Re: Embarcadère de Tern : voyage au pays des poulpes géants

Curieux par nature je décrivais rapidement les alentours du bureau me surprenant à le percevoir plus grand que ce que je pouvais imaginer. En effet je pensais les lieux d'un navire plutôt découpé en petites parcelles vu le peu de place dont disposait un navire, mais je devais avouer que le Fenrir était une structure plutôt imposante et qu'après tout les quartiers d'un capitaine devait être une exception qui confirmait la règle.

Tout autour de moi un nombre invraisemblable de paperasses m'entourait et je peinais même à deviner le bureau qui se situait sous cette immense pile de feuilles administratives, visiblement la vie de capitaine n'était pas de tout repos. Malgré tout, une petite bibliothèque ornait un mur du bureau, pliant quelque peu sous le poids de nombreux volumes de navigations. De plus le bois, que je devinais être en Acajou, avait surement été posé avec beaucoup d'attention par un expert car on percevait tout de suite sa beauté qui contrastait avec les cabines habituelles des matelots.

cette brève description des lieux n'avait duré que quelques secondes et je reportais aussitôt mon attention sur la capitaine Abysse, ne voulant pas lui paraitre impolie en ne la regardant pas. Je n'avais jamais vraiment rencontré Abysse en personne et maintenant que j'en avais le temps j'avais voulu lui parler pour mieux faire sa connaissance, même si ça pouvait paraitre bizarre de vouloir mieux connaître son capitaine.

-"Bonsoir Capitaine .. Abysse"

J'avais marqué un temps d'hésitations car je n'étais qu'une jeune recrue et que tout ce formalisme me gênait quelque peu. Je n'avais jamais du par le passé parler ainsi à mes employeurs me contentant seulement de me faire payer pour mes services et j'avais un peu de mal à m'adapter à cette habitude. Mais ne voulant pas faire apparaitre mes doutes, je plongeais mon regard bleu azur et impassible dans le sien.

-"Désolé de vous déranger, je me doute bien que vous devez avoir beaucoup de travail mais je voulais vous parlez un peu. Un peu pour me renseigner sur le voyage et pouvoir en parler plus en avant avec mes compagnons qui me questionneront surement à propos de ça. Mais à vrai dire je voulais surtout vous voir pour avoir votre avis sur mon travail, ça ne fait pas longtemps que je suis sur ce navire et je voulais savoir si je m'acquittais bien de ma tâche."

Je marquais un autre temps de pause avant que hésitant je reprenne mon discours.

-"Ha oui aussi, j'ai entendu dire que vous étiez une grande combattante et escrimeuse ...Alors je voulais savoir si cela vous dérangerait de vous demander de m'entrainer avec vous par moment, lorsque vous ne seriez pas débordé par tout votre travail .."

Je jetais un furtif regard en direction des papiers qui s'entassaient sur son bureau, il m'était avis qu'elle ne devait pas avoir tant que ça de temps de libre, mais j'avais toujours espoir qu'elle accepte afin de parfaire toujours mon entraînement.

Aw, à peine réunis qu'il fallait déjà se séparer ! Un hochement de tête confirma que Manali se plierait à la volonté de ses compagnons de voyage, elle ferait comme tout le monde -ou presque- et irait passer le temps dans la cabine qu'on lui avait attribuée. Ainsi, elle attendit que les autres s'en aillent pour se diriger à son tour vers sa petite zone personnelle. Pour y faire quoi ? Ben... premièrement, pour balancer son gros sac dans un coin et s'affaler sur le lit qui était mis à sa disposition. Pour penser à une stratégie qui permettrait d'abattre le kraken, bien sur ! ... Ha, ha ! J'suis sur que vous y avez tous cru ! Non, elle s'était juste affalée pour profiter du caractère confortable du lit et somnoler bien au chaud pendant ce gros quart d'heure. Les stratégies, c'était pas son truc, ses capacités tenaient plus du domaine de l'improvisation que des théories capilotractées.

Non, sérieusement, si on lui demandait son avis sur comment attraper une espèce de calamar géant, tout ce qu'elle trouverait à répondre c'est qu'il faudrait essayer avec une canne à pêche et un très bon appât. Même si dans l'état actuel des choses, vu ses apparentes capacités au combat, c'était elle qui avait le plus de chances de servir d'appât. La peur de mourir ? Mourir à cause d'un poulpe ? Pour une raison étrange, cette idée n'avait même pas traversé la tête de la jeune fille. La seule issue possible à cette mission était de revenir chercher la récompense, il n'y avait aucune fin alternative.

Manali tournait et se retournait sans cesse sur son lit, bien décidée à rester un minimum active ; sans quoi elle allait probablement s'endormir et les autres devraient l'attendre bien plus de dix minutes cette fois ! Le problème, c'était qu'elle s'ennuyait comme un rat crevé, et elle n'avait franchement pas envie de continuer comme ça plus longtemps. Le matelas moelleux n'arrêtait pas de l'attirer un peu plus vers le royaume des endormis, il fallait absolument s'en détacher et fuir très loin ! ... Bon, encore deux minutes à se prélasser dedans et ensuite elle s'en irait sur le pont !

C'est donc au bout de cinq minutes qu'elle arriva avec sa tête d'endormie habituelle vers Nozomi qui semblait s'embêter un peu aussi. A vrai dire, l'adolescente attendit un peu avant de le rejoindre, n'étant pas certaine de pouvoir être assez sociable avec quelqu'un qui ne le semblait pas plus qu'elle au premier abord. Le truc, c'était qu'elle devrait s'entendre un minimum avec ses compagnons de voyage, c'est pourquoi elle prit son courage à deux mains et décida de faire le premier pas !

-"..."

Bon, plus facile à dire qu'à faire ! Voilà qu'elle s'était plantée devant l'homme sans savoir quoi lui dire. L'espace d'un instant, elle avait hésité à commencer avec un "beau temps pour la saison, vous ne trouvez pas" ou encore "tiens, on ne s'est pas déjà vus quelque part" mais c'était assez... stupide. Désespérée devant son propre manque de communication, l'air toujours endormi et aussi neutre qu'à la normale, elle se décida à parler. Parler, oui, même pour dire une bêtise ! N'importe quoi ! Il fallait juste que quelques mots arrivent à sortir.

-"Vous en avez déjà vu beaucoup, des krakens ?"

... Bon, c'était toujours mieux que rien, non ? Puis c'était peut-être une occasion de se renseigner sur la taille des fameux animaux si dangereux. Dans le même temps, causer mission serait peut-être plus spontané que parler vie privée. Non seulement elle n'avait pas envie d'étaler sa vie, mais en plus de ça elle était persuadée que l'autre n'en avait pas fort envie non plus, ce qui était on ne peut plus compréhensible.

[ ma réponse n'est pas terrible, je m'en excuse ]

Sur son invitation, le jeune homme dénommé Arcanta s’assit en face de la valkyrie. Elle le laissa parler en fronçant gravement les sourcils. Un détail commençait à l’irriter. Elle s’adressa à lui sur un ton sévère alors qu’une lueur amusée étincelait dans son regard.

- Allons, pas de capitaine avec moi. Tu fais parti de l’équipage que je saches. Tout ce que tu as à faire, c’est m’appeler Abysse, me tutoyer et ne pas me manquer de respect dans la limite du possible.

Ainsi, les bases étaient posées. Abysse avait tendance à se montrer un peu franche et directe mais elle n’aimait pas tourner autour du pot. Elle préférait dire les choses comme elles étaient et ne pas passer par milles détours. Et puis, elle n’appréciait guère que son équipage la vouvoie ou la traître comme un maître dans sa cours. Elle ne mangeait pas de ce pain là. Si tous les membres de son équipage devaient la vouvoyer, elle ne s’en sortirait jamais. Et puis, cela aurait le don de la mettre mal à l’aise voir même de l’agacer passablement.

Son expression se détendit légèrement. Maintenant que les règles étaient fixées, elle pouvait prendre la peine de lui répondre. Ce fut donc avec un sourire espiègle qu’elle se résolut à éclairer ses doutes quant à son travail.

- Je n’ai rien à te reprocher Arcanta pour ce qui est de ton travail. Si ça avait été le cas, tu le saurais déjà et tu ne serais pas assis en ce moment même dans mon bureau à me regarder dans le blanc des yeux. Je comprends que tu veuilles bien faire mais tu n’as pas trop à t’inquiéter de cela. Je sais que nous n’avons pas eu vraiment l’occasion d’aborder qui ou quoi que ce soit et que du coup, tu n’as pas pu nous démontrer l’étendue de ton talent. Il n’empêche que j’ai amplement confiance en tes capacités. Je me réjouis d’avoir un harponneur de ton envergure sur mon navire.

Abysse sourit, elle était réellement sincère. Harponner un vaisseau en plein vol ou même un monstre n’était guère une tâche aisée. Il était bien rare de croiser des hommes qui possédaient suffisamment de tripes pour plonger dans le vide avec seulement un filin comme corde de rappel. La valkyrie connaissait les capacités d’Arcanta à pouvoir contrôler le vent et l’air. Il s’agissait d’une qualité inestimable pour un harponneur. Elle devait bien admettre qu’elle l’enviait un peu quand même.

C’est alors qu’elle se vit obligée de répondre à la proposition du jeune homme. Son regard s’assombrit. Il était clair que ces derniers temps, elle n’avait que peu de temps à se consacrer à elle-même. Il serait encore plus difficile d’en trouver pour des leçons d’escrimes. Par ailleurs, Abysse devait avouer qu’elle craignait le fait d’endosser le rôle d’un maître d’arme. Elle maîtrisait certes la pluparts des arts du combat mais ne parvenait pas à se résoudre à l’enseigner à qui que ce soit. Elle avait causé tant de carnages à cause de son talent de guerrière. A présent, elle ne pouvait que ressentir un profond écœurement en repensant à toutes les atrocités qu’elle avait commises pour son simple plaisir. Elle redoutait que son enseignement puisse conduire un homme à en faire autant. La valkyrie se mordit la lèvre inférieure, soucieuse.

- L’art de la guerre ainsi que celui de savoir manier une lame n’est pas à prendre à la légère. Ils peuvent permettre de remporter les plus grandes victoires mais ils peuvent aussi détruire un homme. Es-tu vraiment sûr de vouloir apprendre à tuer par le fil d’une lame ?

Plantant son regard dans le sien, la valkyrie tentait de sonder les pensées du jeune homme. Elle espérait qu’il se rendait compte de l’ampleur d’un tel enseignement et surtout de la discipline que cela imposait. Elle ne voulait pas créer un monstre sanguinaire assoiffé de sang et de combats comme elle avait pu l’être par le passé. Elle ne se sentait pas le courage d’en assumer la responsabilité. Finalement, la jeune femme détourna le regard pour le fixer vers la fenêtre. Ses pensées se perdirent au large. Après quelques secondes de silence, elle reposa son attention sur Arcanta.

- Si après ce que je t’ai dit, tu te sens toujours motivé pour apprendre l’escrime alors je te propose un marché. Je souhaite que tu m’apprennes à mieux maîtriser les vents et en échange, je t’apprendrais à te battre avec n’importe quelle arme que tu souhaites.

Nozomi et Manali étaient déjà présents dans le carré lorsque j'y fis mon entrée ; il n'étaient visiblement pas en pleine discussion. Mes compagnons étaient-ils du genre réservés ? Je m'en réjouissais, je n'étais moi même pas très enclin à partager mes sentiments avec n'importe qui. Je pris la parole pour ne pas paraître plus rustre que je ne l'étais.

"Il me semble que le voyage va durer un moment, Nous apprendrons peut être à nous connaître un peu mieux durant ce temps incompressible, cela nous sera certainement utile pour notre affaire."

Je pris place à côté de Manali et observai la table. Quelques papiers y étaient étalés, mais il ne devait pas nous appartenir car je n'y lu rien d'intéressant ou qui ait pu concerner de près ou de loin notre mission. A vrai dire, je n'étais pas très bien renseignée, je n'avais pas pris le temps de m'intéresser aux tenants et aboutissant de l'opération, je connaissais à peine notre destination. Plus j'y réfléchissais, plus je me disais que je devais être à peu près aussi ignorante que Manali ; à ceci près que j'avais déjà entendu parler d'un Kraken à Nagarithar. J'ignorais si la créature était en tout point semblable, mais il devait certainement y avoir des points communs.

"Avons nous des cartes ou des informations tangible sur notre cible, comme les zones marines qu'elle fréquente souvent, ou autre ?"

Je pense qu'il nous faudrait glaner des informations sur place, là où nous laisserai le Fenrir. J'ignorais à quoi nous allions occuper notre voyage et espérais pouvoir débarquer rapidement car les attentes prolongées avaient tendance à jouer avec mes nerfs.

Spoiler:

La jeune Manali fut la première à me retrouver, à croire qu'elle était en mesure d'être ponctuelle et même en avance... En même temps, il me manquait une montre pour pouvoir le vérifier.
Et bien qu'elle ne soit pas très douée pour lancer la conversation, elle avait mis le doigt sur le sujet qui me préoccupait.

-Des Krakens... Je n'en n'ai jamais vu. Et j'ai eu le temps de faire quelques recherches dessus, les documents hésitaient entre un monstre marin d'un genre divin, et un simple calamar géant. L'un ou l'autre il sera difficile d'en venir à bout.

Et l'Entre-Monde recelait d'énormes créatures qu'on qualifiait de géantes car la plupart d'entre-nous n'en n'avions pas des aussi grosses dans nos mondes d'origines.
Riku m'avait expliqué que ce monde était gigantesque selon les machines de Cerclon, et que les animaux avaient tant d'espace à combler, des territoires si vastes à parcourir et en proportion peu de prédateurs à craindre, qu'ils se sont développés en grossissant plutôt qu'en rapetissant. Comme les éléphants ou les girafes qui ont pu évoluer dans ce sens car ils n'avaient pas beaucoup de prédateurs à craindre et donc pouvaient-ils se permettre de grossir à l'extrême...
Ça c'est la version que j'ai comprise du sujet, son discours était mille fois plus long et rempli d'autres éléments que j'avais occulté par pur ennuie.
Je n'eus pas le temps de rajouter quoique ce soit, Ravëfanwen, l'elfe à la peau sombre s'installa à son tour.

-Nous nous rendons vers un village construit sur pilotis au beau milieu de l'océan.

Oui, j'avais beaucoup de détails ... Ou pas du tout. L'intérêt de mon intervention me laissa dubitatif. J'entrepris de prendre une feuille et un crayon qui trainait.
Dessinant le littoral Ouest, je marquais un cercle pour Atlantis et de drôle de formes pour les îles perroquets. Entre les deux et la pointe du port Talbir, je gribouillais quelques lignes.

-Le village se trouve quelque part par là, je suppose. Planté sur ce que je crois être un morceau de notre littoral engloutie depuis plus longtemps que je n'existe. C'est assez éloigné de la côte... Assez pour attirer un prédateur du fond des mers.

Et tournant la tête vers Manali je lui souris.

-Le Kraken n'est pas tant dangereux parce qu'il est très grand et bien plus doué que nous dans l'eau, mais parce qu'il est si gros que lorsqu'il plonge vers le fond il créé des tourbillons dans l'eau... Susceptibles d'emporter tout ce qui est à portée.

Ne restait qu'à attendre Arcanta et peut-être le capitaine pour lui payer le voyage.

Le temps s'écoulait lentement tandis que le Fenrir faisait route vers un village perdu au milieu de l'océan. Bientôt, les intrépides voyageurs pourraient poser pied-à-terre et se préparer à affronter un terrible Kraken.
Ce ne fut que deux jours après avoir embarqués que le Fenrir arriva enfin à sa destination. L'équipage n'avait eu à se plaindre d'aucun intempérie ou contretemps. Au contraire, le Fenrir avait même pu bénéficier d'un vent arrière bénéfique. A croire qu'il était pressé d'abandonner les aventuriers aux tentacules d'un poulpe géant pour le moins effrayant.
Alors que le port était en vue, Abysse appela chacun des aventuriers sur le pont. Elle les salua, posa quelques questions polies à chacun d'entre eux et entra dans le vif du sujet.

- Nous nous apprêtons à jeter l'ancre. Notre voyage s'arrête ici. Je vous invite donc à rassembler vos affaires et à vous préparer aux adieux...enfin aux "au revoir".

Elle se tourna ensuite vers un dénommé Nozomi qui semblait bien être le chef de cette expédition.

- Pourrais-tu me rejoindre dans mon bureau s'il te plait ? Il va falloir qu'on discute du prix du voyage et surtout que l'on fixe une date de retour. Je ne compte pas vous abandonner à votre sort. J'ai bien l'intention de vous ramener à Tern.

Les deux jeunes gens se rendirent donc dans la cabine du Capitaine. Ils eurent finis leur négociations lorsque le Fenrir jeta enfin l'ancre. Abysse salua pour la dernière fois avant un bon moment chacun des aventuriers. Elle leur prononça quelques paroles d'encouragement dans une langue ancienne, oubliée depuis bien longtemps. Il s'agissait d'une bénédiction Viking.

La jeune Valkyrie regarda les aventuriers descendre du navire et s'éloigner jusqu'à ce qu'elle les perde de vue. Avant de s'en retourner, elle murmura quelques paroles dans un souffle.

- Que les Dises veillent sur vous...

[ j'ai déplacé la discussion avec Arcanta dans un autre sujet pour ne pas vous retarder plus longtemps. Je m'excuse de ma négligence. Je pense que l'on peut supprimer les derniers posts qui ont été retranscris dansce sujet

Ps : j'espère que tu ne m'en veux pas d'avoir joué un peu ton perso Nozomi. Je cherchais juste à vous retarder le moins possible avec des bavardages inutiles. Tu n'as qu'à indiquer dans ton prochain post si tu veux la somme versée et le retour convenu. Je ne vous embêterais plus, promis xD ]