Solitude ? Ca veut dire quoi ? [Kaïl et qui veut]

-Je connais bien un ou deux moyens de le faire taire...

Je souris tendrement avec un de mes serpents qui s'enroule doucement autour de mon poignet offert, bracelet vivant, écailles d'ébènes sur ma peau dorée. Il darde silencieusement sa langue bifide, son regard planté sur le gosse turbulent alors que je rajoute, d'un ton on ne peut plus neutre.

-... Définitivement, va sans dire.

Puis, me fabriquant un visage souriant de brave vendeuse avenante un brin schizophrène.

- Enfin, je ne sais trop si ça saurait vous convenir.

Qu'il choisisse s'il veut ou non se débarrasser de son fardeau. Au besoin, je l'y aiderais... Volontiers.

- Quant au repas, petit, je viens tout juste de finir un pique-nique bien plus appétissant que ton lézard. Pique-nique dont les restes doivent d'ailleurs commencer à attirer les fourmis. Mais ça ne doit pas t'intéresser des masses, vu ton appétissant petit encas.

Mon sourire est à la semblance de mon ton, vicieux et sardonique. Qu'il aille se faire mettre s'il veut plus qu'un peu de viande. Mon repas repose gentiment dans les boîtes prévus à cet effet, mais il n'en sait rien le pauvre petit, Huhuhu... Aheum! Je m'abandonne à des pensées si triviales que c'en est troublant. Pensées vite interrompue par un beuglement inhumain de douleur intense. Dieux que c'est bon à entendre, presque autant que de voir son visage tordu de douleur. Presque orgasmique. Et là, le choc! La panthère devient humanoïde sans sourciller un instant, magnifique mâle vêtu de sa glorieuse virilité. Et j'ai chaud, trop chaud pour ne pas réagir quand il me demande poliment de l'eau. Une vraie pucelle devant son premier homme. J'ai vraiment besoin de me trouver des jouets dans cette ville. Sans lâcher mot, je retourne à mon campement de fortune chercher une de mes gourdes. Je reviens vite (j'ai couru, oui, j'ai honte...). Tout en calcul, je me penche sur la main brûlée pour faire couler un filet d'eau glacée dessus. Mon péplos bâille bien plus qu'il ne le devrait sous le nez de Rhys. J'adore définitivement ces robes pleines d'échancrures généreuses.

- Appelez-moi Médusa. J'espère que ce n'est pas trop douloureux, Kaïl.

En fait si, j'espère qu'il souffre énormément, suffisamment pour que ça finisse par le faire taire, mais il ne faut pas trop compter dessus parti comme c'est. Aussi, je concentre tous mes sens sur Rhys près de moi et mes serpents le sente. Ils s'agitent, le goûtent de leur langue, se tendent vers lui énervés de leur incapacité à l'atteindre sans mon consentement préalable. Et moi je dandine légèrement du postérieur dans une position qui, en un tout autre lieu, n'aurait invité qu'à une chose qu'on ne citera pas ici.

Rhys semble ENFIN excédé, que c'est bon de le voir s'énerver ! Non j'serais pas poli, il devrait le savoir depuis le temps ! Je lui tire la langue et le laisse m'attirer jusqu'à madame la vipère.

-De près elle a l'air encore plus vieille... Vous vous entendrez bien !

Un grand sourire continue de fleurir sur mon visage, à croire que je vais en perdre ma mâchoire inférieur... Mais non, il disparait -un peu- quand elle aussi elle montre clairement qu'elle me hait déjà. J'adore !
Me faire taire ? Même la mort ne voudrait pas de moi dans ces conditions, imaginez m'entendre geindre pour l'éternité ? Tant que je suis humain, ça va, ça reste dans la limite du supportable... Pour ceux qui attendent de me voir mourir, bien sûr. Que c'est bon de se sentir aimé, chéri, dorloté... S'pas le tout mais : j'ai mal bordel !

Je fais mine de me renfrogner à la menace de mort. Imminente ? Même pas peur ! Elle me tend un serpent, je lui tends une mangouste on verra bien qui remportera le match héhé (bon ma mangouste sera très grande, j'y peux rien je peux pas créer de "petites" choses).

Et l'eau coule toute seule sur ma main, c'est frais et ça fait du bien. Je lui piquerai bien sa flotte, c'est que j'ai toujours la glotte asséchée moi ! (pour créer un autre monstre j'vais devoir faire disparaitre le truc en feu... humpf, non j'le garde il est plus utile qu'une plante pleine de nectar...

-M'dame, vous devriez pas draguer un père devant son gosse, c'est pas très galant ! Vous savez faire la lessive ? Non parce que lui il est pas très doué avec le linge.

Mon pouce tendu vers lui, je ne sens déjà plus ma brûlure tant je m'amuse bien !

-Et puis en cuisine non plus, lui il chasse le lézard en haute montagne... il sait les dépiauter aussi !

Cette remarque est à l'attention des serpents. Dans le doute, j'évite de trop approcher, faut dire que ces bêbêtes sont dangereuses quand même... Et je ne suis pas vraiment sûr que Rhys penserait à me sauver la vie si je me faisais mordre (je l'aurais presque mérité). Je récupère ma main saine et sauve.

Il devrait s'estimer heureux, j'ai pas fais de remarque sur son allure de bête de sexe (au sens propre !)... Han j'ai faim.
À peine sauvé de la mort par brûlure (ou pas) je m'en retourne vers mon repas. Sont bien beaux à batifoler comme des collégiens ces deux là, mais mon estomac est prioritaire. La viande continue de cuir et le bon côté d'avoir un viffeux sous la main... Si elle me cherche elle aussi elle aura des brûlure à soigner. Je me demande comment réagiront ses bestioles face à une créature faite de feu de la tête aux pattes.

En parlant de pattes, là où il s'était installé, les pierres ont sacrément chauffé, elles sont rouges comme les braises d'une cheminée. En tendant le bras je récupère mon bloc à dessin. Si je déchire la feuille adieu le réchaud-naturel ! Je la détache du bloc et la plie pour l'enfiler dans ma poche.
finalement, ma viande est cuite et il en reste un gros tas en provision. Il doit me rester du sel d'avance pour en conserver un peu.

-À table !

Pas de couverts, pas d'assiettes, j'ai remis mes gants et je dépiaute la barbac filandreuse du monstre avec mes doigts. Même le viffeux à droit à son bout de steack de lézard... Je vais pas chipoter y en a trop pour moi. Le seul moment où je suis à peu près silencieux ? Quand je mange. Même en dormant il m'arrive de parler !
Je tire la langue à Rhys. Je serais jamais poli, c'est trop chiant d'être bien élevé. Un jour je me suis demandé si Rhys m'abandonnerait dans un orphelina quand il en aura marre de moi. Et puis, j'me suis dit qu'au pire je m'enfuirais et je ferais tellement chier le monde entier qu'ils enverront des types le chercher de force pour me récupérer...

Vieille ? Il vient de me traiter de vieille ce sale mioche ? Bon, certes, je suis suffisamment âgée pour avoir côtoyé ses lointains, très lointains ancêtres, quand ils étaient encore velus et stupides... Bien que sur ce dernier point, la descendance ne se soit guère améliorée... Qu'importe, je laisse filer. Ou plutôt j'accumule. Il va payer chaque insulte le pauvre chaton. Il ne le sait pas encore, c'est tout. Non, aucun rire machiavélique ne perlera de mes divines lèvres, pas plus qu'un sourire sournois. Je sais encore me contrôler... Du moins, mieux que face à Rhys.

Khaïl babille et je me concentre sur Rhys et son absence de lèvres me dérange. Et comme s'il lisait mes pensées -le pauvre-, il prend visage humain. Totalement charmée, je suis du regard ses lèvres soudain si attrayantes qui dansent sur chacun des mots comme une promesse de baisers et autres caresses bien plus intimes. Et je frémis à leur contact. Mes serpents s'agitent de plus en plus. Les crocs sortent et les sifflements augmentent en intensité. Ils se tendent vers Rhys et j'ai franchement l'air de subir un fort vent de dos. Toute ébouriffée malgré moi, je reviens à Khaïl qui crie soudain son début de repas. Ah oui ? Mes enfants ont besoin de se soulager et moi de me venger.

Lentement, je tends un bras au dessus de l'enfant qui se sustente de façon si barbare. Un de mes fils se décroche de mon crâne comme s'il s'extrayait d'une gangue de boue, sans bruit. Il glisse et s'enroule autour de mon bras jusqu'à ce que sa tête surplombe le plat sommaire. Le mamba désirait âprement se séparer de moi, il fait donc selon ma muette volonté. Ses crocs se dardent comme il ouvre grand la gueule et le poison se met à perler, mortel assaisonnement s'il en est. Plic, ploc. Je doute que Khaïl veuille encore tenter de manger sa viande. Au mieux, il écoperait d'une copieuse indigestion, au pire, ma foi, il souffrira pendant quelques minutes avant de succomber. Pauvre, pauvre chaton.

En parlant de chaton, Rhys a repris sa forme animale et je ne cache pas mon désappointement. Il me propose de profiter d'un silence que je sais ne pas pouvoir durer encore bien longtemps. Puis profiter de quoi ? Il veut même pas que je lui caresse la croupe et lui gratte derrière les oreilles quand même ?

- C'eut été avec plaisir si je ne savais pas votre hum compagnon -lâchai-je pleine d'un mépris vendu à la tonne- incapable de tenir sa langue si peu habile.

Se disant, je fais mine de prêter attention à mon mamba qui commence à se dérouler vers les épaules de Khaïl, plein d'envies meurtrières. Le vilain garnement veut jouer. Ma langue claque et la colère s'immisce l'espace d'un instant sur mes traits, faisant fuir mon charme contre une sévérité glaciale.

-Reviens immédiatement. Ce parasite n'a pas à mourir de tes crocs, mon fils. Il n'est même pas comestible.

Obéissant, le serpent remonte vers ses frères, dépité malgré tout.

- Désolée, Rhys mais je crains que votre hum nain ne fasse que maigre pitance aujourd'hui. Il va redevenir intenable. Mais si l'envie vous prend que l'on se voye en tête à tête sans importun dans les pattes, sachez que je tiens l'Épicerie dans la zone du dehors. Je serai ravie de vous y accueillir...

Je suis franche, et alors ?! Je ne vais quand même pas jouer les mijaurées toute l'après-midi.

- ... En grande forme, j'espère.

Rajoutai-je par mesure de précision. Non, il n'y a strictement aucun sous-entendu, c'est faux. Vous n'avez aucune preuves d'abord. Je le laissai donc à ses interprétations, glissant sur mes traits un sourire on ne peut plus engageant.

Hey ! Ma viande, c'te vieille harpie pleine de serpent m'a bousillé mon repas ! Bordel de... Ah ça non, j'l'ai pas empêcher de manger ou de respirer moi, non mais oh faut pas pousser le bouchon. Hum, si elle veut la guerre...
En effet, je suis en pétard... Et encore, moi c'est rien comparé au viffeux qui vient de perdre lui aussi son déjeuner qu'il avait lui même fait cuir à la sueur de son front. Et si je crée des bestioles je les contrôle pas pour autant. L'animal gonfle de feu, il fait la moitié de ma taille et semble grossir en flammes.

-Rhys, j'crois que ta copine vient de le mettre en rogne !

Je jette le bout de viande qui restait dans mes doigts et je m'éloigne avant de me faire brûler vif. Je lui dirais bien que je lui offrirai un autre lézard grillé mais je doute que ça calme la chose tout feu tout flamme. Finalement, sa colère semble se tourner vers la dame aux serpents, après tout, c'est de sa faute si nous sommes deux à avoir encore l'estomac dans les talons.

-Dites m'dames en plus de cracher du venin vous avez l'option pare-feu ?

Oui bon, si le viffeux s'en prend à Médusa, Rhys risque de vouloir la protéger en bon galant (gland) chevalier qu'il est... Je réfléchis alors que ma chose de feu s'approche de sa proie et futur sac à main fumé. J'ai vraiment l'air forcé quand je ressors la feuille de ma poche et que je la déchire tout simplement. Le viffeux disparait avant de cracher son napalm et les serpent auront risqué de se faire cramer les écailles..
Mes bouts de papiers enfoncés dans la poche ventrale de mon pull, je m'assois en tailleur et ressort mon carnet à dessin. Pour commencer, je dessine un arbre avant de le finir je lui fais des yeux, une bouche et mêmes des bras. L'animal aussi haut que moi commence à apparaitre quand je griffe la feuille. J'ai pas envie de pommes.

Sans avoir rien créé qui me tente, je range mon carnet à dessin et mon crayon. Bah oui, quand on est frustré de pas avoir pu manger à sa fin, on est pas de bonne humeur, surtout moi. Et puis la gorgone elle commence à me courir... Je suis à ça de lui opposer une mangouste géante. Mais j'me retiens parce que Rhys serait pas content si je fais du mal à quelqu'un... Pas que ça m'empêche de faire ce que je veux, mais bon... Je peux désespérer ses conquêtes pas les blesser (même si eux ils se gênent pas pour le faire bande de sales fourbes ! -oui les serpents, et elle aussi !).

Aller va pour un grand sourire à m'sieur le séducteur en tenu d'Adam croisé chat de gouttière...
En ce moment, je réfléchi à un plan machiavélique pour lui faire regretter d'avoir croiser le chemin de Kaïl ! Je suis pas un demi-moire pour rien, j'vais lui en faire baver.
Je prends mon air le plus innocent et...

-Dites, vous êtes épicière ? Et vous travaillez où dans la zone du dehors ? C'est grand 'savez ! Comment vous faites pour vous laver les cheveux, faut les brosser ? Vous utilisez une crème anti-rides ou vous avez la peau tirée naturellement ?

Ah ça... C'est elle qui a déterrer la hache de guerre ! Tayo !

Trop de choses pour m'enflammer soudain. Entre un feu vivant qui se sent des envies meurtrières à mon adorable endroit et un mètre quatre vingt de mâle viril et on ne peut plus nu, je me sens prise de bouffées de chaleurs, au point de ne pas franchement faire attention à Kaïl. Au point même de soudain me sentir des envies de tendresse. Comme Rhys s'en va sous une forme féline qui soudain me paraît franchement très décevante, je m'adresse à Kaïl sans même le regarder.

- Si ça te dit et me permettre de jouer cinq minutes tranquillement avec ton hum intéressant compagnon, il doit bien rester de la nourriture à mon campement.

Je tends le doigt dans une vague direction, tentant difficilement de pointer le lieu de mes affaires.

- Doit y rester du rôti froid, un peu de salade composée, de la tarte aux framboises et du vin blanc. Va donc te nourrir, gamin, que je puisse me reposer les oreilles deux secondes.

Puis me retournant soudain vers lui, je me penche assez pour que mon souffle l'effleure. Mes serpents s'agitent mais ils ne sont aps dupes quant à ma volonté. Je lui glisse un index à l'ongle parfaitement manucuré sous le menton jusqu'à fixer son regard dans le mien soudain vide de toute expression.

- Bien sûr, je peux aussi t'offrir du serpent et quelques dizaines de baisers, pour ce faire. A toi de voir si tu préfères manger ou souffrir.

Un sourire bref étire ma bouche de manière assez inquiétante. Puis je me redresse, j'ai d'autres chats à fouetter, Hum! Les hanches roulantes, je me dirige telle une plantureuse mangeuse d'homme dans la direction où est partie la panthère Rhys. On va pouvoir s'amuser un peu huhuhu!