Dans la fosse aux trafiquants [Mission]

Le bibliothécaire n’avait visiblement pas apprécier la musique que j’essayai de produire avec la sonnette de la bibliothèque. J’essayerai autre chose la prochaine fois, ce n’est que partie remise. Je remplis les papiers d’inscription pour la désagréable pomme et moi-même. L’homme nous remet une paire d’oreillettes et une carte de crédit dorée. Les oreillettes me semblent inutile avec la pomme et je les rends à notre hôte avec un grand sourire. Je glisse la carte dans ma poche.

Nous réalisons le voyage jusqu’à la ville la plus proche, Clodis, en bus. Utiliser le perçant aurait été plus rapide mais nous aurions perdu notre principal atout pour une fuite d’urgence. Une arrivée incognito me semble être la meilleure idée. Ne pas se faire remarquer est une bonne règle lorsqu’on réalise des choses pas très légale. L’avis de recherche de William, mon bon samaritain de Magna, en est la preuve. Granny reste silencieuse durant le voyage même si elle est au cœur de tous les murmures du bus.

La ville sur pilotis et constituée de maison en bois ne m’inspire pas forcément confiance. On dirait un avant-poste de brigand… Granny se manifeste enfin de sa voix télépathique :

-Où allons-nous maintenant ?

Bonne question, l’ordre de mission indique où trouver le contact dans Clodis. Il s’agit surement d’un simple intermédiaire à la solde du groupe qu’il faut faire tomber.

Nous devrions commencer par trouver ce fameux Terrence dont parle l’ordre de mission. Nous devrions le trouver près du bâtiment faisant office de mairie. Les clients sont censés venir le jeudi pour rencontrer l’intermédiaire. Allons-y avant que le soleil ne se couche.

Sans attendre de réponse de la pomme, je m’engage sur les ponts de cordes instables dans la direction indiquée par les panneaux délabrés.

Je pense qu’il vaut mieux que tu ne parles pas à d’autres humains, il vaut mieux qu’ils pensent que tu es un animal rare ou un robot. Cela permettra que tu sois plus libre de tes mouvements une fois à l’entrepôt.

Après quelques minutes de marche sur le plancher glissant des rues, nous arrivons en vue de la « mairie ». Je m’arrête dans l’ombre d’un poteau servant de luminaire la nuit et cherche du regard notre homme. Il ne doit pas officier en pleine lumière, il se cache certainement. Je repère un homme suspect adossé à un mur et parlant apparemment seul. Mais pas forcément, une petite ouverture dans un mur, au niveau du sol non-loin ferait un endroit parfait pour pouvoir parler en toute discrétion.
Je fais signe à la pomme de patienter le temps que l’homme s’éloigne.

Nous patientons presque une heure avant le départ du suspect. Accompagnée de Granny, je m’avance d’un pas assuré et prend place non-loin de l’ouverture.

Terrence, je suppose.

Que puis-je pour vous ma petite dame ?

Je recherche des animaux rares comme une Chimora ou un Dragorius Lux. Mon délai est assez serré.

Le fameux Terence ne compte visiblement pas être un brigand simple et idiot. Il feint d’abord l’ignorance et essaye de paraitre offusquer. Amusée, je me tourne vers lui usant un peu de mon pouvoir :

Mon cher, vous devriez savoir que, dans notre branche, les informations circulent vite. Surtout lorsque l’on sait où se procurer les informations. Je n’ai pas de temps à perdre avec un freluquet, vous direz à vos patrons que vous avez laissé passer un juteux marché.

Le temps que l’idée fasse son bout de chemin dans sa petite tête, je fais mine de commencer à m’éloigner. Il m’interpelle vivement, la punition qui l’attend est certainement trop importante pour laisser passer un marché.

-Et qui vous a parlé de moi d'abord ? Vous cherchez des trucs qui valent un sacré paquet et vous avez pas l'air bien riche pourtant.

Mon pauvre Terence, je serais une bien piètre acheteuse si mon réseau n’était pas efficace et confiance en moi. Vous comme moi savons très bien qu’il vaut mieux paraitre « anodin », les sanctuaris ne pensent même pas qu’une si jolie jeune femme puisse acheter des animaux illégalement.

Dites-moi qui vous a rencardé sur moi ou montrez la monnaie, je peux pas gaspiller mon temps avec tout le monde, hein.

Faisant un petit signe à l’homme, je montre un petit bout de ma carte gold signe d’une grande richesse. Son regard glissa de la carte à la pomme qui venait de se montrer à mes pieds. Faire passer la pomme pour un animal rare de compagnie est certainement la meilleure idée que nous ayons eu aujourd’hui…

Je vois. Rejoignez-moi à la sortie ouest de la ville à trois heures, nous continuerons cette discussion là où les murs n’ont pas d’oreilles madame.