a cru que j’étais un bifteck ou quoi ?

- J’adore tout spécialement la dorure de votre tunique Madame Smith.

Elle me fit un clin d’oeil bien trop révélateur, c’est bon, elle a cru que c’était la fête et je sens que l’autre rigole comme une baleine de sa plaisanterie alors qu’à la base, ça aurait dû se passer tout autrement.

- Ah oui j’ai oublié de me présenter, suis-je bête. Lady Catherine, propriétaire de ces lieux.

Tout s’explique maintenant quand on voit le personnage, on comprends le lieu puis ça explique aussi son adoration pour ma tunique. Fétichiste de l’or, celle-là et si on pouvait une petite musique et un fond violet derrière elle quand elle se présente, ça serait parfait.

- Alors Mesdames, vous venez pour affaire ou profiter des festivités, pas de secret entre nous Maya.

Pourquoi elle me parle comme ça, pourquoi elle me sort ce regard tout mielleux, j’ai rien demandé moi mais rien du tout. Bon joue ton rôle, joue ton rôle meuf.

- Ma cliente vient pour s’amuser moi je viens pour l’autre partie mais rien ne m’empêche de m’amuser également.

Bon vu qu’elle me charme, autant jouer bêtement son rôle.

- D’ailleurs nous avons rencontré les D’Armante, ils sont charmants tous les deux, Madame est une bonne négociatrice dans les affaires, j’ai hâte de travailler avec elle.

Je laissais une petite ouverture, si elle connaît les affaire d’Ethel, elle sait de quoi je parle, puis au pire si je parlerai de ce fameux Alvarez...